mercredi 22 septembre 2010

LA SEMPITERNELLE BAGUENAUDE D'UBU-PAPE


En VRP machinal d'un message depuis longtemps inaudible, l'autocrate proclamé promène sa suffisance falote. Lourdement engoncé dans un apparat rituel grotesque, Il va d'une démarche pesante, dont Il soigne l'automatisme ancestral, souriant benoîtement à une foule en état d'extase infantile. Au jeu cruel des homonymies, le Pontife "poncifie". Cela suffit au bien-fondé de son apparition.

Brandissant mollement une crosse clinquante, vestige armé des mille épées qui dictèrent un culte bimillénaire à des populations effarées, Il offre à la foule le visage poupin, débonnaire, des potentats ordinaires : il lui suffit d'y croire pour y être.

Oubliant que le Salut "affaire d'institutions collectives" a vécu, ce monarque sans âge semble considérer la foule alentour comme son hochet éternellement bienveillant. Celle-ci, juste retour, acclame et s'incline, institue et statufie. Roi et sujets, bourreau et victimes indéfiniment s'accouplent par ce rite insane ancré dans un autisme au-delà de tout entendement. Autoproclamé à vie " Maître du culte du secret " et de ses autodafés conséquents, Il se veut et s'affiche résolument au-dessus des lois civiles ordinaires. Peut-il être un instant question de relever de la justice des hommes dès lors que l'on se veut en prise directe avec les forces occultes du Ciel ?!... Le Dieu qu'il a créé de toutes pièces répond bien évidemment de Lui !...

Maniant les augures avec l'obscénité suave propre au souverain Bien, Il en déduit pour son propre compte une légitimité éternelle et sans faille. On l'informe de quelque scandale en cours ?... Il en appelle à l'impunité céleste. On lui parle autonomie, conscience, souffle vital ?... Il répond dogme, autorité, docilité aveugle. On lui oppose raison, réflexion, philosophie ? Il clame assistanat, dépendance. On lui dit morale, Il répond religion. Sa Genèse a proclamé l'Homme souverain aveugle de la Nature, Il énonce son culte maître de l'Homme.

Et lorsqu'il daigne délivrer sa parole mimétique à une assemblée soudoyée jusqu'à l'anesthésie, le son comme le sens s'en sont absentés : Il est devenu lui-même son propre message. Drapé dans une impunité de bon aloi, s'auto-amnistiant d'une main qui se veut rassurante, l'autocrate va, précédé de l'armée de ses certitudes et suivi de la morgue de sa haute bienveillance.

mardi 7 septembre 2010

NIETZSCHE OU L'ETERNEL RETOUR


A 120 ans de distance, en visionnaire acéré de l'intime, le philosophe nous livre son " Dernier Homme ", curieuse réplique anticipatrice de notre homme de la rue d'aujourd'hui... Avant de nous confier son chef d'oeuvre " Ainsi parlait Zarathoustra ", épopée initiatique du dépassement de l'homme ... par l'homme.
Alors que notre modernité agonise, la pensée de Nietzsche rayonne, suggère, stimule, métaphorise, explose. Par aphorismes courts, incisifs, ciselés. Pensée toujours dialogale. De soi à soi. De soi à l'autre. Face à la défaite programmée d'un cerveau gauche tyrannique, impuissant, stérile, réducteur, voire falsificateur, force est d'ouvrir les portes : l'image, la métaphore, le symbole, en vecteurs neufs, élèvent les âmes vers le divin. Préfiguration, déjà, des" images-signes " de Levi-Strauss incorporant au sens de l'existence une " épaisseur d'humanité ".

A l'Apollon lisse et ordonné d'une civilisation conforme et policée, Nietzsche oppose le modèle d'un Dionysos nocturne, fougueux, iconoclaste : celui d'une barbarie extatique et créative. Le philosophe récuse Apollon et promet Dionysos. Un Dionysos " Antéchrist ", frère jumeau de Shiva : dieu destructeur... parce que créateur. Créer, n'est-ce pas déconstruire d'abord avant de reconstruire autrement ?... Créer un nouveau " Comment vivre " en régénérant la vie de l'intérieur.

" Volonté de puissance " ?... Volonté " vers la puissance ", plutôt. Tension vers. Désir de. Volonté pour. Appétence dionysiaque, moteur de notre évolution. Incarnation d'une volonté toute neuve, fruit de notre processus cosmique enfin assumé. Souffle de l'Esprit.

Nietzsche est passé par là. En mystique de l'Eternel retour.

mercredi 1 septembre 2010

PRINCIPE FRUGALITE


Réveille-toi Humanité !...
et secoue tes gonds pétrifiés ...

Ose bousculer les idoles qui ont forgé ta soi-disant modernité en te plongeant dans la béatitude somnolente d'un assistanat mortifère : l'Eglise et ses poncifs, l'Etat et sa sécurité, la Science et ses technologies, la Bourse et ses rentes. Les idéologies de tout poil t'ont empoisonnée de slogans enjôleurs et de promesses que l'on sait maintenant intenables.

La modernité avait choisi ses axes. Son projet : le progrès. Son objet : le consommable. Son sujet : l'homme. Ce schéma a atteint ses limites il y a déjà plus de trente ans. Il est aujourd'hui en panne, dans l'impasse : le progrès est un leurre, la consommation un piège et l'homme un barbare. Il est grand temps de mener un bilan sévère : depuis des siècles, on veut croire et nous faire croire que le bonheur viendra de l'extérieur, apporté par les idéologies, les religions, la science ou les richesses.

L'heure de toutes les désillusions a (enfin) sonné et le constat est sans appel : bonheur et joie de vivre ne peuvent venir que de l'intérieur. Il faut donc " retourner nos vies comme on retourne un gant " : l'essentiel vient du dedans de nous, par la réalisation intérieure de tous nos possibles. La réponse au " pour quoi vivre " sera spirituelle ou ne sera pas. Réenchanter notre monde, c'est réactualiser ces quatre piliers d'une sagesse mystique : l'Esprit ( *cosmique ), la Nature, le sacré et la joie.

Il nous faut apprendre à cultiver le terreau de notre intériorité : cultiver l'éveil, la porosité, la reliance avec l'ici et maintenant. Immense retour de chacun sur soi : la joie naît de l'accomplissement de soi. Notre conscience est le seul lieu du monde. Tout est déjà ici, enkysté dans la " graine de soi " propre à chacun. La joie est à l'intérieur, ici et maintenant. La vie est un art où il suffit de rentrer. En acceptant de se baisser un peu et de le faire en modestie, en simplicité. En frugalité.


* On peut lire l'ouvrage pertinent de Marc Halévy, philosophe et prospectiviste : " Principe Frugalité " ( Editions Dangles, mars 2010 )

* Fables, métaphores et mythes nous relient au cosmos dont nous ne sommes qu'une infime mais unique composante. Ces récits multi-millénaires sont des passerelles précieuses entre l'univers et nos espaces intérieurs, nous permettant de remodeler ces derniers, souvent avec pertinence.

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