tag:blogger.com,1999:blog-35302690288313453672024-02-18T17:38:30.343-08:00LegoBaladin"Dans la plaine les baladins s'éloignent au long des jardins ..." (Apollinaire) ...
Arpentons, amis lecteurs, ces jardins chatoyants qui, tels maints livres effeuillés, nous content mille récits ardents dont les figures mémorables pansent nos blessures et régénèrent nos désirs... Pour que ce flux magique continue d'irriguer notre Coopérative idéale : celle des Lecteurs Réunis.Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.comBlogger70125tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-37744891193493799392022-12-12T01:21:00.004-08:002022-12-12T01:23:23.929-08:00<p><span style="font-family: arial; font-size: medium;"><b> ESPRIT ES-TU LA ?...</b></span></p><p><span style="background-color: white;">Ange ou démon ? Bon ou mauvais génie ? Où se niche l’esprit ? On le découvre ici caracolant dans des récits étonnants, au coeur des mille vibrations de la vie qui nous élèvent et nous dilatent. Ce sont alors de nouveaux imaginaires qui viennent réenchanter nos univers conscients, nous donnant accès à des mondes que l’utilitarisme marchand nous avait fait perdre.</span></p><p><span style="background-color: white;">A l’image de la Nature endossant enfin à nos yeux son costume rénové de « Toile du Vivant », voici que l’esprit se mue en acteur privilégié de toutes nos reliances biologiques, esthétiques, et, finalement, spirituelles. Oui, l’esprit est bien là, au service du meilleur de nous !</span><br class="autobr" style="background-color: white; box-sizing: border-box;" /><span style="background-color: white;">PARTONS ENSEMBLE à sa découverte, chers lecteurs !...</span></p><div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-28985005574643732862021-11-01T01:29:00.016-07:002021-11-01T02:28:13.753-07:00<p><span style="font-family: arial;"><span style="color: red;"> </span><span style="font-size: large;"><span style="color: red;"> à lire sur :</span> <span style="color: #2b00fe;">https://www.edition999.info/ECLATS-de-RIRE-au-Jardin-des.html </span></span></span></p><p><span style="font-family: arial; font-size: x-large;"> ECLATS de RIRE au Jardin des Délices</span></p><p><i style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #212529; font-family: system-ui, -apple-system, "Segoe UI", Roboto, "Helvetica Neue", Arial, "Noto Sans", "Liberation Sans", sans-serif, "Apple Color Emoji", "Segoe UI Emoji", "Segoe UI Symbol", "Noto Color Emoji"; font-size: 16px;">Rigoler à s’en fendre la bouche, s’en payer une tranche… La langue vient nous rappeler fort à propos que le rire est tout aussi essentiel que le boire et le manger. Et que dire du besoin de respirer, car après tout, rire c’est oser… ne pas manquer d’air, de cet air si vital qu’il fait battre notre vie de son origine à sa fin !<br class="autobr" style="box-sizing: border-box;" />Et puis le geste de rire se nourrit aussi de cette corde sensible originale, gratuite, énigmatique autant qu’inépuisable : l’imagination. Qu’elle vibre grâce à des humoristes, des chansonniers, des cinéastes, des peintres… ou de simples citoyens au bistrot du coin, chacun peut s’en emparer à tout moment pour la partager en créant ainsi du lien social.<br class="autobr" style="box-sizing: border-box;" />Boire, manger, respirer, imaginer… et rêver ! C’est finalement la plupart de nos gestes vitaux qui tournent autour de nos états humoristiques partagés. Alors oui vraiment, le rire c’est du sérieux !</i></p><p><i style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #212529; font-family: system-ui, -apple-system, "Segoe UI", Roboto, "Helvetica Neue", Arial, "Noto Sans", "Liberation Sans", sans-serif, "Apple Color Emoji", "Segoe UI Emoji", "Segoe UI Symbol", "Noto Color Emoji"; font-size: 16px;"><span style="font-style: normal;">Voici un florilège de quatre-vingts textes conçus comme autant d’éclats de rire. L’auteur les a voulus brefs, mordants et tirés des multiples domaines de l’art comme de la vie courante. Pour pimenter l’humour qui s’en dégage, il a enchâssé entre eux les images d’une œuvre monde : « Le Jardin des Délices » de Jérôme Bosch (1500).</span><br class="autobr" style="box-sizing: border-box; font-style: normal;" /><span style="font-style: normal;">Souvent, la correspondance entre l’écrit et l’image (et les liens faits avec certaines œuvres sonores) amplifie les sensations nées du phénomène du rire. De quoi nous encourager dans cette pratique salubre et stimulante ! A pratiquer sans modération…</span></i></p><p><i style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #212529; font-family: system-ui, -apple-system, "Segoe UI", Roboto, "Helvetica Neue", Arial, "Noto Sans", "Liberation Sans", sans-serif, "Apple Color Emoji", "Segoe UI Emoji", "Segoe UI Symbol", "Noto Color Emoji"; font-size: 16px;"><br /></i></p><p><span style="font-family: arial;"><span style="font-size: large;"><br /></span></span></p><div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-23102418990714865252020-12-06T02:39:00.016-08:002020-12-17T00:49:20.157-08:00<p><br /></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: arial; font-size: large;"> LIGNES d'ERRE ?... </span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: arial; font-size: large;"> QUELLES LIGNES d'ERRE ?...</span></p><p> </p><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: arial;">« Il court il court le furet, le furet du bois joli… Il est passé par ici, il repassera par là… » La rengaine enfantine dit bien toutes nos envies d’espaces, autant que l’infinité des figures d’écriture de soi qui ancrent nos récits.</span></span><span style="text-align: left;"> </span></p></blockquote><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: arial;">C’est Descartes visant un point dans la forêt obscure, et dirigeant résolument sa marche vers le lieu rassurant où l’attend son cogito. C’est Spinoza déroulant un conatus qui attribue à chacun la puissance de persévérer dans son être. C’est Nietzsche et le défi lancé à tous d’un Eternel retour obstiné des choses et des actes.</span></span><span style="text-align: left;"> </span></p></blockquote><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: arial;">C’est enfin le narrateur de la Recherche puisant la force de crapahuter avec délices dans les dédales d’une mémoire toujours en chantier, à jamais mise à nu. Mémoire disponible au décryptage, à décliner sur le mode d’un présent rendu à l’éternité.</span></span><span style="text-align: left;"> </span></p></blockquote><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: arial;">Ainsi nos géométries dans l’espace ne cessent-elles d’inventer qui nous sommes et devenons à chaque instant. « Un point c’est tout », atteste le langage courant. On pourrait en dire autant d’une ligne, d’une courbe, d’un volume. D’une triangulation ou d’une quadrature. D’une horizontale sans fin comme d’une verticale plombée de désirs.</span></span></p></blockquote><p><span style="font-family: arial;"><b>A LIRE SUR</b></span> <span style="color: #2b00fe; font-family: arial;"><b>edition999.info/LIGNES-d-ERRE.html</b></span></p><div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-68666729774415391452020-05-16T01:04:00.003-07:002020-05-16T08:51:28.583-07:00LE PETIT PRINCE, Graine de citoyen éclairé<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> </span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> Tintin et Gavroche, Ulysse et Nemo… Le Petit Prince. A l’heure du doute, nos figures aventurières ont souvent quelque chose à nous révéler. Ou à nous rappeler. Nos héros familiers ne se risquent-ils pas à aller voir ailleurs <i style="mso-bidi-font-style: normal;">s’ils y sont </i>? A nous, lecteurs de fictions en tous genres, d’emprunter leurs traces pour voir si nous y sommes aussi. Et si, par hasard, nous nous y sentirions mieux…<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Tout premier voyage est intérieur. Initiatique. Tissé de patience. Teinté d’une poésie du regard comme d’une philosophie du questionnement. Il est récit, fiction, fable. Reflet d’un geste universel qui nous rappelle que nous avons tous été ce jeune enfant avide de fouler le jeu de piste exigeant propre à nous confier quelques clés utiles dans le monde. Avant que l’adulte en nous ne fende la chrysalide, s’inspirant durablement de cette leçon de vie patiemment mûrie dans nos jeunes années : celle d’une intrigue menée avec<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>fougue, le savoir au coeur. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mèches au vent, rire au cœur, l’enfant entame son voyage d’apprentissage à coup de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pourquoi</i> qui fusent. Questions de bon sens puisant déjà – rétrospectivement – aux racines de nos représentations et de nos fonctionnements installés d’adultes. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Les</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">grandes personnes sont décidément extraordinaires… »</i> ne cesse de murmurer, d’une planète à l’autre, le Petit Prince, sceptique à chaque nouvelle rencontre, interrogeant nos pratiques adultes comme autant de glacis de vie figeant nos désirs en de pathétiques visions qui ne présument rien de bon à ses yeux candides. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Pour faire un homme, Dieu que c’est long ! » </i>clamait un chanteur du siècle d’avant. Remarque sans âge, en regard du moment merveilleux où le doute côtoie le rêve, le temps d’une enfance. L’espace d’une mue. Avant que l’adulte en nous réalise un beau jour, insensiblement, qu’il n’est déjà plus cet enfant capable de poser les seules questions qui vaillent. Du lointain de ces années bénies, depuis nos raideurs d’êtres matures, accomplis (?), nous percevons encore les échos affaiblis de la voix juvénile qui interrogeait dans un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">autrefois</i> aux allures d’éternité. Cette voix vivace, c’est celle du poète et du philosophe qui sommeillent et rêvassent encore en nous. Celle aussi du conteur, du fabuliste, qui résonne d’une drôle de ritournelle : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Regarde-toi !</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Qui es-tu ? As-tu oublié ? D’où viens-tu ? Quelles sont tes racines ? Où est ton ressort de vie ? Qu’en sais-tu ?... »</i> L’ivresse de connaître resurgit au centre du jeu, maîtresse des énergies comme des intentions.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quelle trace demeure de la graine primitive patiemment épanouie en plante désirante ? L’enfant en nous s’est-il évanoui tout entier ? Dans son ombre portée, une alchimie secrète a fini par révéler un citoyen éclairé de son temps : celui qui incarne la part publique, citoyenne, de son<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">être au monde </i>via la force de partage de ses savoirs, animant bientôt son rapport à l’autre dans la Cité. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La connaissance prend alors des allures de viatique se coulant dans le grand récit moderne : celui d’un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sapiens </i>apprenant, en quête de liens, toujours en marche depuis la nuit des temps. Une aventure renouvelée se profile aux croisées d’un jeu social ouvert à toutes les transmissions : nous y voilà ! Et, pourquoi le taire, nous nous y sentons bien.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> <span style="color: blue; font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">*** Les fiches de travail qui suivent (+ leurs corrigés) ont été proposées pendant et après le confinement sanitaire (depuis la mi-mars 2020) pour aiguiller les recherches hebdomadaires du groupe de travail en FLE animé ordinairement à la Médiathèque de Loches, chaque vendredi après-midi. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="color: blue; font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Le livre de lecture suivie, choisi pour ce travail de FLE, est <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Le Petit Prince »</i> de Saint Exupéry. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<br /></div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-6475991782021252702020-03-09T08:28:00.005-07:002020-05-16T09:25:15.058-07:00<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<h2 style="text-align: left;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">UN</span> <span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">NOUVEAU SITE </span></h2>
<h2 style="text-align: left;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"> DE TEXTES A DECOUVRIR </span></h2>
<div>
<h2 style="text-align: left;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">SUR <i>" Agora37 "</i></span></h2>
</div>
<div style="text-align: left;">
<a href="https://www.blogger.com/" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"></a><b> </b></div>
<h3 style="text-align: left;">
<a href="https://sites.google.com/site/rezoagoratourainesud/">https://sites.google.com/site/rezoagoratourainesud/</a></h3>
<h4 style="text-align: left;">
<b><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">( A partir de Janvier 2020 )</span></b></h4>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div style="text-align: left;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiz4SnDpYHgeNA9xA18nCB43w7T1Eo_0q7prFg2Vou4ilgaL7HqS3_WSkfgKg1EJq-0519SLK_7rxNNkEzOo5gT9F7Q1FlDd9Ao1JYsr0cVPRJQDb_1_v37NuM1xLjXVZ3vMlp-BJ_evHQ/s1600/LOGO++Agora37.jpg" imageanchor="1" style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-weight: 700; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="397" data-original-width="495" height="256" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiz4SnDpYHgeNA9xA18nCB43w7T1Eo_0q7prFg2Vou4ilgaL7HqS3_WSkfgKg1EJq-0519SLK_7rxNNkEzOo5gT9F7Q1FlDd9Ao1JYsr0cVPRJQDb_1_v37NuM1xLjXVZ3vMlp-BJ_evHQ/s320/LOGO++Agora37.jpg" width="320" /></a></div>
<div style="text-align: left;">
<br /></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "a"; font-size: large;"><span style="font-family: "a"; font-size: large;"></span></span><br /></div>
<h2 style="text-align: left;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">VALEUR AJOUTEE DES RESEAUX</span></h2>
<div align="LEFT" style="text-align: left;">
<strong><span style="font-family: "arial"; font-size: large;"></span></strong><br /></div>
<div align="LEFT" style="text-align: left;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> <span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">1+1=3. C’est la
logique insolite et porteuse d’utopie engagée par les réseaux de savoirs
partagés. Le principe en est simple, à portée de tous et de chacun.e. Il s’agit
de placer l’échange de compétences entre citoyens au centre d’une pratique
sociale commune, contractuelle. Sur la base du volontariat et de la force d’un
geste gagnant : celui d’une valeur ajoutée dans l’échange mutuel, d’un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">plus</i> profitable à tous.<o:p></o:p></span></span></div>
<div align="LEFT" style="text-align: left;">
<br /></div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> <span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Savoirs, savoir-faire, savoir-être s’y
trouvent ainsi focaliser nos attentions, via un lien renouvelé à notre langue écrite
et orale. Les bases du fonctionnement en réseau sont claires. Parité des
savoirs : tous se valent d’emblée. Gratuité des connaissances :
retour au bon vieux troc d’antan. Diversité des contenus : mille regards
pour mille savoirs viennent ranimer soudain nos curiosités piquées au vif.
Comme sur un vaste marché grouillant d’idées, de propositions autour du besoin
vital d’apprendre censé nous animer notre vie durant. Et surtout, coopération à
tous les niveaux, à rebours des compétitions trop souvent mortifères, du
ressentiment organisé porteur de la jalousie mimétique du tous contre tous.
Enfin, cerise sur le gâteau, la symétrie croisée entre offreur et demandeur de
savoir, l’un pouvant à tout moment enfiler la casquette de l’autre dans tout
type d’apprentissage. Au final, l’ajustement heureux d’un accord mutuel réalisé
dans l’action.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div align="LEFT" style="text-align: left;">
<br /></div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> <span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">A ce jeu du partage pensé, organisé,
horizontal, nous sommes tous gagnants d’emblée. Notre œil qui s’aiguise réalise
soudain que nous étions assis sur des pépites ignorées de compétences de toutes
natures que nous désirons remettre en mouvement dans un recyclage actif, au
service d’un cercle vertueux : plus je partage plus j’apprends, plus je
sais plus j’échange, plus je crée du lien plus la dynamique collective se
ravive. C’est le rapport même à nos racines profondes de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sapiens sapiens</i> qui se voit soudain resurgir dans toute sa
pertinence.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div align="LEFT" style="text-align: left;">
<br /></div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> <span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Mordant au réel de notre condition
d’apprenants, nous ranimons aussi les valeurs à l’origine de notre
Histoire : liberté des initiatives multiples, égalité de valeur des
contenus, fraternité vécue des échanges. Au présent, c’est tout le pacte social
qui s’en trouve soudain embelli, ravivé d’un souffle neuf. Ruraux et citadins,
migrants ou expatriés, défavorisés et nantis, privilégiés du système scolaire
ou non, tous se remettent en marche en vue de cette <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« formation tout</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">au long
de la vie »</i> dont notre temps se déclare volontiers <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>porteur. De quoi damer le pion à cette
éternelle part de nous-mêmes si prompte à s’émouvoir du manque frustrant d’un
verre à moitié vide. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<div align="LEFT" style="text-align: left;">
<br /></div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> <span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Ecoutons plutôt le poète, visionnaire dans
un univers d’aveugles, déplorer <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">« un paradis peuplé de gens qui croient
vivre en enfer »</i>, comme plombés par un malaise chronique face au monde
dont le rythme et l’avidité consumériste nous panique, nous déboussole. Rattrapés
par une forme d’inaptitude au bonheur collectif, nous entrevoyons une ouverture
possible dans la pratique consciente, désirante, de ces réseaux de savoirs
partagés. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<div align="LEFT" style="text-align: left;">
<br /></div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> <span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">A nous de jouer… Pour qu’enfin la drôle
d’équation 1+1=3 ne soit plus une utopie.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></span></span></div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt;"><span style="font-size: large;">PRESENTATION DU RESEAU CITOYEN <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« AGORA37 »</i><o:p></o:p></span></span></div>
<h2 align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</h2>
<h3 align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Et si nous tentions de raviver notre sens du collectif
par le plaisir d’apprendre ensemble ?... Cette question résume à elle seule
l’esprit de notre démarche : </span><a href="https://sites.google.com/site/rezoagoratourainesud/"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">https://sites.google.com/site/rezoagoratourainesud/</span></a>
<o:p></o:p></h3>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">La <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">finalité</b> <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">du projet</b> : permettre une mise en commun et en relation de
tous nos savoirs, savoir-faire et compétences dans des échanges réciproques.<o:p></o:p></span></div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">On retrouve dans
cette action commune les trois piliers de notre devise républicaine : <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">liberté</b> des initiatives multiples, <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">égalité</b> de valeur de tous les contenus,
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;">fraternité</b> vécue des échanges. La
démarche rejoint aussi l’idée contemporaine de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Formation tout au long de la</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">vie</i>.
Elle place l’humain et sa formation au centre du projet. Dans un climat à base
de <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">re-connaissance</b>, de coopération.
De bienveillance et de désir d’apprendre. <o:p></o:p></span></div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p> </o:p></span></div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p></o:p><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Et sur le plan <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">PRATIQUE</b> ?<o:p></o:p></span></span></div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-list: Ignore;">1-<span style="font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font: 7pt/normal "Times New Roman";">
</span></span></span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Chacun.e cherche et <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">précise</b>
son/ses domaine.s de compétence favoris (pas de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">petit</i> domaine !... tous ont la même valeur de départ). On peut
se situer en <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">offreur</b> comme en <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">demandeur</b> de ce.s savoir.s.<o:p></o:p></span></div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-list: Ignore;">2-<span style="font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font: 7pt/normal "Times New Roman";">
</span></span></span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">On adresse son choix par mail à <a href="mailto:savoirs37@gmail.com"><span style="color: blue;">savoirs37@gmail.com</span></a>. en l’explicitant. <o:p></o:p></span></div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-list: Ignore;">3-<span style="font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font: 7pt/normal "Times New Roman";">
</span></span></span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Votre offre ou/et votre demande de savoir est inscrite sur
le TABLEAU de NOS ECHANGES avec votre prénom et votre email (voir site).<o:p></o:p></span></div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-list: Ignore;">4-<span style="font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font: 7pt/normal "Times New Roman";">
</span></span></span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Une rencontre-médiation est organisée, avec un.e
responsable, entre offreur(s) et demandeur(s), pour valider les modalités de leur
échange.<o:p></o:p></span></div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-list: Ignore;">5-<span style="font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font: 7pt/normal "Times New Roman";">
</span></span></span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">L’échange peut commencer. Conseils et médiations
intermédiaires viennent éventuellement soutenir l’action en cours.<o:p></o:p></span></div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-list: Ignore;">6-<span style="font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font: 7pt/normal "Times New Roman";">
</span></span></span><!--[endif]--><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Un bilan s’établit régulièrement entre participants.<o:p></o:p></span></div>
<div align="LEFT" class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
</div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-523526495349247832018-04-01T01:14:00.000-07:002020-05-16T09:53:44.046-07:00<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<br />
<h2 style="text-align: left;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"> L'EGO CHATOUILLEUX DU BOUDDHA (3/3)</span></h2>
<h2 style="text-align: left;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"> RECIT</span></h2>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"> <span style="font-family: "times new roman";">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 16pt;"><o:p></o:p></span></b></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></span></span></span></span></span></span></b></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/oxzeDpBvxv4/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/oxzeDpBvxv4?feature=player_embedded" width="320"></iframe> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt;"></span></b></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt;"></span></b></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt;"></span></b></span> <span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt;">TOUS EN
BALADE !<o:p></o:p></span></b></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><o:p> </o:p></span></b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;">(.../...) « Pourquoi la course ne
marche-t-elle pas ? » C’est de cette question à la fois surprenante
et provocatrice, lancée en l’air non sans ironie, qu’est née une irrépressible
envie de sortir du dojo, ce matin-là. Partir. Où ? Peu importe. Mais
partir. Se mouvoir. Se remuer. Se bouger. </span><span style="font-family: "garamond"; font-size: 16pt;"><o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Y
aller. Où ? On ne sait pas. L’inutilité de la marche est ce qui la rend
indispensable dans un monde où on court toujours pour aller quelque part.
Marcher pour échapper à la frénésie de son quotidien – pourquoi les rites
méditatifs échapperaient-ils à la règle ? Marcher pour ne plus savoir,
pour penser à autre chose qu’au rocher qu’on roule, tels des sisyphes bêtement
heureux. <o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Pèlerin, vagabond ou simple flâneur, le marcheur a toujours un pied au
sol. Il expérimente son identité mobile en produisant un rythme qui lui
convient, tentant et retentant ce geste simple : s’arracher à l’inertie.
Fluidité et pesanteur mènent bon ménage dans un mouvement qui trouve en lui sa
propre fin.<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Bergson, philosophe du mouvement, installe ce geste dans une durée qui
s’impose, plus que dans un espace parcouru. Nous voilà de passage d’un instant
à un autre, expérimentant du temps à l’état pur. Les variations de nos pensées
suivent cet art du déplacement, pour finir par nous installer dans l’attention
à ce qui dépend de nous. Nous sommes engagés dans une sobriété retrouvée.<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Surprise !
C’est le bouddha lui-même qui a pris l’initiative et la tête de notre groupe.
Pour l’occasion, Pépère a revêtu un ensemble flottant du meilleur effet. C’est
à croire qu’il veut prendre les voiles, notre cher guide ! Il n’a rien
d’un séraphin gracile, pourtant. Mais, d’un pas mesuré, presque circonspect, le
voilà qui promène son imposante stature avec une élégance dont on ne le pensait
pas coutumier. Mauvaises esprits que nous sommes ! Le chemin où nous nous
engageons semble des plus faciles. Nul doute qu’il soit familier au maître des
lieux. Et c’est comme un seul homme que nous emboîtons le pas à la stature
bonhomme du guide.<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>La suite ne manque pas de sel, mais ça on ne pouvait pas le prévoir.
Elle apporte aussi la preuve que les corps savent garder la mémoire de leurs
évolutions récentes. En tout cas, c’est une réplique mimée de notre marche dans
le dojo deux jours plus tôt que nous rejouons devant la face hilare de notre bonze.
Un plagiat pur et simple mais qui ne dit pas son nom ! Voilà où mène
l’application poussée des apprentis lorsque ceux-ci naviguent dans une fascination
de mauvais aloi pour le maître !<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« Allez, lâchez-vous ! » lance gaiement Son Altesse
Epatante, étonnée par tant de conformisme. Un comble, venant de sa part !
Et comme pour mieux donner l’exemple, le voici qui exécute quelques entrechats
du meilleur effet. Bon, mais sur ce coup-là, il échoue à garder un minimum de
dignité ! <o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« Mais je vous chambre, les amis ! » lance-t-il pour
alléger l’ambiance. « Marcher en méditant, c’est aller sans but précis, en
goûtant chaque avancée. On pratique en faisant des pas calmes, musards, un
demi-sourire aux lèvres… et dans le cœur. Marchez lentement, tranquillement,
comme si vous étiez la personne la plus insouciante et la plus oisive au
monde. »<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Il
nous faut couper avec notre vie agitée de tous les jours, lorsque nous sommes
l’objet d’une pression irrésistible qui nous pousse de l’avant malgré nous.
Nous devons souvent « courir » sans nous poser vraiment la question « où ? »
Pratiquer la méditation marchée, c’est au contraire flâner, sans avoir de but,
sans vouloir gagner un lieu, à un moment donné. La seule finalité de la
méditation marchée, c’est… la méditation marchée ! » Dixit le patron
et circulez !<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« De
chacun de nos pas peuvent rayonner la vie, la paix. Pourquoi se presser ?
Il serait plus logique de ralentir, au contraire. Nous marchons sans marcher,
sans qu’un but nous attire. Pour cette raison peut naître sur nos lèvres ce demi-sourire
que j’évoquais. »<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« Fouler l’herbe, regarder les arbres, contempler les nuages,
tendre l’oreille aux chants d’oiseaux : nous voici de retour à la vie. Nos
pas ne portent plus le poids de nos angoisses ou de nos craintes. Marchez
lentement, en projetant votre attention sur chaque foulée. Faites des pas calmes,
détendus, cérémonieux presque. Comme si vous vouliez imprimer votre empreinte
sur la terre. Soyez Bouddha à cette minute même. »<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Une fois de plus il nous épate, Pépère : le voici qui déguste avec
gourmandise nos visages ahuris. C’est Dieu soi-même ouvrant une succursale aux
cousins de la famille ! Ou le monarque vendant à l’encan ses petites
royalties. Allez, on ne le prend pas au pied de la lettre notre incomparable
bonze ! Car il est un peu tard, au fond, pour un quelconque coup d’état
dans notre petit Landerneau ! <o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Tout ragaillardi de son petit effet, l’Inestimable poursuit sa litanie
bien huilée. « Le demi-sourire et les pas paisibles sont autant de perles
éparpillées que vous rassemblez grâce au fil de votre respiration : le
collier issu de cet exercice sera du plus bel effet. » Là, les
demi-sourires se muent en rires étouffés, puis en franche rigolade : ça
pouffe dans les coins. Notre groupe de méditants n’est pas loin de se tenir les
côtes, ce qui semble contrarier quelque peu son Insaisissable Grandeur. Mais il
l’a bien cherché : avouez que le coup du collier est un peu gros !...<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Tout juste revenu d’un coup de sang fugace, le taulier poursuit sa
petite musique clopinante. « C’est l’œuvre du Bouddha que vous perpétuez
par votre façon de marcher, de vous tenir debout, de vous asseoir ou de
contempler le soleil au ras de l’horizon. »<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« C’est comme si une fleur de lotus s’ouvrait à chaque pas, sur
laquelle vous mimez votre assise à chaque fois que vous faites halte. Soyez
sans complexe : si vos pas sont heureux, légers, sans souci, alors vous
êtes dignes d’être portés par un lotus. »<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Les yeux s’écarquillent tout autour de nous : il y a fort à parier
que chacun est en train de visualiser <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sa</i>
fleur de lotus s’épanouissant <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sous</i>
son auguste talon. La force de concentration est bien là, attentive à une vie
si légère qu’elle nous rejoint sans que nous ayons à forcer. Pas un zeste
d’auto-persuasion dans tout cela, figurez-vous !... Mais bien plutôt un
retournement à la Spinoza : las de prendre nos désirs pour la réalité,
voilà que nous tentons d’expérimenter la proposition inverse ! Et ce n’est
jamais gagné !<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« Lorsque nous pratiquons la méditation marchée, nous sommes
arrivés à chaque instant. » poursuit le bouddha. « Nous voici
parvenus à l’adresse de la vie : la juste intersection de l’ici et du
maintenant. Oublié le passé, non pensé l’avenir ! A chaque pas réalisé en
pleine conscience, vous vous sentez solide et libre. »<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Nous sommes vivants : rien de
plus simple ! Et pourtant, voilà une évidence qu’il nous faut retoucher à
chaque instant pour ne pas l’oublier. La pleine conscience est le contraire de
l’oubli dans lequel nous vivons si souvent. »<strong><span style="font-family: "garamond"; font-weight: normal;"><o:p></o:p></span></strong></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "segoe ui symbol"; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« </span></strong><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;">Les premières fois,
lorsque vous marcherez lentement, vos pas peuvent chanceler comme ceux d’un
enfant. Suivez alors votre respiration, et vos pas se stabiliseront peu à peu.
Avez-vous remarqué la démarche du bœuf ou celle du lion ? Ce sont des pas
posés, précis, pour l’un, souples et gracieux à la fois pour l’autre. Ce seront
aussi ceux du méditant marcheur, en harmonie avec l’environnement. » <span style="mso-spacerun: yes;"> </span> <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Voyant ce qui se passe devant vos yeux
et autour de vous, c’est votre vrai visage que vous voyez enfin. Vous êtes
alors « l’éveillé », à l’image des compagnons de route qui viennent
d’accomplir la même démarche que vous. »<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Passez muscade !...<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<br />
</div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><o:p> </o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/hwLJQUUM6_A/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/hwLJQUUM6_A?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><o:p> </o:p></span></strong><br />
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><o:p></o:p></span></strong><br />
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><o:p> </o:p><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> <strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"> </span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong><br />
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"> Le
sentier n’en finit pas de s’élever dans un paysage qui s’élargit pour déboucher
sur de hauts plateaux. L’horizon semble s’éloigner et se hausser dans un même
mouvement où tout se transforme insensiblement. Les membres de notre groupe
s’appliquent à marcher en suivant les conseils prodigués au début de la sortie.
La marche prend des allures de randonnée. Mais au diable<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>l’étiquette collée sur les mots, seul compte
le déroulement des choses dans un présent qui se déploie. Nous allons. Conscients
de ce luxe qu’est devenu l’exercice attentif dans la lenteur cultivée,
consentie. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au détour d’un chemin, nous croisons un
curieux personnage perdu dans ses pensées. Un certain Blaise P, physicien et
philosophe de son temps. Nous nous arrêtons pour échanger un peu. L’homme est
passionné par les mathématiques et l’invention d’objets scientifiques nouveaux,
un peu à la manière du grand Léonard qui enchanta la Renaissance. Blaise a
imaginé une calculatrice mécanique, la « pascaline ». Mais il s’intéresse
autant aux spéculations de la pensée qu’au domaine pratique. Une sorte de
personnage des croisements qui colle parfaitement avec le paysage
traversé : air d’altitude, sensations flottantes, ouverture maximale.<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Que chacun examine ses pensées »,
énonce Blaise P, « il les trouvera toutes occupées au passé ou à l’avenir.
Nous ne pensons presque point au présent, et si nous y pensons, ce n’est que
pour en prendre la lumière et disposer de l’avenir. Le présent n’est jamais
notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre et nous
disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons
jamais. » <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Fermez le ban.<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les marcheurs échangent un regard entendu.
Décidément, c’est comme si le même message se répercutait à l’infini, nous
laissant songeurs et déterminés à chaque fois. Le bouddha arbore la mine
satisfaite que nous lui connaissons désormais lorsque le hasard de nos
rencontres vient conforter ses propres vues. Il faut dire que souvent, jusque
là, notre bonne fortune d’apprentis méditants s’est montrée éclairante.<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quelques chalets d’alpage apparaissent ici
et là, dressant leurs toits de lauzes sur un décor caillouteux. Devant l’un
d’eux, un homme est assis sur un banc de pierre. Apparemment, il médite lui
aussi, perdu dans ses pensées. Parvenu à sa hauteur, le bouddha s’arrête, comme
inspiré par son assise. L’homme engage la conversation. <o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Vous me voyez assis, mais ce n’est
pas mon habitude. Si je suis philosophe, c’est d’abord parce que je suis
marcheur. Je recherche la montagne pour me mettre à distance de mes
contemporains. La solitude des hauteurs m’aide à méditer. J’aime par-dessus
tout développer ma réflexion au grand air. Je m’imagine aussi et je me veux arpentant,
sautant, escaladant et, pourquoi pas, dansant. Il m’arrive de marcher sept ou
huit heures par jour dans ce théâtre minéral. Après quoi je me sens plein de
vigueur et d’une patience à toute épreuve, riant et dormant bien. Cet exercice
de randonneur me comble et m’aide à penser… en mouvement ! »<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Gaston B a reconnu l’un de ses collègues
philosophes, en la personne de Friedrich N, l’auteur de <i>Zarathoustra</i>.
Les deux hommes sont ravis de la rencontre. Ils partagent une même attirance
pour les mystères de la nature, sa profondeur et les échos qu’elle peut
susciter à l’intérieur des esprits.<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Friedrich est en mal de confidences. Il nous
raconte la violente inspiration qui l’a saisi lors de la naissance de son poème
philosophique <i>Ainsi parlait Zarathoustra. </i>« Tout cela s’est passé
involontairement, comme dans une tempête de liberté, d’absolu, de force, de
divinité… »<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« J’ai conçu ce livre comme un
« Cinquième Evangile ». Avec le souhait de me hisser à la hauteur des
poèmes de Goethe, de Dante, ou des textes de Luther. Voilà une œuvre de
réflexion qui renferme une nouvelle promesse d’avenir pour l’homme.
Zarathoustra est une sorte d’ermite qui se retire dix ans dans la montagne
jusqu’à laisser monter en lui le besoin de partager sa sagesse. Ce récit en
rappelle un autre : celui du Christ dans le désert. J’ai voulu parler aux
lecteurs à travers la relecture d’un mythe inscrit au cœur du minéral. »<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Derrière la mort de Dieu s’annonce le
surhomme – l’homme accompli – animé <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>par
la volonté de puissance, cette pensée du dépassement de soi et son affirmation
la plus haute : l’éternel retour. La transfiguration du surhomme vers l’amour
et la joie trouve son <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>symbole dans le
lion devenu docile et rieur, entouré d’une nuée de colombes. »<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« L’inspiration m’est puissamment venue
lors de longues randonnées dans les forêts de montagne, au bord de lacs
alpestres ou sur des surplombs de mer. Certains jours, je sentais les idées
mûrir, s’assembler en un tout durant les fortes marches de la journée. C’était
comme si l’œuvre se cristallisait dans mon attention à sa totalité, avant
d’être rédigée d’un jet, lorsque je revenais le soir. »<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Dieu n’étant plus la finalité de la
vie humaine comme elle l’a été durant des siècles, il revient à l’homme de se
fixer sa propre transcendance : se dépasser lui-même. Ainsi, Zarathoustra
commence le récit des trois métamorphoses de l’esprit : comment celui-ci
devient chameau, comment le chameau devient lion et comment enfin le lion
devient enfant. Le chameau se rend prisonnier de valeurs millénaires, le lion
affronte ce fardeau, avant de devenir l’enfant qui bâtit en toute innocence un
monde nouveau, celui de l’homme accompli. J’invite l’homme à créer par-dessus,
au-delà de lui-même. Et à dire oui au réel dans sa dimension tragique. »<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Zarathoustra le sage regagne alors
sa caverne, attendant que lève la graine semée auprès des hommes. Plus tard, il
lui faudra vaincre la pesanteur de la pensée la plus lourde : celle de
l’éternel retour qui invite à choisir de revivre indéfiniment sa propre
existence. Enfin apparaît le lion avec l’essaim de colombes, ultime vision
accompagnant la dernière métamorphose du sage. Le lion devient rieur, son cri
de révolte se transforme en rugissement doux et calme. L’animal pacifié se mue
en figure solaire, celle d’une nouvelle Aurore et d’un grand Midi. »<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Socratès intervient : « Je suis très
sensible à la force allégorique dont votre texte fait preuve, car c’est aussi
la note dominante de mon enseignement philosophique. Constatant la défaite des
religions, l’homme hérite d’un destin qu’il doit bâtir de toutes pièces :
à lui de se prendre en main, sans complexe ni arrogance, en passant de la
placidité du chameau à la puissance du lion… jusqu’à revenir à l’enfance de
l’homme : l’éternel retour n’est jamais loin. »<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>On sent les membres de notre petit groupe
prêts à élever leur réflexion à la hauteur du cadre qui nous entoure. Ces
paysages de montagnes ont tout pour nous inspirer et nous nous y plongeons avec
délices, en attente de nouvelles découvertes. Notre guide se met à planer, lui
aussi, dans les hautes sphères de la contemplation. Le voici qui s’installe à
l’écart sur un carré de verdure entouré de rochers. Les vertus pneumatiques de
l’altiplano lui auraient-elles monté à la tête ? <o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Seul Tonio l’argoteur choisit l’agitation,
excité par la découverte des environs. C’est sans doute la première fois que ce
citadin pur et dur a l’occasion de s’immerger dans le milieu montagnard, et il
est bien décidé à ne pas en perdre une miette, le cher homme. Le voilà parti
dans les sous-bois, à la recherche de champignons, de myrtilles ou de quelque
animal pittoresque… qui sait ? Ils auraient bien fait la paire, Tonio et
Robinson, sur l’île perdue…<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La
journée étire ses moments précieux à l’image du ciel ombrant bientôt les
massifs qui se découpent dans le soir. Il nous reste à prendre le chemin du
retour, des images plein les yeux et des évocations plein la tête. <o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Chaque jour qui s’achève doit pouvoir
s’envisager comme une petite vie accomplie », nous souffle béatement Sa
Magnificence Eclairée, entre deux œillades évaporées…<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dont acte.<span style="mso-spacerun: yes;">
</span><o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><o:p> </o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/276JLlLLYyA/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/276JLlLLYyA?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><o:p> </o:p></span></strong><br />
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><o:p></o:p></span></strong><br />
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><o:p></o:p></span></strong><br />
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman";"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"> Marche et rencontres ont éclairé les
derniers moments de notre session. Il est vrai que nous n’avions jamais quitté
l’espace du Centre depuis le début. Et c’est avec un sentiment d’étrangeté que
nous retrouvons le milieu douillet du dojo. Le bouddha nous a donné quartier
libre pour nous permettre d’assurer à notre manière une transition en douceur.
Retour à l’ordinaire, donc.<o:p></o:p></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Parvenus à ce stade de notre approche de
méditants, nous sommes presque tous d’accord pour faire le point sur notre
pratique telle que nous l’avons vécue jusqu’à ce jour. Une discussion
s’improvise. Assez vite, un thème revient au centre du débat : la présence
machinale à soi dans les menus gestes répétés au quotidien. Une présence qui se
révèle en fait approcher une… absence à soi. Notre désir pressant de vouloir
tout maîtriser, à tout prix et rapidement, ne nous pousse-t-il pas à avaler les
multiples petits actes d’une journée, à produire une succession de mouvements
qui s’empilent, comme sans valeur véritable ?<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Il faudrait aiguiser nos regard pour
pénétrer l’ordinaire, cet impensé au cœur de nos vies », résume un
méditant d’une très belle formule. « L’air est connu : notre
propension naturelle nous porte d’emblée vers ce qui sort du commun, ce qui est
propre à nous séduire. Dans sa répétition parfois lassante, l’ordinaire ne
semble pas faire le poids face au sublime. Univers des objets familiers, menus
actes de la vie domestique : ce qui nous est le plus proche nous est aussi
le plus connu, car sans cesse exposé à notre attention. Et c’est donc aussi ce
que nous finissons par oublier en le faisant passer au second plan de notre
vigilance. Que gagnerions-nous à nous arrêter à nouveau sur ce que nous finissons
par ne plus questionner ? Que trouverions-nous à nous focaliser davantage
encore sur ces instants les plus banals ? »<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Un nouvel entrant se manifeste alors dans
notre jeu : Amedeo M, artiste peintre de son état. Il salue au passage son
contemporain Pierre B, l’homme aux chromatismes inépuisables. <o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« J’ai d’abord été un sculpteur
passionné par son travail. Sans grands moyens, je récupérais des pierres nuitamment
sur les chantiers de Paris. Mais très vite, la poussière m’étouffait et je
souffris des poumons. C’est ainsi que je me suis rabattu sur la peinture.
M’inspirant de plusieurs sources propres à mon époque, j’ai peu à peu créé un
style singulier, l’épurant jusqu’à ma mort : des silhouettes féminines
longilignes, aux visages filiformes, cous étirés, yeux en amande souvent vides,
trait noir et fin dessinant les figures sur des fonds mouchetés. »<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Longtemps, le seul acquéreur de mes
toiles fut… un aveugle ! Il venait chez moi, collait son nez sur mes
toiles encore fraîches et finissait par les acheter. Le sens visuel reconverti
en sens olfactif ! Cela m’étonnait et m’interrogeait à la fois. Serait-ce
à cause de cet œil mort que je me suis plu à représenter par la suite des
visages souvent sans iris, donc sans véritable regard, pourvus d’une expression
comme tournée au-dedans d’eux-mêmes ? Des yeux de statue. Ce trait de ma
peinture a mis beaucoup de temps à être reconnu pour sa vraie valeur tant il a
déconcerté au début. »<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Dès que nous apportons de l’inédit
dans nos créations, la première réaction des gens est de s’en trouver désarmés.
Ils demeurent fixés à leur regard habituel sans le savoir, sans en être
conscients : ils ne sont plus vraiment dans la profondeur d’un <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>regard mais dans sa répétition exclusive qui
les empêche de se tourner vers la nouveauté. »<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et, se tournant vers Pierre B :
« Comme vous, j’ai pris ma compagne pour modèle et muse. Jeanne avait le
visage rond, le nez épais, les lèvres charnues, de grands yeux clairs, les
arcades saillantes et de longs cheveux auburn. La représentation que j’en fais
ne ressemble pas à l’original. J’ai plaqué sur son visage le masque oblong et
lisse que j’attribuais à toutes mes femmes peintes. J’avais longuement cherché
ce masque à travers ce que j’avais sous les yeux : dans l’art primitif,
chez certains de mes contemporains, dans les visages croisés au cours de mes
visites de musées. C’’était devenu une obsession dont j’avais recouvert le réel
de mes créations. » <o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pierre B réagit au récit de son collègue.
« Vous venez de prouver qu’il n’y a pas de frontière – hormis celle que
nous y plaçons inconsciemment – entre le quotidien, l’habituel et le neuf dont
nous l’habillons à chaque instant. J’ai beaucoup pris ma compagne comme modèle,
moi aussi, et il me semble que je l’ai toujours réinventée, semblable et
pourtant différente à chaque nouvelle toile ! Voilà bien le signe
paradoxal d’un mystère de la rengaine pour qui sait… ouvrir les yeux. » <o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Chacun est d’accord pour dire que l’ordinaire
peut se révéler parfois plus fécond que ce à quoi l’on s’attend simplement.
Candido renchérit : « Prenons l’exemple des natures mortes. Que nous
évoquent ce simple verre d’eau, cette cruche en grès, ces quelques fruits posés
là sur un compotier ? Leur existence immobile, discrète, presque secrète,
est-elle si inutile qu’il y paraît à première vue ? Et si, en regardant le
familier, nos yeux ne voyaient plus rien, ou si peu ? Et si ces vies
minuscules, immobiles, recélaient de l’invisible, à l’image du silence qui nous
révèle parfois l’essentiel tapi à l’intérieur du cours du temps ? »<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>En philosophe, Gaston B ajoute :
« L’attention portée à l’ordinaire passe par un changement, une éducation
du regard. Nous rejoignons ainsi, l’espace d’un instant, le penseur Martin
Heidegger pointant notre attention sur la banalité d’une… paire de godillots,
motif repris par le peintre Van Gogh. Voilà que derrière l’existence ordinaire
des choses se tapit leur essence. »<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Blaise P, que nous avons croisé hier
en chemin, ne nous dit pas autre chose : « Les hommes n’ayant pu
guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre
heureux, de n’y point penser. » A travers la banalité du divertissement, le
philosophe note aussi la question de l’ordinaire : « Comment parvenir
à penser quelque chose que nous passons une partie de notre vie à essayer de
fuir ?... »<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et Socratès de conclure : « La
méditation de pleine conscience que nous pratiquons ici vient nous rappeler
qu’il est inutile de singer quelque chose venu de l’extérieur. Mieux vaut être
attentif au réel en le désirant simplement, pleinement. L’instant est sans
doute ce que nous avons de plus précieux à cultiver, loin des spéculations
hasardeuses d’un avenir incertain ou du parfum au goût de cendres d’un passé…
dépassé. Voyez les tableautins apaisants des haïkus japonais, petites
perles de présent arrachées au réel, instantanés délicieux se renouvelant à
l’infini, brefs morceaux de vie banale inspirés par la philosophie tranquille
du regard intérieur. Voilà de petites natures mortes disant tout de la vie,
hors la nostalgie et l’espoir que nous cultivons si souvent. Ce qui est est, et
c’est formidablement tout ! »<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Jacques T ne peut s’empêcher
d’ajouter : « Pour moi, l’ordinaire est soluble dans le burlesque, le
drôle, l’inattendu. Ce sont les codes sociaux habituels et les sons les plus
courants que je mets en scène dans mes films, en les exagérant pour en extraire
toute la force comique. »<o:p></o:p></span></strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="NormalWeb12" style="background: white; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Vive le réel lorsqu’il sait endosser le
costume familier de la ritournelle !</span></strong><br />
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"></span></strong><br />
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"></span></strong><br />
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"></span></strong><br />
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><strong><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><strong><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><strong><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><strong><span style="color: black; font-family: "arial"; font-size: 16pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> <span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"> <iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/fHW_WqXatMk/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/fHW_WqXatMk?feature=player_embedded" width="320"></iframe> </span></span></span></strong></span></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></strong></span></strong></span></strong></span></span></strong><br />
<br />
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><strong><span style="color: black; font-family: "arial"; font-size: 16pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span></strong></span></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong><br />
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><strong><span style="color: black; font-family: "arial"; font-size: 16pt;"></span></strong></span></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong><br />
<strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><strong><span style="color: black; font-family: "arial"; font-size: 16pt;"> <strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><strong><span style="color: black; font-family: "garamond"; font-size: 14pt; font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><strong><span style="color: black; font-family: "arial"; font-size: 16pt;">L’ART DE LA
SYNTHESE</span></strong><b><span style="color: black; font-family: "arial"; font-size: 16pt;"><o:p></o:p></span></b></span></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong></span></strong></span></span></span></strong></span></span></strong></span></span></strong><br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;">C’est
un bouddha mi-figue mi-raison qui se présente dans le dojo, bien décidé à
reprendre la main dans un retour d’ego dont il est encore friand. Par moments, c’est
plus fort que lui : il ne déteste pas se hausser du col, Pépère.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« Chers amis, tout ce qui a été pensé et dit dans ces murs ne
manque pas de pertinence. J’ai moi-même beaucoup appris et certaines choses se
sont confirmées. J’ai bien noté les liens de proximité qui unissaient la
pratique de la philosophie à l’exercice de la méditation. S’il fallait résumer
l’ensemble de notre démarche, je dirais avec Paul Valéry : « Il y a
un art de marcher, un art de respirer ; il y a même un art de se
taire. »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>On a retrouvé notre bouddha d’origine : direct, sans fioriture, soucieux
d’aller à l’essentiel… et maniant l’art de la référence comme pas deux ! <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« J’ajouterais au mot de Valéry l’art de penser et l’art d’être
attentif », lance-t-il en guise de complément utile, laissant entendre que
ses oreilles ont traîné dernièrement dans le dojo. De l’attention, le bouddha
donne alors son approche à travers un bref récit. Il évoque une personne à qui
l’on a demandé de marcher au milieu d’une foule avec une cruche remplie à ras
bord, posée en équilibre sur sa tête. Derrière elle marche un soldat armé d’un
sabre. Si une seule goutte d’eau est renversée, le soldat tranchera la tête qui
le précède. Vous pouvez être certain que l’homme à la cruche sera habité par la
plus grande attention !... Voici une fable qui ne manque pas de
tranchant ! <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Vraiment apaisant notre cher daron ! Il ne manquait que la peur,
ultime conseillère, au tableau de nos menus tourments ! Serait-il à cours
d’argument, le bougre ? On pourrait le supposer. En tout cas, sa petite
parabole produit l’effet d’une douche froide dans notre assemblée. Drôle
d’ambiance, on se croirait rue Froidevaux !<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>L’attention qui vient d’être définie par le bouddha semble se situer à
des années-lumière de celle vantée par l’aventurier Robinson. Souffle de
liberté d’un côté, contre vent de contrainte de l’autre. Le grand écart, en
quelque sorte. Il va falloir du talent au taulier pour rassembler les extrêmes
en une synthèse acceptable.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« La peur est un ennemi puissant lorsqu’elle n’intervient pas à bon
escient. En nous faisant craindre le pire, elle paralyse notre action, risquant
de nous faire passer à côté du meilleur. Aussi nous faut-il apprendre à
distinguer la peur salvatrice de celle, plus sourde, inhibant nos énergies. Comme
les deux côté d’une même pièce. N’oublions pas pour autant que c’est un
sentiment comme les autres. Vous ne pouvez donc l’éliminer totalement et vous
n’avez aucun intérêt à le faire. Vous pouvez par contre apprendre à ressentir
l’énergie que la peur dégage en vous et chercher à la canaliser. » <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Candido intervient. « Oui… A chacun ses trouilles ! Mais il
faut quand même resituer les frousses dans leur contexte. Voilà bientôt
soixante ans que nous n’avons pas vécu de conflit armé… et par conséquent peu
de raison d’éprouver les frayeurs les plus aiguës, celles liées à la guerre et
à la mort imminente. Votre petit récit, cher bouddha, relèverait bien de ce
type de frayeur qui consiste à ignorer vraiment si l’on sera encore en vie dans
l’heure qui suit. Et cela change tout !... Chacun peut vivre alors des
moments intenses où la panique s’inscrit en lui, dans ses sensations, jusque
dans sa chair même. »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>«
Mouais… la vraie pétoche ça vous secoue son gazier, pas d’doute ! »
renchérit Tonio surgi du diable vauvert.<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« J’veux pas dire, mais quand tu t’trouves face à un surineur de
première prêt à t’larder la couenne, y a intérêt à faire fissa sans lui d’mander
son blase ou ses fafs. Moi la clinche, ça m’recharge la glandaille illico. J’m’sens
plus ligoté com’ dans l’corps méditant et j’tard’ jamais à bicher l’groom en
face par le colbac ou à lui faire morfler ma tatane en pleine poire. Dans ces
cas-là, l’caberlot s’met en mode roupille, et y a plus qu’les osselets à gaffer
et la main gifleuse à calotter. Sans claquer des ratiches et sans état d’arme.
J’grince plus des biscotos qu’des méninges pour effeuiller les dominos du gars
d’en face. Tout ça m’gaillarde à fond les manettes ! Des fois même,
pas b’soin d’belliquer, y suffit qu’le gonze se mette en béchamel tout seul et
c’est gagné ! »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Interrompant
notre argoteur, Candido s’avance avec conviction. « Bon, mais entre les
peurs qui nous saisissent, nos agressivités inévitables et le soin qui peut
leur être apporté via la méditation, je jetterais un œil plutôt critique.
Exercices ludiques et relaxations proposées de nos jours aux parents et à leurs
progénitures prétendent « changer la vie » grâce à leur côté
enfantin, charmant. Avec ce message : « Être gentil, c’est agréable,
être gentil, c’est bon… Rendre coup pour coup n’est jamais une bonne
solution etc… » <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« Il ressort de ces signaux une étrange impression : celle de retrouver
tous ensemble un univers de l’enfance où tout le monde redevient pacifique,
empathique. Un monde de bisounours en somme. La méditation du coucher <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>remplacerait le « marchand de
sable » et les contes du soir d’autrefois. Ne nageons-nous pas ici dans
une sorte de régression infantile à travers des discours exquis, aseptisés ?
On court, à mon avis, le risque d’annihiler toute lucidité et toute volonté en
nous. Où se situe le problème : dans nos propres réactions, comme le
prétend le zen, ou dans une analyse objective des situations elles-mêmes ?
Où se trouve le juste équilibre entre les deux pôles ? » Notre avisé guide
passe par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Le voici envahi par la pétoche
qu’il vient d’évoquer. A lui de s’appliquer sa propre leçon !...<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Candido, féroce, ne lui laisse pas le temps de réagir. Le voici reparti,
prêt à piquer de nouvelles banderilles. « Savez-vous que le bouddhisme est
devenu la quatrième religion en France ? Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Vesak</i>, la fête religieuse qui commémore la naissance, l’éveil et le
décès du Bouddha il y a deux mille six cents ans, figure désormais sur notre
liste des fêtes religieuses. Cette religion dispose désormais en France et en
Europe d’un courant de bienveillance qui va bien au-delà de ses pratiquants.
Ouvrages, sessions et centres de formation se multiplient. Par centaines de
milliers, des sympathisants convaincus achètent les multiples ouvrages dédiés à
la question. Erection de statues et cérémonies d’accueil rythment la vie des
centres construits un peu partout dans le pays. Cela ne vous étonne pas de voir
tous ces gens vivant dans une société moderne, démocratique, rationnelle, se
prosterner et s’extasier devant des lamas, pratiquer des rituels et des
dévotions ésotériques en acceptant de mettre sur la touche leur propre
culture ? Et quid des témoignages d’anciens moines éduqués dans des
monastères, et dont certains se sont plaint de mauvais traitements ? La
croyance peut rendre aveugle, quelle que soit la religion. Le bouddhisme a été
présenté et promu en France comme une spiritualité laïque à vocation avant tout
thérapeutique. Une religion dépourvue de toute transcendance et qui n’en serait
donc pas vraiment une. A voir et à entendre le Dalaï Lama ou d’autres
dignitaires bouddhistes, on peut se montrer sceptique ! Comment en est-on
arrivé à une telle fascination ? »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« Une réponse est sans doute à chercher du côté d’un exotisme que
chacun peut récupérer aisément à son propre compte en se coulant
individuellement dans la peau du sage, de l’être parfait, du saint… une image
inatteignable, oubliée en Occident et qui resurgit soudain, mais accessible à
tous, cette fois. Le paradis, tel que défini comme si haut et si loin par
l’aspirant chrétien, existerait-il désormais à la portée de toutes les
bourses ?... Voilà une aspiration qui vous caresse dans le sens du poil, à
l’image du serpent biblique jouant de la pomme dans le jardin d’Eden. »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le
dabe est cramoisi. Tant d’audace le sidère. Il va lui falloir du temps pour
peaufiner des arguments valides face à pareille attaque en règle !<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><o:p></o:p></span> <span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;">L’ami
Candido a frappé fort et mesure les dégâts avec le petit air détaché de celui
qui a fait le boulot et ne regrette rien. Après tout, les faits cités sont
connus de tous et facilement vérifiables. Le bouddha n’est pas dupe des vérités
émises mais demeure d’abord sans réaction. La note est salée : traitement
des peurs, remise en question du bouddhisme, autocritique des individualismes
aveugles… Et par-dessus tout, soupçon de flatter les gens dans le sens de leur
naïveté ! Tout va dans le sens d’une suspension à la
« Patochka », déjà évoquée plus haut. Que va-t-il bien pouvoir
apporter de nouveau, le chef ? L’air déterminé, il prend la parole.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« Le moment est venu de dresser une synthèse de nos débats. Votre
évocation de nos civilisations avancées, autant que fragiles et vulnérables, me
semble aller dans le sens de la simple lucidité. Ni l’appel à une histoire
pénitentielle, ni la culpabilité excessive ne sont des attitudes réalistes
propres à nous permettre de rebondir au-delà d’un monde ancien qui a pris du
plomb dans l’aile. A nous de faire valoir les acquis de notre civilisation
occidentale, et en premier lieu notre capacité au sens critique qui suspend et
examine, analyse, synthétise et se projette. »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« A cet égard, le geste de Patochka n’est-il pas exemplaire ?
Ce philosophe résistant fut persécuté, au siècle dernier, par le pouvoir d’Etat
communiste, simplement pour avoir eu raison contre lui. Conscient de sa
finitude et de la responsabilité de sa propre vie, cet homme est le
continuateur d’une longue lignée de penseurs des phénomènes et des faits de
conscience. »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« L’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">épochè</i>, cette suspension
de la pensée où ne nions ni n’affirmons rien en demeurant attentifs à tout, ne
serait-elle pas l’attitude appropriée à la synthèse que nous recherchons ?
La pensée philosophique rejoint parfaitement ici l’attention à l’instant
proposée dans l’exercice de la méditation : suspendant provisoirement le
flux des événements de la vie, nous nous mettons comme en état d’apesanteur,
sans jugement ni passion, dans une attitude aussi neutre que possible. Voici
l’acte volontaire qui me semble associer le mieux philosophie et
méditation. »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« D’ailleurs, poursuit le bouddha non sans ironie, j’avoue avoir
été plusieurs fois tenté d’interrompre purement et simplement la présente
session tant les réactions de mon public me semblaient partir dans tous les
sens et ne pas respecter les règles que nous nous étions fixées au départ. Et
puis une réflexion a pris corps à l’intérieur de moi. Au nom de quel réflexe
aurais-je mis fin à des réactions spontanées relevant d’une certaine manière de
voir les choses autrement ? »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Personne
ne peut raisonnablement se prendre pour le centre du monde ! Toute culture
n’est-elle pas d’emblée plurielle ? La présence de la philosophes dans ces
lieux m’a permis de faire une moyenne entre mes certitudes et mon
scepticisme : il en a résulté pour moi une attitude que j’ai voulu
tolérante. En m’efforçant d’adopter des points de vue différents, j’ai pu
relativiser ma propre approche, me décentrer quelque peu. J’y ai
personnellement trouvé mon compte. »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Michel de M intervient. « C’est tout à votre honneur. J’ai moi-même
évoqué dans mes <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Essais</i> l’expérience
d’Indiens du Nouveau Monde fraîchement débarqués en France et s’étonnant de
voir des soldats adultes obéir à un monarque encore enfant, ou dépités par les
énormes différences sociales visibles au cœur d’un peuple dit pourtant
« civilisé » ! En irait-il de la maturité des nations comme
de celle des individus ? »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« J’ajoute que mon collègue Montesquieu allait par la suite faire
une expérience similaire, racontée dans ses <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Lettres
Persanes</i>, à travers le regard innocent d’un Perse d’Ispahan sur ce qu’il
nomma – vu de son côté – « ces barbares d’occidentaux » !
Décidément, par quel critères neutres, objectifs, nous permettons-nous de juger
de points de vue différents du nôtre, d’habitudes de vie parfois si
dissemblables ? Un ironiste contemporain a résumé cet état de fait de
manière lapidaire et pertinente : « Je suis tellement sceptique que
j’ai un doute sur mon propre scepticisme ! »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« Une approche de critère universel semble se profiler dans la
capacité d’une culture à ménager à l’intérieur d’elle-même sa coexistence avec
d’autres cultures : la forme que se donne la laïcité « à la
française » répondrait à une telle exigence. »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Notre bonze opine du chef avec empressement. « Oui, c’est bien ce
que j’ai voulu exprimer : après tout, les exercices proposés ici sont une
forme parmi d’autres d’équilibre et de mieux-être. Il m’a paru important aussi
de montrer que l’exercice de la méditation se situait au-delà des caractères
propres à une religion – le bouddhisme – pour toucher à une forme universelle
d’approche et de connaissance de soi. Cela rejoint ce que nous évoquions sur la
tolérance et la laïcité. J’ai évolué moi-même, durant ce stage, vers une forme
plus neutre, sans a priori, qui puisse se mettre au service de chacun. » <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Il semble que le bouddha ait résumé les choses avec justesse, y compris
sur sa propre mutation dont nous avons été les témoins. Chacun le reconnaît
implicitement, et les visages le disent assez. Un méditant pose alors cette
question : « Vous disiez avoir trouvé votre compte dans cette
attitude de patience et d’ouverture ?... »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Oui,
j’ai pu enrichir mon approche en constatant des recoupements qui ne m’étaient
pas apparus jusqu’alors entre méditation et philosophie. J’avais déjà un aperçu
de l’histoire de la pensée, et j’ai bien senti, à l’écoute des uns et des
autres, qu’un réel cousinage existait entre les deux sillages : les fondements
étaient similaires, même si les formes différaient. »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Nous reconnaissons là l’esprit d’ouverture qui a animé le bouddha au
long de ce stage. Et nous comprenons mieux maintenant à quels mouvements
d’humeur il a pu être confronté. Il a finalement donné la priorité à une parole
qui circule, une parole mutuelle, en réseau. A travers ce choix, il nous a
montré une voie : celle de ne pas s’accrocher à tout prix au statut que
vous donne la connaissance, pour laisser aller librement les flux d’influence,
quel que soit leur sens.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Nous mesurons aussi à quel point la présence active de certaines
personnalités a été importante. Ainsi, Socratès a-t-il su provoquer le bouddha
par sa force ironique, cette capacité à renverser une situation ou une opinion
… sans déclencher de conflit pour autant. Il a apporté la preuve que l’essence
de l’humour peut contribuer à nous placer au-dessus des contingences du réel.
Cet humour, que Jankélévitch nommait « sublime à l’envers », permet d’accéder
au présent par le biais d’une forme… d’absence. Oui, ironiser, c’est bien
s’absenter des guerres de croyances en cours, échapper à la tentation du
pouvoir immédiat pour mieux le subvertir par la bande. Voilà un jeu sans
victime, apte à nous faire sortir de l’état de minorité, à nous détacher des
ambiguïtés de l’émotion en nous autorisant à la mise à distance et à l’autonomie.
<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Retourner le sens des choses en se moquant ne permet-il pas au fond de
restaurer notre assise physique et mentale ? L’intervention de Jacques T
fut, elle aussi, décisive. Il nous a démontré, par ses pirouettes, que l’on
peut rire – et faire rire – avec son corps. Sa mécanique implacable du corps
dansant nous a placés en présence du spectacle de l’absurdité du monde, et
permis de neutraliser ne serait-ce qu’un instant l’intoxication sournoise que
nous menons parfois, à notre propre insu, sur nous-mêmes.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Zarathoustra, autre figure dansante, a confirmé pour nous les vertus de
l’allégorie<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>permettant de méditer sur
les illusions qui nous embarquent. J’avoue avoir ri intérieurement à la vue du
bouddha assis avec tout son sérieux, concentré dans l’exercice :
pouvait-il s’imaginer vu de l’extérieur, figé comme une statue, sérieux comme
un pape ? Aurait-il ri aussi de lui-même ? Le rire comme forme
privilégiée d’un miroir de soi. Nietzsche, le philosophe marcheur croisé en
montagne, nous confia avoir voulu faire de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Zarathoustra</i>
un livre sur l’apprentissage du rire comme source de connaissance et de
sagesse. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Profondeur et légèreté.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><o:p></o:p></span> <iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/QTMqes6HDqU/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/QTMqes6HDqU?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><o:p></o:p></span> </div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"> <span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;">Notre
maestro semble bien être parvenu à éteindre l’étincelle de doute qui nous
habitait au début du stage. Le voici qui propose à sa fine équipe une ultime
méditation en guise de conclusion. Aucune directive pour ce dernier
travail : le boss fait maintenant confiance à chacun pour se prendre en
main. Les assises s’organisent sans empressement particulier. Les respirations
vont leur train de sénateur. Le silence s’installe dans une lenteur et une
attention devenues familières. Le zen va son rythme tranquille.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Nous
observons avec soulagement que les différents signes religieux présents dans la
salle semblent s’être dégonflés avec le temps. Les voilà devenus de simples
éléments de décor, au même titre qu’un modeste vase de fleurs ou qu’une jolie
table ornée. La méditation a gagné ses lettres d’indépendance et de neutralité
au service d’esprits apaisés. Heureux de cette conclusion, l’auteur n’en oublie
pas pour autant ses engagements d’origine. La question demeure et se
repose : quel changement s’est opéré en lui durant ces quelques jours de
méditation ?<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Parti avec des préjugés tenaces, le candide de service en a vu des
vertes et des pas mûres avec ce bouddha hésitant mais qui, somme toute, a joué
le jeu. J’avoue que c’est du côté de l’ego que les choses se sont le plus
éclaircies. Assister aux luttes intestines d’un meneur pris dans les filets de son
double qui le malmène : quoi de plus exemplaire pour détecter et débusquer
ensuite chez soi les méandres de ce qu’il faut bien appeler notre
« deuxième peau », aussi invisible que taquine ?<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Et puis les petites joies du hasard ont pimenté les limites de
l’exercice. La diversité des figures croisées durant la pratique a permis de
lever les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">a priori</i> bien souvent
fondés sur des illusions, des « on dit », des peurs souterraines,
ignorées. La gamme infinie des vérités potentielles a fini par ouvrir des brèches
dans le jeu sans fin des « on croit », « on imagine », « on
pense que » etc… On ne sort pas facilement du cycle enclavant des
émotions, des pressions et des impressions, des scénarios multiples concoctés
par nos imaginaires en délire. Même l’exotique Robinson reproduit allègrement,
à son insu, les codes importés de son éducation d’origine sur un lieu perdu qui
ne lui demande rien ! Mathématique implacable des habitudes et des
chimères entretenues que l’exercice régulier du dialogue – interne comme externe
– révèle et allège… au moins autant que le silence !<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« Le corps sculpte l’air comme un soufflet de forge » :
voici une esquisse possible de nos évolutions physiques – faudrait-il plutôt
dire de nos sur-place ? – dans le dojo. Car la seconde découverte se
nicherait au creux de cette respiration pourtant si mécanique que nous
l’oublions en permanence alors qu’elle est la condition même de la vie. En
faire l’acte de base, le lieu intime de l’exercice méditatif, voilà bien la
surprise ! Après ça, respirera-t-on encore de la même façon ? A
chacun de répondre.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>La lenteur et l’attention au présent sont enfin deux découvertes qui
confirment la primauté de l’exercice, l’exigence de sa régularité, l’ordinaire
de sa pratique en état de pleine conscience. A l’image de nos ancêtres
stoïciens, exerçons-nous, encore et encore, il en restera toujours quelque
chose !<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Allègement de l’ego, suspension du jugement, soins apportés à la respiration
et à la présence attentive, voici trois réalités souvent délaissées et pourtant
à notre portée ! Comme si les gestes les plus accessibles étaient à la
fois les plus simples et les plus difficiles à mettre en œuvre. Paradoxe toujours
d’actualité. Et puis songeons qu’il y a déjà deux millénaires, nos
prédécesseurs de l’Antiquité baignaient dans le même esprit, les mêmes valeurs
à promouvoir !... Alors relisons-les et puisons aux sources de ces
exercices immémoriaux dont la justesse n’a pas pris une ride. Sans oublier le
zeste d’ironie socratique nécessaire à une sagesse plus légère !...<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et
puis l’auteur aussi écrit avec son corps et son assise. Alors comme l’a si bien
résumé notre cher bouddha, « soyons corps », encore et encore… Sans
tomber dans l’hypnose ! <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Tenir
le pas gagné » : Arthur, notre poète adolescent, aurait le dernier
mot de l’aventure. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"></span></i></span></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"></span></i></span></span></span> <br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgiOdNHvVbAP8Ovh7dGcfVI0jhc5YjcrSVrfnECbiQ6KqwvX1ZUNHekBCOIi0XTF2WkiS9yqA-CI5JiG5fP91IeybHBh_gCtHKF1W3Wf6dl3LzCD02r-LEceKFWx5lB4YgWhAnUYPk7EGI/s1600/COUVERTURE.png+2.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="603" data-original-width="391" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgiOdNHvVbAP8Ovh7dGcfVI0jhc5YjcrSVrfnECbiQ6KqwvX1ZUNHekBCOIi0XTF2WkiS9yqA-CI5JiG5fP91IeybHBh_gCtHKF1W3Wf6dl3LzCD02r-LEceKFWx5lB4YgWhAnUYPk7EGI/s320/COUVERTURE.png+2.png" width="206" /></a><br />
</div>
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> <span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"> </span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: 12pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"> Être ou savoir ? Vivre ou réfléchir ? Agir ou
penser ? L'alternative se pose là. Comment vivre sans se regarder
faire ? Comment trouver en soi la force de poser des actes sans se
préoccuper de ce qu'ils rapportent ?<o:p></o:p></span></span>
</span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les philosophes ont tenté de répondre à
ces questions. De Socrate à Bergson en passant par Rousseau et Nietszche, leur
tout premier acte fut sans doute de se mettre en marche. Comme il parle et
comme il pense, « l'homme est un temps à deux pattes », selon le mot
de Jankélévitch. <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Outrepassant fièrement les silences
percutants de la pensée en cours, l'homme du commun osera un « penser
c'est bien beau mais... » : la vanité du concept ne guette-t-elle pas
son auteur lorsque l'idée ne débouche pas sur du concret, du palpable ? A
bien considérer l'histoire de la philosophie, combien de gestes furent joints à
la parole chez nos nobles penseurs ? Interrogation d'autant plus
pertinente que l'activité philosophique ne débouche pas nécessairement sur une
réponse obligée. Elle appelle question. Et c'est là pourtant que peut naître et
s'épanouir la « beauté du geste » vantée par Jankélévitch.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>De même que la pensée fait parfois
rengaine, il arrive que le geste trahisse le souci de trop qui échappe, l'acte
manqué qui dévoile, le symbole s'érigeant au fil d'une attitude qui fuite. Où
finit la pensée et où commence le geste ? Quelle secrète frontière sépare
nos intérieurs invisibles de l'extérieur en mouvement ? <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Tapi derrière sa fenêtre, le philosophe se
glisse dans la peau de l'observateur aux aguets. A quel moment se projette-t-il
physiquement dans chacun des passants qui s'agitent en contrebas, le long de la
rue ?<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A l'image de la fenêtre nous séparant du
monde, la limite qui borde nos paupières alourdies est la membrane infiniment
élastique de nos imaginaires en attente. Elle frange nos rêves d'un surplus de
précaution où dominent la pensée et la parole. La raison et la prudence.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais l'appel de l'aventure exige
plus : il nous désire au risque d'un corps qui parle, d'un mouvement qui
s'ébauche, au gré d'une émotion qui nous soulève, nous dépasse. Malgré nous. De
la tête au corps, il y a parfois divorce. Et continuité pourtant. Sans crier
gare, l'idée se laisse aller à s'incarner, à fuiter par la fissure qui s'offre,
la lézarde qui court, l'aubaine qui réjouit. <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voyez le philosophe jubiler, blotti à
l'affût de la toile de Marc Chagall<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i>Paris
par</i> <i>la fenêtre </i>: il est cette double tête qui jouxte une
ouverture au bord du monde, entre intimité et air du large. Oui c'est bien lui,
là au premier plan, en bas à droite. En attente, comme son double, le chat
fétiche à visage humain siégeant tranquillement sur le rebord de cette fenêtre
grande ouverte sur la cité et ses intrigues. L'animal circonspect s'adosse au
pan boisé, multicolore, de l'encadrement. Et au-delà ? Toute une imagerie
nous assaille, nous émoustille : des corps qui flottent au loin parmi les
maisons, une silhouette suspendue en l'air comme à un parachute
invisible : ça glisse et ça flotte, la vie s'éclaire d'un grand rais de
lumière comme un spot illumine la scène d'un théâtre d'acteurs. <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au
philosophe de s'emparer de la scène pour nous souffler ses questions. Et oser
ses gestes. On sent sa vie prête à jaillir par toutes les failles disponibles.
Abandonnant pour un temps sa neutralité naturelle, l'observateur ne va pas
tarder à s'impliquer : action !... <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Que nous vaut le plaisir de penser ?
« En ce point est quelque chose de simple, d'infiniment simple, de si
simple que le philosophe n'a jamais réussi à le dire. Et c'est pourquoi il a
parlé toute sa vie » nous souffle Bergson dans son <i>Intuition</i> <i>philosophique.
</i><span style="mso-bidi-font-style: italic;"><o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bienvenue chez les
Philosophes !</span><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"> </span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"></span><br />
<span style="font-family: "arial";"></span><br />
<span style="font-family: "arial";"></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"> <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhpP8txDl83AL5kWLkkIK5C393K8HgjNGZBPwCCnlc_Y3LPiBV5StWw5uqTJovdRkjVFNpdpExDAzbWOG32_M1BMpqpf58XlJl34fD3ZchWnXFwnAliYkudbaWWA6B6ba4VjMdBPDdvplI/s1600/Renaissants.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="336" data-original-width="227" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhpP8txDl83AL5kWLkkIK5C393K8HgjNGZBPwCCnlc_Y3LPiBV5StWw5uqTJovdRkjVFNpdpExDAzbWOG32_M1BMpqpf58XlJl34fD3ZchWnXFwnAliYkudbaWWA6B6ba4VjMdBPDdvplI/s320/Renaissants.png" width="216" /></a></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<span style="font-family: "arial";">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"> <span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">La Renaissance
étend son printemps dans l’Europe du XIVè au XVIè siècle. La période est riche,
marquée par d’importantes nouveautés scientifiques, techniques etpolitiques
(grandes découvertes, invention de l’imprimerie, réformes religieuses…) qui
vont changer les conditions de vie mais aussi les modes de transmission des
connaissances.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">L’époque impulse un vaste courant de
réappropriation des auteurs anciens plaçant au centre l’acquisition du savoir,
pour que l’humain développe pleinement ses facultés : c’est l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">humanisme</i>. <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Ainsi, la connaissance et l’étude des
auteurs grecs et latins se répand et imprègne fortement les philosophes de
l’époque. En Italie d’abord (Pétrarque, Erasme, Pic de la Mirandole), puis dans
le reste de l’Europe (Francis Bacon, Rabelais, Montaigne). C’est l’occasion
d’un renouveau des réflexions sur la culture, l’éducation et la politique. Le
néoplatonisme refait surface, parfois influencé par l’ésotérisme – sciences
secrètes réservées à des initiés – (Nicolas de Cuse, Jacob Boehme).<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Montaigne, dans ses Essais, qui auront une
grande influence sur la postérité, se réclame du scepticisme des Anciens et
professe un relativisme culturel nourri à la fois par l’observation de son
époque et par la lecture des auteurs grecs et latins. Francis Bacon montre,
dans son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Novum Organum</i>, l’importance
de l’expérience pour établir des connaissances solides, ce qui en fait un
précurseur du mouvement empiriste qui prendra une importance majeure au XVIIè
siècle.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">La philosophie politique de Machiavel (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Prince</i>) inaugure l’époque moderne en
proposant des réflexions réalistes, sans illusion sur la nature humaine, et
parfois considérées comme représentatives du républicanisme qui animera les
penseurs des Lumières. La philosophie juridique de Grotius jette les bases du
droit international. La modernité est en chemin… </span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"></span> </span></div>
<span style="font-family: "arial";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"></span> </span></div>
<span style="font-family: "arial";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<span style="font-family: "arial";">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><em> </em><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;">NICOLAS
DE CUES</span></b><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><o:p></o:p></span></span></span></b></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><o:p> </o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"> Comment Dieu peut-il faire entrer du vide dans l’être ? Quelle
transition entre le Cosmos clos de l’Antiquité et l’Univers infini des Temps
modernes ? En esprit œcuménique et conciliant, Nicolas De Cues marque la
fin du Moyen Âge et annonce les prémices de la Renaissance.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Nicolas naît à Cues, sur les bords de la Moselle en 1401. Fils d’un
riche batelier, il est protégé par un comte et reçoit une éducation soignée. Il
étudie à Heidelsberg puis à Padoue où il approfondit ses connaissances en
philosophie, jurisprudence et mathématiques. Docteur en droit, il revient à
Cologne où il étudie la théologie. Il participe au concile de Bâle (1431-1449).
Il se met sous la protection du légat pontifical et fait partie de l’ambassade
pontificale chargée par le pape Eugène IV d’inviter l’empereur byzantin et le
patriarche de Constantinople à prendre parti pour le concile de Ferrare et non
celui de Bâle. Les Grecs, qui ont en tête de se réunir avec l’Eglise de Rome
pour obtenir son soutien contre les Turcs, choisissent le parti de la
centralisation pontificale.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Nicolas est envoyé en Allemagne pour rallier les princes et les
ecclésiastiques allemands à la cause du pape. Ses talents de diplomate font
alors merveille tant il y met de conviction. De cette période, le Cusain nous
laisse son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Traité sur la vision de Dieu</i>.
En récompense de ses efforts, de Cues est nommé cardinal-prêtre puis évêque en
1450. En butte à des hostilités politiques, il cherche refuge et apprend sa
nomination comme vicaire général du pape humaniste Pie II. On le charge de
rédiger des propositions de<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>réforme,
mais il se heurte à de vives oppositions au sein de la Curie. Il meurt en 1464.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Nicolas élabore une méthode intellectuelle pour essayer de penser
l’infini (ou <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Maximum</i>) : en
passant à la limite, la raison est obligée de changer de régime en passant au
principe de la « coïncidence des opposés ». La pensée doit procéder à
un double dépassement : du concept fini à ce qu’on peut concevoir de plus
grand, puis de ce concept du maximum à ce qui est plus grand que ce qu’on peut
concevoir. Dieu est si grand qu’il excède même l’acte et la forme. De Cues
pense aussi la création de manière originale, comme une sorte de contraction de
l’Être divin qui fait entrer du vide dans l’Être, ce qui permet la diversité
des étants, une notion toute proche du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">tsim-tsoum
</i>de la kabbale juive.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Nicolas de Cues rompt avec la distinction aristotélicienne entre les
mondes supra-lunaire et sub-lunaire, en appliquant à la « machine du
monde » l’image de<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> la sphère infinie
dont le centre est partout et la circonférence nulle part</i>. Quitte à
bouleverser la cosmologie traditionnelle, le philosophe poursuit le pas menant
à la révolution copernicienne : comme l’univers se révèle infiniment
grand, un moment arrive où la terre ne peut plus en être le centre. Il confirme
aussi que, comme tous les astres, notre planète n’est pas fixe mais en
mouvement. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Lecteurs de Nicolas de Cues, Giordano Bruno s’en inspirera et Descartes
en reconnaîtra l’originalité. Toutefois, sa cosmologie ne peut ni ne veut être
parfaitement mathématisée, ce qui le distingue de ses successeurs Copernic et
Galilée. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Penseur audacieux sous une apparence conservatrice, de Cues laisse une
empreinte ambiguë dans l’histoire de l’Eglise : défenseur acharné de la
cause pontificale, il est aussi célèbre pour avoir inspiré la pensée de nombre
de novateurs ultérieurs. Il défend l’idée d’un Christ à la fois « minimus
homo » et « maximus homo », dans son accès à la mortalité et à
l’ubiquité. Cette manière de penser la Croix retiendra l’attention de
l’évangélique français Lefèvre d’Etaples qui éditera les œuvres du Cusain en
1514.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Sa <i style="mso-bidi-font-style: normal;">docte ignorance</i> constitue,
aux yeux de certains, l’une des premières formulations de l’épistémologie
moderne. « Si tu médites avec profondeur ces choses, tu seras envahi d’une
merveilleuse douceur d’esprit »<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>rappelle le sage.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><o:p> </o:p></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><em> </em>PIC DE LA
MIRANDOLE<o:p></o:p></span></b></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><strong><em> </em></strong> </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"> <span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Le personnage est peu connu. Il
est pourtant le fondateur de l'humanisme moderne. Florentin d'une extrême
précocité, il ne vivra que trente ans d'une vie intense : à dix ans, il
maîtrisait déjà le latin et le grec. Consacrant très tôt sa vie à la philosophie
et aux voyages, il parcourt l'Europe de la Renaissance pour s'imprégner du
corpus des idées de son temps. <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Né en 1463, Pic de la Mirandole conçoit ce projet fou de rédiger neuf
cents thèses (!) sur tous les sujets, et d'ouvrir ainsi un gigantesque débat
avec les plus grands penseurs de son temps. Menacé puis emprisonné, il envisage
même de devenir... moine. Il brûle tous les poèmes écrits dans sa prime
jeunesse avant de distribuer toute sa fortune aux pauvres, et de mourir à... 31
ans. Un météore comme le sera Caravage en peinture au siècle suivant.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Pic déploie son argumentaire sur notre destinée humaine au fil d'une
fable magnifique qu'il emprunte à un mythe ancien. Pour s'occuper, les dieux
oisifs<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>décident de créer les
mortels : les animaux et les hommes. A partir de la glaise et du feu, ils
modèlent de petites figurines<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>qui sont
les archétypes des espèces animales. Ravis à l'idée que ces mortels vont les
distraire un peu, ils chargent deux fils de Titan, Prométhée et Epiméthée, de
parfaire le travail et d'achever la création.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Equilibrant au mieux les capacités des uns et des autres, les deux
frères parviennent à un système viable. Mais une fois tous les dons attribués
aux animaux,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>il ne reste plus rien aux
hommes ! C'est alors que Prométhée décide de voler pour eux le feu et les
arts, de quoi les armer pour construire leur liberté, une conscience de soi...
mais aussi les outils pour se livrer à l'hybris, péché de l'arrogance et de la
démesure. Voici donc l'homme, être moral capable de choisir entre bien et mal,
être d'historicité aussi, capable d'inventer lui-même, librement, son propre
destin. N'étant rien, il peut devenir tout. Un humain protéiforme capable de se
transformer au gré d'une éducation <i>tout au long de la vie</i>, comme on dit
de nos jours. Le projet<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>humaniste est
né.<o:p></o:p></span>
</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">L'héritage de Pic inscrit durablement sa pertinence dans la postérité
qui va de Rousseau à Sartre en passant par les Lumières. De la perfectibilité
rousseauiste à la liberté existentialiste en passant par les Droits de l'homme.
Soit trois siècles de philosophie. <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Pico, comte de la Mirandole, naît particulièrement doté par la
nature : ascendance aristocratique, riche patrimoine, dons intellectuels,
charme exceptionnel, l'homme a tout pour plaire. Mû par une insatiable
curiosité intellectuelle, il accumule une bibliothèque parmi les plus riches
d'Europe, entre en relation avec les plus grands humanistes du quattrocento
italien et... se met à dos les autorités papales. Sommé de se rétracter, il
défie ses juges qu'il ose mettre en accusation. Homme de défi, il est blessé et
emprisonné par le mari dont il avait tenté d'enlever la femme. Finalement
absous par... un Borgia, l'ami de Laurent de Médicis tire les leçons de sa
mésaventure en se consacrant à la vie contemplative.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Qualifié en son temps de <i>Prince de la Concorde, </i>Pic parvient à
faire la synthèse entre théologie et philosophie, dressant des ponts entre les
différentes cultures de son temps. Peu lu, cet auteur génial marque de son
empreinte toute l'histoire de la pensée. Il invente l'humanisme moderne en le
fondant sur une idée remarquable qui apparaît dans son discours sous la forme
d'une fable.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Il est de cette poignée de Modernes qui ont entrepris de fonder la
philosophie, la morale, et une définition de la vie bonne, non plus sur l'ordre
cosmique ou la divinité, mais sur l'homme lui-même. Un vrai geste inaugural.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">« Tel un statuaire qui reçoit la charge et l’honneur de sculpter ta
propre personne, tu te donnes, toi-même, la forme que tu auras préférée. »
Comme un air de Plotin.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"></span> </span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"> <strong><span style="font-size: large;">ERASME DE ROTTERDAM<o:p></o:p></span></strong></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol";"></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol";">Il est une des figures majeures de la culture européenne renaissante. Erasme de Rotterdam est chanoine régulier de Saint Augustin, philosophe, humaniste et théologien. L’homme écrit des essais et traités sur de multiples sujets : art, éducation, religion, guerre, Mais il reste connu pour sa célèbre <i style="mso-bidi-font-style: normal;">declamatio </i>satirique : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Eloge de la folie</i>.</span><o:p></o:p></span><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"> « Prince des humanistes », né en 1467 à Rotterdam, Erasme est l’âme de la République des Lettres qui se met en place en Europe au XVè siècle. Moine et prêtre, il renonce à sa carrière ecclésiastique pour se consacrer aux études. Il rentre en contact avec les savants de toute l’Europe par ses voyages et ses correspondances. Né enfant illégitime dans une famille nombreuse, il suit ses études dans l’école la plus renommée de Hollande. Sa scolarité est interrompue un temps par une période où il est enfant de chœur à la cathédrale d’Utrecht. Ses parents décédant d’une épidémie de peste, lui et son frère sont mis sous tutelle et placés dans une école destinée à plier les jeunes esprits à la discipline monastique. Leurs tuteurs font tout pour les envoyer au couvent.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></span></span></span></span>
</span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Mais grâce à sa réputation de brillant latiniste, Erasme se voit proposer un poste de secrétaire auprès de l’évêque de Cambrai, personnage très influent. Découvrant alors l’œuvre de Saint Augustin, il obtient la permission d’aller étudier à l’université de Paris, alors centre des études scolastiques, mais déjà sous influence renaissante. Comme étudiant, Erasme choisit de mener une vie indépendante. La langue latine, qui était d’usage universel dans l’Europe du temps, lui permet de se sentir partout chez lui. Il noue des amitiés avec les principaux penseurs anglais et entame une correspondance avec Thomas More.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Grand voyageur, notamment en Angleterre et en Italie, le penseur développe sa conception humaniste du christianisme, toujours fidèle à un idéal de paix et de concorde. Epistolier infatigable, Erasme écrit des lettres à tout ce que l’Europe compte de princes, d’ecclésiastiques, d’érudits renommés ou de disciples novices ; Il affirme consacrer plus de la moitié de ses journées à ses quelque six cents correspondants. Parmi eux, le jeune prince Charles de Habsbourg qui va devenir Charles Quint à qui il destine son essai <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’institution du Prince chrétien</i>. Il est aussi l’auteur d’un manuel de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Savoir-vivre à l’usage des enfants.</i> Cet ouvrage, qui a servi de référence à plusieurs générations, donne un bon témoignage de l’état des mœurs dans l’Europe du XVè siècle. Se voyant offrir de devenir cardinal par le Pape Paul III, il refuse. Très affecté par l’exécution sur l’échafaud de son grand ami Thomas More, il meurt lui-même peu de temps après. Dix ans après, ses livres sont brûlés publiquement à Milan, avec ceux de Luther.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Eloge de la folie</i> est une fiction burlesque et allégorique où Erasme fait parler la déesse de la folie, lui prêtant une critique virulente des diverses catégories sociales comme les théologiens, les moines, mais aussi les courtisans dont nous avons une satire mordante. L’ouvrage dépasse l’époque de l’auteur pour atteindre la société humaine en général. L’ouvrage sera mis à l’index lors de la Contre-Réforme. Après des morceaux de virtuosité dans le délire, le ton se fait plus sombre dans une série de discours solennels, lorsque la folie fait l’éloge de l’aveuglement et de la démence et lorsque l’on passe à un examen satirique des superstitions et des pratiques pieuses dans l’Eglise, ainsi qu’à la folie des pédants. Peu à peu, la folie prend la propre voix d’Erasme qui annonce le châtiment. L’essai se termine en décrivant de façon sincère et émouvante les véritables idéaux chrétiens. Erasme a fondé son engagement européen sur son cosmopolitisme. « Le monde entier est notre patrie à tous » affirme celui qui a milité pour la paix en Europe. C’est en son honneur que le programme européen d’échange pour les étudiants et professeurs a pris le nom d’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Erasmus</i>.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« On ne naît pas homme, on le devient par l’éducation et la culture. »</span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
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<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"> </span></span></span></span></span></span></span></div>
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<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"> </span></span></span></span></span></span></span></div>
</div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";">
</span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"> NICOLAS<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>MACHIAVEL</span></b><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"> <span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">« Machiavel naquit les yeux ouverts », selon son biographe. C'est en menant des missions diplomatiques à travers l'Europe que le Florentin se forge une opinion sur les mœurs politiques de son temps. <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Envoyé en 1502 au camp de César Borgia, l'écrivain admire en lui l'association de l'audace et de la prudence, son habile usage de la cruauté et de la fraude, sa confiance en lui, sa volonté d'éviter les demi-mesures. Ainsi que l'emploi de troupes locales<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>et l'administration rigoureuses des provinces conquises. Un comportement digne d'éloges, selon Machiavel.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Soupçonné d'avoir trempé dans une conspiration contre les Médicis, Nicolas est<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>emprisonné, torturé, assigné à résidence. Il commence alors à écrire une critique sur l'état de la politique italienne à son époque. Dans <i>Le Prince</i>, dédié à Laurent de Médicis, il ose donner des règles de conduite à ceux qui gouvernent. Nicolas se sent homme politique avant tout et veut revenir en grâce. « Je pense qu'il faut être prince pour bien connaître la nature et le caractère du peuple, et être du peuple pour bien connaître les princes », estime Nicolas. Il en appelle à la réunification de l'Italie... avant qu'une nouvelle disgrâce ne l'accable<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>avec l'avènement de la république, justement. Il meurt sur ces reproches de compromission avec les Médicis. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><i>Machiavélique</i> : le terme dit bien l'homme cynique dépourvu d'idéal, de tout sens moral et d'honnêteté. Or les écrits du penseur montrent plutôt un homme politique avant tout soucieux du bien public. Pour autant, Nicolas ne nourrit aucune illusion sur les vertus des hommes, présupposant que ceux-ci sont par nature mauvais. Alors, l'idée du Bien en politique : naïve, incohérente ?... Le premier but de Machiavel est l'efficacité de la politique du prince, pour son bien comme pour celui de sa nation. Pour gouverner et se maintenir en place, la fin justifierait-elle les moyens ?<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Un portrait célèbre de l'auteur du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Prince</i> le représente avec un étrange sourire pincé. Diabolique ou subtil ? Il incarne à lui seul l'énigme qui entoure les écrits du diplomate florentin, cinq siècles après sa mort. L'oeuvre est complexe, sujette à des interprétations variées et parfois contradictoires. Entre l'apôtre de la monarchie et le<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>défenseur zélé de la république, on entrevoit Machiavel comme un authentique penseur de la vie libre.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span></span><br /></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">L'instabilité animant un pays morcelé et ses cités autonomes se prête aux expériences politiques. Conjurations, soulèvements populaires et coups d'Etat font le quotidien de la société italienne renaissante. La plume de Nicolas excelle à disséquer les uns et les autres. Le tout jeune chancelier de Florence occupe un observatoire idéal du jeu politique. Il se forge quelques idées qui éclaireront l'histoire à venir : la guerre n'est pas seulement l'affaire des grands, mais aussi celle du peuple ; il faut encourager l'immigration pour permettre à la cité de se doter d'une armée fidèle à la patrie. Balançant entre un « bon » et un « mauvais » usage de la cruauté, Nicolas relate des manœuvres calculées qui préfigurent les gouvernements-fusibles d'aujourd'hui, nommés pour remplir des missions impopulaires, puis évincés en guise d'apaisement. L'intrigant Borgia joue les modèles dans ses observations et l'élaboration de ses théories politiques.<o:p></o:p></span>
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span></span><br /></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Entre <i>fortuna</i> (le facteur chance) et <i>virtu</i> (les qualités morales), Machiavel résume la capacité à s'adapter à toutes les situations dans une métaphore célèbre : le prince doit se faire lion pour la force et renard pour la ruse. Il proclame ainsi la primauté de l'efficacité politique sur l'éthique. Et même si la raison d'Etat suit une autre voie que la morale commune, la finalité des gouvernants doit pourtant rester le bonheur des citoyens. Et puis : « L’habituel défaut de l’homme est de ne pas prévoir l’orage par beau temps » : encore une évidence rarement suivie !...</span></span></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"></span> </span></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol";"> </span><strong>JEAN CALVIN</strong></span><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><em><strong><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></strong></em></span></span></span></span>
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span></span></span><br /></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><o:p> </o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"> N’y a-t-il que la Bible pour dire la vérité ? Contre le laxisme des Jésuites accommodant la religion aux besoins des puissants, contre la corruption de l’Eglise et de la papauté, le grand réformateur que fut Jean Calvin propose un retour salutaire aux Ecritures, et à elles seules. Selon lui, c’est la Bible qui exprime la parole de Dieu, et non ceux qui l’interprètent en en déformant souvent le sens originel. <o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"></span></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Si la Bible est restée pendant des siècles le « livre des livres » pour l’Occident chrétien, elle a perdu peu à peu son aura. La philosophie avec Descartes, se séparant complètement de la religion, annoncera l’avènement de la raison. La science invalidera bon nombre de conceptions bibliques. Au XIXè siècle, des auteurs comme Marx, Nietzsche ou Freud – philosophes du soupçon – dénonceront, toujours au nom de la raison, les failles et les incohérences contenues dans les Ecritures. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span></span></span><br /></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Comment lire la Bible aujourd’hui sans la lumière des progrès de la raison ? S’en tenir au texte seul, c’est non seulement refuser le temps présent, mais aussi, à l’image de certaines sectes, transformer la foi en pur fanatisme. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span></span></span><br /></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
</span></span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Jean Calvin naît en 1509 à Noyon dans l’Oise. Tout au long de sa vie, il a accompli un pèlerinage qui l’a emmené à Genève en Suisse. Elevé dans la religion catholique, il a une enfance mouvementée en commençant à voyager jeune pour s’instruire, notamment à Paris, Orléans puis Bourges, pour repartir à Orléans et y recevoir sa licence de droit. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Après s’être lié d’amitié avec plusieurs partisans de Martin Luther, il se convertit en 1533 au Protestantisme qui était alors interdit en France. Il passe trois ans à Strasbourg sous les ordres de Martin Bucer. C’est là que Calvin commence à exercer en tant que théologien et pasteur. Puis il retourne à Genève où il est appelé à réformer la ville, cette fois avec l’appui du conseil et de ses habitants. La réforme dans la cité genevoise ne se fait pas sans tensions ni querelles, mais le penseur parvient à imposer ses doctrines théologiques et pratiques dans l’église. C’est dans les dernières années de sa vie que Jean Calvin est reconnu comme un personnage incontournable de la Réforme Protestante en Europe.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Sa réputation de réformateur est due à ses idées théologiques. Aujourd’hui, il est connu pour sa doctrine de la prédestination et de la souveraineté divine ; pour autant, il a simplement repris ces thèmes développés chez Saint Augustin qui fut sa plus grande influence littéraire. Mais Calvin fut surtout le théologien protestant qui formula et rédigea ce qui est considéré comme la première œuvre de théologie systématique, l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Institution de la Religion Chrétienne</i>, dont il commence la rédaction à 25 ans. Il sortira la version finale en latin – traduite en français par lui – après y avoir travaillé toute sa vie.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Ses disciples ont largement contribué au fait que le calvinisme ne soit retenu jusqu’à nos jours que pour sa doctrine de la prédestination. Celle-ci suscite encore de nombreux débats dans les milieux évangéliques. Les idées de Calvin ont eu une grande influence sur la naissance des églises anglicane, presbytérienne, épiscopalienne, mais également sur les Puritains. La théologie de Jean Calvin a grandement participé à la réception des Evangiles dans le monde. L’homme a initialement péché et il continue de le faire dès lors qu’il refuse de prendre connaissance de la vérité biblique. A une époque qui se laisse aller à l’idolâtrie des reliques et des richesses matérielles dont s’entoure le culte, il faut en revenir à une foi intérieure et pure. Calvin, comme les autres acteurs de la Réforme, adhère à cette formule : « La grâce seule, l’Ecriture seule, la foi seule. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">L’époque de la Renaissance atteint le comble du péché. On en revient donc au destin d’Israël et de l’Eglise primitive. « Jamais l’homme ne se meut à adorer les images qu’il n’ait conçu quelque fantaisie charnelle et perverse » proclame Calvin le pur, ajoutant « La pire des pestes est la raison humaine. » Tout est dit sans ambages.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<em>
</em><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<em> </em><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><o:p><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;">GIORDANO BRUNO</span></b><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"> <span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p></o:p></span></i></b></span>
</o:p></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p> </o:p></span></i></b></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"> <span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">En un temps troublé où l'Inquisition sévissait sans partage, un humaniste ose proposer une vision de l'univers comme infini, composé de plusieurs mondes et dont la terre n'est pas le centre.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Scandale absolu pour cet ancien frère dominicain bravant l’Eglise et la doxa régnante dans une Renaissance encore hésitante.</span><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> </span></i></b><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Sur la base des travaux de Copernic et Nicolas de Cues, Giordano Bruno développe la théorie de l’héliocentrisme et montre la pertinence d’un univers qui n’a pas de centre, peuplé d’une quantité innombrable d’astres et de mondes identiques au nôtre. <o:p></o:p></span></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Accusé formellement d’athéisme (confondu avec son panthéisme) et d’hérésie (surtout par sa théorie de la réincarnation des âmes), ses écrits sont jugés blasphématoires : il y proclame que Jésus-Christ n’est pas Dieu, mais un simple « mage habile », et que Satan sera finalement sauvé. Poursuivi pour son intérêt pour la magie, il est condamné à être brûlé vif au terme de sept années de procès ponctuées de nombreuses propositions de rétractations qu’il semblait d’abord accepter puis qu’il rejetait. Une statue de bronze à son effigie trône depuis le XIXè siècle sur les lieux de son supplice au <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Campo de Fiori</i> à Rome. L’auteur du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Banquet des cendres</i> compte au nombre des martyrs de la pensée.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Né en 1548 près de Naples, alors sous souveraineté espagnole, Giordano est imprégné de culture classique et humaniste. A l’université de Naples, il découvre la mnémotechnique, art de la mémoire, et participe aux débats philosophiques entre platoniciens et aristotéliciens. Il entre chez les Frères Prêcheurs, prestigieux couvent dominicain réputé dans toute l’Italie et précieux refuge en ces temps de disette et d’épidémie. Dominicain modèle, il est alors ordonné prêtre.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Mais Bruno dissimule en fait une rébellion contre le carcan idéologique du temps. Au fil des années, le penseur a su se forger une culture éclectique et peu orthodoxe, sans cesse alimentée par un appétit de lecture et des capacités exceptionnelles de mémorisation. Adepte des œuvres d’Erasme, il se passionne pour la magie et la cosmologie. La rupture qui couvait finit par être consommée : il doit abandonner son froc dominicain et fuir. Il survit mais sa condition d’apostat le contraint à changer fréquemment de lieu. Après un exil dans la Genève calviniste, il est excommunié. Impressionné par la mémoire colossale de Bruno, le roi de France Henri III le fait venir à la cour et lui offre sa protection, lui offrant cinq années de paix et de sécurité. Son talent d’écriture imagée, vivante, ironique, se confirme dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Candelaio</i> (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Chandelier</i>), comédie satirique sur son temps. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Parvenu à Londres, puis à Oxford, il reçoit un accueil hostile, précédé d’une réputation brillante mais sulfureuse. Sûr de lui et de ses idées et plein de mépris pour celles de ses contradicteurs, il passe deux années à répliquer, apparaissant comme un philosophe novateur mais impertinent. Il impose sa vision cosmographique et révolutionnaire du monde, dans le fil de la pensée copernicienne. Exilé en Allemagne, le voilà luthérien mais bientôt… excommunié à nouveau. La curie romaine semble vouloir lui faire payer son apostasie, et Bruno se retrouve dans les geôles vaticanes. En février 1600, il est livré aux flammes devant la foule des pèlerins.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Chaque année, une foule de sympathisants se réunit devant sa statue pour commémorer le supplice de celui qui se fit le champion des idées d’infini, du vivant et du psychique. Les notions de panthéisme et de karma rapprochent Bruno des visions bouddhiste et hindouiste. Ses héritiers se comptent chez les libre-penseurs, Leibniz et ses <i style="mso-bidi-font-style: normal;">monades</i>, Diderot et son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Encyclopédie</i>, Goethe et son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Faust</i>. Il est un dépositaire du matérialisme antique et un précurseur de Spinoza. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">« Dieu est en chaque homme plus intérieur à lui-même que lui-même ne peut l’être » affirme le célèbre philosophe italien, grand résistant de la libre pensée.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </span><br />
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"> FRANCIS<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>BACON</span></i></b><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span></span></span><br /></div>
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><o:p> </o:p><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Les lois sont-elles nécessairement justes ? Le projet de Francis Bacon dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">De la</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Justice universelle</i> (1622) est ambitieux : choqué par la prolixité et l’obscurité des lois de son époque, le penseur entend réformer le droit et la morale. Selon lui, plus les lois sont nombreuses et rectifiées, moins elles sont compréhensibles. Bacon veut résoudre le problème du caractère souvent arbitraire des lois en remontant à l’origine du droit. <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="mso-spacerun: yes;">
<span style="mso-spacerun: yes;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"></span></span></span></span></span><br />
<span style="mso-spacerun: yes;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Si la loi conserve la société, et si la force la détruit au contraire, il n’en reste pas moins que le droit privé naît de ces deux tensions. C’est pourquoi les lois sont loin d’être nécessairement justes. Une loi clairement écrite et à laquelle préside une loi fondamentale – une Constitution – apparaît plus équitable. Car lorsqu’elle est mal écrite, silencieuse sur certains points, elle reste susceptible d’être mal interprétée et de se prêter à l’arbitraire.<o:p></o:p></span></span></span></span></span><br />
<span style="mso-spacerun: yes;">
<span style="mso-spacerun: yes;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"></span></span></span></span><br />
<span style="mso-spacerun: yes;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Francis Bacon, né à Londres en 1561, développe une théorie empiriste de la connaissance. Il précise les règles de la méthode expérimentale dans son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Nove</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Organum</i>, ce qui fait de lui l’un des pionniers de la pensée scientifique moderne. Envoyé dès l’âge de treize ans au Trinity Collège de l’université de Cambridge, il se fait remarquer par la précocité de son génie et conçoit de bonne heure le dessein de réformer les sciences.<o:p></o:p></span></span></span></span><br />
<span style="mso-spacerun: yes;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Reçu avocat, il se livre avec succès à l’étude de la jurisprudence. Préférant néanmoins la carrière des affaires publiques, il s’attache au Comte d’Essex, devient membre de la Chambre des Communes et reçoit le titre de Conseil honorifique de la reine. Elevé rapidement aux honneurs par le roi Jacques Ier, il seconde puissamment les efforts royaux pour unir les royaumes d’Angleterre et d’Ecosse, faisant d’utiles réformes. Mais une accusation de corruption par les Communes provoque sa chute politique. Condamné par la Cour des Pairs à être emprisonné dans la Tour de Londres et à payer une amende de 40 000 Livres, il est déchu de toutes ses dignités et exclu des fonctions publiques. Une sentence sans doute trop sévère par rapport aux faits : elle visait en fait un favori dont Bacon avait toléré les malversations. Il se pourrait que celui-ci ait été victime d’un de ces coups politiques alors fréquents à la cour anglaise. Le roi le remet en liberté au bout de quelques jours. Bacon reste ensuite éloigné des affaires et consacre les dernières années de sa vie à ses travaux philosophiques. Il meurt en 1626 à la suite d’expériences de physique qu’il avait faites avec trop d’ardeur. Il écrit à un ami : « Milord, il était dans ma destinée de finir comme Pline l’Ancien, qui mourut pour s’être trop approché du Vésuve afin d’en mieux observer l’éruption… »<o:p></o:p></span>
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span></span><br /></div>
<span style="mso-spacerun: yes;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">En plus d’avoir fait carrière en droit et en politique, Francis Bacon a contribué à la science, la philosophie, l’histoire et la littérature. Adversaire de la scolastique, il est le père de l’empirisme – l’expérience sensible comme source de toute connaissance. Sa réflexion sur les erreurs des savants le conduit à formuler la célèbre doctrine des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">idoles de l’esprit</i> (idoles du théâtre, de la tribu, de la Caverne…) : l’esprit humain tendrait à projeter sur la nature ses propres constructions, donc à déformer spontanément la réalité au lieu de la refléter fidèlement. Bacon pose le premier les fondements de la science moderne et de ses méthodes, qu’il conçoit comme une entreprise collective – contrairement à Descartes. Il établit une classification des sciences de son époque. Selon lui, la vraie science est celle des causes, fondée sur l’observation directe des faits. « On ne commande la nature qu’en lui obéissant », affirme celui qui met en évidence l’affinité entre le savoir théorique et l’opération pratique, pointant la complémentarité entre science et technique. On lui doit aussi plusieurs concepts d’ordre moral, comme l’euthanasie. Il élabore le schéma d’une langue universelle. La justice n’est pas naturelle, mais bien l’objet d’une convention humaine : c’est la conclusion de celui qui souligne l’ambiguïté des lois. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="mso-spacerun: yes;">
<span style="mso-spacerun: yes;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"></span></span></span></span><br />
<span style="mso-spacerun: yes;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">« Le doute est l’école de la vérité » : une juste approche de la philosophie.</span></span></span></span><br />
<span style="mso-spacerun: yes;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"></span> </span></div>
<span style="mso-spacerun: yes;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"></span> </span></div>
<span style="mso-spacerun: yes;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="mso-spacerun: yes;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><o:p><span style="mso-spacerun: yes;"> <strong><em> </em></strong></span></o:p><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><o:p><span style="mso-spacerun: yes;"><strong><em>
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/BLZwzbXd67c/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/BLZwzbXd67c?feature=player_embedded" width="320"></iframe> </em></strong></span></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: large;"><strong></strong></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: large;"><strong> LES CLASSIQUES</strong></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><br />
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"></span></span></span></span></span></div>
<br /></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"> Après Machiavel, la philosophie politique nouvelle accomplit une percée<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>supplémentaire avec Thomas Hobbes qui reprend le célèbre constat : « L’homme est un loup pour l’homme. »<o:p></o:p></span><br />
<br />
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Avec Copernic, Galilée et Newton, les penseurs s’inspirent, à partir du XVIIè siècle, des méthodes de la science moderne en train d’apparaître. La philosophie repose davantage sur la subjectivité de l’individu, placé désormais au centre de la construction des connaissances, grâce à Descartes, Locke et Kant. <o:p></o:p></span></span><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span></span><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"> </span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><br />
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Les philosophes sont souvent de grands
scientifiques (Pascal, Leibniz, Descartes), qui ne conçoivent pas la
philosophie séparément de la science, ni des réflexions sur la religion.
Différents courants s’opposent concernant la nature des idées et des
connaissances humaines. Ainsi les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">rationnalistes
</i>(Descartes, Leibniz, Spinoza) affirment l’existence d’une connaissance
indépendante de l’expérience, universellement valable et indubitable. Les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">empiristes, </i>eux (Hume, Locke) affirment
que toute connaissance procède de l’expérience sensible. Ce sont souvent aussi
des sceptiques (Hume, par exemple) pour lesquels il n’existe aucun savoir
universellement valable, mais seulement des jugements que l’expérience pourra
réfuter.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span><br /><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les pensées et maximes des moralistes
français (La Rochefoucauld, La Bruyère, La Fontaine) investissent le champ
psychologique et moral. Ces formes de pensée courte (aphorismes, fables,
fragments) proposent une réflexion souvent aiguisée sur les mœurs et usages du
temps. On retrouvera ces modes d’écriture chez Cioran ou Nietzsche au XXè
siècle. Ils annoncent aussi le surgissement de l’esprit critique propre aux
philosophes des Lumières. <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span><br />
<span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Sous l’âge classique perce déjà la
modernité critique.<span style="mso-spacerun: yes;"> <strong> </strong></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;">RENE<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>DESCARTES<o:p></o:p></span></i></b></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><o:p><em><strong> </strong></em></o:p><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">« Le bon sens est la chose au monde la
mieux partagée : car chacun pense en être bien pourvu », écrit ce
philosophe français du 17è siècle qui se situe au fondement de notre pensée
moderne. A tel point qu’il nous arrive en le lisant de croire… qu’il pense
comme nous, alors qu’en fait c’est nous qui sommes devenus cartésiens sans le savoir.
<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"></span></span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Contre toute forme de dogmatisme et faisant table rase du passé, René
Descartes affirme la toute-puissance de la raison et de la volonté humaines.
Mathématicien, physicien et philosophe, il est considéré comme l’un des
fondateurs de la philosophie moderne. Il reste célèbre pour avoir exprimé <i style="mso-bidi-font-style: normal;">dans Le Discours de la méthode</i> son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">cogito –</i> « Je pense donc je
suis » - fondant ainsi le système des sciences sur le sujet connaissant
face au monde qu’il se représente. Sa pensée a pu être rapprochée de la peinture
de Nicolas Poussin pour son caractère simple et ordonné. Le cogito marque la
naissance de la subjectivité moderne.<o:p></o:p></span></span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Né en 1596 dans une famille de petite noblesse, il est le fils d’un
conseiller au Parlement de Bretagne. Son père l’appelle <i style="mso-bidi-font-style: normal;">son petit philosophe</i>, car l’enfant ne cesse de poser des questions.
Il apprend à lire et à écrire auprès d’un précepteur, avant de rentrer au
Collège jésuite de La Flèche. Malgré sa santé fragile, il est initié aux
mathématiques et à la philosophie, mais dénoncera ensuite l’incohérence de ces
études. Gagnant alors Paris, il y vit caché pour mieux étudier, préférant en
toute chose <i style="mso-bidi-font-style: normal;">avancer masqué</i>. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Il s’engage en Hollande, puis en Bavière alors que débute la Guerre de
Trente ans. S’intéressant à l’ordre légendaire de la Rose-Croix, il raconte
comment il s’enferme alors <i style="mso-bidi-font-style: normal;">dans son poêle</i><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>et conçoit sa méthode. Faisant vœu lors d’un
pèlerinage à ND de Lorette, René renonce à la vie militaire. Il règle ses
affaires de famille et se remet à voyager en Europe. Alors qu’il est de retour
en France, le cardinal de Bérulle lui fait obligation de conscience d’étudier
la philosophie. Cherchant la solitude, il s’installe dans les Provinces-Unies
et consacre entièrement sa vie à l’étude. A Amsterdam, il vit dans le quartier
des bouchers, ce qui lui permet de faire de nombreuses analyses anatomiques.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Rencontrant des savants, il s’intéresse sur la place de la science. Il
développe sa métaphysique à partir de ses travaux en physique. Mais il
travaille aussi les mathématiques, en en réformant le système de notation, la
géométrie, l’optique. Enfin, Descartes veut expliquer tous les phénomènes de la
nature : il étudie les êtres vivants, et opère nombre de dissections. Il
dit aussi songer à un traité de morale.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Apprenant que Galilée a été condamné, il renonce par prudence à publier
le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Traité du monde et de la lumière</i>
et décide alors de donner une autre orientation à son œuvre. Ce seront le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Discours de la méthode</i> et les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Méditations métaphysiques</i>. Il fait venir
auprès de lui Hélène Jans, servante et amie, avec qui il a une fille qui meurt
jeune, laissant René éploré, montrant sans fausse pudeur des larmes à ses amis.
Accusé de nommer l’âme « un accident », René est soupçonné
d’athéisme.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">En 1649, il accepte de devenir le tuteur de la Reine Christine à
Stockholm. La sévérité de son emploi du temps aurait alors eu raison de sa
santé. A sa mort, les hypothèses circulent autour d’un empoisonnement à
l’arsenic.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Le projet cartésien est celui d’une science universelle. Selon Descartes,
nous sommes tous doués d’une raison qui doit suivre quatre principes :
doute méthodique, analyse, déduction, dénombrement. Et s’il y a bien une chose
dont le doute ne saurait avoir raison, c’est de notre puissance de douter
elle-même ! Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Cogito</i> Cartésien
nous confirme comme sujets de nos pensées : « Je pense, donc
j’existe ». <o:p></o:p></span></span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Une approche qui a grandement influencé et influence encore la pensée
occidentale. <o:p></o:p></span></span><br />
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 16pt; line-height: 150%;">BALTASAR<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>GRACIAN</span></i></b><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></i></b></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p><em><strong> </strong></em></o:p><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Sa philosophie est une tentative de
réhabilitation de l'apparence et de la forme. Baltasar Gracian, écrivain et
essayiste jésuite du Siècle d'or baroque... <span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><strong><em>(A SUIVRE...)</em></strong></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
</div>
</div>
</div>
</div>
</span></span></div>
</div>
</div>
</div>
</div>
</div>
</div>
</div>
</div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-60412861940265201662017-12-16T01:41:00.001-08:002017-12-16T08:52:04.419-08:00<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><strong> L'EGO CHATOUILLEUX DU BOUDDHA (2)</strong></span></div>
<div style="text-align: left;">
<strong><span style="font-family: "arial"; font-size: large;"></span></strong> </div>
<h2 style="text-align: left;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">RECIT</span></h2>
<span style="font-family: "arial";"></span><br />
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "arial";"><strong>(...) </strong><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Comprendre le monde est le fruit d’un
geste mental qui prend naissance dans le projet de se donner/redonner en
évocations répétées les objets perçus dans le but de les saisir de mieux en
mieux. Si on ne laisse pas à l’élève le temps nécessaire pour percevoir, puis
évoquer, pour <i style="mso-bidi-font-style: normal;">se</i> dire les choses, il
ne peut accéder à rien de concret, de tangible, qu’il ne transforme
véritablement en « sien ». Chacun a besoin de l’assentiment de ses
éducateurs pour édifier patiemment ce sentiment de présence à soi qui fait des
« gagnants » de tous ceux qui apprennent. L’éveil de la conscience
s’ancre dans une éducation aux cinq sens. Il est fils du temps et du sens. La
conscience que vous placez en avant de tout n’est-elle pas ici au
centre ? » conclut Candido en tournant un regard interrogateur vers
le patron.<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Celui-ci est à nouveau estomaqué par la
pertinence de ce qu’il vient d’entendre. Qu’opposer à cela sinon un assentiment
en bonne et due forme ? Le maître des lieux nous bassine depuis des
lustres sur l’importance de la conscience dans nos vies, et voilà que celle-ci
est citée en exemple dans des situations centrales, quotidiennes de
l’existence. Au fond, doit-il se dire, les élèves eux-mêmes sont souvent les
mieux placés pour illustrer les vérités mises en avant par le formateur. Que
n’y ai-je pensé plus tôt ! Mais il lui faut à tout prix reprendre la main,
s’il ne veut pas donner l’impression fâcheuse de déchoir ou, à tout le moins,
de se placer en retrait. Et le voici qui entonne, façon méditant :<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« J’ai vécu moi aussi des luttes et des
apprentissages dont j’ai tiré un livre : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le zen dans</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’art
chevaleresque du tir à l’arc</i>, et je confirme ce que vous venez de
raconter : apprendre relève d’un parcours intérieur que l’on s’incorpore
plus ou moins. C’est au corps de réaliser les actions de l’être par la pratique
rituelle, sans cesse recommencée, des mêmes exercices. Méditer, c’est d’abord
pratiquer. Entrer dans chaque geste en mettant l’ego face à lui-même, en y
apportant la qualité de présence, d’attention à ce qu’on est. A la manière des
gestes du jeune enfant d’avant le mental, d’avant l’ego. Tout geste achevé est
le produit d’une intention de l’être. »<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Ainsi, l’apprentissage du tir à l’arc
réside entièrement dans huit gestes à suivre. Celui de la cérémonie du thé
dans… soixante gestes accomplis. L’acte banal d’ouvrir ou fermer une porte
requiert une économie de gestes qui peut nous étonner nous-même : la seule
inconnue réside dans la pureté de l’exercice tel que nous l’habitons de notre
présence : être ou ne pas être là, c’est au fond la seule question qui
vaille. Celle qui donne du sens à notre expérience sans cesse recommencée de la
présence à… un présent permanent. »<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Dans cette façon de voir, la peur de
la mort même se pose autrement : comme une pensée sur le corps qui n’a
plus lieu d’être à partir de l’instant où je décide de vivre ma vie
autrement. » </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/zUFg6HvljDE/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/zUFg6HvljDE?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p></o:p></span> </span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> Les derniers mots du bouddha ont clos un
épisode riche et animé du récit de notre petit groupe. Pour autant, le silence
qui suit ne trompe personne : le feu couve sous la cendre et une éruption
proche est toujours à envisager. L’air embarrassé du daron en dit long sur ses
craintes.<o:p></o:p></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> En attendant, chacun est reparti vaquer à
ses <i style="mso-bidi-font-style: normal;">samus</i> préférés. L’exercice a le
mérite de nous recentrer sur l’agir des corps qui vient d’être vanté, justement.
Ceux-ci entament un ballet dont ils ont le secret : un tel s’absorbe dans
le maniement séculaire de la serpe ou de la faux, celui-là s’exerce aux vertus
purifiantes d’un débroussaillage en règle, cet autre encore aux précisions
chirurgicales d’un binage millimétré. Toute ressemblance avec des scènes
collectivistes bien connues ne serait que pure coïncidence, comme on dit. On
n’est quand même pas au kolkhoze !<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>De loin, on peut apercevoir, se découpant
dans l’encadrement d’une fenêtre, la silhouette bonhomme du bouddha en
contemplation devant la vision apaisante de ses méditants en pleine action… Les
corps que nous sommes, disait-il… L’attitude de notre mentor évoque celle d’un
bon père de famille satisfait de veiller sur son petit monde familier. Les
clichés paternalistes ont la vie dure. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">
</span></span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La transition s’amorce tout naturellement
avec la méditation à suivre. Force est de constater que les uns et les autres
prennent de plus en plus de liberté avec les rites propres à la vie dans le
dojo. La promesse d’un allègement des signes religieux n’est pas tombée dans l’oreille
de sourds : les courbettes se font plus discrètes et les clins d’œil
complices en disent long sur un lâcher prise qui, au fond, s’avère parfaitement
conforme aux directives du boss : il suffisait simplement qu’il daigne
enfin se les appliquer à lui-même ! <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>C’est un bouddha plutôt détendu qui pénètre dans
le dojo, même si ses épaules se sont un peu voûtées depuis notre dernière
méditation. Le voilà qui s’assoit en maître de cérémonie, saisit les
clochettes, prend le temps d’un regard intérieur et donne le signal
d’introduction à l’état de respiration consciente.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Installez-vous dans une posture qui
exprime l’intégrité, la dignité. Rentrez dans le rythme de votre respiration,
nouvelle et unique à chaque fois. Soyez présent moment après moment dans
l’écoulement d’une durée que vous faites vôtre. Et lorsque vous vous sentez
prêt, imaginez une montagne, la plus belle, la plus imposante des montagnes. La
vôtre. Voyez comme elle est majestueuse, indétrônable. Mesurez son assise à
l’aune de son histoire séculaire. Elle traverse le temps, se joue des saisons,
Supporte les météorologies les plus extrêmes. Imaginez les sources qui la
parcourent, les transformations minérales qui la travaillent, les mouvements
géologiques profonds qui la sculptent lentement. Et pourtant elle est toujours
là, semblable à elle-même, stable dans son apparence, immuable dans sa force
d’être. » Bon, ce coup-là, il nous l’a déjà fait ! Mais que
dire ?... La nécessité de l’éternel retour à la pratique s’impose, comme incluse
dans un paquet-cadeau !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Lorsque vous le sentez, accueillez
la montagne en vous. Incorporez-la, laissez-la prendre forme. Intégrez-en la
puissance tranquille. Jusqu’à vous approprier son assise, d’instant en
instant. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dans un silence impressionnant, les corps
semblent habités par une expérience qui les dépasse : le dojo n’est plus
qu’un vaste et calme paysage granitique où chacun respire une force minérale
apte à faire resurgir en lui ses lointaines origines stellaires. Nos corps ne
sont-ils pas des composés chimiques nés d’un hasard bienveillant ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’air bonasse arboré par le bouddha en
réjouirait plus d’un, mais impossible d’être à la fois acteur et spectateur de
cette scène un peu surréaliste. Il va falloir un signal fort pour ébranler de
tels massifs ! Visiblement, notre mentor a réussi son coup. Bouddha :
1.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pour ce qui est du réveil de nos corps
enmontagnés, c’est Candido qui s’y colle encore. L’idée de massif montagneux le
pousse à évoquer le Tibet, le Dalaï Lama et les pays alentour imprégnés de
bouddhisme comme chacun sait. Les yeux inquiets du boss laissent entrevoir de
nouveaux rebondissements. Il s’attend à tout, le bougre. Et il n’a pas tort.
Accordant au groupe un délai pour émerger des brumes rocheuses, voilà notre
candide qui se met à évoquer l’actualité et ses affres. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Savez-vous que le bouddhisme, dont
nous recevons ici les bienfaits, n’est pas si zen qu’on veut bien le laisser
croire ? Ainsi, la très bouddhiste Birmanie a-t-elle le privilège néfaste
de posséder une des minorités ethniques les plus persécutées du monde. Les
Rohingyas, pourtant présents sur cette terre avant les Birmans, sont exclus de
toute citoyenneté et reclus dans un minuscule territoire. Ils sont considérés
comme sous-hommes par la majorité bouddhiste du pays qui souhaite ouvertement
leur épuration. Et c’est un moine qui a pris la direction des opérations en lien
avec le gouvernement du pays ! A l’entendre, on le sent animé d’un vrai
souci de pureté de la race ! Il ranime là de bien mauvais souvenirs qui nous
soufflent que l’Histoire bafouille dès que la raison vacille. Comment le
religieux peut-il confiner au racisme pur et simple ? La question est
posée. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Sa Majesté rocailleuse est comme saisie d’un
tremblement de terre. Elle semble s’effriter sur ses bases. Notre bouddha de
service n’en mène pas large. La pâleur qui a gagné son visage dit le trouble de
l’homme rattrapé par la vérité nue et crue : malgré toute la bonne volonté
affichée par le fait religieux quel qu’il soit, les religions, elles, ne sont
jamais à l’abri d’excès qu’elles génèrent, même si elles s’en défendent en
clamant volontiers leur candeur et leur droit à l’exception. L’alibi du<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>droit canon a toujours bon dos… <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>De son côté, Candido poursuit : « Je
connais bien les méfaits souterrains de toute religion imposée comme une
morale, une seconde manière d’être. Les initiateurs de telles entreprises
avancent masqués par un souci du bien mélangé à un sacré qu’ils se font forts
de ritualiser à l’extrême. Le résultat est le plus souvent un enfumage qui vous
en met plein la vue et vous décérèbre allègrement sans que vous vous en
aperceviez. En réalité, ces bons apôtres sont agités en secret par les
motivations très peu catholiques du pouvoir, de l’ascendant à prendre à tout
prix sur les autres. Il y a du vrai gourou chez tous ces faux mages, vrais manipulateurs
des consciences. Ils jouent aux faiseurs de dieux comme d’autres aux faiseurs
de rois. Il est vital pour tout le monde de dénoncer leurs petits calculs
mortifères avant qu’ils ne s’insinuent dans votre vie privée. Ce n’est pas un
hasard s’ils frappent dès la prime enfance, profitant du manque de défense et
de la naïveté de publics à leur portée. Je garde la mémoire de séances épiques,
dans la cathédrale de mon enfance, où le jeudi saint donnait lieu à des
lavements de pied équivoques des enfants de chœur par l’évêque de la paroisse
qui n’était sans doute pas lui-même un… enfant de chœur né de la dernière
pluie ! Qui dira la pathologie exprimée par ces hommes ayant fait vœu de
chasteté, tentés par les jeunes chairs palpitantes, et sommés d’y résister au
mieux ! Inutile de dire que les vrais agneaux, quant à eux, n’avaient pas alors
les clés de ce jeu pervers à sens unique. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Comment ne pas dénoncer les religions
lorsqu’elles se laissent aller à tourner en abus leurs pouvoirs affichés, comme
des prérogatives morales qu’elles s’attribuent. Le philosophe Nietzsche a su
très bien déconstruire les fondements vermoulus de cet éternel opium des
peuples qui s’enfonce dans nos profondeurs mentales et psychologiques pour y faire
les dégâts que l’on sait. Et puis si l’on réfléchit plus avant à l’origine
du phénomène religieux millénaire, on demeure médusé : il ne reste en fin
de compte qu’une simple propension à se raconter de petits récits pour grands
enfants, et à voler dans les plumes de ceux qui s’en racontent d’autres…
quasi-identiques. Ce mécanisme du désir et de la jalousie mimétiques mis au
jour à la fin du siècle dernier par l’anthropologue René Girard – ici présent –
exprime tout du moteur pervers des excès de la fibre religieuse chez l’homme. Fausses
croyances et vraie pathologie résument un fait universel qui nous pourrit
la vie en engendrant souffrance, dépendance, aliénation et mort. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Un long silence succède à la diatribe de
Candido et laisse notre public pantois. Messire spirite, quant à lui, s’est mis
depuis un<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>moment aux abonnés
absents : son visage a blêmi, son corps immobile semble comme paralysé. Le
coup est rude !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/lCxd28pWN9M/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/lCxd28pWN9M?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><br />
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Les méditants viennent d’instiller le doute
au pays du bouddha tranquille et marquent un point incontestable. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> <br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> La séance s’est achevée sur un silence
plombé qui dit le malaise provoqué par le surgissement de vieux dossiers
toujours en attente. Les monothéismes éternels et toujours en sursis en ont
pris pour leur grade. La pratique du déni, ancienne comme le monde, a ceci de
particulier qu’elle prétend enterrer les problèmes pour les placer hors de
notre vue, sans les supprimer pour autant. Un peu à la manière des déchets
nucléaires qui continuent d’être radioactifs bien après leur enfouissement. On
se cache derrière son petit doigt en espérant qu’une poudre de perlin-pinpin va
opérer magiquement la dissolution des pommes de discorde. Erreur des scories en
cours et magie pour adultes pas tout à fait sortis des brumes de l’enfance.<o:p></o:p></span></span></span></div>
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> Notre guide paraît ployer sous
l’accablement. Lui qui pariait sur une session calme, sans heurts, bref
« zen », comme on aime à le dire, le voilà confronté à une fronde
tous azimuts de méditants – faut-il plutôt parler de militants ? – enragés.
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé d’insuffler de la pleine conscience
dans tous ces esprits agités ! Que peut-il tenter de plus, de
mieux ?... Il nage en plein doute, le bon apôtre !<o:p></o:p></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> Un méditant choisit ce moment d’expectative
pour s’avancer dans le dojo. Plutôt laid, bedonnant, barbu, l’homme ressemble à
un silène, ce démon hybride, paillard, bouffon. Mais cette apparence peu
engageante ne semble pas gêner le moins du monde le nouvel arrivant,
apparemment peu soucieux des questions d’image. L’homme se présente sous le nom
de Socratès. Il explique que sa mère est sage-femme et que lui exerce en
quelque sorte un métier similaire : il accouche les esprits. Pour autant,
ce drôle de maïeuticien refuse d’être pris pour un maître – notre bouddha ne
manque pas de tiquer à cette annonce qui ne le réjouit guère ! – passe le
plus clair de son temps à philosopher en arpentant<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>les rues, les places publiques, le centre des
cités… mais ne se réclame d’aucun système, produisant presque malgré lui de
véritables conversions ( là, notre bouddha fulmine de rage !)<o:p></o:p></span>
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";">
</span></span></span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Socratès dit philosopher « par
l’exemple », en faisant coïncider au mieux sa pensée, son corps et sa vie.
Notre infortuné bouddha ne se sent plus ! Effet mimétique oblige, il
avalerait son chapeau si sa calvitie permanente ne lui interdisait !<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Permettre aux esprits d’accoucher de ce
qu’ils savent déjà : c’est sa maïeutique à lui, Socratès. Il se dit habité
par l’ironie, cette suprême sagacité qui se permet de clamer le contraire des
choses en s’adressant à l’intelligence des autres. L’accoucheur feint de perdre
son interlocuteur pour mieux le laisser… se trouver lui-même. Sublime
contradiction à laquelle tous ne semblent pas forcément sensibles de but en
blanc ! L’homme fait mine d’ignorer, de douter, avançant par
questionnements, tâtonnements successifs, comme sans en avoir l’air. Au fond, sa
vie est celle d’un corps qui va philosophant. Comme au fil d’un hasard
tranquille.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Etonnement dans le dojo ! Mais la
capacité de s’étonner n’est-elle pas précisément la définition de l’activité
philosophique ? Ce qui est sûr, c’est que l’ami Socratès a produit son
petit effet, gommant au passage l’impression de trouble qui prévalait au début !
Et ce sont vingt têtes de philosophes en puissance qui tournent leurs regards
interrogateurs en direction du bouddha rouge de confusion. Celui-ci vient de
perdre encore un avantage. Face à la concurrence, il nage en plein doute,
envahi d’une jalousie proprement de base ! Gare au retour d’ego !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Socratès, lui, enfonce le clou en
ajoutant : « Il faut s’efforcer de prendre de l’altitude pour
contempler les choses de plus haut, comme du sommet d’une montagne. Au fond, efforcez-vous
d’adopter le point de vue de Sirius en relativisant le réel : voilà un bon
exercice de style ! »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Là, Sa Sagacité se sent remise en selle :
l’image de la montagne, elle connaît ! Le voilà conforté dans sa propre
démarche et admis à la présence du souffle philosophique qui s’est engouffré
depuis peu dans le dojo. Bref, il se perçoit comme tout le monde, au diapason,
et cela lui redonne du punch pour la suite. Le voilà tout ragaillardi, Pépère !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Remis en confiance, notre mandarin a bien
envie d’en savoir plus sur Socratès : le personnage lui plaît par son
naturel et l’originalité de son regard sur le monde. Il l’invite tout de go à
une méditation à partager. Fine mouche, le philosophe se laisse faire, curieux
de ce qui va suivre. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Notre bouddha énonce : « J’ai
entendu toute l’énergie et l’originalité de vos luttes et je crois que je les
comprends. Mais j’avoue être un peu déboussolé par le foisonnement d’émotions
qui les anime. Vos personnalités appellent la confrontation des idées et des
actions tournées vers l’extérieur. Je vous propose de vous recentrer sur ce qui
fait votre intérieur, l’épaisseur de votre conscience. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Docile en diable, chacun des méditants de
notre petit groupe s’installe pour ce début de méditation. « Je vous invite à
prendre une position droite et digne, ici comme dans votre vie, en considérant
d’emblée votre corps comme un allié. Efforcez-vous de faire un pas de côté par
rapport à vos schémas mentaux habituels. Nous sommes ainsi faits que nous
sommes tous habités, à tout moment, par l’ensemble des récits qui forment notre
histoire personnelle et continuent de l’alimenter grâce aux fantasmes qui nous
sont secrètement chers. Ne chassons pas d’emblée tous ces matériaux à émotions,
tentons plutôt de prendre un peu de hauteur, de distance, pour les voir passer
dans le flux qui les emmène : ceux-ci portés par le fleuve de la vie, et
nous sur la berge, observateurs étonnés, circonspects, neutres. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La voix du bouddha a retrouvé son rythme
lent, puissant, doux et convaincant à la fois. Une sorte de paix est revenue et
plane au-dessus du groupe. Comme souvent, le chef a su reconquérir la confiance
des méditants. L’exercice ira à son terme, chacun le sait.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La discussion qui suit amorce un
rapprochement bienvenu entre notre mentor et l’ami Socratès. Celui-ci évoque
l’exercice qu’il vient de partager en le rapprochant du mode de vie des
philosophes de l’Antiquité : un dialogue en face à face, seul avec
soi-même, soit debout, immobile ou marchant, soit assis et se parlant. Et,
citant le stoïcien Epictète : « Va te promener seul, converse avec
toi-même ». Le philosophe précise qu’il recourt, lui aussi, à des techniques
fort connues du contrôle du souffle. Inutile de dire que notre bouddha est aux
anges ! Un nouveau confrère <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>vient
de le conforter dans la démarche qu’il défend.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Socratès poursuit : « Autrefois,
c’était dans le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Gymnasion</i> que se
pratiquaient les exercices physiques et que se donnaient aussi les leçons de
philosophie. Exercices du corps et de l’âme concouraient à façonner l’homme
libre, fort et indépendant. Dilatation et concentration de soi dans un même
lieu d’apprentissage : ces pratiques visaient à un semblable idéal, celui
du sage. Elever l’esprit par la pratique quotidienne de l’exercice du corps,
c’était forger au jour le jour l’unité de l’être, le détacher de tout ce qui
s’agglomère à lui au fil du temps et qui l’étouffe peu à peu, à son
insu. Cet acte d’ascèse si cher aux Anciens est résumé par un ami à moi,
Plotin, qui écrit : « Si tu ne vois pas encore ta propre beauté, fais
comme le sculpteur d’une statue qui doit devenir belle : il enlève ceci,
il gratte cela, il rend tel endroit lisse, il nettoie tel autre, jusqu’à ce
qu’il fasse apparaître le beau visage dans la statue… »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le bouddha ne peut s’empêcher
d’acquiescer : « Comme en méditation, c’est l’épaisseur du présent
que la conscience de soi cherche à atteindre. Celle-ci n’est rien d’autre que
la conscience de notre moi agissant et vivant dans le moment présent. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Socratès confirme en citant le grand
empereur romain Marc Aurèle lorsque celui-ci confie : « Pour
préciser ou redresser mon intention dans l’action que j’entreprends, le destin
que je construis, je dois concentrer mon attention sur ce que je pense en ce
moment, sur ce que je fais, ce qui m’arrive en ce moment. C’est dans cet
exercice de présence à soi-même que le philosophe se sent, se sait adéquat à sa
volonté propre… » Et le penseur ajoute : « Quiconque s’est
dit : « j’ai vécu » se lève chaque jour pour un bénéfice
inespéré. Hâte-toi de vivre et considère chaque jour comme une vie
achevée. » <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Parole de sage.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> </div>
<br />
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> A l’énoncé de ces paroles, le large sourire
du bouddha s’épanouit, révélateur en diable : il vient de réaliser
l’étrange similitude des démarches antiques avec la sienne propre. Voilà un
sérieux bon point d’acquis ! S’estimant conforté dans ses choix, il
s’apprête à poursuivre son programme. Sans ciller.<o:p></o:p></span></span></span>
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>C’est sans compter sur l’ami Tonio, de
retour sur le devant de la scène… Il a brusquement retrouvé tous ses flux, le
gus à la jactance popu. On le sent qui susurre déjà dans les touffeurs de sa
gamberge, l’apôtre. Notre bien-aimé bonze lance un regard fixe, impavide et
pour tout dire polaire à l’empêcheur de jacter en rond. Mais celui-ci ne moufte
pas encore, tandis que notre rutilante équipe s’attend à quelque nouvelle
échaffourée du meilleur cru. Le ver est dans le fruit, prêt à remettre le
couvert pour pas un rond.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Pour tout vous avouer, je me sens en
état de tracassage et de navrance existentielle », nous lâche soudain le
populeux gouailleur. « Ou je n’ai pas la fibre méditante, ou j’y entrave
ballepeau à vos élucubrances. Tout ça ne vaut pas tripette à mon goût ! »
Le reste de sa brillante intervention se perd en vociférations vengeresses. Il
n’aurait pas le cervelet qui décapote, l’aminche Tonio ? A moins qu’il ne
soit jalmince, tout simplement ! Il n’est pas donné à tout le monde de se
la jouer <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« cérébral » avec des
fantasmes à ne plus savoir où les fourrer. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Sur ce, une idée me traverse le
caberlot : et s’il lui manquait de l’émotionnel, du chaleureux, à cet
esprit chicanier ? « Hello ! le relancè-je, instillant un chouïa
de guilleret dans mon intonation. » Et, m’avançant vers lui, je lui en
serre cinq en guise d’apaisement. Y a pas dire, les gens du peuple possèdent un
instinct infaillible quand il s’agit de désamorcer des patacaisses fumeux. Et
tout de go, on rompt la glace en éclusant gaiement un godet qui traînait par là.
On gorgeonne sévère, à la langoureuse, puis le courant repasse au voltage
correct. Il a le verre facile le gus, au moins autant que la bavasse
confidente. Le môme Tonio n’attendait que ça : délurer à bloc. Alors je
l’opère dans un nuage, tout en moelleux. Les larmes nous en salent les joues,
de cette ingurgitance improvisée. Remis en fiance, le voilà prêt à se recoller
au turbin, Pépère. Il radine sans peine à son poste – dans le fond d’la salle,
comme d’hab, pour déconner plus à l’aise ! – la frime aux anges et le
blase fiérot. Pacifié, quoi… jusqu’à la prochaine ! <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ce que constatant, notre poussah lui adresse
un sourire ascétique, crispé, suivi d’une mimique absolutive. Notre fine équipe
pousse un soupir de soulagement – tout intérieur, selon la consigne du taulier
– mi-rassurée mi-nostalgique de devoir remettre à plus tard les turlurades
osées qui s’annonçaient. L’épique équipée peut se poursuivre, mes
lascars !...<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Encore épastrouillé par tous ces événements,
mais soucieux de bicher à nouveau les affaires courantes, le camarade bouddha
hèle notre groupe de sa voix de stentor : « Eh ! les gars, il va
falloir songer à recoller au turbin ! » s’enhardit-il, étonné
lui-même de sa hardiesse de ton. Et le voici qui ferme illico les châsses,
comme pour s’encourager lui-même à la concentration. Il est des gestes dont
l’éloquence prime le geste. L’air profondément concentré du dabe nous incite au
turf. Plus question de bavasser de ceci cela : dans quel bateau-mouche le
matou papelard va-t-il nous entraîner cette fois-ci ?...<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Portons notre attention sur le
souffle qui va et vient. Appliquons-nous à ressentir l’ensemble du corps
respirant. Chevauchons les vagues de ce souffle en demeurant dans la
conscience. » Rien à dire, nous voilà en terrain connu. « Laissez
maintenant vos pensées aller et venir sans en choisir une seule, sans rien
rechercher. Identifiez peu à peu ce flux comme une construction, un échafaudage
d’idées, de commentaires, de conseils, d’appréciations diverses, de jugements
où vous prenez position de plus en plus automatiquement. Chaque couche de
pensées vient s’ajouter à la précédente, créant une rumination intérieure qui
grossit, sans que vous en ayez vraiment conscience. Où est passé le cadre de ce
flux ? Vous ne savez plus… » En effet, on ne sait plus ! Il nous
la bâille belle le boss ! Alors selon lui il faudrait s’arrêter de
penser ? On sent notre fine équipe toute tarabustée : présentement, chacun
doit s’ébrouer du cervelet comme il peut. Je balance un coup de périscope tous
azimuts et constate que les visages semblent perdus dans leur gamberge. Sans
espoir de retour ?...<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Au secours Tonio !
Reviens ! » enjoins-je à voix basse à notre héros popu. Je le rejoins
en clopinant, histoire aussi de me dégourdir les flûtes. Mais il est en grand
désarroi mental, le chéri. Il ne déverrouille même plus ses lampions et n’en a
visiblement <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>rien à fourbir des idées
juteuses du dabe. En sus, ça fouette la sueur prolétarienne dans son secteur !
Je le surprends à claquer des râtiches, l’aminche, pris dans une conjugaison
époustouflante de ses biscottos et de ses neurones – enfin ce qu’il en
reste ! Lors n’écoutant que mon sens social, je lui assène une monumentale
baffe dans le dos. « Caille-toi pas la laitance, mec ! » béé-je.
Sa trombine décrit une embardée digne d’un vrai passage à tabac. Ma présence
survolte sa glandaille et c’est l’essentiel. Il exécute une volte et ne dit
mot. Consent. Fin – provisoire – de <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>l’épisode. Je regagne mes pénates à l’allure
d’un facteur rural. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>C’est alors qu’une drôle de voix s’élève du
fond du dojo. Un chant à la texture mystérieuse, comme venu d’ailleurs, se met
à coloniser nos oreilles de son charme insolite. Des vocalises aux accents
surnaturels nous invitent à une plongée inédite au coeur de nos émotions.
Personne ne moufte, comme habité par l’avènement de la beauté se frayant un
chemin dans une douce et subtile effraction. Son satiné, rumeur de velours, jeu
subtil de moirures, d’irisations sonores, tout en chatoiement furtif… Comme si
la voix creusait en elle-même en quête de ses ressources, toujours plus
profond. Quelque chose d’invisible se fait jour peu à peu pour les personnes
présentes dans le dojo. : chacun s’efforce de n’être qu’oreille. Cette voix
qui chante rappelle une trompette sourde, feutrée. Elle émet des accents
androgynes, qui troublent, envoûtent. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’homme délivre sa mélodie avec une douceur
inaccoutumée, les yeux fermés. On le sent jouer avec le silence, en faire un
allié de ses vocalises aériennes. Comme s’il apprenait à occuper l’espace sans
l’investir en totalité, en en respectant le volume sacré. Avec une façon
dépouillée de se mouvoir dans la salle, un parti pris d’élégance et de
raffinement. A quelle chimère évanouie voue-t-il son air étrange, cet ange du
bizarre ? Ne se livre-t-il pas plutôt à une exploration sans fin des
variations intimes de lui-même ? Difficile à dire.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La force de l’épiphanie en cours laisse
notre groupe sous emprise. Sa majesté ronflante affiche lui aussi un air médusé
et demeure sans voix. Chacun prend soudain conscience qu’il est entré lui-même
sans le vouloir dans un état second, quasi méditatif, sans qu’ait été prononcée
la moindre consigne, sans qu’ait eu lieu la plus infime introduction. Pouvoir
magique de la musique et des sonorités qui semblent endosser le poids de secrets
contrats passés avec l’air respiré, le vôtre et celui des autres. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Nous réalisons alors à quel point l’expérience
à la fois forte et simple qui vient de s’engager peut apporter du neuf, de
l’inédit à notre démarche. Elle met en évidence la richesse de variations
possibles des rites méditatifs que nous avons adoptés dès l’origine, et qui
nous berçaient jusque là, faisant de nous des enfants repus, rassurés de la
marche à suivre. C’est fou comme on s’habitue à tout ! Et il a suffi d’une
ballade fredonnée pour forger subitement un éclairage insolite et habiller nos
regards de questions toutes fraîches.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’homme à la voix de velours s’avance, la
démarche souple, le corps légèrement voûté. Il a le visage ridé, parcheminé,
d’un vieil Indien des plaines, les traits parfaitement en accord avec le timbre
de sa voix, léger comme une plume. Il adresse à notre groupe un doux sourire
figé en guise de salut. Ce qui a l’effet de nous plonger encore un peu plus
dans les vapes ! <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Notre boss est le premier à dissiper l’effet
de fascination. On ne la lui fait pas, à Pépère !
« Bienvenue », s’entend prononcer le maître des lieux.
« Joignez-vous donc à nous si vous le souhaitez », poursuit-il. « Qui
est donc derrière cette voix enjôleuse ? Eclairez-nous, noble
étranger. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pour toute réponse, l’homme à la figure
christique lève son index et le pose lentement sur ses lèvres closes en
prononçant avec chaleur « Chut ! Chet !... »</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/pTaQ-pqzPU4/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/pTaQ-pqzPU4?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;">II<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>-<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>UN FORUM DANS LE DOJO</span></b></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"></span></b></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></o:p><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> Le
mystère plane dans le dojo. A y regarder de plus près, les traits du musicien
mystérieux, surgi de nulle part, portent les traces d’une vieillesse précoce,
tel un masque transparent plaqué sur les vestiges d’une jeunesse qui s’obstine
à ne pas le quitter. « Chet B, musicien et chanteur de jazz »,
prononce-t-il comme une évidence. « J’adore user de l’air pour faire vivre
une pulsation, en m’imprégnant de ce que cela comporte de nuances, de
variations. Mon matériau de base est le même que le vôtre ici : l’air qui
nous environne et dont nous nous gorgeons à chaque instant. »<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br /></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span></span><br /></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> Le dabe se montre immédiatement passionné
par le nouvel arrivant tant celui-ci semble apporter de l’eau à son moulin.
« Nous étions justement en train de nous installer pour une nouvelle
méditation », précise-t-il sans détour. « Venez et prenez place, nous
allons commencer. » <o:p></o:p></span></span>
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> Guidé par la force de l’habitude, chacun s’installe
comme à regret, désireux d’en savoir plus sur ce méditant fraîchement acquis à
la cause. Mais ce sera pour plus tard : notre bouddha préféré montre qu’il
tient à garder la main sur l’agenda. Le voilà parti pour diriger une séance de
marche méditative.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Marcher est une action que nous
accomplissons quotidiennement. Je vous propose de le faire en pleine
conscience. Nous allons avancer dans la pièce en suivant le sens horaire. Tenez
vos mains en <i style="mso-bidi-font-style: normal;">shashu </i>: le poing
gauche fermé enserre le pouce droit, la main droite couvre le poing gauche, les
poignets sont légèrement cassés mais souples. Sur l’expiration, on pousse les
deux mains l’une contre l’autre, tandis que la racine du pouce de la main
gauche appuie sur le plexus solaire. »<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;">
</span></span></span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A l’énoncé de cette consigne à la précision
diabolique, la tension se réinstalle illico dans le dojo. Chacun est animé par
le désir de bien faire, mais tous n’ont pas la religiosité vissée à la
morphologie et on sent que l’exercice peut vite tourner au blasphème. D’autant
que le bouddha en rajoute immédiatement une couche. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Kinhin</i>,
c’est le zen dans l’action. Le menton est rentré, la colonne droite. On pousse
le ciel avec le sommet du crâne. Les épaules sont détendues. Le regard porte à
trois mètres environ. Chaque pas, de la longueur d’un demi-pied, est effectué
après une respiration complète, ce qui donne une impression de course de
lenteur. Pensez à la tortue de la fable ! Le commencement de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Kinhin </i>est annoncé par deux coups de
cloche, la fin par un seul coup. On débute par le pied droit. Sur l’expiration,
on pousse le sol avec la jambe avant ferme et tendue et la jambe arrière
décontractée. Le talon de la jambe arrière reste au sol ou presque : on
dit qu’une fourmi peut passer dessous. Plus on avance dans l’expiration, plus
le poids du corps se porte sur la jambe avant et plus particulièrement sur la
racine du gros orteil. A la fin de l’expiration, on relâche les tensions, on
inspire spontanément et la jambe arrière passe devant. » Débrouillez-vous
avec ça, braves gens !...<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quelques soupirs désabusés se font entendre
ici et là. J’imagine dans quel état doit se trouver l’ami Tonio ! Bon,
mais chacun se met en marche, à la manière de chemineaux prêts à tracer la voie.
La chenille se met donc en branle tant bien que mal, tanguant d’un bord à
l’autre comme un cargo ivre d’espaces marins. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>En tête, messire La Gonfle arbore une mine
du meilleur effet : ses yeux mi-clos et sa bouche lippue évoquent le
crapaud de nos contes enfantins. Ses mouvements de bouche appliqués
accompagnent une marche lente, peu naturelle et pour tout dire pataude. Mais il
y croit le bougre. Comment pourrait-il faire autrement, lui qui vient d’énoncer
une consigne à dormir debout ! Il me rappelle le mécréant chanté par l’ami
Georges Brassens, troubadour joyeux des infidélités ordinaires – ou des
fidélités crédules : « Mettez-vous à genoux, priez et implorez,
faites semblant de croire et bientôt vous croirez ! » Eh quoi !
La méthode Coué, on n’a jamais rien inventé de mieux pour squeezer les problèmes,
non ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>On est en tout cas à mille lieues du moment
d’enchantement qui a précédé. La ballade en clair obscur que nous a offerte
Chet le jazzman chante encore dans les têtes. Et c’est sans doute ses effets à
elle, a contrario, qui nous aident présentement à composer une chenille
acceptable. Côtoyer l’harmonie vous aide à planer physiquement au-dessus des
exigences les plus rationnelles, les plus pratiques. D’habitude c’est l’âme qui
plane sur le corps, là c’est l’inverse.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Notre file ondule, ondule, ondule encore,
dans un flux qui semble ne jamais devoir se tarir. Une sorte de mouvement
perpétuel qui accouche de lui-même à chaque instant, sans travail apparent,
sans frottement, presque sans effort sinon quelques ahanements poussés ça et là
par quelque hérétique à rééduquer d’urgence. Du matériau tout trouvé pour la
compétence du patron.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le retour au bercail s’annonce tout en
rondeur tant les visages expriment une langueur qui confine à l’anesthésie. Ce
que voyant, notre sachem roule des yeux : on lit dans son regard la
satisfaction candide de la tâche menée à son terme. Sire bouddha est au comble
de la félicité. Qui a dit que le zen était réservé à une élite ?!... Un
seul bémol à son incurable optimisme : un petit groupe de dissidents,
visiblement sous l’effet d’une trop grande concentration, n’a pas vu à temps la
file amorcer son ultime virage vers l’intérieur du dojo et se dirige tout droit
vers le couloir de sortie, façon « moutons de Panurge » appliqués.
Ils nous font l’équivalent gestuel du coup du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">lapsus linguae</i> : l’erreur énorme des élèves appliqués, voulant
trop bien faire et finissant par se vautrer dans l’incartade et l’égarement. La
bourde et l’inadvertance mènent tout droit à l’errance programmée. C’est encore
raté pour la note maximale à laquelle aspirait notre bienheureux guide ! <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Décidément, le zen n’est pas une science
exacte, mais bien une expérience à l’image de la vie : soluble dans
l’essai et l’erreur. Voilà qui est rassurant, au fond, et met l’exercice à la
portée de tous, béotiens comme spécialistes. Tout est toujours à recommencer à
chaque instant. Egalité absolue face à notre présence au… présent !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Chacun finit par regagner sa base dans un
état plus ou moins éprouvé. Mais l’exercice a laissé une impression positive
dans l’ensemble. Les méditants en ont gardé la sensation d’une activité
exécutée en groupe et en lenteur, deux termes qui ne cohabitent pas toujours
dans l’harmonie. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Notre chef préféré se montre positif malgré
les a peu près enregistrés vers la fin de la séance. Mais cela ne l’empêche pas
de trouver son groupe de plus en plus hétéroclite, déconcertant, imprévisible.
Il avoue être souvent pris de court, lui qui adore se laisser bercer par la
toute-puissance des choses qui ronronnent. On sent un zeste de lassitude
s’immiscer sous ses paupières alourdies. Bref, le boss a le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">seum</i>, qu’on se le dise ! Et c’est
avec un soulagement dans le ton qu’il envoie les méditants se livrer aux <i style="mso-bidi-font-style: normal;">samus</i> d’usage. Allez, tous au boulot, ça
me fera des vacances ! semble exprimer sa voix fourbue. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Notre groupe s’organise dorénavant selon les
affinités révélées par les personnalités de chacun. Chet, le dernier arrivé,
opte pour une solution très personnelle selon la devise qu’il nous énonce sans
l’ombre d’un scrupule : « Il faut trouver quelque chose qu’on aime
vraiment et faire cette chose-là mieux que personne.» Choix lumineux,
imparable, même s’il fera sans doute tiquer la direction, toujours soucieuse
d’ordre, de discipline et d’alignement dans l’action.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Joignant le geste à la parole, notre crooner
préféré se pare de sa belle trompette cuivrée dont il égraine quelques accords
avant de se livrer au jeu subtil, lancinant, d’une première ballade. Les
boucles de notes cuivrées gonflent et refluent comme des vagues successives,
épousant nos états intérieurs. Notre petit groupe demeure scotché autour du
souffleur sans demander son reste. Et c’est une aubade improvisée qui se joue
là devant le dojo, à l’ombre des arbres du parc. Moment magique que celui
offert par Chet à ses nouveaux amis. Les esprits se détendent à l’unisson des
corps mis d’autorité au repos.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pourtant, le moment reste problématique,
puisque la règle du lieu, édictée dès le départ, veut que le silence soit
respecté dans l’enceinte du Centre. Comment va réagir notre mentor à ce qu’il
peut légitimement prendre pour une provocation organisée ? La réponse ne
se fait pas attendre. Au bout de quelques minutes, on entend – plus qu’on ne
voit d’abord – les volets extérieurs de la chambre du bouddha s’ouvrir dans un
souffle de fureur et laisser échapper ces mots, entre tirade théâtrale et
injonction farouche : « Silence dans le jardin clos !! »</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> <span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">La
chape de plomb qui s’abat sur notre collectif suite à l’incident dit assez l’embarras
de chacun. Mais chute en embûche ne vaut pas culpabilité pour autant. A ce
moment du stage, tous les méditants peuvent se targuer d’avoir joué le jeu
loyalement. En s’accordant une petite pause inopinée, ils ne font qu’instiller
un zeste de pleine conscience dans leur vécu du présent, appliquant ainsi à la
lettre l’enseignement distillé par sa Suffisance éclairée ! Quoi de plus
naturel ?...<o:p></o:p></span></span></span><br />
</span></span></span></div>
</span></span></span><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Notre petite équipe opte aussitôt pour un
débat démocratique improvisé. Socratès rappelle le mot d’un collègue à
lui : « Sans la musique, la vie serait une erreur. »
Gaston B se dit ravi de se retrouver plongé dans sa chère nature, assurant
qu’il sent venir, hélas, un temps où les enfants des cités surpeuplées seront
élevés hors sol et ne sauront bientôt plus à quoi ressemble un brin d’herbe ou
un insecte. Simone de B s’insurge de son côté contre le pouvoir machiste des
religions, imaginant la « positive attitude » d’une femme à la place
de notre bouddha emberlificoté. Tonio en appelle à la mise en place de petites
pauses réparatrices et conviviales. Et Jacques T le cinéaste-acteur conclut sur
quelques entrechats de sa composition, en guise de pied de nez au maître des
lieux : « Nous sommes corps d’abord » !<o:p></o:p></span></span>
</span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> Le reste de la troupe ne dit mot. Consent.
Les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">samus </i>ordinaires sont illico
renvoyés à des calendes plus favorables, et notre nouveau – bon – génie musical
reprend sa ballade cuivrée comme si de rien n’était. <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> L’heure passe comme dans un songe. Les
esprits planent, les corps s’apaisent, les mémoires oublient : nous ne
savons bientôt plus pourquoi diable nous sommes ici et ce que nous y faisons.
L’ami Tonio est aux anges : « On n’est pas bien, là, à s’aérer
les neurones ? » gouaille-t-il tout fiérot. « Il commençait à
nous courir sur le poiluchard, ce gonze soporifique ! A force de jouer les
cheftons à la gomme, l’allait tout droit dans l’mur, le bon apôtre ! On a
beau tutoyer le 21<sup>e</sup> siècle après JC, certains se prennent encore
pour Dieu l’père en croyant toujours que ça va marcher ! », lance le
primesautier popu. Notre petit groupe se montre tourneboussolé par cette
intervention. Loin de galvaniser les troupes, la diatribe de Tonio part à
derche. Il y a loin du grand gueulard à l’amateur éclairé. Quoi qu’il en soit,
je suis prêt à parier que lors de sa prochaine apparition, le dabe sera loin
d’arborer un air jubilatoire incitant au pardon ou à l’optimisme. Wait and see…<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> Nous en sommes là quand une clameur s’élance
du côté de la chambre du boss. Un vrai cri de fureur propre à dissiper les
somnolences comme à aviver les inquiétudes. Le voilà qui radine ses pompes,
le regard en pétard, visiblement prêt à s’agiter du bocal, ou à émettre<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>inarticulations et confusions, qui
sait ?<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> Eh non ! Autant pour nous. Loin de
déraper de la matière grise, notre bouddha adopte le ton grandiloquent du chef
avant l’assaut : « Ce lieu n’est pas dédié à la musique mais à la
méditation ! Je vous prie donc de regagner sans attendre les postes de vos
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">samus</i> comme notre règlement le
prévoit. » Le gonzier a la paupière tombante mais l’œil furibard. La
situation est en train de tourner en béchamel. Prudent, le groupe vote une
retraite stratégique en bon ordre. Chacun opte pour une salutaire suspension de
séance. Seul demeure sur place notre jazzman faiseur de musique qui, laissant
ondoyer ses phalanges sur les clés de son instrument, semble avoir fait sienne
la formule du penseur Lévinas : « La caresse consiste à ne se saisir
de rien. » Il ne s’en laisse pas compter et joue bravement de ses pistons,
ce fier génie de l’évasion. Est-il adepte de la beauté du diable ou tout
bonnement allergique à toute sommation osant briser son inspiration ? Peu
importe. Fi des discours institués comme des injonctions qui en
découlent ! La liberté n’est pas un vain mot, camarades ! <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
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<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> Va-t-on tout droit vers une révolte en
direct des kolkhoziens du zen ? La posture que nous sommes tentés
d’adopter mime plus que la simple singularité. Elle va aussi précisément dans
le sens de la démarche zen telle que nous la délivre notre cher bouddha depuis
l’origine. Chacun sent bien la force du paradoxe soulevé : pas de
rencontre harmonieuse possible de soi par soi sans un arrière-fond
d’émancipation, voire d’impertinence. L’irrévérence nous guette aussi sûrement
que ne l’a fait jusqu’à présent le sérieux de notre adhésion interne à la voie
proposée par notre mentor. Malgré nous, notre désir d’émancipation se met à
tutoyer l’irrespect, mais en tentant d’exclure tout dérèglement excessif,
coupable à nos yeux. Recherche d’autonomie : oui, laisser-aller :
non. Un air de libre-arbitre plane dorénavant dans le dojo, laissant entendre à
Sa Suffisance que rien ne sera vraiment plus comme avant. <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
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<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> Comment va réagir le bouddha à cette
nouvelle donne qu’il n’avait sans doute pas prévue ? Là est la question
qui ne manquera pas d’inspirer la suite de notre stage. Chacun attend la suite,
comme figé dans ses pensées, incertain de ses propres attentes. On a regagné
sagement nos tapis de méditation, en état d’expectative. Le dabe tarde à
pointer sa silhouette familière. Nul doute qu’il ait senti que les cartes
devraient se rebattre d’une façon ou d’une autre. A ce moment, sa réaction est
imprévisible. <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
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<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> Il finit par apparaître dans le couloir
donnant sur le dojo. Ses épaules se sont tassées, l’air paraît accablé, la mine
renfrognée. C’est le bouddha des mauvais jours qui fait son entrée dans la
salle. Pourtant, si la posture de l’homme inspire plutôt<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>la tristesse et le dénuement, c’est d’un air
décidé qu’il se dirige vers le petit autel orné de l’icône bouddhiste. Il prend
tout son temps pour raviver la flamme du lumignon posé sur la tablette. Puis,
reculant d’un pas, il s’incline d’une très lente révérence devant l’icône.
Bluff ou provocation ? L’ire nous chatouille ! <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
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<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> Ayant gravement regagné son tabouret de
méditation, il amorce un regard circulaire austère, solennel, à destination de
notre assemblée. Malgré le silence pesant, ça carbure dans les esprits. Notre
grand manitou va-t-il remettre les compteurs à zéro comme après confesse ?
Un classique. S’apprête-t-il à débiter les reproches amers, de circonstance,
aux méditants devenus pénitents le temps d’une gaffe impardonnable ? Le
silence se poursuit dans la durée, s’installe, s’étire, se pose, jusqu’à
réverbérer des ondes positives. S’il n’y a pas de vie valable sans musique, son
contrepoint le silence tient aussi du luxe sacré : c’est bien la leçon
qu’est en train de nous administrer Sa Sérénissime Grandeur en guise de saine
réaction à nos écarts de mortels ingrats.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
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<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> Succédant à une éternité de vide, une voix
étonnamment calme, issue du fond de l’air impalpable, nous invite à porter
notre attention sur le rythme de notre respiration : inspir/expir. Nous
voilà réintégrés de plein pied dans l’esprit du zen qui apaise. Nous
replongeons aussi avec délices dans l’épaisseur déjà entrevue de notre
conscience. C’est un voyage neuf qui recommence à chaque tentative. Reprenant
les images du lac, nous sommes invités à nous couler dans l’immobilité sous la
surface, loin de l’agitation et des eaux tempétueuses du ressentiment. La voix
nous invite à nous mettre en présence de ce vaste réservoir de pleine
conscience lové quelque part en nous, dans le secret d’un être qui nous
contient en totalité. Elle nous incite à adopter une vraie compassion envers
nous-même, nous plaçant au cœur des égards pour soi comme pour les autres. Le
monde ne s’en sortira pas sans un réel climat d’empathie, de gentillesse. Notre
inspirateur en zénitude vante l’équilibre nécessaire à chacun pour lutter
contre les angoisses de la vie. Il parle des circuits cérébraux que nous
mettons en place très tôt dans nos existences : sans le savoir, nos forces
comme nos vulnérabilités pré-câblent notre système neuronal, pour le meilleur
comme pour le pire. Et nous sommes vite embarqués vers l’un ou l’autre si nous
n’y prenons garde.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
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<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">« Nous avons touché les limites du
système. Partout, la société de performance, de consommation, d’égoïsme,
s’effondre. A nous de redécouvrir les vertus de l’altruisme, de la compassion,
de la bienveillance, de la douceur. La parole sur la gentillesse se libère.
J’ai toujours pensé que c’était une vertu immense. Les avancées scientifiques
prouvent aujourd’hui que nous en avons un besoin biologique. A nous de
choisir ! »<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Gentillesse…
Gentillesse… Voire !<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> L’épisode en cours s’achève sur une note de
gravité à mi-chemin entre autonomie et empathie. Méditants : 1,
Bouddha : 1. Equilibré, le match renaît de ses cendres. </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> <span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Un bien curieux personnage fait son entrée
dans le dojo ce matin-là. « Chef indien Seattle », se présente-t-il.
L’homme a le port noble, le ton grave, pondéré, des sages. « Comment
peut-on acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre ? me suis-je
demandé tout haut lorsqu’il en a été question avec les pionniers blancs venus
coloniser nos espaces primitifs. Si la fraîcheur de l’air et le murmure de
l’eau ne nous appartiennent pas, comment peut-on les vendre ? Pour mon
peuple, il n’y a pas un coin de notre terre qui ne soit divin. Chaque clairière
et chaque insecte bourdonnant sont sacrés aux yeux et dans la mémoire de ceux
de mon peuple. »<o:p></o:p></span></span></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
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<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p></o:p></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> Notre petite assemblée semble impressionnée
par ces paroles frappées au coin du bon sens comme d’une vraie spiritualité.
Une voix poursuit : « Mais que d’eau a coulé depuis qu’elles ont été
prononcées… sans être entendues ! Il faut nous pincer pour nous dire que
nous ne rêvons pas, hélas ! A quoi ressemble notre terre contemporaine
livrée aux dérèglements de ce que nous nous sommes nous-mêmes résolus à nommer
l’anthropocène ? Autocritique ou autodérision ? Certaines vérités
sont si dures à voir en face ! »<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> Surprise, c’est bien notre bouddha qui vient
de s’exprimer ainsi, donnant lui-même un nouveau coup de canif à la règle
instituée du silence dans le dojo. Chacun y voit l’effet de l’épisode précédent
qui a couronné la prise d’autonomie de notre groupe. Et le résultat d’un climat
de confiance accru qui règne parmi nous. Jusqu’à quand ?<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> Nous sentons tous qu’il faudrait une parole
élevée, compétente, autorisée, pour faire écho à ce que vient d’énoncer le chef
indien. C’est l’anthropologue Charles D qui s’y colle. Il nous explique qu’il y
a des mécanismes universels qui permettent de comprendre nos croyances, des
mécanismes aussi naturels que nos manières de voir, de marcher, de respirer. C’est
comme si nos idées se diffusaient à la manière de virus s’incrustant en nous
pour ne plus en repartir et y laisser des traces physiologiquement inscrites, à
transmettre aux générations qui nous suivront. Charles D poursuit son
exposé : « Comment firent les premiers hommes pour survivre dans les
cavernes, avant de partir en quête d’autres univers à découvrir ? Et les
Mayas dans leurs forêts primitives ? Le peuple Inuit perdu dans ses
immensités glacées ? Il y a là pour le moins des mystères qui taraudent
nos vérités ordinaires ! Quelle confiance dans leur milieu naturel et dans
leur propre existence ont animé ces humains ? On sait que le cerveau
de l’homme s’est transformé, évoluant lentement au gré des aventures qu’il a
traversées comme des milieux qu’il a colonisés. A chaque fois, ce sont de
nouveaux neurones, de nouvelles connections qui se sont créées, fournissant aux
chercheurs d’aujourd’hui des preuves que l’homme est capable de réagir et de
s’adapter physiologiquement à nombre de cadres de vie se proposant à lui. »<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>René G, en spécialiste du phénomène
mimétique, prend le relais de Charles D : « L’Histoire contemporaine
nous montre toute une gamme de comportements humains dont certains nous
surprennent ou nous inquiètent même parfois. Comment expliquer aujourd’hui les
réflexes meurtriers qui semblent habiter les Islamistes radicaux, à l’image des
acteurs des totalitarismes et des fascismes ? Au nom de quoi ces gens
s’autorisent-ils à éliminer leur prochain avec un sadisme, une hystérie qui
semblent leur échapper autant que les transcender ? Quels schémas
narratifs ont pu coloniser leurs malheureux cerveaux ? La question se pose
de toute urgence : quelle réaction leur opposer tant que l’on n’a pas
compris ces mécanismes ? Ne peut-on supposer que la violence et le
sacré reposent sur des récits culturellement satisfaisants, réussis, au nom desquels
leurs auteurs ont envie de s’investir, jusqu’à se sacrifier eux-mêmes ? Pour
nous, démocrates, si leurs pauvres têtes paraissent bien malades, c’est d’abord
parce que nous relevons d’un système de valeurs élaboré autour des idées de raison,
de respect, de liberté et de progrès, qui se sont peu à peu inscrites dans nos
esprits et, sans doute aussi, jusque dans la physiologie de nos cerveaux.
L’expérience millénaire des générations d’Islamistes radicaux est tout
autre : au-delà du tabou ordinaire de la jubilation guerrière, elle est
imbibée d’expériences extrêmes tournant autour de croyances aveugles les
dépassant et menant à l’autosacrifice comme réflexe quasi ordinaire. La
violence et le nihilisme ne seraient-ils pas devenus, avec le temps, leurs
vertus morales à eux ? Comble du renversement des références – de notre
point de vue ! »<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Au fond, cela ne reviendrait-il pas à
avouer que ce qui attire dans toute idéologie quelle qu’elle soit, c’est la
gloire, l’enthousiasme, et la transcendance de soi proposés comme but, comme
projet commun ? Voici un cocktail gagnant à tous les coups : c’est ce
que semble nous apprendre, hélas, une vision réflexive de l’Histoire en
marche ! Comment expliquer autrement la séduction mortifère opérée sur des
milliers de jeunes esprits embrigadés ? Les traditions sur lesquelles ils
s’appuient<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>ont<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>programmé leurs connexions pour une bataille
aveugle, à mort, que nous ne pouvons appréhender avec nos esprits formés à la
démocratie et à l’ouverture ! »<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Les illusions religieuses représentent
des vecteurs de choix pour allumer la mèche de barils de poudre prêts à
exploser depuis longtemps. Jouant chacun pour leur propre compte, les
monothéismes prétendent depuis toujours posséder la seule et unique vérité
transcendante possible, à l’exclusion des chapelles concurrentes, rapidement
taxées d’infidélité, de non conformité. Toutes ces croyances ont en commun une
même folie : obéissant à des fantasmes intuitifs, elles sont irréductibles
à la raison, mais prêtes à soutenir corps et âme tout récit culturellement
« réussi », c'est-à-dire capable de se répandre à la manière d’un
virus contagieux. La fin des fins, c’est de triompher. Peu importent les
moyens. »<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Le lieu commun le plus pratique de la
transcendance de soi devient la transcendance tout court, malaxée, manipulée,
hystérisée. L’efficacité nécessite les voies les plus brèves, les formules les
plus frappantes. L’aspect cognitif des religions se borne le plus souvent à faire
croire à des idées absurdes. Les extrémistes meurtriers d’aujourd’hui
ressemblent comme des frères à ceux de nos guerres de religion : leur seul
programme se résume dans un joyeux étripage du voisin, même si celui-ci lui a
offert son hospitalité historique ! Le feu de Dieu purifiant les âmes a
bon dos : il sert de cache-misère à la bêtise qui colore toute religion
lorsqu’elle se réduit au martelage primaire de dogmes et de rites aveugles.
Derrière l’hystérie des culs bénis se cache la soif de pouvoir sur les
consciences, incluse dans toute religiosité virant au fanatisme. Le fait
religieux – respectable en lui-même – s’est depuis longtemps absenté de tels
comportements, abandonnant à leurs éructations de nouveaux analphabètes sans
repères humains. »<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Pour eux, nos démocraties abouties
ont fini de faire rêver, puisque nous ne serions plus prêts à tout sacrifier
pour préserver nos idéaux – pourtant longuement acquis au cours de notre
Histoire. C’est bien pourquoi il nous faut relever le défi, <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>remonter à l’origine historique de nos propres
récits, les ré-insuffler à nos générations montantes pour qu’elles s’en
imprègnent à nouveau. Il nous faut en retrouver les exigences, les devoirs à
égalité des droits. C’est en opposant notre propre transcendance morale à celle
– aussi fausse qu’affichée – des fous de Dieu, que nous pourrons le mieux leur
faire pièce ! Ne soyons pas timorés devant ces mystificateurs sans
scrupule ! »<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Face à leurs défilés de propagande,
vraies parades mimétiques de corps masculins hystérisés, opposons la mise en
scène esthétique de nos comédiens, de nos danseurs, de nos sportifs. Face à
leurs slogans braillés, opposons nos rhétoriques construites, raisonnées. Face
aux invectives issues de faux prophètes, déroulons la force tranquille, rimée,
de nos poèmes. Répondons argument contre argument : retrouvons les sources
de notre art oratoire. Luttons contre l’infiltration des psychés par des
fantasmes guerriers primaires. Nous restaurerons ainsi une autorité qui nous
revient objectivement grâce aux avancées de nos institutions démocratiques.
Contre leur retour à un VIIe siècle pré-moyenâgeux, osons faire droit à nos
avancées dans la modernité. »<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Assumons nos sociétés laïques
dissociées des excès du divin. N’oublions pas que notre propre religion
chrétienne n’a toujours pas résolu ses propres problèmes avec la légitimité du
spectacle théâtral ou cinématographique. Et là, nous n’hésitons pas à nous
battre ! Alors, un poids une mesure ! »</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<br />
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> <span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">La
force rhétorique des dernières interventions nous laisse pensifs. Sur leur
contenu d’abord. Mais aussi sur la réaction du bouddha. C’est la première fois
que celui-ci laisse se dérouler, mieux encourage, un échange oral dépassant le
cadre de nos exercices méditatifs. <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il reprend toutefois la main aussitôt, nous
proposant un nouveau travail de méditation marchée. Chacun reprend place dans
le dojo et concocte une incursion en lui-même. Avec ce sentiment devenu
familier de s’y retrouver comme dans une maison, sa maison. Nous remarquons que
cette sensation s’est accrue depuis le début de notre initiation. Nous accordons
dorénavant un véritable espace de vie à notre conscience, preuve qu’elle est
devenue une réalité à soigner à nos yeux. Il s’agit bien de s’accueillir chez
soi en état d’éveil.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Laissez d’abord votre esprit aller et
venir comme bon lui semble, sans s’arrêter sur rien. Vous reconnaissez là un
état de rêverie, d’errance, propre à une balade sans but, sans objet. Vous
ressentez la gratuité des choses, comme leur impermanence dans ce monde. Tout
va et file sans espoir de retour sur le même, l’identique. « On ne se
baigne jamais deux fois dans le même fleuve », énonçait Héraclite dès les
origines de la philosophie. » <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Incluez maintenant à cette promenade
sans but votre respiration régulière, en imaginant votre présence à la manière
d’un instrument de musique qu’il convient d’accorder : trop lâche, la
corde flotte et ne délivre aucun son audible ; trop tendue, elle produit
une sonorité sèche, contrainte, discordante. Recherchez donc l’harmonie dans la
régularité rassurante de votre souffle. Accordez votre propre musique
intérieure et laissez-la se dérouler dans le temps, sur un rythme tranquille,
apaisant. »<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Vous vous installez ainsi devant le
vaste miroir vide de la conscience qui contient tout, en deçà et au-delà de
vous. Vos représentations mentales, émotionnelles, se suspendent, à l’image de
chauve-souris venues s’endormir sagement sous le toit d’une grange déserte. Il
n’y a plus que vous… et vous ! Et vous demeurez là, installés dans votre
corps comme dans un asile tranquille et ouvert sur le monde. Votre regard plane
sur un présent intemporel auquel répond votre présence légère. Plus rien
n’importe que d’être là, sans attente. Simplement là. »<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le silence qui suit laisse chacun à son
exercice intérieur. Tout est dit et tout reste à faire… sans qu’il n’y ait rien
à faire. Clin d’œil gentiment adressé à ceux à qui viendrait l’idée saugrenue
de vider l’océan avec un dé à coudre ou de continuer la balade en marchant sur
la tête ! Quant à moi, je sens que je me quitte moi-même avec une désinvolture
de bon aloi. Une bonne partie de ma petite personne semble s’être absentée,
évanouie, me laissant l’esprit libre de toute attache, de toute représentation
et de tout souci de… représentation ! Un air d’évasion souffle sur le
bonhomme entier. Il n’y a pas à dire, la méditation, ça vous aère les
neurones !<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comment se croire au bout du monde tout en
demeurant en soi-même : la solution vient de nous être donnée en quelques
indications simples. Nous voilà<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>devenus
de vrais esprits voyageurs flottant comme en état d’apesanteur. La fin de
l’exercice voit chaque visage étonné revenir à un semblant de présence où plane
encore comme un zeste de doute. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Vous venez de pivoter dans la
conscience », émet une voix laconique que nous tardons à reconnaître comme
celle de notre mentor. « On est encore dans les vapes », résume
parfaitement l’ami Tonio qui se remet doucement de l’opération en cours.
« Faut qu’la comprenette revienne en douce, camarades ! Y a pas
d’urgerie, hein ? quoi t’est-ce ? »<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le dabe reprend peu à peu possession de son
groupe parti en vadrouille. Il nous aime épanouis, Pépère, comme tout
initiateur qui soigne son travail : l’exercice a beau friser l’intangible,
il lui faut le retour sur investissement qui motive pour la suite. Celle-ci se
présente sous la forme d’une proposition d’écoute musicale. Chacun s’allonge à
un endroit de la salle et ferme les yeux. Après quelques minutes d’un silence
de transition, Sa Zénitude nous demande une disponibilité auditive maximale,
sans a priori. « Juste l’entendre », précise-t-il laconiquement,
désignant par ce verbe déguisé en substantif l’acte lui-même dans sa pureté
originelle. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Ne cherchez pas à nommer cette
musique, même si elle ne vous est pas étrangère, même si des titres vont sans
doute se présenter à vos esprits. Vos repères culturels ne doivent pas faire
écran. Faites comme si vous aviez tout oublié. Comme si c’était la première
fois que vous l’entendez. » <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Un air d’orchestre retentit sous le plafond
du dojo, remplissant l’air de nappes de sonorités lentes, puissantes,
aériennes. Chacun est seul avec sa musique, s’autorise à la sentir, à se
laisser gagner par elle, tout en cherchant à éliminer toute référence
d’orchestre connu, de moment et de lieu d’écoute mémorisé et se rappelant à
notre bon souvenir. Exercice aussi difficile que de désapprendre du déjà connu,
du repéré, du culturellement acquis. Il faut faire <i style="mso-bidi-font-style: normal;">comme si on ne savait pas déjà </i>! Pas simple, vous
avouerez !<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le bouddha croit bon de compléter sa
consigne de départ : « Rappelez-vous notre exercice de contemplation
du parc et de sa verdure. Vous avez tenté<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>d’appréhender des masses de feuillage indistinctes, sans nommer vraiment
chaque arbre vu, chaque plante entraperçue. Vous êtes ainsi parvenu à une
contemplation sans objet : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">juste le
voir</i> ! Voici <i style="mso-bidi-font-style: normal;">juste l’entendre</i>. »
<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’enseignement qui suit va nous en faire
voir de toutes les couleurs ! Un méditant qui répond au patronyme de
Pierre B demande la parole. Celle-ci lui est accordée sans difficulté par le
patron, conformément à son nouvel esprit d’ouverture. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Je souhaite rebondir sur la
méditation musicale dont nous sortons. Je suis artiste peintre, et ce travail
de contemplation me parle beaucoup. J’ai commencé ma carrière en représentant
des scènes familiales dans les jardins, les vergers où la couleur verte
prédominait dans toutes ses nuances. Mon dessin des choses était figuratif,
avec le brin de naïveté qui marque souvent les œuvres de jeunesse. »<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Puis ma vision des choses et des
êtres a évolué, et avec elle ma façon de peindre. Mon trait s’est simplifié et
j’ai concentré mon attention sur les couleurs elles-mêmes. J’ai inventé mes
propres chromatismes en essayant d’en habiller mes sujets. Je me suis efforcé
de sublimer le quotidien par des visions intemporelles. »<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Insensiblement, je me suis mis à
exalter la couleur, à m’enivrer de ses nuances. Ma palette s’est recouverte de
couleurs légères, lumineuses, vraies pour moi bien que non réelles. Je me suis
livré à des fictions chromatiques que j’ai fini par traiter sous forme de
véritables cascades de lumières où la figuration des scènes prenait un rôle
secondaire. Je me suis plu à introduire du mystère dans l’apparence visible des
choses. On a même dit que je cherchais à représenter une certaine idée du temps
perdu, à la manière de mon collègue romancier contemporain Marcel P, passionné
par la recherche du temps passé. »<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Une multitude de chromatismes a
toujours habité mon regard intérieur, changeant même parfois avec le temps.
Ainsi, il m’est arrivé de retoucher en secret mes toiles une fois exposées au
musée. Guettant le passage du gardien d’une salle à l’autre, je sortais de ma
poche une minuscule boîte garnie de deux ou trois tubes, et, du bout d’un
pinceau, je tentais d’améliorer furtivement, de quelques touches, un détail qui
me préoccupait. Et, mon coup fait, je disparaissais, radieux comme un collégien
après une inscription vengeresse au tableau noir. » <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pierre B poursuit : « J’ai utilisé,
je crois, tout le spectre disponible des couleurs, à la manière dont un
compositeur peut être amené à créer des partitions usant de cascades de notes
avec demis et quarts de tons, dans un déluge chromatique similaire. Les
couleurs du monde sont illimitées, à l’image de nos sentiments et de nos pensées.
La variété de leur appréhension possède une semblable infinité. » <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Je sens que la contemplation proposée
dans ce dojo relève des attitudes à la fois ouvertes et attentionnées propres à
l’artiste. »<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dont acte.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/oxzeDpBvxv4/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/oxzeDpBvxv4?feature=player_embedded" width="320"></iframe></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </span> <br />
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> <span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Peinture
et musique viennent d’enluminer nos esprits méditatifs, et Sa Félicité en
semble tout réjoui, ragaillardi presque. Lui qui était obnubilé par la sacro-sainte
règle du silence vient semble-t-il de découvrir les mérites d’une souplesse
profitable à l’esprit : dans sa malléabilité extrême, ce dernier cherche
toujours à s’enrichir de nouveautés, de changements de rythme propres à nourrir
ses émotions, matériau de base de ce qui nous fait nous « mouvoir ». <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Combien de fois n’avons-nous pas entendu
cette injonction presque administrée<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>comme un calmant nécessaire : « Sois raisonnable » ?
Avec à chaque fois l’idée qu’il ne fallait pas laisser nos émotions prendre
trop de place ! Vieux tic propre à notre Occident sage et raisonneur,
suivant la voie de nos penseurs antiques dont l’exemple bimillénaire nous
poursuit encore aujourd’hui.<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span></span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>On se souvient que les Grecs se méfiaient de
l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">hubris</i>, cet affect de la démesure
qui troublait l’ordre social et risquait fort de leur attirer la foudre des
dieux. Les savants ont, de nos jours, établi l’origine biologique de ce vaste
réservoir d’émotions en chacun, et l’on connaît mieux son empreinte changeante
sur nos corps et nos comportements. Que faire de cette grande marmite toujours plus
ou moins en état de bouillonnement ? Quel pouvoir avons-nous sur ce mitonnage
permanent ?<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La question, évoquée par l’un des méditants,
est reprise par les uns et les autres, dans une discussion qui s’annonce aussi
ouverte que passionnée. Candido avoue pour sa part être souvent débordé par ses
émotions, et donc s’en méfier, à l’image du (proto)type raisonnable décrit au
début. « Comment voulez-vous que je reste calme, quand je me sens assailli
par la colère, la jalousie ou l’anxiété ? Je sais que c’est toujours
un mauvais moment à passer, alors je patiente en attendant la fin de l’épisode,
mais sans maîtriser grand-chose ! » On le sent adepte de la méthode
Coué, notre Candide !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Le climat, l’attitude poétiques me
sont d’un grand secours pour nommer, reconnaître et finalement observer mes
émotions », lance une voix juvénile derrière moi. C’est Arthur R, le poète
de seize ans, qui vient de s’exprimer. Joignant le texte à l’acte, le voici qui
déclame avec gravité, l’œil allumé d’une étrange vision :<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p> </o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">« Oh !
Ne les faites pas lever, c’est le naufrage…<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="font-size: small;"> Ils
surgissent comme des chats giflés<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="font-size: small;"> Ouvrant
leurs omoplates, ô rage !<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="font-size: small;"> Tout
leur pantalon bouffe à leurs reins boursouflés.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="font-size: small;"> Et vous
les écoutez, cognant leurs têtes chauves,<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="font-size: small;"> Aux murs
sombres, plaquant et plaquant leurs pieds tors,<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="font-size: small;"> Et leurs
boutons d’habit sont des prunelles fauves<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="font-size: small;"> Qui vous
accrochent l’œil au fond des corridors ! »<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="font-size: small;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> « Apprivoiser mes émotions m’est devenu
familier au fil de mes écrits : je me plonge dans ce bain dès que les
images naissent devant une scène vue, sentie, identifiée. Je prends tout sur
moi, comme un photographe de guerre au plus près de l’action : la force
émotive surgit d’une vérité crue que je tente de capter puis de <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>décrire avec les mots du peintre ou de
l’anthropologue. J’en ressens toutes les ondes dans mon corps, comme si j’étais
à la place de ces émouvants <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Assis</i>.
Comme si je témoignais pour eux ! »</span><span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>René G et Charles D, les anthropologues
présents, réagissent comme un seul homme à la description puissante de cette
expérience, si bien que l’on ne sait plus lequel répond vraiment : « Oui,
le corps intervient avec force dans cette drôle d’affaire de l’impulsion
émotionnelle : si l’on pouvait placer des capteurs sur le cerveau à ce
moment-là, on serait étonné de la réaction enregistrée ! Nos émotions sont
comme nos envies : elles ont besoin de trouver une expression, de se
sentir exister, dans un premier temps du moins. Alors ça grince fort à
l’intérieur de la maison. Et on risque de se laisser emporter purement et
simplement par ce flux des passions, sans comprendre ce qui nous arrive, sans
trouver de recul. Jusqu’à ce que l’on apprenne à nommer ces mouvements
internes, à les repérer, à en saisir le sens. Cela prend du temps, mais permet
un jour d’anticiper en assistant à l’orage d’un œil plus extérieur. Comme
l’observateur regardant passer un train et se disant : « Tiens voici
la peur. Tiens voici la colère, l’angoisse… » On commence alors à vivre
plus détaché. En spectateur. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Gaston B, en familier des quatre éléments,
nous plonge, lui, au cœur d’une métaphore toute météorologique : « Au
fond, il conviendrait d’assister à nos états émotifs comme à des passages de
formations nuageuses : légers nimbus, bas stratus, cumulus en bulles
multiformes, chaque atmosphère a ses particularités. Il en va de même pour notre
ciel émotionnel où nos impressions varient à l’infini d’un moment à l’autre. Mais
tout cela passe, ne demeure pas : c’est l’impermanence décrite par nos
ancêtres stoïciens. Il suffit d’un peu de patience pour assister à ces
évolutions sans y rajouter nos propres constructions mentales. Aiguisons donc
seulement notre attention à ces phénomènes, sans nous y plonger corps et âme.
Demeurons comme des observateurs aussi neutres que possible face à notre météo
intime. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Ouais, mais quand ça vous chatouille
les tripes, faut bien qu’ça sorte ! », lance l’ami Tonio sur le ton
gouailleur qu’on lui connaît bien. « Se laisser aller à dire c’qu on
r’sent, ça m’paraît un peu mieux que rien, comme disait mon cher aïeul. Moi,
j’aime trop la véritance pour laisser quimper à tout va. Quand on se sent fripé
de l’intérieur, vaut encore mieux s’brancher illico su’l’compteur à chavirance
que d’négationner en solo », hypothèse-t-il. « Et puis quand je
grince de méninges, j’aime bien qu’ça s’sache ! Sinon, j’dessèche sur
pied ! » diagnostique-t-il.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’argoteur regagne son port d’attache sans
moufter, fier comme Artaban. Alors qu’un certain Antoine de La G intervient
avec assurance : « J’ai trouvé des similitudes frappantes entre le
domaine des émotions et mes recherches sur notre capacité à l’évocation :
dès qu’il s’agit d’entrer dans la connaissance des réalités, on ne peut se
passer de se faire des représentations, des images, de se parler et de
s’entendre dire les choses : en l’occurrence ici, il faut tenter d’appréhender
les signes intérieurs qui se présentent à notre conscience avant d’en décoder
le sens et, enfin, d’en faire quelque chose. Il est question, là encore, de
rentrer dans l’accointance profonde des phénomènes, dans leur intelligence
aiguë. Seule différence de taille : ces objets ne sont plus extérieurs à
notre vision, mais surgissent du dedans ! Familiarisons-nous avec cette vie
intime qui est la nôtre, avant d’y avoir un accès de plus en plus clair. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La romancière Simone de B souligne de son
côté la nécessité de fouiller le caractère de ses personnages pour mieux
croquer leurs attitudes, leurs aventures. « Il y a du psychologue et
du policier chez tout romancier qui doit se fondre dans l’identité de ses
personnages, percer leur caractère, expliquer leurs comportements à travers les
émotions véridiques qu’ils sont amenés à traverser. Il faut proposer une
certaine logique au lecteur pour qu’il se coule dans la peau de ses héros ! »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Enfin, Chet, Pierre B et Jacques T donnent
leur avis d’artistes. La musique comme la peinture et le cinéma sont
directement porteuses d’émotions, c’est justement leur fonction, leur raison
d’être. Les créateurs et les interprètes endossent ce rôle unique : se
faire des passeurs de sensations pour un public qui reçoit des signes sans
forcément être capable d’interpréter la finesse des codes ou l’intention des
artistes. Rude et belle responsabilité d’initiateurs pour les amateurs que nous
sommes. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et comme pour faire le lien avec
l’expérience zen en cours, Pierre B ajoute en se tournant vers notre bouddha :
« Le lien que nous établissons ici entre esprit et art peut s’incarner dans
cette belle réflexion d’un collègue peintre, Paul Cézanne : « Le
paysage se pense en moi et je suis sa conscience. » <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pour la première fois, tous les méditants
déjà connus, identifiés, ont pu prendre la parole dans l’enceinte du dojo. Cela
réjouit visiblement le bouddha dont la voix grave énonce clairement :
« Et si nous méditions, à présent ? »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Décidément, il veut toujours avoir de
dernier mot, Pépère.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/VpmOTGungnA/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/VpmOTGungnA?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Suspendre les émotions pour mieux les…
cerner. Comme pour les prendre à revers. Tel pourrait être l’objet de notre
méditation de l’instant. » Le bouddha s’inscrit dans la continuité de nos
échanges précédents. « Cela reviendrait à sortir du film de notre vie
ordinaire pour en devenir le spectateur curieux, attentif, à la manière du
héros de Woody Allen dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La rose pourpre
du Caire</i>, celui-ci quittant l’écran pour passer du côté de <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>la salle de projection. Autrement dit, et pour
paraphraser Lewis Carroll : comment passer <i style="mso-bidi-font-style: normal;">De l’autre côté du miroir</i>. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les méditant échangent des regards
médusés : il en a des références, le maître de l’assise ! Celui-ci
poursuit : « Quoi de plus libérant que de voir et de reconnaître pour
ce qu’elles sont toutes ces pulsions qui nous habitent et nous mettent en
mouvement ? Mais cela exige d’abord une meilleure approche de notre
identité physique. Je vous propose donc maintenant un scanner du corps. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’étonnement se lit sur les visages. Que signifie
ce langage médical dans un stage de méditation ? On demande à voir !
En tout cas, on peut dire que le dabe possède à merveille l’art incomparable du
contre-pied.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Etendez-vous confortablement. Vous
entrez en contact avec votre respiration, régulièrement, paisiblement. Peu à
peu, installez votre attention dans la plante de votre pied gauche. Dirigez
l’air inspiré vers ce lieu précis de votre corps. Puis laissez-le remonter
avant de l’expirer. Recommencez plusieurs fois en enveloppant cet endroit aussi
chaleureusement que possible. Jusqu’à expirer une dernière fois dans votre
plante de pied en la laissant se dissoudre… »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Portez ensuite votre attention sur
vos orteils, l’un après l’autre. Respirez dans chacun d’entre eux tour à tour,
avant de les laisser se retirer à la dernière expiration. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et vous remontez ainsi le long du corps en
explorant votre jambe, votre genou, vos hanches… l’abdomen, le diaphragme, les
membres supérieurs, les épaules, le visage, le crâne… Scrutez, sondez chacun
de ces lieux du corps avant de les laisser se dissoudre à votre conscience.
Constatez combien chaque point s’est réchauffé à la présence de votre
attention. Sentez le flux de la respiration traverser votre morphologie. Prenez
simplement conscience de votre unité physique, de votre totalité. Vous savez
maintenant <i style="mso-bidi-font-style: normal;">scanner</i> votre
corps. » </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> </span><br />
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><strong><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"> (A SUIVRE...)</span></strong></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
</span><br /><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<br /></div>
</span><br /></div>
</div>
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<br /></div>
<br /></div>
<o:p>
</o:p><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<br />
<br /></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">
</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
</div>
<br />
<div style="text-align: left;">
</div>
<div style="text-align: left;">
</div>
</div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-50823210543028598522017-08-26T00:54:00.002-07:002017-08-26T01:10:06.778-07:00L'EGO CHATOUILLEUX DU BOUDDHA (1) RECIT<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Imaginons
sept milliards d’humains respirant simultanément, à raison de quatre secondes
par geste d’inspir/expir ! Et tout cela sans s’arrêter un seul instant, une
cinquantaine d’années durant !... Un rapide calcul nous emporte au bord
d’un drôle de vertige : chacun de nous s’autorise près de huit millions de
respirations annuelles, soit quatre cent millions au bout de cinquante ans de
vie. L’ensemble des vivants humains, lui, parvient à réunir la somme
astronomique de ces actes vitaux cycliques, immuables, perpétuels, de deux
mille huit cent milliards de respirations accomplies, consommées, consumées. Y
ajouter les respirations animales nous permettrait de dépasser aisément la
durée d’une année-lumière !<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quel lien chacun peut-il entretenir avec un
tel acte organique, aussi primaire qu’inconscient ? Lesquelles de ces
respirations sont vraiment conscientes, assumées comme telles ? Notre vie
se résume-t-elle à la force de cet <i style="mso-bidi-font-style: normal;">anima</i> ?
Combien vit-on de vies ? Combien de fois meurt-on ? Que perd-on avec
ces vingt et un grammes dont on dit que pèse l’âme ? <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Irions-nous jusqu’à introniser le dieu <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Pneuma</i> comme le plus grand dénominateur
commun d’un Sacré tombé en désuétude avec la remise en question des
monothéismes historiques ? Voilà au moins une divinité sur laquelle tout
humain pourrait aisément s’accorder sans moufter. Le soin accordé à l’être ne
commence-t-il pas dans le souci de le laisser – sinon de l’aider à –
respirer ? Urgence, urgence ! De l’air, de l’air ! Pour tous.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le souffle, ce rythme binaire qui prend au
monde et lui redonne en proportion, élargit sa loi à l’univers animal dont nous
sommes issus. Le voici qui adopte un tempo propre à la lumière avec nos proches
végétaux, les plongeant aux racines du balancement cosmique. La nature du
souffle nous fait respirer dans un état de patience, d’attention, qui évoque
l’assise de l’écrivain comme celle du méditant.<span style="mso-spacerun: yes;">
</span><o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’auteur en attente d’inspiration s’efforce
de figer son œil intérieur, soucieux de ne pas effaroucher l’intuition dans son
éclosion parfois fugace. Il y a du chasseur aux aguets, du photographe en
alerte chez ce cueilleur d’impressions neuves. L’aspiration permanente vers une
ligne d’horizon mentale prête à se dévoiler inscrit peu à peu en lui l’habitude
d’une quête assidue, et comme les prémices d’une hygiène de vie tenace, qui lui
colle à la peau. Ecrire ?... Une façon de continuer à veiller en s’exilant
dans l’intime de soi. De poursuivre un dialogue chaleureux avec cette
intériorité. Pour mieux respirer dans la conscience.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>On sent là que silence, patience et
profondeur d’attention tiennent les clés d’un labyrinthe immobile dont il
faudra se montrer digne. Immobile, attentif à son souffle et à son assise, l’auteur
s’applique à respecter la patience et l’obstination <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>propres aux moines copistes médiévaux.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’expérience réelle qui déroule ses avatars
dans les pages à venir s’est donné un but : mesurer le flux parcouru et le
changement induit entre son début et son issue. Le livre qui la rapporte se
propose un dessein analogue : apprécier l’évolution possible, même infime,
de l’esprit de l’auteur dans l’espace de son parcours d’écriture. A l’image
d’un Robinson de papier prenant en main les destinées de son île… pour y opérer
à son insu sa propre mutation souterraine. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quarante facettes de vie peuvent-elles
trouver leur synthèse dans la lueur d’un trait de récit ? Avec, à la clé,
cette double question envoûtante : en quoi serais-je <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>passé à côté du monde ? En quoi en
aurais-je épousé les délicieux labyrinthes ? <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Faisons comme si les mots et<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>gestes à venir au fil de ces pages se
condensaient en un seul instant qui relancerait les dés du hasard au-devant de
nos incertitudes. Il n’existe rien de changeant comme la… stabilité ! nous
souffle un bouddha malicieux. Il ne coûte rien de l’entendre. Le temps d’un
livre. Qui est aussi celui d’une méditation.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/IVXsfzl-9wM/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/IVXsfzl-9wM?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">C’est
la chenille qui redémarre… Cet air en vogue des années 80 lui trotte dans la tête
depuis que le maître – réplique quasi-mimétique ou sosie conforme d’un bouddha
souche – a pris la tête d’une bien curieuse procession sur le tapis impeccable
du dojo. Une vingtaine de silhouettes aux allures de zombies, parfaitement
alignées, ont engagé une marche lente, mécanique, hypnotique, qui se déhanche
pas à pas sous la conduite d’un personnage au crâne rasé, profil bonhomme,
visage appliqué, inspiré, résolu, où viennent s’échouer par instants quelques
tics trahissant un souci flagrant d’absolu. Comme un vague mal d’ego hésitant à
dire son nom.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’allure huilée de la marche doit permettre
à chacun, selon la consigne lentement égrenée par le Maître, de sentir ce pas
unique, incomparable, inscrit dans l’instant <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>– et forcément différent du suivant, déjà dans
le « devenir » ou du précédent relevant à l’évidence du
« dé-devenu » ! Dixit le boss et circulez !<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au comble d’une zénitude ainsi lentement
impulsée, la cohorte aux ordres se voit soudain contrainte d’exécuter un
entrechat non négligeable : amorcer un virage à angle droit en
« sentant bien » la hardiesse, le suc unique, de l’instant. De sorte
que cette manière de danse du scalp au ralenti esquisse bientôt les contours
d’un vaste U dans l’espace du dojo. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Tout docile soit-il déjà, chaque méditant ne
peut s’empêcher d’apporter sa touche, sa variante, à l’exercice : posture
branlante sur un pied façon flamant rose, pas subtilement glissé cher aux
bonnets à poils de sa gracieuse majesté, enjambées martiales et saccadées
censées faire la fraîcheur des premiers mai moscovites. L’ensemble offre la
belle diversité si particulière à tout mouvement de groupe, en garantit le sel
unique, n’excluant pas quelque cacophonie de passage. Mais globalement l’esprit
y est, assuré par l’autorité massive, tranquille, posée, du maître de cérémonie
dont les impulsions communiquées au groupe manquent rarement la note juste.
Posture visée-atteinte, petit miracle du zazen !<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Moyennant quoi on ne double pas ! Au
pays du Zen, il faut savoir ronger son frein en toute circonstance. Même et
surtout s’il vous prend l’envie de crêper le chignon de la voisine ou de mordre
le mollet de l’alter ego qui piétine devant vous. On ne vit pas pour se lâcher,
on vit pour être convenable, qu’on se le dise. Donc suivre à la lettre le
protocole secret du bouddha et se mettre rapidement en condition pour atteindre
le graal : l’unité perdue – on ne le sait que trop – du corps et de
l’esprit. Sous peine de trouver le temps long, très long… et de s’attirer les
foudres du maître qui veille au moindre trémoussement rebelle, à la plus fine
déviance dans l’harmonie d’un mouvement à visée cosmique. Le boss tient les
ficelles et les comptes du bon ordre et des rites justes ! Un claquement
sec de baguettes interrompt l’exercice salutaire et chacun – marionnette déjà
apaisée – regagne sa place d’attache, des lueurs d’extase plein les mirettes.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Après le juste-marcher, le juste-écouter. Le
maître nous convoque dans la salle à manger pour un « enseignement ».
L’homme aux rondeurs de statue s’exprime du bout des lèvres, ne laissant
échapper son précieux verbe qu’avec parcimonie. Le ton est à la confidence, à
l’humilité affichée. Il se raconte, disserte des choses de ce monde-ci, tout en
maniant secrètement les clés de ce monde-là, profond, mystérieux, hors de
portée des manants et autres infidèles de tout acabit. On apprend comment un
aristo prussien de ses accointances recueillit les petites ficelles des rituels
sacrés dans le lointain Japon, puis les divins méandres grâce auxquels il se
les fit refiler par icelui. Les esprits se mettent à voyager, rêver, les
imaginaires à s’envoler. L’exotisme s’insinue, la couleur locale prend ses
aises. Voici l’auditoire conquis en quelques évocations bien senties.
Parfaitement huilé, le message roule, s’assaisonne de quelque anecdote piquante
qui ne manquent pas de déclencher les rires bêlants des méditants confirmés,
ceux à qui on peut se permettre de « la refaire » à chaque fois et
qui en redemandent, le regard en extase tourné vers le patron trônant en
majesté, l’œil mi-clos, perdu dans le vague. Et celui-ci de conclure par une
pirouette de son cru, que personne n’a vu venir. Tout cela sans le moindre
appel à questions de son public. Grâce au jeu bien mené des œillades savamment
distillées et des silences qui tombent sous le sens – son sens à lui, bien sûr
– le divin chef vient de botter en touche à l’insu de tous. Fin, toute
provisoire, de l’épisode de la parole délivrée en direct. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le repas qui suit s’effectue dans le silence
complet, consigne non négociable. On ne capte que les bruits secs des couverts
qui s’entrechoquent et la vision peu esthétique des manducations ordinaires.
Chacun tente de saisir ou de provoquer de brefs éclairs de communication muette
parmi les visages alentour. Mais l’esprit n’y est pas vraiment. Autant demander
à un mime de vous produire un discours argumenté sur les derniers cours de la
Bourse. Temps mort par décret des autorités. Et temps de vaisselle confié aux
retraitants, dans les mêmes conditions.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le début d’après-midi est consacré aux <i style="mso-bidi-font-style: normal;">samu</i> – prononcer<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« samou ». Rien à voir avec le 15.
Il s’agirait plutôt de « tigs », nos civiques travaux d’intérêt général.
Ou comment appliquer les principes du zen aux tâches ordinaires. Brossage en
règle de la vaste moquette du dojo à l’aide de minuscules balayettes, nettoyage
des sanitaires (le bouddha lui-même n’est pas qu’un pur esprit), balayage en
règle des allées extérieures, taille à l’ancienne des abords herbeux du
Centre : l’usage de faux et de serpes antédiluviennes sont censées
permettre un déploiement du corps plus en harmonie avec les éléments naturels.
Toutes humbles tâches réalisées gracieusement, comme on dit, par le personnel
retraitant et à enregistrer dans la colonne « actifs » des petites
économies du maître. Signe que le bouddha garde un œil alerte sur les comptes
de sa petite affaire. On peut être zen sans perdre sa lucidité, ni le sens des
choses d’ici-bas !<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le reste de l’après-midi se déroule dans la
méditation entrecoupée de rites qui semblent démentir les annonces faites sur
le papier lors de l’inscription : une retraite menée dans un esprit sinon
« populaire », du moins accessible à toutes les consciences.
L’affiche apposée sur la porte du dojo est pourtant explicite : une
silhouette s’incline mains jointes, selon un certain angle – précieuse géométrie
du bouddha dénotant son sens de l’ordre – et invite expressément chaque entrant
à semblable mimétique. Notre petit groupe égrène donc d’amples saluts
spectaculaires, mains jointes et génuflexions démonstratives devant l’icône du
bouddha posée sur un petit autel où se consume une bougie. Le bouddhisme
religion « laïque » ? L’oxymore était tentant. Mais la réalité
nous rattrape : chassez la religion par la porte, elle rentre par la
fenêtre ! L’air est connu et la musique à entonner ad libitum. Les dieux quels
qu’ils soient – <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ceux-lui</i> des
monothéismes principalement – ont ce trait dominant d’être toujours en manque
de leur contingent de dominants et de dominés pour leur tenir la chandelle. Ainsi,
qu’on le veuille ou non, que l’on s’en réjouisse ou que l’on s’en attriste,
rites et servitude volontaire scanderont bien nos journées ordinaires au pays
du bouddha énigmatique et souriant. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Nul ne saura vraiment les premières
réactions des participants à ce régime imposé sans coup férir : le silence
est requis dans l’enceinte du Centre. A l’image du verrouillage des corps, la
maîtrise sur la parole signe une intention de pouvoir sur les consciences qui
n’est pas pour rassurer. Les interrogations pourront toujours aller bon train,
elles demeureront sans réponse satisfaisante, comme suspendues entre attentes
justifiées et naïveté banale. Pour l’heure, l’ego rampant du bouddha semble
bien avoir phagocyté nos petites personnes inquiètes. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bouddha : 1, retraitants : 0.
Balle au centre.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> </span></div>
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span> </span></div>
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">
<span style="mso-spacerun: yes;"><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Ce sont
des méditants frais et dispos mais toujours incertains qui entament leur
deuxième journée de retraite, bien décidés à découvrir le vrai sens de la
marche à suivre. Ils semblent déjà habités par un soupçon de croyance :
voir leurs premiers doutes s’évanouir ou, à tout le moins s’apaiser.
L’ingénuité, l’innocence, vous ont de ces mouvements obligés qui font changer
vos plus secrets espoirs en persuasions tenaces. Les émanations subtiles d’une
antique religiosité sont passées par là. Voilà <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>nos chers aspirants zen qui se pressent à
l’entrée du dojo, pas encore vraiment en phase avec les saintes attitudes
distinguant à coup sûr le quidam durablement touché par la zénitude comme par
un état de grâce. A l’image de tous ceux qui ont décidé de participer à un projet
commun – faut-il parler de mise en scène ? – ils font preuve de
l’enthousiasme et du zèle qui sont les marques des vrais amateurs conquis par
leur toute nouvelle marotte. Qui oserait les en décourager ?!</span><span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’entrée dans le dojo donne lieu à un concours
de saluts particulièrement appliqués : courbettes dorsales selon l’angle
codifié ; mouvement quasi monacal, de haut en bas, des mains jointes à l’adresse
de l’icône bouddhique ; entrée inspirée dans le dojo pour rejoindre sa
place attitrée. L’ensemble, théâtral en diable, évoque irrésistiblement le
salut impeccable des drapeaux devant les monuments aux morts de nos villages.
La musique militaire en moins. Chacun adopte d’ailleurs d’emblée une posture
martiale qui n’est pas sans rappeler les stricts alignements de nos chers
pioupious en campagne. Garde à vous fixe, et je ne veux voir qu’une tête !
Un silence de plomb s’installe peu à peu dans le groupe, en attente de ce qui
va se produire… ou plutôt de qui va advenir. C’est fou comme les tics propres
aux rituels ont ce pouvoir de coloniser les esprits et les corps en un rien de
temps ! <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Après s’être fait attendre le temps qu’il
convient – ou qui lui convient – l’Insondable Hauteur fait son entrée, tout en
courbure pateline et concentration étudiée. Tel un grand prêtre en expectative
de cérémonie, il installe son imposante stature au centre de la salle, à
l’endroit stratégique ad hoc pour sonder ses troupes. Un silence de marbre
habite son visage impénétrable, ne laissant deviner que des yeux fouailleurs scrutant
les attitudes de ses ouailles déjà en état de grâce. La séance est ouverte.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Profitant d’un temps de répit entre deux
silences, messire bouddha donne soudain de la cloche. Sa main vient de frapper
un bol tibétain qui ne le quitte jamais. L’onde grave lance ses résonances
clairement timbrées dans l’espace clos du dojo. Un deuxième coup de gong
retentit, suivi de peu d’un troisième. La salle est au comble de la
concentration. L’instant choisi pour que survienne l’incident.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le maître vient de lever un regard
suspicieux sur l’un des méditants situé devant, sur sa droite. Et l’invective
fuse, à la vitesse d’un boulet non prémédité mais fortement asséné. Quoi ?
Que vois-je ? Le bougre a laissé son misérable coin dans un état de
désordre qui, visiblement, désoblige le boss. Le carré de tissu du coupable
présumé est roulé « façon oreiller » alors qu’il devrait s’étaler
soigneusement étiré en ses quatre coins, toujours à la même distance du mur, la
chaise posée au-dessus bien droite en plein centre dudit. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le maestro admoneste furieusement l’infidèle
devant l’assemblée médusée par tant d’à propos. Son sermon fond sur l’imprudent
tel un oiseau de proie sur la pauvre bestiole qui avait l’esprit ailleurs. Il y
est question pêle-mêle de mauvais théâtre et de désordre révélateur d’un ego
confus. Le ton est sans appel, ne tolère pas réponse, se veut clos sur lui-même
comme un prêche bien huilé. Circule, minable pécheur,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>repens-toi et n’y reviens pas !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Désigné à la vindicte générale, l’imprudent
ne se démonte pas. Visiblement animé d’un humour décalé, il s’avance calmement
jusqu’à venir se placer à hauteur du maître (sacrilège !), se retourne et
fait mine d’examiner la situation du point de vue de l’accusateur, signe d’un
esprit critique évident. La moue approbatrice qui anime alors sa face réjouie
en dit long sur ses capacités provocatrices. Oui, en effet, son coin fait
désordre, admet-il, mais faut-il pour autant s’énerver et surtout lui parler
sur ce ton ? Entre gens de bonne compagnie, il est d’usage de s’exprimer
poliment, sans hausser la voix, que diable ! Le bouddha ne vient-il pas de
révéler à son insu un ego soigneusement dissimulé jusque là, tout simplement ?
Le méditant prend à son tour la salle à témoin de ce mauvais théâtre d’ombres
où le divin responsable se laisse aller lui-même aux attitudes qu’il prétend
dénoncer chez les autres. Le voilà conscient d’avoir rejoué le coup de
l’arroseur arrosé, sur l’air connu du « faites ce que je dis, pas ce que
je fais ». Et il sort à grandes enjambées de la salle. Sous l’œil furibard
de notre guide, estomaqué par tant d’audace et d’à propos. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’enseignement qui va suivre s’annonce déjà problématique,
sinon houleux. Les visages qui se croisent hésitent entre étonnement et
fierté : l’un d’eux a osé crever l’abcès qui avait gonflé dès le premier
jour. Et c’est dans un silence recueilli que le petit peuple des méditants
prend place dans la salle à manger. Comme à son habitude, notre bouddha
bien-aimé prend tout son temps pour pointer sa sacrée silhouette : les
grands artistes savent jouer avec le temps et ménager leurs effets.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et quand il radine enfin sa carcasse
pesante, une vingtaine de regards déjà braqués sur la porte l’aspirent comme un
seul homme. Prenant place calmement, il laisse d’abord planer ses yeux dans le
vide, avant de commencer son exposé. Comme si de rien n’était. Hélas, le
message a d’emblée perdu de son intérêt, tant chacun s’absorbe dans
l’observation en coin du rebelle de la séance matinale. Aucune émotion n’est
visible sur le visage de celui-ci, sauf peut-être le soupçon d’amusement qui
peut se lire parfois sur certains traits enfantins. L’inconnu prouve pourtant
que rien ne lui échappe. Profitant d’un vide entre deux vérités assénées par le
patron, le voici qui lève la main pour demander la parole. Le maître fait mine
de ne pas le voir et poursuit son laïus, imperturbable. Mais ce sont bientôt
tous les visages qui s’orientent dans la direction de l’insoumis, rendant
impossible la poursuite de l’exposé magistral. Le beau parleur tente une ultime
pirouette pour éviter l’obstacle. On entend sa voix glacée prononcer d’un ton
sans appel : « Vous passerez me voir dans mon bureau après
l’enseignement. » Un classique des rapports maître-élève. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais il en faudrait plus à notre homme pour
se dégonfler. « Jacques T », se présente-t-il, laconique, souriant à
l’assemblée. « J’avoue que depuis hier je me sens comme un éléphant dans
un magasin de porcelaine », lâche l’intéressé, « et je voudrais bien
comprendre pourquoi. » <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« J’ai noté que vous gigotiez beaucoup,
en effet », renchérit le bouddha qui poursuit : « Le but de
notre travail ensemble est précisément de reprendre à notre monde mental les
rênes abandonnées du corps en vue d’être à nouveau ce corps, rien que ce corps
– mais tout ce corps – d’instant en instant, dans une présence à nous-mêmes qui
s’incarne au… présent, justement. Les deux temps de la respiration sont les
sources obligées, biologiques, de cette vie primaire que nous redécouvrons
alors. Il s’agit simplement de poser son attention sur sa respiration en
habitant le rythme de celle-ci dans l’instant. » Fermez le ban.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A l’énoncé de pareille révélation
magistrale, le visage de Jacques T s’éclaire soudain et se détend. « Je
comprends mieux alors les contraintes et le cadre imposés, mais avouez qu’ils
peuvent paraître raides et arbitraires vus de l’extérieur. Personnellement, je
suis d’un monde où les corps se débattent dans une drôle de chorégraphie
rythmée par les sons. Depuis que je contemple l’univers de mes semblables, j’en
ai décortiqué les aspects mécaniques, burlesques et fous à vrai dire. Cela a
commencé dès ma vie d’écolier passée au coin, à la place du cancre ! J’ai
pris une belle revanche en m’emparant <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>d’une
caméra pour filmer tout cela et témoigner des multiples lapsus des corps
vivants. C’est fou ce que l’on apprend en observant le monde s’agiter, vu
depuis la terrasse d’un café ! Nos chères carcasses évoluant dans la rue
sont capables de chorégraphies incroyables, dont leurs propriétaires ne
soupçonnent pas les étonnantes inventions ! Et là je vous rejoins :
nous sommes tous corps ! D’abord. » C’est au maître maintenant de se
dérider quelque peu. Son air rogue a fait place au sourire apaisant qui est la
marque de fabrique du bouddha tel que l’entend – cliché à l’appui – l’homme du
commun. Retour aux sources. Le climat s’apaise en même temps que le score s’égalise.
<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Méditants 1, Bouddha 1. Quelque chose – un échange ?
– est vraiment lancé.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">samus
</i>qui suivent s’organisent dans une ambiance plus légère. On peut assister à
des scènes détendues où les tâches les plus simples se déroulent naturellement,
sans effet de contrainte ni effort excessif. Un climat d’insouciance accompagne
ce paysage d’activités à la manière des « travaux et des jours » dépeints
par les livres d’heures médiévaux ou les Frères Breughel au cœur de leurs
décors saisonniers. On sent chacun normalement absorbé dans le travail qu’il a
choisi et les gestes requis pour le mener à bien. Chaque acteur s’entend à ne
rien forcer, demeurant lui-même au creux d’un instant fugace mais accepté comme
nécessaire. La vie va son rythme, tranquille, posé. Placide.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le plus libéré semble Jacques T. L’homme,
grand escogriffe dégingandé aux allures de héron, va de gauche, de droite,
comme dansant une valse-hésitation qui lui est propre. L’homme est un peu à
l’ouest, comme on dit. On l’imaginerait bien évoluer dans une architecture de
gratte-ciel glissant lentement sur des roulettes. Un paysage urbain qui
inspirerait enfin des gestes humains échappant à l’uniformisation quotidienne,
mécanique, de nos cités tentaculaires, pour redonner une identité, une
profondeur aux corps plongés dans ce magma broyeur. Imaginons des ballets de
danseuses en tutu figurant les chocs contraints des carcasses métalliques poussant
leur rumeur mécanique jusqu’à leur faire recouvrir notre humain murmure.
Déconstruisons nos cadres, semblent dire les larges mouvements du
cinéaste : ce n’est pas à l’architecture de changer l’individu, mais à
l’individu d’inventer les utopies qui le laisseront respirer ! En
attendant, poussons à bout nos visions rétro futuristes pour mieux dénicher
l’absurde et lui faire la peau : organisons le grand cirque des
embouteillages propres à faire revivre nos manèges d’enfance… Alors naîtra le
rire, « cette mécanique plaquée sur du vivant », selon le mot du
philosophe. Et, qui sait, peut-être pourrons-nous enfin recoller à la
matérialité de nos corps embarqués malgré eux dans une aventure qui les dépasse
trop souvent. De l’air ! De l’air ! crient tous les gestes du
funambule cinéphile.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comme animé par les vapeurs bienfaitrices
d’un gaz hilarant, Jacques poursuit ses vastes gestes décalés. Son corps
s’anime des mille convulsions propres à une machine folle qui s’absenterait,
enfin libérée de ses programmes et contraintes. Enivrante poésie d’objets
s’emparant de leur vie propre. Animisme et fluidité des courants cosmiques. Le
personnage du cinéaste, devenu entre-temps le meilleur acteur de son récit
intérieur, se dilate, se vaporise devant nos yeux ébahis par la puissance
d’images éclatant en gerbes. Métamorphose vitale du comique au cœur des choses
ordinaires.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le déjeuner rassemble des retraitants
fatigués physiquement et apaisés moralement. Les visages se détendent, les mets
s’apprécient dans un présent dont chacun a retrouvé la sobriété et l’épaisseur
à la fois. La méditation de l’après-midi s’engage dans un esprit calme,
studieux, concentré. Pour la premières fois, une ou deux personnes se laissent
aller à inventer leur propre variante à la courbette d’entrée dans le dojo. Impétrants,
oui ; pénitents, non. Une simple inclinaison de la tête ne pourvoit-elle
pas avec sobriété au respect dû à l’entrée dans un lieu de recueillement ?
Malléabilité des symboles pour une liberté retrouvée.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>De son côté, notre mentor semble avoir
retrouvé une assise digne de lui : stature et calme bercent ses
recommandations pour nous guider dans la chevauchée intime – et aux accents
néanmoins collectifs – de ce qu’il nomme « les vagues du souffle ». « Déployons
la vie de notre corps en pleine conscience » articule doucement sa voix
profonde. « Une conscience où l’intégralité de notre paysage corporel
commence à se faire jour, moment après moment. » Chacun est invité à
placer le domaine des sensations, des humeurs et des pensées sur le devant de
sa scène intérieure, à se faire attentif à leur flux s’écoulant d’ordinaire à
l’arrière plan, en coulisse. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et pour mieux apprivoiser encore ces mondes
aussi étranges que primitifs, le bouddha nous suggère de nous installer et de
demeurer sur la rive même du fleuve des pensées. « Laissez les pensées
individuelles être vues, connues, reconnues comme des pensées, comme des
événements mentaux, des apparitions, des sécrétions de l’esprit pensant
indépendantes de leur contenu et de leur charge émotionnelle. » Et la voix
poursuit : « Voyez toutes ces pensées fugaces comme des bulles, des
courants plutôt que des faits ou la vérité des choses. Peu importe leur
contenu, leur urgence, leur tendance à réapparaître, qu’elles soient désagréables
ou réjouissantes, voire neutres. Etendez la métaphore : envisagez toutes
ces pensées comme des nuages dans le ciel, des bulles remontant d’une marmite
d’eau bouillante ou des mots écrits sur l’eau, s’élevant sur le moment,
s’attardant très brièvement, puis se dissolvant pour retrouver leur caractère
informe original. Abordez leur contenu comme s’il était aussi important et
pertinent que ce que vous avez mangé il y a trois jours, par exemple. Et même
si l’une ou l’autre de ces pensées est particulièrement convaincante ou
puissante, laissez-la passer, voyez- la s’évanouir, comme les autres, dans le
flux qui s’écoule. Demeurez dans la conscience de l’apparition et de la
disparition des pensées, des intervalles entre elles, de la légèreté objective
du phénomène. Assis ici, juste dans l’instant. Dans l’instant juste. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Un silence éloquent plane dans le dojo.
Chacun paraît avoir saisi la pertinence de l’exercice comme la justesse de son
intention : rester assis là, dans le non agir. Sans rien de plus. « Juste
ceci », égraine simplement la voix. Le reste se noie dans une temporalité
qui se dissout, portant chaque méditant au creux d’un geste intérieur qu’il
tente d’apprivoiser au mieux pour lui-même, « en pleine attention à
l’instant ». Juste ceci et rien de plus. Pragmatisme et sobriété.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La remontée vers le temps des horloges a
lieu cette fois dans une lenteur que chaque conscience apprécie pour elle-même,
sans arrière-pensée ni sentiment d’urgence. Au diapason de l’exercice, le
bouddha délivre bientôt un coup de gong dont la résonance lénifiante va se
perdre en traînant dans les couches aériennes du dojo. Avant que corps et
visages ne s’éveillent à nouveau à la réalité du monde.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le maître nous retient alors dans le dojo,
nous proposant un moment de contemplation. Placé devant la grande baie vitrée
qui éclaire le fond de la salle, le groupe fixe ses regards sur la large
surface de verre qui ouvre sur une scène de nature banale : une haie
d’arbres s’agitant sous une brise légère. Nous sommes invités à regarder ce
paysage, puis à fermer les yeux un très court instant, à la manière d’un
appareil photo déclenchant son obturateur pour ne laisser entrer que la dose de
lumière nécessaire à l’impression de la pellicule – ou de la rétine. Les
clignements d’yeux se succèdent, évoquant une foule de touristes écarquillant
les mirettes face à l’une des sept merveilles du monde. Mais notre meneur de
jeu a une toute autre intention derrière la tête. « Qu’avez-vous
vu ? », nous questionne-t-il tout de go. Un silence lui répond :
celui, gêné ou inquiet, d’un auditoire se méfiant des dédales où on veut
l’entraîner. Sentant son groupe désemparé, la voix reprend l’exercice, insiste
avec douceur mais obstination. Et peu à peu se dégagent des réponses où la
sensation fait naître l’étonnement, où le souci du détail percé à jour laisse
place à des impressions toutes neuves, comme des évidences, des lois
universelles qui vous auraient échappé et vous rattraperaient
brusquement : on n’avait rien compris jusque là, et voilà que subitement
le monde s’éclaire de lampions tout neufs, prêts à illuminer nos pauvres
petites jugeotes. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Nous venons ni plus ni moins de découvrir
l’accès aux règles de la contemplation ! La voix du maître complète :
« Vous venez d’apprendre à voir sans regarder. Ce sous-bois qui palpite
dans la brise peut rester un moment dans votre regard sans que ce dernier ne
l’épluche en détail. C’est sa masse verdoyante, ondoyante, qui vous apparaît
alors, et cela peut suffire à réveiller dans votre conscience l’acte simple,
primitif, de contempler ce qui est là, sous vos yeux, sans faire l’effort de le
nommer, d’en lister les traits précis, multiples, de faire des liens, des
rapprochements connus, ou de convoquer des souvenirs, des savoirs culturels,
des sensations ou des préférences. Juste le voir. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les yeux épatés des primo-contemplatifs en
disent long sur la découverte qui vient d’avoir lieu en direct du dojo !
Pas de doute, l’exercice valait l’effort consenti. Notre bouddha a du mal à
contenir sa satisfaction : encore un coup asséné à son ego ! Mais
celui-là, on le lui pardonne bien volontiers.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/KeM_dDSGDNE/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/KeM_dDSGDNE?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p></o:p></span> </div>
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Reprendre l’exercice. Encore et encore.
C’est dans cet état d’esprit obstiné que s’ouvre pour nous le troisième jour de
retraite méditative. « Je suis corps » est le mot d’ordre qui revient
le plus dans la bouche de notre mentor. « Connais-toi toi-même à
l’instant » vient compléter une injonction qui n’a rien d’évident au
premier abord. Mais l’exercice du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">kinhin</i>,
marche méditative, prend maintenant une ampleur renouvelée. Chaque pas compte
dans nos tâtonnements vers la connaissance, et la pratique appliquée du rituel
apporte à chacun l’occasion d’approcher un peu plus ce geste intérieur que nous
sentons maintenant à portée d’attitude. Les corps semblent s’accorder au cours
de cette marche lente où chaque geste est mesuré, soupesé, pensé. Compris. On
évoque aisément la marche féline du chat faisant naturellement patte de
velours, présent dans chacun de ses muscles, même sans intention aucune : <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>la vision évoquée de l’animal pleinement dans
son geste réveille en nous l’animal qui sommeille. Vive la pensée si elle ne me
coupe pas de mon animalité ! <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La chenille qui redémarre s’est muée en
vraie caravane humaine empreinte de la dignité qui vous élève, vous redresse.
Il me trotte dans la tête la petite musique du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Caravan </i>de Duke Ellington. Bien sûr, certaines épaules sont encore
tendues, certains pieds flottent, hésitent, saccadent. Mais il règne dans le
dojo une ambiance imprégnée d’intériorité qui augure d’une adhésion authentique
à la pratique proposée. La station debout et le déplacement souple de la marche
ne sont-ils pas les signes les plus ancrés, les plus évidents, de notre
humanité ? Se mettre en position de se les réapproprier dans une forme de
lenteur étudiée n’est-il pas la manière la plus simple d’un utile et précieux
retour aux sources ? Sieur bouddha apporte là une preuve supplémentaire de
la pertinence de son initiation.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pas question en tout cas de se laisser aller
à fredonner nos rengaines d’enfance, du style : « La meilleure façon
d’marcher, c’est encore la nôtre, c’est de mettre un pied d’vant l’autre et
d’recommencer ! ». Justement non. Oubliés nos premiers pas enfantins
(à coup sûr !). Lâchées nos marches habituelles, nos arpentages urbains
d’un point à un autre, nos piétinades ordinaires dans les transports
collectifs, nos attentes fiévreuses exécutées dans de pittoresques danses de
Saint Guy d’un pied sur l’autre… Non, rien de tout cela ici. Chaque pas doit
être le premier, en avoir la saveur, le goût de l’exploration unique, sans
copie possible. Tout ambulantes qu’elles puissent être, nos statures se doivent
de garder une assise, une permanence dans la tenue qui signe notre présence à
nous-même. Rien de moins !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bien sûr, quelque accident n’est jamais à
exclure. Lorsqu’un élément de la caravane flanche dans sa régularité, c’est l’équilibre
de tout le convoi qui s’en trouve remis en cause. Voilà justement qu’un membre
de la file s’empêtre, s’emmêle les pinceaux, et c’est l’incident. Tout à sa
concentration méditative, la file animée poursuit son chemin sans se laisser
impressionner. Mais à l’arrivée, le décalage produit se fait sentir. A petites
causes, grands effets : le retour de chaque élément à sa place d’origine
nécessite parfois un tour supplémentaire de dojo, ce dont certains se passent
volontiers, regagnant leur base en marche arrière et en ordre dispersé. Un mini
chaos s’ensuit, semblable à ces mouvements de foule que nul ne maîtrise plus.
Advienne que peut. Brusquement sourcilleux, le patron assiste en direct à la
survenue d’un os dans sa belle mécanique. Hasard et nécessité remettent une
nouvelle fois à leur place les ego les mieux dimensionnés. La perfection n’est
pas à l’ordre du jour. Pas cette fois en tout cas. Eternelle leçon toujours
d’actualité. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Sire bouddha compte bien sur l’heure
d’enseignement qui suit pour se refaire une auréole toute neuve. Aussi sa
première intervention s’exprime-t-elle sous forme de question boomerang lancée
au groupe à l’écoute : « Quoi pourrait me tourmenter, dans l’instant
présent ? » Question à laquelle il répond lui-même, en orateur
rompu : « le mental ». Evoquant le moment présent et l’espace
vécu, le maître ajoute que toute crispation – prononcé « crise-passion »
– de ce côté-là entrave la respiration, empêchant la « signature de
l’être ». Rien de moins. Qu’ajouter à une telle concision ? La petite
assemblée se tient coite, confondue devant pareille maestria. Notre sachem
dispose décidément de belles réserves !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais notre petite assemblée dispose elle
aussi de ressources méritoires autant qu’inattendues. Se passant de toute
permission préalable – l’expérience récente a prouvé que ce n’était ni utile ni
nécessaire – un méditant prend la parole. C’est un homme de petite taille, râblé,
l’œil vif, pourvu d’une fine barbichette taillée en pointe qui lui donne un air
de scientifique avisé, attentif. « Gaston B », se présente-t-il avec
un accent de terroir prononcé. « Je suis scientifique et philosophe. J’ai
beaucoup écrit sur les quatre éléments, et je trouve dans la démarche proposée
ici des échos à la mienne propre. « Que tout corps devienne danseur, tout
esprit oiseau… » : cette parole de mon collègue Friedrich N résonne
fort avec la philosophie de vos exercices. L’acte de respiration rejoint ma
vision du vent et des forces ascensionnelles que l’air apporte à notre être
respirant. L’arbre aussi nous offre cette dimension verticalisante propre à
l’assise méditative : profondément enraciné dans la terre, sa tête s’élève
en cherchant l’aérienne canopée. Ne voilà-t-il pas résumés en quelques représentations
fécondes les deux mouvements anthropologiques de l’être : monter et
descendre ? »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Visiblement satisfait de la pertinence de
l’intervention, le bouddha acquiesce d’une<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>légère moue approbative. Gaston B poursuit : « A l’image de
l’oiseau et de l’arbre, nous nous gorgeons de cet air alentour sans en être
conscients, tant nos respirations sont devenues mécaniques, insensibles. Sans
savoir vraiment qu’apprendre à bien respirer est bon pour notre santé :
aussi est-il juste de dire que notre vie dépend de cet élément aussi précieux
qu’invisible. Se rendre aérien, c’est se rendre disponible aux images poétiques
à la source d’une éthique de l’air : l’arbre est le seul être vertical
avec l’homme. Il est la preuve vivante qu’on ne peut s’élever sans être littéralement
enraciné. Une vraie poésie se niche au cœur de ce paradoxe : plus on va
profond, plus on s’élève ! »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Toujours en alerte, notre maestro choisit ce
moment pour rebondir comme un culbuto : « Tenir une posture droite et
digne est en effet à la base des exercices que je vous propose : il s’agit
de vivre ici notre verticalité. De même que face à une nouvelle douloureuse, on
dit que l’on en tombe d’accablement, de même il faut apprendre à se redresser à
chaque fois dans nos vies quotidiennes. Cette démarche de l’esprit est à la
base de la méditation zen. » <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Gaston B renchérit : « Notre
capacité à nous laisser aller à la rêverie peut nourrir les exercices de
méditation que vous placez au centre de votre formation. N’offre-t-elle pas
matière à ce silence profond qui nous fait habiter notre intériorité ? Les
poètes aussi sont des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">silenciaires</i>
qui savent faire chanter les images. La poésie est une joie du souffle. Au cœur
des œuvres nichent des mouvements intérieurs spontanés qui savent toucher à
chaque fois notre universalité. Mouvement de l’imaginaire et vision du
mouvement. Au cœur de nos silences. » <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et bouddha de rebondir aussitôt : « Le
ciel, c’est le donné, le fond sur lequel se réalisent toutes les actions du
corps vivant : marcher, entendre, voir, sentir… Dans nos existences, le
vital précède le mental : le tout jeune bébé ne se pose pas de
question : comme l’animal, il ne vit que son corps, suivant en cela le
programme du disque génétique qui l’a précédé ! Ce n’est que bien après,
rompu aux rites et codes de son entourage, qu’il se met à jouer de sa corde
narcissique. Depuis son être essentiel, naturel, le voici bientôt qui bascule
dans son moi existentiel, qui s’inscrit dans la volupté des tourments propres à
l’ego. Une sorte de piège se referme sur lui, et ne se démentira plus… sauf à
conserver les traces de sa vie primitive. L’enfance demeure un paradis toujours
neuf et regretté où l’esprit et le corps vivent une harmonie qu’ils ne
retrouveront jamais complètement. Ci-gisent les clés de <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>la nostalgie de l’enfance ! » <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Qu’ajouter à cela ?... Sinon que l’air
nous manque, justement !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p> </o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
</o:p><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Voyez quel est votre détermination,
ce matin, à vous accorder du temps. Adoptez la position assise dans la posture
d’une montagne. La plus belle des montagnes que vous connaissiez. Vous en
admirez les bases larges, solides, immobiles. Les flancs aux aspects
changeants : forêts, alpages, roches et glaciers, crevasses. Les points
aériens : corniches, arêtes, sommets arrondis, escarpés, pointus. Voyez si
vous pouvez coïncider avec cette montagne. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Son Eminence nous la bâille belle. Une
montagne, carrément ! Il n’y va pas avec le dos de la cuiller ! Et
quid de l’ego dans l’exercice ? Il va prendre un sacré coup d’ascenseur,
le bougre ! <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Imperturbable, la voix poursuit : «
Cette montagne traverse les saisons : chaleurs torrides de l’été, rigueur
du gel hivernal et des vents glacés, couleurs verdoyantes et eaux vives du
printemps, tonalités de feu propres à l’automne. Toutes les météos possibles
peuvent la traverser : elle demeure, imperturbable dans son assise. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Je le vois venir, le boss : la montagne
tient le coup, à vous d’en faire autant dans toutes les circonstances de votre
existence ! Si dit, si fait. Mon choix se porte sur les pentes – plutôt
neutres – du Mont Fuji : ce grand terril volcanique et lointain où coulent
en bavant quelques traînées de neige. Rien d’exceptionnel : mon ego a
toutes les chances de s’en tirer pas trop affecté, et peut-être même
indemne !<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et puis on n’est pas loin
des sources asiatiques du bouddhisme (fayot, va !). Double avantage donc.
Identification – intégration, plutôt – en marche. Vers une neutralité
bienveillante, rien de moins.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dans le dojo, on entendrait une mouche
respirer. Chacun est aux prises avec sa bosse préférée ; l’exercice est
ardu, au moins autant qu’une vraie randonnée sur pentes abruptes, pour des
marcheurs parfaitement… immobiles : on croit rêver !. Dans les deux
cas, c’est la respiration qui décide de la réussite de l’exercice, pas le
dénivelé. Je ne manque pas d’air, alors j’y vais franco. Inspiration,
expiration se succèdent selon un rythme régulier qui n’est pas sans me rappeler
la pratique de la brasse coulée : nez en surface et caboche entre deux
eaux alternent suivant le même mode binaire. Chaque brasse se suffit à
elle-même, à la fois complètement identique à la précédente et – sans doute à
la suivante ! Pourtant aucune n’est rigoureusement la même. L’impression
de rythme naît autant du soin apporté à chaque temps que de celui accordé à
l’ensemble de l’exercice. La méditation ? Affaire de tempo, somme toute.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ayant émergé de nos explorations diverses,
nous voici revenus à la surface. Ponctuel comme un gong, le bouddha vient de
faire claquer ses baguettes de bambou. Fin de l’exercice. Et retour aux vertus
de l’enseignement.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Sa Certitude prend la parole sur le ton de
la confidence : « J’ai vu tout à l’heure toutes sortes de montagnes,
dont certaines étaient atteintes d’une déformation centrale : les épaules y
étaient levées, tendues exagérément. Leurs propriétaires me faisaient l’effet
d’êtres plutôt souffrants, largués malgré eux au pays de l’humaine
condition. » Les regards accablés de certains en disent long sur la
remarque, confirmant les allégations du grand sachem, qui poursuit : «
C’est là le signe d’un manque de confiance dans l’homme entier, et de son
corrélat : le besoin fondamental de sécurité. L’être ne peut s’accomplir
dans les actions du corps que dans la mesure où celui-ci est libéré des
contraintes du moi et de l’ego qui nous taraudent sans cesse au cœur du monde
où nous évoluons. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« A nous d’accepter les im-per-ma-nences
du monde. « Impermanence », le mot ne figure peut-être même pas dans
un bon dictionnaire ! Pourtant, il décrit à la fois l’insatisfaction qui
niche dans nos imperfections… et la promesse d’en sortir un jour : le
pendant et l’après, donc ; la cause et son effet souhaité ; la
finitude et l’évolution. Alors, dans la foulée, le bouddha recommande-t-il de
réciter chaque jour les cinq remémorations ci-après :<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm 1pt 29.25pt; mso-list: l0 level1 lfo1; tab-stops: list 29.25pt; text-align: justify; text-indent: -18pt;">
<!--[if !supportLists]--><span style="font-family: "garamond"; mso-bidi-font-family: Garamond; mso-fareast-font-family: Garamond;"><span style="mso-list: Ignore;"><span style="font-size: small;"></span></span></span><br />
<span style="font-family: "garamond"; mso-bidi-font-family: Garamond; mso-fareast-font-family: Garamond;"><span style="mso-list: Ignore;"><span style="font-size: small;">-</span><span style="font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font: 7pt/normal "Times New Roman";">
</span></span></span><!--[endif]--><span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="font-size: small;">Il est dans ma nature de vieillir, il est
impossible d’échapper à la vieillesse.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><span style="font-family: "garamond"; mso-bidi-font-family: Garamond; mso-fareast-font-family: Garamond;"><span style="mso-list: Ignore;"><span style="font-size: small;"> -</span><span style="font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font: 7pt/normal "Times New Roman";">
</span></span></span><!--[endif]--><span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="font-size: small;">Il est dans ma nature d’être malade, il est
impossible d’échapper à la maladie.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><span style="font-family: "garamond"; mso-bidi-font-family: Garamond; mso-fareast-font-family: Garamond;"><span style="mso-list: Ignore;"><span style="font-size: small;"> -</span><span style="font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font: 7pt/normal "Times New Roman";">
</span></span></span><!--[endif]--><span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="font-size: small;">Il est dans ma nature de mourir, il est impossible
d’échapper à la mort.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><span style="font-family: "garamond"; mso-bidi-font-family: Garamond; mso-fareast-font-family: Garamond;"><span style="mso-list: Ignore;"><span style="font-size: small;"> -</span><span style="font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font: 7pt/normal "Times New Roman";"> </span></span></span><!--[endif]--><span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="font-size: small;">Tout ce qui m’est cher et tous ceux que j’aime ont
pour nature de changer. Il est impossible d’échapper à la séparation d’avec
ceux que l’on aime.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-list: Ignore;"> -<span style="font-size-adjust: none; font-stretch: normal; font: 7pt/normal "Times New Roman";">
</span></span></span><!--[endif]--><span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="font-size: small;">Mes actions sont mes vraies possessions. Je ne peux
échapper aux conséquences de mes actions. »</span></span><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><br />
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Si Dieu le veut, donc. Dixit le maestro et
circulez ! Le silence qui suit tient plus d’une marmite de plomb fondu
balancée du haut d’une muraille médiévale que de l’aération céleste qui nous
tenait jusque là en extase. Comme si notre barreur bien-aimé venait de nous <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>asséner une volée de bambou en travers du
visage. Ou carrément de nous planter un couteau entre les deux omoplates.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Sa Majesté Inspirée croit d’ailleurs bon
d’enfoncer le clou en ajoutant : « Vous préféreriez sans doute que je
brosse vos préjugés dans le sens du poil ! Comme tous ces politiques
véreux que vous élisez sur des promesses factices qui s’avéreront comme autant
de mensonges au cours de leur mandat ! Décidément non ! L’une des
puissances de l’être réside dans la lucidité : ce qui est est, ce qui doit
être doit être. Il ne sert à rien d’envisager les choses autrement que ce
qu’elles sont. Telle est au fond la synthèse des cinq remémorations. » <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Qu’ajouter à pareille démonstration ?
Qu’y opposer comme parade ? Il nous faudrait du lourd, du très lourd.
Celui-ci se présente pourtant dans la personne d’Arthur R, poète rebelle devant
l’Eternel. L’homme porte la marque d’une jeunesse sans âge, le regard clair et
droit, la voix cinglante, la tenue provocante. Le voici qui se met à raconter
comment l’esprit de la poésie lui est venu, très jeune, et par réaction à
l’univers de ses origines. Très vite, il nous semble inscrire ses pas dans ceux
de Gaston B, dont le témoignage de la veille est encore vif dans nos esprits.
« Fuyez ce monde avant qu’il ne vous étouffe ! », semblent crier
ses grands yeux craintifs comme ceux d’un animal traqué. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« La poésie a été pour moi un vrai
ballon d’ai pur lorsque, gamin, j’errais dans les rues de ma petite cité triste
et lugubre. J’ai compris très vite qu’il me fallait échapper à tout prix à la
misérable existence qui m’attendait si je continuais à être conforme à ce qu’on
attendait de moi, aux projets de l’autre sur moi. C’est alors que, très vite,
j’ai laissé grandir à l’intérieur ce monde de sensations qui m’a toujours été
familier. Mon imaginaire s’est porté à la rencontre du réel tel que je le
voyais alors, et j’ai tenté d’en exprimer l’essence à travers mes propres mots.
Un peu comme si j’écumais mon univers familier de sa substance vitale pour en
livrer les secrets les plus profonds, bien au-delà des apparences. Ainsi, je
trouvai les mots pour partager les sensations nées de la rencontre de
vieillards dans un asile, tels qu’il en existait encore à mon époque. Je
n’étais encore que lycéen. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p> </o:p></span><span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">« …Ces
vieillards ont toujours fait tresse avec leurs sièges,<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="font-size: small;"> Sentant
les soleils vifs percaliser leur peau,<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Ou, les
yeux à la vitre où se fanent les neiges,<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="font-size: small;"> Tremblant du tremblement douloureux du crapaud. »</span></span><span style="font-family: "garamond"; mso-bidi-font-family: Arial;"><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="font-size: small;"></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="font-size: small;"> « Et les Assis, genoux aux dents, verts
pianistes,</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"> </span><span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les dix
doigts sous leur siège aux rumeurs de tambours,</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"> </span></span><span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="font-size: small;">S’écoutent clapoter des barcarolles tristes,<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><span style="font-family: "segoe ui symbol"; mso-bidi-font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Et leurs
caboches vont dans des roulis d’amour… » <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p> </o:p></span><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« On m’a pris pour un ange en exil sur
terre, hésitant à m’attribuer les palmes d’un génie… du bien ou du mal !
J’ai fugué, joué le mauvais garçon, le révolté, l’anarchiste, scandalisant par
ma tenue et ma conduite. Mais j’ai existé ! »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Messire bouddha semble secoué par ce
témoignage, mais à notre grande surprise, il n’y réagit pas négativement. Et
s’adressant à notre poète du moment : « En vous, l’enfant a su
résister à ce que lui imposaient des forces adultes prêtes à le normaliser, et à
phagocyter ses forces vives. Vous êtes demeuré en grande partie cet enfant
originel, vous en avez gardé la fraîcheur et la volonté de puissance qui animent
les êtres neufs. Les poètes s’inscrivent toujours à la marge de notre monde,
assurant un lien entre existence et essence. C’est leur force. » </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p><span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">« Tout est déjà là … », lâche,
saugrenu, Son Assise Impeccable, ce matin-là. Le silence qui suit est lourd des
promesses annonciatrices de vérités révélées. Quel nouvel avatar un tel slogan
martelé peut-il bien cacher ? Nous n’en menons pas large, les uns et les
autres ! <o:p></o:p></span>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le moment de surprise passé, messire bouddha
s’apprête à en dire davantage, laissant planer un sourire bonasse, tout comblé
de son petit effet. Le bougre n’a pas son pareil pour distiller ses petites
flèches comme autant de dards prêts à nous émoustiller. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« … Et donc rien à espérer »,
complète chacun en contrepoint du bon mot du maître. Mais comme pour nous
contredire, celui-ci prolonge : « Tout est en vous à ce moment
présent ! Il suffit juste de l’amener à la conscience. » D’abord
désarmés par tant d’évidence, les visages se guettent, médusés. Il fallait y
penser.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le temps de nous caler sur nos respirations
désormais bien rôdées et nous voilà repartis dans un voyage intérieur aux
destinations improbables. « Songez à l’épaisseur incroyable de vos vies en
cet instant », poursuit lentement le bouddha, « … Tout est là, à vous
de pénétrer dans cet univers qui est le vôtre, et près duquel vous n’existez
souvent que de façon parallèle … Faites de vos corps des alliés dans cette
approche où chaque pensée, chaque émotion peut être vue et connue pour ce
qu’elle est. Pas plus, pas moins. Laissez exister toutes ces apparitions
minuscules et fugaces et regardez-les s’évaporer et crever comme autant de
bulles au-dessus d’une grande marmite de pleine conscience ! Voilà, vous y
êtes ! »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Un silence éloquent envahit le dojo,
permettant aux méditants de tenter une incursion dans l’exercice. Chacun paraît
plongé dans le mystère de son brouet personnel, s’efforçant d’en extraire le
fumet le plus subtil. Les petits cinémas intimes vont bon train dans ce jeu de
représentations mentales et de sensations associées. Les visuels évoquent sans
doute des images, des fantasmes ; les verbaux se racontent leurs petites
histoires ; tous sont en contact avec leur monde intérieur… Cela se voit,
cela se sent. Sire bouddha ne cache pas son contentement. L’exercice présente
tous les échos favorables d’une réussite en cours.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pourtant, quelques signes d’impatience se
font jour, ici ou là. Et comme souvent pour une pratique qui exige silence et
concentration, c’est à travers l’agitation visuelle ou sonore que se perçoivent
les gênes des uns ou des autres. Nul doute que la séance d’enseignement qui va
suivre vaudra son pesant de surprises !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Doué du sixième sens capable de déminer les
situations les plus électriques, le grand manitou a senti monter la mayonnaise.
Le voilà qui arbore son air le plus patelin pour signifier que chacun va son
rythme et que la marmite de l’un n’est pas celle de l’autre ! Laissez
mijoter et vous verrez bien ce qu’il en sortira ! Patience donc, et
répétition de l’exercice sont de mise pour être en phase avec le très haut
message !...<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Mais qu’est-ce que c’est que cette
soupe populaire ?!... », attaque bille en tête un personnage qui se
présente sous le nom – faut-il dire le « râble » ? – de Tonio <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>l’Argoteur. Beau mec, verbe haut en couleur et
moustache frisée, l’homme se veut le contempteur farouche de tous les baratins
intellectuels, prétendant que le langage de base, propre au populaire, est le
seul valable, pour cette raison simple qu’il permet au plus grand nombre de se
faire comprendre. Et de conclure – provisoirement, on aura compris – qu’il n’a
pas eu son compte dans cette séquence des marmites.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voilà notre bouddha bien embarrassé. Autant
notre guide plane à l’aise dans les hautes sphères de l’esprit, autant il se
sait perdre pied dès qu’il s’agit de prendre la température de la base. Le « popu »,
c’est pas son truc, quoi ! <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le temps suspend son vol, se gardant bien de
prendre un parti immédiat au débat. N’empêche que les silences qui s’attardent
laissent présager quelques échanges musclés de part et d’autre.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Adepte de la méthode selon laquelle la
meilleure défense c’est encore l’attaque,<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Pépère prend son ton le plus suave pour rappeler l’universelle portée de
la démarche zen. Et ce n’est surtout pas parce qu’il la tient d’un aristo
prussien qu’icelle doit être suspectée comme la crème des systèmes propre à
bannir le commun des apprentis méditants ! Tout juste s’il ne termine pas
son petit laïus par un vibrant « Vive la Commune ! »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La réaction du susnommé Toni est fulgurante.
Elle prend la forme d’un torrent d’imprécations. Une avalanche d’interjections
débitées à la vitesse d’une mitrailleuse. Un flot impétueux de rogne et de
grogne s'abat sur sa majesté qui fait le dos rond. Les vannes de la bienséance
ont tôt fait de sauter. Avec un client pareil, il va falloir que notre cher
mentor creuse allègrement ses ressources pour rester dans ses gonds.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Désolé de dire à Votre Inconséquence
que je ne comprends derche à ses propos. La vérité, c’est que vous êtes infichu
de parler comme tout le monde ! Quant à ma marmite, elle déborde tout
bonnement ! »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et, prenant à témoin la salle médusée :
« Vous allez rire les gars, mais ça me démange de baffer ce gonze joufflu
et fessu ! Epastrouillant, non ?!... »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le bonze susnommé ne se démonte pas : « Allons,
mon ami, je comprends votre impatience, mais un zeste de lâcher prise permet
souvent d’appréhender les vérités les plus abruptes. Si vous alliez plutôt
faire quelques pas dehors ? Cela vous ferait <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>sans doute le plus grand bien. Les bonnes
idées sont celles qui viennent en marchant : dixit le philosophe. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Ecoutez-le ! Voilà qu’il me vire
comme un malpropre, moi, un mec réputé, respecté par tous ! Pas étonnant
qu’elle ait déjà eu lieu la fin du monde, et depuis lurette, avec des gonziers
de votre espèce ! Non mais regardez-vous avec votre œil paterne de busard
perché. Votre jeu patouilleur des marmites branlantes a dû en estourbir plus
d’un. Mais moi j’vous l’dis, vos délires m’escagassent la cérébrance !
Vous avez beau vous composer ce masque de souverain poncif, ça ne trompe personne !
A force de vous enfoncer dans l’occulte, vous allez vous fourrer<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>le doigt dans l’œil jusqu’au
corgnolon ! » <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les visages des impétrants méditants se
tournent les uns vers les autres, visiblement habités par la même et unique
question : l’ego du dabe va-t-il tenir le choc face à une telle
provocation ? Cet ego dont il nous rebat les oreilles depuis le début,
objet de tous nos affres selon lui. Comment laisser impuni un tel défi exprimé
dans une colère noire et en des termes si peu corrects ?!...<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La face rondouillarde du maître a soudain
blêmi, ses yeux se sont embrumés d’un voile de tristesse, l’arc des lèvres a
perdu de sa géométrie sereine : pas de doute, il <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>est atteint. Pour autant, sa réaction est
sibylline, sans excès, métaphorique en diable.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Sur l’espace d’un échiquier,
reproche-t-on à une pièce de n’être que ce qu’elle est ? Le pion s’avance
en soldat protecteur, le cavalier exécute ses gambades extravagantes, la tour
balaie ses verticales sans état d’âme, le fou joue les diagonales de son
délire, tout cela sous le regard souvent peu concerné du roi et de sa dame. A
vous de choisir dans quelle peau vous vous sentez le mieux ! C’est aussi
simple que cela. » <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’ami Tonio fulmine, cherchant en vain
l’usage immédiat qu’il pourrait bien faire de cette répartie échiquéenne. Comme
rien ne lui vient, il décide de botter en touche en s’expulsant lui-même des
lieux infâmes de son mal-être. Il sort résolument, tête haute, sans un regard
pour son altesse qui a visiblement marqué un point dans la maîtrise du jeu,
mais n’en est pas rassurée pour autant ! L’exercice proposé n’a-t-il pas
donné lieu à une formidable décharge d’adrénaline, de celles qu’il redoute
justement, car elles déstabilisent son travail aux yeux de tous… et le
remettent peut-être un peu en question lui-même. Chacun a joué sur son
registre : match nul sur toute la ligne !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais un chouïa d’électricité flotte dans
l’air du dojo.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
</o:p><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/i7m8DRtx_Xc/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/i7m8DRtx_Xc?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">Plus
rien ne sera jamais comme avant dans notre petit groupe d’apprentis méditants. L’orage
s’est abattu sur le pays du bouddha tranquille ! Comme si un ressort
s’était cassé au creux de la belle mécanique intime proposée jusque là dans le
dojo. La violence des paroles prononcées plane encore dans l’air lorsque nous
reprenons l’exercice sous la direction de notre guide familier. Mais le cœur
n’y est pas vraiment.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Juste ceci », propose à nouveau sobrement
une voix redevenue calme après la tempête. « Demeurons quelques instants
dans un état de simplicité naturelle, sans attente, l’esprit vide de pensées et
d’émotions » poursuit-elle. « Rien n’est à attendre de plus, car tout
est déjà là » répète-t-elle encore, d’un ton qui hésite entre méthode Coué
et force de conviction. « Et si le flux des idées, des inquiétudes ou des
projets vous assaille à nouveau, ne le chassez pas, mais laissez-vous plutôt glisser
hors de la vague, adoptant la position privilégiée d’un observateur sur la berge
du fleuve, pour mieux apprécier ce flot en le contemplant dans son écoulement
naturel. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Tonio, étiqueté désormais par tous comme
personnage impulsif et sulfureux, a regagné sa place et repris l’exercice comme
si de rien n’était. Le bouddha poursuit : « Nos pensées et nos
émotions sont des constructions cérébrales qui possèdent l’immense pouvoir de
conditionner nos esprits et d’aliéner nos réactions. Et faute de comprendre ces
constructions de l’esprit, nous devenons étrangers à nous-même à notre insu. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Une qualité de silence éloquent habite
l’espace, accompagnant les paroles ajustées du maître. Chacun sent confusément
qu’il tient là une clé pour comprendre sa mécanique intérieure. La séance se
poursuit dans le silence et une forme de recueillement qui confirment que le
message est passé. L’enseignement qui suit se ressent de ce climat de sérénité
regagné par tous. Le grand timonier <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>en
profite pour enfoncer le clou. « N’hésitons pas, mes amis, à démasquer
l’imposture de l’ego. Non, nous ne sommes pas cette colère, cette frustration
ou ce désespoir exprimés ! Permettons à notre conscience, la vraie,
d’observer les mouvements divers qui la traversent à l’image de phénomènes
météo qui passent et s’évanouissent comme ils sont venus. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>C’est ce moment où l’apaisement ressenti se
confirme que choisit pour intervenir un retraitant du nom de René G. Grande
carcasse, accent méditerranéen, débit de voix calme et affable, l’homme se
présente comme anthropologue et chercheur. Revenant sur le moment de crise qui
a éclaté au cœur du dojo, il invite notre petit groupe à réfléchir sur le thème
du désir. Selon lui, ce moi, cet ego que nous traquons – tout en étant bien
obligés de nous en accommoder – fluctue selon chacun et sur le mode d’une
contagion de nos désirs, ces tensions issues de nos manques, et qu’il nous faut
nous efforcer de réduire pour nous sentir mieux. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Citant Platon dans son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Banquet</i>, René G précise que l’on ne désire le plus souvent que ce
dont on manque, et que cette envie simple et massive ne fait jamais que copier
à notre insu d’autres envies toutes proches, exprimées par nos voisins, dans un
jaillissement qui n’a de spontané que l’apparence. Autrement dit, nous ne
faisons que désirer ce que nos alter ego convoitent eux aussi dans le même temps !
Tous ces désirs identiques et rivaux créent une violence mimétique généralisée
d’où émergent les contradictions du moi, les excès de l’ego. Ainsi, chaque
modèle devient le disciple du modèle d’à côté, choisi par lui, et qui ne peut
se développer que dans une aimantation néfaste, une concurrence effrénée !
Nous ne voulons jamais que ce que les autres possèdent déjà. D’où ce furieux
bal des ego joué dans un chacun pour soi absolu ! »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Ce phénomène est vieux comme le
monde », ajoute René G. « Qui ne se souvient de la rivalité à mort
des frères Caïn et Abel dans la Bible, chacun voulant s’attirer pour lui seul
les bonnes grâces de Dieu. Une rivalité qui tournera au meurtre ! » « Et
plus encore, ce mécanisme trouve une confirmation contemporaine dans les
neurosciences qui viennent de découvrir au cœur de nos cerveaux l’existence des
neurones-miroirs : le même désir active chez tous des zones identiques de
l’imagerie cérébrale ! Preuve irréfutable du phénomène mimétique. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La limpidité des observations de René ont
visiblement un impact sur notre petite équipe dont les visages attentifs se
sont éclairés au fil du raisonnement. Sieur bouddha lui-même semble avoir pris
la mesure des nouveautés mises au jour ! Oui, tout cela n’est pas piqué
des vers, comme pourrait le dire l’ami Tonio. Ce dernier ne bouge plus, visage
impassible, sidéré par ce qu’il vient d’entendre… sans tout à fait en
comprendre les tenants et aboutissants. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Un troisième personnage entre alors en
scène, se présentant sous le nom de Candido. « Si je vous comprends bien,
nous sommes tous dotés de trois cerveaux, pas moins ! Le premier,
rationnel, cognitif, se charge d’emmagasiner les connaissances, le second
engrange nos émotions, nos sentiments, et quant au troisième… il est capable
d’impulser toutes les réactions possibles et imaginables vers l’extérieur. Du
rejet – jalousie et fureur mimétiques – à l’apaisement dans notre rapport à
l’autre. Soit je me colle furieusement à l’ombre de mon alter ego et je le vois
comme un rival, un obstacle à mon désir. Soit je dépasse cette concurrence
mortifère et je mets cet autre à distance de mon désir en reconnaissant son
altérité, dans un effort de normalité, de reconnaissance, de sagesse. Homo <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sapiens</i> contre homo <i style="mso-bidi-font-style: normal;">demens </i>: un vrai défi à relever dont dépendent,
individuellement et collectivement, tous les rapports humains. Et, au-delà,
notre avenir à tous ! »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Notre Candide de service a parfaitement
résumé la situation : la moue approbative du bouddha est éloquente. Et
celui-ci, retrouvant son rôle d’initiateur, s’apprête à dresser une synthèse
des récentes interventions. Il ne manque pas – cohérence oblige – de revenir
aux sources de la séance matinale dans le dojo. L’image d’une conscience
dédoublée se regardant elle-même comme dans un miroir est à nouveau convoquée,
ainsi que les ruminations de l’ego, assistant – mais de plus loin cette fois –
au flux continuel des pensées et des émotions. C’est tout notre travail de
méditants depuis le début qui s’en trouve éclairé et enrichi. Le bouddha évite
pour autant de crier victoire : cela serait contre-productif, laissant
entendre que la réflexion sur l’ego renforce toujours… l’ego ! Un circuit
sans fin ! Alors profil bas, il arbore plutôt la mine humble et pateline
du bonze concentré quoi qu’il advienne ! D’autant qu’il n’oublie pas le
ton directif, devenu blâmable entre-temps, <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>qu’il a impulsé au groupe dès le départ. Pas
fou, l’apôtre !...<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>C’est ce moment entredeux que choisit Tonio
pour sortir de sa torpeur. « C’est bien gentil tout ça, mais je ne pige
que couic à vos cérébrances. Tout ça me navre et je me demande si je vais
continuer à mettre mes piastres dans vos séances. Je me sens comme un cérébral
plein de dadas et de tocades à ne plus savoir où les fourrer. Alors je n’ai pas
besoin de l’absolution du taulier pour me faire la belle si j’en ai
envie ! A vous de me persuader de rester quand même !... »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Candido intervient à nouveau. «
Oui, il me semble que je sens ce que veut dire Tonio. La vraie gifle ressentie
n’est jamais loin de la leçon administrée en vue de briser nos ego
rétifs ! Voilà un prix cher à payer ! Et la méthode est-elle bien la
bonne ?... D’accord pour la tenue et le geste « justes », mais
quid de la volonté du maître de briser toute manifestation de non-conformité
avec la ligne imposée ? »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Et puis méditation
« laïque », disiez-vous, alors que chacun doit s’incliner mains
jointes et se confondre en mille salutations à l’idole du bouddha trônant ici
dans ce dojo ?!... Sans compter les cérémonies au cierge allumé-éteint,
trois pas en avant trois pas en arrière ? Un peu dur à avaler, avouez-le,
quand on a mis quarante ans à se libérer des <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>génuflexions à la Vierge Marie !... »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Quid enfin de ce maître qui impose
ses règles sans une once de souplesse bienveillante ? Et quid de ce groupe
en état de soumission plus ou moins consentante, de cette « servitude
volontaire » qui rappelle étrangement celle décrite par La Boétie au XVIè
siècle ? Question taraudante : n’est-ce pas ainsi que naissent
et renaissent sans fin tous les totalitarismes qui sèment la terreur dans le
monde ? Différence de degré ou de nature ? Que dire d’un homme à
l’ego tout-puissant qui affirme son pouvoir sur une foule fascinée,
consentante ? » <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Méditants 1. Bouddha en berne.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">La
sidération semble avoir gagné Son Indéfectible Assise soi-même. Elle croyait
bien avoir fait le plus difficile dans l’exercice réitéré de la mise en
confiance de sa petite troupe. Mais un très ancien phénomène humain l’a
rattrapé : celui du ressentiment. Une question qui renvoie à une
autre : Qui est le plus piégé par son ego, dans l’exercice de
l’effet-miroir décrétant tout de go que « c’est pas moi, c’est l’autre qui
a commencé » ? Avouez qu’il y a là matière à réflexion !...
L’Histoire n’est-elle pas remplie de ces mécanismes de vengeance qui marinent
dans le secret des ego avant d’éclater subitement comme des bombes à
retardement. ? Il y a dans le mécanisme du ressentiment quelque chose
d’une ceinture d’explosifs que l’on se concocte patiemment, à son insu. On
touche ici au vrai moteur des conflits de tout temps ! Même – et surtout –
si le décor ressemble diablement à celui d’une cour de récréation !<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Un moment déstabilisé, le boss tente de
reprendre la main tant bien que mal en expliquant que justement l’exercice de
la méditation a pour but de mettre sur la touche les résidus néfastes du passé
en vue de se rendre attentif à ce présent, seul théâtre d’épanouissement de
notre conscience. D’ailleurs, ajoute-t-il, comment ne pas voir que la nature
même du reproche, ce poison sourd et sans trêve, mène à une utopie de
l’aveuglement en nous éjectant de ce précieux présent ? Il faudrait être
bien sot en effet ! <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quant aux accusations à portée religieuse et
directive, promis juré,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>il y sera plus
attentif dorénavant à travers les signes et les mots. Et soucieux d’une
transition acceptable, voilà qu’il propose tout de go une méditation à
suivre : nous avons rendez-vous avec le lac et ses profondeurs secrètes.
En guise de geste d’apaisement, et surtout pas pour noyer le poisson ! Abandonnant
– pour un temps du moins – la toute-puissance gratouillante de l’amertume, nous
voici plongés à nouveau au cœur de nos rassurantes respirations. Nous sommes en
terrain connu désormais, prêts à explorer de nouvelles voies contemplatives.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La voix du bouddha se met à évoquer les
accalmies aquatiques d’une simple étendue d’eau. A chacun de se créer son
imaginaire lacustre préféré et de l’inclure progressivement à l’intérieur de
lui. Sachant que l’organisme qui incorpore ce lac est lui-même composé de 60%
d’eau, cela devrait pouvoir se faire sans trop de difficulté ! Surtout
après notre essai de caméléonisme minéral et montagnard. Nous remercions au
passage le bienheureux cousinage des substances naturelles qui veille sur ce
monde décidément épatant. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Imaginez ce lac au fil des journées,
des saisons… Observez sa surface qui vit : eau-miroir sous la lune,
friselis du vent, brumes matinales planant comme du coton, ombres nocturnes.
Tout change en apparence, et pourtant le lac reste le même. Il demeure dans
toute sa présence, d’instant en instant. Vous êtes ce lac impermanent et
pourtant imperturbable. Installez-vous dans cette conscience. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Pénétrez maintenant sous la surface
de l’eau, rentrez dans la profondeur invisible du lac. Sa masse aquatique peut
être claire, limpide, ou au contraire trouble, agitée. Dans tous les cas, vous
vous sentez irrésistiblement attiré par le fond, aimanté par la curiosité. Histoire
d’en savoir plus, de pénétrer un univers où la profondeur du sens étreint tout,
où l’on pense avoir enfin accès à l’envers des choses, à leur secret maillage. Peu
à peu cette profondeur vous gagne, à la manière dont on explore une <i style="mso-bidi-font-style: normal;">aqua incognita</i> <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>se dévoilant au fil des représentations
projetées par notre imaginaire. La voile gonfle et nous porte au creux de ce
voyage insolite. » <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Autant la marche enseigne l’empathie avec
les paysages traversés et les personnes croisées, autant la nage nous plonge
dans le milieu le plus archaïque : les origines amniotiques de notre
embryon-racine, forme la plus primitive de notre petite personne bien avant
l’émergence de toute conscience. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Toujours en contact avec ce flux du
souffle, imaginez le lac pénétrer en vous-même. Son eau aime explorer les
creux, les anfractuosités secrètes. Elle demande à être retenue, contenue.
Jusqu’à ce que votre être fusionne, ne fasse plus qu’un avec le lac. Respirez
comme si vous étiez le lac, comme si son corps était votre corps. Laissez votre
mental et votre cœur ouvert, moment après moment. Vous expérimentez des
instants d’immobilité complète. » Chacun semble imprégné par une
tranquillité aquatique du meilleur aloi ! On entendrait sautiller une puce
d’eau ! Le murmure se fait bleu aqueux, vert limpide, blanc cristallin.
J’évoque l’histoire d’Helen Keller, sourde, muette et aveugle, bouleversée par la
découverte de l’acte de lire, laissant couler au long de ses doigts le filet
d’eau d’une fontaine et prononçant pour la première fois les lettres magiques
« e-a-u ». <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Autour de l’eau profonde, notre philosophe
Gaston a visiblement trouvé sa matière à rêver. « Je suis né dans un pays
de ruisseaux et de rivières », l’entend-on prononcer.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Le même souvenir sort de toutes les
fontaines. Images, textures et profondeurs font émerger en écho toute une
cosmicité intime de l’eau qui étend sa résonance poétique bien au-delà de la
froideur d’une molécule chimique codée H2O : cette eau-là prend la forme
d’une impudeur qui se livre. C’est une vraie grammaire qu’elle nous offre pour
explorer notre être au monde. Ce connecteur biologique nous dit quelque chose
de notre propre émergence. Une chimie des poètes s’imprègne de toutes les
saveurs, de toutes les odeurs. » « La rêverie s’étend tous azimuts
dès qu’elle a trouvé un essor », ajoute Gaston. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Des écumes blanches aux basses
profondes, Neptune se met à orchestrer un vrai ballet des eaux où chacun a
loisir d’écouter les images autant que regarder les sons. Une vraie poétique
décline notre manière d’être au monde. » Jouant sur les valeurs
métaphoriques de la noyade, du naufrage et de la belle endormie, Gaston évoque
le mythe d’Ophélie assoupie au clair de lune, flottant sur l’onde, sa chevelure
et sa robe ondulant autour d’elle. L’eau se fait lieu de la perte, de la
disparition.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Poésie délicieuse et délicats
verbiages ! C’en est trop pour les oreilles du bouddha qui se mettent à
siffler. « Loin de vous diluer, de vous affaisser, il s’agit pour vous de
reprendre la maîtrise de la tenue juste. Celle qui vous ramène à la respiration
et à son rythme vital. La base de la méditation. » <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Un vrai stress hydrique s’empare de nos
esprits anesthésiés depuis quelques instants par les sirènes oniriques de
l’auteur de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’eau et les rêves</i>. Nos
consciences se réveillent et battent le rappel d’une réalité qui ignore les
magies du puisatier comme celles de l’alchimiste. Foin du génie des eaux, nous
voici repris par l’orchestration volontaire de nos souffles biologiques,
ancestraux. L’image du lac refait peu à peu surface et nous rétablit au creux
de ses formes vertueuses, rassurantes. Nous replongeant dans la vigilance
neutre censée animer nos attitudes de méditants endurcis, les fonds lacustres
réinvestissent nos goûts pour l’exploration systématique des plis sans fin de
la conscience. Les dessous du lac laissent entrevoir tout un univers secret
dont l’image vient se superposer à celle, directement accessible, de sa
surface. Comme le négatif d’un cliché inverse les valeurs chromatiques de
celui-ci. Nous voici littéralement renversés !<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les derniers instants de cette séance nous
rappellent à l’expérience proposée à son début : notre présence à la
figure du lac nous a permis de prolonger la reconnaissance de tous les rituels
où l’eau nous rapproche de nous-même en nous tendant son miroir familier. Notre
lien à la liquidité a pris la consistance des évidences qui se réaffirment, des
racines réexaminées de nos identités biologiques. L’eau, matière d’espérance,
nous ramène à une morale selon laquelle une seule goutte peut suffire à
purifier le scandale d’un monde devenu inintelligible. Noblesse propre aux
substances originelles, vitales.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Vos émotions, réactions et pensées fugaces
vont et viennent comme les ondulations et les vagues, suivant votre contact
avec les énergies changeantes à la surface du lac : le vent, la lumière,
les ombres, les reflets, les couleurs, les odeurs. Identifiez-vous au corps
d’eau tout entier : vous devenez l’immobilité sous la surface. Le cœur
lesté de ce vaste réservoir de pleine conscience sous l’onde de votre mental,
vous pouvez tracer votre voie dans le monde, jour après jour. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Demeurons ici dans l’immobilité de cet
instant. Soyons le lac, moment après moment. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Si
fait.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les vertus purifiantes de l’eau nous laissent
dans un état pacifié. Comme après une averse orageuse, les lignes se
renouvellent autour de nous avec cette capacité d’estomper de nouvelles
silhouettes pour les choses et les êtres. Tout est à neuf, prêt à prendre un
nouveau départ.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’enseignement qui suit est imprégné de la
lenteur et de la douceur lentement infusées dans notre groupe. Le bouddha se
veut au diapason : « Nous sommes corps », lance-t-il à notre
groupe entre deux longs moments de silence. L’affirmation prend le temps de
circuler, de s’insinuer entre nous. « Et ce corps que je suis est invité à
habiter chaque geste du présent, à prêter attention à ce qui est. » <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Une méditante, Simone de B prend aussitôt la
balle au bond : « Oui, le corps est l’acteur premier de nos
existences. Pour ma part, j’ai toujours aimé marcher, j’ai planté des arbres,
j’ai voyagé, je suis allée à la rencontre des autres. Et surtout, j’ai essayé
de penser par moi-même ! » <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Cette femme élancée, l’air grave et suscitant la
sympathie, respire la classe et la liberté d’être comme de ton. « Toute ma
vie je me suis efforcée de dire « je ». Pas tant un<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> je</i> coloré par l’ego, mais bien un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">je</i> qui a osé la solitude et l’exil dans
un monde devenu incompréhensible. J’ai tout fait pour conserver les yeux grand
ouverts et mesurer, apprécier l’empreinte du monde sur moi. Partant du constat
d’une aliénation, je me suis efforcée d’ouvrir sans cesse des chemins de
liberté, pour moi et pour les autres. Il m’a fallu toujours me dépasser en
poussant mon corps à l’immersion dans le monde et mon esprit dans un travail
acharné sur les mots. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Je me suis comportée en femme
amoureuse et passionnée tout en voyant l’expérience de ma propre vie comme un
don pour les générations à venir. J’ai exposé mon existence en prenant fait et
cause pour les femmes, et pour le dernier âge de la vie aussi. J’ai essayé de
montrer comment nos habitudes nous empêchent de voir les réalités et nous
enferment dans des schémas conventionnels dès la naissance. Il faut s’efforcer
de rompre le silence des tabous ! »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Chacun a reconnu l’auteur – sulfureuse à son
époque – du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Deuxième sexe</i>. Celle qui
s’écria, s’adressant aux femmes : « Prenez votre vie en main ! »
Simone incarne vraiment l’ambition féminine face à un monde machiste, au
tournant du siècle. Elle est de ces personnages dont on pourra dire, avec le
recul de l’Histoire, qu’ils ont fait bouger les lignes pour des millions de
gens. Pour une bonne moitié de l’humanité déjà.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>On a pu voir les traits du bouddha s’animer
et réagir à cette intervention qui sort de l’ordinaire. On le sent partagé
entre le désir de laisser les paroles de Simone se conclure sur une note juste
et, comme toujours, celui d’apporter son grain de sel à lui. Ce qu’il finit par
faire, presque à regret, semble-t-il. « Je peux comprendre que ma
référence au corps que je suis réveille en vous les sensations personnelles que
vous nous avez confiées… mais ne sommes-nous pas là, justement, sortis du corps
pour retomber dans les affres de l’émotion et du mental qui va avec ?...
J’avoue avoir des doutes. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« N’en ayez plus ! » lance
une voix derrière nous. « Comment mieux faire avancer le corps que l’on
est qu’en pointant ce qui l’empêche de bouger ? Pas de progression
possible sans une identité clairement établie, assumée ! Pas
d’individualisme dans une telle attitude, mais ce que j’appellerais, moi,
une<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>individuation vraie : à l’exact
opposé donc. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le bouddha fait la moue et ne désarme pas.
« Oui, mais ce sont là des mots, encore et toujours des mots !
Laissez-nous revenir au silence de la méditation. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La voix poursuit sans se démonter :
« Il y a des moments où la vérité des mots se fait plus lourde que
n’importe quel silence, si porteur de méditation soit-il. « Individuation »
semble bien être le mot qui résume le parcours de notre collègue Simone. Un
parcours exemplaire où on la voit libérer ses forces personnelles si longtemps
contenues par les institutions et ses figures insistantes des maîtres du
pouvoir en place. Quel autre moyen que le langage pour dénoncer l’injustice et
ouvrir des voies nouvelles à des pans entiers de la société des humains ? Sans
les mots pour le dire, nos belles consciences sont paralysées devant des états
de fait qui ne demandent qu’à prospérer. Alors faut-il vraiment se taire ou
lutter de vive voix au risque de provoquer du charivari dans
Landerneau ?... »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Notre bouddha est interloqué et semble se
résigner à passer son tour. Il lui faut décidément avaler bien des couleuvres
face à la pression de méditants qui ne manquent pas d’arguments. Quelle
équipe !<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>C’est l’ami Candido qui vient d’intervenir,
coupant l’herbe sous le pied au bouddha impatient de revenir au sacro-saint
silence de ses méditations savamment orchestrées. « Je suis quant à moi le
pur produit d’un système qui marchait sur la tête », poursuit la voix du
candide de service, « et j’ai dû engager toute une vie pour m’en
remettre ! Je mesure aujourd’hui à quel point chacun est le résultat d’une
organisation sociale qui le dépasse à un moment donné. Pour ma part, j’ai vécu
les vingt plus belles années de ma vie à rabâcher des choses au sens desquelles
on ne m’a que rarement associé. Et que, par voie de conséquence, je n’ai pu
faire réellement miennes. J’ai été <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>allègrement placé dans les conditions de
l’émergence d’un élève passif, absent, privé de sens et désabusé. J’ai saisi
depuis qu’il ne servait à rien d’apprendre si l’on ne se mettait préalablement
en projet de le faire. Afin d’accéder d’une image passive à une image active de
soi. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Comprendre le monde est le fruit d’un
geste mental qui prend naissance dans le projet de se donner/redonner en
évocations répétées les objets perçus dans le but de les saisir de mieux en
mieux. Si on ne laisse pas à l’élève le temps nécessaire pour percevoir, puis
évoquer, pour <i style="mso-bidi-font-style: normal;">se</i> dire les choses, il
ne peut accéder à rien de concret, de tangible, qu’il ne transforme
véritablement en « sien ». Chacun a besoin de l’assentiment de ses
éducateurs pour édifier patiemment ce sentiment de présence à soi qui fait des
« gagnants » de tous ceux qui apprennent. L’éveil de la conscience
s’ancre dans une éducation aux cinq sens. Il est fils du temps et du sens. La
conscience que vous placez en avant de tout n’est-elle pas ici au
centre ? » conclut Candido en tournant un regard interrogateur vers
le patron.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Celui-ci est à nouveau estomaqué par la
pertinence de ce qu’il vient d’entendre. Qu’opposer à cela sinon un assentiment
en bonne et due forme ? Le maître des lieux nous bassine depuis des
lustres sur l’importance de la conscience dans nos vies, et voilà que celle-ci
est citée en exemple dans des situations centrales, quotidiennes de
l’existence. Au fond, doit-il se dire, les élèves eux-mêmes sont souvent les
mieux placés pour illustrer les vérités mises en avant par le formateur. Que
n’y ai-je pensé plus tôt ! Mais il lui faut à tout prix reprendre la main,
s’il ne veut pas donner l’impression fâcheuse de déchoir ou, à tout le moins,
de se placer en retrait. Et le voici qui entonne, façon méditant : </span><br />
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span><br />
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">(A SUIVRE...)<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p> </o:p></span></div>
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<br />
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<br />
<o:p><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt;"> </span></div>
</o:p><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
</o:p><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 1pt 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p></o:p></span> </div>
</div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-724286158657362892017-07-02T02:39:00.000-07:002017-07-03T00:29:12.461-07:00<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/zUFg6HvljDE/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/zUFg6HvljDE?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<strong><span style="font-size: large;">LE CARNAVAL DES MIMES (7)</span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<br />
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Juste un
frisson. Celui qui vous parcourt l’échine lorsque la sensation vous habite
soudain : une présence derrière la porte. Comme le sursaut d’une
conscience qui vous soufflerait à l’oreille l’apparition d’une doublure
fraternelle. Une bienveillante copie de soi-même.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’imitation
s’est longtemps voulue la reproduction fidèle du monde sensible et la finalité
essentielle de l’art. Il ne s’agissait au fond que de copier d’aussi près que
possible les apparences du monde visible. Intangible cliché ?<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Deux
légendes antiques incarnent ce concept d’imitation né au cœur de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mimesis</i> grecque. Pline l’Ancien narre le
récit du peintre <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Zeuxis, </i>capable de
figurer des raisins avec tant de ressemblance que des oiseaux se mirent à les
becqueter. Quant à Ovide, il raconte dans ses <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Métamorphoses</i> comment le sculpteur <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Pygmalion</i>, voué au célibat, tomba amoureux de la statue d’ivoire
née de ses mains, qu’il nomma Galatée, et qu’une déesse rendit vivante selon
ses vœux.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Plus avant, au
théâtre de sa Recherche, le jeune Marcel Proust mime ses adieux aux aubépines
de Combray comme il le ferait à des jeunes filles en fleurs. De tout temps, sur
les planches, la mélopée exprimée par une voix d’acteur déclarant et soupirant
nous fait mimer intérieurement la modulation musicale d’un violoncelle :
tension des muscles du diaphragme et comme l’écho d’une voix intérieure apte à
faire vibrer en nous la corde de l’émotion. N’en va-t-il pas de même pour toute
musique qui nous est chère ?<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>De nos
jours, saisie du réel et travail mimétique s’imbriquent avec un tel souci de
réalisme que les images virtuelles qui en résultent se donnent à voir comme
similaires à celles qui nous sont familières. Or leur « réalité »
n’est bien souvent que le produit de notre désir. Au point que nous prenons
pour vérité toute trace apparente du réel qui se donne. La réalité a rejoint la
fiction. A moins que ça ne soit l’inverse.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Alors, objets
et clones d’objets : du pareil au même ? La simulation est venue se
loger au cœur du contemporain. L’imaginaire, filtre posé sur le réel, a laissé
place à la réalité comme source de fiction souvent plus forte que le réel
lui-même. Jamais notre faculté de nous prendre au jeu du même et de l’identique
n’a été autant stimulée. Jusqu’aux conflits modernes, enracinés dans des
fureurs mimétiques où battent leur plein surenchères idéologiques et
religieuses. Les martyrs en tout genre étalent un zèle suspect quant à leur
objectif : rejoindre au plus tôt les prairies de l’Eternel. Que n’y
vont-ils seuls et sans fracas ? <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Plus mesuré,
le poète propose un temps de réflexion préalable avant de passer à
l’acte : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mourir pour des idées,</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’accord, mais de mort lente…</i><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bref, modèles, séries, prototypes se
pressent à l’appel, jusqu’à coloniser les esprits. La fabrique mimétique tourne
à plein régime. Jusqu’aux clichés langagiers les plus éculés : ne
lance-t-on pas à tout va, dans l’espace social, des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« bonne journée »</i>… même en fin d’après-midi ?
Langage avalé par une mécanique du vide, de l’insignifiant.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Nous voilà
campés dans la position de touristes volages devant cet univers simple et connu
des choses humaines. Il faut que la réalité ne nous oppose aucune résistance !
Quitte à outrepasser l’imaginaire. Drôle de temps que celui qui se laisse
porter par l’illusion d’une humanité en voie de duplication à l’infini. Dans
l’ombre portée de nos silhouettes s’agitent de curieux doubles dansant une
sarabande qui nous échappe. Nous voici mimant des rôles muets dont le sens
demeure étranger à nos raisons en exil. L’ombre obsédante, le double maléfique
se sont emparés de nos familiers séjours. A force de vouloir apprivoiser notre
part obscure, celle-ci a subverti nos forces vives, phagocytant à notre insu
notre vision du monde et jusqu’à nos désirs les plus profonds. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au carnaval des mimes, la réalité a détrôné
la fiction.</span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXD4zElkzrMXdhVVWaG4UIHGa8AftXQi4hKSj3wfdQtMull1qOPTF-PlxaGcFli8rs4oJB4oyEh98b9u7zxtor4LUgJxR8YcL81bWx79UyKyuZzdqJ2a04fh5fo5I0uoNoYhynOs9aLfU/s1600/P1020210+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="899" data-original-width="1600" height="179" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXD4zElkzrMXdhVVWaG4UIHGa8AftXQi4hKSj3wfdQtMull1qOPTF-PlxaGcFli8rs4oJB4oyEh98b9u7zxtor4LUgJxR8YcL81bWx79UyKyuZzdqJ2a04fh5fo5I0uoNoYhynOs9aLfU/s320/P1020210+%255B1600x1200%255D.JPG" width="320" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"><em> </em></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"><em> </em><strong><span style="font-size: large;">NATURE VIVE</span></strong><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"> Sur fond de cyprès, quelques fruits sur un compotier.
Nature morte que ces touches de </span><br />
<span style="font-family: "arial";"></span><br />
<span style="font-family: "arial";">couleurs vives offertes à l’organe qui sent, à
l’esprit qui saisit ? Non, il peut arriver que la </span><br />
<span style="font-family: "arial";"></span><br />
<span style="font-family: "arial";">simple vision tourne à
la voyance.<o:p></o:p></span><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Entre senti
et sentant, visible et voyant, dehors et dedans, comment habiter le
monde ? Il faut tout oublier pour toucher du doigt la courbure des pommes
charnues et l’odeur des cyprès fraîchement endormis sur la toile. Et se laisser
porter par ce que l’on ne comprend pas. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Question de
chair, idée neuve et antique. Nous tentons d’accoler au monde visible la
traversée d’un ego charnel. Belle tentative pour une vision en miroir : le
peintre se sent regardé par les arbres qu’il vient de peindre. L’art s’incarne
dans un mystère qui le dépasse. L’artiste et le philosophe inventent ensemble
leur troisième homme : le poète se tient maintenant à la pointe du
triangle parfait. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La sensation
crée l’échange en boucle. L’énigme court dans une circularité vertueuse. La
figure de l’entrelacs accouche de paroles croisées : le paysage s’incarne
en moi et je suis sa conscience (le peintre) ; il faut rendre au monde à
sa valeur d’énigme première (le philosophe) ; <i style="mso-bidi-font-style: normal;">la terre est bleue comme une orange</i> (le poète).<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pommes et
cyprès reposent sur la toile. La perspective offerte par le peintre en bombe
l’apparence. Nous percevons la convexité d’une mue dissimulée au cœur de la
matière. Voluminosité, oscillations vibrionnantes. Les aplats se déforment
comme ces mirages hantant les déserts ou ces anamorphoses épatantes qui vous
cueillent le regard et font les délices de nos imaginaires en vadrouille.
L’esprit s’émeut de visions arrachées à un temps devenu soudain élastique. La
toile bouge au gré du regard qui insiste, pénètre, s’incruste. Avant de rendre
finalement la nature morte à son statut de belle endormie.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les matières
posées sur la toile réveillent nos sensations tactiles. Elles ouvrent autant d’univers
parallèles que nos regards pénètrent sans en croire vraiment leurs yeux.
L’ampleur de la palette déploie ses nuances comme l’instrumentiste répète ses
gammes. Avec infinie patience, régularité métronomique, souci du détail qui
éveille les sens. L’échelle chromatique expose ses touches quasi-sonores, aux
demi-tons troublants. La nature morte s’anime, prend vie.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>C’est
d’abord une touche de vent qui fait onduler souplement les cyprès du fond,
donnant à la scène son rythme lent : un balancement quasi-musical qui nous
berce bientôt, et que vient compléter une douce sensation de chaleur
méditerranéenne ; Nous voici plongés dans la touffeur d’une après-midi
estivale.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le volume de
chaque fruit prend forme à présent. Les chairs allument leurs couleurs vives,
éveillent des envies de saisir, de mordre, de goûter. Fourmillements et
démangeaisons tactiles nous envahissent en nombre et en intensité. Nous sommes
habités par la réminiscence d’un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">éden</i>
antique. Celle de notre ancêtre cavernicole découvrant l’intense plaisir de
plonger ses mains dans la fraîche consistance des argiles molles. De la main au
regard. Du regard à la main. La toile se fait support de matériau comme
d’intentions.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dans un
ultime raccord, l’œil a rejoint l’esprit.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhs9jq3AH-iPxQy22jdNzgtwckLeFx22KtCyVkIP5Px0pdTnqZJSNO4ToFVo9E15IB65T8lYoo1pBsQjZD19bF684UG0wKdsbAkqhTIv9rIISq3imMJuaZ9kPeK0HZX8acIGGqXbkiXutE/s1600/P1020125+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="899" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhs9jq3AH-iPxQy22jdNzgtwckLeFx22KtCyVkIP5Px0pdTnqZJSNO4ToFVo9E15IB65T8lYoo1pBsQjZD19bF684UG0wKdsbAkqhTIv9rIISq3imMJuaZ9kPeK0HZX8acIGGqXbkiXutE/s320/P1020125+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<strong><span style="font-size: large;">EPIQUES</span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Plongées au
cœur de l’hiver, les petites boules se rapprochent en quête d’un surplus de
chaleur. Au point de se piquer bientôt. Contraintes alors de s’éloigner, de
prendre leurs distances, les voilà soudain saisies par le froid. Réchauffées,
hérissées. Hérissées, prenant leurs distances. Les porcs-épics vivent en
accordéon. Dans une valse-hésitation qui n’en finit pas. Comme l’oscillation
vertigineuse du pendule ou du balancier de la vieille horloge.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Nous jugeons
comiques ces petits animaux, sans voir que nous les mimons bien souvent. Besoins
de sollicitude, d’affection, d’intérêt, nous rapprochent de nos alter ego.
Jusqu’à ce que goûts, opinions et petits énervements nous en éloignent à
nouveau. Entre désir et rejet, proximité et liberté, nous balançons en cadence.
Comiques porcs-épics.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comment se
réchauffer au contact des autres, lorsqu’on aurait plutôt tendance à être
hérissé ? Thermique affective et mathématique du cœur, équation toujours à
résoudre. Libre ou proche ? Libre <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et</i>
proche, c’est l’issue de l’alternative. L’alter native et sa clé – à géométrie
variable : l’empathie mesurée, une distance pleine de sollicitude ou une
proximité… à juste distance.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’ami proche
ne fait plus signe ? Pour nous pourtant, cela fait signe :
éloignement provisoire ou fâcherie durable ? Qu’y voir ?
L’interrogation, puis l’inquiétude grandit, jusqu’à la remise en question,
parfois. Désordre imaginatif : que lui ai-je fait, qui suis-je encore à ses
yeux ? Voilà que l’oscillation est de retour. Et avec elle la quête d’un
nouvel équilibre. A toute dissonance il faut une bonne résolution, comme en
musique. La relation est à l’image d’un petit air qui sinue d’une octave à
l’autre. Sens de la mesure.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Animal costaud, rustaud, solitaire et
paisible, le porc-épic va son petit train, toujours pressé de… ne rien hâter.
Pas de conclusions définitives, semblent dire ses yeux myopes. De tempérament
accommodant ou d’humeur vengeresse, on imagine l’animal capable de morsures
comme de pointes spirituelles. Apte à jouer la toupie, en somme. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voilà qui
tombe bien. Le piquant mammifère peut se targuer de figurer la gamme infiniment
riche de nos états affectifs. De l’inclination à la passion, en passant par la
sympathie, l’attachement, la tendresse ou le béguin, toute variation est
possible sur la palette de nos affects. Une palette qui ne nous laisse jamais
indifférents et appelle ses exacts contraires : éloignement, aversion,
désamour, haine. Comme le suggère la petite pelote d’épingles prêtes à se
ficher sur le cuir de l’intrus, à lui <i style="mso-bidi-font-style: normal;">faire
la peau</i>, origine possible d’aventures – mésaventures – naissantes. L’épique
incite à l’héroïque, libère la parole et ouvre sur la légende. Avec son
caractère pittoresque, le porc-épic trimballe sa silhouette de bestiole
mémorable. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Jusqu’à la
force d’évidence du dicton : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">qui s’y
frotte s’y pique !...</i> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHAlnRm90OH1_e5CHRUj54iy0h1fio8Ur48TzbybASvqHwjG2487jul44zrbDlr1v9Q2VQt3q9gktBiX7BQetB-xk_H-31QcU0Ic-SAh9VFvI_g5TkCZoQk_VpybyOeA1lWd69eQcvKYw/s1600/P1020311+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="899" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHAlnRm90OH1_e5CHRUj54iy0h1fio8Ur48TzbybASvqHwjG2487jul44zrbDlr1v9Q2VQt3q9gktBiX7BQetB-xk_H-31QcU0Ic-SAh9VFvI_g5TkCZoQk_VpybyOeA1lWd69eQcvKYw/s320/P1020311+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<strong><span style="font-size: large;">GESTUELLE</span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Clavier
contre stylo, machine contre corps, une lutte sourde s’engage à notre insu.
Lutte de prestige ? D’efficacité ? Simple affaire d’outil ?
Enième soubresaut de la déjà longue histoire de l’écriture ? Plaisir
physique en passe de se perdre, peut-être.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A quand
remonte notre dernier long texte écrit à la main, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">à l’ancienne</i> ? Cette mémoire-ci aurait-elle à voir avec la
mémoire du geste ? Elle qui confronte le mouvement automatique à la
motricité fine. L’aplat lumineux de l’écran au volume de la feuille qui se
rature, se plie, se chiffonne, se coupe. La recherche d’un propre et net
définitif aux traces patiemment accumulée d’un travail qui hésite, se cherche,
accumule les essais et erreurs. Sans les faire disparaître de suite. Et
peut-être pour les exhumer un jour futur, comme l’archéologue reconstitue
patiemment les linéaments de l’histoire biologique. Oubli des repentirs et
mémoire du corps.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; tab-stops: 18.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La vitesse
d’exécution de la frappe tend à dissoudre la temporalité propre à l’exercice
écrit. L’exigence quasi-scolaire des pleins et déliés avait parfois laissé
place à l’écriture <i style="mso-bidi-font-style: normal;">script</i>. Faut-il
désormais mettre au rang d’idée romantique la tradition de l’écriture <i style="mso-bidi-font-style: normal;">cursive</i>, reliant entre elles les lettres
d’un même mot ? Ou son abandon, tout au contraire, signerait-il la
liquéfaction accélérée des liens qui confortent encore la cohérence de notre
monde ?<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; tab-stops: 18.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>En reliant
les lettres entre elles, l’enfant qui apprend acquiert l’image du bloc que
représente le mot, et donc son orthographe. Dans les boucles d’une majuscule
ornée, il dessine, capte les rondeurs, l’harmonie, l’équilibre. Il y a une
danse de l’écriture, une mélodie du message qui ajoute de l’émotion au texte
qui prend forme sous son regard actif. Avec l’écriture manuscrite, on se
rapproche de l’intimité de celui qui a tracé les mots, tant chaque écriture
possède sa propre gestuelle émotionnelle, son charme unique. Jusqu’à révéler un
peu de la personnalité de l’auteur ? Calligraphie et narcissisme contre
sécheresse du clavier.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; tab-stops: 18.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’écriture
manuelle relève d’un geste complexe qui mobilise à la fois des capacités
sensorielles – je sens le stylo et la feuille -, motrices – j’utilise mes
doigts – et cognitives – je dirige le mouvement par la pensée. Le manuscrit
s’inscrit dans un mouvement singulier du corps. La frappe au clavier ne peut
figurer qu’une sommaire copie. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; tab-stops: 18.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le
support-papier autorise une liberté d’action : on peut écrire à l’endroit
ou à l’envers, jouer de la marge, déformer ou superposer les tracés, agrémenter
son texte d’un croquis illustratif… Sans oublier tous les petits accidents
d’écriture qui sont la trace du travail en train d’apparaître aux yeux de son
auteur. Vrais reflets de la plastique corporelle. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; tab-stops: 18.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Vengeance du
clavier : vélocité du rythme, automaticité cognitive et capacité de penser
le plus rapidement possible… pour disposer d’un temps accru pour… penser à
nouveau ? Mais où est passée la riche mémoire du mouvement complexe ?
Et le travail de reformulation personnelle que permet la prise de notes ?<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; tab-stops: 18.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A défaut de
continuer à couvrir des volumes de pages, notre écriture manuscrite transfère sa
fraîcheur, sa hardiesse, au cœur de notre environnement, sur les murs de nos
rues. Graphismes publicitaires, graffitis, écrits de contestations, tags… les
arts graphiques se portent au mieux. Et ne font qu’amplifier nos gestuelles
physiques. Le corps reste à l’honneur dans les mystères créatifs de l’écriture.
<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; tab-stops: 18.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au service
de la mémoire d’un geste culturel. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<br />
<br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/gSD_WbyTXmI/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/gSD_WbyTXmI?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </div>
<br />
<br />
<strong><span style="font-size: large;"> </span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"> VISION</span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><span style="font-family: "arial";">Une ombre en mouvement se suspend à fleur d’eau.
Silhouette captée au cœur de la foulée d’un passant ordinaire, anonyme, dans la
ville anodine. Entre un avant qui ne sera plus et un après dont on ne saura
jamais rien. Le chasseur d’image suspend son souffle pour capter la réalité
fuyante. Il se donne le pouvoir d’arrêter le temps pour un bref mais intense
moment de vérité pure.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’ensemble de la scène respire un paysage
urbain plutôt triste et gris. Ciel délavé, sol largement inondé par une forte
averse. Chaussée encombrée de détritus : amas de pierres, tuyaux,
brouette, une échelle de couvreur en bois. L’endroit est en travaux sans doute.
Et puis, au fond, une grille qui barre l’horizon, séparant une gare invisible
de la rue. Ce symbole carcéral ne fait qu’ajouter à la morosité ambiante, au
climat maussade de la scène. Tout ça est triste comme une prison en hiver. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pourtant, l’artiste
voyeur a pris soin de ménager ses horizontales. Une énorme flaque d’eau occupe
toute la moitié inférieure de notre champ visuel, transformant du coup une
action anodine en tableau évanescent, poétique. L’image se dédouble
parfaitement, offrant un jumeau inversé idéal à l’ombre en fuite. Un peu comme
si l’homme arpentait le ciel. Donc volait. Ou courait tête en bas sur un miroir
de glace, entouré d’objets aux formes redoublées. Mise en abyme que ce monde
dupliqué à la perfection, univers parallèle qui prend des allures enchantées,
synonyme de liberté, de rêve, d’évasion.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le coureur
inconnu s’envole avec son double vers le hors champ de la photo. Qui est cet
homme qui court, et où va-t-il ? Un quidam, un passant pressé ? Vole-t-il
au-devant d’un train qu’il n’attrapera jamais ? Son corps à contre-jour
semble marcher sur l’eau, la pointe du talon posée à l’extrême de la surface en
miroir. S’est-il servi comme d’un appui de l’échelle posée – noyée – au
sol ? Emergeant des tiges de bois, quelques ondes concentriques ont,
semble-t-il, conservé l’impulsion d’un mouvement encore frais.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’homme sort
de l’image de gauche à droite – sens classique de la lecture – mais
l’instantané du cliché l’y emprisonne à jamais. Instantané, cet instant a été.
Par un jour gris, un photographe a suspendu le saut de cet homme. Pour
l’éternité. Il a arrêté le cours du temps. Sa photographie nous donne à voir
l’invisible de la durée. Médusés, nous ne faisons que regarder ce que
l’artiste, lui, a vu. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Entre monde
physique et monde des songes.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEQmFCJVJupnEMcf4MCYnO4xpRPiLb2MZShd-6KTyNhRx7trFHOKlmfrela7IJIa0b3aazUnnwG1YTJpYp103oonz3rbsPxUCbwyZkt6QhQohjcTkEw_5l6_5ng8kD7Sn5IeQDqY-1jek/s1600/P1020337+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="899" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEQmFCJVJupnEMcf4MCYnO4xpRPiLb2MZShd-6KTyNhRx7trFHOKlmfrela7IJIa0b3aazUnnwG1YTJpYp103oonz3rbsPxUCbwyZkt6QhQohjcTkEw_5l6_5ng8kD7Sn5IeQDqY-1jek/s320/P1020337+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<strong><span style="font-size: large;">DIVINS <em>EGO</em></span></strong><br />
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong><br />
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong><br />
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dieu a le
dos large. Et, sans rien demander, une multitude d’affidés prêts à célébrer les
plus récentes et sanguinolentes versions de Lui-même. L’élection soigneuse,
têtue, de boucs émissaires sans cesse remis au goût du jour Lui assure une
promotion permanente dont il se passerait bien. Mais les divins prétextes ne
manqueront jamais. Tapis dans l’ombre du dieu alibi, les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ego</i> paranos aiguisent leurs crocs. Prêts à mordre la concurrence.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Conflits et
règlement de comptes vieux comme le monde virent aux surenchères dignes d’une
salle des ventes. Les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">infidèles</i> – à
quoi, à qui, grands dieux ? – n’ont qu’à bien se tenir ! Qui châtiera
le mieux aimera le plus. Les saints sbires sont toujours prêts à jouer les
pères fouettards au nom de leur divinité préférée. Car Dieu est grand et hors
de Lui point de salut, le texte est connu mais on fait mine de renouveler la
musique pour conjurer le doute et entretenir une foi aux allures de roc
branlant. Mille petits barbus agités affichent une filiation incontestable avec
leur grand Inspirateur : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Dieu est
Dieu ! Nom de Dieu !</i>...<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>Ils
secouent leurs têtes effarées, vides comme des calebasses…<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Sous la
fraîcheur bienvenue des chapelles dort l’impatience millénaire des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ego </i>frustrés. Derrière les œuvres
concoctées pour son divin prestige, couvent l’arrogance des culs bénis et la
ferveur butée des soldats de la foi. Toujours prêtes à refaire surface, voilà
les antiques chamailleries de famille pour savoir qui est le plus digne de porter
l’héritage. Aucun slogan n’est trop fort pour désigner le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mécréant</i> à la vindicte. Tout est prêt pour les grandes manœuvres
purificatrices. Gare aux naïfs en panne de sainteté proclamée : le Ciel
pourrait leur tomber sur la tête plus tôt que prévu !<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Car aux yeux
de ces gens-là, toute indépendance d’esprit est immédiatement suspecte. Toute liberté
vaut déviance, et toute déviance entraîne méfiance.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Suspicion et sourd désir de châtiment. Ces
bienheureux <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pères la vertu</i> ne savent
répondre à leur peur de l’absurde que par un zèle féroce. S’ils ne présentaient
pas toutes les apparences de la folie, on finirait par les prendre pour autant
de répliques de Dieu le père soi-même. Qu’ils ne nous en veuillent pas de
préférer l’original, quel qu’il soit. Ces clones barbus et braillards miment
l’imposture agressive des pilosités guerrières. Au grand dam du Prophète et de
Dieu, qui se désespèrent en comptant les points.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pour ces
jusqu’auboutistes du dégoût de soi, la victimisation est une seconde nature. Il
y jouent hardiment la farce des mauvais garçons pris en flagrant délit de haine
gratuite pour des corps – les leurs comme ceux des autres – qui ne sont pour
eux que costumes. Enveloppes vides.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ils ne
brûlent que de se rendre célèbres pour redorer une estime de soi qu’ils se sont
eux-mêmes acharnés à détruire. Ils pérorent comme des perroquets complaisants
aux aguets de leurs misérables<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> ego </i>mis
à mal. Adeptes d’un suicide collectif, si possible, – pourquoi mourir seul sans
en faire profiter les camarades ?! – les voilà lancés dans des diatribes
incompréhensibles, des harangues obscures auxquelles ils s’efforcent de faire
droit, tant bien que mal. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mettez-vous à
genoux, faites</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">semblant de croire… et
bientôt vous croirez !</i> prédisait le philosophe. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au cœur de
la malédiction mimétique, les voilà prêts à sacrifier père et mère au nom de
slogans brouillons, incompréhensibles, qu’ils beuglent sans en saisir la
portée. On ne pense pas, on suit. On ne nomme plus, on profère. On ne prie
plus, on éructe. On ne juge pas, on exécute. Au diable le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pourquoi</i> des choses : une transe collective s’est emparée
d’eux et ne les lâchera plus. Les voilà emballés dans le cirque collectif des
illusions perdues. Un double, qu’ils veulent croire plus vertueux qu’eux-mêmes,
les a dévorés de l’intérieur, ne leur laissant que la peau et les os. Vidés de
toute substance intelligente au profit d’un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ego</i>
tortionnaire, les voilà contraints de mimer les terroristes bigots de service.
Dieu, quant à lui, sceptique comme pas deux, s’est mis depuis longtemps aux
abonnés absents.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le vieux
cirque ambulant des pathologies identitaires mène grand train. Et joue son
éternel retour. Au même et au pire.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQ2St6pRW0asUmv7fb4ASyGfWs2dVqfUz_kRYP8acCVXPIuY8BDk6fpTP_rYI49ck3hYdop94f1BUl5QHIMLshqmBtalPhWqgeEGSjOfGV8nf5sVQ1AtIWqj-rht2tLr_Co-g7MQi_Efo/s1600/P1020313+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="899" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiQ2St6pRW0asUmv7fb4ASyGfWs2dVqfUz_kRYP8acCVXPIuY8BDk6fpTP_rYI49ck3hYdop94f1BUl5QHIMLshqmBtalPhWqgeEGSjOfGV8nf5sVQ1AtIWqj-rht2tLr_Co-g7MQi_Efo/s320/P1020313+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<strong><span style="font-size: large;"> </span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"> BEAUTE</span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";">Une lune irréelle pointe sa bouille blême tout au
bout de la rue. Moment où le spectacle de la beauté naturelle intensifie notre
sentiment de présence au monde. Pourquoi cherchons-nous le sens partout, nous
autres animaux humains ? Sinon pour être rendus au monde, justement. Notre
désir – comme notre gratitude – d’en être, grandit dans ces moments fugaces
d’esthétique pure. La beauté nous apprend à aimer sans posséder. Et mime à
notre intention un ailleurs sublime aux allures de paradis perdu. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>S’approcher
du phénomène nous en apprendra-t-il davantage ? Le beau est parfois
bizarre, prévient le poète. Et le risque existe de s’en trouver déçu. A y
regarder de plus près, nos yeux se décillent : l’astre nocturne d’abord
entrevu se mue tout de go en… réverbère à la lueur pâlichonne. L’émotion se
dissout soudain, faisant place à la reconnaissance d’une réalité triviale qui
nous a bien baladés. La réalité s’est éclipsée, nous laissant toutefois la
trace revisitée d’une sensation bien… réelle.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A-t-on
besoin de savoir pour voir – entrevoir – le beau ? Même frelaté, le moment
de grâce a eu lieu malgré tout. Et demeure dans notre esprit sous forme d’une
image propre à entretenir en nous une forme de tremblement romantique qui nous
est familier. La lune sera toujours la lune, même imitée, suggérée, offerte à
notre regard qui se voudrait toujours virginal. Mystères de la nature et enfance
de l’art.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au-delà d’un
effroi jouissif qui nous paralyse, voilà un mystère supérieur au sens : il
n’y a pas de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">parce que</i> dans la
contemplation du beau. Nu, vierge, le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">comment</i>
appelle notre intuition primitive. Geste intérieur de plénitude apaisée. Après
la culture acquise, le temps viendra de l’inculture recherchée, souhaitée. De ce
qu’il reste d’indélébile quand on a tout oublié. Sensation pure. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le sublime
nicherait-il dans ce moment hors langage où le monde ne nous parle plus ?
Mais nous laisse enfin face à face avec nous-mêmes, ravis de nous faire
confiance. Simplement. Rencontre inopinée, fugace, de l’estime de soi.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’harmonie
d’un lever de soleil, la force des vagues sur le littoral, la puissance d’un
pic montagneux… Mais aussi bien l’esthétique d’un texte, d’une toile ou d’une
musique. Et si nous avions le pouvoir de faire revenir à l’envi les sensations
que ces scènes ont imprimées en nous ?<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Si la beauté
ne se possède pas, ne nous aurait-elle pas envoûté au point d’inscrire en nous un
certain sens de la gratuité des choses ? Et si la beauté ne nous faisait
signe vers rien, nous laissant à ce sentiment nouveau d’une destination qu’elle
aurait oublié en chemin. Ce sentiment de n’être jamais autant soi-même qu’en
parlant de tout autre chose que soi-même. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il nous
resterait le chemin. Le synapse connectant plus que les neurones connectés. Les
liens plus que la chose en soi. La voie plus que la cible. Et le bonheur rare
de se perdre.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/9vBoRGdn17I/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/9vBoRGdn17I?feature=player_embedded" width="320"></iframe><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><o:p> <strong><span style="font-size: large;">COMMUNICANT</span></strong></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><o:p><strong><span style="font-size: large;"></span></strong></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><o:p><strong><span style="font-size: large;"></span></strong></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il est passé
par ici, il repassera par là. Tel le petit lapin mécanique secoué par sa pile
dorsale, l’agité du bocal occupe la scène jusqu’à plus soif. Il déclame,
explique, argumente, prouve, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">bienfonde</i>,
conclut… avant de recommencer sa sempiternelle litanie. Circulez, il n’y a rien
à voir hors sa propre vision, rien à dire hors son propre discours. Il est
l’alpha et l’omega de toute circonstance. Il crée l’événement. Il <i style="mso-bidi-font-style: normal;">est</i> l’événement.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Communiquer
est sa seule et vraie nature. Se mettre en avant sa raison d’être. Allergique
aux bienfaits du silence, de la solitude, et à toute forme de pudeur, il
rebondit comme un culbuto dans son espace préféré : la sphère sociale et
familiale. Surexcité en permanence – n’y suspectons aucun ajout de substance
illicite – il prétend surplomber les situations, surinterprète les données,
surexpose sa personne. Il <i style="mso-bidi-font-style: normal;">surjoue</i> les
solutions, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">gère</i> seul les suites à
donner. Délivré d’une voix nasillarde au débit prolifique, son message vient se
superposer à son visage. Jusqu’à la surimpression parfaite.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>En apprenti
sorcier expert de ses autocélébrations permanentes, il sait jouer de toutes les
tonalités de la gamme communicante. Oratoire, il <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mélodise</i> ses affirmations de vocalises étudiées : sautes de
voix, hoquets, sifflements, consonances appuyées, martelages persuasifs.
Didactique, il planifie les éléments, subdivise les alinéas, résume en mots
clés. Polémique, il balaie l’opposition d’un revers de manche. Héroïque, il
s’offre lui-même pour le bien de tous, prêt à payer de sa personne qu’il
projette en avant comme un étendard. Grande gueule et paquet de nerfs, il prend
date, adepte de la formule miracle : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">on
ne lâche rien</i> ! Le voilà prêt à courir à tout va, y compris après sa
propre mort, comme un poulet sans tête.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Rechargé
comme une batterie, Monsieur <i style="mso-bidi-font-style: normal;">je sais tout
/ je suis partout / je m’occupe</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">de
tout</i> – à personnage omnipotent, vocable abracadabrant – sature l’espace de
sa présence indispensable. Le voilà qui révèle, s’épanche, prend à témoin, ose
des détails intimes, étale des affects, se cite en modèle… tout en gardant un
œil sur son auditoire, attentif à l’anesthésie qui ne tardera pas à guetter
celui-ci, il en est sûr. Il enfonce alors le clou par un appel vibrant à
l’action qui vérifie le discours, à l’entreprise qui remobilise, au fait
d’armes qui requinque. L’Histoire l’attend, tout est dit. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le silence
qui suit résonne encore de l’agitation qui nous abandonne, exténués, exsangues,
devant tant de maestria. Un temps bref nous est enfin accordé. Celui de
recharger les piles du fanfaron ludion. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’infernal
lapin redémarre.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKLBFI11ykvSjOptwOdqgDE3-c8GywQWR8LjiYD3vqdKkjX5CPTzXOOqOnCOnjGbgAWLt2_Rs5BoLEzarYmBESWAZsI61P55JO0KyJFDqMoonF0s9aHCSl87jLpYmFwr4UmwP_WFBkan4/s1600/P1020253+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="899" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiKLBFI11ykvSjOptwOdqgDE3-c8GywQWR8LjiYD3vqdKkjX5CPTzXOOqOnCOnjGbgAWLt2_Rs5BoLEzarYmBESWAZsI61P55JO0KyJFDqMoonF0s9aHCSl87jLpYmFwr4UmwP_WFBkan4/s320/P1020253+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<strong><span style="font-size: large;"> </span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"> GEPEES</span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<br />
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La voix
neutre, anonyme, insistante, résonne dans l’habitacle métallique, égrenant
méthodiquement ses injonctions numériques. Elle insiste, se répète, du même ton
monocorde et robotique, sans état d’âme. Le conducteur exaspéré en est à son
troisième passage au même endroit. Il doit se rendre à l’évidence : il
tourne en rond. Le système d’orientation incarné dans cette voix a beau être
dirigé par un ensemble de satellites irréprochables, quelque chose ne tourne
pas rond !<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’homme gare
son véhicule et ressort une carte papier des lieux. La déplie, la déploie,
comme un accordéon de mémoire. Il l’étale et commence à rechercher, à
s’orienter. A creuser les souvenirs du scout qui dormait en lui. Du temps où
l’on pouvait encore se sentir perdu quelque part et trouver son chemin avec les
moyens du bord : soleil, boussole, carte. Les lieux devaient être
apprivoisés, lus, déchiffrés. Avec patience, méticulosité. Comme on en use avec
un code bien précis : la carte légendée possède ses signes, ses couleurs,
sa légende, son échelle, son orientation. Elle est le fruit du travail précis,
précieux, des géomètres, géographes et marcheurs qui sont allés vérifier, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">cartographier</i> tous les éléments sur le
terrain. La carte se lit comme le produit de ce long et patient travail, un peu
comme le lecteur sait apprécier les dédales du récit livré par le romancier. La
carte, récit intime des espaces. A lire et relire pour réveiller nos liens aux
lieux.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’espace
vit, évolue, se transforme. Il se donne à voir à travers l’imaginaire, la
représentation. Il appelle des comparaisons, des mises en relation, des
explorations multiples et complémentaires du réel. Sa lecture nous fait
mesurer, tracer, nous projeter dans des voies à choisir, à inventer. A la
manière du romancier radiographiant sa ville pour en faire ressortir les
couches successives, des plus apparentes aux plus profondes. La mémoire des
lieux éveille nos lectures palimpsestes les plus enfouies, les plus secrètes.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Nous
mesurions autrefois un trajet, une destination prochaine, à portée d’œil, de
compréhension, d’affection presque. Nous avions latitude et responsabilité à
nous conduire et à assumer l’issue – heureuse, accidentelle, surprenante – du
trajet. Il nous faut désormais accepter un jeu bien différent : celui de
se laisser conduire en se sachant observé. Et prêt à être remis sur la bonne
voie, comme un enfant pris en faute. L’intimité de l’intention a fait place à
l’automatisme froid du calcul satellitaire.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Plus de
possibilité d’hésiter, de tergiverser, de s’égarer. Le robot nous tient par la
voix, par le regard, nous propulsant malgré nous vers l’issue d’un voyage qui
ne nous appartient plus. Dépossédés d’un mystère possible des lieux, nous nous
tenons aux ordres de la petite boîte magique qui nous garde hypnotisés,
obnubilés par le point de destination. Seule la cible surnage-t-elle encore
(jusqu’à quand ?) du naufrage. La voie, elle, se perd dans l’oubli d’une intelligence
de l’espace qui nous est à jamais retirée. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">gépèès</i> fait figure, désormais, de guide
contemporain aux allures de héros antique. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<br />
<span style="font-size: large;"><br />
<span style="font-size: small;">
</span></span><br />
<span style="font-size: large;"><br />
<span style="font-size: small;"><br />
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-size: small;"> </span></span></div>
<span style="font-size: large;"><span style="font-size: small;">
</span><br />
<br />
<br />
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxOttvFC9YqnKBDggQ2QIa8cbCrK3I0L6UDqDl6mEnjlGE1pmx-pYLcPVBnOuIdGYq3ve9UjL5eVBtVt0LlPCzmh-LuLnOm6BeJxDixPUelXXP-wC1MMWWG7Fs0HN9vBA92VbUtpGpXXY/s1600/P1020310+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="899" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxOttvFC9YqnKBDggQ2QIa8cbCrK3I0L6UDqDl6mEnjlGE1pmx-pYLcPVBnOuIdGYq3ve9UjL5eVBtVt0LlPCzmh-LuLnOm6BeJxDixPUelXXP-wC1MMWWG7Fs0HN9vBA92VbUtpGpXXY/s320/P1020310+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></span></div>
<span style="font-size: large;">
<br />
<br />
<br />
<br />
<strong>IMAGOS</strong><br />
<strong></strong><br />
<br />
<br />
<span style="font-size: small;">
<br />
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";">Dans un ultime sursaut pour la vie, l’insecte
emmailloté engage sa dernière mue. Tout juste délivrée de l’ultime membrane qui
l’enveloppe, sa forme parfaite, définitive, se déploie avec la majesté
tranquille des prodiges muets. Œuf, chenille, chrysalide, papillon : la
nature a su conduire à son terme un cycle biologique complet, complexe. Chef
d’œuvre longuement mené à bien, pour une durée de vie de… quelques jours. Acte
gratuit, pour la beauté du geste ?<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-size: large;"><span style="font-size: small;">
<br />
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pas moins de
quatre naissances ont accompagné quatre stades de vie successifs et différents.
Quatre identités pour ces lépidoptères qui ont évolué parallèlement, au fil des
millénaires, avec les plantes-hôtes qui les supportent et les nourrissent.
Chaque famille porte un nom à rêver, à l’image des héros des grands mythes
humains : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">machaon porte-queue</i>, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sphinx à tête de mort</i>, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">argus bleu</i>, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">grand paon de nuit</i>… Légèreté de l’allégorie : les papillons
seraient des esprits voyageurs dont l’apparition annonce une visite ou la mort
d’un proche. Symbole métamorphique : la chrysalide est l’œuf qui contient
les potentialités de l’être, et l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">imago </i>qui
en sort figure la résurrection. Une manière</span><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> </span></b><span style="font-family: "arial";">de sortie du tombeau, déjà. La mort nichée au creux
même de la vie.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-size: large;"><span style="font-size: small;">
<br />
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Feu solaire
qui anime l’âme des guerriers, l’adorable lépidoptère bat de ses ailes
multicolores. Il n’en finit jamais d’enchanter les fantasmes, jusqu’à trôner
aux côtés de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Psyché</i>, l’âme
papilionacée. Il anime les visions enfantines idéales, celles qui planent sur
la magie des jours heureux. Celles que l’on avait rêvé de capturer au filet
secret de nos envies. L’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">imago</i> des
êtres chers dont nous gardons la survivance quelque part en nous. Trésor et
poids de l’enfance à la fois, que ce double dormant au fond de nous-mêmes,
subtil archiviste des émotions et des images d’une période achevée, qui nous a
portés et que nous portons au creux de nous comme une promesse que nous ne
pourrons jamais tenir telle que nous l’avions formulée. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-size: large;"><span style="font-size: small;">
<br />
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-size: small;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Infancia</span></i><span style="font-family: "arial";">, c’est un bagage qui ne se parle pas, avec ses deuils, ses drames, ses
angoisses. Il faudra bien pourtant qu’elle se fasse la belle pour que l’adulte
qui en sort puisse la déformer de sa nostalgie, l’embellir de ses regrets.
L’enfance n’a pas d’âge, elle s’écrit toujours à l’envers. « Je ne suis
plus chez moi ! », clame le nouveau-né de son cri primal déchirant.
Aucune réponse ne lui parviendra avant l’âge de raison. Et la période enfantine
ne laissera à l’adulte qu’un résidu opaque avec lequel il passera sa vie à
s’expliquer. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-size: large;"><span style="font-size: small;">
<br />
</span></span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’enfant se
révèle nu, démuni, débordé par ce qui lui arrive, impréparé à faire face à
l’événement, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">passible</i> des choses qui
lui arrivent. Dépendant de ce qui le dépasse. Pris par des champs de conscience
qui l’excèdent. La chose dont l’enfance est l’écrin apparaît comme toujours
déjà perdue. A la forme d’endettement qui l’accable malgré lui, rien n’assure
que répondra un jour l’acquittement vis-à-vis des ascendants qui l’ont
accompagné. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-size: large;"><span style="font-size: small;">
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>S’il existe
d’éphémères papillons adultes, il n’y a pas de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">grandes personnes</i> sans enfance à résoudre : nous sommes
toujours dans un rapport de narration avec ce qui précède et nous aliène. La
sortie de l’enfance – comme celle du cocon – requiert un visage, un corps à
explorer le monde. Et une voix qui vient du fond de soi-même comme une
étrangeté : celle qui fait de nous des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Narcisse</i>
incapables de reconnaître ici leur reflet. Phonation bizarre que celle qui nous
monte à la gorge et qui n’est pas la nôtre, mais celle d’un autre en nous. Enigme
de l’altérité qui nous porte : on est fait d’un autre que l’on passe sa
vie à portraiturer en adulte. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’enfance,
passage sans âge.<o:p></o:p></span></div>
</span><br />
<br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGRsE7pQUAqoh8u0mIa0385HzFyjNYqgcPqaiCblDgRt96kUnrRM55v2gR6lzSBC2-2KKTsGJK13u6O2vbcuEFuPMvkRtAu__7S-7kCkfTjoHSjXPuRzcdHVelUJRJ5USHzaUqkj7eE54/s1600/P1020135+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="899" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGRsE7pQUAqoh8u0mIa0385HzFyjNYqgcPqaiCblDgRt96kUnrRM55v2gR6lzSBC2-2KKTsGJK13u6O2vbcuEFuPMvkRtAu__7S-7kCkfTjoHSjXPuRzcdHVelUJRJ5USHzaUqkj7eE54/s320/P1020135+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<br />
<br />
<br />
<br />
<div style="text-align: left;">
<strong>TEMPS MORT</strong></div>
<div style="text-align: left;">
<strong></strong> </div>
<div style="text-align: left;">
<strong></strong> </div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<span style="font-size: small;"><div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais
regardez-les donc ! Ils courent tous, connectés, ligotés par d’invisibles
fils qui les entravent. Ils mutent en cellules affolées, affairées, mimant le
sempiternel mouvement brownien. Diffusion, fusion, confusion : ils ne
voient même plus où ils vont… mais ils y vont. Bille en tête. De SMS en
courriel, de gazouille en recherche de moteur, la rumeur s’enfle jusqu’à endosser
les proportions d’une hallucinante méduse projetant à tout instant les
dernières tentacules en vogue de l’illusion numérique.<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Images de
surveillance, historiques de recherche, listes de transactions : le
mollusque digital avale tout, sans discontinuer. La surveillance se resserre,
nos traces se multiplient, abreuvant un monstre aux mille gueules jamais
rassasié. Notre passé nous dépasse.<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Tout cela <i style="mso-bidi-font-style: normal;">en temps réel</i>, s’empresse-t-on d’ajouter
fièrement. Comme si le temps était une donnée <i style="mso-bidi-font-style: normal;">réelle</i>, et non abstraite, subjective ! Nous voilà
définitivement dépositaires du droit de posséder le temps. Mais l’avons-nous
vraiment en quantité suffisante et réfléchie pour penser la portée de ce que
nous écrivons ? Alors tant pis pour les contenus portant à malentendus !<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et que
répondre à ces lecteurs qui se vantent de lire <i style="mso-bidi-font-style: normal;">en diagonale</i>, pour, croient-ils, gagner un temps précieux ?
Sinon que la lenteur permet de mieux comprendre et mémoriser. Sans même évoquer
le plaisir, le goût de se voir faire les choses !<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’outil-roi
remplace peu à peu les idées qu’il était – en théorie – censé seulement
véhiculer. Fascinants, les moyens ont remplacé les fins. Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">comment</i> a liquidé le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">quoi </i>et le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pourquoi</i>. Les performances ont tué les projets. L’illusion s’est
substituée au sens. A tel point que la question pourrait se poser telle
quelle : c’est quoi, au juste, une idée ?<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quel temps
nous reste-t-il pour musarder, à l’écoute de la vie qui pulse autour de nous
lorsque nous osons – encore – ouvrir nos sens au monde ? Et en penser le
foisonnant contenu.<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et quelle réflexion critique face aux
événements du monde ? Sous les hystéries collectives rampe l’aliénation
des esprits. Comment garder vives nos intelligences si l’on ne s’accorde plus
le temps nécessaire à l’examen objectif des choses, des faits ?<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Défauts et qualités, causes et conséquences,
croyances et raison, illusions et vérités se mélangent, formant un brouet
infâme où l’on ne reconnaît plus rien de valide.<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Analyse,
doute, évaluation, discernement sont escamotés au profit de la confusion, du
sectarisme, de l’idéologie, de la crédulité. Temps long accordé à la
délibération contre jugement hâtif, à l’emporte-pièce. Tout ce qui excite la
pensée contre ce qui l’endort.<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le temps <i style="mso-bidi-font-style: normal;">peau de chagrin</i> que nous nous accordons
encore suffira-t-il à exercer cette ironie socratique vieille comme le
monde : le Sage exprimait à ses interlocuteurs que ce qu’ils croyaient
savoir n’était en fait qu’ignorance. Mais il s’empressait d’y ajouter une <i style="mso-bidi-font-style: normal;">maïeutique</i> tout aussi avisée<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>: à chacun de pratiquer la
réminiscence pour faire ressortir des vies antérieures les connaissances
oubliées. On n’apprend pas, on se ressouvient. Dans la durée nécessaire.<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ne
risquons-nous pas de devenir ces ignares d’un savoir au temps long ? L’âme
de chaque homme est enceinte et elle désire accoucher. Toute précipitation peut
être fatale. La naissance ne peut se faire que dans le spectacle du Beau. Celle
que nous montre l’exercice libre, gratuit de la philosophie. Et la durée du
questionnement propre à nos esprits en vadrouille. <o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span lang="EN-GB" style="font-family: "arial"; mso-ansi-language: EN-GB;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Cogito
ergo sum… sed tempus fugit ! </i><o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
</span><div style="text-align: left;">
</div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/oxzeDpBvxv4/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/oxzeDpBvxv4?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div style="text-align: left;">
<br />
<br />
<strong>ACOMETISSAGE </strong></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-size: x-small;"></span> </div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-size: x-small;"></span> </div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-size: x-small;"></span> </div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-size: x-small;"></span> </div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<span style="font-size: small;"><div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><span style="font-family: "arial";">Pop-corn géant ? Grosse patate de glace et de
neige sale ? Quel est cet objet traçant dont la chevelure lumineuse zèbre
les cieux estivaux, recueillant nos vœux les plus spontanés ? A peine
blasé des poussières de lune et du désert martien, l’homme jette son dévolu sur
ces masses oblongues de quelques kilomètres évoluant aux confins du système
solaire, satellites gazeux des étoiles. Au point de leur adresser un
explorateur robotisé aux ambitions décennales.<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’orbiteur
au long cours aura parcouru sept milliards de km, réalisé cinq fois le tour du
soleil en dix années de traversée. Et largué un adorable petit robot qui a
rebondi comme sur un trampoline dans cet environnement sans gravité. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Philaé</i> a ainsi <i style="mso-bidi-font-style: normal;">acomèti</i> plusieurs fois, rebondissant avec la souplesse d’un chat.
Le voici prêt à percer les secrets de la comète. Autant que celle-ci est bien
décidée à l’éjecter lors de son prochain dégazage.<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A la
recherche fiévreuse de ses origines, l’homme se laisse hanter par la
narcissique question lancée à l’espace : « Miroir, mon beau
miroir ! Dis-moi <i style="mso-bidi-font-style: normal;">qui</i> est le plus
beau ! » Ou plutôt : « Dis-moi <i style="mso-bidi-font-style: normal;">que je suis</i> le plus beau ! » Où en sera-t-on dans cent
ans en conquête spatiale ? La prévision est difficile, surtout quand elle
concerne l’avenir, nous confie volontiers l’humoriste. Prestige stratosphérique
et orgueil phénoménal ont poussé à la course spatiale entre les nations. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Qui sera le premier ?</i> <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>antique interrogation où pointent d’aussi
antiques jalousies. Ou encore : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Qui
mordra la poussière astrale le</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">premier ?</i>
La course à l’espace en métaphore du choc des blocs. Mais quoi, après ces
enjeux géostratégiques déjà datés ?...<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Avides de
percer le mystère d’autres vies dans l’espace, nous aurons au moins amélioré
notre vie sur terre. Recherche de micro-organismes, de nouveaux métaux, vision
décentrée du système solaire où nous évoluons… expériences innovantes. Et
tentative de retour à nos origines lointaines.<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les comètes seraient ces capsules à l’abri du
temps, renfermant les clés de la naissance de notre système solaire. Nébuleuses
de gaz et de poussières cosmiques : voici les témoins, congelés dans leur
nid froid, de notre soupe primitive <i style="mso-bidi-font-style: normal;">milliardaire</i>
– en durée d’origine. Tâtant d’une proximité épisodique et relative avec
l’astre du jour où elles plongent parfois mystérieusement, une partie de leur
matière se <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sublime</i> : elle se
transforme en gaz. Entraînée par le flux gazeux sous pression, la comète forme
autour de son noyau une chevelure à la longue queue lumineuse, la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">coma</i>. Plusieurs millions de km d’une
lueur vive, traçante, éphémère, s’envolent aux vents solaires. Haïku visuel
intergalactique. <o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Acomètissage</i> de Philae : notre
champ lexical s’élargit soudain, réalimentant notre langue souvent endormie,
elle aussi, à l’image des comètes en repos. Le petit robot, lui, espère vivre
encore quelques mois avant de succomber à un coup de chaud solaire. Vie et mort
des objets célestes. <o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
</span><div style="text-align: left;">
</div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUEQICb3QaVyG5Ry7M9AyHOoVhhWK9G1_JKxqm21RxVq44BKmz27UluMBImI2SHY-ium0BBmvlS4Pm8cs6HcdsCxv3-rvQqBSFdYJBw5rRxXgjNKtjtmnqJyCymzDJjIsH6h0N2ug78s4/s1600/P1020294+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="899" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUEQICb3QaVyG5Ry7M9AyHOoVhhWK9G1_JKxqm21RxVq44BKmz27UluMBImI2SHY-ium0BBmvlS4Pm8cs6HcdsCxv3-rvQqBSFdYJBw5rRxXgjNKtjtmnqJyCymzDJjIsH6h0N2ug78s4/s320/P1020294+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<br />
<br />
<br />
<span style="font-size: small;">
</span><br />
<span style="font-size: small;"> </span><span style="font-size: large;"><strong> </strong></span><br />
<span style="font-size: large;"><strong> BIOTOPE</strong></span><br />
<strong></strong><br />
<strong></strong><br />
<strong> </strong><span style="font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;">Une gravière désaffectée, vestige d’une activité
industrielle oubliée. Il ne demeure que la cuvette en pente douce qu’emplit peu
à peu l’eau claire et pure de la nappe phréatique. Mystère des eaux souterraines
colonisant par porosité, lente imprégnation, les anfractuosités de la surface.
Au gré des hasards, une jungle aquatique s’apprête à surgir. Retour aux
conditions des origines planétaires, à l’échelle d’une mare humide. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Bactéries en
myriades, puces d’eau, mousses envahissent bientôt les eaux dormantes, suivies
des amphibiens, oiseaux, insectes. Crapauds, couleuvres, libellules. Petits
mammifères en quête de proies. Végétaux de toute nature peuplent le fond,
recouvrent la surface. La niche écologique s’enrichit au fil des saisons. Les
limons s’accumulent à faible profondeur, tapissant le socle de l’habitat devenu
fertile. Sur un rythme régulier, la lumière perce les eaux, éclairant un tout
nouveau théâtre d’ombres. Les crues des rivières proches acheminent les
poissons. Des labyrinthes s’organisent entre les herbiers, forment refuges,
gîtes, asiles. Prédateurs et proies se côtoient. Le milieu s’équilibre entre
ses hôtes. Le biotope vit.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Quel regard
lui accordons-nous ? Qu’en connaissons-nous vraiment ? Savons-nous
que le polype d’eau douce ne vieillit pas : ses cellules se renouvellent
en permanence, échappent à la dégénérescence, conservent la vie. Nous
doutons-nous que les plantes s’échangent des informations, à leur façon ?
Fascinants végétaux capables de prévenir l’attaque de prédateurs, de réagir à
la musique ou d’émettre des hormones aptes à attirer les insectes qui viendront
les polliniser. Comportements évoquant une manière de cerveau végétal.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; tab-stops: 36.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Que penser
des systèmes d’alerte développés par les animaux dont l’oreille interne perçoit
les vibrations inaudibles émises bien avant les séismes ? Ou des abeilles
enregistrant les changements fins des champs magnétiques ? Les faits sont
là. Les mammifères disparaissent subitement ou ne se nourrissent plus. Les
poissons sautent hors de leur bassin. Les reptiles tournent en rond, se tapent
la tête contre les murs. L’alerte s’imprime dans les corps par ondes infimes. A
la manière dont le papillon ou le caméléon sont des clichés du monde où ils
évoluent, le </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">vivant </span></i><span style="font-size: small;">conserve l’empreinte
du passage, de la trace plus ou moins visible. Tandis que les photons de
lumière bombardent les surfaces sensibles, perturbent l’organisation des cristaux
chimiques, des figures naissent dans le chaos du monde. Chaque disparition de
cellule ici s’accompagne ailleurs de la réplication d’une empreinte, d’un
redevenir des corps. Simulacres et survivances. Fugacité et persistance.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; tab-stops: 36.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Le petit
peuple de la mare va sa vie, ne délivrant ses secrets qu’avec la parcimonie du
vivant aux aguets. Même les poissons ne dorment que les yeux ouverts ! Et
lorsqu’un épais voile blanc se répand comme une brume sur le fond du lac
miniature, on pense aux semblances d’un poison trouble drainant les
profondeurs. La nature, elle, n’y voit que réaction entre éléments : celle
du carbonate de calcium, froid, entrant en contact avec l’eau plus chaude. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; tab-stops: 36.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Subtile,
étonnante alchimie du biotope.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b></div>
<span style="font-size: small;">
</span> <br />
<br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKtURRR0oZomQW6lK2hi5P7plMXPXjkoaJhEvBPFPnLSjZN0blcEuBODFlmpSvI4RpvHrDFq8iXCFs6r3pqqIER0-mSSbZkpXdoe0EJfheajz2Ve3SR8dSBy1c3u95wz75lu5Mp4aSiSs/s1600/P1020276+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="899" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKtURRR0oZomQW6lK2hi5P7plMXPXjkoaJhEvBPFPnLSjZN0blcEuBODFlmpSvI4RpvHrDFq8iXCFs6r3pqqIER0-mSSbZkpXdoe0EJfheajz2Ve3SR8dSBy1c3u95wz75lu5Mp4aSiSs/s320/P1020276+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a>
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<span style="font-size: large;"><strong>PASSEURS D'ESPRIT</strong></span><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;">Le parc est calme et désert. Les allées régulières
découvrent quelques bancs déployant leur dos déjà usé pour le repos du badaud.
Seules plusieurs boîtes placées ici et là rompent ce bel équilibre, annonçant
on ne sait quelle initiative ou proposition. Petites boîtes en bois imitant la
couleur verte des buissons environnants, se fondant en eux, ne s’en distinguant
que par leur aspect verni. Boîtes à usage d’on ne sait quelles secrètes
instructions.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Parmi les
promeneurs plutôt rares, il en est qui se dirigent vers ces mystérieux
coffrets, y introduisant ce qui fait penser à un opuscule, avant de s’éloigner
d’un pas nonchalant. Rien ne s’oppose à la curiosité qui vous fait ouvrir ce
drôle de boîtier pour y inspecter son contenu. Vous en retirez un livre à
l’aspect un peu usé, dont la couverture porte la mention : « </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Cercle des lecteurs invisibles »</span></i><span style="font-size: small;">.
Feuilletant ce livre providentiel, vous vous apercevez bien vite qu’il a déjà
été parcouru par plusieurs lecteurs. Pliures, biffures, annotations diverses,
taches de café, chacun y a peu ou prou laissé sa trace. Ce livre a vécu
plusieurs vies.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">A peine
éclipsé de ce drôle de jardin public, le dernier locataire du livre vient d’assigner
un lieu d’échange possible au récit qui occupait sa pensée. D’un geste discret,
il l’a lancé comme une bouteille à la mer, un secret message à déchiffrer.
Comme un objet précieux qu’on livre au hasard de la rencontre. Appel au partage
de l’album d’images mentales que l’auteur du livre lui a permis de feuilleter à
son tour. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">La
désintégration lente de la fine pellicule de mémoire déposée par le récit ne
nous condamne pas à l’ensevelir pour autant. Le moyen existe de faire rebondir
sa trace encore vivante. Tant un livre existe d’abord à travers l’oeil du
lecteur qui s’y plonge, comme toute œuvre par le regard qui lui est accordé.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Voici le
lieu d’une conjonction fertile des images qui ont déjà surgi et de celles à naître
chez les lecteurs à venir. Espace de rencontre du réel advenu et de l’aléatoire
à créer, une vaste bibliothèque de la pensée s’inscrit en lieu idéal,
dématérialisé. Une manière de nébuleuse du sensible. Du temps de latence qui
suit le parcours d’un livre peuvent jaillir après coup d’autres sens, d’autres
intérêts. Le récit continue de vivre dans les esprits qu’il a déjà visités. De
même qu’il poursuivra son chemin entre les mains de ses futurs lecteurs.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Derrière
tous ces regards se profile celui, sidéré, du philosophe dont les yeux
s’absorbent dans les racines puissantes d’un arbre du parc, prenant subitement
conscience de ce que signifie </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">exister</span></i><span style="font-size: small;">.
Au-delà de la matérialité du monde perçu, possédé par les sens, </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">ça</span></i><span style="font-size: small;"> se met à exister. La pensée a rejoint
l’essence.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Passant de
boîte en boîte, de main en main, le futile objet de papier revit mille vies
dans la </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">mimesis</span></i><span style="font-size: small;"> revisitée de son
attachant récit. Sa forme désirable hante l’espace des vastes jardins de nos
voyages intérieurs. Avatar inattendu, secrètement adopté, de nos rencontres
virtuelles, mû en forme spectrale des esprits réunis, il anime désormais – et
pour longtemps – le Cercle des lecteurs invisibles.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVagfXWxNgJi60QOm0hDIoWqA5hQqwMJ0S88CB32AiupKnHl9Eou2OBO9xgtPK4YWvaK7XURIq9x64Gsy7ydrZtXLM1j1CJBdX-TkqUsPMRb_4Q94KLMcP_Q_Svk58PELV__2_jnBcIQY/s1600/P1020259+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="899" data-original-width="1600" height="179" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVagfXWxNgJi60QOm0hDIoWqA5hQqwMJ0S88CB32AiupKnHl9Eou2OBO9xgtPK4YWvaK7XURIq9x64Gsy7ydrZtXLM1j1CJBdX-TkqUsPMRb_4Q94KLMcP_Q_Svk58PELV__2_jnBcIQY/s320/P1020259+%255B1600x1200%255D.JPG" width="320" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;">BREVES</span></strong></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;">Une large tranchée
blanche tapissée ici et là de bandes de velours verdoyantes, comme une saignée
profonde coupant la ville en deux. La chenille compacte d’un tram avance sa
carcasse de verre et de métal, lente, silencieuse, sur le grand ruban blanc.
Rivée à son rail, la rame serpente au gré des courbes de l’avenue. Tranquille.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Une voiture
s’engage en travers. Sans un regard pour le tram qui s’avance en pleine
visibilité, le conducteur attaque l’espace en terrain conquis, sûr de son
droit. Choc inévitable. L’intérêt particulier entrant en collision avec le
domaine collectif : fait divers vieux comme le monde. Inconscience des
acteurs ? Insignifiance du fait ? Illustration d’un fond de déraison.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">La nouvelle
– mais en est-ce vraiment une ? – fera un paragraphe illustré dans la
presse locale, et peut-être un reportage sur la chaîne de télévision du coin.
Parmi d’autres, multiples, exposées sans hiérarchie apparente. Fatras confus
engendré par un monde agité. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Le fait
divers catastrophique nourrit nos tendances complaisantes à l’émotion facile,
notre pente naturelle à l’hébétude consumériste. Haro sur l’univers exalté de
nos chaînes TV en continu, concoctant matière à information, à surinformation.
A désinformation. La stratégie est toujours la même : comment transformer
un fait d’apparence anodine en pièce montée dégoulinante de bonnes intentions.
Le robinet alimente sans fin un regard juteux, vendeur, sur le monde comme il
va. Voici les </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">brèves</span></i><span style="font-size: small;"> qui s’allongent
comme queues de comète en plein jour.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Les
consciences fourbues n’en ont jamais fini de s’imprégner du navet consternant
alimenté par les petites mésaventures du quotidien. Le fait divers, cette
démangeaison du présent, avale goulûment l’Histoire comme l’Art, assimilés à un
gigantesque jeu vidéo où le </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">fun</span></i><span style="font-size: small;"> et le
jeunisme s’épaulent pour expulser toute tentative de penser la vie. L’autofiction
tient désormais lieu d’épopée. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">« Soyez
jeunes, urbains, festifs ! » susurre-t-on jusqu’au fond des provinces
reculées : il n’est plus ni art ni culture qui ne cède à ces injonctions
complaisantes, trompeuses. Braqués sur la futilité du monde, les projecteurs de
l’actualité accouchent d’un déballage permanent d’où émerge l’écume du rien. Le
</span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">zapping </span></i><span style="font-size: small;">frénétique sur l’</span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">« info »</span></i><span style="font-size: small;"> vire à l’opération
d’enfumage pure et simple. L’insignifiance crée l’ignorance, entretient le
vide, déconnecte la pensée, débouche sur la déconfiture d’une culture présumée </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">populaire</span></i><span style="font-size: small;">. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Et comme si
on en redemandait une dose, l’actualité contemporaine invente des redites à de
vieux faits divers pourtant passés à la postérité. Le naufrage pathétique d’un
rafiot de luxe affrontant des icebergs gros comme des montagnes – déjà joué
grandeur nature au début du siècle – prétend rebondir et suggérer de nouveaux
ravages. On en remet en scène la vision frénétique, hystérique, la célébrant
d’un navet planétaire qui achève de couler le cinéma grand public dans une
soupe hollywoodienne où adore patauger le bon peuple larmoyant. Insuffisante
approche : il faut viser une vérité plus forte encore, plus proche de notre
réel contemporain. Plus apte à frapper les esprits, du moins ce qu’il en reste.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">On met donc
en service de tout nouveaux géants des mers, hauts comme des immeubles, larges
comme des avenues. Que l’on dirige près des côtes, au mépris des règles de sécurité.
Provocation au bon sens… et aux lois élémentaires de la navigation. Les mêmes
causes produisant les mêmes effets, la catastrophe prévisible a lieu… et se
redouble d’une mise en scène à faire froid dans le dos. A quand une fiction
célébrant le </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Costa Concordia</span></i><span style="font-size: small;"> ?...<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">L’histoire
hoquette, bafouille et révèle de curieuses tendances à célébrer nos travers les
plus stupides et les plus ancrés. Le feuilleton va bon train. Au théâtre confus
de nos illusions, nous adorons rejouer nos </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">brèves</span></i><span style="font-size: small;">
infernales. La bêtise nous guette. La répétition nous navre. La redite nous
sidère. Le mauvais carnaval des masques bat son plein. Et nous laisse à court. </span><span style="font-size: small;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/wifDfHmVsl0/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/wifDfHmVsl0?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;">MIMETIQUE</span></strong></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><span style="font-family: "arial";">Avec la
lenteur paresseuse et calculée du reptile, l’animal insinue ses tentacules
interminables sur les fonds sableux à peine frôlés. Comme en état de léthargie,
d’apesanteur. Les longs bras annelés semblent animés d’une quête versatile dont
les enjeux les dépassent. L’être est tout en muscles. N’est que muscle. Les
bandes brunes et blanches qui parent ses flancs modifient par instant leurs
couleurs, impulsant à l’imposant mollusque des intentions énigmatiques. Mais un
jet d’eau se propulse soudain, depuis un siphon secrètement lové au creux du
corps. Nul doute qu’il trahisse un mobile en cours. La pieuvre va sa feinte.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Etonnant poulpe
mimétique, capable de dupliquer l’apparence et les mouvements de quinze espèces
marines différentes. Les contorsions subtiles d’un organisme </span><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">irrémédiablement mou le font passer du statut
de serpent de mer à ceux de crabe géant, de poisson-grenouille, de coquillage,
de raie ou d’anémone. Le voilà même singeant la couche sableuse qui lui sert de
décor. Pour mieux se fondre dans le milieu.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Inimaginablement
flexible, la pieuvre mimétique pourrait, dit-on, loger entièrement dans une
canette de boisson gazeuse. Capacité d’adaptation remarquable qu’il est tentant
de mettre en parallèle avec les traits d’intelligence animale repérés chez les
céphalopodes. A ce jour, ce poulpe est le seul invertébré à avoir démontré son
aptitude à faire usage d’outils : ne l’a-t-on pas surpris ouvrant un
récipient en dévissant le bouchon de celui-ci ? Si la pieuvre-mime possède
cette double souplesse, ses dons d’imitation sont alors en partie expliqués, la
rendant spécialiste pour tromper proies et prédateurs. Ne laissant que sa tête
et ses yeux dépasser de son trou, la voici en position d’observation. En
attente de création d’un prochain et subtil camouflage.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Sommes-nous
aussi convaincants dans les échanges avec nos semblables ? L’</span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">effet miroir</span></i><span style="font-size: small;"> qui nous voit tenter des
rapprochements stratégiques avec les personnes à séduire ou à convaincre, en
observant puis en reproduisant certaines de leurs attitudes, ne relève-t-il pas
des stratagèmes mimétiques inventés par le poulpe-mime ? Il s’agit bien
d’accompagner vers l’autre un mouvement subtil propre à s’approprier tout ou
partie de son </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">aura</span></i><span style="font-size: small;">. A l’image du
céphalopode musclé qui se fond dans le sable du décor, à nous de nous mouler
dans l’environnement, de mimer les codes sociaux, le niveau de langage, les
attitudes et jusqu’à la stature ambiante de notre public. L’humain éponge
sociale.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">La face
cachée de la force a depuis peu un nom : neurones-miroirs. Logés dans le
cortex, voici la trace vivante de nos désirs mimétiques, de nos gestes empathiques.
Plus de reproche, désormais, à adresser à l’escroc ordinaire qui, par ses tours
et manèges, ne fait que mettre en évidence les mille petites </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">vérités</span></i><span style="font-size: small;"> inavouables de la société. A
chacun d’interpréter son rôle par le travestissement qui lui convient :
perruques monarchiques, masques vénitiens, grimages divers. Au café du commerce
du coin peuvent s’échanger les derniers trucs ou savoir faire par lesquels le
petit peuple prend sa revanche sur l’élite présumée initiée. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Le
travestissement n’aura aucun mal à passer pour une protection normale. Une
bonne volonté évidente de </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">sauver la face</span></i><span style="font-size: small;">,
</span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">les apparences</span></i><span style="font-size: small;">, voire les </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">faux semblants</span></i><span style="font-size: small;">. </span><span style="font-size: small;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Au royaume
des masques, l’homme poulpe est roi.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: "arial";"><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-size: small;"><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="mso-spacerun: yes;"><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcpIYHC0Xg1SvGdZUkYVD_9O2yHU0owENvxrl8pbkQRhxKdimMYqleWMCmB6UdMQ4cTt6ok7YF_MBSj6mdvEWIP3Co7m2xGstTrJaAZd6uZwvKX3cSgCTTjX1DZmPrXul56csY0S8vS1o/s1600/P1020138+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="899" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcpIYHC0Xg1SvGdZUkYVD_9O2yHU0owENvxrl8pbkQRhxKdimMYqleWMCmB6UdMQ4cTt6ok7YF_MBSj6mdvEWIP3Co7m2xGstTrJaAZd6uZwvKX3cSgCTTjX1DZmPrXul56csY0S8vS1o/s320/P1020138+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;">FANS</span></strong></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: "arial";"></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<span style="font-family: "arial";">
<span style="mso-spacerun: yes;"></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> <span style="font-family: "times new roman";">
</span><span style="font-family: "arial";">Des milliers
d’yeux implorants, fiévreux, embrouillés d’une mystique rare, convergent sur un
même point, là-bas au fond. La scène baigne dans une lumière crue qui appelle le
bruit et la fureur. L’espoir – exprimé en désir fou – de voir apparaître
l’objet de tous leurs cultes soulève chez les adorateurs une frénésie qui
confine au soulèvement d’un miracle. Chacun vibre à l’unisson de tous. Et tous
se remettent entre les mains d’un seul. La foule célèbre avec ferveur les
prémices d’une apparition, d’une irruption. D’une épiphanie. Et lorsque l’idole
survient, tel un divin cabri bondissant parmi les nuées, la clameur qui le
happe est à la mesure des mille adorations qui l’invoquaient déjà. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La vedette
salue, remercie, exécute les cabrioles d’usage, prépare l’état de transe où ne
manquera pas de le plonger bientôt son cher public adoré. Celui-ci, peuple
grouillant d’idolâtres exaltés, redouble son ardeur, pousse le registre gestuel
à son comble, concocte les conditions de l’émeute. La mimétique visuelle et
sonore parvient à son faîte, comme amorçant les premières vocalises de
l’artiste sur les accords concertés de l’orchestre. La mécanique du
spectaculaire s’enclenche, sans éteindre pour autant la cacophonie ambiante. La
foule accouche en direct d’une communion de fidèles hallucinés. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le rituel de
vénération se poursuit, s’installe dans une durée qui confirme le pouvoir occulte
de l’image vivante, sa représentation symbolique : l’idole se mue en
modèle absolu dans l’imaginaire conquis de chaque adorateur, subjugué jusqu’à
l’hypnose. Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">fan</i> sympathique,
touchant, se meut en fanatique inquiétant.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Habité par
cette conviction qu’il est aimé par la star mais que celle-ci ne le sait pas
encore, le voici qui pleure à chaudes larmes, s’agite en tous sens, se porte
lui-même au bord de l’évanouissement. Tout est bon pour attirer l’attention dans
une crise d’absolue sincérité. Jouée dans un présent total, l’hystérie organise
une simulation portée au paroxysme de sa perfection.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Vient le
temps où la transe collective s’achève, interrompant brusquement le phénomène à
la manière d’un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">coïtus interruptus</i>. La
retombée du spectacle s’annonce aussi problématique, projetant des désirs
insensés sur l’écran, chauffé à blanc, d’une mémoire qui rejoue indéfiniment le
fantasme toujours vif : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">vous étiez
fan, vous allez devenir star… </i>L’attachement démesuré, divinatoire, à
l’objet du culte fait suspendre la vie ordinaire à une présence fantomatique.
Il s’agit<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>maintenant de permettre que
revive en boucle cette passion érotomane qui nourrit chaque instant de la
conviction délirante d’être aimé par un modèle prestigieux. Innommable délire
apte à vous faire prendre des vessies pour des lanternes. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>L’irrépressible besoin de s’identifier coûte que coûte attise la quête
de l’orgasme permanent, avive les créations les plus originales. Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">fan </i>transforme fébrilement son gîte en
temple dédié : coupures de presse, disques, tickets de spectacle, posters
sur les murs, vidéos… le mythe revit dans un présent éternel, comblant les
failles et les manques par une omniprésence qui rassure. Comme la plante
instable appelle un tuteur pour demeurer droite. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’amour passionnel
porté à l’idole peut tutoyer des sommets où l’identité même semble faire
naufrage. Comble de l’effet mimétique : on cherche à muer physiquement
dans la peau du personnage adoré. Le sosie qui émerge de ce travail appliqué se
met alors à jouer la partition gestuelle de celui-ci, le lance dans l’espace
social en guise d’ultime et pathétique essai narcissique. La star ainsi
dupliquée pourra même être rejouée par l’original lui-même, à l’affût des
bénéfices d’image à retirer de cette opération séduction bienvenue. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bien malin
qui peut alors reconnaître le vrai de sa doublure. Qui singe qui ? L’amour
fusion a tout gommé au profit d’une mise en abyme où le maître et l’élève se
dissolvent ensemble dans un chaos trompeur.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il ne demeure qu’un désert où plane le doute.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjITM9_zRqYvJyuzVteBn3cZgiPCkUOpfTNV5kU2CncBYg9x55K-WaL0eNuyJrF_jCe5YIDUKuRd4rgpeJZV9i6d1XZfNt9W2VloIWzi2fUpuGRsXXgoVypacAY85hetBKAZTJMd6Wd2rQ/s1600/P1020295+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="899" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjITM9_zRqYvJyuzVteBn3cZgiPCkUOpfTNV5kU2CncBYg9x55K-WaL0eNuyJrF_jCe5YIDUKuRd4rgpeJZV9i6d1XZfNt9W2VloIWzi2fUpuGRsXXgoVypacAY85hetBKAZTJMd6Wd2rQ/s320/P1020295+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;">HAINE</span></strong></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span><br />
<span style="font-family: "arial";"></span><br />
<span style="font-family: "arial";">Bardé de sa rancœur et de toutes les frustrations
accumulées, le terroriste avance avec l’assurance du droit acquis, conquis,
requis. Derrière lui, l’armée silencieuse de ceux qui le soutiennent, là-bas,
veut-il croire. Devant lui, l’avenir radieux du martyr qui sacrifie sa vie pour
une cause qui le dépasse. Et qu’il n’a surtout pas pris le temps d’examiner
avec sa raison. Quelle raison ? Réfléchit-on lorsqu’on est mû par la haine
aveugle propre à l’exclu ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Car il n’est
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">rien</i>, ne se sent <i style="mso-bidi-font-style: normal;">rien</i>, n’aspire plus à <i style="mso-bidi-font-style: normal;">rien</i>.
Il est – se veut ? se proclame ? – le produit avarié d’une société pour
lui vide de sens. Son déchet avéré, désigné. Plus que du doigt, des yeux. Du
siège-même des émotions. Arpentant la ville de son enfance, Il ne reconnaît
rien ni personne. Personne ne le voit. Il n’en est pas. Il a intériorisé avec
le temps un espace qu’il a transformé en prison intérieure. En ghetto. A force
d’ondes négatives vérifiées, accumulées, il a devant lui les preuves d’une
exclusion qu’il veut injuste, féroce, irrémédiable. Il en a déjà pris acte,
parcourant un à un les affres minables de la petite délinquance. Mais rien ici
pour se faire reconnaître valablement, durablement.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comment
passer du mépris de soi à la haine des autres ? Comment surtout rendre
sacrée cette rage qui l’habite, le hante, l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">excède </i>?
Sinon en donnant à son mal-être un sens qui le dépasse, celui d’une justice
ordonnée d’en haut, par <i style="mso-bidi-font-style: normal;">un</i> Très-Haut.
Même s’il ne le connaît pas. Surtout s’il ne le connaît pas : il se veut
proche, d’emblée, de ce Grand Anonyme qui lui ressemble et dont il se donne le
droit de confisquer le sceau pour ce qui l’arrange. La fureur qui le dévore en
appelle à des nourritures secrètes, occultes, héritées de ses lointaines
origines, étrangères à tous ces impies, ces hérétiques qu’il côtoie chaque
jour. Le voilà prêt à basculer dans une traversée initiatique qui le confirmera
enfin dans l’identité qui lui faisait défaut.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Lui, le bouc
émissaire d’un système qui l’ignore, découvre le pouvoir insensé de retourner
aux autres leur regard négatif, de se voir enfin vainqueur dans leur yeux
apeurés. Mortel effet miroir. C’est la voie de sa revanche. Le triomphe des absents.
Le prix importe peu tant l’enivrement délivre. Puissance du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">faire corps</i> : on lui offre le
statut de héros. Le voici chevalier autoproclamé. Il se sent enfin <i style="mso-bidi-font-style: normal;">quelqu’un</i>.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Tout est bon
pour alimenter cette deuxième naissance à laquelle il ne croyait plus. Le voilà
prêt à tout, au service aveugle de cette sacralité qui l’a vu renaître enfin.
Lui l’ancien banni a trouvé <i style="mso-bidi-font-style: normal;">la cause</i>
qui fera de lui un héros. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le</i> héros
parmi une foule de prétendants avec qui rejouer – à armes égales cette fois –
un nouveau spectacle mimétique. Une grand-messe où la surenchère est la règle,
où la perfection prend des airs de quête infernale. D’un enfer à l’autre,
quelle différence ? Celle de choisir, justement, d’en être ? Celle de
la pureté absolue du soit disant martyre consenti. L’anti-héros est prêt.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il n’a pas
raison ? Peu importe : il a le pouvoir de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">se donner</i> raison. S’inscrivant sur le grand marché de la
martyrologie, sait-il que sa victoire intérieure sera de courte durée ?
Tant l’illusion et la folie sont les moteurs pervers des héros négatifs. Leur
carburant fétide pour embraser les destins, perdus d’avance, de ceux qui,
n’ayant plus rien à perdre, jettent toutes les vies – les leurs comme celles
des autres – aux horties de l’Histoire.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’infernale
mécanique du retour au même et à l’identique a gommé toute altérité<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>et creusé un vide cérébral abyssal. La
radicalité a mystifié l’exigence. Tué l’intelligence. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Produit
pervers de l’effet miroir, la haine est fille du désespoir.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
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</div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSkMZUVRj5NoxC8aJmOaoaj-dRjjkaPeXZE1-32byQfuv5YmQqyVT0cz_YraGxQGVncw-NO-RDsCuT1X8mISOum-ZxvAbQmbdik8FFz_Nna5fFOzy0KFa68i2KoDSOTxL6a1cpzJkdc5A/s1600/P1020307+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="899" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSkMZUVRj5NoxC8aJmOaoaj-dRjjkaPeXZE1-32byQfuv5YmQqyVT0cz_YraGxQGVncw-NO-RDsCuT1X8mISOum-ZxvAbQmbdik8FFz_Nna5fFOzy0KFa68i2KoDSOTxL6a1cpzJkdc5A/s320/P1020307+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/hwLJQUUM6_A/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/hwLJQUUM6_A?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";">Haut les cœurs et bas les masques ! La
reconnaissance documentée de nos chers doubles prend fin sur un air lancinant,
une litanie familière. L’impression demeure que ces multiples peaux se sont un
instant évanouies, découvrant un original délivré de ses oripeaux. Une identité
nue, enfin apaisée de se redécouvrir elle-même. Comme une idée neuve à explorer.
Avant qu’elle soit <i style="mso-bidi-font-style: normal;">remodelée</i> par
d’autres<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>masques, inévitables, prêts à
la recouvrir.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Que
reste-t-il quand on fait comme si rien ne s’était passé, comme aux premiers
jours du monde ? Quelle impression l’emporte ? Quels interstices
entre le tragique du pire organisé par le théâtre des Anciens et celui du
dérisoire chanté par les Modernes ? La vie répond qu’elle mérite
simplement d’être vécue. Qu’elle se veut à la fois dérisoire <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et</i> digne de notre intérêt, comme une
pièce de Tchékhov qui se jouerait sur un air de Schubert. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>On ne vit
toujours qu’une première fois, comme un brouillon perpétuel de sa propre
existence. A défaut de se raconter <i style="mso-bidi-font-style: normal;">des</i>
histoires, le défi nous appartient de faire de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">notre</i> histoire – ce cours d’âge unique – la<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>plus belle œuvre possible. Tout en sachant et
acceptant qu’elle n’aura qu’un temps. Il nous reste cet entre-deux neutre, d’un
gris acceptable : celui exprimé par la sagesse modérée de Montaigne ou la
forme de consentement de Camus : le monde n’est là pour personne et il
nous reste à porter notre lucidité jusqu’au bout. Vivons <i style="mso-bidi-font-style: normal;">les pieds sur terre</i>, compagnons !<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au sortir du
carnaval mimétique, nous gardons la trace de nos masques comme de multiples
greffes de visage successives. La peau de chaque <i style="mso-bidi-font-style: normal;">facies</i> s’est épanouie à chaque fois, réanimée par les regards qui
se posent sur lui dans un flot de rires, de cris et d’étreintes. Autant que de
rejets, de reproches, de critiques. L’illusion scénique peut se muer en vérité
passagère, le temps de la pièce : chacun joue à <i style="mso-bidi-font-style: normal;">être pris pour</i>... dans une ronde où les costumes de théâtre valsent
devant nos imaginaires médusés et joyeux. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Suspendre, la
durée d’une réflexion, le jeu permanent des masques, la répétition parfois
ironique de leur manège, c’est se donner l’occasion de décrypter l’être
étonnant qui dépasse infiniment ce qu’il a vécu, ce qu’on voit de lui, ce que
le monde a fait de lui. Reconnaître enfin cette part invisible de nous-même qui
nous fonde et à laquelle nous ne renoncerions jamais sans doute tant elle nous
est chère. Celle qui nous permet, au-delà de toute tendance à épouser des
modèles, de penser le cosmos tel qu’il se présente et s’impose à nous :
d’une présence non négociable. Et si l’univers n’est pas là pour nous, un
corollaire se déduit naturellement : nous ne sommes pas là non plus pour
le satisfaire, mais pour inventer les formes les plus larges, les plus libres,
de notre <i style="mso-bidi-font-style: normal;">être au monde</i>.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Autour de
nous, quelque part dans la conscience universelle, se font écho les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Voyageurs de l’esprit </i>: poètes,
romanciers, philosophes, artistes nous murmurent les échos troublants de nos
origines, celles qui renvoient à notre formation intellectuelle et sensible.
Par quel miracle renouvelé parviennent-ils à peupler nos idées, nos images,
d’une densité, d’une texture issues de la terre, de l’eau, de l’air ? Sans
doute nous apprennent-ils qu’il existe deux temporalités en nous, où chaque
instant est lourd de ce qui précède. L’une signe notre appartenance au rythme
terrestre, social. L’autre nous révèle à une intimité qui nous fonde car elle
nous parle de nous-mêmes. Et il arrive que souvent la première recouvre, plus
ou moins lourdement, la seconde. Au point de risquer l’étouffer.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A nous de
retrouver, dans le fatras des appartenances les plus diverses, le noyau qui
nous constitue : part d’enfance, d’apprentissage, de culture… tout ce qui
fait notre flux de conscience personnel. Et de ne pas être dupe des multiples
costumes que la vie ne peut manquer de nous faire endosser, tant bien que mal. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A la manière
du jeune Sartre des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mots</i>, s’efforçant
de ne pas ignorer sa <i style="mso-bidi-font-style: normal;">double imposture </i>:
« Je feignais d’être un acteur feignant d’être un héros. » Le même
devenu adulte concluant, en réponse à la question « Que
reste-t-il ? » : « Tout un homme, fait de tous les hommes,
et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui. »</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjg_2GSw-fSXSOKKd4lWLgWKbztLOaobeN6gZD8Oey4M2Si8dls95xd29y9Wte6bcsdCtKYDOPZhztNuFLXCB7kB8YYoVN9VpGCeq4WzdG6jJcwjtdX3hW0XttL-Xq8VbuuZivCvdTVQDw/s1600/P1020357+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1069" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjg_2GSw-fSXSOKKd4lWLgWKbztLOaobeN6gZD8Oey4M2Si8dls95xd29y9Wte6bcsdCtKYDOPZhztNuFLXCB7kB8YYoVN9VpGCeq4WzdG6jJcwjtdX3hW0XttL-Xq8VbuuZivCvdTVQDw/s320/P1020357+%255B1600x1200%255D.JPG" width="213" /></a></div>
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</div>
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</div>
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</div>
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</div>
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</div>
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</div>
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</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<em><strong><span style="font-size: large;">A SUIVRE... (à paraître en OCT 2017)</span></strong></em></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
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<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: medium;"></span></em></strong><span style="font-size: large;"> </span></div>
<span style="font-size: large;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: x-large;">SENTINELLES DE PAPIER</span></em></strong></div>
<span style="font-size: large;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"> </span></em></strong></div>
<span style="font-size: large;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;">CENT VIES DE PHILOSOPHES</span> </em></strong></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em></em></strong> </div>
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<strong><em></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em></em></strong> </div>
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<strong><em></em></strong> </div>
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<strong><em></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Etre ou
savoir ? Vivre ou réfléchir ? Agir ou penser ? L'alternative se
pose là. Comment vivre sans se regarder faire ? Comment trouver en soi la
force de poser des actes sans se préoccuper de ce qu'ils rapportent ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les philosophes ont tenté de répondre à
ces questions. De Socrate à Bergson en passant par Rousseau et Nietszche, leur
tout premier acte fut sans doute de se mettre en marche. Comme il parle et
comme il pense, « l'homme est un temps à deux pattes », selon le mot
de Jankélévitch. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Outrepassant fièrement les silences
percutants de la pensée en cours, l'homme du commun osera un « penser
c'est bien beau mais... » : la vanité du concept ne guette-t-elle pas
son auteur lorsque l'idée ne débouche pas sur du concret, du palpable ? A
bien considérer l'histoire de la philosophie, combien de gestes furent joints à
la parole chez nos nobles penseurs ? Interrogation d'autant plus
pertinente que l'activité philosophique ne débouche pas<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>nécessairement sur une réponse obligée. Elle
appelle question. Et c'est là pourtant que peut naître et s'épanouir la
« beauté du geste » vantée par Jankélévitch.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>De même que la pensée fait parfois
rengaine, il arrive que le geste trahisse le souci de trop qui échappe, l'acte
manqué qui dévoile, le symbole s'érigeant au fil d'une attitude qui fuite. Où
finit la pensée et où commence le geste ? Quelle secrète frontière sépare
nos intérieurs invisibles de l'extérieur en mouvement ? <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Tapi derrière sa fenêtre, le philosophe se
glisse dans la peau de l'observateur aux aguets. A quel moment se projette-t-il
physiquement dans chacun des passants qui s'agitent en contrebas, le long de la
rue ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A l'image de la fenêtre nous séparant du
monde, la limite qui borde nos paupières alourdies est la membrane infiniment
élastique de nos imaginaires en attente. Elle frange nos rêves d'un surplus de
précaution où dominent la pensée et la parole. La raison et la prudence.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais l'appel de l'aventure exige
plus : il nous désire au risque d'un corps qui parle, d'un mouvement qui
s'ébauche, au gré d'une émotion qui nous soulève, nous dépasse. Malgré nous. De
la tête au corps, il y a parfois divorce. Et continuité pourtant. Sans crier
gare, l'idée se laisse aller à s'incarner, à fuiter par la fissure qui s'offre,
la lézarde qui court, l'aubaine qui réjouit. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voyez le philosophe jubiler, blotti à
l'affût de la toile de Marc Chagall<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i>Paris
par</i> <i>la fenêtre </i>: il est cette double tête qui jouxte une
ouverture au bord du monde, entre intimité et air du large. Oui c'est bien lui,
là au premier plan, en bas à droite. En attente, comme son double, le chat
fétiche à visage humain siégeant tranquillement sur le rebord de cette fenêtre
grande ouverte sur la cité et ses intrigues. L'animal circonspect s'adosse au
pan boisé, multicolore, de l'encadrement. Et au-delà ? Toute une imagerie
nous assaille, nous émoustille : des corps qui flottent au loin parmi les
maisons, une silhouette suspendue en l'air comme à un parachute
invisible : ça glisse et ça flotte, la vie s'éclaire d'un grand rais de
lumière comme un spot illumine<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>la scène
d'un théâtre d'acteurs. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au philosophe de s'emparer de la scène
pour nous souffler ses questions. Et oser ses gestes. On sent sa vie prête à
jaillir par toutes les failles disponibles. Abandonnant pour un temps sa
neutralité naturelle, l'observateur ne va pas tarder à s'impliquer :
action !... <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Que nous vaut le plaisir de penser ?
« En ce point est quelque chose de simple, d'infiniment simple, de si
simple que le philosophe n'a jamais réussi à le dire. Et c'est pourquoi il a
parlé toute sa vie » exprime Bergson dans son <i>Intuition</i> <i>philosophique.
</i><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em> </em></strong><span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;">Un homme se précipite dans le cratère
brûlant du volcan Etna. Image terrible si elle n'était aussitôt atténuée par
celle qui suit : sa sandale en ressort illico sous la forme d'une savate
en plomb. Le drame vire à l'anecdote de bande dessinée.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« Basta !» semble vouloir dire le personnage en guise d'adieu
à un monde qui n'a rien compris Qui ne l'a pas compris lui, en tout cas. Et
pourtant, peu de temps avant encore, c'était bien le même qui allait guérissant
les malades en clamant des vers. Quelle mouche a donc piqué l'heureux
homme ?<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>On ne comprend rien sans faire retour aux origines. Empédocle est bien
ce héros antique qui aurait fini sa course dans le cratère d'un volcan en
éruption, dixit la légende. Gaston Bachelard, philosophe contemporain, amateur
lui aussi des quatre éléments originels, confirme la fascination exercée par le
cosmos : « Le feu est une figure du destin, un drame qui appelle le
vertige ». La disparition au creux des forces cosmiques comme image de
l'anéantissement : se vouer au feu, n'est-ce pas réussir à devenir...
rien ? Le feu comme comme garantie de purification, de renaissance.
L'espoir fou du Phénix.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>L'homme est à part. Il n'a fondé aucune école. Mais il fut honoré de son
vivant, tant il était censé faire des miracles. Constatant la parenté
indéniable de tous les êtres vivants sur terre, il se vante de s'être fait tour
à tour jeune fille, oiseau, poisson, avant de redevenir... plante !
Plusieurs vies pour un retour aux sources. Rien ne naît, rien ne meurt. Tout
agrégat de matières n'est que composé momentané.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Idée inédite ? Son collègue Anaxagore, autre pré-socratique,
l'affirme lui aussi : tout est mélange et séparation. Oui, mais Empédocle
a des principes : ses quatre éléments à lui sont de vrais divinités chez
lesquelles s'agitent deux forces antagonistes : attraction/répulsion,
amour/haine. Qui niera une telle évidence ? Y a-t-il vraiment là de quoi
se livrer aux flammes de la damnation ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Ainsi notre sphère s'agite en permanence au gré des rythmes cosmiques
qui voient les éléments fusionner, s'accoler, se séparer... à l'infini. En
lutte constante, le monde se disloque, se reforme dans un magma mouvant.
Avouons qu'une telle<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>cuisine nous
échappe souvent. Les combinaisons aléatoires qui résultent de cette lutte
sourde tendent vers un resurgissement des quatre éléments dont Empédocle assure
qu'ils <i>pensent. </i>Merveille des merveilles que cette matière créant
l'esprit !<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Une multiplicité de mondes possibles fait jaillir nos vies antérieures,
anticipant<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>une interrogation, brûlante
entre toutes : il n'est pas dit qu'il y ait des hommes dans un monde
prochain. Mais Empédocle le bienheureux veut y croire. Il décrit l'âge d'or de
l'amour-roi, pour nous, êtres errants soumis au purgatoire dans une caverne
infâme. Platon – pas encore là ! - n'est pourtant jamais loin.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>En attendant, le pré-socratique nous dispense sans rire ses derniers
conseils diététiques. Au programme, pas d'ingestion carnée et une bonne
harmonie sanguine. A nous d'accroître notre pouvoir pratique sur les choses de
ce monde. Car chaque être, mélange proportionné et singulier, est en soi un
phénix. Le philosophe nous pense sur le modèle du végétal : germer,
croître et féconder... en maîtrisant notre respiration. L'approche bouddhiste,
comme notre moderne méditation de pleine conscience, ne dit pas autre chose. La
bonne conduite physiologique appelle celle de la pensée.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Mais que diable un pareil Sage allait-il faire dans un volcan en
feu ? Un suicide par amour du monde ? On pense aux moines tibétains
s'immolant par le feu. Pourtant, à la fin des fins, sans vouloir jouer les
Jeanne d'Arc ou les Giordano Bruno,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>la
pratique<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>crématoire n'est-elle pas
devenue notre lot commun ?<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><strong><em><span style="font-size: large;">A SUIVRE ....<o:p></o:p></span></em></strong></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "segoe ui symbol"; font-size: 13pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<br />
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
</div>
</span></span></span></span></span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<span style="font-size: small;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> </span></div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> </span></div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">
<span style="mso-spacerun: yes;"></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"><strong></strong> </span></span></div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> </span></div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: small;">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br />
<br />
<br />
<br />
<strong></strong><br />
<strong></strong><br />
<br />
<br />
<br />
<div style="text-align: left;">
</div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-size: small;">
</span></div>
<span style="font-size: x-small;"></span><br />
<div style="text-align: left;">
<span style="font-size: x-small;"> </span></div>
<span style="font-size: x-small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: x-small;"> </span></div>
<span style="font-size: x-small;">
</span><br />
<div style="text-align: left;">
<span style="font-size: x-small;"><span style="font-size: small;">
</span></span></div>
<span style="font-size: x-small;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<span style="font-size: x-small;">
<span style="font-family: "arial";"></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span></span></span></div>
<span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: "arial";">
<span style="font-size: small;"></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"> </span></span></span></div>
<span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;">
</span></span></span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: "arial";"> </span></span></div>
<span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: "arial";">
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;">. <o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-size: small;">
</span></div>
</span><br />
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</div>
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<strong></strong> </div>
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<strong></strong> </div>
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<strong></strong> </div>
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<strong></strong> </div>
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</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;">.</span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span></span></div>
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<strong></strong> </div>
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<strong></strong> </div>
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<strong></strong> </div>
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<strong></strong> </div>
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</span></div>
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<strong></strong> </div>
<strong></strong><br />
<strong></strong><br />
<strong></strong><br />
<strong></strong><br />
<br />
<strong></strong><br />
<strong></strong><br />
<strong></strong><br />
<strong></strong><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: "arial";"></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<span style="font-family: "arial";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<span style="font-family: "arial";">
<o:p></o:p></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<span style="font-family: "arial";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";"></span> </span></div>
<span style="font-family: "arial";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<span style="font-family: "arial";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: "arial";"></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<span style="font-family: "arial";">
<o:p></o:p></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<span style="font-family: "arial";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";">.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<span style="font-family: "arial";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<span style="font-family: "arial";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<br />
<br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<span style="font-size: x-small;"></span><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </div>
<br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"><br />
<span style="mso-spacerun: yes;"><br />
<span style="font-family: "arial";"><br />
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"> </span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"><span style="mso-spacerun: yes;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></span> </span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-12307787673612101992016-11-27T08:58:00.001-08:002016-12-13T00:31:07.019-08:00<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnm4cEPGuCWSw3IZGtdatati9ZR5qyOFOkANCxnBmw47wkJsg1R1PJzs63mLiihRMytr8iwDdXvFXxMUxXT2SV4zvuhEFHGink-LfF2A5m7qtd9rrh8996CeK8EPAxIerEzscZInu5SCk/s1600/P1020332+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"></a> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/oxzeDpBvxv4/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/oxzeDpBvxv4?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
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</div>
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</div>
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</div>
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</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/hwLJQUUM6_A/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/hwLJQUUM6_A?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<br />
<br />
<br />
<br />
<strong><span style="font-size: large;"> LE CARNAVAL DES MIMES (6)</span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"> Juste un frisson.
Celui qui vous parcourt l’échine lorsque la sensation vous saisit
soudain : une présence derrière la porte. Comme le sursaut d’une
conscience qui vous soufflerait à l’oreille l’apparition d’une doublure
fraternelle. Une rassurante copie de soi-même.<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"> L’imitation s’est
longtemps voulue la reproduction fidèle du monde sensible et la finalité
essentielle de l’art. Il ne s’agissait au fond que de copier d’aussi près que
possible les apparences du monde visible. Intangible cliché ?<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
</span><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"> Deux légendes
antiques incarnent ce concept d’imitation né au cœur de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mimesis</i> grecque. Pline l’Ancien narre le récit du peintre Zeuxis<i style="mso-bidi-font-style: normal;">, </i>capable de figurer des raisins avec
tant de ressemblance que des oiseaux se mirent à les becqueter. Quant à Ovide,
il raconte dans ses <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Métamorphoses</i>
comment le sculpteur Pygmalion, voué au célibat, tomba amoureux de la statue
d’ivoire née de ses mains, qu’il nomma <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Galatée</i>,
et qu’une déesse rendit vivante selon ses vœux.<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"> Plus avant, au
théâtre de sa <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Recherche</i>, le jeune
Marcel Proust mime ses adieux aux aubépines de Combray comme il le ferait à des
jeunes filles en fleurs. De tout temps, sur les planches, la mélopée exprimée
par une voix d’acteur déclarant et soupirant nous fait mimer intérieurement la
modulation musicale d’un violoncelle : tension des muscles du diaphragme
et comme l’écho d’une voix intérieure apte à faire vibrer en nous la corde de
l’émotion. N’en va-t-il pas de même pour toute musique qui nous est
chère ?<o:p></o:p></span>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>De nos jours,
saisie du réel et travail mimétique s’imbriquent avec un tel souci de réalisme
que les images virtuelles qui en résultent se donnent à voir comme similaires à
celles qui nous sont familières. Or leur <i style="mso-bidi-font-style: normal;"> réalité</i>
n’est bien souvent que le produit de notre désir. Au point que nous prenons
pour vérité toute trace apparente du réel qui se donne. La réalité a rejoint la
fiction. Ou l’inverse, comment savoir ?<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"> Alors, objets et
clones d’objets : du pareil au même ? La simulation est venue se
loger au cœur du contemporain. L’imaginaire, filtre posé sur le réel, a laissé
place à la réalité comme source de fiction souvent plus forte que le réel
lui-même. Jamais notre faculté de nous prendre au jeu du même et de l’identique
n’a été autant stimulée. Jusqu’aux conflits modernes, enracinés dans des
fureurs mimétiques où battent leur plein surenchères idéologiques et
religieuses. Les martyrs en tout genre étalent un zèle suspect quant à leur
objectif : rejoindre au plus tôt les prairies d’un Eternel hypothétique.
Que n’y vont-ils seuls et sans fracas ? <o:p></o:p></span>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Plus mesuré, le
poète propose un temps de réflexion préalable avant de passer à l’acte : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mourir pour des idées,</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’accord, mais de mort lente…</i> Pourtant,
modèles, séries, prototypes se pressent à l’appel, envahissent nos espaces
communs – nos lieux communs ? – au point de coloniser les esprits. La fabrique
mimétique tourne à plein régime, démultipliant l’ivresse des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ego</i> dans une obscénité irrépressible.
Jusqu’aux clichés langagiers les plus éculés : ne lance-t-on pas à tout-va,
dans l’espace social, des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« bonne
journée »</i>… même en fin d’après-midi ? Langage avalé par une
mécanique du vide, de l’insignifiant. Absurde collectivement consenti.<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Nous voilà campés
dans la position de touristes volages devant l’univers simple et ordinaire des
choses humaines. Il faut que la réalité ne nous oppose aucune résistance !
Quitte à outrepasser le fictif. Drôle de temps que celui qui se laisse porter
par l’illusion d’une humanité en voie de duplication à l’infini. Dans l’ombre
portée de nos silhouettes s’agitent de curieux doubles dansant une sarabande
qui nous échappe. Nous voici mimant des rôles muets dont le sens demeure
étranger à nos raisons en exil. L’ombre obsédante, le double maléfique se sont
emparés de nos familiers séjours. A force de vouloir apprivoiser notre part
obscure, celle-ci a subverti nos forces vives, phagocytant à notre insu notre
vision du monde et jusqu’à nos désirs les plus profonds. <o:p></o:p></span>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<br />
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au carnaval des
mimes, la réalité a détrôné la fiction.<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span><br />
<br />
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"></span></b><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinRcnb9shyphenhyphenwn3vg13EeUj-LUoEE3Io_hDIYDuKkcq6Rse0RptUpLNjtSSvBJslLJC9Mh-NLqXU-4ho3xk1WnHKQsZPXVYcYvp6Zivy7LgJ9rTt8pFTlR4ySPhfLvFPyyjy9cCbOwj046k/s1600/P1020307+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinRcnb9shyphenhyphenwn3vg13EeUj-LUoEE3Io_hDIYDuKkcq6Rse0RptUpLNjtSSvBJslLJC9Mh-NLqXU-4ho3xk1WnHKQsZPXVYcYvp6Zivy7LgJ9rTt8pFTlR4ySPhfLvFPyyjy9cCbOwj046k/s320/P1020307+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-size: large;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><em><span style="font-size: large;"> ABSURDE</span></em></span></b><span style="font-size: 14pt;"><o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-size: large;">
</span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-size: large;">
</span></span></span></span></span></span></span></span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-size: large;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"></span></i></span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-size: large;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"> Trente vies sauvées sur nos routes cet été</span></i><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">, titrent fièrement les manchettes
des journaux. Trente morts de moins ? Trente vies en plus ? Qui sont
ces trente existences préservées ? Les heureux élus qui n’ont pas eu
d’accident ? A-t-on réalisé un reportage pour les connaître, voir leurs
photos ? On aimerait toucher les heureux visages de ces trente vies
sauvées. <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-size: large;">
</span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"> Quand on sauve une
vie, on veut connaître son histoire, c’est naturel. Mais ces trente vies
sauvées n’existent pas ! Ce sont des fantômes, de purs produits du
langage. Un simple jeu d’expression a fait passer des morts en moins pour des
vivants en plus. C’est <i style="mso-bidi-font-style: normal;">façon de parler</i>,
comme on dit. Par quelle vertu quasi-miraculeuse aurait-on le pouvoir de
ressusciter des vies ?... L’absurde se cache derrière les mots et prend un
malin plaisir à nous balader comme de grands benêts prêts à tout gober.<o:p></o:p></span>
</span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-size: large;">
</span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-size: large;">
</span></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et l’on pourrait
s’amuser à poursuivre ces curieux effets de logique langagière. Si 40% des
accidents sont dûs à l’alcool, est-ce à dire que les 60% restants sont
provoqués par la consommation d’eau ? Que penser lorsqu’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">un mort et plusieurs rebelles sont blessés
en marge de violents affrontements</i> ? Ou que <i style="mso-bidi-font-style: normal;">la faim est au menu</i> d’un sommet des Nations Unies ? L’absurde
se niche dans toutes les failles ménagées au cœur du langage ! Pesons nos
mots, camarades beaux parleurs ! <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-size: large;">
</span></span></span></span></span></span></span></span><div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; font-size: large;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-size: large;">
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et tournons sept
fois notre langue… avant de retrouver – peut-être – un vrai sens aux paroles.
Et même, ne conviendrait-il de s’imposer carrément une cure de silence ?
Comme deux personnes se livrant aux joies de la communication en ascenseur…
Souvent, l’exercice dure trop longtemps. Le gênant, l’embarrassant
s’installent. L’un regarde par terre, l’autre les étages qui défilent. Un
troisième cherche fébrilement ses clés ou tapote son téléphone. On attend.
Pudiquement.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Toute une série
d’artifices permettent aux gens de ne pas communiquer. Au moins autant que ceux
qui leur permettent d’énoncer des bêtises. Un ascenseur invisible n’en finit
pas de parcourir et de mesurer l’espace entre le bas et le haut de la langue.
L’absurde adore jouer sur la gamme infiniment extensible entre vide et trop
plein.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’ascenseur de la
communication est donc en panne. Jusqu’au moment où survient l’incident
technique. Panne, obscurité brusque, irruption d’un quidam surgi d’on ne sait
où… A cet instant, la glace se brise, l’éclaircie jette une lueur nouvelle sur
les visages. La tension se dissipe soudain. Quelques mots échangés peuvent
suffire. Hésitants, prononcés à mi-voix, mais justes, vrais. Sans risquer le
ludique, cette fois : on a failli perdre un fil vital. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quand deux
personnes pourraient avoir quelque chose à se dire, elles sont obligées de se
taire… Est-ce absurde ? Nos deux passagers se sont trouvés contraints au
mutisme pour n’avoir rien à se raconter. Mais le langage renaissant de ce
silence entre eux y trouve du coup une force neuve. Comme une source oubliée
qui rejaillirait après avoir été galvaudée dans un trop plein navrant. Parler
simplement sans jamais simplifier outre mesure : n’y aurait-il pas là
parade à l’extravagant toujours aux aguets ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
</span><div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
</div>
</span><span style="font-family: "arial";"><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi578GxtGu-hItmIreVH2wXN90FsjJLZY3px3fGwK2LE_xi45zKaeMUqzU-gJXU6uJK3IjXIwrkOObEJYiKyVJdJeQkWz6Pkc6CTxXBmBla7z2gfx_zGaP16dZtNkgwfWv3Ck_dTAb-AVw/s1600/P1020209+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="179" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi578GxtGu-hItmIreVH2wXN90FsjJLZY3px3fGwK2LE_xi45zKaeMUqzU-gJXU6uJK3IjXIwrkOObEJYiKyVJdJeQkWz6Pkc6CTxXBmBla7z2gfx_zGaP16dZtNkgwfWv3Ck_dTAb-AVw/s320/P1020209+%255B1600x1200%255D.JPG" width="320" /></a></div>
<br />
<br />
<br />
<br />
<span style="font-family: "times new roman";"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><em><span style="font-size: large;"> LIBRE ECHANGE<o:p></o:p></span></em></span></b>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">Piano, contrebasse. La petite musique se promène en boucle,
revisitée jusqu’à l’incrustation en soi. Dans cet espace qui fait le lien entre
nos états conscients, en surface, et la sphère de notre intimité, au fond. Lieu
du dialogue, aussi, entre la mélodie légère égrenée par le piano et la voix
grave émise par la basse. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le piano délivre un
petit air vif, délicat, ailé. Gai sans excès, doux sans mièvrerie, optimiste
sans candeur. Avant de ne plus se faire entendre que par intermittence, par
petites touches, confiant le témoin à la contrebasse qui résonne dans les
couches profondes. Mélodie claire, évidente, sur fond de rythme qui bat
sourdement.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La petite musique
se fait l’écho d’une métaphore humaine à laquelle elle donne chair, tout en la
dépassant. Les touches délicates du piano se détachent comme le ferait un
découpage d’artiste dans la matière même du présent qui s’écoule : elles
sont ce travail précis, nuancé, actif, que nous modelons, taillons, sculptons,
à chaque instant de notre ligne de vie. Celui que notre conscience enregistre,
valide, comme ce qui nous convient, ce qui nous correspond. Notre fil
d’existence, en somme. Notre raison d’être au présent.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le rythme assourdi,
vibrant, de la basse nous relie à ce qui nous fonde : le disque dur édifié
patiemment depuis les origines. Celui auquel nous tenons par-dessus tout, car
il nous fait ce que nous sommes. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et sur
lequel nous nous appuyons pour continuer d’écrire notre récit actuel. Il
confirme en permanence qui nous sommes devenus jusqu’à ce moment de musique parfaite.
Une forme de consistance intérieure, que nous tenons à défendre becs et ongles,
que nous voulons stable, constante. Parfois jusqu’à l’excès propre à la
passion, la démesure, l’aveuglement. A l’extrême difficulté à se laisser aller,
à se laisser vivre.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il peut arriver que
ce noyau intérieur se raidisse contre les – présumées ou réelles – agressions
du monde extérieur. Les vibrations de la basse se font alors de plus en plus
sourdes, parfois jusqu’à l’inaudible. Jusqu’à installer un silence aux allures
de retour sur soi, de méditation active. Mais le curseur reste toujours à
portée de main : à nous de faire jouer le piano ou vibrer la basse, tour à
tour. De les placer en position de communiquer entre eux. Pour créer les
conditions de cette libre conversation où chacun se retrouve avec lui-même.
Thème, improvisation, chorus, et retour au thème… les variations de la mélodie
épousent les évolutions subtiles de nos états de conscience. Pour un voyage
dans l’espace de nos émotions.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La musique court
tel un furet, glisse, épouse la vague qu’elle crée, alterne les pianissimi et
les pointes d’intensité. Et ce sont les mêmes vagues, les mêmes houles, et de
semblables ascendances qui appellent au fond de nous cette transe passagère qui
nous meut, nous étreint. Pour une détente et un apaisement que nous
reconnaissons comme résonnant d’un écho similaire en nous. Bientôt, il nous semble
que les choses se dédoublent, se volatilisent comme dans un monde devenu
pluriel. L’univers se fait <i style="mso-bidi-font-style: normal;">multivers</i>.
La musique se fond dans un éther aux allures de songe. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La mélodie des
origines se mue en parole légère, sensuelle, impressionniste. Les musiciens ont
entamé un dialogue avec eux-mêmes. Leurs corps tendus – que notre imaginaire
évoque en toile de fond de cette fugue aérienne – impulsent des ondes où nous
devinons, rassurés, les traits familiers d’un monde qui se laisse apprivoiser. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et auquel nous
avons envie de ressembler.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<br /></div>
</span><div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span> </div>
<span style="font-family: "garamond";"><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<o:p><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUbVvlSKXClcK9CxhY32YkduDuawhv-nFfJw1HJxxNpmfpsA6szGDBEwDKkd6qB_lDbdk0Q4VKlahp7dJ8eoHvP_o9dAF8oYrnHBZsEi2MArwRDOHyCAHop8zrZ4MXb0zujuNfaWgSFDg/s1600/P1020293+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUbVvlSKXClcK9CxhY32YkduDuawhv-nFfJw1HJxxNpmfpsA6szGDBEwDKkd6qB_lDbdk0Q4VKlahp7dJ8eoHvP_o9dAF8oYrnHBZsEi2MArwRDOHyCAHop8zrZ4MXb0zujuNfaWgSFDg/s320/P1020293+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a> </div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-size: large;"><div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><em><span style="font-size: large;"> </span></em></b></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><em><span style="font-size: large;"> PALIMPSESTE</span></em></b><o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: 14pt;"> Le poète troubadour
s’avance sur la scène en chansonnier irrévérencieux, prêt à lancer son texte
au-devant d’un public qu’il pressent réceptif, acquis. S’il croit à sa bonne
étoile, c’est qu’il n’est pas seul : dans l’ombre de l’artiste se glisse
l’immense famille des chantres artisans et familiers de la langue, ses
compagnons multi- centenaires. Ceux qu’il entretient dans son cœur depuis <i style="mso-bidi-font-style: normal;">la belle lurette</i> de ses propres lectures
et de ses balades de jeunesse aux Puces. L’homme érudit, lecteur boulimique,
sait d’expérience que l’on peut se laisser transporter par la magie d’un texte.
Le passeur est prêt à porter la parole de tous ses confrères en poésie. A
partager comme du bon pain les valeurs chaleureuses de la camaraderie et de l’émotion
partagées. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>En messager averti,
l’homme évoque le temps où les amoureux savaient s’évertuer à échanger des
tirades amoureuses qu’ils puisaient allègrement dans les trésors de la langue.
On osait alors faire bon usage des poètes et s’envoler vers cette sublime
liberté des gueux qu’ils célébraient avec ferveur. A la suite de l’artisan
assidu, le chansonnier a décliné ses gammes parmi les trésors déposés au cœur
de notre verbe écrit. Et en a retiré des pépites d’invention où traînent dans
un subtil mélange plaisanteries de potache, compliments à la Belle et chansons
de corps de garde. Comme un écho universel se diffracte en mille éclats de
voix.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Associant son et
sens dans un même bouquet délicat, l’artisan bateleur se fait fort de recourir
à la citation puisée au patrimoine littéraire. Il n’a pas son pareil pour élire
la couleur sonore propre à développer son récit, à l’insérer au cœur d’une
petite musique qui saura le faire <i style="mso-bidi-font-style: normal;">chanter</i>
juste. Son texte pulse au gré du rythme obsédant, de la ritournelle malicieuse,
propre aux chansons populaires. Irrévérencieux dans l’attitude comme dans la
parole, le sculpteur de mots lève avec légèreté tabous du corps et interdits
sociaux, élimant avec naturel la glaise de nos rituels et de nos compromis. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La censure
officielle a depuis longtemps déclaré son cas intraitable, tant elle se sait
impuissante à narguer l’universel. Que dire lorsque le bon peuple des rieurs
moque sa propre mort en se tapant les cuisses ? Que l’on célèbre entre
amis la musique, l’ivresse et les plaisirs de la vie ? Lorsque,
chevauchant gaillardement les passerelles de sens entre les siècles, un
ménestrel hors d’âge se mue en chantre des valeurs les plus simples, en passeur
de la tradition, garante de nos mémoires intimes ? La force du poème est
d’offrir un espace pour dire ici ce que l’on n’ose exprimer nulle part. Le
poème, lieu unique ouvert à tous.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Arborant guitare et
pipe, le menuisier des mots creuse la sémiologie puissante du bois avec une
spontanéité toute enfantine. La figure de l’arbre enracine en lui tous les
espaces qui fondent la nostalgie de nos origines : paysages de campagnes
et places de villages esquissent en quelques mots un inconscient collectif qui
ne demandait qu’à renaître.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La poésie chante
quelque part en nous un théâtre collectif où les mots font résonner nos récits
de vie, les célébrant d’un langage dont nous aimons partager les traces.
Exhausteur de mots et d’émotions, arpenteur des chemins de traverse, le poète
est son interprète choyé.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bonhomme</span></i><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">, le chansonnier chante le monde. Le joli monde de
tout le monde.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
</span><div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; text-indent: 8.5pt;">
</div>
</span>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/0Q7J4PgrRsY/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/0Q7J4PgrRsY?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<iframe width="320" height="266" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/KeM_dDSGDNE/0.jpg" src="https://www.youtube.com/embed/KeM_dDSGDNE?feature=player_embedded" frameborder="0" allowfullscreen></iframe></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></strong></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong><span style="mso-spacerun: yes;"></span></strong></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong><span style="mso-spacerun: yes;"></span></strong></span> <span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><strong><em><span style="font-size: large;">CARICATURES<o:p></o:p></span></em></strong></span><br />
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"> Ils ont osé représenter, arborer la figure divine. Donner
une face reconnaissable à la divinité. Dieu ou son prophète – peu importe son
nom, sa dénomination – aurait donc une image présentable ? Une identité
totémique ? La question est vieille comme l’Histoire. Aussi ancienne que
la morale. Presque aussi antique que la collusion organisée entre éthique et
religions. L’iconographie vient réveiller des pans de peurs enfouies au plus
profond de nos consciences.<o:p></o:p></span>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il arrive que les
mots s’emparent du maquis des craintes, battent la chamade, filent en exil. Et
joignent la force de leur sens à la puissance contemporaine, rabattue, des
images. En plantant dans nos consciences sa vérité crue en forme de point
d’interrogation,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>l’exercice libre de la
caricature force à s’interroger sur l’endroit précis où les esprits en sont de
leur appréhension du monde. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’irrévérence
masque le doute, force le sens, démonte les habitudes mises en place par les
rites ancestraux, déconstruit nos vérités toutes faites. Pose questions. Quand
la bouffonnerie épouse les traits d’un prophète ou d’un dieu – quels qu’ils
soient – c’est le rapport à certaines valeurs qui est mis en jeu. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais l’ironie est
ainsi faite qu’elle ne devrait tromper personne sur ses propres intentions.
Loin de travestir les vérités, elle met justement son point d’honneur à
arracher les masques d’artifice apposés en couches successives par les censeurs
de la liberté. Seuls peuvent se croire trompés les Béotiens ricanants qui
veulent bien l’être. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Aux innocents les
mains vides…</i> <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les obscurantistes
de tout poil se nourrissent des interdits violents de la censure radicale,
comme nous de l’air ambiant. Comment pourraient-ils détecter l’oscillation fine
qui fait vibrer l’humour, entre grotesque et transgressif, totem et raison,
réalité et fiction ? L’ambiguïté – radicale, elle aussi – du rire nous
conduit tout naturellement à la réflexion critique sur le monde et au deuxième
degré inévitable qui niche au fond de toute chose. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La collusion
organisée entre réalité historique et œuvre de fiction peut virer à la
collision pure et simple lorsque les esprits ne sont pas préparés. Le sens
caché que creusent nos imaginaires à travers la réflexion critique et l’œuvre
d’art ne devrait pourtant pas être réservé aux élites. A quand un vrai travail
d’alphabétisation sur le statut fluctuant des vérités ordinaires ?<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le rire tue la peur et sans la peur il n’est
pas de foi. Car sans la peur du diable, il n’y a pas besoin de Dieu, </i>avoue<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>– sans rire – le moine inquisiteur d’un
roman de trame médiévale. Que rajouter aux accents délibérément primaires de la
– fausse – naïveté qui voile et abuse les consciences, en toute perfidie ?
Sinon que cette conception de l’Histoire n’appelle que des victimes pures,
manipulées par des pouvoirs totalitaires, dans un présent éternel, sans
épaisseur ni intention de progrès.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au creux de la
moquerie niche ce petit air de dissonance qui nous permet à la fois de rire et
de réfléchir, et où l’on peut déceler l’une des formes du savoir. D’un savoir
qui fait passer des choses que l’on ne peut pas <i style="mso-bidi-font-style: normal;">dire</i>. La caricature est faite pour ne tromper personne, puisqu’elle
se dénonce elle-même comme fiction. Jeu de parodie initié par ses auteurs.</span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"></span> </span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"> <span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">Contre les cagoulés pathétiques, l’humour,
politesse de l’idéal.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOlwWcBbkb5C21BVQv419HRgF48iQB2-rZtp4tQOq9_QZ1MT5fY7qJOZVh7DMyYSRNH4cAtupjckhNmcM5KX-y_eZgDWRuECup6n_TfCSCTIEq5SrzQFp_QPtTSlRYUhn80gfyUTxtA-8/s1600/P1020311+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOlwWcBbkb5C21BVQv419HRgF48iQB2-rZtp4tQOq9_QZ1MT5fY7qJOZVh7DMyYSRNH4cAtupjckhNmcM5KX-y_eZgDWRuECup6n_TfCSCTIEq5SrzQFp_QPtTSlRYUhn80gfyUTxtA-8/s320/P1020311+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<br />
<br />
<br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><strong><em><span style="font-size: large;"> RETOUR DU PHILOSOPHE</span></em></strong> <o:p></o:p></span>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"> Plusieurs décades et quelques années plus tard, parvenu au
bout d’un certain chemin, l’homme se retourne, habité par l’impression curieuse
de ne plus être le même. Il se sent plein et pourtant vide, las et encore
avide, sans illusion mais toujours résolu. Car il sait maintenant qu’il est né
deux fois. Une première, très ancienne, à la nature biologique qu’il reconnaît
comme sienne, qui fait son identité physique et sociale. Une seconde,
originelle et intemporelle, à sa conscience. Cette <i style="mso-bidi-font-style: normal;">re</i>naissance lui permet de tourner aujourd’hui son regard en
direction d’un monde des idées qu’il a mis toute une vie à apprivoiser. Une vie
de l’esprit nourrie par les expériences qui ont jalonné son parcours.<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’homme formé
connaît de l’intérieur les obstacles à la vie bonne. Préjugés de toutes sorte,
idées reçues, soumission à l’autorité, au pouvoir de la rumeur commune. Risques
de tromperie permanente au contact des apparences sensibles. Le conditionnement
des esprits pèse d’un poids permanent sur la légèreté d’origine des âmes.
Jusqu’au déni de réalité opposé par les habitants de la caverne, anesthésiés
dans un confort aux invisibles conséquences. Souvent l’humain s’aveugle.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il y a bien
longtemps, nous assure le philosophe, nos âmes auraient contemplé le monde des
idées. Mais qu’est devenu ce monde <i style="mso-bidi-font-style: normal;">idéal</i>
célébré par les origines de la philosophie ? Un monde en comparaison
duquel notre univers réel peut nous apparaître souvent comme une mauvaise
doublure, une bien pâle copie. A ce paysage <i style="mso-bidi-font-style: normal;">idéal</i>
qu’il vante en connaisseur, le Sage oppose le sombre décor d’une caverne où des
hommes enchaînés, immobilisés, n’ont accès qu’à leurs ombres, aux silhouettes
floues et aux échos d’un monde qu’ils ne peuvent connaître : une manière
de carnaval où s’agitent des fantômes aveuglés. Pertinente allégorie de la
connaissance.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Si le monde
sensible est la prison de l’âme suggérée par le philosophe, ce dernier nous
appelle à notre propre dépassement dans une voie de réflexion qui lui est
familière : il l’a arpenté lui-même au cours d’une longue et lente
initiation conduite à travers l’âge mûr. Il lui reste maintenant à redescendre
au fond de la caverne pour partager et témoigner. Lui le nanti, le privilégié,
s’est donné un devoir de responsabilité publique vis-à-vis de ses semblables.
Entre culture et conscience pointent l’esprit critique, la capacité au
dialogue. Et la noble exigence de partage au cœur de la cité.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comment s’extraire
du carnaval des mimes – ne serait-ce que pour en apprécier les nuances – sinon
en amorçant une trajectoire alternative, grâce à l’éclairage d’un sens
neuf ? S’élever hors du champ ordinaire pour trouver l’élan qui élève
au-dessus des contingences qui plombent, étouffent, endorment ? Aux effets
de réel et aux habitudes établies, le Sage oppose l’acquis vital de sa
formation intellectuelle : le geste premier de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">penser le monde </i>sans a priori. A lui d’en assurer la transmission
patiente aux habitants de la caverne.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au pays des âmes en
peine, le philosophe est de retour.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixmoFF59lfCvyhwydmmRE8LWULiknvSqZhhoBF7Ii9jpuN1PUe2zagNdR9cUfq0y8v_ZZ2dLg9yGrRzz2fde_lkoaagwIkZDtpRpHfEEaP7sp5x5nVvywb0XwD9A3HhCEClmAtEG90MTY/s1600/P1020357+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixmoFF59lfCvyhwydmmRE8LWULiknvSqZhhoBF7Ii9jpuN1PUe2zagNdR9cUfq0y8v_ZZ2dLg9yGrRzz2fde_lkoaagwIkZDtpRpHfEEaP7sp5x5nVvywb0XwD9A3HhCEClmAtEG90MTY/s320/P1020357+%255B1600x1200%255D.JPG" width="213" /></a></div>
<br />
<br />
<br />
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><em><span style="font-size: large;"> DECLINAISONS</span></em></span></b><span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span><span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">« Qu’est-ce qu’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">y </i>veut ?
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il </i>a l’air chagrin ce
matin ! » Le ton se veut banal, familier. Avec une pointe de badinage
qui ne m’échappe pas.<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><o:p></o:p></b></span><span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Alors, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">y</i> dit rien ? » Je me retourne
aussitôt, saisi par une brutale sensation de transparence. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Y </i>a quelqu’un derrière moi, c’est sûr… Eh bien non ! Ce <i style="mso-bidi-font-style: normal;">y / </i>il, c’est bien moi. Comme je suis de
bonne humeur, j’endosse tout de go cette drôle d’appellation et engage ma
réponse – ma réaction plutôt – sur le même mode. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Y</i> dit qu’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">y</i> va pas mal. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Y </i>fait les
courses et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">y</i> voudrait… du café, du
lait, du miel et de la verveine en sachet. » Pas de doute, pour lui j’en
suis un autre, au moins sur le moment. Amusé, je décide de jouer le jeu. Je me
dédouble, l’instant de ma réplique. Je me réplique donc. Mais bien décidé à
prolonger l’étrange dialogue à ma façon. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tu</i> as tout ça en magasin, bien
sûr ? » osè-je. Air interloqué du bonhomme. « Ah ! mais <i style="mso-bidi-font-style: normal;">on</i> ne me tutoie pas comme
ça ! » rugit-il offensé. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il</i>
est tombé sur la tête ! »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et j’enfonce le
clou. Anecdotique : « Tu la connais celle du gars qui ne se déplace
jamais sans sa doublure ? Empruntant une porte de sortie, il n’en finit
pas de faire des manières avec son alter ego : Je vous en prie, après
vous, je n’en ferai rien !... A la fin de ce petit manège, il sort <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’un derrière l’autre</i>, les deux
s’engouffrant en même temps par l’ouverture, saturant la porte de sa double
corpulence ! »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Rien de tel que la
plaisanterie pour détendre l’atmosphère, c’est bien connu. Mon homme a
visiblement compris le message. Au jeu du tout à l’ego, chacun est prêt à faire
un pas vers l’autre. Je lui soumets alors la suite des déclinaisons possibles
entre le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">je</i> perso, le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">tu</i> amical, le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">y</i> impersonnel… et le courant se met à passer.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il me raconte, ému,
l’histoire du chômeur qui marche dans la rue, le matin, avec son cartable tout
neuf. Celui-ci semble partir au travail. Mais va traîner, en fait, toute la
journée dans un quartier lointain, retardant le moment douloureux où s’avouer
qu’il n’a rien à faire et que son beau cartable ne lui sert à rien. Et il ne
revient chez lui que le soir, comme si de rien n’était, … « Que faire
quand les doubles se font la paire ? » conclut, faussement badin, mon
épicier du moment. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Je lui confie en
écho la métaphore bouddhiste : pour le Bouddha, le moi n’est que pure
illusion, c’est juste un courant d’être. Plus de calculs pour mesurer
l’embarras, le sentiment de gêne ou de ridicule, la culpabilité. Et autres
délicatesses à vous pourrir la vie. Inutile de recalibrer en permanence son
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">hontomètre</i> pour exister
la tête haute. Plus besoin de se regarder le nombril : il suffit de
s’oublier et de jouir de l’écume qui reste en surface : une simple estime
de soi en lieu et place d’un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ego</i>
souvent invivable. Ce qui s’appelle gagner au change !<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« C’est sans
doute cela, être l’ami de soi-même », conclut l’homme tout à fait rassuré.
Cela me rappelle le mot d’un philosophe : « Je me suis perdu de
vue : je me suis détesté, adoré, puis nous avons vieilli ensemble. »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<br />
<br />
<br />
<span style="font-family: "times new roman";"> </span><span style="font-family: "times new roman";"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimnUSMZzJxXoCMwarf1A4hDphBfHt8l7MKGhwxnUzlET4Z0ynrmMXLd16DTL-H-G1HbMOBNzGVldHNfJnI7bTDhhbohu1Rl-zDR6r334pNmfpb1QKdCjXK5nz8WcL4NoPw3IAoI5oakZI/s1600/P1020337+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimnUSMZzJxXoCMwarf1A4hDphBfHt8l7MKGhwxnUzlET4Z0ynrmMXLd16DTL-H-G1HbMOBNzGVldHNfJnI7bTDhhbohu1Rl-zDR6r334pNmfpb1QKdCjXK5nz8WcL4NoPw3IAoI5oakZI/s320/P1020337+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<br />
<br />
<br />
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial";"><em><span style="font-size: large;"> RESEAUX<o:p></o:p></span></em></span></b>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><strong> </strong>C’est un de ces
matins où l’on aime se balader, l’air léger, le nez au vent, au cœur de sa cité
familière. Dans les rues encore assoupies où émergent de la torpeur nocturne
cent points de repère que la routine nous chuchote aux yeux. On voit sans regarder.
Du moins pas encore.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quoi de neuf là où
l’on est déjà venu cent fois ? Un passant demande sa route, un étranger
visiblement. Avec lui, on s’arrête devant un plan affiché. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Vous êtes ici… »</i>, semble souffler la ville endormie en
arborant une belle flèche rouge sur son portrait-robot légendé. Le natif
oriente aussitôt sa boussole intérieure qui lui indique les quatre points
cardinaux. Géographie interne confirmée par la position de l’astre du jour
levant paresseusement ses rayons, là-bas, vers l’est.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quelle durée pour
mon trajet ? insiste le passant. En bas à droite du plan, l’échelle – au
1/200è – permet une rapide estimation de la distance réelle à parcourir. Une
simple barre de fraction, la même croisée hier en cuisinant ce délicieux
fondant au chocolat et ses proportions pour huit personnes. Partage, division.
Division, centièmes. Numération décimale et morcellement sans fin de l’unité…
jusqu’à l’évocation des milliards d’éléments composant notre ADN ! Plongée
dans le microcosme et vertige garanti.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ravis de reprendre
notre marche, un petit air nous trotte dans la tête, bref <i style="mso-bidi-font-style: normal;">jingle</i> entendu ce matin à la radio. Six notes qui évoquent aussitôt
une courbe mathématique figurant les graves et les aigus, à relier comme sur
les degrés d’une partition musicale. Aux murs du carrefour, une affiche
publicitaire étale ses slogans, arguments bien frappés illustrant une image
suggestive à laquelle il est bien difficile d’échapper. Un petit exercice de
lecture s’enclenche dans la tête : eh oui ! l’image aussi se lit,
avec ses codes bien précis, sa grammaire, qu’il vaut mieux savoir interpréter
de facto si l’on ne veut pas succomber à tous les coins de rue ! <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’image fixe en
appelle d’autres, animées en récit. Celles de la séance de cinéma, la veille au
soir. Appel à la mémoire émotionnelle, affective, qui remue en nous sur le
moment et longtemps après. Constat d’émotions que nous sommes plus ou moins
capables d’exprimer. L’intimité et la pudeur ne sont jamais loin. La gamme des
sentiments – tons et demi-tons – rappelle le nuancier d’un peintre apprêtant
ses couleurs sur la palette.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Réactivant sans
cesse notre mémoire interne des lieux que nous chargeons de nos vécus
précédents, nous voici partis pour une exploration des dédales littéraires
produits par nos lectures – récentes ou antérieures. Amis intimes, les livres
ont ce pouvoir de ranimer des impressions inscrites au cœur. Et d’édifier en
nous une mémoire personnelle qui s’inscrit progressivement au creux de la
conscience sociale : la culture nous rend meilleurs, capables de
compassion, de solidarité. De projets et d’actes communs. Voici que notre récit
individuel s’ouvre sur plus grand que nous : l’histoire sociale, élément
vivant de la vaste Histoire du monde. Accès à l’esprit public. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La balade matinale,
anodine, a accouché d’une réflexion qui la dépasse, l’outrepasse. A l’image de
notre cerveau, agité de mille connexions mouvantes, notre compréhension navigue
d’un objet d’attention, d’une impulsion d’étude à l’autre. Elle procède<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> à</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sauts et à gambades</i>, comme le philosophe se plaît à le décrire. Et
c’est ainsi qu’elle se sent bien, allant librement son chemin, renouant des
liens entre les choses, les situations, les personnes. C’est dans ces liaisons
intelligentes, fructueuses que nous apprenons sans doute le plus aisément.
Lorsque nous nous murmurons à nous-mêmes :<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> C’est comme… Cela me rappelle…</i> Lorsque l’expérience
s’adresse à notre théâtre intime, quel encouragement de se sentir soudain en
terrain familier !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">logos</i> en marche, en réseau, possède la
puissance de l’écho et la souplesse de l’élastique. Comme la marche nous
propulse grâce à notre plastique corporelle, la chaîne des savoirs n’en finit
pas de développer ses synapses tout au long des neurones en mouvement…<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Nous sommes
embarqués.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong><em><span style="font-size: large;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></em></strong></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSe9sfdTc-1TA43tE5xTGISapxGUXjum2Un_cU6D9C2RSacn8jE-H4-Bxa4aRFDuuMy7FUhnMujDlQfXcJ5wQXKzYf-qCaY_keDCAVVY6It5PJJ00swVKc5yTmHjUetXPi4B6e_LoS_-g/s1600/P1020313+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSe9sfdTc-1TA43tE5xTGISapxGUXjum2Un_cU6D9C2RSacn8jE-H4-Bxa4aRFDuuMy7FUhnMujDlQfXcJ5wQXKzYf-qCaY_keDCAVVY6It5PJJ00swVKc5yTmHjUetXPi4B6e_LoS_-g/s320/P1020313+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<strong><em><span style="font-size: large;">NOSTALGIE<o:p></o:p></span></em></strong></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">L’aventurier au
long cours revient chez lui après une décennie de guerres, de galères et de
victoires, petites et grandes. Son regard s’est souvent posé sur l’horizon
durant toutes ces années, interrogeant un avenir incertain. Combien de fois ses
pensées se sont-elles portées vers sa famille perdue, sa patrie oubliée ! <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Soulagement. Il
peut enfin poser son sac, retrouver sa femme, son fils, ses amis, tous ses
repères oubliés. « Maintenant nous allons revivre ! », pense
très fort l’ex-baroudeur. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Rien n’est moins
sûr. Une fois qu’il a retrouvé les siens, ses petites affaires, ses<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"> </b>chères<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"> </b>habitudes, l’homme prend conscience qu’il a vieilli. Un paquet
d’années de plus lui pèse sur les épaules. L’image que lui renvoie le miroir
est celle d’un homme fatigué, usé. Il s’ennuie, quoi ! Et n’y peut rien
changer.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La nostalgie s’est
emparée de lui. A l’image de ce mal des montagnes qui frappait les mercenaires
suisses des armées de Louis XIV lorsque parvenait à leurs oreilles le timbre
familier des clarines de leurs alpages bien-aimés. Ce mal qui ne dit pas son
nom, c’est la douleur sourde, lancinante, du retour. Une douleur qui s’amorce
déjà dans le désir de retrouver les lieux que l’on a quittés. Manque, désir et
regret dansent alors une sarabande troublante qui nous laisse paralysés. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais le mal du
retour, c’est aussi de constater que les choses ont changé et que les lieux ne
sont plus ceux dont on avait le regret. Aucune réalité n’est plus à la hauteur
du rêve ou du souvenir qui nous habitait. On se sent trompé sur la marchandise.
Aussi la nostalgie a-t-elle toujours un coup d’avance. On ne peut en guérir… à
moins de repartir !<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et d’ailleurs, ce
bon vieux temps que l’on pleure, était-il aussi beau dans la réalité que la
trace qu’il a laissée dans notre mémoire ? On oublie parfois les coups
durs du passé, aussi vite que notre imaginaire est prompt à l’embellir.
Envoûtante, la mélancolie se joue du temps qui passe.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le mal du passé
convoque une sorte d’état second qui suspend nos certitudes, annule nos
projets. Les réalités s’évanouissent sous la forme de mirages impossibles,
intangibles. Nous sommes les éternels inassouvis d’un passé effacé et d’un
présent proche que nous avons bien du mal à faire exister. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le passé ne passe
pas, à vrai dire, pas plus que le futur ne daigne nous convoquer. A quand la
renaissance du désir qui nous permettrait de jeter enfin un regard sur le réel
tel qu’il est ? Et de vivre au présent. Sans rancune.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quitte à s’exposer
à un désenchantement, autant qu’il soit brutal et sans détour ! Ainsi, un
délicieux civet de lapin aux champignons est-il autre chose qu’un cadavre
d’animal serti de moisissures ? Une belle voiture n’est-elle pas qu’une
vulgaire machinerie de ferraille roulante à émission de gaz toxiques ?...<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>En déchirant un à
un les voiles de l’illusion, on finit par découvrir que le réel est finalement
peu de choses… et pourtant tout à la fois. Il nous reste à vivre le plus
heureux possible parmi les chimères que notre imagination ne cesse d’inventer à
notre intention. Et d’oublier dans un coin de notre tête cette nostalgie aux
accents décidément futiles.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Se colleter au
réel : singulière utopie ? <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"> </span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfCA43fgs3hH9UOgprTg7tQmNAbV-5CThnogkdLvsmQHP__DiZ5fbDRyEOpAkIY_xBdDWSFK8m0mrkAzqR5Fq_VZPZSpBcOwojW9Agxkj98lWe2D4osOusYr-wDQ63_7EYRjunn0Y4_8Y/s1600/P1020136+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfCA43fgs3hH9UOgprTg7tQmNAbV-5CThnogkdLvsmQHP__DiZ5fbDRyEOpAkIY_xBdDWSFK8m0mrkAzqR5Fq_VZPZSpBcOwojW9Agxkj98lWe2D4osOusYr-wDQ63_7EYRjunn0Y4_8Y/s320/P1020136+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<br />
<br />
<br />
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><em><span style="font-size: large;"> BON CHEVAL<o:p></o:p></span></em></span></b><span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Impassible, arborant
sa bonne tête d’équidé placide, le cheval tend son museau avenant à qui veut le
flatter. Sa petite mémoire animale appelle des souvenirs de caresses anciennes
enregistrées comme autant d’agréables gourmandises. Lui, la plus belle conquête
de l’homme, se sent d’emblée remis en confiance. A chaque fois. Ne fait-il pas
partie de l’écume animale ? De son intouchable aristocratie, à l’image du
chien et du chat, ses petits frères de condition ?<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>C’est oublier un
peu vite qu’il représente avant tout une belle mécanique à satisfaire les
envies et caprices du maître humain qui le tient sous sa férule. L’Histoire
devrait pourtant lui avoir appris le rôle de soldat-bis que son mentor agressif
l’a toujours contraint à assumer durant les conflits armés de toutes les
époques. Dieu sait qu’il y a laissé des poils !...<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il n’est jamais
bon, à la longue, de se retrouver en permanence dans les petits papiers de
cette curieuse bête humaine aux obscures visées. Même s’il se sent mieux loti
que la vache, le porc ou la volaille, animaux plébéiens, démunis de
« belles gueules » et que l’on a vite fait de ne considérer qu’à
travers les produits alimentaires associés. Non, lui le cheval, c’est autre
chose ! Il appartient à cette aristocratie racée que l’homme reconnaît et
promeut, comme propre à satisfaire les valeurs esthétiques dont il aime se
vanter. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais qu’il y prenne
garde, les arrière-pensées ne sont jamais loin dans la tête du grand manitou.
Que sait-il, lui, pauvre équidé, des projets échafaudés dans ses méninges
tortueuses ?...<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voilà qu’on
l’entraîne à fond, qu’on le drogue, qu’on le cravache à mort pour franchir le
premier des poteaux d’arrivée illusoires. Qu’on le prend pour un animal savant
capable de se mouvoir au rythme imposé par une musique obligée, ou aux ordres
d’un dressage millimétré. Et qui dit qu’en noble serviteur il ne sera pas un
jour tout bonnement licencié comme un malpropre ? Sans réel souci pour les
services rendus.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Sait-il, en bon
cheval qu’il est, qu’il bénéficie depuis peu d’une déclaration universelle de
ses droits ? Qu’il est passé du statut de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">bien meuble</i> à celui d’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">être
vivant doté de sensibilité </i>? Ce qui devrait faire bouger les lignes,
et lui valoir au moins d’échapper aux abominables bouffeurs de carne
rabelaisienne ! Ce serait le moindre égard à lui accorder, à lui qui
embellit tant nos paysages !<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Non décidément, si
l’homme a décidé un jour de l’enfourcher pour franchir les vastes espaces, il
n’y est pour rien. Il n’a rien demandé, lui l’animal solitaire et flegmatique. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et ne souhaite au
fond que continuer à battre la campagne en toute liberté. Et saisir, de temps à
autre, une lueur d’affection complice dans un regard d’enfant. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFaAMTU7tBJGDTBmXBqEztX4loXe3y8J13MXHcVqju5ZmjLXBn9ZLas7Bi3y1vxW1rn4z4O8clr3FM_T0OyLBQrqnPFEpgEDSOrjvmkoE2j30r_CwHXc9jSL7VZjgUiYtY7BOnIS_EGBU/s1600/P1020210+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="179" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFaAMTU7tBJGDTBmXBqEztX4loXe3y8J13MXHcVqju5ZmjLXBn9ZLas7Bi3y1vxW1rn4z4O8clr3FM_T0OyLBQrqnPFEpgEDSOrjvmkoE2j30r_CwHXc9jSL7VZjgUiYtY7BOnIS_EGBU/s320/P1020210+%255B1600x1200%255D.JPG" width="320" /></a></div>
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_dMox2H-Zarax66gZPBvohVnSebXNtejYE2LQTjFbva_rAwfn6YlXidkorox46xUflospwdYfxvzkZ9w1h3nOuDWqFM3k0ZxeQ62aK3gILlbhNWCqqqLuMAqE-dMsmI4CiPMnd3yZ01k/s1600/P1020295+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"></a> </div>
<br />
<br />
<br />
<span style="font-family: "garamond";"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><em><span style="font-size: large;"> CHAPITEAU</span></em></span></b><span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span><span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b><br />
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">Il y a un instant,
il n’était encore qu’une silhouette gesticulant là-bas, sur la scène lointaine.
Et le voilà niché au faîte de l’immense toile dressée, tel un magicien surgi du
diable vauvert. Ludion espiègle et diabolique, il <i style="mso-bidi-font-style: normal;">violone</i> parmi les dernières rangées des spectateurs ébahis.<o:p></o:p></span><span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comment s’est-il
posé là, cet oiseau tonitruant ? Nul ne saurait le dire, tant incongrue
est sa présence à cet endroit. Surprise des renversements, des
dédoublements : voilà bien une présence hors scène, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">obscène</i> diraient les mauvaises langues. Et pourtant, nul incident
marquant n’est venu interrompre dans sa durée le jeu brillant, virevoltant, de
l’archet sur les cordes. Bien au contraire, soutiendront mille témoins.
Simplement, l’artiste s’est mis en marche, fendant les allées entre les gradins
de l’amphithéâtre de toile. Depuis qu’il a quitté la scène pour entamer son
ascension, la musique qui sourd de son instrument a pris du volume comme une
pâte qui lève. Jusqu’à devenir un immense soufflé qui colonise tout sur son
passage. Jusqu’à saturer l’espace sonore tout entier.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Décuplant ses
sonorités, le violoniste poursuit son dialogue sublime avec la scène perdue
loin en bas, bardée d’une machinerie complexe, aux ordres. En fier capitaine,
il salue ses musiciens, fidèles matelots restés cette fois à quai. Le soliste
subtil sait jouer de l’écho décalé du réenregistrement permanent, délivrant ses
volutes sonores comme le dompteur lance ses fauves à l’assaut des cercles de
feu. Il se dédouble avec gourmandise, ingénieux marin gagnant le large sans
vraiment lever l’ancre. La musique sature à présent le volume imposant du chapiteau.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Se fondant au sein
de la foule qui retient son souffle, le subreptice athlète démultiplie à
l’infini l’écho du son qui le porte, mire sa toute-puissance à l’aune d’un
espace patiemment, savamment conquis. Et continue d’explorer cet espace en le
dévorant de son jeu puissant. Nul ne s’étonnerait de le voir enfin, tel le
clown chanté par le poète, crever le plafond de toile, et puis… rouler dans les
étoiles. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La réalité se
révèle moins glorieuse, plus prosaïque. Parvenu au sommet de son effet comme au
faîte de la gamme qu’il honore, le violoniste magicien amorce la sage
désescalade qui seule est à même de le rendre à son statut d’humain retrouvé.
Le public apprécie ce geste d’hommage qui voit le musicien regagner peu à peu
la scène dont il est issu. Et réintégrer sa musique entre les traits assagis
des portées ordinaires. Virtuose oui, manipulateur non.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au moment d’aborder
le misérable plateau de planches où continuent de s’escrimer ses fidèles
compagnons de l’orchestre, l’homme porte un dernier et langoureux regard à ce
chapiteau qui lui est cher. Et, l’espace d’une sensation, il lui semble
percevoir les dernières volutes de son baignant encore les rangées de
spectateurs ébahis, là-haut sur les gradins. La musique en croisière a déposé
ses traces lumineuses sur les visages ravis, comme sans doute au creux des
consciences, touchées par tant d’audace. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Sédentaire devenu
nomade le temps d’une mélodie, visionnaire de lui-même, voyageur comblé
affranchi de son port d’attache, le musicien saisit l’instant béni de sa divine
ubiquité.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsRIcWYD_NCXllSGfdWF3I1fj-_EhqCsDB8fBKtYiZgdjRsr-iICa_ZmgddtmBo0gMTOpu2Dbrgu5t-Ytahm_gVXCNXIOWMKhsNwAu36K19iEvFryGwSGtuHXHM_PmtKnABFfspgZKuWY/s1600/P1020295+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsRIcWYD_NCXllSGfdWF3I1fj-_EhqCsDB8fBKtYiZgdjRsr-iICa_ZmgddtmBo0gMTOpu2Dbrgu5t-Ytahm_gVXCNXIOWMKhsNwAu36K19iEvFryGwSGtuHXHM_PmtKnABFfspgZKuWY/s320/P1020295+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0DWMdqnRrXbBZtfMeSRS7YH3vK1U1Q9onXosG3K1M_w0xrOnquRr38Dk9wxDRRqKe5lC-XsXUzZsRIzN4t4sUHQPVQbWk7GsExhgQD5_bRBpE6Hlhy0m5X3I9j3RDXMxB6Kqq62HXeA0/s1600/P1020295+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"></a> </div>
<br />
<em><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"> CYBORG</span></span></b><span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span></em><span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></i><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: 14pt;">Une escouade de petits robots sympathiques, aux yeux
clignotants, passent entre les tables, prennent les commandes et servent des
plateaux à des enfants émoustillés et conquis. Ceux-ci seront-ils un jour,
devenus adultes, traités comme des ennemis par ces intelligences artificielles
devenues supérieures ? Demain, le posthumain.<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><o:p></o:p></i></span></span>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bardé d’un exosquelette anecdotique, le robot
explore la jonction du cybernétique et de l’organique. Vainement. L’humain se
mue en crustacé version homard. De quel désir le cyborg est-il porteur ?
Celui d’une invulnérabilité rêvée, fantasmée. Etre le produit d’une fabrication
programmée, c’est s’arracher au déterminisme. S’abstraire de la chair mène à
l’obsession de la prothèse. C’est l’abandon du sujet en échange des facéties
toutes neuves du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pantin-cyborg</i>. Le
robot de science-fiction ouvre la voie à l’homme présumé parfait, vivant sur le
mode de l’autocentration. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Rêve d’immortalité
contre affirmation de la pensée. Face à l’expression d’une conscience se dresse
le désir fou d’échapper à la décomposition qu’implique notre état charnel.
Esprit et corps, deux espaces distincts. D’où surgit l’idée folle :
« télécharger » l’esprit d’un corps à l’autre. Vieille lune
d’apprenti sorcier. Dissocier existence et pensée, antique défi philosophique.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Où siège
l’humanité ? Dans le regard. Dans ces deux yeux aptes à capter comme à
offrir l’empathie. Regard, résultat d’une histoire unique. Seul l’être humain
peut se targuer d’être porté par un récit. Son inscription dans un temps vécu,
c’est sa singularité. Sa force et sa fragilité. L’œil qui pleure signera toujours
l’émotion qui passe.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La dimension de
notre salut d’humain s’inscrit dans l’émotion. La pensée apparaît avec la
conscience d’une déchirure. Exit le vieux rêve cybernétique : télécharger
son disque dur dans un autre corps. Penser sans être, transvaser l’intelligence
d’un corps à l’autre et gommer la différence entre cerveau et
conscience ?... La pensée peut-elle se réduire à du câblage ?<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’immortalité nous
priverait du désir. Pour une vie sans joie, sans finalité. Perfectionnisme
mortifère. Alors retour à notre incomplétude, celle qui nous balade d’une
souffrance à un ennui. Désirer ne plus désirer… aller vers l’extinction du
désir ? Gageons que l’humanoïde accompli ne s’encombrerait jamais de ces
problèmes qui nous sont chers.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais notre mémoire
nous sauve, la mémoire de notre histoire, la composition du récit qui nous
porte. Un livre, c’est une pensée qui survit à qui lui donne le jour. Un fameux
réservoir d’émotions aussi ! Comme la philosophie, la littérature est gage
que l’homme n’est pas simplifiable à ce prototype auquel la technologie serait
tentée de le réduire. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Notre plasticité
rebelle est la voie du salut pour résister à la fascination robotique.
Paradoxe ! C’est dans la vulnérabilité charnelle que réside notre capacité
de résistance singulière à la cybernétique aux aguets.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le corps a encore
et toujours son mot à dire.</span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/UcI3NoMgYXc/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/UcI3NoMgYXc?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<div align="justify">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<br />
<br /></div>
<span style="font-family: "times new roman";"><div style="text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><em><span style="font-size: large;"> LAPSUS<o:p></o:p></span></em></span></b>
<br />
<br />
<br />
<br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"> Il joue gros et il le sait. Son public le
sait. Chacun sait que l’autre sait. Jeu d’images bloqué à deux coups lisibles.
Comme dans ces dispositifs ingénieux de miroirs reflétant votre image à
l’infini.<o:p></o:p></span>
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La mécanique
oratoire est réglée au millimètre. Le discours veut sonner haut et fort. Mais
ses accents tinteront-ils <i style="mso-bidi-font-style: normal;">juste</i> ?
Huilée, rôdée, la belle machine se met en route, entre arguments logiques et
affirmations soigneusement pesées. Le discours déroule, la voix martèle,
rassurante, comme égrenant les modulations d’un conte pour enfants sages. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Alors le</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">prince…</i> Puisqu’on vous le dit.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le raisonnement se
tient, allume des échos de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">déjà</i>,
ponctue par des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">encore</i>, appelle des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">toujours</i>. On imagine bien l’auditoire
bercé somnolant, comme anesthésié, enjôlé, enrôlé, prêt à signer. C’est dans la
poche. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La vigilance
s’endort, apaisée par la petite musique de la voix désormais familière. Dormez
braves gens, rien ne vous menace ! Moment de tous les dangers, pourtant,
que celui où le camp s’assoupit, veillé par la seule sentinelle voûtée au coin
du feu. L’ennemi rôde, embusqué. Il a la tête du lapsus prêt à enfourcher la
première langue qui passe.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’orateur
choisit<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>– lui ? l’autre en
lui ? son inconscient ? – la sortie d’une phrase ciselée au couteau –
ou<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>ronflante à souhait ? – pour y
instiller malgré lui – <i style="mso-bidi-font-style: normal;">à l’insu de</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">son plein gré</i> – une petite note
discordante. Un mot pris pour un autre, deux syllabes qui se percutent, un jeu
de voyelles qui se chevauchent, un chuintement discordant… et c’est l’accident.
L’implosion brusque. Un excès de confiance vient de trahir le beau parleur
attendu au coin du bois. Du dit, prononcé, articulé devant témoins, il ne
pourra plus s’exonérer. On la lui ressortira.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au jeu de la
perfection cherchée, revendiquée, affichée, la moindre erreur est fatale. Et
s’érige aussitôt en contre-modèle. En image de ce qu’il ne fallait pas faire,
pas dire. Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">malgré soi</i> énoncé, pensé
si fort, prend soudain la force obscure d’on ne sait quelle intention secrète,
inavouée. Voilà que l’envie cachée, trahie, fait irruption dans un monde qui se
rêvait pur, sans faute. Moralement irréprochable. L’homme public a fauté en
public, en direct, sur son terrain d’élection. Et c’est tout son discours, sa
bonne foi, et jusqu’à son personnage qui en sont entachés. Durablement. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bousculé à bas de
son piédestal, il imagine déjà les sarcasmes dans la presse du lendemain. La
petite phrase moquée, commentée, triturée. Comme l’aveu public de sa faute. La
trace de sa faiblesse à jamais établie. Echec irréversible pour le tenant avoué
du sans-faute. Il s’est laissé conquérir par l’erreur. Le champion est désormais
celui des glissades sémantiques et jeux verbomoteurs de l’inconscient.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Un interprète
peut-il être constamment génial ? La question le hantera sans doute
désormais : celle de ce point qui tourne autour de la fidélité à la
source. Et des obstacles à surmonter pour y parvenir. Le malheureux orateur
vient de saisir l’enjeu de son dérapage dans une forme de servilité à la
complaisance, cette obligation de plaire à tout prix à un public assimilé à une
clientèle. Son adhésion plus ou moins consciente au formatage de l’orateur
narcissique, en quête de perfection, lui a fait perdre les pédales. La belle mécanique
s’est enrayée, omettant les fondamentaux du fond au profit des écumes de la
forme. Dans l’ombre de la passion forcenée pour le talent se profile l’exigence
oubliée de vérité. Rude mais nécessaire leçon. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le langage tue. Ou
fait évoluer vers des mondes neufs.<o:p></o:p></span></div>
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong><em><span style="font-size: large;"> </span></em></strong></span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9K2EyEWe95dRt6rxWpiV-DYcCq40jYD2GT8wmjBu6dmgunfZi5X8c-MDFFo1ytZjOcPGdsmo5mzlXq9uLafIvdt7X5k2XIluLvPO_94FXyIVyNUZvvF8zD4uF9Di5IO3LfqhHUY2UiR8/s1600/P1020362+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9K2EyEWe95dRt6rxWpiV-DYcCq40jYD2GT8wmjBu6dmgunfZi5X8c-MDFFo1ytZjOcPGdsmo5mzlXq9uLafIvdt7X5k2XIluLvPO_94FXyIVyNUZvvF8zD4uF9Di5IO3LfqhHUY2UiR8/s320/P1020362+%255B1600x1200%255D.JPG" width="213" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"> </span></b><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><em><span style="font-size: large;">VOISINS<o:p></o:p></span></em></span></b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><strong> </strong></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><strong> </strong>C’est la fête des voisins. Vieux
rêve déguisé ou cauchemar récurrent que cette obligation annuelle de
camaraderie urbaine, civile ? Forcément civile. Il est loisible de saisir
cet instant unique d’un glissement : celui où l’injonction sympathique
s’érige en gentillesse organisée. L’espace de quelques heures y suffira. Durée
bénie, temps suspendu où la mitoyenneté se mue en citoyenneté. <b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><o:p></o:p></b></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voisins, il vous
arrivait d’être le problème ? Vous êtes désormais la solution. Voilà que
l’on vous fête. Illustre anonyme, chacun de vous devient soudain aussi célébré
que le Soldat Inconnu. Riche idée que celle où l’on vous intronise, sans coup férir,
au rang de « prochain » à chérir plus que tout au monde. Surtout ne
pas se rebeller. On serait bien capable de nous inventer la fête du reproche.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voisinage.
Proximité de hasard ou de nécessité, par présence objective plus que par goût
réel. Habiter est affaire mentale, histoire de représentation. Etranger à son
voisin, on n’en reste pas moins exposé à son regard. Vigilant ou neutre,
délateur ou indifférent, absent ou attentif voisin, quintessence du voisinage.
Sous votre œil scrutateur, présumé envieux, nous vous haïssons tendrement,
petits <i style="mso-bidi-font-style: normal;">big brothers</i> omniprésents. Solidaires
par obligation, nous formons avec vous la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">grande marmelade des hommes</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">dans
la ville</i>, chère au poète.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Irions-nous jusqu’à
nous grimer sournoisement pour adopter votre aspect, vos attitudes ? Raser
les murs, être <i style="mso-bidi-font-style: normal;">tout comme</i>,
comble du mimétisme <i style="mso-bidi-font-style: normal;">avoisinant</i>. Après
tout, nous infiltrer, nous glisser dans l’identité d’un autre proche
permettrait de nous délester un temps de la nôtre, un tantinet routinière
avouons-le. Test édifiant de mutualité positive. Belle preuve d’abandon au
monde tel qu’il va. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voisinage, pâte
molle, indistincte, à pétrir au gré de nos errances du moment. Vous êtes,
voisins, le miroir de nos enthousiasmes comme de nos inconséquences. Vous
figurez l’enjeu d’une vertu réputée enfin accessible, le prix de l’excellence
ouvert à tous : tendre au rang de citoyen responsable. L’avoisiner à tout
le moins.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Cher voisin, tu
demeures pour nous le chaînon rassurant, toujours en attente de vérification,
de nos attraits collectifs. Qu’advienne la preuve de méfiance de trop et nous
nous replions sur nous comme des escargots. Que tu nous attires à nouveau dans
les rets communicatifs d’une ferveur de bon aloi, et nous voilà aspirés dans
l’amour inconditionnel de ce prochain soudain si proche. D’une empathie qui
cerne, ou concerne ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comment demeurer
fidèle au cœur d’une émotion <i style="mso-bidi-font-style: normal;">avoisinante</i>,
constant dans sa culture de l’entourage ? Il y faudrait une quotidienne
fête des voisins. Nul doute qu’une enquête de voisinage rondement menée
lèverait nos derniers soupçons, nous redonnant définitivement le sens originel
d’une sympathie légitime, d’une coopération fraternelle. De celles que l’on n’a
pas envie de resquiller.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pour nos chers
voisins, ces autres nous-mêmes, c’est tous les jours la fête !<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLIyNPNh2nLxdgaBCl7yLfh3mDQ3hs9NOhKMQR1RZLgXzLZE4KFnt5BS1xac4lBRBmYjPDKlmBw0T0h6EPjqtES3fWX8Z15L4QoWwgvY2hyD5_cCMUTXertLXmzOIg9wFCsBhgFUgG1V0/s1600/P1020307+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLIyNPNh2nLxdgaBCl7yLfh3mDQ3hs9NOhKMQR1RZLgXzLZE4KFnt5BS1xac4lBRBmYjPDKlmBw0T0h6EPjqtES3fWX8Z15L4QoWwgvY2hyD5_cCMUTXertLXmzOIg9wFCsBhgFUgG1V0/s320/P1020307+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<br />
<br />
<br />
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial";"><em><span style="font-size: large;"> SOUFFLEUR</span></em></span></b><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p></o:p></span><br />
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"> </span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"> Retour à la soupe primitive. La
boule rouge ondoie, hésitant entre fusion et calcination, fragment arraché à
une très lointaine coulée de lave. L’homme la tient au bout de sa canne comme
aux rets de son regard fasciné. Son visage perle de la sueur qui accouche. Du
matériau brut jaillit l’œuvre en état d’éruption. Passage secret de l’état de
nature à celui de culture. <b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><o:p></o:p></b></span><br />
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ce que dompte ce
moderne Vulcain, c’est un lambeau de pierre de lune. Un peu du noyau des
origines abandonné par le créateur au centre de la planète bleue. Vomissure
d’étoile, déjection de volcan, le cœur en fusion trahit sa présence enfouie au
plus profond, entre pelure et centre nucléaire.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Par quelle magie la
boule de pierre et feu mêlés est-elle en passe de se transmuer en verre cassant
et transparent comme la glace ? Le souffleur en tait le jaloux secret. Il
n’écoute que son poignet élastique tournant et retournant la canne creuse animée
d’un souffle redevenu divin. Mimétique, son geste figure celui du musicien
explorant les trésors infinis de la gamme. La main s’attarde, rêve à la pointe
de son instrument. Comme celle du sculpteur affronte le marbre. Ou celle du
potier modèle patiemment la pâte. Menaçante, la boule gonfle jusqu’à enfler
comme une géante rouge. Retour aux origines.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ardents comme ceux
d’un dompteur, les yeux du vulcain fixent la chose en sa métamorphose. Ils
guettent, gourmands, l’instant précis du gonflement porté à son acmé, celui où
la forme se fait couleur. Oranges subtils, et jaunes d’or épanouis succèdent
insensiblement aux rouges de feu. Chronologie chromatique aux fins glissandi de
tonalités.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ardent songeur, le
maître verrier sait que la difficulté de son métier vient justement de
l’apparente fluidité de sa matière. Faire, façonner, fabriquer, créer. Même
dans l’atmosphère étouffante d’un four à porcelaine où le visiteur oisif peut
croire à l’enfer, l’ouvrier actif n’est plus le serviteur du feu, il est son
maître. Et si c’est une rêverie, elle est active, les armes à la main. Et puis
chaque travail n’a-t-il pas son onirisme propre ? Chaque matière travaillée
n’apporte-t-elle pas les visions intimes qui lui sont propres ? L’artisan
le sait : on ne fait rien de bien à contrecœur, à <i style="mso-bidi-font-style: normal;">contre-rêve</i>. Tout en lui appelle un temps béni où chaque métier
aurait son chantre attitré, son guide onirique, chaque manufacture son bureau
poétique ! Heureuse utopie.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Imperceptiblement,
le verre qui tiédit offrira bientôt ses parois translucides au regard apaisé du
verrier appréciant dans ses courbes épurées l’objet de son ouvrage. Ou –
occurrence fâcheuse – si la pâte s’est montrée rebelle à sa fantaisie,
l’artisan déçu la rattrapera en lui accordant la forme la plus facile à
souffler : celle d’une flasque, synonyme d’un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">fiasco </i>qu’il tentera d’oublier.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Epuisé, assouvi,
l’artisan démiurge contemple enfin le fruit de son expir. L’esprit qui anime a
su inspirer son acte créateur. Et rappeler le geste fou de Prométhée
subtilisant le feu aux dieux ébahis pour l’offrir aux hommes. Entre souffle,
ouvrage et songe, le geste a conquis la matière. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et su atteindre les
régions éthérées de l’âme. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Anima sua</i>.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> <strong> </strong></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"> <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<o:p></o:p><br /></div>
</div>
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><span style="font-family: "garamond";"> </span>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe width="320" height="266" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/_CEfyb5PBAw/0.jpg" src="https://www.youtube.com/embed/_CEfyb5PBAw?feature=player_embedded" frameborder="0" allowfullscreen></iframe></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"> </span><br />
<span style="font-family: "garamond";"> </span></div>
<span style="font-family: "times new roman";"><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left; text-indent: 8.5pt;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial";"><em><span style="font-size: large;">QUINTETTE</span></em></span></b><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p></o:p></span>
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">En studio ce soir-là, cinq musiciens aux <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ego</i> bien trempés. Des pointures. Et
cette qualité d’orage dans l’air propre à accoucher de chefs d’œuvre. Piano,
basse, batterie, la section rythmique se met en place, prête à soutenir ses
deux solistes. Trois hommes présumés tranquilles, au jeu précis et juste, vont
assister au challenge <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« qui sera le
maître ? »</i>. Un duel fratricide entre trompette et vibraphone. Aux
antipodes l’un de l’autre.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le frêle clairon et
le géant aux lames de verre se sont souvent affrontés – et tout aussi souvent
fait tourner en bourriques ! – avant ce soir. L’un s’est fait une
spécialité des accords dissonants et de sa façon étrange de les placer, quand
l’autre développe un jeu classique, tout en finesse et suavité. La lutte sourde
du chien batailleur et du chat enjôleur. Un classique. Opposition de style et
de tempérament qui dit opposition tout court et confrontation programmée. Le
premier et bref échange de regards dit leur volonté d’en découdre. Une fois de
plus. Il y a de l’explosif dans les baguettes et les colonnes d’air. Et comme
l’annonce d’une affolante pyrotechnie. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La section
rythmique engage sagement les premières mesures du thème, une ballade
archiconnue. Les deux solistes se guettent du coin de l’œil. Et quand le
vibraphoniste commence à caresser les lames de verre de ses mailloches
feutrées, le trompette amorce d’emblée une danse de l’ours autour de son
collègue médusé. Puis reprend sa place avant d’engager lui-même un solo qui
subvertit savamment la grille du morceau. Chacun a marqué son territoire. La
tension plane.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La mélodie reprend
son cours, mais le feu couve. Et le drame ne tarde pas à éclater. Le vibraphone
ralentit jusqu’à l’extinction un tempo qui va mourant. Moment choisi par
l’infernal clairon pour mener le flux cuivré à son acmé. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Casus belli</i> : le divorce est consommé. Interruption des deux
solistes.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Consciente du
danger, la section rythmique choisit d’installer une sourdine propre à ramener
un semblant d’apaisement. Voie diplomatique. Le rythme tourne, imperturbable et
rassurant. Les deux solistes n’en ont cure, se défiant à nouveau du regard et
des instruments. On guette l’instant puissant, extatique, où le thème ne
manquera pas de resurgir, mettant tout le monde enfin d’accord.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La jouant subtile,
le vibraphoniste réexpose le motif de façon allusive. Mais le rompt bientôt par
des phrases abruptes, discordantes, des accords minéraux, des silences
désarmants. Entre admiration et irritation, les musiciens médusés assistent à
la prise de pouvoir de leur collègue des lames vibrantes. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le trompette attend
l’ultime vibration pour réagir d’une intervention franche, claquante. Il
s’ingénie à porter son jeu au sublime. Et achève son chorus en effilochant la
mélodie par des accords où s’entendent tristesse et colère. Critiques et
reproches. Match nul. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Chacun des
protagonistes sort sur un solo superbe, avec le soutien unanime des quatre
autres, comme saisis par l’avènement de la beauté sur terre. Une respiration
spatiale ponctue l’issue paisible de la pièce. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Réconciliés autour
d’une fierté commune qui a eu raison de la valse des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ego</i>, les cinq compères s’accordent à conclure sur un silence, ce
son le plus fort du monde.<o:p></o:p></span></div>
</span><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiheDwZ-J4NGXbtXD3FVD8X5GmH69sA0nM5hWGqp5PqPNbSK1_ySlvfUhmXWeM-HhET8IwnbSvHc21wok6BH7XgD9BoPtEr3WGwPMQaTopPAiAC6H9kGDTB1_AIR6nhDM23-ue6G7xgs7g/s1600/P1020294+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiheDwZ-J4NGXbtXD3FVD8X5GmH69sA0nM5hWGqp5PqPNbSK1_ySlvfUhmXWeM-HhET8IwnbSvHc21wok6BH7XgD9BoPtEr3WGwPMQaTopPAiAC6H9kGDTB1_AIR6nhDM23-ue6G7xgs7g/s320/P1020294+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<span style="font-family: "garamond";"> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span><span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><br />
<span style="font-family: "arial";"><strong> </strong><span style="font-size: 14pt;">Haut les cœurs et bas les masques ! La reconnaissance
documentée de nos chers doubles prend fin sur un air lancinant, une litanie
familière. L’impression demeure que ces multiples peaux se sont un instant
évanouies, découvrant un original délivré de ses oripeaux. Une identité nue, enfin
apaisée de se redécouvrir elle-même. Comme une idée neuve à explorer. Avant
qu’elle soit <i style="mso-bidi-font-style: normal;">remodelée</i> par
d’autres<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>masques, inévitables, prêts à
la recouvrir.<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><o:p></o:p></b></span></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Que reste-t-il
quand on fait comme si rien ne s’était passé, comme aux premiers jours du monde ?
Quelle impression l’emporte ? Quels interstices entre le tragique du pire
joué par le théâtre des Anciens et l’emprise du dérisoire chantée par les
Modernes ? La vie répond qu’elle mérite simplement d’être vécue. Qu’elle
se veut à la fois insignifiante <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et</i>
digne de notre intérêt, comme une pièce de Tchékhov qui se jouerait sur un air
de Schubert. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>On ne vit toujours
qu’une première fois, comme un brouillon perpétuel de sa propre existence. A
défaut de se raconter <i style="mso-bidi-font-style: normal;">des</i> histoires,
le défi nous appartient de faire de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">notre</i>
histoire – ce cours d’âge unique – la<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>plus belle œuvre possible. Tout en sachant et acceptant qu’elle n’aura
qu’un temps. Il nous reste cet entre-deux neutre, d’un gris acceptable :
celui exprimé par la sagesse modérée de Montaigne ou la forme de consentement
de Camus : le monde n’est là pour personne et il nous reste à porter notre
lucidité jusqu’au bout. Vivons les pieds sur terre, compagnons !<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au sortir du
carnaval mimétique, nous gardons la trace de nos masques comme de multiples greffes
de visage successives. On a vu la peau de chaque <i style="mso-bidi-font-style: normal;">facies</i> s’épanouir, réanimée par les regards qui se posaient sur lui,
dans un flot de rires, de cris et d’étreintes. Autant que de rejets, de
reproches, de critiques. L’illusion scénique a pu se muer en vérité passagère,
le temps de la pièce : chacun a joué à <i style="mso-bidi-font-style: normal;">être
pris pour</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">un autre</i>, dans une
ronde où les costumes de théâtre valsaient devant nos imaginaires médusés et
joyeux. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Suspendre, la durée
d’une réflexion, le jeu permanent des masques, la répétition parfois ironique
de leur manège, c’est se donner l’occasion de décrypter l’être étonnant qui
dépasse infiniment ce qu’il a vécu, ce qu’on voit de lui, ce que le monde a
fait de lui. Reconnaître enfin cette part invisible de nous-même qui nous fonde
et à laquelle nous ne renoncerions jamais sans doute tant elle nous est chère.
Celle qui nous permet, au-delà de toute tendance à épouser des modèles, de
penser le cosmos tel qu’il se présente et s’impose à nous : d’une présence
non négociable. Et si l’univers n’est pas là pour nous, un corollaire se déduit
naturellement : nous ne sommes pas là non plus pour le satisfaire, mais
pour inventer les formes les plus larges, les plus libres, de notre <i style="mso-bidi-font-style: normal;">être au monde</i>.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Autour de nous,
quelque part dans la conscience universelle, se font écho les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Voyageurs de l’esprit </i>: poètes,
romanciers, philosophes, artistes nous murmurent les échos troublants de nos
origines, celles qui renvoient à notre formation intellectuelle et sensible.
Par quel miracle renouvelé parviennent-ils à peupler nos idées, nos images,
d’une densité, d’une texture issues de la terre, de l’eau, de l’air ? Sans
doute nous confient-ils qu’il existe deux temporalités en nous, où chaque
instant est lourd de ce qui précède. L’une signe notre appartenance au rythme
terrestre, social. L’autre nous révèle à une intimité qui nous fonde car elle
nous parle de nous-mêmes. Et il arrive que souvent la première recouvre, plus
ou moins lourdement, la seconde. Au point de risquer l’étouffer.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A nous de
retrouver, dans le fatras des appartenances les plus diverses, le noyau qui
nous constitue : part animale, d’enfance, d’apprentissage, de culture…
tout ce qui fait notre flux de conscience personnel. Et de ne pas être dupe des
multiples costumes que la vie ne peut manquer de nous faire endosser, tant bien
que mal. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A la manière de
l’enfant Sartre des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mots</i>, s’efforçant
de ne pas ignorer sa <i style="mso-bidi-font-style: normal;">double imposture </i>:
« Je feignais d’être un acteur feignant d’être un héros. » Le même
devenu adulte concluant, en réponse à la question « Que
reste-t-il ? » : « Tout un homme, fait de tous les hommes,
et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui. »<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<span style="font-family: "garamond";"><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><o:p> </o:p><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoRVnQYGa_ZmXOXixqErbW9o5ShUSZyxHWQPoCUFXZObVXkFpK8ODMBda1S51RwRVVdbI4eisgL4_NBiGOttO1o30xs4q84pm4v2cC2MPm3KnMnunXhYXtfiNXTbErMi7PloNvGipOtUs/s1600/P1020259+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="179" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoRVnQYGa_ZmXOXixqErbW9o5ShUSZyxHWQPoCUFXZObVXkFpK8ODMBda1S51RwRVVdbI4eisgL4_NBiGOttO1o30xs4q84pm4v2cC2MPm3KnMnunXhYXtfiNXTbErMi7PloNvGipOtUs/s320/P1020259+%255B1600x1200%255D.JPG" width="320" /></a></div>
</div>
</span></span><br />
<br />
</span></span></o:p></span></span></span></span></span></span></span></span><strong><em><span style="font-size: large;">TROT</span></em></strong><span style="font-size: 14pt;"><o:p></o:p></span><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"> La vision n’a ni début ni fin. Elle est pleine et
consistante, persistante, comme depuis toujours déjà là. Et trouve un reflet
juste dans la placidité propre à la gent équestre. Une cavalière chevauche sa
monture, du même pas tranquille, régulier. Hors de la durée. De ce rythme
inusable que savent mimer les balanciers millimétrés. Ou la danse, circulaire
et sans fin, des derviche tourneurs.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Cheval et cavalière
accordent leur mouvement dans une forme d’équilibre qui saisit et apaise à la
fois. Assiette et trot. Stabilité et mouvance homogènes, uniformes. Les quatre
points cardinaux s’impliquent, s’agencent, s’imbriquent. D’arrière en avant, de
gauche à droite. Et symétriquement. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Métronomie</i>
tirée au cordeau, mais exécutée en souplesse. En phase, dans une ambiance de
ritournelle qui apaise, rassure. Le trot, musique des corps accordés.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Chacun – cavalière,
monture, témoin – apprécie une sûreté qui jubile en silence, se reconquiert
dans le creux invisible, transparent, de l’instant. Le duo va, tranquille. Il
transpire l’élasticité, pénétrant des territoires sereins où chaque initié
cherche à faire vivre d’anciens rites habités des mêmes codes. Comme on
entretient la flamme rassurante. Chimère adorable d’un monde qui s’accepte
comme reflet d’une très antique tradition. Flegme animal et noblesse d’une chevalerie
altière surgie des profondeurs de l’Histoire.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’avenir est beau,
vu depuis le passé. Il est tout entier ce reflet que projette notre présent
dans un espace vide. On n’est jamais le premier à penser ce qu’on pense. Et
l’idée d’un monde qui va son train est vieille comme … le monde. Tranquillité
des évidences. Allure trottée de la raison.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’allure équestre,
question de rythme. Symétrique, le trot saute à deux temps égaux, par bipèdes
diagonaux. Chaque temps est séparé par une période de projection. On trotte
comme on pense, par sautes régulières d’un objet à l’autre, par liens
successifs, au rythme d’une raison raisonnante.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Toute époque se
précède elle-même. De loin. Nous marchons dans nos propres traces, humant nos
propres odeurs. Quelqu’un est déjà passé par là, familière impression de déjà
vu. On se croise fortuitement, quand on ne se cherche pas. L’issue de
l’Histoire se trame dans le tissu de notre esprit en marche. Hasard et
nécessité.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Que sais-je ?
Pas grand-chose, sinon que ça pense en moi. Trottons, rythme en tête, habités
du pur sentiment d’exister. Conscients que les élégances de la forme nous allègent
parfois des épaisseurs du fond. Comme le nageur sait se laisse glisser entre
deux eaux, au sein de l’onde fluide. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Entre conscience
pleine, éveillée, d’un rythme, et automatismes acquis au gré des
apprentissages, se glisse le fantasme de l’insouciance animale. Détachement
apparent d’une existence indolente qui ne demande rien, anticipe peu, ne
projette rien. Image parfaite de la nonchalance qui s’active.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Sur ordre, la belle
et puissante mécanique met en branle une masse de centaines de kilos de
muscles. Chaque articulation étonne par sa capacité à amortir ce poids en
mouvement. Les jarrets dégagent une énergie qui se communique aux épaules avant
de gagner le reste du corps. Tout à son attention de ne pas casser le rythme
impeccable, la cavalière semble ne jamais devoir s’arrêter.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Image du trot,
métaphore de la pensée qui court, inspirée, sur la page de nos chevauchées à
venir.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4B962xP_SKWaqOiNAiH8ROO9m3HOEvCNtS1Et6YHg1fBbsCsIlYAAvQoGxra8WtO3L6-g5ybt4cucyNTGOypkU73XwAM-BC9Ge2LafHsZcgvYdErXqckVZau_tp_2LUCcPx1C6OxBdEI/s1600/P1020125+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4B962xP_SKWaqOiNAiH8ROO9m3HOEvCNtS1Et6YHg1fBbsCsIlYAAvQoGxra8WtO3L6-g5ybt4cucyNTGOypkU73XwAM-BC9Ge2LafHsZcgvYdErXqckVZau_tp_2LUCcPx1C6OxBdEI/s320/P1020125+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p></o:p></span> </div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><em><span style="font-size: large;"> REFLETS- MIROIRS</span></em></b><o:p></o:p></span></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></span><br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><o:p> </o:p></span></b></span><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">« Vous voulez ma
photo ? » clame le regard éperdu de l’anonyme flanqué au poteau
d’exécution. Qu’exprimer d’autre lorsque le temps vous est compté, que la peur
et la colère se mêlent à l’incompréhension ? A sa manière, neutre et butée,
discrète et solitaire, l’œil du centaure tire au jugé sur l’ordinaire des
villes. Pacifiquement, cette fois. Tir à blanc, frontal et à distance de
relation. Il s’efforce de se faire oublier. Capter lui est une vraie nécessité,
jusqu’à l’obsession. Il réincarne l’antique Diane chasseresse lâchée dans
l’espace public de la modernité urbaine. La déesse a troqué son arc contre une
drôle de petite boîte à capturer des images.<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><o:p></o:p></b></span></span></div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Insatiable, la
tireuse brûle son lot de cartouches invisibles à travers le jeu de loupes de
son appareil. Comme le fait le chasseur du gibier qu’il piste. L’objectif
imperturbable – raison d’être et projet – traque le passant flegmatique. En
épingle l’image inattendue, futile ou dense. Procuration est donnée à la
machine, au mécanisme secret qui s’agite en coulisse, tandis que l’œil appliqué
de l’artiste appelle un plus, un ailleurs niché dans le réel, une essence
qu’elle seule a le pouvoir de deviner et de révéler. Ecartelée entre l’œil de
l’appareil et le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">je</i> du sujet, elle
s’abandonne aux joies diffuses du voyeurisme sur l’univers des rues qu’elle
entend bien collectionner jusqu’à l’ivresse.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Des enfants des
rues saisis en plein jeu, les joues barbouillées de crasse. Des couples vieillissants
assoupis dans la carcasse bringuebalante d’un antique autobus. Une jupe qui
s’envole, dévoilant un mollet charnu. Un vagabond avachi sur un banc public.
Une nourrice décidée traînant un gamin amorphe. Des dames emperlousées, des obèses,
des pauvres, des Noirs, des flics… Toute une faune, pour autant d’expressions
et de moments cueillis par un œil vif et tendre, où l’ironie affleure aussi
souvent que les larmes.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;">
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Marginalité et
recoins urbains sont saisis, et avec eux les sujets captés à leur insu, vus de
face, de dos, de biais, en plongée, contre-plongée, ordinaires ou en majesté.
Fragments de corps et bribes d’instants volés au quotidien. Et puis,
s’extrayant lentement de la glaise humaine, l’ombre de la photographe en vient
à se projeter sur la scène. Autoportraits opaques, subtils, entre absence et
présence, d’une silhouette à peine perceptible, secrète, en passe de s’avouer. L’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">auto-représentation </i>comme invention d’un
thème précieux qui surgit clandestinement. Point de confluence géométrique de
l’objet capté et du sujet qui les capte. Le chasseur et sa proie réunis dans
une même image. Figure du dédoublement pour une mise en écho idéale.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>De retour dans son
laboratoire de fortune – une salle de bain éclairée d’une simple ampoule
rougeâtre dont la lueur glauque distille un climat d’énigme – la photographe
confie à la chimie argentique le soin de révéler son travail encore virtuel.
Moment magique de l’inversion des valeurs : la lumière noircit comme la
vérité brûle, l’ombre éclaircit comme le doute se dissipe. Dissimulation et
lueur se cherchent. Entre-deux, les zones grises traduisent la richesse des
gammes intermédiaires. Savante peinture mécanique aux sels d’argent.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La photographe
fouille sa perception d’elle-même en personnage isolé, sans lien direct avec
ses semblables. Avant que, creusant son sentiment d’appartenance au monde,
fouillant dans les gravats de l’inconscient, elle fasse le pari d’une invention
intime d’elle-même en interprète posthume de la fiction de rue. Entre images banales
et figuration du double, elle vit par procuration son empathie pour des formes
humaines multipliées à l’infini. Auxquelles elle s’identifie enfin. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’artiste est bien
là, cachée parmi ses sujets élus. L’anonyme créatrice fabrique une encyclopédie
vivante de moments capturés qu’elle adresse à l’éternité.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7nIn4Zfro8YxLCHDSUD2xU1pBIg9Gb-nqZspnD5Qw-rT1NCIC1PU2uKvF-_rUlKPgQOWC0yC3Dxct0MI1RgshXPJOb1VAw6jvN8uIaV4Z8Qk03_dPNLa9hn45XTc84wYmQEbhPU7CrEs/s1600/P1020135+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"></a> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/MOm17yw__6U/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/MOm17yw__6U?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
</div>
<br />
<br />
<br />
<span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><o:p></o:p></i></span><br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_lFvsZEOa-bY56FciHpQswAE0qpbq_axxm7Uo1KxOdnRpLrVDNOzZLFEbS71g4Z7qOOdXtfVqPefVEGZfG8UyCMbdHp1Su8lrBndlgiWTY7fb7FE7QRuw10JSmTDZkboAJPLlSpa3Mtg/s1600/P1020253+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"></a> </div>
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"> <o:p></o:p></span></div>
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"> <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"> <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"> <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<o:p></o:p><br />
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"> <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"> <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: "times new roman";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"> <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span> <o:p></o:p></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span> <o:p></o:p></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
</div>
<span style="font-size: small;"><o:p></o:p></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: left;">
<span style="font-size: small;"><em></em></span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><o:p></o:p><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><strong><em></em></strong></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span></i> </div>
</div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-41507158104058911202016-05-15T01:36:00.000-07:002016-11-29T02:38:00.408-08:00<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/IJvfMnnDxp4/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/IJvfMnnDxp4?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<strong><span style="font-size: x-large;">LE CARNAVAL DES MIMES (5)</span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<br />
<strong><em><span style="font-size: large;">DECLINAISONS</span></em></strong><br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><span style="font-family: "arial";">« Qu’est-ce qu’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">y </i>veut ? <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il </i>a l’air
chagrin ce matin ! » Le ton se veut banal, familier. Avec une pointe
de badinage qui ne m’échappe pas.</span><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p></o:p></span></b></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« Alors, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">y</i> dit rien ? »
Je me retourne aussitôt, saisi par une brutale sensation de transparence. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Y </i>a quelqu’un derrière moi, c’est sûr…
Eh bien non ! Ce <i style="mso-bidi-font-style: normal;">y / il</i>, c’est
bien moi. Comme je suis de bonne humeur, j’endosse tout de go cette drôle
d’appellation et engage ma réponse – ma réaction plutôt – sur le même mode. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Y</i> dit qu’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">y</i> va pas mal. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Y </i>fait les
courses et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">y</i> voudrait… du café, du
lait, du miel et de la verveine en sachet. » Pas de doute, pour lui j’en
suis un autre, au moins sur le moment. Amusé, je décide de jouer le jeu. Je me
dédouble, l’instant de ma réplique. Je me réplique donc. Mais bien décidé à
prolonger l’étrange dialogue à ma façon. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tu</i> as tout ça en magasin, bien
sûr ? » osè-je. Air interloqué du bonhomme. « Ah ! mais <i style="mso-bidi-font-style: normal;">on</i> ne me tutoie pas comme ça ! »
rugit-il offensé. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il</i> est tombé sur
la tête ! »<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et j’enfonce
le clou. Anecdotique : « Tu la connais celle du gars qui ne se
déplace jamais sans sa doublure ? Empruntant une porte de sortie, il n’en
finit pas de faire des manières avec son alter ego : Je vous en prie,
après vous, je n’en ferai rien !... A la fin de ce petit manège, il
sort <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’un derrière l’autre</i>, les deux
s’engouffrant en même temps par l’ouverture, saturant la porte de sa double
corpulence ! »<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Rien de tel
que la plaisanterie pour détendre l’atmosphère, c’est bien connu. Mon homme a
visiblement compris le message. Au jeu du tout à l’ego, chacun est prêt à faire
un pas vers l’autre. Je lui soumets alors la suite des déclinaisons possibles
entre le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">je</i> perso, le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">tu</i> amical, le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">y</i> impersonnel… et le courant se met à passer.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il me
raconte, ému, l’histoire du chômeur qui marche dans la rue, le matin, avec son
cartable tout neuf. Il semble partir au travail. Mais va traîner, en fait,
toute la journée dans un quartier lointain, retardant le moment douloureux où
s’avouer qu’il n’a rien à faire et que son beau cartable ne lui sert à rien. Il
ne revient que le soir, comme si de rien n’était, pour rentrer chez lui… « Que
faire quand les doubles se font la paire ? » conclut, faussement badin,
mon épicier du moment. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Je lui
confie en écho la métaphore bouddhiste : pour le Bouddha, le moi n’est que
pure illusion, c’est juste un courant d’être. Plus de calculs pour mesurer
l’embarras, le sentiment de gêne ou de ridicule, la culpabilité. Et autres
délicatesses à vous pourrir la vie. Inutile de recalibrer en permanence son
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">hontomètre</i> pour exister
la tête haute. Plus besoin de se regarder le nombril : il suffit de
s’oublier et de jouir de l’écume qui reste en surface : une simple estime
de soi en lieu et place d’un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ego</i>
souvent invivable. Ce qui s’appelle gagner au change !<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« C’est
sans doute cela, être l’ami de soi-même », conclut l’homme tout à fait
rassuré. Cela me rappelle le mot d’un philosophe : « Je me suis perdu
de vue : je me suis détesté, adoré, puis nous avons vieilli
ensemble. »<o:p></o:p></span></div>
<br />
<br />
.<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </div>
<br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2KONRTYvlS7TnAfa_BWvTL2ZVp6e09dxL0gJ9jnix5VWsj0WigIdLq19yuOiPieU3nDXSqc9xFOvjbV5xD_SCZgk8kyCXLmmPxPVYPjrRkD3CeMhsBhAyk8HD2nhGwFZqyOArc7gQJi4/s1600/P1020209+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="179" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2KONRTYvlS7TnAfa_BWvTL2ZVp6e09dxL0gJ9jnix5VWsj0WigIdLq19yuOiPieU3nDXSqc9xFOvjbV5xD_SCZgk8kyCXLmmPxPVYPjrRkD3CeMhsBhAyk8HD2nhGwFZqyOArc7gQJi4/s320/P1020209+%255B1600x1200%255D.JPG" width="320" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><strong><em>THEATRE</em></strong></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";">« <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Bon
appétit Messieurs ! Ô ministres intègres ! Conseillers
vertueux !...</i> » L’acteur se couvre, croise les bras et poursuit
en faisant face, visage outré et regard accusateur. Le théâtre est reflet du
monde qui s’y mire avec délice. C’est en jouant quelque chose que ce que l’on
joue advient. L’émotion surgit à la suite de la contrefaçon de l’émotion.
Simulation et vérité. Simulacre et théâtralité.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le meilleur
menteur est celui qui se persuade de son mensonge. A la façon dont
l’hypocondriaque finit par tomber malade. Dont l’acteur se prend au sérieux en
collant à son rôle. Pouvoir d’illusion qui puise sa matière dans l’étoffe des
rêves.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Double/artifice, artifice du double. Les larmes de crocodile, sciemment
provoquées par l’oignon, finiront toujours par se muer en vraies larmes. Ne
peut-on devenir fou à force de contrefaire la folie ? « Priez et
implorez, faites semblant de croire et bientôt vous croirez ! »,
propose le philosophe, révélant soudain les fondements de bien des
religiosités. Le geste précède l’émotion, l’acte précède la puissance, comme
l’existence vient avant l’essence. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’acteur
finit toujours par coïncider avec son rôle. Lucidité réversible et
réversibilité lucide : occuper une fonction, c’est jouer un rôle, comme
jouer une fonction c’est en occuper le rôle. Le garçon de café sartrien n’est
jamais plus crédible que lorsqu’il joue à être… garçon de café. La fiction est
une forme de réalité comme la réalité est appelée à s’achever sous forme de
fiction. Le théâtre agite ses reflets comme autant de mises en abyme jouant
avec nos vertiges. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Habileté du
metteur en scène qui innove ou liberté du comédien qui se chauffe avant le
jeu ? Voici les acteurs s’agitant sur scène avant même la représentation.
Arpentant la scène naturellement, ils discutent à bâtons rompus, se livrent à
pirouettes et exercices gymniques, lisent en marchant, méditent… Ils sont hors
jeu et pourtant déjà en représentation face au public qui patiente. Entre-deux.
Le lever de rideau et ses trois coups rituels ne vont pas tarder.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Fondu au
noir. La salle se plonge alors dans l’obscurité qui ouvre sur un récit. Et
surprise, c’est depuis les travées mêmes de l’immense salle que jaillit un
premier monologue. L’acteur descend lentement les marches, s’adressant à un
partenaire déjà sur scène, aussi surpris – en apparence – que le public. La
représentation gomme d’emblée la frontière spatiale entre spectateurs et
comédiens. Et commence par un coup de… théâtre ! <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Plus tard,
ce sera le rideau lui-même qui servira d’espace de jeu, les acteurs allant et
venant de tout son long, côté salle, prenant le public à témoin des avatars du
texte, semant trouble ou franche gaîté parmi la foule. Le théâtre replonge ici
dans <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>ses sources anciennes qui le
voyaient évoluer au cœur du public. Plateaux, décors, coulisses, le cadre de la
scène est perçu comme un tableau sonore dont la vie se réverbère en écho. Un
écho répercuté par les spectateurs manifestant chaleureusement leur gratitude à
l’issue de la pièce. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’exercice
théâtral met à nu les archétypes qui agitent notre monde. Comédies et tragédies
accouchent d’un sublime qui nous transporte au-delà du réel. Contemplation,
rémission, compassion se succèdent en nous au rythme de la pièce. Confrontés à
toute la gamme des passions, nous avons accès à la représentation de l’essence
de la vie. Exemptés de ces affects qu’endosse le héros, à distance du tragique
de notre condition mais en pleine osmose avec elle, nous vivons par procuration
une catharsis apte à remodeler l’éthique en nous. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au royaume
du double et du mime, le théâtre n’en finit pas de décliner nos états d’âme.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRMPbHU2uOMRuS5iQrIAoHzJBLRIn6ZriUZZ4oKwfjc80pbPc2t3yx_SSWGs9N56iRI-LT0dVHBVUQvty4_s5UlWpMBg55D5sQvaz3py8IMevFo12w-aW02wENchKtu5vTfbg9rNr0K4I/s1600/P1020293+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRMPbHU2uOMRuS5iQrIAoHzJBLRIn6ZriUZZ4oKwfjc80pbPc2t3yx_SSWGs9N56iRI-LT0dVHBVUQvty4_s5UlWpMBg55D5sQvaz3py8IMevFo12w-aW02wENchKtu5vTfbg9rNr0K4I/s320/P1020293+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><strong><em>RESEAUX</em></strong></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";">C’est un de ces matins où l’on aime se balader, l’air
léger, le nez au vent, au cœur de sa cité familière. Dans les rues encore
assoupies où émergent de la torpeur nocturne cent points de repère que la routine
nous chuchote aux yeux. On voit sans regarder. Du moins pas encore.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quoi de neuf
là où l’on est déjà venu cent fois ? Un passant demande sa route, un
étranger visiblement. Avec lui, on s’arrête devant un plan affiché. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Vous êtes ici… »</i>, semble
souffler la ville endormie en arborant une belle flèche rouge sur son
portrait-robot légendé. Le natif oriente aussitôt sa boussole intérieure qui
lui indique les quatre points cardinaux. Géographie interne confirmée par la
position de l’astre du jour levant paresseusement ses rayons, là-bas, vers
l’est.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quelle durée
pour mon trajet ? insiste le passant. En bas à droite du plan, l’échelle –
au 1/200è – permet une rapide estimation de la distance réelle à parcourir. Une
simple barre de fraction, la même croisée hier en cuisinant ce délicieux
fondant au chocolat et ses proportions pour huit personnes. Partage, division.
Division, centièmes. Numération décimale et morcellement sans fin de l’unité…
jusqu’à l’évocation des milliards d’éléments composant notre ADN ! Plongée
dans le microcosme et vertige garanti.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ravis de
reprendre notre marche, un petit air nous trotte dans la tête, bref <i style="mso-bidi-font-style: normal;">jingle</i> entendu ce matin à la radio. Six
notes qui évoquent aussitôt une courbe mathématique figurant les graves et les
aigus, à relier comme sur les degrés d’une partition musicale. Aux murs du
carrefour, une affiche publicitaire étale ses slogans, arguments bien frappés
illustrant une image suggestive à laquelle il est bien difficile d’échapper. Un
petit exercice de lecture s’enclenche dans la tête : eh oui ! l’image
aussi se lit, avec ses codes bien précis, qu’il vaut mieux savoir interpréter
de facto si l’on ne veut pas succomber à tous les coins de rue ! <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’image fixe
en appelle d’autres, animées en récit. Celles de la séance de cinéma, la veille
au soir. Appel à la mémoire émotionnelle, affective, qui remue en nous sur le
moment et longtemps après. Constat d’émotions que nous sommes plus ou moins
capables d’exprimer. L’intimité et la pudeur ne sont jamais loin. La gamme des
sentiments – tons et demi-tons – rappelle le nuancier d’un peintre apprêtant
ses couleurs sur la palette.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Réactivant
sans cesse notre mémoire interne des lieux que nous chargeons de nos vécus
précédents, nous voici partis pour une exploration des dédales littéraires
produits par nos lectures – récentes ou antérieures. Amis intimes, les livres
ont ce pouvoir de ranimer des impressions inscrites au cœur. Et d’édifier en
nous une mémoire personnelle qui s’inscrit progressivement au creux de la conscience
sociale : la culture nous rend meilleurs, capables de compassion, de
solidarité. De projets et d’actes communs. Voici que notre récit individuel
s’ouvre sur plus grand que nous : l’histoire sociale, élément vivant de la
vaste Histoire du monde. Accès à l’esprit public. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La balade
matinale, anodine, a accouché d’une réflexion qui la dépasse, l’outrepasse. A
l’image de notre cerveau, agité de mille connexions mouvantes, notre
compréhension navigue d’un objet d’attention, d’une impulsion d’étude à l’autre.
Elle procède<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> à</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sauts et à gambades</i>, comme le philosophe
se plaît à le décrire. Et c’est ainsi qu’elle se sent bien, allant librement
son chemin, renouant des liens entre les choses, les situations, les personnes.
C’est dans ces liaisons intelligentes, fructueuses que nous apprenons sans
doute le plus aisément. Lorsque nous nous murmurons à nous-mêmes :<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> C’est comme… Cela me rappelle…</i>
Lorsque l’expérience s’adresse à notre théâtre intime, quel encouragement de se
sentir soudain en terrain familier !<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">logos</i>
en marche, en réseau, possède la puissance de l’écho et la souplesse de
l’élastique. Comme la marche nous propulse grâce à notre plastique corporelle,
la chaîne des savoirs n’en finit pas de développer ses synapses tout au long
des neurones en mouvement…<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Nous sommes
embarqués.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEggUgbI5hqmD2JCIVvDhZCbHd9mO4ebSj4eoNmsXm1y_WAl0A1mcTiHAW2c4dxynpUtAMTUSOeSyXdDKINjkMQ4a9lRkLALZAh7zVKrrUgBg04s4NEhQ-VgcIJYUwGBVx8WaqnCgNqjSvY/s1600/P1020138+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEggUgbI5hqmD2JCIVvDhZCbHd9mO4ebSj4eoNmsXm1y_WAl0A1mcTiHAW2c4dxynpUtAMTUSOeSyXdDKINjkMQ4a9lRkLALZAh7zVKrrUgBg04s4NEhQ-VgcIJYUwGBVx8WaqnCgNqjSvY/s320/P1020138+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><strong><em>BURLESQUE</em></strong></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Un petit
homme s’agite dans la fureur des villes naissantes. Temps suspendu au passage
pour piétons. Un groupe de quidams attroupés en bloc compact fait face à la
rue. Métaphore de la rivalité des coureurs alignés sur une ligne de départ sans
cesse réinventée, repoussée. La vie, course à l’infini sans réel pourquoi.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le petit
homme n’attend pas le signal qui autorise et libère. Il a sa propre ligne
d’horizon. Son temps intérieur n’est pas le même que celui, officiel, fixé par
les contraintes urbaines. Le voilà parti, bille en tête et nez dans les
étoiles, pour une expédition hasardeuse de l’autre côté de la rue. De l’autre
côté du monde. D’un coup de sifflet, l’agent posté aux feux le rappelle à
l’ordre, à la loi, au retour repentant dans le groupe toujours à l’affût.
Volte-face du vagabond qui doit affronter un soudain démarrage du groupe
obéissant au signal. Celui-ci l’avale tout cru, l’emballe, le phagocyte dans
une chorégraphie brouillonne dont les mouvements de foule ont le secret. Mais
le miracle opère : l’homme réussit à regagner en solitaire le bord premier,
tandis que les autres sont déjà passés. Retour aux origines permises. Le voilà
seul, prêt à affronter un second round de passage.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Face à lui,
de l’autre côté, un nouvel essaim de piétons qui s’élance au signal, dans
l’autre sens… et l’absorbe malgré lui en plein milieu de la rue. Emporté à reculons
par la foule, sans espoir de retour. Et le petit homme se retrouve… à son point
de départ initial ! Le gag a fait long feu. Mais ne clôt pas pour autant
l’infernale orchestration des hantises urbaines. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quel
instrument d’observation ou de mesure saurait rendre compte des itinéraires
fous tracés au cœur de nos villes ? Allure, détours, retours,
contournements, hésitations, ruptures, arrêts, ajournements, oublis… Nos corps
urbanisés épousent à leur insu des topographies complexes, fruits de la
rencontre des contraintes objectives et de leurs propres intentions. Le
résultat tient de la nécessité teintée d’une dose variable de hasard. Obscurs
effets des lois de la cité.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Une caméra
miniature embarquée rendrait un compte impartial de ces virées délirantes qui
nous voient imiter au quotidien la course aveugle des fourmis. On y assisterait
sans doute à la dévoration muette, obstinée, de l’espace avalé en un rien de
temps, au rythme du pas nerveux, machinal, qu’habitent nos projets, nos
routines. Qu’en resterait-il de mémorable, de remarquable ? Peu, sans
doute. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il faudrait
y mêler le regard lent, appliqué, fureteur, du romancier ou du cinéaste, pour y
repérer anecdotes savoureuses, faits loufoques, actes manqués, menues aventures
aux allures familières. Tant la distance d’un regard neutre, apte à
s’enchanter, est sans doute seule capable de surplomber l’enchaînement
incertain de nos menues taquineries citadines. Et d’en esquisser les contours
parfois burlesques.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Plongés,
souvent sans le savoir, au cœur de l’absurde, nous sommes tous le petit homme
du carrefour.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYzljs9Pmts_5ucQbGYjoswuUsuF5RIOx4xi9_M0XpTDtmP9_F4zzmBXvu8rKJfLRvaMhouCTF-YxyGP9V-c17ychaU88wQaSgzRxzh0iglhnUVJAom9MqTFV4aJJf-ov0VyfHuISqpwQ/s1600/P1020307+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYzljs9Pmts_5ucQbGYjoswuUsuF5RIOx4xi9_M0XpTDtmP9_F4zzmBXvu8rKJfLRvaMhouCTF-YxyGP9V-c17ychaU88wQaSgzRxzh0iglhnUVJAom9MqTFV4aJJf-ov0VyfHuISqpwQ/s320/P1020307+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><em><strong>MINIATURES</strong></em></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Soldats,
canons, place forte. Tout semble vrai sur ce champ de bataille pourtant
improvisé. Mais qui joue vraiment à la guerre ? Ces figurines anonymes
grisées qui gisent, comme déjà mortes, figées dans leur matériau plombé aux
reflets sombres, incertains ? Elles appellent les doigts d’un enfant qui
joue. Capturent déjà son regard enfiévré d’images. Dans un espace sans repère
net, dont seuls les personnages minuscules donnent l’échelle supposée : une
mise en scène à grand spectacle mimée sur le premier coin de table venu. A la
frontière du réel et du fantasme, l’ambiguïté fleurit, nourrit l’évocation,
redonne corps à la matière du souvenir. Que de pouvoirs accordés à de simples
soldats de plomb !<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Des scènes d’enfance
sans cesse revues et corrigées activent ce curieux livre d’Histoire. Sur la
page vierge du jour, chacun peut mettre en scène<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> son</i> Histoire, celle qui l’habite. Comme il l’entend. Cartes,
citations, récits de bravoure et figurines héroïques s’agitent dans un travail
de trompe l’œil qui crée l’illusion de la chair vivante sur un terrain aux
topographies rendues crédibles. Les discours réalistes du petit joueur brassent
carton-pâte et leurres plastiques dans un simulacre où s’allume un florilège de
représentations vraisemblables. Auxquelles son esprit fantasque se plaît à
adhérer.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>En
arrière-fond du réel se glissent peu à peu des lambeaux d’apparences propres à
célébrer le mythe, du moins le temps du divertissement. Une joie ludique
enlumine le visage au gré des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">comme si</i>,
des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">on dirait</i>, qui épousent la fable.
Sous nos yeux de témoins attendris, le véridique dévore allègrement le réel, le
vraisemblable ouvre des ivresses à n’en plus finir. Funèbre, le mortel s’est
mis en état d’affabulation, comme l’animal s’endort en état d’hibernation.
Paisiblement.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au théâtre
de l’intime, le trop plein narratif sait nourrir les imaginaires, malaxant
gaiement le matériau toujours mouvant de nos visions intérieures. Une fois le
réel escamoté, son reflet demeure. Sa trace forme une frontière qui s’assouplit
au gré des mille travaux de la mémoire, prête à reconstruire, enjoliver,
romancer. Mannequins, poupées, automates et santons divers fascinent les
univers enfantins à la manière dont les personnages de romans sauront coloniser
les esprits adultes. Dont le cinéma détournera l’angoisse du spectateur vers
les mystères du hors champ. Dont le théâtre figurera pour nous la variété des
caractères humains. Dont la poésie nous confiera le secret de la musique des
mots.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Lieu d’une
confusion gourmande, le travestissement ludique appelle la parodie. Et s’il
nous venait brusquement l’envie de faire hennir le chien ? Ou aboyer le
cheval ? Nul doute que dans l’instant tous les chiens henniraient, les
chevaux aboieraient ! Jeu de retournement des miroirs. De la récréation à
la fiction parodique, il n’y a qu’un pas. Les masques troublent nos réalités
ordinaires, démultiplient une originalité qui jouit de se décliner à l’infini. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A l’image
d’un jeu labyrinthique où l’on se plairait à se perdre.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOuXqlWehsEX6POyRgkqjUGaIGw4SdmP5umzlCHSsOX7nHUH4kfuxCmqh2JunZIE0Z5lsZQ-pgAdb3iJidtHLf3q72IOXxHzVt1LcGNj7vWXKCIQKVEfymL-6A5V5RDtJ4JonrOEr-mLY/s1600/P1020311+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOuXqlWehsEX6POyRgkqjUGaIGw4SdmP5umzlCHSsOX7nHUH4kfuxCmqh2JunZIE0Z5lsZQ-pgAdb3iJidtHLf3q72IOXxHzVt1LcGNj7vWXKCIQKVEfymL-6A5V5RDtJ4JonrOEr-mLY/s320/P1020311+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><strong><em>HONTE</em></strong></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";">Vous rentrez fatigué après une journée de travail
épuisante. Vous vous jetez dans le canapé et vous vous laissez aller, croyant
être seul. Pieds sur la table et doigts dans le nez, sans retenue. L’instant
attendu où les digues, trop longtemps contenues, lâchent : le moment rêvé,
longtemps reporté, du défoulement. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Soudain,
quelqu’un se met à tousser dans la pièce à côté : votre compagne, déjà
rentrée, à votre insu. Vous ne l’aviez pas vue ! Une bouffée de honte vous
envahit. Jusqu’à ce moment précis, tout allait bien. Mais là, vous vous jugez
tel que l’autre vous a vu. Comme si autrui s’était subtilement inséré entre
vous et… vous-même. L’expérience de la honte trace un chemin éclair. Vous vous
y reconnaissez tel, sans pouvoir protester ou nier. Vous voilà enfermés dans
une identité coriace, indélébile, qui va vous poursuivre longtemps. Vous êtes à
jamais, dans l’œil d’au moins une personne, l’être qui se met les doigts dans
le nez !<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Que faire du
témoin ? Le supprimer, comme dans tout bon polar ? Que faire de
soi ? Saisir par le col et tancer ce moins que rien qui s’est mal
comporté ? Autopunition délicate à mettre en œuvre ! Impossible, en
tout cas, de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">faire semblant de rien</i>,
de faire comme si <i style="mso-bidi-font-style: normal;">de rien n’était</i>. Un
court-circuit s’est produit dans l’intime de soi, mine de rien. Une sorte de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">bug</i> – collision – est venu se glisser
entre les images patiemment construites qui font l’estime de soi. Un mélange
implosif entre peur et colère, sans qu’aucun des deux ressentis ne parvienne à
prendre l’avantage. La digestion émotionnelle se trouve bloquée, sans issue
acceptable. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Alors
remontent du fond de la mémoire d’autres épisodes aux tonalités inopinées, où
l’imprévu a généré du dépourvu. Performances avortées, conversations échouées,
certitudes gommées. Scènes d’impasse. Souvent l’amour propre a été touché, nous
laissant rouge de honte, rétréci, paralysé ou simplement troublé. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le petit <i style="mso-bidi-font-style: normal;">moi</i> en a pris un coup, comme on dit.
Mais peut-on en rester à la mémoire de cette trace qui n’en finit pas de
traîner, comme la queue d’une comète qui ferait long feu ? La honte, dans
toutes les intensités de sa gamme, se réduit-elle à cet obscur sentiment qui nous
déborde avant de couver souterrainement dans les limbes d’une identité en mal
constant de reconnaissance ? Dans quelle forme de dépassement serait-elle
soluble ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comme
souvent, c’est derrière la doublure que se profile une amorce d’éclaircie.
Voici la honte qui s’avance, suivie comme son ombre par son double : la
honte de la honte. Or il arrive parfois que le surpoids des choses signe leur
annulation pure et simple. Plus rien à perdre face à un fantôme surarmé, ne
vous laissant pas la moindre chance de rachat. Paradoxalement, le trop déleste
du pire. L’imaginaire se remet en route, réveille l’ami en vous, celui qui vous
souffle : « Tu as le droit d’être toi-même ! Avec tes limites. »<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Peu après
l’épisode douloureux, vous rentrez dans le salon, arborant un large sourire et
vous caressant les ailes du nez. A ce rappel évocateur, le témoin jusque là
encombrant esquisse à son tour une moue compréhensive qui appelle humour et
légèreté. L’épisode n’est plus désormais qu’un mauvais souvenir.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Toute honte
bue…<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";">.</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg19kny9o9LbJyb1m5lKUJ8kW-WlopVqzv5qituymwvQYKGvMnqIFAM3CM_-ph7qcix0eoKcTZ664YBZjd8orO965l9MmVV2NQfZPZDoOvSpKEvdBWRkh7lOK0s3-yIUwKQVKV_e4nYdOY/s1600/P1020310+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg19kny9o9LbJyb1m5lKUJ8kW-WlopVqzv5qituymwvQYKGvMnqIFAM3CM_-ph7qcix0eoKcTZ664YBZjd8orO965l9MmVV2NQfZPZDoOvSpKEvdBWRkh7lOK0s3-yIUwKQVKV_e4nYdOY/s320/P1020310+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><strong><em>NOSTALGIE</em></strong></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’aventurier
au long cours revient chez lui après une décennie de guerres, de galères et de
victoires, petites et grandes. Son regard s’est souvent posé sur l’horizon
durant toutes ces années, interrogeant un avenir incertain. Combien de fois ses
pensées se sont-elles portées vers sa famille perdue, sa patrie oubliée ! <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Soulagement.
Il peut enfin poser son sac, retrouver sa femme, son fils, ses amis, tous ses
repères oubliés. « Maintenant nous allons revivre ! », pense
très fort l’ex-baroudeur. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Rien n’est
moins sûr. Une fois qu’il a retrouvé les siens, ses petites affaires, ses</span><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> </span></b><span style="font-family: "arial";">chères</span><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> </span></b><span style="font-family: "arial";">habitudes,
l’homme prend conscience qu’il a vieilli. Un paquet d’années de plus lui pèse
sur les épaules. L’image que lui renvoie le miroir est celle d’un homme
fatigué, usé. Il s’ennuie, quoi ! Et n’y peut rien changer.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La nostalgie
s’est emparée de lui. A l’image de ce mal des montagnes qui frappait les
mercenaires suisses des armées de Louis XIV lorsque parvenait à leurs oreilles
le timbre familier des clarines de leurs alpages bien-aimés. Ce mal qui ne dit
pas son nom, c’est la douleur sourde, lancinante, du retour. Une douleur qui
s’amorce déjà dans le désir de retrouver les lieux que l’on a quittés. Manque,
désir et regret dansent alors une sarabande troublante qui nous laisse
paralysés. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais le mal
du retour, c’est aussi de constater que les choses ont changé et que les lieux
ne sont plus ceux dont on avait le regret. Aucune réalité n’est plus à la
hauteur du rêve ou du souvenir qui nous habitait. On se sent trompé sur la
marchandise. Aussi la nostalgie a-t-elle toujours un coup d’avance. On ne peut
en guérir… à moins de repartir !<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et
d’ailleurs, ce bon vieux temps que l’on pleure, était-il aussi beau dans la
réalité que la trace qu’il a laissée dans notre mémoire ? On oublie
parfois les coups durs du passé, aussi vite que notre imaginaire est prompt à
l’embellir. Envoûtante, la mélancolie se joue du temps qui passe.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le mal du
passé convoque une sorte d’état second qui suspend nos certitudes, annule nos
projets. Les réalités s’évanouissent sous la forme de mirages impossibles,
intangibles. Nous sommes les éternels inassouvis d’un passé effacé et d’un
présent proche que nous avons bien du mal à faire exister. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le passé ne
passe pas, à vrai dire, pas plus que le futur ne daigne nous convoquer. A quand
la renaissance du désir qui nous permettrait de jeter enfin un regard sur le
réel tel qu’il est ? Et de vivre au présent. Sans rancune.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quitte à
s’exposer à un désenchantement, autant qu’il soit brutal et sans détour !
Ainsi, un délicieux civet de lapin aux champignons est-il autre chose qu’un
cadavre d’animal serti de moisissures ? Une belle voiture n’est-elle pas
qu’une vulgaire machinerie de ferraille roulante à émission de gaz
toxiques ?...<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>En déchirant
un à un les voiles de l’illusion, on finit par découvrir que le réel est
finalement peu de choses… et pourtant tout à la fois. Il nous reste à vivre le
plus heureux possible parmi les chimères que notre imagination ne cesse
d’inventer à notre intention. Et d’oublier dans un coin de notre tête cette
nostalgie aux accents décidément futiles.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Se colleter
au réel : singulière utopie ? <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCW4EsdqI2jTljbkcZibKuIBDDez6dXQRXLEeG0SbJjzvTw8ggYdLtzy-_1Uu6XiEQxImhntrP61auB-7-CcS1J0AEJ7LNecj32Yfk6sP2GWXO_b4JaLzMJsP-A8SS2jNRoga8dwVW948/s1600/P1020125+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCW4EsdqI2jTljbkcZibKuIBDDez6dXQRXLEeG0SbJjzvTw8ggYdLtzy-_1Uu6XiEQxImhntrP61auB-7-CcS1J0AEJ7LNecj32Yfk6sP2GWXO_b4JaLzMJsP-A8SS2jNRoga8dwVW948/s320/P1020125+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><strong><em>COMMUNICANT</em></strong></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il est passé
par ici, il repassera par là. Tel le petit lapin mécanique secoué par sa pile
dorsale, l’agité du bocal occupe la scène jusqu’à plus soif. Il déclame,
explique, argumente, prouve, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">bienfonde</i>,
conclut… avant de recommencer sa sempiternelle litanie. Circulez, il n’y a rien
à voir hors sa propre vision, rien à dire hors son propre discours. Il est
l’alpha et l’omega de toute circonstance. Il crée l’événement. Il <i style="mso-bidi-font-style: normal;">est</i> l’événement.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Communiquer
est sa seule et vraie nature. Se mettre en avant sa raison d’être. Allergique
aux bienfaits du silence, de la solitude, et à toute forme de pudeur, il
rebondit comme un culbuto dans son espace préféré : la sphère sociale et
familiale. Surexcité en permanence – n’y suspectons aucun ajout de substance
illicite – il prétend surplomber les situations, surinterpréter les données,
surexposer sa personne. Il <i style="mso-bidi-font-style: normal;">surjoue</i>
les solutions, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">gère</i> seul les suites à
donner. Délivré d’une voix nasillarde au débit prolifique, son message vient se
superposer à son visage. Jusqu’à la surimpression parfaite.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>En apprenti
sorcier expert de ses autocélébrations permanentes, il sait jouer de toutes les
tonalités de la gamme communicante. Oratoire, il <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mélodise</i> ses affirmations de vocalises étudiées : sautes de
voix, hoquets, sifflements, consonances appuyées, martelages persuasifs.
Didactique, il planifie les éléments, subdivise les alinéas, résume en mots
clés. Polémique, il balaie l’opposition d’un revers de manche. Héroïque, il
s’offre lui-même pour le bien de tous, prêt à payer de sa personne qu’il
projette en avant comme un étendard. Grande gueule et paquet de nerfs, il prend
date, adepte de la formule miracle : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">on
ne lâche rien</i> ! Le voilà prêt à courir à tout va, y compris après son
propre sacrifice, comme un poulet sans tête.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Rechargé
comme une batterie, Monsieur <i style="mso-bidi-font-style: normal;">je sais tout
/ je suis partout / je m’occupe</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">de
tout</i> – à personnage omnipotent, vocable abracadabrant – sature l’espace de
sa présence indispensable. Le voilà qui révèle, s’épanche, prend à témoin, ose
des détails intimes, étale des affects, se cite en modèle… tout en gardant un
œil sur son auditoire, attentif à l’anesthésie qui ne tardera pas à guetter
celui-ci, comme c’est prévisible. Il enfonce alors le clou par un appel vibrant
à l’action qui vérifie le discours, à l’entreprise qui remobilise, au fait
d’armes qui requinque. L’Histoire l’attend, tout est dit. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le silence
qui suit résonne encore de l’agitation qui nous abandonne, exténués, exsangues,
devant tant de maestria. Un temps bref nous est enfin accordé. Celui de
recharger les piles du fanfaron ludion. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Avant que l’infernal
lapin ne redémarre.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmHJvvipqC6cRAkIV1JwUr4y5zqHXkxjGNFsxSzYn6IniwG2eEnP7OYOpbPUO2mC4IR2gephijPU-Ikk0cBIAv4xNitvP9T8qH-MWnJGLSmiEF4nFOuqwX5hx_0LTGh1PsPtZw0_8EzC4/s1600/P1020294+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmHJvvipqC6cRAkIV1JwUr4y5zqHXkxjGNFsxSzYn6IniwG2eEnP7OYOpbPUO2mC4IR2gephijPU-Ikk0cBIAv4xNitvP9T8qH-MWnJGLSmiEF4nFOuqwX5hx_0LTGh1PsPtZw0_8EzC4/s320/P1020294+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><strong><em>EPIQUES</em></strong></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";">Plongées au cœur de l’hiver, les petites boules se
rapprochent en quête d’un surplus de chaleur. Au point de se piquer bientôt.
Contraintes alors de s’éloigner, de prendre leurs distances, les voilà soudain
saisies par le froid. Réchauffées, hérissées. Hérissées, prenant leurs
distances. Les porcs-épics vivent en accordéon. Dans une valse-hésitation qui
n’en finit pas. Comme l’oscillation hypnotique du pendule ou du balancier de la
vieille horloge.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Nous jugeons
comiques ces petits animaux, sans voir que nous les mimons bien souvent.
Besoins de sollicitude, d’affection, d’intérêt, nous rapprochent de nos alter
ego. Jusqu’à ce que goûts, opinions et petits énervements nous en éloignent à
nouveau. Entre désir et rejet, proximité et liberté, nous balançons en cadence.
Comiques porcs-épics.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comment se
réchauffer au contact des autres, lorsqu’on aurait plutôt tendance à être
hérissé ? Thermique affective et mathématique du cœur, équation toujours à
résoudre. Libre ou proche ? Libre <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et</i>
proche, ce pourrait être l’issue de l’alternative. L’alter-native et sa clé – à
géométrie variable : l’empathie mesurée, une distance pleine de
sollicitude ou une proximité… à juste distance.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’ami proche
ne fait plus signe ? Pour nous pourtant, cela fait signe :
éloignement provisoire ou fâcherie durable ? Qu’y voir ?
L’interrogation, puis l’inquiétude grandit, jusqu’à la remise en question,
parfois. De soi, de l’autre. Désordre imaginatif : que lui ai-je fait, qui
suis-je encore à ses yeux ? Voilà que l’oscillation est de retour. Et avec
elle la quête d’un nouvel équilibre. A toute dissonance il faut une bonne
résolution, comme en musique. La relation est à l’image d’un petit air qui
sinue d’une octave à l’autre. Et en appelle au sens de la mesure.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Animal
costaud, rustaud, solitaire et paisible, le porc-épic va son petit train,
toujours pressé de… ne rien hâter. Pas de conclusions définitives, semblent
dire ses yeux myopes. De tempérament accommodant ou d’humeur vengeresse, on
imagine l’animal capable de morsures comme de pointes spirituelles. Apte à
jouer la toupie, en somme. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voilà qui
tombe bien. Le piquant mammifère peut se targuer de figurer la gamme infiniment
riche de nos états affectifs. De l’inclination à la passion, en passant par la
sympathie, l’attachement, la tendresse ou le béguin, toute variation est
possible sur la palette de nos affects. Une palette qui ne nous laisse jamais
indifférents et appelle ses exacts contraires : éloignement, aversion,
désamour, rejet. Comme le suggère la petite pelote d’épingles prêtes à se
ficher sur le cuir de l’intrus, à lui <i style="mso-bidi-font-style: normal;">faire
la peau</i>, origine possible d’aventures – mésaventures – naissantes. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’épique
incite à l’héroïque, libère la parole et ouvre sur la légende. Autant qu’il
éclaire les vertus de l’ordinaire. Avec son caractère pittoresque, le porc-épic
trimballe sa silhouette de bestiole mémorable au gré de nos mouvantes
incertitudes du cœur. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Piquant à
l’extérieur autant que fondant à l’intérieur, ne figure-t-il pas un mélange
insolite de nos équilibres ? Jusqu’à la force d’évidence du dicton : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">qui s’y frotte s’y pique !...</i> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEie5CTQ2X4gvGbILh739Hyyl_a3sEsCV9bne2Mp8FqNknKpxDVx7bFwq9Yv7qu6BFsOCvpxYfuyqGe-kn1jKeFEmVhR6ng9vMkG8om5-woP6dP0OkYUvhr8HjXzfJo9WGlz56bAXXWk0XI/s1600/P1020253+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEie5CTQ2X4gvGbILh739Hyyl_a3sEsCV9bne2Mp8FqNknKpxDVx7bFwq9Yv7qu6BFsOCvpxYfuyqGe-kn1jKeFEmVhR6ng9vMkG8om5-woP6dP0OkYUvhr8HjXzfJo9WGlz56bAXXWk0XI/s320/P1020253+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: x-large;"><strong>LE CARNAVAL DES MIMES (6)</strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><strong><em>IMAGOS</em></strong></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><span style="font-family: "arial";">Dans un
ultime sursaut pour la vie, l’insecte emmailloté engage sa dernière mue. Tout
juste délivrée de l’ultime membrane qui l’enveloppe, sa forme parfaite,
définitive, se déploie avec la majesté tranquille des prodiges muets. Œuf,
chenille, chrysalide, papillon : la nature a su conduire à son terme un
cycle biologique complet, complexe. Chef d’œuvre longuement mené à bien, pour
une durée de vie de… quelques jours. Acte gratuit, pour la beauté du
geste ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pas moins de
quatre naissances viennent d’accompagner quatre stades de vie successifs et
différents. Quatre identités pour ces lépidoptères qui ont évolué
parallèlement, au fil des millénaires, en osmose avec les plantes-hôtes qui les
supportent et les nourrissent. Chaque famille porte un nom à rêver, à l’image
des héros des grands mythes humains : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">machaon
porte-queue</i>, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sphinx à tête de mort</i>,
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">argus bleu</i>, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">grand paon de nuit</i>… Légèreté de l’allégorie : les papillons
seraient des esprits voyageurs dont l’apparition annonce une visite ou la mort
d’un proche. Symbole métamorphique : la chrysalide est l’œuf qui contient
les potentialités de l’être, et l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">imago </i>qui
en sort figure la résurrection. Une manière</span><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"> </span></b><span style="font-family: "arial";">de sortie du tombeau, déjà. La vie nichée au creux
même de la mort pour une transfiguration multiforme.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Feu solaire
qui anime l’âme des guerriers, l’adorable lépidoptère bat de ses ailes
multicolores. Il n’en finit jamais d’enchanter les fantasmes, jusqu’à trôner
aux côtés de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Psyché</i>, l’âme
papilionacée. Il anime les visions enfantines idéales, celles qui planent sur
la magie des jours heureux. Celles que l’on avait rêvé de capturer au filet
secret de nos envies. L’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">imago</i> des
êtres chers dont nous gardons la survivance quelque part en nous. Trésor et
poids de l’enfance à la fois, que ce double dormant au fond de nous-mêmes,
subtil archiviste des émotions et des images d’une période achevée, qui nous a
portés et que nous portons au creux de nous, comme une promesse que nous ne pourrons
jamais tenir telle que nous l’avions formulée. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Infancia</span></i><span style="font-family: "arial";">, c’est un bagage qui ne se parle pas, avec ses deuils, ses drames, ses
angoisses. Il faudra bien pourtant qu’elle se fasse la belle pour que l’adulte
qui en sort puisse la déformer de sa nostalgie, l’embellir de ses regrets.
L’enfance n’a pas d’âge, elle s’écrit toujours à l’envers. « Je ne suis
plus chez moi ! », clame le nouveau-né de son cri primal déchirant.
Aucune réponse ne lui parviendra avant l’âge de raison. Et la période enfantine
ne laissera à l’adulte qu’un résidu opaque avec lequel il passera sa vie à
s’expliquer. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’enfant se
révèle nu, démuni, débordé par ce qui lui arrive, impréparé à faire face à
l’événement, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">passible</i> des choses qui
lui arrivent. Dépendant de ce qui le dépasse. Pris par des champs de conscience
qui l’excèdent. La chose dont l’enfance est l’écrin apparaît comme toujours
déjà perdue. A la forme d’endettement qui l’accable malgré lui, rien n’assure
que répondra un jour l’acquittement vis-à-vis des ascendants qui l’ont
accompagné. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>S’il existe
d’éphémères papillons adultes, il n’y a pas de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">grandes personnes</i> sans enfance à résoudre : nous sommes
toujours dans un rapport de narration avec ce qui précède et nous aliène. La
sortie de l’enfance – comme celle du cocon – requiert un visage, un corps à
explorer le monde. Et une voix qui vient du fond de soi-même comme une
étrangeté : celle qui fait de nous des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Narcisse</i>
incapables de reconnaître ici leur reflet. Phonation bizarre que celle qui nous
monte à la gorge et qui n’est pas la nôtre, mais celle d’un autre en nous.
Enigme de l’altérité qui nous porte : on est fait d’un autre que l’on
passe sa vie à portraiturer en adulte. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’enfance,
passage sans âge.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcf3YqTmdcHj7yWNgGWFkZ1R81quQwod9i4OCbEqLXDEP39xJg3lTFvx6M17DS8qDqiutYc-teh_XGXNgjQ5-79kMIIkdV3YShzX17jticaXdjCe_yhl24BpbtVVQq7-GQN9QHqway1ts/s1600/P1020313+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcf3YqTmdcHj7yWNgGWFkZ1R81quQwod9i4OCbEqLXDEP39xJg3lTFvx6M17DS8qDqiutYc-teh_XGXNgjQ5-79kMIIkdV3YShzX17jticaXdjCe_yhl24BpbtVVQq7-GQN9QHqway1ts/s320/P1020313+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><strong><em>ARABESQUES</em></strong></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Courbure
d’espace </span></i><br />
<em><span style="font-family: "arial";"> <span style="font-family: "arial";">deux corps
épousent un rite</span></span></em><br />
<em><span style="font-family: "arial";"> <span style="font-family: "arial";">esquisse de
courtoisie<o:p></o:p></span></span></em></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Nos ombres,
souples stylets, tracent des courbes épurées dans l’air ambiant. Ombres des
corps écrivant un récit au creux de l’espace où elles se lovent. Nos
silhouettes se doublent, parfois à leur insu, des signes qu’elles émettent.
Lorsque la parole ordinaire, banale, fait place au regard, au geste, au
sourire, au vêtement. A la subtilité du trait.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voilà que le
corps se met à entretenir avec le monde une sorte de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">babil</i>. Un ballet<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>de formes
animées produit un texte fin qui se profile devant nos yeux. La civilité du
salut s’écrit dans la pliure de deux corps qui se croisent. Tout éphémère –
et<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>omniprésente – qu’elle soit,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>la trace s’imprime dans le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">trait</i><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>du haïku. Son texte bref dit l’improviste arraché au temps et la zébrure
que dépose en nous l’émotion poétique. Montée, suspension, conclusion :
son tercet familier offre un rythme constant. Comme un fait isolé, anodin, qui
trouve d’un coup sa forme juste. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Biffure de
lumière</span></i><br />
<em><span style="font-family: "arial";"> <span style="font-family: "arial";">elle zèbre un
halo laiteux</span></span></em><br />
<em><span style="font-family: "arial";"> <span style="font-family: "arial";">la comète égarée<o:p></o:p></span></span></em></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "arial";"><o:p> </o:p></span></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Fragile et
présent, subtil et plein, délié et consistant, le haïku signe une évidence
discrète. Son tracé esquisse dans l’espace un pur fragment, une poussière
d’événement qu’il fait soudain exister. Exempté du poids d’un sens possible, il
nous délivre de l’exigence d’un commentaire superflu : demande-t-on au
subtil d’expliquer sa légèreté ? Il lui suffit d’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">être </i>pour n’avoir pas à être étrange. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>S’enroulant
sur lui-même, le sillage du signe tracé s’efface bientôt. Ni vague, ni coulée
de sens ne demeure. Mais un semblant de photo dont l’on mimerait la prise en
cadrant la scène de ses doigts mis en carré. Le geste esquissé, aussitôt
défait, nous délie d’une mémoire obligée. Ecriture fortuite, immatérielle.
Hasard émergeant.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dans le
grand brassage des particules, la ronde inlassable des corps poursuit sa quête
d’arabesques aléatoires. Doublures amicales, les silhouettes se fondent dans la
végétation, la mer, les villages, les saisons. Le haïku continue de citer leurs
rencontres ordinaires et toujours étonnantes. Jusqu’à toucher ce point brûlant
qui nous unit au monde.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><o:p> </o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les vagues ailées</i></span><br />
<em><span style="font-family: "arial";"> <span style="font-family: "arial";">tracent
leurs signes</span></span></em><br />
<em><span style="font-family: "arial";"> <span style="font-family: "arial";">crinières d'écume</span></span></em></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "arial";"></span></i> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "arial";"></span></i> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "arial";"></span></i> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: "arial";"></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><em> </em></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCorP10FLfkt043KNnerObN-HCGVEJe6c8bL8UYcy2hnDPRKohUDflEkRavds-StR4RNh_NWJ9LotWLtj9QNQMlgftgow9Hs4uBeZH_rOnbs9k2_Vd-isF6nEmAb-lXuIjYSHpcQXnNBI/s1600/P1020332+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><em><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCorP10FLfkt043KNnerObN-HCGVEJe6c8bL8UYcy2hnDPRKohUDflEkRavds-StR4RNh_NWJ9LotWLtj9QNQMlgftgow9Hs4uBeZH_rOnbs9k2_Vd-isF6nEmAb-lXuIjYSHpcQXnNBI/s320/P1020332+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></em></a></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em>TEMPS MORT</em></strong></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";">Mais
regardez-les donc ! Ils courent tous, connectés, ligotés par d’invisibles
fils qui les entravent. Ils mutent en cellules affolées, affairées, mimant le
sempiternel mouvement brownien. Diffusion, fusion, confusion : ils ne
voient même plus où ils vont… mais ils y vont. Bille en tête. De SMS en
courriel, de gazouille en recherche de moteur, la rumeur s’enfle jusqu’à endosser
les proportions d’une hallucinante méduse projetant à tout instant les
dernières tentacules en vogue de l’illusion numérique.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Images de
surveillance, historiques de recherche, listes de transactions : le
mollusque digital avale tout, sans discontinuer. Nos traces se multiplient, les
formes de contrôle se resserrent, abreuvant un monstre aux mille gueules jamais
rassasié. Notre passé nous dépasse.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Tout cela <i style="mso-bidi-font-style: normal;">en temps réel</i>, s’empresse-t-on d’ajouter
naïvement. Comme si le temps était une donnée <i style="mso-bidi-font-style: normal;">réelle</i>, et non abstraite, subjective ! Nous voilà
définitivement dépositaires du droit de posséder le temps. Mais l’avons-nous
vraiment en quantité suffisante et réfléchie pour penser la portée de ce que
nous écrivons ? Alors tant pis pour les contenus portant à
malentendus !<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et que
répondre à ces lecteurs qui se vantent de lire <i style="mso-bidi-font-style: normal;">en diagonale</i>, pour, croient-ils, gagner un temps précieux ?
Sinon que la lenteur permet de mieux comprendre et mémoriser. Sans même évoquer
le plaisir, le goût de se voir faire les choses !<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’outil roi
remplace peu à peu les idées qu’il était – en théorie – censé seulement
véhiculer. Fascinants, les moyens ont remplacé les fins. Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">comment</i> est en passe de liquider le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">quoi </i>et le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pourquoi</i>. Les performances ont tué les projets. L’illusion s’est
substituée au sens. Au point que la question pourrait se poser telle
quelle : c’est quoi, au juste, une idée ?<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quel temps
nous reste-t-il pour musarder, à l’écoute de la vie qui pulse autour de nous
lorsque nous osons – encore – ouvrir nos sens au monde ? Et en penser le
foisonnant contenu.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et quelle
réflexion critique face aux événements du monde ? Sous les hystéries
collectives rampe l’aliénation des esprits. Comment garder vives nos
intelligences si l’on ne s’accorde plus le temps nécessaire à l’examen objectif
des choses, des faits ?<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Défauts et
qualités, causes et conséquences, croyances et raison, illusions et vérités se
mélangent, formant un brouet infâme où l’on ne reconnaît plus rien de valide.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Analyse,
doute, évaluation, discernement sont escamotés au profit de la confusion, du
sectarisme, de l’idéologie, de la crédulité. Temps long accordé à la
délibération contre jugement hâtif, à l’emporte-pièce. Tout ce qui excite la
pensée contre ce qui l’endort.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le temps <i style="mso-bidi-font-style: normal;">peau de chagrin</i> que nous nous accordons
encore suffira-t-il à exercer cette ironie socratique vieille comme le
monde : le Sage exprimait à ses interlocuteurs que ce qu’ils croyaient
savoir n’était en fait qu’ignorance. Mais il s’empressait d’y ajouter une <i style="mso-bidi-font-style: normal;">maïeutique</i> tout aussi avisée<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>: à chacun de pratiquer la réminiscence
pour faire émerger des vies antérieures les connaissances oubliées. On
n’apprend pas, on se ressouvient. Dans la durée nécessaire à la contemplation
des âmes.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ne
risquons-nous pas de devenir ces ignares d’un savoir au temps long ? L’âme
de chaque homme est enceinte et elle désire accoucher. Toute précipitation peut
lui être fatale. La naissance ne peut se faire que dans le spectacle du Beau.
Celle que nous montre l’exercice libre, gratuit de la philosophie. Et la durée
du questionnement propre à nos esprits en vadrouille. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="EN-GB" style="font-family: "arial"; mso-ansi-language: EN-GB;">Cogito ergo sum… sed tempus fugit ! </span></i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="EN-GB" style="font-family: "arial"; mso-ansi-language: EN-GB;"></span></i> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="EN-GB" style="font-family: "arial"; mso-ansi-language: EN-GB;"></span></i> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="EN-GB" style="font-family: "arial"; mso-ansi-language: EN-GB;"></span></i> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCC9uivNvFVHr3kvRjHrArX_eiP_z3HB3Beof915LDmpiMN2lyOA9N0SFDa6ssJ29Iv-NA7AVyRppYKD1b6Yiz6QvjuzVV_7Z59RUlzce0lJtdSYL53wLpM0aru6ApWhAHiksJm3zVzEQ/s1600/P1020357+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCC9uivNvFVHr3kvRjHrArX_eiP_z3HB3Beof915LDmpiMN2lyOA9N0SFDa6ssJ29Iv-NA7AVyRppYKD1b6Yiz6QvjuzVV_7Z59RUlzce0lJtdSYL53wLpM0aru6ApWhAHiksJm3zVzEQ/s320/P1020357+%255B1600x1200%255D.JPG" width="213" /></a></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: medium;"><strong><span style="font-size: large;"><span style="font-size: x-small;"><em><span style="font-size: small;"></span></em></span></span></strong></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: medium;"><strong><span style="font-size: large;"><span style="font-size: x-small;"><em><span style="font-size: small;"> <span style="font-size: large;">TRACES</span></span></em></span></span></strong></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"> Une myriade d’objets constelle le sol. Innombrables,
hétéroclites, plus ou moins utilitaires ou simplement décoratifs. Les choses de
la vie, les choses d’une vie. Bric à brac fourmillant arraché au passé, à
l’histoire privée, personnelle. Et soigneusement étalé, comme pour servir
d’archives en plein air. A l’image d’un chantier de fouilles archéologiques
livrant ses couches successives d’histoire, ses tranches de temps dépliées à
l’infini.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Objets à
dater, étiqueter, archiver. Objets-traces à questionner, sens à retrouver,
petits récits intimes à reformuler, à se raconter. Fines traces de mémoire.
Oui, toutes ces<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> choses</i> sont nôtres,
nous les reconnaissons. Ce sont bien elles qui ont accompagné notre univers
familier, notre vie domestique, nos discussions quotidiennes, au fil d’années
qui se sont évanouies dans l’épaisseur d’une durée qui ne nous appartient plus.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Que
gagnerions-nous encore à nous arrêter sur ce que nous n’avons jamais su
vraiment interroger ? A détacher ces objets de leur sens commun, banal,
pour capturer les linéaments d’une inquiétante étrangeté de l’ordinaire ?
Et si, en <i style="mso-bidi-font-style: normal;">regardant</i> le familier, nos
yeux ne <i style="mso-bidi-font-style: normal;">voyaient</i> plus rien ? Ou
si peu ? Et si cette vie immobile, muette, recelait de l’invisible, à
l’image du silence qui nous révèle parfois l’essentiel tapi à l’intérieur du
cours du temps ?<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Cette
matière inerte ne montre pourtant rien d’étonnant en soi. C’est à notre propre
regard d’y apposer une beauté simple, délicate dans ses formes, élégante
parfois, chaleureuse dans sa texture ou ses couleurs. Par leur seule ténacité à
n’être que là, sans autre prétention, voici des signes de lenteur, de calme, de
pérennité. L’existence des choses anodines a ce pouvoir de nous embarquer vers
des voyages immobiles. Leur évidence tranquille nous ouvre à une possibilité de
contemplation : comme dans un miroir, ces pauvres petites choses nous
disent à leur tour qui nous sommes, seulement et pleinement humains.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« Lorsque la fonction d’un objet se dissipe, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ça</i> se met curieusement à exister », nous confie le philosophe.
Ce qui perd son identité devient <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pure existence </i>:
voilà notre regard prêt à plonger dans l’énigme troublante de l’art. Enivrés
par ce jeu des métamorphoses, nous laissons notre vie s’échapper vers une
apothéose poétique de l’ordinaire. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Délocalisés,
retirés de leur contexte originel, les objets naviguent entre présence et
absence, éloquence et silence. Leur caractère énigmatique repose sur une
requalification continuelle dans leur traversée de l’Histoire. Abîmés,
cassés ? Jetés, balancés ? Récupérés, recyclés ? Une autre vie
les attend peut-être, nous soufflant l’analogie possible entre ces restes de
matière et les ombres humaines prêtes à leur redonner vie. Nombre d’objets
recyclables ne servent-ils pas à la réinsertion d’humains en marge ?
Alors, que faire ? Nous contenter d’habiter le monde, simplement,
sobrement, ou penser sa transfiguration possible grâce à l’anodin côtoyé et
rendu à la vie ? <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Nécessité
contre hasard… Accordons au destin ce qu’il a fait de nous. Et laissons à ces
traces la tranquillité de l’insignifiance.<span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLlLlJoM5PDke7xxfakFOnyvhwPY5aO3PAb7qlP9hfaHkNZaoPdM7e-EaJexb31TG7DQ7UaxFxYDzm4dn8EPesxTFyhdgKUPXXhD0uM_S0folBMPbeWaXqsO-UHH6MqN8UMEzi2AX18ZA/s1600/P1020210+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="179" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLlLlJoM5PDke7xxfakFOnyvhwPY5aO3PAb7qlP9hfaHkNZaoPdM7e-EaJexb31TG7DQ7UaxFxYDzm4dn8EPesxTFyhdgKUPXXhD0uM_S0folBMPbeWaXqsO-UHH6MqN8UMEzi2AX18ZA/s320/P1020210+%255B1600x1200%255D.JPG" width="320" /></a></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em>ACOMETISSAGE</em></strong></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"> Pop-corn géant ? Grosse patate de glace et de
neige sale ? Quel est cet objet traçant dont la chevelure lumineuse zèbre
les cieux estivaux, recueillant nos vœux les plus spontanés ? A peine
blasé des poussières de lune et du désert martien, l’homme jette son dévolu sur
ces masses oblongues de quelques kilomètres évoluant aux confins du système
solaire, satellites gazeux des étoiles. Au point de leur adresser un explorateur
robotisé aux ambitions décennales.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’orbiteur
au long cours aura parcouru sept milliards de km, réalisé cinq fois le tour du
soleil en dix années de traversée. Et largué un adorable petit robot qui a
rebondi comme sur un trampoline dans cet environnement sans gravité. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Philaé</i> a ainsi <i style="mso-bidi-font-style: normal;">acomèti</i> plusieurs fois, rebondissant avec la souplesse d’un chat
lunaire. Le voici prêt à percer les secrets de la comète. Autant que celle-ci
est bien décidée à l’éjecter lors de son prochain dégazage.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A la
recherche fiévreuse de ses origines, l’homme se laisse hanter par la
narcissique question lancée à l’espace : « Miroir, mon beau
miroir ! Dis-moi <i style="mso-bidi-font-style: normal;">qui</i> est le plus
beau ! » Ou plutôt : « Dis-moi <i style="mso-bidi-font-style: normal;">que je suis</i> le plus beau ! » Où en sera-t-on, dans cent
ans, en conquête spatiale ? La prévision est difficile, surtout quand elle
concerne l’avenir, nous confie volontiers l’humoriste. Prestige stratosphérique
et orgueil phénoménal ont poussé à la course spatiale entre les nations. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Qui sera le premier ?</i><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>antique interrogation où pointent d’aussi
antiques jalousies. Ou encore : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Qui
mordra la poussière astrale le</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">premier ?</i>
La course à l’espace en métaphore du choc des blocs. Mais quoi, après ces
enjeux géostratégiques déjà datés ?...<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Avides de
percer le mystère d’autres vies dans l’espace, nous aurons au moins amélioré
notre vie sur terre. Recherche de micro-organismes, de nouveaux métaux, vision
décentrée du système solaire où nous évoluons… expériences innovantes. Et
tentative de percer nos origines lointaines.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les comètes
seraient ces capsules à l’abri du temps, renfermant les clés de la naissance de
notre système solaire. Nébuleuses de gaz et de poussières cosmiques :
voici les témoins, congelés dans leur nid froid, de notre soupe primitive <i style="mso-bidi-font-style: normal;">milliardaire</i> – en durée d’origine. Tâtant
d’une proximité épisodique et relative avec l’astre du jour où elles plongent
parfois mystérieusement, une partie de leur matière se <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sublime</i> : elle se transforme en gaz. Entraînée par le flux
gazeux sous pression, la comète forme autour de son noyau une chevelure à la
longue queue lumineuse, la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">coma</i>.
Plusieurs millions de km d’une lueur vive, traçante, éphémère, s’envolent aux
vents solaires. Haïku visuel intergalactique. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Plongeant
nos regards sceptiques au fin fond du cosmos, nous dérobons au temps long des
images d’objets célestes vieux de centaines de millions d’années. Tels qu’ils <i style="mso-bidi-font-style: normal;">semblent</i> être aujourd’hui, ils <i style="mso-bidi-font-style: normal;">furent </i>dans un temps immémorial. Le
présent capte en direct un passé lointain qui n’a pas fini de lui survivre.
Vertige d’un actuel antérieur à lui-même. Insolite collusion des temps.
Raccourci d’éternité.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Acomètissage</i> de Philae : notre
champ lexical s’élargit soudain, réalimentant notre langue souvent endormie,
elle aussi, à l’image des comètes en perpétuel sursis. Le petit robot, lui,
espère vivre encore quelques mois avant de succomber à un coup de chaud
solaire. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Vie et mort
des objets célestes replongent nos têtes dans les étoiles pour des ivresses
sans fin. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7NE8Uuhm4kpyibQCYe8vDHb8ZtHcL7Z6ZkQsWpHqhLJHSWZcTrtgV0vP0aarbDHeYeO26bYLN5uSaJchu9rgrc3Up8Mmx5F1UieY0VRPzofsnbmubet1EfNMBgPfG6ZYaxaLAhpuVnoo/s1600/P1020337+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7NE8Uuhm4kpyibQCYe8vDHb8ZtHcL7Z6ZkQsWpHqhLJHSWZcTrtgV0vP0aarbDHeYeO26bYLN5uSaJchu9rgrc3Up8Mmx5F1UieY0VRPzofsnbmubet1EfNMBgPfG6ZYaxaLAhpuVnoo/s320/P1020337+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em>MIMETIQUE</em></strong></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Avec la
lenteur paresseuse et calculée du reptile, l’animal insinue ses tentacules
interminables sur les fonds sableux à peine frôlés. Comme en état de léthargie,
d’apesanteur. Les longs bras annelés semblent animés d’une quête versatile dont
les enjeux les dépassent. L’être est tout en muscles. N’est que muscle. Les
bandes brunes et blanches qui parent ses flancs modifient par instant leurs
couleurs, impulsant à l’imposant mollusque des intentions énigmatiques. Mais un
jet d’eau se propulse soudain, depuis un siphon secrètement lové au creux du
corps. Nul doute qu’il trahisse un mobile en cours. La pieuvre va sa feinte.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Etonnant
poulpe mimétique, capable de dupliquer l’apparence et les mouvements de quinze
espèces marines différentes. Les contorsions subtiles d’un organisme<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>irrémédiablement mou le feront passer du
statut de serpent de mer à ceux de crabe géant, de poisson-grenouille, de
coquillage, de raie ou d’anémone. Le voilà même singeant la couche sableuse qui
lui sert de décor. Pour mieux se fondre dans le milieu.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Inimaginablement flexible, la pieuvre mimétique pourrait, dit-on, loger
entièrement dans une canette de boisson gazeuse. Capacité d’adaptation
remarquable qu’il est tentant de mettre en parallèle avec les traits
d’intelligence animale repérés chez les céphalopodes. A ce jour, ce poulpe est
le seul invertébré à avoir démontré son aptitude à faire usage d’outils :
ne l’a-t-on pas surpris ouvrant un récipient en dévissant le bouchon de
celui-ci ? Si la pieuvre-mime possède cette double souplesse, ses dons
d’imitation sont alors en partie expliqués, la rendant spécialiste pour tromper
proies et prédateurs. Ne laissant que sa tête et ses yeux dépasser de son
repère, la voici en position d’observation. En attente de création d’un
prochain et subtil camouflage.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Sommes-nous
aussi convaincants dans les échanges avec nos semblables ? L’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">effet-miroir</i> qui nous voit tenter des
rapprochements stratégiques avec les personnes à convaincre ou à séduire, en
observant puis en reproduisant certaines de leurs attitudes, ne relève-t-il pas
des stratagèmes mimétiques inventés par le poulpe-mime ? Il s’agit bien
d’accompagner vers l’autre un mouvement subtil propre à s’approprier tout ou
partie de son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">aura</i>. A l’image du
céphalopode musclé qui se fond dans le sable du décor, à nous de nous couler
dans l’environnement, de mimer les codes sociaux, le niveau de langage, les
attitudes et jusqu’à la stature ambiante de notre public. L’humain éponge
sociale.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La face
cachée de la force a depuis peu un nom : neurones miroirs. Voici, logés
dans le cortex, la trace vivante de nos désirs mimétiques, de nos gestes
empathiques. Plus de reproche, désormais, à adresser à l’escroc ordinaire qui,
par ses tours et manèges, ne fait que mettre en évidence les mille petites <i style="mso-bidi-font-style: normal;">vérités</i> inavouables de la société. A
chacun d’interpréter son rôle par le travestissement qui lui convient :
perruques monarchiques, masques vénitiens, grimages divers. Au café du commerce
toujours proche peuvent s’échanger les derniers trucs ou savoir faire par
lesquels le petit peuple prend sa revanche sur l’élite présumée initiée. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le
travestissement n’aura aucun mal à passer pour une protection judicieuse,
justifiée. Une bonne volonté évidente de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sauver
la face</i>, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">les apparences</i>, voire
les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">faux semblants</i>.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au royaume
des masques, l’homme poulpe est roi.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlDYfrT_Wf8M1xk9Z-VbcYoUUc57rkvJEj2o6kPZy01_xQdVqPW28tpHxQ6E70pqPYBRpZt0dhbdihle-P56oeXzJJ7PKNsq3h1vtv7STJk6lyMKrw9eF1LZLn9brHS-KXFm7JWCupB2c/s1600/P1020259+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="179" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlDYfrT_Wf8M1xk9Z-VbcYoUUc57rkvJEj2o6kPZy01_xQdVqPW28tpHxQ6E70pqPYBRpZt0dhbdihle-P56oeXzJJ7PKNsq3h1vtv7STJk6lyMKrw9eF1LZLn9brHS-KXFm7JWCupB2c/s320/P1020259+%255B1600x1200%255D.JPG" width="320" /></a></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em>PUDEUR</em></strong></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><span style="font-family: "arial";">Imaginons… Une femme entièrement voilée passe devant
une statuette illustrant un épisode du célèbre kama-sutra. Masque de camouflage
contre dévoilement érotique. Chair vivante enfouie et punie contre pierre
froide célébrant les plaisirs de la chair. Paradoxe de la situation, poussé à
l’extrême : la femme réagit en voilant instinctivement son regard, la
seule partie de corps lui accordant encore une identité visible. Si la vérité
n’est pas de tout mettre à nu, peut-elle consister dans son exact
inverse : tout dissimuler ?<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><span style="font-family: "arial";">Comment les intégrismes religieux – experts dans
l’art du masque – ont-ils su transformer un traité d’érotisme en objet de
scandale ? Port audacieux, gestes lascifs et pauses suggestives, il est
vrai que les beautés célestes du kama-sutra dévoilent poitrine généreuse,
hanches rebondies, airs lascifs. Mais ce ne sont pourtant que pierres sculptées
ou dessins ornementés. Comment la langueur de la pierre ne laisserait-elle pas
de marbre les ascètes les plus avertis, les religieux les plus dévots ?
C’est faire peu de cas des forces spirituelles dont ils se prétendent investis.</span><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p></o:p></span></b></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Une drôle de
culture de l’ascèse a fini par réveiller certaines sociétés puritaines
tiraillées entre tendances émancipatrices et visées mortifères. Jusqu’à créer
la figure du yogi continent. Et si ces deux pôles se retrouvaient dans une
ascèse érotique ? « Pour vaincre le désir, il faut d’abord y avoir
succombé », susurre le yogi, incorrigible adepte <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>d’une logique de réconciliation entre le corps
et l’âme.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le
kama-sutra ainsi diabolisé entre en résonance contemporaine avec les
communautarismes religieux vécus comme des extrêmes. Bienheureux martyrs bardés
de ceintures d’explosifs prêts à se sacrifier au nom d’un Père fouettard
désespérément muet. Mais de quoi punir ce corps, sinon de le laisser dériver,
dans un imaginaire projeté, vers de lascives tentations terrestres. La chair
n’existerait donc que punie ou pécheresse ? Dans quel ordre alors ?
Et que dire de cette peur panique tombant sur ces fanatiques pudibonds – ou
timides ? – se disant terrorisés à l’idée d’affronter des femmes
armées ? Quelle peur d’eux-mêmes se cache-t-elle derrière leur discours
aux oripeaux divinatoires ? Et s’ils avaient – secrètement – décidé de se
prendre pour Dieu soi-même ? Suprême affront confinant à l’absurde. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La pudeur
est la conscience que ce que l’on perçoit n’est que vérité partielle. Contrant
l’illusion d’un pouvoir absolu, on accepte cette opacité, sachant que certaines
vérités sont plus mensongères que le mensonge lui-même. Dans le jeu éternel du
cacher / révéler, comment concilier pudeur et dévoilement ?<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>On voudrait croire ce que l’on voit. Mais
l’image recouvre davantage qu’elle ne montre : l’effet d’hypnose où elle
nous plonge dissimule plus qu’il ne révèle. La pudeur nous pousse à placer nos
mains devant nos yeux, un geste qui signifie un regard entravé sur le monde.
Geste provisoire malgré tout, à soumettre à débat, à discussion.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voiler le
visage, c’est décider de le placer hors de vue. Et de réduire, par défaut, ses
traits familiers à des signes érotiques. L’esprit ramené au corps. Le visage
voilé / soumis / décapité n’a plus sa place dans l’espace public. La
personne qui en porte l’ombre informe n’existe plus en tant que sujet parlant
et pensant. Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">voile</i> –
quasi-anagramme de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">viol </i>– renvoie la
pudeur lucide et mesurée sur le terrain de l’obscurantisme. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Imaginons
cette femme voilée esquisser ce geste fou <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et</i>
sage : déposer son voile aux pieds de la statue de pierre. Double
dévoilement salutaire.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"></span> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinbrB808Nsaj1o5hMd-UXMQgGdg1_1fvcjOL82sX8UYT9sUciTO1y_T5BRE6O26xIOz1so2uslmsbJnSl5es6MYsPIPPjO8ascoDjt5s85QjfqtjlkJrH3ufKhwh_al5QwLdcILFHc0Gk/s1600/P1020135+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinbrB808Nsaj1o5hMd-UXMQgGdg1_1fvcjOL82sX8UYT9sUciTO1y_T5BRE6O26xIOz1so2uslmsbJnSl5es6MYsPIPPjO8ascoDjt5s85QjfqtjlkJrH3ufKhwh_al5QwLdcILFHc0Gk/s320/P1020135+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em> </em></strong></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em> ARTEFACT</em></strong></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"> Le geste est
furtif, autant que fréquent : la main plonge dans la poche, saisit l’objet
vibreur et l’œil lui jette un regard rapide, familier, quasi-rituel. Avant de
le replacer en poche, ou au plus près de soi, l’œil encore inquiet, prêt à
recommencer. Comme un minuscule androïde favori qui passerait sa vie au creux
de la paume ou collé au corps, et auquel on aurait accès en permanence.
Relation toute télépathique, médiatisée à la chose qui ne vous quitte plus d’un
pouce : dans la poche du pantalon, à côté du volant, sur la table de nuit,
et même sous l’oreiller. Un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">artefact</i>
en guise de seconde nature.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’objet
magique prolonge la main, fixe les rites, joue les deuxièmes peaux, s’insinue
au plus près des corps. Tout comme la montre ou les lunettes, il en fait partie
intégrante. Jusqu’à coloniser les identités dans une frénésie mobile aisément
repérable : on tape des SMS en regardant la télé, on organise des séances
improvisées de bavardage en réseau, on semble s’absenter et planer dans un
univers parallèle. Les espaces urbains se peuplent de zombies absents. L’objet
technologique miniature a investi la gestualité quotidienne.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Manipulé,
consulté, choyé, l’appareil prodige engage son possesseur dans une nouvelle
dimension de mobilité numérique. L’espace-temps se trouve bouleversé,
redéfini : peu importent désormais le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">où</i>
et le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">quand</i>, c’est le réseau
relationnel niché dans un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ailleurs </i>qui
compte. Et impose son rythme aux existences. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Greffé sur
le corps devenu communicant obligé et permanent, le mobile se mue en
technologie du soi. Et permet la fusion, réitérée à chaque instant, de l’être
pensant avec la machine. L’espace physiologique s’ouvre à la communication
totale, absorbant jusqu’à notre imaginaire, jusqu’aux nuances de nos
sentiments : état de confusion assuré en cas de perte de l’objet,
réconfort des retrouvailles, colère devant une batterie déchargée, sidération
face à une perte éventuelle de données… La téléphonie mobile nous tient. Nous
voilà dépendants.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La vie
privée envahit brutalement l’espace public, s’y étale bruyamment. Pour un oui
ou pour un non. Les frontières s’estompent entre l’intérieur et l’extérieur,
l’anodin et le grotesque, l’intime et l’obscène. L’arbitraire dicte sa loi. Les
vies s’improvisent à la diable, au dernier moment, formant une nébuleuse de
présent éternel : il arrive que le mobile se mue en miroir déclinant un
emploi du temps sans épaisseur, ni repère de projet pensé au futur. Nous vivons
alors l’improvisation permanente, ballottés entre les humeurs et hasards du
moment. L’artefact achève de parasiter les corps. L’objet a phagocyté le sujet.
<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Désormais <i style="mso-bidi-font-style: normal;">télé-présents</i>, nous voilà intronisés
êtres-machines connectés. Technophiles conquis. Minuscules monades parmi des milliers
d’autres clones appareillés à l’identique. Portée à son comble, la mimétique
hante un peuple de fidèles acquis à sa cause.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et nous
joue son carnaval sans fin.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"></span> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYdv-3v47HcC7928AnOTOzQPnqU19Sdq0RpSbFXels2f9Eth8OFo2sQF46KeHTiHNWbnBkyMGTOr4WXiGPxsxs8lF2CRuHZUd91-pKP8z6hLTLEzRISu7elu3kkA27SoeQetLUsgJYEvQ/s1600/P1020362+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYdv-3v47HcC7928AnOTOzQPnqU19Sdq0RpSbFXels2f9Eth8OFo2sQF46KeHTiHNWbnBkyMGTOr4WXiGPxsxs8lF2CRuHZUd91-pKP8z6hLTLEzRISu7elu3kkA27SoeQetLUsgJYEvQ/s320/P1020362+%255B1600x1200%255D.JPG" width="213" /></a></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em> </em></strong></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em> INSTANTANE</em></strong></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span><span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"> Une ombre en mouvement se fige à fleur d’eau.
Silhouette captée au cœur de la foulée d’un passant anonyme, ordinaire, dans la
ville anodine. Entre un avant déjà oublié et un après dont on ne saura jamais
rien. Le chasseur d’image suspend son souffle pour capter la réalité fuyante.
Il se donne le pouvoir d’arrêter le temps pour un bref mais intense moment de
vérité pure.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’ensemble
de la scène respire un paysage urbain plutôt triste et gris. Ciel délavé, sol
largement inondé par une forte averse. Chaussée encombrée de détritus :
amas de pierres, tuyaux, brouette, une échelle de couvreur en bois. L’endroit
est en travaux sans doute. Et puis, au fond, une grille qui barre l’horizon,
séparant une gare invisible de la rue. Ce symbole carcéral ne fait qu’ajouter à
la morosité ambiante, au climat maussade de la scène. Tout ça est triste comme
une geôle par temps gris. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pourtant,
l’artiste voyeur a pris soin de flairer ses horizontales. Une énorme flaque
d’eau occupe toute la moitié inférieure de notre champ visuel, transformant du
coup une action quelconque en tableau évanescent, poétique. L’image se dédouble
parfaitement, offrant un jumeau inversé idéal à l’ombre en fuite. Un peu comme
si l’homme arpentait le ciel. Donc volait. Ou courait tête en bas sur un miroir
de glace, entouré d’objets aux formes redoublées. Mise en abyme que ce monde
dupliqué à la perfection, univers parallèle qui prend des allures enchantées,
synonyme de liberté, de rêve, d’évasion.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le coureur
inconnu s’envole avec son double vers le hors champ de la photo. Qui est cet
homme qui court, et où va-t-il ? Un quidam, un passant pressé ?
Vole-t-il au-devant d’un train qu’il n’attrapera jamais ? Son corps à
contre-jour semble marcher sur l’eau, la pointe du talon posée à l’extrême de
la surface en miroir. S’est-il servi comme d’un appui de l’échelle posée –
noyée – au sol ? Emergeant des tiges de bois, quelques ondes concentriques
ont, semble-t-il, conservé l’impulsion d’un mouvement encore frais.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’homme
s’apprête à sortir de l’image de gauche à droite – sens classique de la lecture
– mais la fraction de seconde – <i style="mso-bidi-font-style: normal;">clic</i>
du cliché – l’y emprisonne à jamais. Instantané, cet instant a été. Par un jour
gris, un photographe a suspendu le saut de cet homme. Pour l’éternité. Il a
arrêté le cours du temps. Sa photographie nous donne à voir l’invisible de la
durée. Médusés, nous ne faisons que regarder indéfiniment ce que l’artiste,
lui, a vu. Entre fixité et mouvance, eau et ciel.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Entre monde
physique et monde des songes.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"></span> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmFQgQfJGJiuEMXuftiTzShEXbLutLUlwYvKxRBC3HL8M_XAVhW9-zf14lPbrFyeTo1ZPxtcCcVIHxJFe5t6uDgMZsWmQOxDs0OZ1sVw6aRCWInvyo1e9Na5eKcz-MGb3xKI_LWpTh2Tc/s1600/P1020295+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmFQgQfJGJiuEMXuftiTzShEXbLutLUlwYvKxRBC3HL8M_XAVhW9-zf14lPbrFyeTo1ZPxtcCcVIHxJFe5t6uDgMZsWmQOxDs0OZ1sVw6aRCWInvyo1e9Na5eKcz-MGb3xKI_LWpTh2Tc/s320/P1020295+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em> </em></strong></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em> FAN</em></strong></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"> Des milliers d’yeux implorants, fiévreux, embrouillés
d’une mystique rare, convergent sur un même point, là-bas au fond. La scène
baigne dans une lumière crue qui appelle bruit et fureur. L’espoir – exprimé en
désir fou – de voir apparaître l’objet de tous leurs cultes, soulève chez les
adorateurs une frénésie qui confine à l’avènement d’un miracle. Chacun vibre à
l’unisson de tous. Et tous se remettent entre les mains d’un seul. La foule
célèbre avec ferveur les prémices d’une apparition, d’une irruption. D’une
épiphanie. Et lorsque l’idole survient, tel un divin cabri bondissant parmi les
nuées, la clameur qui le happe est à la mesure des mille adorations qui
l’invoquaient déjà. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La vedette
salue, remercie, exécute les cabrioles d’usage, prépare l’état de transe où ne
manquera pas de la plonger bientôt son cher public adoré. Celui-ci, peuple
grouillant d’idolâtres exaltés, redouble son ardeur, pousse le registre gestuel
à son comble, concocte les conditions de l’émeute. La mimétique visuelle et
sonore parvient à son faîte, comme amorçant les premières vocalises de
l’artiste sur les accords concertés de l’orchestre. La mécanique du
spectaculaire s’enclenche, sans éteindre pour autant la cacophonie ambiante. La
foule accouche en direct d’une communion de fidèles hallucinés. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le rituel de
vénération suit son cours, s’installe dans une durée qui confirme le pouvoir
occulte de l’image vivante, sa représentation symbolique : l’idole se mue
en modèle absolu dans l’imaginaire conquis de chaque adorateur, subjugué
jusqu’à l’hypnose. D’abord sympathique, touchant, le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">fan</i> se meut bientôt en fanatique inquiétant.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Habité par
cette conviction qu’il est aimé par la star mais que celle-ci ne le sait pas
encore, le voici qui pleure à chaudes larmes, s’agite en tous sens, se porte
lui-même au bord de l’évanouissement. Tout est bon pour attirer l’attention
dans une crise d’absolue sincérité. Jouée dans un présent total, l’hystérie
organise une simulation portée au paroxysme de sa perfection.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Vient le
temps où la transe collective s’achève, interrompant brusquement le phénomène à
la manière d’un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">coïtus interruptus</i>.
La retombée du spectacle s’annonce aussi problématique, projetant des désirs
insensés sur l’écran, chauffé à blanc, d’une mémoire qui rejoue indéfiniment le
fantasme toujours vif : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">vous étiez
fan, vous allez devenir star… </i>L’attachement démesuré, divinatoire, à
l’objet du culte fait suspendre la vie ordinaire à une présence fantomatique.
Il s’agit maintenant de permettre que revive en boucle cette passion érotomane
qui nourrit chaque instant de la conviction délirante d’être aimé par un modèle
prestigieux. Innommable délire apte à vous faire prendre des vessies pour des
lanternes. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>L’irrépressible besoin de s’identifier coûte que coûte attise la quête
de l’orgasme permanent, avive les créations les plus originales. Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">fan </i>transforme fébrilement son gîte en
temple dédié : coupures de presse, disques, tickets de spectacle, posters
sur les murs, vidéos… le mythe revit dans un présent éternel, comblant les
failles et les manques par une omniprésence qui rassure. Comme la plante
instable appelle le tuteur pour demeurer droite. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’amour
passionnel porté à l’idole peut tutoyer des sommets où l’identité même semble
faire naufrage. Comble de l’effet mimétique : on cherche à muer
physiquement dans la peau du personnage adoré. Le sosie qui émerge de ce
travail appliqué se met alors à jouer la partition gestuelle de celui-ci, le
lance dans l’espace social – réseaux aidant – en guise d’ultime et pathétique
essai narcissique. On imagine la star ainsi dupliquée être rejouée par
l’original lui-même, à l’affût des bénéfices d’image à retirer de cette
opération séduction bienvenue. Vertiges de la mise en abyme.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bien malin
qui peut alors reconnaître le vrai de sa doublure. Qui singe qui ? L’amour
fusion a tout gommé au profit d’une mise en abyme où le maître et l’élève sont
parvenus à brouiller leur image dans un chaos trompeur aux identités dissolues.
<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Face à ces
doubles en sarabande, il ne demeure qu’un désert où plane le doute.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"></span> </span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJcCGq5f760NfQ24KcKVDVx8KAn4w9GDtOu8GViLBYkoYXF6b9xnsgGCkeWKTXlgtuoZxlBh2a5SK_e6uaWjaqn7PhijQWp-iJ5eOEbqfnnO1ExhjTUEQ_26ADtFNwOeNHHQkBrC5zljs/s1600/P1020276+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJcCGq5f760NfQ24KcKVDVx8KAn4w9GDtOu8GViLBYkoYXF6b9xnsgGCkeWKTXlgtuoZxlBh2a5SK_e6uaWjaqn7PhijQWp-iJ5eOEbqfnnO1ExhjTUEQ_26ADtFNwOeNHHQkBrC5zljs/s320/P1020276+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></span></div>
<br /></div>
<span style="font-family: "arial";"><br />
<br />
</span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em> </em></strong></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em> PASSEURS D'ESPRIT</em></strong>
</span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;">Le parc est calme et désert. Les allées régulières
découvrent quelques bancs déployant leur dos déjà usé pour le repos du badaud.
Seules plusieurs boîtes placées ici et là rompent ce bel équilibre, annonçant
on ne sait quelle initiative ou proposition. Petits coffrets en bois imitant la
couleur verte des buissons environnants, se fondant en eux, ne s’en distinguant
que par leur aspect verni. Boîtes à usage de<span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span><span style="font-size: small;">quelles secrètes instructions ?<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Parmi les
promeneurs plutôt rares, il en est qui se dirigent vers ces mystérieuses
cassettes, y introduisant ce qui fait penser à un opuscule, avant de s’éloigner
d’un pas nonchalant. Rien ne s’oppose à la curiosité qui vous fait ouvrir ce
drôle de boîtier pour y inspecter son contenu. Vous en retirez un livre à
l’aspect un peu usé, dont la couverture porte dans un coin la mention :
« </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Cercle des lecteurs invisibles »</span></i><span style="font-size: small;">.
Feuilletant ce livre providentiel, vous vous apercevez bien vite qu’il a déjà
été parcouru par plusieurs lecteurs. Pliures, biffures, annotations diverses,
taches de café, chacun y a peu ou prou laissé sa trace. Ce livre a vécu
plusieurs vies.<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">A peine
éclipsé de ce drôle de jardin public, le dernier locataire du livre vient
d’assigner un lieu d’échange possible au récit qui occupait sa pensée. D’un
geste discret, il l’a lancé comme une bouteille à la mer, un secret message à
déchiffrer. Comme un objet précieux qu’on livre au hasard de la rencontre.
Appel au partage de l’album d’images mentales que l’auteur du livre lui avait
permis de feuilleter et dont il se fait maintenant le passeur gourmand. <o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">La
désintégration lente de la fine pellicule de mémoire déposée par le récit ne
nous condamne pas à l’ensevelir pour autant. Le moyen existe de faire rebondir
sa trace encore vivante. Tant un livre existe d’abord à travers l’oeil du
lecteur qui s’y plonge, comme toute œuvre par le regard qui lui est accordé.<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Voici le
lieu d’une conjonction fertile des images qui ont déjà surgi et de celles à
naître chez les lecteurs à venir. Espace de rencontre du réel advenu et de
l’aléatoire à créer, une vaste bibliothèque de la pensée s’offre en lieu idéal,
dématérialisé. Une manière de nébuleuse du sensible. Du temps de latence qui
suit en nous le parcours d’un livre peuvent jaillir après coup d’autres sens,
d’autres intérêts. Le récit continue de vivre dans les esprits qu’il a déjà
visités. De même qu’il poursuivra son chemin entre les mains de ses futurs
lecteurs.<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Derrière
tous ces regards se profile celui, sidéré, du philosophe dont les yeux
s’absorbent dans les racines puissantes d’un arbre de jardin public, prenant
subitement conscience de ce que signifie </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">exister</span></i><span style="font-size: small;">.
Au-delà de la matérialité du monde perçu, possédé par les sens, </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">ça</span></i><span style="font-size: small;"> se met à exister. La pensée a rejoint
l’essence.<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Passant de
boîte en boîte, de main en main, le futile objet de papier revit mille vies
dans la </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">mimesis</span></i><span style="font-size: small;"> revisitée de son
attachant récit. Sa forme désirable hante l’espace des vastes jardins de nos
voyages intérieurs. Avatar inattendu, secrètement adopté, de nos rencontres
virtuelles, mû en forme spectrale des esprits réunis, il anime désormais – et
pour longtemps – le Cercle des lecteurs invisibles.</span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"></span></span> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"></span></span> </span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbafpuziy0cunEDPEROhKGxfLL5xl6XT7nI9BZIkJktdxMyYxTcNz_5O8bnv_L6EjCEYcip0Y5uamp8ZlDUi7YozU9wGu-H1iXiOJPM0y3bjEjgbj5lJrmrA6HISTsF2jlLII41WF3Lqk/s1600/P1020362+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbafpuziy0cunEDPEROhKGxfLL5xl6XT7nI9BZIkJktdxMyYxTcNz_5O8bnv_L6EjCEYcip0Y5uamp8ZlDUi7YozU9wGu-H1iXiOJPM0y3bjEjgbj5lJrmrA6HISTsF2jlLII41WF3Lqk/s320/P1020362+%255B1600x1200%255D.JPG" width="213" /></a></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"> </span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"> </span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"> </span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em>PALIMPSESTE</em></strong></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong> </span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong> </span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"> </span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"> <span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;">Le poète
troubadour s’avance sur la scène en chansonnier irrévérencieux, prêt à jeter
son texte au-devant d’un public qu’il pressent réceptif, acquis. S’il croit à
sa bonne étoile, c’est qu’il n’est pas seul : dans l’ombre de l’artiste se
glisse l’immense famille des chantres artisans et familiers de la langue, ses
compagnons multi- centenaires. Ceux qu’il entretient dans son cœur depuis </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">la belle lurette</span></i><span style="font-size: small;"> de ses propres lectures
et de ses balades de jeunesse aux Puces. L’homme érudit, lecteur boulimique,
sait d’expérience que l’on peut se laisser transporter par la magie d’un texte.
Le passeur est prêt à porter la parole de tous ses confrères en poésie. A
partager comme du bon pain les valeurs chaleureuses de la camaraderie et de l’émotion
partagée. <o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">En messager
averti, l’homme évoque le temps où les amoureux savaient s’évertuer à échanger
des tirades amoureuses qu’ils puisaient allègrement dans les trésors de la
langue. On osait alors faire bon usage des poètes et s’envoler vers cette
sublime liberté des gueux qu’ils célébraient avec ferveur. A la suite de
l’artisan assidu, le chansonnier a décliné ses gammes parmi les trésors déposés
au cœur de notre verbe écrit. Et en a retiré des pépites d’invention où
traînent dans un subtil mélange plaisanteries de potache, compliments à la
Belle et chansons de corps de garde. Comme un écho universel se diffracte en
mille éclats de voix.<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Associant
son et sens dans un même bouquet délicat, l’artisan bateleur se fait fort de
recourir à la citation puisée au patrimoine littéraire. Il n’a pas son pareil
pour élire la couleur sonore propre à développer son récit, à l’insérer au cœur
d’une petite musique qui saura le faire </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">chanter</span></i><span style="font-size: small;">
juste. Son texte pulse au gré du rythme obsédant, de la ritournelle malicieuse
propres aux chansons populaires. Irrévérencieux dans l’attitude comme dans la
parole, le sculpteur de mots lève avec légèreté tabous du corps et interdits sociaux,
élimant avec naturel la glaise de nos rituels et de nos compromis. <o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">La censure a
depuis longtemps déclaré son cas intraitable, tant elle se sait impuissante à
narguer l’universel. Que dire lorsque le bon peuple des rieurs moque sa propre
mort en se tapant les cuisses ? Que l’on célèbre entre amis la musique,
l’ivresse et les plaisirs de la vie ? Lorsque, chevauchant gaillardement
les passerelles de sens entre les siècles, un ménestrel hors d’âge se mue en
chantre des valeurs les plus simples, en passeur de la tradition, garante de
nos mémoires intimes ? La force du poème est d’offrir un espace pour dire
ici ce que l’on n’ose exprimer nulle part. Le poème, lieu unique ouvert à tous.<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Arborant
guitare et pipe, le menuisier des mots creuse la sémiologie puissante du bois
avec une spontanéité toute enfantine. La figure de l’arbre enracine en lui tous
les espaces qui fondent la nostalgie de nos origines : paysages de
campagnes et places de villages esquissent en quelques mots un inconscient collectif
qui ne demandait qu’à renaître.<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">La poésie
chante quelque part en nous un théâtre collectif où les mots font résonner nos
récits de vie, les célébrant d’un langage dont nous aimons partager les traces.
Exhausteur de mots et d’émotions, arpenteur des chemins de traverse, le poète
est son interprète choyé.<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bonhomme</span></i><span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;">, le chansonnier chante le
monde. Le monde de tout le monde</span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"></span> </span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"></span> </span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"></span> </span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"></span> </span></span><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"> </span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi43ASqmn1prRWSUzlGLlPdiGQUH5tk7KOuZJqPyBdYKWyF4yNspxPpBdre0VccymP_4ms-0fgqAQFgw3WSCiomRruIJ5S1Xii0CrNAF8AIiHhsgLS6zAmoktMwdWYn5nIhEmExc1CRHWI/s1600/P1020332+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi43ASqmn1prRWSUzlGLlPdiGQUH5tk7KOuZJqPyBdYKWyF4yNspxPpBdre0VccymP_4ms-0fgqAQFgw3WSCiomRruIJ5S1Xii0CrNAF8AIiHhsgLS6zAmoktMwdWYn5nIhEmExc1CRHWI/s320/P1020332+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></span></span></div>
<br />
<br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em> </em></strong></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em> DIVINS EGO</em></strong></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"> Dieu a le dos large. Et, sans attente aucune, une
multitude d’affidés prêts à célébrer les plus récentes et sanguinolentes
versions de Lui-même. L’élection soigneuse, têtue, de boucs émissaires sans
cesse remis au goût du jour Lui assure une promotion permanente dont il se
passerait bien. Mais les divins prétextes ne manqueront jamais. Tapis dans
l’ombre du dieu alibi, les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ego</i></span><span style="font-size: small;">
paranos aiguisent leurs crocs. Prêts à mordre la concurrence.<o:p></o:p></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Conflits et
règlement de comptes vieux comme le monde virent aux surenchères dignes d’une
salle des ventes. Les </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">infidèles</span></i><span style="font-size: small;"> – à
quoi, à qui, grands dieux ? – n’ont qu’à bien se tenir ! Qui châtiera
le mieux aimera le plus. Les saints sbires sont toujours prêts à jouer les
pères fouettards au nom de leur divinité préférée. Car Dieu est grand et hors
de Lui point de salut, le texte est connu mais on fait mine d’en renouveler la
musique pour conjurer le doute et entretenir une foi aux allures de roc
branlant. Mille petits barbus agités affichent une filiation incontestable avec
leur grand Inspirateur : </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Dieu est
Dieu ! Nom de Dieu !</span></i><span style="font-size: small;">...</span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;"> </span></i><span style="font-size: small;">Ils
secouent leurs têtes effarées, vides hélas comme des calebasses…<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Sous la
fraîcheur bienvenue des chapelles dort l’impatience millénaire des </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">ego </span></i><span style="font-size: small;">frustrés. Derrière les œuvres
concoctées pour son divin prestige, couvent l’arrogance des culs bénis et la
ferveur butée des soldats de la foi. Toujours prêtes à refaire surface, voilà
les antiques chamailleries de famille pour savoir qui est le plus digne de
porter l’héritage. Aucun slogan n’est trop fort pour désigner le </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">mécréant</span></i><span style="font-size: small;"> à la vindicte. Tout est prêt
pour les grandes manœuvres purificatrices. Gare aux naïfs en panne de sainteté
proclamée : le Ciel pourrait leur tomber sur la tête plus tôt qu’ils ne
pensent !<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Car aux yeux
de ces gens-là, toute indépendance d’esprit est immédiatement suspecte. Toute
liberté vaut déviance, et toute déviance entraîne méfiance.</span><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Suspicion et sourd désir de châtiment. Ces
bienheureux </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">pères la vertu</span></i><span style="font-size: small;"> ne savent
répondre à leur peur de l’absurde que par un zèle féroce. S’ils ne présentaient
pas toutes les apparences de la folie, on finirait par les prendre pour autant
de répliques de Dieu le père soi-même. Qu’ils ne nous en veuillent pas de
préférer l’original, quel qu’il soit. Ces clones barbus et braillards miment
l’imposture agressive des pilosités guerrières. Au grand dam du Prophète et de
Dieu, qui se désespèrent en comptant les points. Oui c’est dur d’être aimé par
des c… !!<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Pour ces
jusqu’au-boutistes du dégoût de soi, la victimisation est une seconde nature.
Il y jouent hardiment la farce des mauvais garçons pris en flagrant délit de
haine gratuite pour des corps – les leurs comme ceux des autres – qui ne sont
que costumes à leurs yeux. Enveloppes vides. Ils savent assassiner le monde en
eux.<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Ils ne
brûlent que de se rendre célèbres pour redorer une estime de soi qu’ils se sont
eux-mêmes acharnés à détruire. Ils pérorent comme des perroquets complaisants
au chevet de leurs misérables</span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;"> ego </span></i><span style="font-size: small;">mis
à mal. Adeptes d’un suicide collectif, si possible, – pourquoi mourir seul sans
en faire profiter les camarades ?! – les voilà lancés dans des diatribes
incompréhensibles, des harangues obscures auxquelles ils s’efforcent de faire
droit, tant bien que mal. <o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Plongés au
cœur de la malédiction mimétique, les voilà prêts à sacrifier père et mère au
nom de slogans brouillons, incompréhensibles, qu’ils beuglent sans en saisir la
portée. On ne pense pas, on suit. On ne nomme plus, on profère. On ne prie
plus, on éructe. On ne juge pas, on exécute. Au diable le </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">pourquoi</span></i><span style="font-size: small;"> des choses : une transe collective s’est emparée
d’eux et ne les lâchera plus. Les voilà emballés dans le cirque collectif des
illusions perdues. Un double, qu’ils veulent croire plus vertueux qu’eux-mêmes,
les a dévorés de l’intérieur, ne leur laissant que la peau et les os. Vidés de
toute substance intelligente au profit d’un </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">ego</span></i><span style="font-size: small;">
tortionnaire, les voilà contraints de mimer les terroristes bigots de service.
Dieu, quant à lui, sceptique comme pas deux, s’est mis depuis longtemps aux
abonnés absents.<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Le vieux
cirque ambulant des pathologies identitaires mène grand train. Et joue son
éternel retour. Au même et au pire.</span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"></span></span> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"></span></span> </span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgb5CwWe4yp3gChAIwCQe2M8JcflEh48Id0lj-MD0YyvmSVniVw74NGWxe8q4Q9MYfR5scgYy9JJ7lLeSDGnyXMRlpdPr79EZ2UVtRMxcxufIcQJPNgQ5Qae3oJv7nMqEtskXiN4uhwues/s1600/P1020307+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgb5CwWe4yp3gChAIwCQe2M8JcflEh48Id0lj-MD0YyvmSVniVw74NGWxe8q4Q9MYfR5scgYy9JJ7lLeSDGnyXMRlpdPr79EZ2UVtRMxcxufIcQJPNgQ5Qae3oJv7nMqEtskXiN4uhwues/s320/P1020307+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: large;"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: large;"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: large;"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial"; font-size: large;"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em>RETOUR DU PHILOSOPHE</em></strong></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><strong><em></em></strong></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"> </span></span></span></span><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;">Plusieurs décades et quelques années plus tard,
parvenu au bout d’un certain chemin, l’homme se retourne, habité par
l’impression curieuse de ne plus être le même. Il se sent plein et pourtant
vide, las et encore avide, sans illusion mais toujours résolu. Car il sait
maintenant qu’il est né deux fois. Une première, très ancienne, à la nature
biologique qu’il reconnaît comme sienne, qui fait son identité physique et sociale.
Une seconde, originelle et intemporelle, à sa conscience. Cette <i style="mso-bidi-font-style: normal;">re-</i></span><span style="font-size: small;">naissance lui permet de tourner
aujourd’hui son regard en direction d’un monde des idées qu’il a mis toute une
vie à apprivoiser. Une vie de l’esprit nourrie par les expériences qui ont
jalonné son parcours.<o:p></o:p></span></span>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">L’homme
formé connaît de l’intérieur les obstacles à la vie bonne. Préjugés de toutes
sorte, idées reçues, soumission à l’autorité, au pouvoir de la rumeur commune.
Risques de tromperie permanente par les apparences sensibles. Le
conditionnement des esprits pèse d’un poids permanent sur la légèreté d’origine
des âmes. Jusqu’au déni de réalité opposé par les habitants de la caverne,
anesthésiés dans un confort aux invisibles conséquences. Souvent l’humain
s’aveugle.<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Il y a bien
longtemps, nous assure le philosophe, nos âmes auraient contemplé le monde des
idées. Mais qu’est devenu ce monde </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">idéal</span></i><span style="font-size: small;">
célébré par les origines de la philosophie ? Un monde en comparaison
duquel notre univers réel peut nous apparaître souvent comme une mauvaise
doublure, une bien pâle copie. A ce paysage idéal qu’il vante en connaisseur,
le Sage oppose le sombre décor d’une caverne où des hommes enchaînés,
immobilisés, n’ont accès qu’à leurs ombres, aux silhouettes floues et aux échos
d’un monde qu’ils ne peuvent connaître : une manière de carnaval où
s’agitent des fantômes aveuglés. Pertinente allégorie de la connaissance.<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Si le monde
sensible est la prison de l’âme suggérée par le philosophe, ce dernier nous
appelle à notre propre dépassement dans un chemin de réflexion qui lui est
familier : il l’a arpenté lui-même au cours d’une longue et lente
initiation conduite à travers l’âge mûr. Il lui reste maintenant à redescendre
au fond de la caverne pour partager et témoigner. Lui le nanti, le privilégié,
s’est donné un devoir de responsabilité publique vis-à-vis de ses semblables.
Entre culture et jugement pointent l’esprit critique, la capacité au dialogue.
Et la noble exigence de partage au cœur de la cité.<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Comment
s’extraire du carnaval des mimes – ne serait-ce que pour en apprécier les
nuances – sinon en amorçant une trajectoire alternative, grâce à l’éclairage
d’un sens neuf ? S’élever hors du champ ordinaire pour trouver l’élan qui
élève au-dessus des contingences qui plombent, étouffent, endorment ? Aux
effets de réel et aux habitudes établies, le Sage oppose l’acquis vital de sa
formation intellectuelle : le geste premier de </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">penser le monde</span></i><span style="font-size: small;">. A lui d’en assurer la transmission patiente aux
habitants de la caverne.<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">Au pays des
âmes en peine, le philosophe est de retour.<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><o:p> </o:p></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><o:p></o:p></span></span> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><o:p> <span style="font-size: large;"><strong> </strong></span></o:p></span></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoFhbY0n5jd5RUwEiH62aCTJxKpBYhiL7ikWJ9cXLVVHnH4KT2ykKY4lvvSf2BTEo0DEzp-1Z0reug1NomQIKovZo78oEC-A04UvE8HPKdr9k1EKMjhkok64zVFxAdid9WZHr-Rp5ycD0/s1600/P1020209+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="179" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoFhbY0n5jd5RUwEiH62aCTJxKpBYhiL7ikWJ9cXLVVHnH4KT2ykKY4lvvSf2BTEo0DEzp-1Z0reug1NomQIKovZo78oEC-A04UvE8HPKdr9k1EKMjhkok64zVFxAdid9WZHr-Rp5ycD0/s320/P1020209+%255B1600x1200%255D.JPG" width="320" /></a></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><o:p><span style="font-size: large;"><strong></strong></span></o:p></span></span></span></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><o:p><span style="font-size: large;"><strong> </strong></span></o:p></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><br />
</span><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"> Haut les cœurs et bas les masques ! La
reconnaissance documentée de nos chers doubles prend fin sur un air lancinant,
une litanie familière. L’impression demeure que ces multiples peaux se sont un
instant évanouies, découvrant un original délivré de ses oripeaux. Une identité
nue, enfin apaisée de se redécouvrir elle-même. Comme une idée neuve à
explorer. Avant qu’elle soit <i style="mso-bidi-font-style: normal;">remodelée</i></span><span style="font-size: small;">
par d’autres</span><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">masques, inévitables, prêts
à la recouvrir.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: large;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br /><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"> Que
reste-t-il quand on fait comme si rien ne s’était passé, comme aux premiers
jours du monde ? Quelle impression l’emporte ? Quels interstices
entre le tragique du pire organisé par le théâtre des Anciens et l’emprise du
dérisoire chantée par les Modernes ? La vie répond qu’elle mérite
simplement d’être vécue. Qu’elle se veut à la fois insignifiante </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">et</span></i><span style="font-size: small;"> digne de notre intérêt, comme une
pièce de Tchékhov qui se jouerait sur un air de Schubert. <o:p></o:p></span></span>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"> On ne vit
toujours qu’une première fois, comme un brouillon perpétuel de sa propre
existence. A défaut de se raconter </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">des</span></i><span style="font-size: small;">
histoires, le défi nous appartient de faire de </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">notre</span></i><span style="font-size: small;"> histoire – ce cours d’âge unique – la</span><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-size: small;"> </span></span><span style="font-size: small;">plus belle œuvre possible. Tout en sachant et
acceptant qu’elle n’aura qu’un temps. Il nous reste cet entre-deux neutre, d’un
gris acceptable : celui exprimé par la sagesse modérée de Montaigne ou la
forme de consentement de Camus : le monde n’est là pour personne et il
nous reste à porter notre lucidité jusqu’au bout. Vivons </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">les pieds sur terre</span></i><span style="font-size: small;">, compagnons !<o:p></o:p></span></span>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><br />
</span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: large;"></span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"> Au sortir du
carnaval mimétique, nous gardons la trace de nos masques comme de multiples greffes
de visage successives. On a vu la peau de chaque </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">facies</span></i><span style="font-size: small;"> s’épanouir, réanimée par les regards qui se posaient sur lui,
dans un flot de rires, de cris et d’étreintes. Autant que de rejets, de
reproches, de critiques. L’illusion scénique a pu se muer en vérité passagère,
le temps de la pièce : chacun a joué à </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">être
pris pour</span></i><span style="font-size: small;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">un autre</span></i><span style="font-size: small;">, dans une
ronde où les costumes de théâtre valsaient devant nos imaginaires médusés et
joyeux. <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: large;">
</span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></span></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"> Suspendre,
la durée d’une réflexion, le jeu permanent des masques, la répétition parfois
ironique de leur manège, c’est se donner l’occasion de décrypter l’être
étonnant qui dépasse infiniment ce qu’il a vécu, ce qu’on voit de lui, ce que
le monde a fait de lui. Reconnaître enfin cette part invisible de nous-même qui
nous fonde et à laquelle nous ne renoncerions jamais sans doute tant elle nous
est chère. Celle qui nous permet, au-delà de toute tendance à épouser des
modèles, de penser le cosmos tel qu’il se présente et s’impose à nous :
d’une présence non négociable. Et si l’univers n’est pas là pour nous, un
corollaire se déduit naturellement : nous ne sommes pas là non plus pour
le satisfaire, mais pour inventer les formes les plus larges, les plus libres,
de notre </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">être au monde</span></i><span style="font-size: small;">.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: large;">
</span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"> Autour de
nous, quelque part dans la conscience universelle, se font écho les </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Voyageurs de l’esprit </span></i><span style="font-size: small;">: poètes,
romanciers, philosophes, artistes nous murmurent les échos troublants de nos
origines, celles qui renvoient à notre formation intellectuelle et sensible.
Par quel miracle renouvelé parviennent-ils à peupler nos idées, nos images,
d’une densité, d’une texture issues de la terre, de l’eau, de l’air ? Sans
doute nous confient-ils qu’il existe deux temporalités en nous, où chaque
instant est lourd de ce qui précède. L’une signe notre appartenance au rythme
terrestre, social. L’autre nous révèle à une intimité qui nous fonde car elle
nous parle de nous-mêmes. Et il arrive que souvent la première recouvre, plus
ou moins lourdement, la seconde. Au point de risquer l’étouffer.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: large;">
</span></span></span></span></span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"> A nous de
retrouver, dans le fatras des appartenances les plus diverses, le noyau qui
nous constitue : part d’enfance, d’apprentissage, de culture… tout ce qui
fait notre flux de conscience personnel. Et de ne pas être dupe des multiples
costumes que la vie ne peut manquer de nous faire endosser, tant bien que mal. <o:p></o:p></span></span></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: large;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"> A la manière
de l’enfant Sartre des </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">Mots</span></i><span style="font-size: small;">,
s’efforçant de ne pas ignorer sa </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: small;">double
imposture </span></i><span style="font-size: small;">: « Je feignais d’être un acteur feignant d’être un
héros. » Le même devenu adulte concluant, en réponse à la question
« Que reste-t-il ? » : « Tout un homme, fait de tous
les hommes, et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui. »</span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><o:p></o:p></span></span><br />
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><o:p> <strong><em> A SUIVRE...</em></strong></o:p></span></span></div>
</span></span></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: large;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span> </span> </span> </span> </span><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><o:p><span style="font-size: large;"><strong> </strong></span></o:p></span></span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial"; font-size: 12pt;"></span> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><o:p></o:p></span></span> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: small;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></span></span></span></div>
</div>
</div>
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-size: large;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong></span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><span lang="EN-GB" style="font-family: "arial"; mso-ansi-language: EN-GB;"><o:p></o:p></span> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
</div>
<span style="font-family: "arial";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "arial";"></span></i> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: "arial";"></span></i> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial";"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> </div>
</div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-76139776685877859732016-02-09T00:25:00.002-08:002016-02-09T00:41:47.590-08:00<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong>ART FARMER</strong></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/c8VZwiT0Lpk/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/c8VZwiT0Lpk?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong>YUSEF LATEEF</strong></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe width="320" height="266" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/d4Wqd-b0FRM/0.jpg" src="https://www.youtube.com/embed/d4Wqd-b0FRM?feature=player_embedded" frameborder="0" allowfullscreen></iframe></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong></strong> </div>
<br /></div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-56004177664424580452016-02-08T08:56:00.002-08:002016-02-08T09:52:22.932-08:00<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<br />
<br />
<h2 style="text-align: left;">
LE CARNAVAL DES MIMES (4)</h2>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<h2 style="text-align: left;">
<em> BIOTOPE</em></h2>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "times new roman";"> </span> </span>Une gravière désaffectée, vestige d’une
activité industrielle oubliée. Il ne demeure que la cuvette en pente douce
qu’emplit peu à peu l’eau claire et pure de la nappe phréatique. Mystère des
eaux souterraines colonisant par porosité, lente imprégnation, les
anfractuosités de la surface. Au gré des hasards, une jungle aquatique
s’apprête à surgir. Retour aux conditions des origines planétaires, à l’échelle
d’une mare humide. <o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bactéries en myriades, puces d’eau, mousses
envahissent bientôt les eaux dormantes, suivies des amphibiens, oiseaux,
insectes. Crapauds, couleuvres, libellules. Petits mammifères en quête de
proies. Végétaux de toute nature peuplent le fond, recouvrent la surface. La
niche écologique s’enrichit au fil des saisons. Les limons s’accumulent à
faible profondeur, tapissant le socle de l’habitat devenu fertile. Sur un
rythme régulier, la lumière perce les eaux, éclairant un tout nouveau théâtre
d’ombres. Les crues des rivières proches acheminent les poissons. Des labyrinthes
s’organisent entre les herbiers, forment refuges, gîtes, asiles. Prédateurs et
proies se côtoient. Le milieu s’équilibre entre ses hôtes. Le biotope vit.<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quel regard lui accordons-nous ? Qu’en
connaissons-nous vraiment ? Savons-nous que le polype d’eau douce ne
vieillit pas : ses cellules se renouvellent en permanence, échappent à la
dégénérescence, conservent la vie. Nous doutons-nous que les plantes s’échangent
des informations, à leur manière, secrète ? Fascinants végétaux capables
de prévenir l’attaque de prédateurs, de réagir à la musique ou d’émettre des
hormones aptes à attirer les insectes qui viendront les polliniser.
Comportements évoquant une manière de cerveau végétal.<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Que penser des systèmes d’alerte développés
par les animaux dont l’oreille interne perçoit les vibrations inaudibles émises
bien avant le déclenchement des séismes ? Ou des abeilles enregistrant les
changements fins des champs magnétiques ? Les faits sont là. En guise d’alarme,
les mammifères disparaissent subitement ou ne se nourrissent plus. Les poissons
sautent hors de leur bassin. Les reptiles tournent en rond, se tapent la tête
contre les murs. Des signaux s’impriment dans les corps par ondes infimes. A la
manière dont le papillon ou le caméléon sont des clichés du monde où ils
évoluent, le vivant conserve l’empreinte du passage, de la trace plus ou moins
visible. Tandis que les photons de lumière bombardent les surfaces sensibles à
leur portée, perturbent l’organisation des cristaux chimiques, des figures
naissent dans le chaos du monde. Chaque disparition de cellule ici s’accompagne
ailleurs de la réplication d’une empreinte, d’un redevenir des corps.
Simulacres et survivances. Fugacité et persistance.<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le petit peuple de la mare va sa vie, ne
délivrant ses secrets qu’avec la parcimonie du vivant aux aguets. Même les
poissons ne dorment que les yeux ouverts ! Et lorsqu’un épais voile blanc
se répand comme une brume sur le fond du lac miniature, on évoque les
semblances d’un poison trouble drainant les profondeurs. La nature, elle, n’y
voit que réaction entre éléments : celle du carbonate de calcium, froid,
entrant en contact avec l’eau plus chaude. <o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Subtile, étonnante alchimie du biotope.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGmz3CrhDApNqaybPzrfu5aPiKb_ngEr7cJ6ZXcAwCovPL9OfiBhD9kD_au7VQ6J9D7e3SwJ_g71YhkR4uavSVI25rsqkYI2L92T0T-jFtRfmqY-_35M2OCBiDHYERYymZp5rbkpmWlh8/s1600/P1020307+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGmz3CrhDApNqaybPzrfu5aPiKb_ngEr7cJ6ZXcAwCovPL9OfiBhD9kD_au7VQ6J9D7e3SwJ_g71YhkR4uavSVI25rsqkYI2L92T0T-jFtRfmqY-_35M2OCBiDHYERYymZp5rbkpmWlh8/s320/P1020307+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<em></em> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<em></em> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<em></em> </div>
<h2 class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<em>BREVES</em></h2>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">Une large tranchée blanche tapissée ici et là de
bandes de velours verdoyantes, comme une saignée profonde coupant la ville en
deux. La chenille compacte d’un tram avance sa carcasse de verre et de métal,
lente, silencieuse, sur le grand ruban blanc. Rivée à son rail, la rame
serpente au gré des courbes de l’avenue. Tranquille.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Une voiture s’engage en travers. Sans un
regard pour le tram qui s’avance en pleine visibilité, le conducteur avale
l’espace en terrain conquis, sûr de son droit. Choc inévitable. L’intérêt
particulier entrant en collision avec le domaine collectif : fait divers
vieux comme le monde. Inconscience des acteurs ? Insignifiance du fait ?
Illustration d’un fond d’inattention coupable, de déraison acquise. La nouvelle
– mais en est-ce vraiment une ? – fera un paragraphe illustré dans la
presse locale, et peut-être un reportage sur la chaîne de télévision du coin.
Parmi d’autres, multiples, exposées sans hiérarchie apparente. Fatras confus
engendré par un monde agité. Le fait divers catastrophiste nourrit nos
tendances complaisantes à l’émotion facile, notre pente naturelle à l’hébétude
consumériste. Haro sur l’univers exalté de nos chaînes TV en continu,
concoctant matière à information, à surinformation. A désinformation. La
stratégie est toujours la même : comment transformer un fait d’apparence
anodine en pièce montée dégoulinante de bonnes intentions. Une fois ouvert, le
robinet alimente sans fin un regard juteux, vendeur, sur le monde comme il
va : mal, souvent, selon ce regard-là. Voici les brèves qui s’allongent
comme queues de comète en plein jour.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les consciences fourbues n’en ont jamais fini
de s’imprégner des navets consternants alimentés par les petites mésaventures
du quotidien. Le fait divers, cette démangeaison du présent, avale goulûment
l’Histoire comme l’Art, assimilés à un gigantesque jeu vidéo où le fun et le
jeunisme s’épaulent pour expulser toute tentative de penser la vie.
L’autofiction tient désormais lieu d’épopée. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Soyez jeunes, urbains, festifs ! »
susurre-t-on jusqu’au fond des provinces reculées : il n’est plus ni art
ni culture qui ne cède à ces injonctions aussi simplistes que trompeuses.
Braqués sur la futilité du monde, les projecteurs de l’actualité accouchent
d’un déballage permanent d’où émerge l’écume du rien. Le zapping frénétique sur
l’« info » vire à l’opération d’enfumage pure et simple.
L’insignifiance crée l’ignorance, entretient le vide, déconnecte la pensée,
débouche sur la déconfiture d’une culture présumée populaire. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et comme si on en redemandait une dose,
l’actualité contemporaine invente des redites à de vieux faits divers pourtant déjà
passés à la postérité. Le naufrage pathétique d’un rafiot de luxe affrontant
des icebergs gros comme des montagnes – déjà joué grandeur nature au début du
siècle – prétend rebondir et suggérer de nouveaux ravages. On en remet en scène
la vision frénétique, hystérique, la célébrant d’un navet planétaire qui achève
de couler le cinéma grand public dans une soupe hollywoodienne où adore patauger
le bon peuple larmoyant. Insuffisante approche : il faut viser une vérité
plus forte encore, plus proche de notre réel contemporain. Plus apte à frapper
les esprits, du moins ce qu’il en reste. On met donc en service de tout
nouveaux géants des mers, hauts comme des immeubles, larges comme des avenues.
Que l’on dirige près des côtes, au mépris des règles de sécurité. Provocation
au bon sens… et aux lois élémentaires de la navigation. Les mêmes causes
produisant les mêmes effets, la catastrophe prévisible a lieu… et se redouble
d’une mise en scène à faire froid dans le dos. A quand une fiction célébrant les
frasques du Costa Concordia ?...<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’histoire hoquette, bafouille et révèle de
curieuses tendances à célébrer nos travers les plus stupides, les plus ancrés.
Le feuilleton va bon train. Au théâtre confus de nos illusions, nous adorons
rejouer nos brèves infernales. La bêtise nous guette. La répétition nous navre.
La redite nous sidère. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">Le
mauvais carnaval des masques bat son plein. Et nous laisse à court.</span> <span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJysfvn7j1CANKmQ1sBzSvuX-KWRNr8NnSNMf6Vubvc43faSmnfGM8o5S600571EnpGLcVI32nFMWDifPwZtBW04r43ObFIjPf3FAybV4loWt5YTyJgA9uHxAx-_eB8pBq-qnSVnFBvjs/s1600/P1020362+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJysfvn7j1CANKmQ1sBzSvuX-KWRNr8NnSNMf6Vubvc43faSmnfGM8o5S600571EnpGLcVI32nFMWDifPwZtBW04r43ObFIjPf3FAybV4loWt5YTyJgA9uHxAx-_eB8pBq-qnSVnFBvjs/s320/P1020362+%255B1600x1200%255D.JPG" width="213" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<h2 class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<em>MUTATIONS</em></h2>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"></span><o:p></o:p></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">Du chaos, de l’indistinct, de l’informe :
c’était avant l’espace et le temps. Et puis voici l’être, né à partir de la
forme. La <i style="mso-bidi-font-style: normal;">morphè</i> grecque. La forme
enclenche une naissance : nous ne serons plus jamais les mêmes.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Désormais se reproduit à l’infini le passage
métaphorique, métamorphique, du rien à la chose. Avant, il y avait nécessité de
circonscrire pour comprendre : le monde antique était limité par le fleuve
des enfers. Désormais, notre espace peut déborder et s’écouler hors des
frontières connues des ancêtres.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’infini précède le défini. L’information
signe la fin de l’informe. On est dans l’instant où ça prend forme : c’est
la morphose première. A partir de quoi on ne fera plus qu’imiter. Contrefaire,
parodier, développer : ce sera la métamorphose. Copie, duplication,
réplication. Conjonction bizarre de l’artifice et du réel. Carnaval des mimes.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les folklores nous livrent leurs créatures métamorphes :
loups-garous et vampires, femmes-renards à l’esprit magique, tous ont le
pouvoir de modifier leur apparence physique pour épouser celle d’autres
espèces. Coquecigrues sans queue ni tête. La littérature de science-fiction
renchérit avec ses change-formes, humanoïdes génétiquement modifiés, capables
d’entrer en transe en modifiant leur apparence physique. La science pure
prolonge l’ivresse en décryptant le génome : l’ADN se fait modulable.
L’identité se fond dans l’altérité.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Nous étions dans le suspens, le hors temps,
hors espace. La métamorphose donne le sentiment d’un saut qualitatif. Une
révélation de l’altérité sans l’identité. On module, on crée des
variations : jardin, fable, labyrinthe. Le labyrinthe, lieu du Minotaure,
signe l’hybridité d’une métamorphose arrêtée : mi-homme, mi-bête, voici le
Centaure. La Nature crée la nymphe, stade hybride entre larve et insecte
adulte. Etat où s’endormir, état à prolonger… Valse-hésitation du provisoire,
en attente du définitif. On se perd, on se retrouve, provisoirement :
scénario qui dit le trouble.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>On n’en sort qu’avec des ailes d’oiseau, sous
l’aspect d’Icare. Mais ce n’est que pour mieux fondre au soleil ! Ou à
l’écoute d’animaux parlants qui racontent des fictions : l’enfant se fait
homme, le fou devient sage. L’altération conduit au constat d’une altérité.
Mais mieux vaut ne pas trop philosopher : on finit toujours par être
dévoré par ses idées.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Parvenues à un point de sophistication ultime,
les formes tendent à se figer, éblouies par leur propre reflet. La nécessité
leur vient de faire le point, de jeter un regard sur leur propre parcours. Les
civilisations avancées sondent leurs excès, questionnent leurs doutes : la
perfection leur est une forme achevée dont elles ne pourront tenir indéfiniment
la note juste. A l’image de l’orchestre réussissant à s’accorder le temps d’un
concert. Et au-delà ?...<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Tournant nos regards vers l’infini du cosmos,
nous voici plongés au cœur des formes dont nous sommes issus. Etoiles et
comètes nous renvoient l’image du chaos initial qui nous a vus naître. Nous
apprécions l’immense traversée qui nous a transformés. La métamorphose nous
apparaît dans ce trajet rétrospectif.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Arrivée à son zénith, la forme finie tend à se
déliter. Sans doute pour mieux se frotter aux vertiges d’autres mutations qui
l’attendent. Remis en question par des modèles moins avancés, où règnent
parfois des obscurantismes que nous reconnaissons pour les avoir autrefois
traversés, nous voilà confrontés aux limites d’un idéal qu’il nous faudra sans
doute amender. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Même fascinés par l’illusion de notre propre
pouvoir, nous ne sommes pas des dieux !... </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEga7ZJMr_O81sWUe7qjL-X6LZdy3NNKAmFlRAlHnVia755ztqBkVASY8KVlWE_XGPUXaPBxIgGjW0lCocQLK_dSq7aJX-YCQ4-RVvV8KDU8LtyhpIHK0LpRwOSHPCIhmtsnHMd99n__lvY/s1600/P1020311+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEga7ZJMr_O81sWUe7qjL-X6LZdy3NNKAmFlRAlHnVia755ztqBkVASY8KVlWE_XGPUXaPBxIgGjW0lCocQLK_dSq7aJX-YCQ4-RVvV8KDU8LtyhpIHK0LpRwOSHPCIhmtsnHMd99n__lvY/s320/P1020311+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<h2 class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<em>NATURE VIVE</em></h2>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">Sur fond de cyprès, quelques fruits sur un
compotier. Nature morte que ces touches de couleurs vives offertes à l’organe
qui sent, à l’esprit qui saisit ? Non, il peut arriver que la simple
vision tourne à la voyance.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Entre senti et sentant, visible et voyant,
dehors et dedans, comment habiter le monde ? Il faut tout oublier pour
toucher du doigt la courbure des pommes charnues et l’odeur des cyprès
fraîchement endormis sur la toile. Et se laisser porter par ce que l’on ne
comprend pas. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Question de chair, idée neuve et antique. Nous
tentons d’accoler au monde visible la traversée d’un ego charnel. Belle
tentative pour une vision en miroir : le peintre se sent regardé par les
arbres qu’il vient de peindre. L’art s’incarne dans un mystère qui le dépasse.
L’artiste et le philosophe inventent ensemble leur troisième homme : le
poète se tient maintenant à la pointe du triangle parfait. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La sensation crée l’échange en boucle.
L’énigme court dans une circularité vertueuse. La figure de l’entrelacs
accouche de paroles croisées : le paysage s’incarne en moi et je suis sa conscience
(le peintre) ; il faut rendre au monde sa valeur d’énigme première (le
philosophe) ; la terre est bleue comme une orange (le poète).<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pommes et cyprès reposent sur la toile. La
perspective offerte par le peintre en bombe l’apparence. Nous percevons la
convexité d’une mue dissimulée au cœur de la matière. Voluminosité,
oscillations vibrionnantes. Les aplats se déforment comme ces mirages hantant
les déserts ou ces anamorphoses épatantes qui vous cueillent le regard et font
les délices de nos imaginaires en vadrouille. L’esprit s’émeut de visions
arrachées à un temps devenu soudain élastique. La toile bouge au gré du regard
qui insiste, pénètre, s’incruste. Avant d’arracher finalement la nature morte à
son statut de belle endormie.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les matières posées sur la toile réveillent
nos sensations tactiles. Elles ouvrent autant d’univers parallèles que nos
regards pénètrent sans en croire vraiment leurs yeux. L’ampleur de la palette
déploie ses nuances comme l’instrumentiste répète ses gammes. Avec infinie
patience, régularité métronomique, souci du détail qui éveille les sens.
L’échelle chromatique expose ses touches quasi-sonores, aux demi-tons
troublants. La nature morte s’anime, prend vie.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>C’est d’abord une touche de vent qui fait
onduler souplement les cyprès du fond, donnant à la scène son rythme
lent : un balancement quasi-musical qui nous berce bientôt, et que vient
compléter une douce sensation de chaleur méditerranéenne. Nous voici plongés
dans la touffeur d’une après-midi estivale.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le volume de chaque fruit prend forme à
présent. Les chairs allument leurs couleurs vives, éveillent des envies de
saisir, de mordre, de goûter. Fourmillements et démangeaisons tactiles nous
envahissent en nombre et en intensité. Nous sommes habités par la réminiscence
d’un éden antique. Celle de notre ancêtre cavernicole découvrant l’intense
plaisir de plonger ses mains dans la fraîche consistance des argiles molles. De
la main au regard. Du regard à la main. La toile se fait support de matériau
comme d’intentions.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dans un ultime raccord, l’œil a rejoint
l’esprit.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIdEVqgEGMd4h8DNZv5i1CL6mdR7DE69eisoMMI-wrbdFAkrIMwpbtymRN-t7QIvEv3dyUB2ZRVw19EgUQXThGoQjdvML0Ifca2nNEA_x4y1txGwxz9qiw5Dzmnzi_EF48ks2E-BQWRyg/s1600/P1020125+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIdEVqgEGMd4h8DNZv5i1CL6mdR7DE69eisoMMI-wrbdFAkrIMwpbtymRN-t7QIvEv3dyUB2ZRVw19EgUQXThGoQjdvML0Ifca2nNEA_x4y1txGwxz9qiw5Dzmnzi_EF48ks2E-BQWRyg/s320/P1020125+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><em><strong>FORCATS</strong></em></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><o:p></o:p></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><o:p></o:p></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Qui sommes-nous vraiment ? Que
valons-nous ? semblent crier en chœur ces coureurs de l’extrême lancés
dans des courses de fond sans fin. Fuyant la société qui casse de l’humain, en
quête du toujours plus (d’admiration), voilà l’homme incertain enfourchant ses
kilomètres de vanité et ses heures de gloire. Les corps n’ont qu’à bien (se)
tenir. Leur demande-t-on leur avis, d’ailleurs ?<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais quoi – ou qui – cherchent-elles à
dépasser, toutes ces mécaniques en nage, colorisées, sponsorisées, en quête
d’un surplus de regard et de dopamine ? Et que sont pour eux ces capteurs
de plaisir qui prennent place dans le cerveau, exigeant régulièrement leur
nourriture frénétique ? Quels défis se lancent-ils à eux-mêmes ? Aux
autres ? Entre logique de l’action et gratuité du geste.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Performer, dépasser, se dépasser : on
reconnaît bien là les valeurs omni-affichées par nos sociétés libérales. A
coups de barres et boissons énergisantes, voilà nos costauds projetés sur le
macadam lourd, sous l’œil protecteur de dizaines de secouristes aux petits
soins. Oxygène, brancards, défibrillateurs, médicaments contre la nausée :
rien ne manque. Et rien n’est trop beau pour encadrer le spectacle offert par
ces forçats du corps. Comme autant de répliques miniatures d’un monde agité qui
célèbre les flux et croit toujours y échapper.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ils alimentent le marché des chaussures de
marque, des textiles, sacs et accessoires, boissons reconstituantes et crèmes
apaisantes. On n’y échappe pas, c’est le système. Et à l’arrivée, toujours les
mêmes scènes. Certains, frais comme des gardons du jour, s’efforcent de faire
bonne figure, quasiment prêts à repartir pour la même distance. En sens inverse.
D’autres se traînent, titubant, à bout, déjà loin du seuil d’alerte, leur
bouche tétant l’oxygène, bâillant comme des poissons qui écarquillent leurs
ouïes hors de l’eau.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Leurs collègues des salles de sport ne cèdent
rien aux forçats du bitume. Le surplace est leur credo, la surmusculation leur
évangile. Engagés pour des heures de foulées sur des tapis roulants, les voilà
comme des hamsters pédalant sans fin dans la roue métallique, au centre de leur
cage. Presses à cuisse, haltères, appareils variés aux mécaniques
contraignantes soumettent les muscles, les poussant à leur seuil de rupture. Et
puis ici, pas de paysage, mais la vue bornée de machines infernales rappelant à
s’y méprendre les instruments de torture moyenâgeux entrevus dans les oubliettes
de nos châteaux. A cela près que torturés et tortureurs sont ici les mêmes.
Infernaux miroirs.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dopage, amateurisme marron, tricheries,
combines, on sait les dérives du sport contemporain. Les mécréants de
l’activité physique finissent par être plus nombreux que les croyants. Faut-il
y voir un début de réflexion sur les excès de pratiques pourtant acceptables
dès l’instant où elles ne prétendent qu’à une hygiène de vie ? Question de
mesure.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Derrière les blindages organisés par le sport
de haut niveau, c’est tout le rapport au corps et à son opacité qui pointe. Si
justement l’emprise du physique marche si fort, n’est-ce pas parce que
l’organisme sportif est lui-même un corps aveugle alimenté par des préjugés
dominants : il faut maigrir, il faut souffrir, il faut améliorer ses
performances. Bref, autant d’injonctions terroristes à se conformer au moule
établi. Sans que soit jamais posée la question de fond : quel corps
voulons-nous ?<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dans l’incertitude de la réponse à apporter, les
hamsters bravaches n’en ont pas fini de baver !</span><span style="mso-spacerun: yes;"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> </span></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi04DQgYVl655uMJo0azMWIhqTDMkazyQKFpl9tB3z39mjwJNnDUxDVYfwNpfsA300wjtZsESn2MXbonQ9jfSjinAJKhrC2INC3VAE9EFGT5bNVXXWfCtQT7yyMiI2i-vmt242lXkaUV_k/s1600/P1020310+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi04DQgYVl655uMJo0azMWIhqTDMkazyQKFpl9tB3z39mjwJNnDUxDVYfwNpfsA300wjtZsESn2MXbonQ9jfSjinAJKhrC2INC3VAE9EFGT5bNVXXWfCtQT7yyMiI2i-vmt242lXkaUV_k/s320/P1020310+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><strong><em>GESTUELLE</em></strong></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em><span style="font-size: large;"></span></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Clavier contre stylo, machine contre corps,
une lutte sourde s’engage à notre insu. Lutte de prestige ?
D’efficacité ? Simple affaire d’outil ? Enième soubresaut de la déjà
longue histoire de l’écriture ? Menu plaisir physique en passe de se
perdre, peut-être.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A quand remonte notre dernier long texte écrit
à la main, à l’ancienne ? Cette mémoire-ci aurait-elle à voir avec la
mémoire du geste ? Elle qui confronte le mouvement automatique à la
motricité fine, l’aplat lumineux de l’écran au volume de la feuille qui se
rature, se plie, se chiffonne, se coupe, se jette. Et la recherche d’un propre
et net définitif aux traces patiemment accumulée d’un travail qui hésite, se
cherche, accumule les essais et erreurs. Sans les faire disparaître de suite.
Et peut-être pour les exhumer un jour futur, comme l’archéologue reconstitue
patiemment les linéaments de l’histoire biologique. Oubli des repentirs et
mémoire du corps.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La vitesse d’exécution de la frappe tend à
dissoudre la temporalité propre à l’exercice écrit. L’exigence quasi-scolaire
des pleins et déliés avait laissé place à l’écriture script. Faut-il désormais
mettre au rang d’idée romantique la tradition de l’écriture cursive, reliant
entre elles les lettres d’un même mot ? Ou son abandon, tout au contraire,
signerait-il la liquéfaction accélérée des liens qui confortent encore la
cohérence de notre monde ?<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>En reliant les lettres entre elles, l’enfant
qui apprend acquiert l’image du bloc que représente le mot, et donc son
orthographe. Dans les boucles d’une majuscule ornée, il dessine, capte les
rondeurs, l’harmonie, l’équilibre. Il y a une danse de l’écriture, une mélodie
du message qui ajoute de l’émotion au texte prenant forme sous un regard actif.
Avec l’écriture manuscrite, on se rapproche de l’intimité de celui qui a tracé
les mots, tant chaque graphie possède sa propre gestuelle émotionnelle, son
charme unique. Jusqu’à révéler un peu de la personnalité de l’auteur ?
Calligraphie et narcissisme contre sécheresse du clavier.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’écriture manuelle relève d’un geste complexe
qui mobilise à la fois des capacités sensorielles – je sens le stylo et la
feuille -, motrices – j’utilise mes doigts – et cognitives – je dirige le
mouvement par la pensée. Le manuscrit s’inscrit dans une gestuelle singulière
du corps. La frappe au clavier n’en peut figurer qu’une sommaire copie. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le support papier autorise une liberté
d’action : on peut écrire à l’endroit ou à l’envers, jouer de la marge,
déformer ou superposer les tracés, agrémenter son texte d’un croquis
illustratif… Sans oublier tous les petits accidents d’écriture qui forment les
vestiges du travail émergeant en direct aux yeux de son auteur. Vrais reflets
de la plastique corporelle. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Vengeance du clavier : vélocité du
rythme, automaticité cognitive et capacité de penser le plus rapidement
possible… pour disposer d’un temps accru pour… penser à nouveau ? Mais où
est passée la riche mémoire du mouvement complexe ? Et le travail de
reformulation personnelle que permet la prise de notes ?<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A défaut de continuer à couvrir des volumes de
pages, notre écriture manuscrite transfère sa fraîcheur, sa hardiesse au cœur
de notre environnement, sur les murs de nos rues, embellissant parfois la
grisaille de nos villes. Graphismes publicitaires, graffitis, écrits de
contestations, tags… les arts graphiques se portent au mieux. Et ne font
qu’amplifier nos gestuelles physiques. Le corps reste à l’honneur dans les
mystères créatifs de l’écriture. Et continue de coloniser de nouveaux espaces,
publics ou intimes.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au service de la mémoire d’un geste culturel. </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdGgWLvFAGNAIZw-gVZTVhyGDiufh77tmmvkFpPs6HTck57Kf68Ehj3OC1EiItM_kS93cW4y1tcDFC97fCl0N7aVK-KHvy1dkuLuev-SQd0IxiXFa_z0935bxRLqbGIKFfYWExApcAt5s/s1600/P1020313+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdGgWLvFAGNAIZw-gVZTVhyGDiufh77tmmvkFpPs6HTck57Kf68Ehj3OC1EiItM_kS93cW4y1tcDFC97fCl0N7aVK-KHvy1dkuLuev-SQd0IxiXFa_z0935bxRLqbGIKFfYWExApcAt5s/s320/P1020313+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><o:p></o:p></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<h2 class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
A SUIVRE...</h2>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><o:p></o:p></span></span> </div>
<div style="text-align: left;">
</div>
</div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-57231229018188129112016-02-07T08:31:00.001-08:002016-11-28T00:46:46.072-08:00<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> <strong><span style="font-size: large;">LE CARNAVAL DES MIMES (3)</span></strong></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> </div>
<h2 class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<em>CHAPITEAU</em></h2>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"><strong> </strong></span><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"><strong> </strong></span>Il y a un instant, il n’était encore qu’une
silhouette gesticulant là-bas, sur la scène lointaine. Et le voilà niché au
faîte de l’immense toile dressée, tel un magicien surgi du diable vauvert.
Ludion espiègle et diabolique, il violone parmi les dernières rangées des
spectateurs ébahis.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comment s’est-il posé là, cet oiseau
tonitruant ? Nul ne saurait le dire, tant incongrue est sa présence à cet
endroit. Surprise des renversements, des dédoublements : voilà bien une
présence hors scène, obscène diraient les mauvaises langues. Et pourtant, nul
incident marquant n’est venu interrompre dans sa durée le jeu brillant,
virevoltant, de l’archet sur les cordes. Bien au contraire, soutiendront mille
témoins. Simplement, l’artiste s’est mis en marche, fendant les allées entre
les gradins de l’amphithéâtre de toile. Depuis qu’il a quitté la scène pour
entamer son ascension, la musique qui sourd de son instrument a pris du volume
comme une pâte qui lève. Jusqu’à devenir un immense soufflé qui colonise tout
sur son passage. Jusqu’à saturer l’espace sonore tout entier.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Décuplant ses sonorités, le violoniste
poursuit son dialogue sublime avec la scène perdue loin en bas, bardée d’une
machinerie complexe, aux ordres. En fier capitaine, il salue ses musiciens,
fidèles matelots restés cette fois à quai. Le soliste subtil sait jouer de
l’écho décalé du réenregistrement permanent, délivrant ses volutes sonores
comme le dompteur lance ses fauves à l’assaut des cercles de feu. Il se
dédouble avec gourmandise, ingénieux marin gagnant le large sans vraiment lever
l’ancre. La musique sature à présent le volume imposant du chapiteau.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Se fondant au sein de la foule qui retient son
souffle, le subreptice athlète démultiplie à l’infini l’écho du son qui le
porte, mire sa toute-puissance à l’aune d’un espace patiemment, savamment conquis.
Et continue d’explorer cet espace en le dévorant de son jeu puissant. Nul ne
s’étonnerait de le voir enfin, tel le clown chanté par le poète, crever le plafond
de toile, et puis… rouler dans les étoiles. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La réalité se révèle moins glorieuse, plus
prosaïque. Parvenu au sommet de son effet comme au faîte de la gamme qu’il
honore, le violoniste magicien amorce la sage désescalade qui seule est à même
de le rendre à son statut d’humain retrouvé. Le public apprécie ce geste
d’hommage qui voit le musicien regagner peu à peu la scène dont il est issu. Et
réintégrer sa musique entre les traits assagis des portées ordinaires. Virtuose
oui, manipulateur non.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au moment d’aborder le misérable plateau de
planches où continuent de s’escrimer ses fidèles compagnons de l’orchestre,
l’homme porte un dernier et langoureux regard à ce chapiteau qui lui est cher.
Et, l’espace d’une sensation, il lui semble percevoir les dernières volutes de
son baignant encore les rangées de spectateurs ébahis, là-haut sur les gradins.
La musique en croisière a déposé ses traces lumineuses sur les visages ravis,
comme sans doute au creux des consciences, touchées par tant d’audace. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Sédentaire
devenu nomade le temps d’une mélodie, visionnaire de lui-même, voyageur comblé
affranchi de son port d’attache, le musicien saisit l’instant béni de sa divine
ubiquité.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong></strong></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong></strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipT-jSv-L023v4FdR8nOYQR1eglhEj3PpAfBPAyx2Vt0dM4Y1dRfubShdw_BE8TNUOZ0Minn0C3m3bdYsZ6FduHXYrQumzKWWLXU1dqYWDY1uW_8r4jSD7WpE0-od_M9GXFyTUF2mQZGg/s1600/P1020209+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="179" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipT-jSv-L023v4FdR8nOYQR1eglhEj3PpAfBPAyx2Vt0dM4Y1dRfubShdw_BE8TNUOZ0Minn0C3m3bdYsZ6FduHXYrQumzKWWLXU1dqYWDY1uW_8r4jSD7WpE0-od_M9GXFyTUF2mQZGg/s320/P1020209+%255B1600x1200%255D.JPG" width="320" /></a></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong><o:p></o:p></strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<h2 class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<em>BON CHEVAL</em></h2>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></strong><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">Impassible, arborant sa bonne tête d’équidé
placide, le cheval tend son museau avenant à qui veut le flatter. Sa petite
mémoire animale appelle des souvenirs de caresses anciennes enregistrées comme
autant d’agréables gourmandises. Lui, la plus belle conquête de l’homme, se
sent d’emblée remis en confiance. A chaque fois. Ne fait-il pas partie de
l’écume animale ? De son intouchable aristocratie, à l’image du chien et du
chat, ses petits frères de condition ?<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>C’est oublier un peu vite qu’il représente
avant tout une belle mécanique à satisfaire les envies et caprices du maître
humain qui le tient sous sa férule. L’Histoire devrait pourtant lui avoir
appris le rôle de soldat-bis que son mentor agressif l’a toujours contraint à
assumer durant les conflits armés de toutes les époques. Dieu sait qu’il y a
laissé des poils !...<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il n’est jamais bon, à la longue, de se
retrouver en permanence dans les petits papiers de cette curieuse bête humaine
aux obscures visées. Même s’il se sent mieux loti que la vache, le porc ou la
volaille, animaux plébéiens, démunis de « belles gueules » et que
l’on a vite fait de ne considérer qu’à travers les produits alimentaires
associés. Non, lui le cheval, c’est autre chose ! Il appartient à cette
aristocratie racée que l’homme reconnaît et promeut, comme propre à satisfaire
les valeurs esthétiques dont il aime se vanter. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais qu’il y prenne garde, les arrière-pensées
ne sont jamais loin dans la tête du grand manitou. Que sait-il, lui, pauvre
équidé, des projets échafaudés dans ses méninges tortueuses ?...<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voilà qu’on l’entraîne à fond, qu’on le
drogue, qu’on le cravache à mort pour franchir le premier des poteaux d’arrivée
illusoires. Qu’on le prend pour un animal savant capable de se mouvoir au
rythme imposé par une musique obligée, ou aux ordres d’un dressage millimétré.
Et qui dit qu’en noble serviteur il ne sera pas un jour tout bonnement licencié
comme un malpropre ? Sans réel souci pour les services rendus.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Sait-il, en bon cheval qu’il est, qu’il
bénéficie depuis peu d’une déclaration universelle de ses droits ? Qu’il
est passé du statut de bien meuble à celui d’être vivant doté de
sensibilité ? Ce qui devrait faire bouger les lignes, et lui valoir au
moins d’échapper aux abominables bouffeurs de carne rabelaisienne ! Ce
serait le moindre égard à lui accorder, à lui qui embellit tant nos
paysages !<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Non décidément, si l’homme a décidé un jour de
l’enfourcher pour franchir les vastes espaces, il n’y est pour rien. Il n’a
rien demandé, lui l’animal solitaire et flegmatique. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et ne souhaite au fond que continuer à battre
la campagne en toute liberté. Et saisir, de temps à autre, une lueur
d’affection complice dans un regard d’enfant. </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoc7DJbXWxATX6cXsH4yKDeuO7EJiKaPpod790IVL5czHxJq1Xfvr4-AIHxlF4yvrigajYk95RPHFnaMvr-tXqPC1nAKDVo_7ZUKEHvRJkdukOZvZpP6_tG1UOROTDXZc1V2-Brp8mLz8/s1600/P1020276+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoc7DJbXWxATX6cXsH4yKDeuO7EJiKaPpod790IVL5czHxJq1Xfvr4-AIHxlF4yvrigajYk95RPHFnaMvr-tXqPC1nAKDVo_7ZUKEHvRJkdukOZvZpP6_tG1UOROTDXZc1V2-Brp8mLz8/s320/P1020276+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<em> </em></div>
<h2 class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<em>
<span style="font-family: "garamond";"><o:p> TUEUR DES MERS</o:p></span></em></h2>
<h2 class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><o:p></o:p></span> </h2>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<span style="font-family: "garamond";"><o:p></o:p></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">Sorcellerie sur la matière et rappel des
origines de la pangée. Un septième continent se meut au gré des courants marins
qui dérivent. Nous n’en finissons plus d’envoyer nos bouteilles à la mer. De
drôles de bouteilles en exil flottant, saturées de messages mortels. Curieux
signes que ces sachets de courses, godasses, casques de chantiers, flacons
d’ambre solaire à huiler les océans… et quoi encore ?!<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Débris, déchets, détritus de toutes origines surnagent,
ondulent à l’eau libre, sur la plus grande décharge du monde. Dans une mer
épuisée, aux nœuds des courants. Sur trente mètres de profondeur, un continent
de plastique. Sacs, bidons, flacons de toutes marques et couleurs, estampillés
dans toutes les langues. Le globe terrestre se mue en égout des humains, dans
des eaux lointaines, solitaires, invisibles à nos aveuglements : cela
existe-t-il ?... Le plastique ronge le plancton qui l’ingère. C’est comme
si chacun se lavait les mains dans cette gadoue de plastoc. A qui ces coquilles
d’œufs, ces écorces de melons, ces capotes et bouts de pain, os de poulets,
épluchures exsudant leur essence, leurs effluves ? Faudrait-il passer les
menottes à l’humanité entière ? Culpabilités exponentielles.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bactéries, virus, toxines s’accumulent à cœur
joie dans les organismes. Poissons intersexués, baleines bleues lentement
empoisonnées, tortues centenaires étouffées par des emballages plastiques qui
ont servi quelques minutes. Mer ou polymère ? Installation ? Land Art,
Ocean Art ? Pierre, bois, acier s’usent. Eternel, mimétique en diable, le
plastique n’en finit pas de contrefaire. Jeune quinquagénaire à l’aspect fourbe
de diamant populaire.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ce septième continent est une gigantesque
œuvre associative, créée par tous, même ceux qui n’ont jamais mis les pieds
dans un musée. Des myriades de sacs à base de pétrole et de gaz naturel
s’envolent au gré d’une légère brise vers les fleuves, les ports, les docks et
égouts pluviaux. Ciels, mondes souterrains, terre et mer, espace naturel et
social se donnent la main pour offrir leurs étendues à la circulation de ces
déchets flottants expulsés par l’humain. Et qui ne manqueront pas de lui peser
bientôt sur l’estomac sous la forme de micro-organismes pathogènes. Retour à
l’envoyeur pour une nécrose qui s’organise en cycle corrompu.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comment de multiples et minuscules gestes
répétés chaque jour ont-ils le pouvoir de changer le flux du grand bain de
l’Histoire ? La puissance de la métaphore s’impose naturellement.
Imaginons, à l’instar des nettoyeurs de rivières, l’immense pantomime résultant
des actions assemblées, coordonnées, de millions de débarbouilleurs des mers.
L’avenir s’en trouverait-il modifié pour autant ? Peut-être, mais à la
condition expresse que se tarisse, en amont, le flux ininterrompu des rejets.
Rien ne se perd rien ne se crée : logique imparable des lois naturelles.
Que les consciences s’éveillent enfin au tri indispensable des monceaux
d’informations qui les envahissent ! Pour ne garder que les plus utiles à
nos existences enfin allégées du trop plein et accessibles au meilleur.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le pire n’est jamais sûr. Mais le meilleur
n’empêche pas le soleil du Pacifique de se lever sur une surface vitrifiée,
irisant la lumière dans une variété de couleurs hallucinantes. Est-il si fou
d’imaginer que ces traces plastiques nous auront survécu, dans quelques
millions d’années ? Et que nous continuerons de verser nos larmes salines
sur l’océan de nos origines.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Message toxique et amer adressé au futur.</span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><strong></strong></span> </span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><strong></strong></span> </span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong></strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjg3hYQ-jWJT80Fu5emUJyGMnien9cwOpQlhKajOHzZ2JxfiMY2r3UjS5WDSqyKCoFh9HNRqovL9fkiPhF7GL0XQLeNZYRsHLr4s7In9TxPoo1hz8XO6Oz4Qg6F2WA2G_gJNIfnww_6ntI/s1600/P1020125+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjg3hYQ-jWJT80Fu5emUJyGMnien9cwOpQlhKajOHzZ2JxfiMY2r3UjS5WDSqyKCoFh9HNRqovL9fkiPhF7GL0XQLeNZYRsHLr4s7In9TxPoo1hz8XO6Oz4Qg6F2WA2G_gJNIfnww_6ntI/s320/P1020125+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<h2 style="text-align: left;">
<em> </em> <em> LAPSUS</em></h2>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><strong>
</strong></span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"><strong> </strong></span></span><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il joue gros et il le sait. Son public le
sait. Chacun sait que l’autre sait. Jeu d’images bloqué à deux coups lisibles.
Comme dans ces dispositifs ingénieux de miroirs reflétant votre image à
l’infini.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La mécanique oratoire est réglée au millimètre.
Le discours veut sonner haut et fort. Mais ses accents tinteront-ils
juste ? Huilée, rôdée, la belle machine se met en route, entre arguments
logiques et affirmations soigneusement pesées. Le discours déroule, la voix
martèle, rassurante, comme égrenant les modulations d’un conte pour enfants
sages. Alors le prince… Puisqu’on vous le dit.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le raisonnement se tient, allume des échos de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">déjà</i>, ponctue par des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">encore</i>, appelle des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">toujours</i>. On imagine bien l’auditoire bercé somnolant, comme
anesthésié, enjôlé, enrôlé, prêt à signer. C’est dans la poche. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La vigilance s’endort, apaisée par la petite
musique de la voix désormais familière. Dormez braves gens, rien ne vous menace !
Moment de tous les dangers, pourtant, que celui où le camp s’assoupit, veillé
par la seule sentinelle voûtée au coin du feu. L’ennemi rôde, embusqué. Il a la
tête du lapsus prêt à enfourcher la première langue qui passe.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’orateur choisit – lui ? l’autre en
lui ? son inconscient ? – la sortie d’une phrase ciselée au couteau –
ou ronflante à souhait ? – pour y instiller malgré lui – à l’insu de son
plein gré – une petite note discordante. Un mot pris pour un autre, deux
syllabes qui se percutent, un jeu de voyelles qui se chevauchent, un
chuintement discordant… et c’est l’accident. L’implosion brusque. Un excès de
confiance vient de trahir le beau parleur attendu au coin du bois. Du dit,
prononcé, articulé devant témoins, il ne pourra plus s’exonérer. On la lui
ressortira.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au jeu de la perfection cherchée, revendiquée,
affichée, la moindre erreur est fatale. Et s’érige aussitôt en contre-modèle.
En image de ce qu’il ne fallait pas faire, pas dire. Le malgré soi énoncé,
pensé si fort, prend soudain la force obscure d’on ne sait quelle intention
secrète, inavouée. Voilà que l’envie cachée, trahie, fait irruption dans un
monde qui se rêvait pur, sans faute. Moralement irréprochable. L’homme public a
fauté en public, en direct, sur son terrain d’élection. Et c’est tout son
discours, sa bonne foi, et jusqu’à son personnage qui en sont entachés.
Durablement. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bousculé à bas de son piédestal, il imagine
déjà les sarcasmes dans la presse du lendemain. La petite phrase moquée,
commentée, triturée. Comme l’aveu public de sa faute. La trace de sa faiblesse
à jamais établie. Echec irréversible pour le tenant avoué du sans-faute. Il
s’est laissé conquérir par l’erreur. Le champion est désormais celui des
glissades sémantiques et jeux verbomoteurs de l’inconscient.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Un interprète peut-il être constamment
génial ? La question le hantera sans doute désormais : celle de ce
point qui tourne autour de la fidélité à la source. Et des obstacles à surmonter
pour y parvenir. Le malheureux orateur vient de saisir l’enjeu de son dérapage
dans une forme de servilité à la complaisance, cette obligation de plaire à
tout prix à un public assimilé à une clientèle. Son adhésion plus ou moins consciente
au formatage du parleur narcissique, en quête de perfection, lui a fait perdre
les pédales. La belle mécanique s’est enrayée, omettant les fondamentaux du
fond au profit des écumes de la forme. Dans l’ombre de la passion forcenée pour
le talent se profile l’exigence oubliée d’un fond de vérité. Rude mais
nécessaire leçon. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le langage tue. Ou fait évoluer vers des
mondes neufs</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong></strong></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong></strong></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong></strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKuDG7wcvC6MIfBmaBC5L3-D8lHRvQ0mV2NxucVS1Le5ovKsKetf_vkf4FGvRyhXK7g-4asHuCMmJcjtWEvaYRc26Ijss62Wyc9oKxpWLmMYwtuUc3wjSpG3EdWxWSjxkiN3g8av6mKo8/s1600/P1020253+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKuDG7wcvC6MIfBmaBC5L3-D8lHRvQ0mV2NxucVS1Le5ovKsKetf_vkf4FGvRyhXK7g-4asHuCMmJcjtWEvaYRc26Ijss62Wyc9oKxpWLmMYwtuUc3wjSpG3EdWxWSjxkiN3g8av6mKo8/s320/P1020253+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
</span><br />
<h2 class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<em>CYBORG</em></h2>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"> </span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">Une escouade de petits robots sympathiques, aux
yeux clignotants, passent entre les tables, prennent les commandes et servent
des plateaux à des enfants émoustillés et conquis. Ceux-ci seront-ils un jour,
devenus adultes, traités comme des ennemis par ces intelligences artificielles
devenues supérieures ? Demain, le posthumain.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bardé d’un exosquelette anecdotique, le robot
explore la jonction du cybernétique et de l’organique. Vainement. L’humain se
mue en crustacé version homard. De quel désir le cyborg est-il porteur ?
Celui d’une invulnérabilité rêvée, fantasmée. Etre le produit d’une fabrication
programmée, c’est s’arracher au déterminisme. S’abstraire de la chair mène à
l’obsession de la prothèse. C’est l’abandon du sujet en échange des facéties
toutes neuves du pantin-cyborg. Le robot de science-fiction ouvre la voie à
l’homme présumé parfait, vivant sur le mode de l’autocentration. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Rêve d’immortalité contre affirmation de la
pensée. Face à l’expression d’une conscience se dresse le désir fou d’échapper
à la décomposition qu’implique notre état charnel. Esprit et corps, deux
espaces distincts. D’où surgit l’idée folle : « télécharger »
l’esprit d’un corps à l’autre. Vieille lune d’apprenti sorcier. Dissocier
existence et pensée, antique défi philosophique.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Où siège l’humanité ? Dans le regard.
Dans ces deux yeux aptes à capter comme à offrir l’empathie. Regard, résultat
d’une histoire unique. Seul l’être humain peut se targuer d’être porté par un récit.
Son inscription dans un temps vécu, c’est sa singularité. Sa force et sa
fragilité. L’œil qui pleure signera toujours l’émotion qui passe.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La dimension de notre salut d’humain s’inscrit
dans l’émotion. La pensée apparaît avec la conscience d’une déchirure. Exit le
vieux rêve cybernétique : télécharger son disque dur dans un autre corps.
Penser sans être, transvaser l’intelligence d’un corps à l’autre et gommer la
différence entre cerveau et conscience ?... La pensée peut-elle se réduire
à du câblage ?<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’immortalité nous priverait du désir. Pour
une vie sans joie, sans finalité. Perfectionnisme mortifère. Alors retour à
notre incomplétude, celle qui nous balade d’une souffrance à un ennui. Désirer
ne plus désirer… aller vers l’extinction du désir ? Gageons que
l’humanoïde accompli ne s’encombrerait jamais de ces problèmes qui nous sont
chers.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais notre mémoire nous sauve, la mémoire de
notre histoire, la composition du récit qui nous porte. Un livre, c’est une
pensée qui survit à qui lui donne le jour. Un fameux réservoir d’émotions
aussi ! Comme la philosophie, la littérature est gage que l’homme n’est
pas simplifiable à ce prototype auquel la technologie serait tentée de le
réduire. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Notre plasticité rebelle est la voie du salut
pour résister à la fascination robotique. Paradoxe ! C’est dans la
vulnérabilité charnelle que réside notre capacité de résistance singulière à la
cybernétique aux aguets.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le corps a encore et toujours son mot à dire.</span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> </span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> </span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"></span><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> </span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPgjg9WWMuOvyt4kaZ9r3e55hlJK0Tpe7sqx4AwNZrBkmVzOiyjgjIvTWnsG2K_DmD0r_c5DinDQAFvZ0l4T4svVYqjN9TpQN3-BMyJqOGAGbn8iwTQX6UZufKH4UZVrK65j6zhjD-MYA/s1600/P1020295+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPgjg9WWMuOvyt4kaZ9r3e55hlJK0Tpe7sqx4AwNZrBkmVzOiyjgjIvTWnsG2K_DmD0r_c5DinDQAFvZ0l4T4svVYqjN9TpQN3-BMyJqOGAGbn8iwTQX6UZufKH4UZVrK65j6zhjD-MYA/s320/P1020295+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></span></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
</span><br />
<h2 class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<em>PRESIDENT</em></h2>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><span style="font-family: "garamond";"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> </span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> Sa silhouette s’est figée quelques instants
sur le perron de son palais. Comme pour prendre la pause, immobiliser l’instant.
Et défier l’éternité. Il n’a pas le profil d’un prince. Le petit homme affable
et lisse évoque davantage l’allure du bureaucrate assidu, compétent, que celle
du chef d’état solide, sûr de lui, à laquelle on s’attendrait. Le corps a ses
mystères que l’épreuve du réel se charge de mettre à nu.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il s’exprime avec une éloquence posée, sur un
ton poli. On sent un verbe attentif, aimable. Une gentillesse franche,
spontanée, affleure de son discours, teintée d’un réel humanisme, d’un regard
tendre sur la vie. L’homme est réservé, mesuré, pudique.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le style de personne que l’on apprécie
d’emblée. Dans un réflexe de sympathie, de fraternité. Sans arrière-pensée. Son
physique respire une confiance bonhomme, à recevoir comme à donner. Le débit et
le volume apaisés de son discours, les mots choisis, disent la compétence
appliquée, le projet construit, affirmé, le désir d’action dans la durée. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Oui mais voilà. A la moitié de son mandat, le
président est en échec. Ou plutôt le pays qu’il dirige. Enfin les deux, puisque
leur sort est lié. Et puis, le peuple n’a jamais que les dirigeants qu’il
mérite. Antique récit que celui des liens entre le prince et son peuple.
Lorsqu’un homme fait naufrage et échoue sur le rivage d’une île inconnue, que
les habitants lui trouvent une ressemblance physique troublante avec leur
souverain égaré, ils décrètent ex abrupto qu’ils viennent de retrouver ce souverain.
Que faire ? Accepter la couronne, ou leur avouer : vous faites
erreur ? Pourtant, le peuple sait bien, d’instinct, qu’être roi, c’est
être pris pour… un roi ! La royauté est un attribut dérisoire qui ne
réside pas dans la chose en soi, mais dans le regard qui se pose sur elle.
Implacable jeu des miroirs. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Ce n’est pas facile », répète le
regard triste, accablé, du Président. Il l’avoue aussi verbalement. Du ton de
celui qui n’a visiblement pas saisi toute l’ampleur de la tâche avant de s’y
lancer. Il en a pourtant rêvé des habits de sa fonction ! Il s’y est
souvent vu. Un vieux rêve d’enfant, on imagine. Et puis la fiction est devenue
réalité. Et la réalité cauchemar.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Lui seul sans doute a la capacité d’évaluer
son drame à l’aune de son propre rapport à lui-même, à sa propre histoire, à
ses ressources personnelles. Sa doublure précédente de candidat à l’élection souhaita,
annonça, afficha un rapport normal à ses concitoyens. Et à sa fonction, telle
qu’il l’envisageait, l’espérait, y collait déjà de toute sa personne.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais son récit personnel – son karma ? –
a rattrapé le velléitaire. Implacable, la mission a rejeté l’homme, lui
délivrant au passage une vérité première : s’afficher dans une normalité,
c’était le meilleur moyen de passer inaperçu, mal perçu donc. Or la fonction
exige la visibilité. Pour un sans-faute assumé. Il en est resté bloqué à ce
point où on ne laisse rien échapper de soi. Où on demeure dans l’indéterminé,
le malentendu. Jusqu’à ce tournant, peut-être, où on ne s’autorise plus à
éprouver d’affects pour les autres. Ne plus rien lâcher de soi qui puisse
faire l’objet d’un récit construit dans le temps. Le piège se referme.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’homme a atteint ce point de rupture entre
corps intime et corps social. Le lieu mimétique de l’impuissance et du déni.
Rejeté par le peuple qui l’a élu – et qui ne le reconnaît plus – le prince est
nu.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong></strong></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong></strong></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong></strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXWx8fjhlMT2ItqZVATjUdlpS75zLMfJPiJJfgW_-vA9qRSE3xAfAGajGD79pZZAGzNKO8IVhE20ULxrNcNP4sGAKPVrm99EyYPKCF419qCU0LJBaODEKPUIrKTXdoXlhqq8xm4zPxYR4/s1600/P1020135+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjXWx8fjhlMT2ItqZVATjUdlpS75zLMfJPiJJfgW_-vA9qRSE3xAfAGajGD79pZZAGzNKO8IVhE20ULxrNcNP4sGAKPVrm99EyYPKCF419qCU0LJBaODEKPUIrKTXdoXlhqq8xm4zPxYR4/s320/P1020135+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<h2 class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<em>AIR CONNU</em></h2>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Un frisson
court le long de l’échine. Ouvrir un livre nouveau, c’est baptiser un monde qui
se lève. Titre, quatrième de couverture, page de garde, dédicace, tout a le
goût de l’inédit et prête à signe. On se met en passe d’arpenter pour
nous-mêmes le chemin créé par l’auteur. Prêts à déchiffrer les terres vierges
d’un imaginaire unique, d’un récit aux allures primitives. Tout porte à œil
neuf. Nous sommes en partance.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au fil de la lecture, le rythme s’installe,
l’esprit déchiffre, l’émotion se pique. Un univers se crée. Et puis l’inconnu
supposé se met à révéler des zones troubles, fait briller des lacunes en forme
de doute. Un écho, faible encore, se lève en marge du récit. Inattendu et
pourtant familier, comme l’air d’une petite musique connue qui se lève au loin.
A l’image des lignes d’un paysage où pointent déjà quelques repères coutumiers.
Un mot allume les feux de la mémoire, puis un autre, un troisième suit de peu.
Chacun se pose en trace, s’affirme en témoin. Et c’est bientôt toute une phrase
qui éveille l’attention, prend les couleurs d’un souvenir reconnu. D’un
ressouvenir connu.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La trame de fond qui maille notre esprit
allume de petits clignotants sur le tableau de bord de nos sensations. Puis ce
sont des situations entières qui surgissent de l’écume de nos lieux de mémoire,
en bordure de conscience. Multiples souvenirs-traces qui viennent en percuter
d’autres jaillissant à leur tour du magma neuronal. Nous suivions un sentier
dont la virginité s’avère soudain relative. Déception devant l’illusion qui
s’avoue ou accalmie rassurante du retour au même ? Les impressions se
mêlent, se dédoublent en anamorphoses mouvantes.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le récit multiplie les repères connus. Là où
nous croyions saisir du neuf, c’est le familier qui pointe son nez. L’histoire
recompose les pièces d’un puzzle, s’habille de références. Les petits points
ont grossi jusqu’à se poser aux frontières de domaines identifiés. Passé et
présent s’entrechoquent dans une sarabande qui nous abasourdit. Nos souvenirs
se réveillent, comme une porte s’entrouvre sur le flot de lueur s’engouffrant
dans l’angle aigu d’une chambre obscure.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Nous découvrons soudain que nous avons déjà lu
ce livre. Nous n’avons fait que le rechoisir. Par goût, enthousiasme,
adhésion ? Inattention ? Notre trop pleine présence à son récit se
détache dans l’ombre de l’absence qui nous a fait oublier sa première lecture. Les
traces d’une page cornée, une biffure discrète dans la marge, une annotation
peut-être, viennent nous confirmer que ce livre nous est passé par les mains. Et
par l’esprit. Mais dans une vie antérieure à notre mémoire vive, peut-être.
Dans cette pliure du temps où se rejoignent mémoire vive et mémoire
morte ?<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La mémoire se joue du temps, le défie, le
contourne. Modèle et sélectionne nos oublis, temporaires ou définitifs.
Connaissance ou reconnaissance ? A l’image d’auteurs écrivant et
réécrivant sans cesse le même livre, nous nous plaisons – jusqu’à ne plus les
identifier – aux ritournelles des éternels retours.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Séduction familière des airs connus.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong></strong></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong></strong></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong></strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiH1SEio02tDrNbXKNCOr6sZ8G1YtkyzVx81JAvjvew9Glooan9BLEv2b_r66-7ZDiiDIHdvp1TueGXNFKXNGkANDny1DyhKF5sjqsf8PXUHGt3LkMpNPjDcnyXTdi9vntkGroNzMTsFy8/s1600/P1020138+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiH1SEio02tDrNbXKNCOr6sZ8G1YtkyzVx81JAvjvew9Glooan9BLEv2b_r66-7ZDiiDIHdvp1TueGXNFKXNGkANDny1DyhKF5sjqsf8PXUHGt3LkMpNPjDcnyXTdi9vntkGroNzMTsFy8/s320/P1020138+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<h2 class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<em>JOURNALEUX</em></h2>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></strong></span><br />
<span style="font-family: "garamond";"></span><br />
<span style="font-family: "garamond";"><strong> </strong><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">Il apparaît et tout est déjà dit. Aucune
information n’échappe à sa complaisance. Grâce à lui, la vraie parution
sérieuse s’absente au profit de l’apparition trompeuse. Complet léger sur
chemise ouverte, légère barbe de deux jours, œil complice et ton voracement
suave, il surjoue l’image lisse du gendre parfait. Celle qui plaît au
téléspectateur moyen ciblé par la chaîne à grands coups de sondages.
Phagocytant d’emblée son public, le voilà dans la peau de ce joueur de flûte
oriental expert à faire ondoyer le serpent à sonnettes des illusions en lui
serinant de sirupeuses promesses. Sur le pavé, il excellerait dans le rôle du
souteneur vantant la qualité de sa marchandise. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La chaîne a délivré ses directives : se
démarquer à tout prix de la concurrence. Faire émerger l’image unique de la
Maison, grâce à l’esprit… maison. Tout est dans l’emballage. Audience et
audimat avant tout. Il faut plaire. De cette séduction séductrice, experte à
occulter toute construction vraiment… séduisante. L’habit du verbe pour
anesthésier l’information en lui donnant des airs de fiction. Comme la manière
parfois sait tuer l’objet. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Faits divers, nouvelles tragiques du monde,
exploits sportifs, carnet mondain, il déballe l’ensemble sur le même ton
doucereux de la confidence. Tout prend allure de petit potin. A peine dit, déjà
enfoui. En digne échotier, il a étudié les tournures à la mode, s’est imprégné
des tics en cours, ressort comme des pains chauds les expressions en vogue. Les
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">on dit</i>, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">on</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">s’est laissé dire</i> du
moment. Foin du contenu, il est dans le ton.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pourtant, il n’atteint pas le comble :
celui concocté par ses collègues, les commentateurs sportifs, rois incontestés
de la coulisse pipée et de l’interview machiste. « On peut être une grande
championne et rester jolie aussi », claironne l’un. « Deux Français
sur le podium ! Ne boudons pas notre plaisir, on n’avait pas vu ça depuis
longtemps », susurre l’autre. Lentement, insidieusement, l’information
cède la place à la communication. Neutralité contre complaisance. Egocentrisme,
outrecuidance et chauvinisme plombent les scènes sportives, comme autant de
lieux d’expression d’un mimétisme éhonté. « Effet-miroir de la télé,
suis-je le plus beau ? », semble clamer à tout bout de champ
l’hystérique journaleux, appuyé – il le sait et il en joue – par des milliers
de regards ravis de lui donner carte blanche. Qu’il est dur, décidément, de
vanter des clampins passant leur temps à pédaler ou les grands gamins en short
poussant fiévreusement un ballon devant eux ! Comment ne pas en ressortir
bas de plafond, le QI en berne ? Et puis l’orgueil national en
demeure-t-il indemne pour autant ?<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Du pain et des jeux pour les gueux… On n’en
sort pas. Et ne comptons pas sur la collègue de la météo pour rattraper la
sauce. La voilà justement, robe kitsch et sourire mielleux, prête à nous vendre
du cumulus et du strato-nimbus, comme l’épicier ses melons. Son corps moulé
ondule sournoisement devant la carte du jour. Las, son chemisier jaune citron
élude le théâtre des opérations. Amalgame ses propres formes et couleurs avec
les zones de perturbation qu’elle prétend mettre en exergue. Fâcheuse confusion
des géographies : c’est elle la vraie perturbatrice !<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ses mains proprettes caressent la carte dans
le sens du vent. La voix enjôleuse nous vend de la vigilance orange au prix de
l’anticyclone salvateur. Dormez braves gens ! Rien ne vous menace… mais
restez prudents quand même ! Tout en elle respire l’empathie surfaite, la
fausse obligeance travaillée. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et lorsqu’elle s’éclipse enfin, vraie face de
lune qui se mire, le contenu présumé de son bulletin s’évapore avec elle,
abandonnant le spectateur éberlué à la vision onctueuse d’une chimère coloré. </span><span style="font-size: 12pt;">Au jeu
des dupes, la surface du ciel est toujours étale.</span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-size: 12pt;"></span><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> </span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-size: 12pt;"></span><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> </span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-size: 12pt;"></span><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> </span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivsjk1zcIjrTBIsd_p-7RWojtN6oma-f4Bb131Zp_EYU7o-qZ72GNiemWoQn0SoU7pTmpbiXkdNNw2WUZXRmfKmHh_Z4RZq3k8BD36E_S6CWLZ3FNw4zxXPOnyWxaFhBT_SUf84Cw3aMY/s1600/P1020210+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><img border="0" height="179" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEivsjk1zcIjrTBIsd_p-7RWojtN6oma-f4Bb131Zp_EYU7o-qZ72GNiemWoQn0SoU7pTmpbiXkdNNw2WUZXRmfKmHh_Z4RZq3k8BD36E_S6CWLZ3FNw4zxXPOnyWxaFhBT_SUf84Cw3aMY/s320/P1020210+%255B1600x1200%255D.JPG" width="320" /></span></a></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> </span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> </span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> </span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> </span></div>
</span><br />
<h2 style="text-align: left;">
<em>VERTIGES</em>
</h2>
<span style="font-family: "garamond";"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> </span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Une simple page blanche. Surface lisse sans
aspérité visible. Les fibres délicates accrochent la pointe du stylet. Doux et
problématique survol d’une surface vierge. L’éclat du blanc ouvre des horizons
mouvants. L’espace colonise l’esprit jusqu’au vertige. Espace à courir :
mais quand partir ? On envie secrètement l’élan glissé, métronomique, du
patineur laissant filer de droite et de gauche ses jambes fuselées, chahuté par
les flux centrifuges qui le déportent hors de l’anneau de glace cent fois
redessiné. Singulier mouvement des jambes qui se croisent, lâchant et retenant
à la fois la course millimétrée à l’intérieur de l’ellipse parfaite. Miracle
des équilibres.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Page blanche. De l’horizon fluide à la
muraille lisse flotte un parfum d’évasion. Le support gagne la verticalité, se
fait pan de glace arpenté par le piolet-stylet d’un alpiniste fou. Insecte
dérisoire muni de pattes adhésives à marcher tête en bas. Pattes noires sur
page blanche. Ecran de cinéma muet peuplé de spectres agités par nos
imaginaires convulsifs. Drap de lit aux senteurs champêtres d’où le dormeur
éveillé puise des rêves sans fond.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Vertige de l’étendue blanche. Alors, changer
de lieu, d’angle, de sujet ? Non, la page est là qui nous fixe. On la
regarde autant qu’elle nous attend. Elle est là qui accueille tout. Evocations,
désir, renoncement. Ratures, repentirs, trouvailles. Marcher, parcourir,
rouler. Penser. Invite à se lancer dans le vide, sans garde-fou. A oser. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il faudrait entrer dans cet océan comme on va
à la plage. Happer les métamorphoses en passant : l’homme deviendrait
canard, poisson, voilier. Légèreté des nuages et pulsion des marées. La page
prend des couleurs. Même fragiles, quelques certitudes ouvrent des espaces
secrets. Nos vies minuscules sont un pied de nez à l’épaisseur de la feuille.
Timidement, une fine goutte d’encre vient teinter le verre d’eau proche. En
attente d’aquarelles diaphanes.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pourtant la volonté de bien faire se trouve
aspirée par le désir de trop bien faire. Comme si tout se suspendait soudain,
s’annulait, se dissolvait dans une attente trop forte, exclusive. La forme
anticipée d’un opus idéal nous glace jusqu’au sang. La barre est mise très
haut : il nous faudrait écrire une œuvre magnifique, incomparable. Serions-nous
à la hauteur de la mission que nous nous fixons ?... La crainte d’échouer
bloque l’inspiration, annule les énergies, suscite une vraie paralysie.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La page blanche, c’est aussi l’expérience d’une
solitude à affronter. Nous voilà seuls face à un miroir, page ou écran, qui
nous renvoie notre propre image. Et puis, sans prévenir, ce pas de côté :
nous voici transportés dans un paysage aux topographies familières dont nous
tirons soudain une phrase insolite. Un haïku providentiel nous souffle une
petite musique intérieure qui s’élève, s’impose. Prend voix. Elle a l’allure
d’une conversation de moi à l’autre, de moi à moi. Eveil subtil d’un mouvement
intérieur face à un paysage reconnu. Une exploration devient possible.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La mélodie lointaine – et pourtant toujours
proche – de récits parcourus et restés tapis dans l’ombre de la conscience, se
lève, prête à formuler des allusions, opérer des croisements, alimenter les
rêves. Nous ne sommes plus seuls. Petites taches noires sur des milliers de
pages lues, les mots remémorés font émerger en nous tout un univers de sons, de
couleurs, d’odeurs. D’émotions, de souvenirs, d’attentes. Une immense
bibliothèque invisible apparaît soudain devant nous.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le voile d’autocensure se dissipe comme le
ferait une brume tenace percée à jour par un soleil bientôt révélé. Jusqu’à
laisser résonner un drôle d’écho où nous reconnaissons, émus, les accents
singuliers de notre propre voix. </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong></strong></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong></strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0VzDax2ozKzqw1wG42hjtCVGRkK5pQmJtlYNuyH0mGwf-X0NjAjZJwtDCpRWo8KwRrp_wEzAhSDyxog9x2mWxRcoGFQFpm8f84H1cbN-itHnWPhi8aODPaf-7BX1zR4mvnmP5RRv7XyA/s1600/P1020259+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="179" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0VzDax2ozKzqw1wG42hjtCVGRkK5pQmJtlYNuyH0mGwf-X0NjAjZJwtDCpRWo8KwRrp_wEzAhSDyxog9x2mWxRcoGFQFpm8f84H1cbN-itHnWPhi8aODPaf-7BX1zR4mvnmP5RRv7XyA/s320/P1020259+%255B1600x1200%255D.JPG" width="320" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<h2 class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<em>ORCHESTRE DE PAPIER</em></h2>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">Contre le pouvoir aveugle des gangs armés, la
seule gamme de sept notes et ses jeux musicaux associés. Contre l’idée d’élite,
la confection de centaines d’instruments fictifs. En papier, carton, aluminium.
Avec les moyens du bord. Face à la terreur, la musique et ses valeurs :
discipline, travail, écoute, responsabilité. Intégration contre exclusion.
SISTEMA donne le ton.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pour de faux, les instruments de papier. Pour
de vrai, ce qu’on en tire, ce qu’on en apprend et qui fait grandir. De la
fiction naît le réel. La fraternité sublime d’un chœur enfantin a quelque chose
de l’odeur d’un feu de bois sous la lune. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Raconter, lire le monde, c’est le lot commun à
tous les enfants. Le chanter, à portée de chœur, voilà pour eux un moment rare
et pourtant vital. Avec, en filigrane, cette question : en quoi la musique
leur parle-t-elle déjà, alors qu’elle ne dit rien ? Et très vite
l’approche d’une géniale exception : la musique est le seul art qui
invente, fabrique ses matériaux. Sur fond de jeu social. Le chœur et
l’orchestre, puissances tranquilles des harmonies collectives.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais il arrive que l’excès de raison tue la
joie dans l’œuf. Pour un enfant de six ans, la taille et le poids de
l’instrument figurent la perfection qui touche à la performance musicale. Le
parfait est-il cette barre mise à hauteur d’adulte ? Comment s’identifier
à un instrument plus grand que vous, que votre propre corps ? Il faut
apprendre au regard à suppléer l’oreille : l’image musicale parle aux yeux
d’abord. Le sentiment du silence – expression du sacré musical – ouvre la voie
au plus noble des sons. L’attente crée le désir. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais à ce stade, pas de son produit extérieur
à soi : et pas encore de crainte, d’intimidation. L’enfant est libre de se
consumer à d’autres jeux : imiter, faire croire, imaginer, c’est encore et
toujours s’amuser. Le monde est aussi un code à déchiffrer, une partition à
enchanter. A ce jeu des intelligences, aucun illettré à redouter à l’horizon du
futur adulte.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Tambourins, claves, cordes, vents,
caisses-violons et archets-bâtons se dessinent, se découpent, se décorent, se
colorent, s’approprient. Se manipulent sur le mode ludique de la récréation
musicale. Se muant ex abrupto en drôles d’outils pour orchestre rythmique ou
groupe choral discipliné. Au plus grand plaisir du public des bambins réceptifs
aux mille subterfuges du jeu.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Aux délices de l’exploration enjouée, ni
réussite ni échec, mais une participation qui vaut récompense. Fierté,
confiance en soi : l’art naît là d’une majorité à l’intention d’une
majorité. Foin de l’élite ! Haussons les exigences. Petits chansonnards ou
vrais classiques, on ose fréquenter les compositeurs qui nous parlent.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et un beau jour, passé à l’âge du concert – le
vrai – l’enfant de sept ans lance goguenard : mais c’est idiot de jouer
avec des instruments qui ne produisent pas de son ! La suite, logique, va
lui souffler ce qu’est une ronde, une noire, une croche… et d’où vient la magie
du son que l’on construit patiemment. Ensemble. La récréation se fait lentement
création, la ludophonie harmonie. La musique pour tous est en marche. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’orchestre de papier ouvre ses clés de
lecture uniques. Pour tutoyer le meilleur du monde sensible.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong></strong></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong></strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3CkF_WLf98hh9rAXcA8jf5lu-RchsaSSOA6A7jA9ycj3Ndycv7SfFucFMMuzkiH1ONXYeBgC3z5kQO8AMArumyaGi5tP5LoBYDG5CKjPyhAivX2zMQIeHotcnb7xqIk-McZD4ciJTDug/s1600/P1020311+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3CkF_WLf98hh9rAXcA8jf5lu-RchsaSSOA6A7jA9ycj3Ndycv7SfFucFMMuzkiH1ONXYeBgC3z5kQO8AMArumyaGi5tP5LoBYDG5CKjPyhAivX2zMQIeHotcnb7xqIk-McZD4ciJTDug/s320/P1020311+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
</span><br />
<h2 class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<em> BURLESQUE</em></h2>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"> </span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"> </span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">Un petit homme s’agite dans la fureur des villes
naissantes. Temps suspendu au passage pour piétons. Un groupe de quidams
attroupés en bloc compact fait face à la rue. Métaphore de la rivalité des
coureurs alignés sur une ligne de départ sans cesse réinventée, repoussée. La
vie, course à l’infini sans réel pourquoi.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le petit homme n’attend pas le signal qui
autorise et libère. Il a sa propre ligne d’horizon. Son temps intérieur n’est
pas le même que celui, officiel, fixé par les contraintes urbaines. Le voilà
parti, bille en tête et nez dans les étoiles, pour une expédition hasardeuse de
l’autre côté de la rue. De l’autre côté du monde. D’un coup de sifflet, l’agent
posté aux feux le rappelle à l’ordre, à la loi, au retour repentant dans le
groupe toujours à l’affût. Volte-face du vagabond qui doit affronter un soudain
démarrage du groupe obéissant au signal. Celui-ci l’avale tout cru, l’emballe,
le phagocyte dans une chorégraphie brouillonne dont les mouvements de foule ont
le secret. Mais le miracle opère : l’homme réussit à regagner en solitaire
le bord premier, tandis que les autres sont déjà passés. Retour aux origines
permises. Le voilà seul, prêt à affronter un second round de passage.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Face à lui, de l’autre côté, un nouvel essaim
de piétons qui s’élance au signal, dans l’autre sens… et l’absorbe malgré lui
en plein milieu de la rue. Emporté à reculons par la foule, sans espoir de
retour. Et le petit homme se retrouve… à son point de départ initial ! Le
gag a fait long feu. Mais ne clôt pas pour autant l’infernale orchestration des
hantises urbaines. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quel instrument d’observation ou de mesure
saurait rendre compte des itinéraires fous tracés au cœur de nos villes ?
Allure, détours, retours, contournements, hésitations, ruptures, arrêts,
ajournements, oublis… Nos corps urbanisés épousent à leur insu des topographies
complexes, fruits de la rencontre des contraintes objectives avec leurs propres
intentions. Le résultat tient de la nécessité teintée d’une dose variable de
hasard. Obscurs effets des lois de la cité.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Une caméra miniature embarquée rendrait un
compte impartial de ces virées délirantes qui nous voient imiter au quotidien
la course aveugle des fourmis. On y assisterait sans doute à la dévoration
muette, obstinée, de l’espace avalé en un rien de temps, au rythme du pas
nerveux, machinal, qu’habitent nos projets, nos routines. Qu’en resterait-il de
mémorable, de remarquable ? Peu, sans doute. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il faudrait y mêler le regard lent, appliqué, fureteur,
du romancier ou du cinéaste, pour y repérer anecdotes savoureuses, faits
loufoques, actes manqués, menues aventures aux allures familières ou insolites.
Tant la distance d’un regard neutre, apte à s’enchanter, est sans doute seule
capable de surplomber l’enchaînement incertain de nos menues taquineries
citadines. Et d’en esquisser les contours parfois burlesques.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span><span style="font-family: "garamond";"><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Plongés, souvent sans le savoir, au cœur de
l’absurde, nous sommes tous le petit homme du carrefour.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoXln7F6FbS2OJmTDTpPqgQbx6nqtcwAXi_UHNRYPf4739_nblo3xA9eVOLNzCnUQmodhRzytCDY5OLMbTusPgF5GIB-sIwlQNvK6KfNrAqk5kbmoa7dM9tYV-0o22_rvQ1ADHJNkFd8w/s1600/P1020294+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoXln7F6FbS2OJmTDTpPqgQbx6nqtcwAXi_UHNRYPf4739_nblo3xA9eVOLNzCnUQmodhRzytCDY5OLMbTusPgF5GIB-sIwlQNvK6KfNrAqk5kbmoa7dM9tYV-0o22_rvQ1ADHJNkFd8w/s320/P1020294+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
</div>
</span><br />
<h2 class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
</h2>
<h2 style="text-align: left;">
</h2>
<h2 class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
<em>MINIATURES</em></h2>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"> </span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"> </span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Soldats, canons, place forte. Tout semble vrai
sur ce champ de bataille pourtant improvisé. Mais qui joue vraiment à la
guerre ? Ces figurines anonymes grisées qui gisent, comme déjà mortes,
figées dans leur matériau plombé aux reflets sombres, incertains ? Elles
appellent les doigts d’un enfant qui joue. Capturent déjà son regard enfiévré
d’images. Dans un espace sans repère net, dont seuls les personnages minuscules
donnent l’échelle supposée : une mise en scène à grand spectacle mimée sur
le premier coin de table venu. A la frontière du réel et du fantasme,
l’ambiguïté fleurit, nourrit l’évocation, redonne corps à la matière du
souvenir. Que de pouvoirs accordés à de simples soldats de plomb !<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Des scènes d’enfance sans cesse revues et
corrigées activent ce curieux livre d’Histoire. Sur la page vierge du jour,
chacun peut mettre en scène son histoire, celle qui l’habite. Comme il
l’entend. Cartes, citations, récits de bravoure et figurines héroïques s’agitent
dans un travail de trompe l’œil qui crée l’illusion de la chair vivante sur un
terrain aux topographies rendues crédibles. Les discours réalistes du petit
joueur brassent carton-pâte et leurres plastiques dans un simulacre où s’allume
un florilège de représentations vraisemblables. Auxquelles son esprit fantasque
se plaît à adhérer.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>En arrière-fond du réel se glissent peu à peu
des lambeaux d’apparences propres à célébrer le mythe, du moins le temps du
divertissement. Une joie ludique enlumine le visage au gré des comme si, des on
dirait, qui épousent la fable. Sous nos yeux de témoins attendris, le véridique
dévore allègrement le réel, le vraisemblable ouvre des ivresses à n’en plus
finir. Funèbre, le mortel s’est mis en état d’affabulation, comme l’animal
s’endort en état d’hibernation. Paisiblement, sans en avoir l’air.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au théâtre de l’intime, le trop plein narratif
sait nourrir les imaginaires, malaxant gaiement le matériau toujours mouvant de
nos visions intérieures. Une fois le réel escamoté, son reflet demeure. Sa
trace forme une frontière qui s’assouplit au gré des mille travaux de la
mémoire, prête à reconstruire, enjoliver, romancer. Mannequins, poupées,
automates et santons divers fascinent les univers enfantins à la manière dont
les personnages de romans sauront coloniser les esprits adultes. Dont le cinéma
détournera l’angoisse du spectateur vers les mystères du hors champ. Dont le
théâtre figurera pour nous la variété des caractères humains. Dont la poésie
nous confiera le secret de la musique des mots.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Lieu d’une confusion gourmande, le
travestissement ludique appelle la parodie. Et s’il nous venait brusquement
l’envie de faire hennir le chien ? Ou aboyer le cheval ? Nul doute
que dans l’instant tous les chiens henniraient, les chevaux aboieraient !
Jeu de retournement des miroirs. De la récréation à la fiction parodique, il
n’y a qu’un pas. Les masques troublent nos réalités ordinaires, démultiplient
une originalité qui jouit de se décliner à l’infini. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A l’image d’un jeu labyrinthique où l’on se
plairait à se perdre.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDfhTYu2y1xhHGQzMBzHobULg-nCJ3uZgR_b605x2RaHFGIMOnBmJkGyrbInNxAOZH0HUngyGEqK0qtMUV1FoWj8XlOxao6htd5foo3_4eoRKSr38d-uacLsMgsZElkoFWN6kmFxO9fTY/s1600/P1020310+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDfhTYu2y1xhHGQzMBzHobULg-nCJ3uZgR_b605x2RaHFGIMOnBmJkGyrbInNxAOZH0HUngyGEqK0qtMUV1FoWj8XlOxao6htd5foo3_4eoRKSr38d-uacLsMgsZElkoFWN6kmFxO9fTY/s320/P1020310+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
</div>
</span><br />
<h2 class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
<em></em> </h2>
<h2 class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
<em>PETITES MANIERES</em></h2>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><o:p></o:p></span></span> </span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><o:p></o:p></span></span> </span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span></span><o:p><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span></span></o:p><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond";"></span> </span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> Soldats, canons, place forte. Tout semble vrai
sur ce champ de bataille pourtant improvisé. Mais qui joue vraiment à la
guerre ? Ces figurines anonymes grisées qui gisent, comme déjà mortes,
figées dans leur matériau plombé aux reflets sombres, incertains ? Elles
appellent les doigts d’un enfant qui joue. Capturent déjà son regard enfiévré
d’images. Dans un espace sans repère net, dont seuls les personnages minuscules
donnent l’échelle supposée : une mise en scène à grand spectacle mimée sur
le premier coin de table venu. A la frontière du réel et du fantasme,
l’ambiguïté fleurit, nourrit l’évocation, redonne corps à la matière du
souvenir. Que de pouvoirs accordés à de simples soldats de plomb !<o:p></o:p></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Des scènes d’enfance sans cesse revues et
corrigées activent ce curieux livre d’Histoire. Sur la page vierge du jour,
chacun peut mettre en scène son histoire, celle qui l’habite. Comme il
l’entend. Cartes, citations, récits de bravoure et figurines héroïques s’agitent
dans un travail de trompe l’œil qui crée l’illusion de la chair vivante sur un
terrain aux topographies rendues crédibles. Les discours réalistes du petit
joueur brassent carton-pâte et leurres plastiques dans un simulacre où s’allume
un florilège de représentations vraisemblables. Auxquelles son esprit fantasque
se plaît à adhérer.<o:p></o:p></span></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>En arrière-fond du réel se glissent peu à peu
des lambeaux d’apparences propres à célébrer le mythe, du moins le temps du
divertissement. Une joie ludique enlumine le visage au gré des comme si, des on
dirait, qui épousent la fable. Sous nos yeux de témoins attendris, le véridique
dévore allègrement le réel, le vraisemblable ouvre des ivresses à n’en plus
finir. Funèbre, le mortel s’est mis en état d’affabulation, comme l’animal
s’endort en état d’hibernation. Paisiblement, sans en avoir l’air.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au théâtre de l’intime, le trop plein narratif
sait nourrir les imaginaires, malaxant gaiement le matériau toujours mouvant de
nos visions intérieures. Une fois le réel escamoté, son reflet demeure. Sa
trace forme une frontière qui s’assouplit au gré des mille travaux de la
mémoire, prête à reconstruire, enjoliver, romancer. Mannequins, poupées,
automates et santons divers fascinent les univers enfantins à la manière dont
les personnages de romans sauront coloniser les esprits adultes. Dont le cinéma
détournera l’angoisse du spectateur vers les mystères du hors champ. Dont le
théâtre figurera pour nous la variété des caractères humains. Dont la poésie
nous confiera le secret de la musique des mots.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Lieu d’une confusion gourmande, le
travestissement ludique appelle la parodie. Et s’il nous venait brusquement
l’envie de faire hennir le chien ? Ou aboyer le cheval ? Nul doute
que dans l’instant tous les chiens henniraient, les chevaux aboieraient !
Jeu de retournement des miroirs. De la récréation à la fiction parodique, il
n’y a qu’un pas. Les masques troublent nos réalités ordinaires, démultiplient
une originalité qui jouit de se décliner à l’infini. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A l’image d’un jeu labyrinthique où l’on se
plairait à se perdre.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; text-indent: 8.5pt;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjf8iulF2DvkfP8JnXa0K27FJ9EkL0zQnbLIv2biu6sbQtklYNVWZj23xDWaf9FdzHUpQ7p1JQe8Jf_b9qPDfe3_27LsAoobkiqPaanTRLcYtvc4PMbYp6dFsmzH1LafB2XsOn7lX8kAqc/s1600/P1020313+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjf8iulF2DvkfP8JnXa0K27FJ9EkL0zQnbLIv2biu6sbQtklYNVWZj23xDWaf9FdzHUpQ7p1JQe8Jf_b9qPDfe3_27LsAoobkiqPaanTRLcYtvc4PMbYp6dFsmzH1LafB2XsOn7lX8kAqc/s320/P1020313+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><o:p></o:p></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><o:p></o:p></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><o:p></o:p></span></span> </div>
</span></span></span><br />
<h2 class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><o:p></o:p></span> </h2>
<h2 class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<o:p> <em>ABSURDE</em></o:p></h2>
<h2 class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><o:p><em></em></o:p></span> </h2>
<h2 class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><o:p><em></em></o:p></span> </h2>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<span style="font-family: "garamond";"></span><o:p><span style="font-family: "garamond";"></span></o:p><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Trente vies sauvées sur nos routes cet été,
titrent fièrement les manchettes des journaux. Trente morts de moins ?
Trente vies en plus ? Qui sont ces trente existences préservées ? Les
heureux élus qui n’ont pas eu d’accident ? A-t-on réalisé un reportage
pour les connaître, voir leurs photos ? On aimerait toucher les heureux
visages de ces trente vies sauvées. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quand on sauve une vie, on veut connaître son
histoire, c’est naturel. Mais ces trente vies sauvées n’existent pas ! Ce
sont des fantômes, de purs produits du langage. Un simple jeu d’expression a
fait passer des morts en moins pour des vivants en plus. C’est façon de parler,
comme on dit. Par quelle vertu quasi-miraculeuse aurait-on le pouvoir de
ressusciter des vies ?... L’absurde se cache derrière les mots et prend un
malin plaisir à nous balader comme de grands benêts prêts à tout gober.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et l’on pourrait s’amuser à poursuivre ces
curieux effets de logique langagière. Si 40% des accidents sont dûs à l’alcool,
est-ce à dire que les 60% restants sont provoqués par la consommation
d’eau ? Que penser lorsqu’un mort et plusieurs rebelles sont blessés en
marge de violents affrontements ? Ou que la faim est au menu d’un sommet
des Nations Unies ? L’absurde se niche dans toutes les failles ménagées au
cœur du langage ! Pesons nos mots, camarades beaux parleurs ! <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et tournons sept fois notre langue… avant de
retrouver – peut-être – un vrai sens aux paroles. Et même, ne conviendrait-il
de s’imposer carrément une cure de silence ? Comme deux personnes se
livrant aux joies de la communication en ascenseur… Souvent, l’exercice dure
trop longtemps. Le gênant, l’embarrassant s’installent. L’un regarde par terre,
l’autre les étages qui défilent. Un troisième cherche fébrilement ses clés ou
tapote son téléphone. On attend. Pudiquement.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Toute une série d’artifices permettent aux
gens de ne pas communiquer. Au moins autant que ceux qui leur permettent
d’énoncer des bêtises. Un ascenseur invisible n’en finit pas de parcourir et de
mesurer l’espace entre le bas et le haut de la langue. L’absurde adore jouer
sur la gamme infiniment extensible entre vide et trop plein.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’ascenseur de la communication est donc en
panne. Jusqu’au moment où survient réellement l’incident technique. Panne,
obscurité brusque, irruption d’un quidam surgi d’on ne sait où… A cet instant,
la glace se brise, l’éclaircie jette une lueur nouvelle sur les visages. La
tension se dissipe soudain. Quelques mots échangés peuvent suffire. Hésitants,
prononcés à mi-voix, mais justes, vrais. Sans risquer l’anecdote, cette
fois : on a failli perdre un fil vital. <o:p></o:p></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quand deux personnes pourraient avoir quelque
chose à se dire, elles sont obligées de se taire… Est-ce absurde ? Nos
deux passagers se sont trouvés contraints au mutisme pour n’avoir rien à se
raconter. Mais le langage renaissant de ce silence entre eux y trouve du coup
une force neuve. Comme une source oubliée qui rejaillirait après avoir été
galvaudée dans un trop plein navrant. Parler simplement sans jamais simplifier
outre mesure : n’y aurait-il pas là parade à l’extravagant toujours aux
aguets ?</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEik9upsnv4ECiibX4c2XT9QFDichJeVYyVlTr_EUus_3vIl8CTDu-d1oOpMZDlEPyWKetabN2tQKp0uV7RZkpcEH9Lr4-lrRrDTZjoCWCVInYdlodE5AbBpA8LUWbpOEW1vP6iN7RUEZek/s1600/P1020337+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEik9upsnv4ECiibX4c2XT9QFDichJeVYyVlTr_EUus_3vIl8CTDu-d1oOpMZDlEPyWKetabN2tQKp0uV7RZkpcEH9Lr4-lrRrDTZjoCWCVInYdlodE5AbBpA8LUWbpOEW1vP6iN7RUEZek/s320/P1020337+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
</span><br />
<h2 style="text-align: left;">
<br />
<br /><br />
<br />
<em>OBSESSION</em><br />
<br />
<br />
</h2>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"> C’est plus fort que lui. Comme une deuxième
peau. Il collecte comme on respire, naturellement. Et passionnément. Tous les
sens aux aguets, il hume les traces alentour : un seul objet lui manque,
son monde est dépeuplé. Un exemplaire a échappé à sa toute-puissance et c’est
lui qui doit s’avouer en souffrance. L’échantillon de moins, c’est l’absence de
trop. Le triste constat de la série incomplète l’installe au creux d’une
sensation de vide. Un appel d’air se crée. La mobilisation est déclarée.<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le collectionneur amasse, compte, décompte,
recompte, fait et refait ses comptes. Car rien ne doit être oublié dans cet
appel captatif, angoissé. Mais justement, quelque chose – numéro, exemplaire,
échantillon… babiole – a dû échapper à son attention, la prendre en défaut. Cet
instant d’absence toujours présente le hante, désoblige en lui l’homme des
totalités exemplaires, le fondu des séries complètes. Son esprit tangue à
l’idée qu’il lui faille bientôt tout mettre en œuvre pour retrouver la brebis
égarée. Même si la quête fiévreuse du numéro manquant, en l’occupant
pleinement, va lui faire oublier, un temps du moins, son angoisse. Il le sait.
Même si la valeur, à ses yeux, de l’objet de son désir tend à se diluer dans le
fil même de la quête incertaine qui mène à lui. La médication est tapie dans le
symptôme.<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Opiniâtre, l’homme s’apprête à remuer ciel et
terre pour palper enfin l’instrument de sa tension. Rien ni personne ne saurait
le détourner de sa ferveur, raisonner l’anxiété qui lui vrille le coeur.
Angoisse déjà ancienne, issue des paradis de l’enfance. Lorsque, solitaire, il
se lançait éperdument, avec la fraîcheur et la naïveté propres à son jeune âge,
à l’affût de séries, de menus objets en rangées, de bagatelles alignées.
Satisfaction monomaniaque à réunir ensemble des articles de même nature, des
éléments d’une même famille. Le même répertorié à l’infini, rassurance
apaisante du collectionneur obstiné. Sensation de (re)tenir le monde. Ad
nauseam.<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bouchons en liège, timbres poste, soldats de
plomb, vignettes publicitaires, tout était bon à sa folie collectrice.
Transformée en caverne d’Ali Baba, sa chambre prenait des allures de musée
intime dont il interdisait systématiquement l’entrée à tout intrus non initié.
Là était né et s’était développé subrepticement son rapport passionnel aux
objets. Une sidération ludique l’avait lentement gagné, envahi, et bientôt
submergé. A l’image de l’artiste peintre hanté par une fresque chargée de
combler sa vie. Ou du détective menant une enquête dont il sait par avance
qu’elle n’aboutira jamais.<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’adulte qu’il était devenu allait-il
s’accommoder longtemps d’une passion dévorante qui confinait au tic ?
Curieusement, c’est par le biais d’une collection que put se faire la
résolution, l’allègement, le deuil. Le mal fournit parfois le remède, comme le
vaccin protège du virus. La fréquentation assidue des bibliothèques le mena
vers l’apaisement progressif de son obsession. L’acte de se retrouver
régulièrement plongé dans une forêt de livres lui fit porter son attention sur
leur contenu plus que sur leur nombre. Un livre était simplement fait pour être
ouvert, pas seulement pour être regardé, sagement rangé dans ses rayonnages et
démultiplié à l’infini. Une découverte qui valait son pesant de collections en
tous genres.<o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le collectionneur fou se mua en lecteur
assidu. Le décrypteur du fond et du sens se glissait enfin dans la peau de
l’obstiné du pareil au même. Le nom mieux que le nombre. La fin d’un combat
avec un trop plein aux accents de vide. <o:p></o:p></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
<span style="font-family: "garamond"; font-size: 12pt;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">Et la
conscience enfin claire des illusions de la représentation du monde</span></span></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<h2>
<br />
</h2>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-size: large;"></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"></span></span></span> </span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-size: large;">
</span></span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"></span></span></span> </span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-size: large;">
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"></span></span></span> <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQiQgmZQdijYjyZK3LSxLiD6NZRypGVHPrV9DGhF5Vk-_WbbOsfn8ATYa3B4F8EdMgK9a_q0ZYNyEDBGfoW8PDFW4gYcT126Z9QvqoKlSWfnEowFlG-eUTuW2hXOiHMeKjjVPwDiBmt1A/s1600/P1020332+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQiQgmZQdijYjyZK3LSxLiD6NZRypGVHPrV9DGhF5Vk-_WbbOsfn8ATYa3B4F8EdMgK9a_q0ZYNyEDBGfoW8PDFW4gYcT126Z9QvqoKlSWfnEowFlG-eUTuW2hXOiHMeKjjVPwDiBmt1A/s320/P1020332+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<em><strong></strong></em> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<em><strong>TROT</strong></em></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><em></em></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">La vision n’a ni début ni fin. Elle est pleine et
consistante, persistante, comme depuis toujours déjà là. Et trouve un reflet
juste dans la placidité propre à la gent équestre. Une cavalière chevauche sa
monture, du même pas tranquille, régulier. Hors de la durée. De ce rythme
inusable que savent mimer les balanciers millimétrés. Ou la danse, circulaire
et sans fin, des Derviches tourneurs.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><span style="font-size: small;">Cheval et cavalière accordent leur mouvement
dans une forme d’équilibre qui saisit et apaise à la fois. Assiette et trot.
Stabilité et mouvance homogènes, uniformes. Les quatre points cardinaux
s’impliquent, s’agencent, s’imbriquent. D’arrière en avant, de gauche à droite.
Et symétriquement. Métronomie tirée au cordeau, mais exécutée en souplesse. En
phase, dans une ambiance de ritournelle qui apaise, rassure. Le trot, musique
des corps accordés.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><span style="font-size: small;">Chacun – cavalière, monture, témoin – apprécie
une sûreté qui jubile en silence, se reconquiert dans le creux invisible,
transparent, de l’instant. Le duo va, tranquille. Il transpire l’élasticité,
pénétrant des territoires sereins où chaque initié cherche à faire vivre
d’anciens rites habités des mêmes codes. Comme on entretient la flamme
rassurante. Chimère adorable d’un monde qui s’accepte comme reflet d’une très
antique tradition. Flegme animal et noblesse d’une chevalerie altière surgie
des profondeurs de l’Histoire.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><span style="font-size: small;">L’avenir est beau, vu depuis le passé. Il est
tout entier ce reflet que projette notre présent dans un espace vide. On n’est
jamais le premier à penser ce qu’on pense. Et l’idée d’un monde qui va son
train est vieille comme … le monde. Tranquillité des évidences. Allure trottée
de la raison.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><span style="font-size: small;">L’allure équestre, question de rythme.
Symétrique, le trot saute à deux temps égaux, par bipèdes diagonaux. Chaque
temps est séparé par une période de projection. On trotte comme on pense, par
sautes régulières d’un objet à l’autre, par liens successifs, au rythme d’une
raison raisonnante.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><span style="font-size: small;">Toute époque se précède elle-même. De loin.
Nous marchons dans nos propres traces, humant nos propres odeurs. Quelqu’un est
déjà passé par là, familière impression de déjà vu. On se croise fortuitement,
quand on ne se cherche pas. L’issue de l’Histoire se trame dans le tissu de
notre esprit en marche. Hasard et nécessité.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><span style="font-size: small;">Que sais-je ? Pas grand-chose, sinon que
ça pense en moi. Trottons, rythme en tête, habités du pur sentiment d’exister.
Conscients que les élégances de la forme nous allègent parfois des épaisseurs
du fond. Comme le nageur sait se laisse glisser entre deux eaux, au sein de
l’onde fluide. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><span style="font-size: small;">Entre conscience pleine, éveillée, d’un
rythme, et automatismes acquis au gré des apprentissages, se glisse le fantasme
de l’insouciance animale. Détachement apparent d’une existence indolente qui ne
demande rien, anticipe peu, ne projette rien. Image parfaite de la nonchalance
qui s’active.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><span style="font-size: small;">Sur ordre, la belle et puissante mécanique met
en branle une masse de centaines de kilos de muscles. Chaque articulation
étonne par sa capacité à amortir ce poids en mouvement. Les jarrets dégagent
une énergie qui se communique aux épaules avant de gagner le reste du corps.
Tout à son attention de ne pas casser le rythme impeccable, la cavalière semble
ne jamais devoir s’arrêter.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif; font-size: small;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><span style="font-size: small;">Image du trot, métaphore de la pensée qui
court, inspirée, sur la page de nos chevauchées à venir.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong>A SUIVRE...</strong></div>
<br />
<br />
</span>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
</span><span style="font-family: "garamond";"><o:p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
</o:p></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><o:p></o:p></span></span> </span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
</span><div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "times new roman";">
</span></span></div>
<span style="font-family: "garamond";">
<div style="text-align: left;">
</div>
<span style="font-size: large;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"><o:p></o:p></span></span></span> </div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></span><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><o:p></o:p></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
</span><span style="font-family: "garamond";"><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<h2 class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><o:p><em></em></o:p></span> </h2>
<h2 class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><o:p><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-size: small;"><span style="mso-spacerun: yes;"><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="mso-spacerun: yes;">.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<span style="font-family: "garamond";"><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<span style="mso-spacerun: yes;"><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "times new roman";"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
<span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span></o:p></span></h2>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><o:p><em></em></o:p></span> </div>
<h2 class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><o:p><em></em></o:p></span><span style="font-family: "garamond";"><o:p><span style="font-family: "times new roman";"></span></o:p></span> </h2>
<h2 class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><o:p><em></em></o:p></span> </h2>
<h2 class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><o:p><em></em></o:p></span> </h2>
<h2 class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><o:p><span style="font-family: "times new roman"; font-size: small;">
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></span></span> </div>
</o:p><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
</span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
</div>
</h2>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"></span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><o:p><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></o:p></span> </span></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";">
</span></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><o:p><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"></span></o:p></span> </span></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";">
</span></span></span><div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "verdana" , sans-serif;">
</span></span></span></span></div>
<span style="font-family: "verdana" , sans-serif;"><span style="font-family: "garamond";"><span style="font-family: "garamond";">
</span></span></span><span style="font-family: "garamond";"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
.</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong><o:p></o:p></strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong><o:p></o:p></strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<strong><span style="font-family: "garamond"; font-size: 12pt;"></span></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong><o:p></o:p></strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify; text-indent: 8.5pt;">
<span style="font-family: "garamond";"><strong> <o:p></o:p></strong></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "times new roman";">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
</span><br /></div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-8052422600374885012015-09-20T07:20:00.001-07:002015-09-20T07:20:50.655-07:00Les Assis (Arthur Rimbaud) - Léo Ferré<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="344" src="https://www.youtube.com/embed/hwLJQUUM6_A" width="459"></iframe><br /><div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-42750583311296983452015-09-15T09:48:00.001-07:002015-09-16T09:54:26.641-07:00Paolo Fresu - Passalento<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="344" src="https://www.youtube.com/embed/H75yUpi5wfw?list=RDCzO_x43xX20" width="459"></iframe><br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<strong><span style="font-size: large;">LE CARNAVAL DES MIMES (2)</span></strong><br />
<br />
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><br />
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
</span></span></span></span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;">Juste un frisson. Celui qui vous parcourt l’échine lorsque
la sensation vous saisit soudain : une présence derrière la porte. Comme
le sursaut d’une conscience qui vous soufflerait à l’oreille l’apparition d’une
doublure fraternelle. Une rassurante copie de soi-même.<o:p></o:p></span></span></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’imitation
s’est longtemps voulue la reproduction fidèle du monde sensible et la finalité
essentielle de l’art. Il ne s’agissait au fond que de copier d’aussi près que
possible les apparences du monde visible. Intangible cliché ?<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></span><span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><br />
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Deux
légendes antiques incarnent ce concept d’imitation né au cœur de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mimesis</i> grecque. Pline l’Ancien narre le
récit du peintre Zeuxis<i style="mso-bidi-font-style: normal;">, </i>capable de
figurer des raisins avec tant de ressemblance que des oiseaux se mirent à les
becqueter. Quant à Ovide, il raconte dans ses <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Métamorphoses</i> comment le sculpteur Pygmalion, voué au célibat,
tomba amoureux de la statue d’ivoire née de ses mains, qu’il nomma <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Galatée</i>, et qu’une déesse rendit vivante
selon ses vœux.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Plus avant,
au théâtre de sa <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Recherche</i>, le jeune
Marcel Proust mime ses adieux aux aubépines de Combray comme il le ferait à des
jeunes filles en fleurs. De tout temps, sur les planches, la mélopée exprimée
par une voix d’acteur déclarant et soupirant nous fait mimer intérieurement la
modulation musicale d’un violoncelle : tension des muscles du diaphragme
et comme l’écho d’une voix intérieure apte à faire vibrer en nous la corde de
l’émotion. N’en va-t-il pas de même pour toute musique qui nous est
chère ?<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>De nos
jours, saisie du réel et travail mimétique s’imbriquent avec un tel souci de
réalisme que les images virtuelles qui en résultent se donnent à voir comme
similaires à celles qui nous sont familières. Or leur <i style="mso-bidi-font-style: normal;"> réalité</i> n’est bien souvent que le produit de notre
désir. Au point que nous prenons pour vérité toute trace apparente du réel qui
se donne. La réalité a rejoint la fiction. Ou l’inverse, comment savoir ?<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Alors,
objets et clones d’objets : du pareil au même ? La simulation est
venue se loger au cœur du contemporain. L’imaginaire, filtre posé sur le réel,
a laissé place à la réalité comme source de fiction souvent plus forte que le
réel lui-même. Jamais notre faculté de nous prendre au jeu du même et de
l’identique n’a été autant stimulée. Jusqu’aux conflits modernes, enracinés
dans des fureurs mimétiques où battent leur plein surenchères idéologiques et
religieuses. Les martyrs en tout genre étalent un zèle suspect quant à leur
objectif : rejoindre au plus tôt les prairies d’un Eternel hypothétique.
Que n’y vont-ils seuls et sans fracas ? <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Plus mesuré,
le poète propose un temps de réflexion préalable avant de passer à
l’acte : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mourir pour des idées,</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’accord, mais de mort lente…</i> Pourtant,
modèles, séries, prototypes se pressent à l’appel, envahissent nos espaces
communs – nos lieux communs ? – au point de coloniser les esprits. La fabrique
mimétique tourne à plein régime, démultipliant l’ivresse des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ego</i> dans une obscénité irrépressible.
Jusqu’aux clichés langagiers les plus éculés : ne lance-t-on pas à tout-va,
dans l’espace social, des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« bonne
journée »</i>… même en fin d’après-midi ? Langage avalé par une
mécanique du vide, de l’insignifiant. Absurde collectivement consenti.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Nous voilà
campés dans la position de touristes volages devant l’univers simple et
ordinaire des choses humaines. Il faut que la réalité ne nous oppose aucune résistance !
Quitte à outrepasser le fictif. Drôle de temps que celui qui se laisse porter
par l’illusion d’une humanité en voie de duplication à l’infini. Dans l’ombre
portée de nos silhouettes s’agitent de curieux doubles dansant une sarabande
qui nous échappe. Nous voici mimant des rôles muets dont le sens demeure
étranger à nos raisons en exil. L’ombre obsédante, le double maléfique se sont
emparés de nos familiers séjours. A force de vouloir apprivoiser notre part
obscure, celle-ci a subverti nos forces vives, phagocytant à notre insu notre
vision du monde et jusqu’à nos désirs les plus profonds. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au carnaval
des mimes, la réalité a détrôné la fiction.<i style="mso-bidi-font-style: normal;">
</i><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br /><em>
</em><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span> </span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;"><br />
<br />
</span><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWGsvgr_6bbet_n6CuKJsmiJ0L2BRAw5pmydpHgmMLteOmSbjUwuTzwN_i423nQcNjdp5rULVOabAbeEEN02Erz5MOntJxNkeMEM6X598mwhKVv-4CowFGrp9GsJ-vAqDJOKXhyphenhypheni4FI08/s1600/P1020210+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="179" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWGsvgr_6bbet_n6CuKJsmiJ0L2BRAw5pmydpHgmMLteOmSbjUwuTzwN_i423nQcNjdp5rULVOabAbeEEN02Erz5MOntJxNkeMEM6X598mwhKVv-4CowFGrp9GsJ-vAqDJOKXhyphenhypheni4FI08/s320/P1020210+%255B1600x1200%255D.JPG" width="320" /></a></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial;"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial;"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial;"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial;"><strong><span style="font-size: large;">PAS PERDUS</span></strong></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial;"><strong><span style="font-size: large;"></span></strong></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><span style="font-family: Arial;">L’homme investit de sa chorégraphie étrange le grand
hall de la gare. Le corps s’agite, soubresaute, avec la puissance et la
constance d’un ventilateur ronflant dans une immense pièce vide. Ses lèvres
bougent, exécutent un discours muet, tout en intériorité. Don Quichotte
moderne, il semble braver les éternels moulins d’une invisible utopie. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Drôle de
scénario qui se joue là devant nous, sous le faîte lumineux du dôme de verre.
Voici une géométrie dans l’espace au cœur de laquelle l’homme – faut-il dire
l’acteur qui s’ignore ? – paraît entretenir un dialogue complice avec
lui-même. Un monologue nourri par sa propre mémoire. On sent comme une voix du
passé sourdre de l’intérieur de ce corps battant.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quel
invisible public l’homme prend-il à témoin au fil générique d’un récit qui
s’ancre dans ses propres origines ? Son mime vibrant invoque on ne sait
quelle divinité du théâtre des Anciens, nous entraîne sur les traces d’un
Socrate arpentant les rues de la Cité au côté de ses disciples. Tel un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">daemon</i> s’abandonnant à ses <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>impulsions, il est ce génial passeur initiant
un dialogue sans âge de professeur à élève. Avec la pointe d’ironie propre au
maître à qui on ne la fait plus, le voici qui met au jour les vertus
souterraines de l’accouchement de soi par soi. Sans écrire un seul mot.
Surgissement de l’espace intérieur, comme une renaissance.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La
charismatique silhouette bat l’air de ses bras faméliques. Ses lèvres palabrent
au rythme de ses gestes, tout à leur effort de retenir les mots comme des bêtes
indociles. Peut-être sait-il trop que tout vocable est appelé à mourir aussi,
qu’il peut surgir un temps où celui-ci vient s’échouer sur les plages désertées
de la langue. Comme une énorme baleine morte d’on ne sait quel manque de
souffle. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais il a décidé
de faire vivre la parole par le mouvement, d’articuler en gestes la curieuse
mimétique de son discours intérieur. A l’image de la langue signée par les
sourds-muets. Cet acteur de l’étrange semble avoir fait sien l’adage selon
lequel l’acte d’apprendre cousine avec la diction, la gestuelle propres au
théâtre. Animer les corps comme faire sonner les mots : deux versants
d’une même réalité qui perce sous l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">imago</i>,
forme adulte, accomplie, qui vient d’abandonner sa mue. A la manière dont la
nymphe éphémère vire lentement au papillon inattendu, insolite. A fleur de
peau, à fleur de mue.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Métamorphose. L’élève ancien appelle l’acteur nouveau. Qui tire sa
substance de l’antique peau. Ensemble, il leur est donné de ranimer le souffle
du sens, d’y adhérer pour de nouvelles aventures. L’osmose introuvable
redevient possible le temps d’un curieux ballet dans l’espace. Derrière la
gestuelle mutique, incantatoire, s’esquisse l’ombre d’un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">cyborg</i> de science-fiction redevenant humain. Le temps d’en appeler
aux émotions propres à son histoire singulière. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’ivresse
d’un dialogue intérieur s’incarne dans ce désir toujours intact de mimer le
monde. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNxpEGseXtwlxs6ZjdqN9nNcQlxI4F5kYKzJjYSiB8rk8YV8lmuWGCkwVZbZDr1oTOLlfLCtddo6CtPBJcS5C_5ZOGnOyVuIJQ-dxkxsOy4RW4q0oKnWd3kQAUf0MtYUruqk7Sy3ogBhM/s1600/P1020313+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNxpEGseXtwlxs6ZjdqN9nNcQlxI4F5kYKzJjYSiB8rk8YV8lmuWGCkwVZbZDr1oTOLlfLCtddo6CtPBJcS5C_5ZOGnOyVuIJQ-dxkxsOy4RW4q0oKnWd3kQAUf0MtYUruqk7Sy3ogBhM/s320/P1020313+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;">ENTOMOLOGIE </span></strong></div>
<br />
<span style="font-family: Times New Roman;"></span><br />
<span style="font-family: Times New Roman;"></span><br />
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><span style="font-family: Arial;">Accroupi
sur la moquette de sa chambre, l’enfant gracile et laborieux s’active parmi ses
instruments d’apprenti sorcier. Coton, éther, filets, pièges divers. Et puis
des boîtes et des boîtes encore. Petites, moyennes, grandes, en plastique
transparent ou vieux carton récupéré. Un assortiment savant d’aiguilles fines
pour clouer les insectes capturés. Pour les présenter, les faire beaux. Les
apprêter aux fins d’exposition. Les assujettir à son désir. L’enfant
s’abandonne tout entier au plaisir primitif du regard qui possède. Voir, c’est
déjà tenir. Et posséder le monde.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le petit
collectionneur découpe, fiche, colle, attribue des étiquettes. Il déploie les
ailes, étale les pattes délicates, transperce les thorax, fixe les corps sans
vie, avant de leur choisir un nom unique, précis, singulier. Vocable à l’énonciation
magique, issu d’un très ancien <i style="mso-bidi-font-style: normal;">logos</i>
légué par d’humaines lignées dont il se veut le descendant, l’héritier déjà
méritant. A l’image de ses glorieux aînés, le petit d’homme s’érige en maître
de la Nature. L’enfant ressent et savoure ce vertige si particulier d’être
investi du droit tout neuf de poser des noms qu’il veut savants sur les choses
et les êtres. Ivresse d’un pouvoir naissant.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Sans la
nommer vraiment, l’entomologiste en herbe éprouve une satisfaction toute
primaire à ranger, classer, étiqueter ses <i style="mso-bidi-font-style: normal;">petites bêtes</i>, comme il les appelle. Sensation de prendre
possession de la vie, de déployer sur les choses un pouvoir de voyant. Du haut
de ses neuf ans, il est déjà l’homme lige d’une nature qu’il soudoie, sur
laquelle il se donne le droit de vie et de mort. Sorcier minuscule, il tient au
creux de ses mains les mystères de son petit monde. Dans l’antre du savant en
herbe, le petit magicien se rêve en seigneur.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les boîtes
s’entassent, se superposent, envahissent l’espace de cette caverne d’Ali Baba,
musée naturel en miniature. Mais l’espace se resserre soudain à l’échelle d’une
plus grande boîte encore. L’enfant vient de saisir – pur hasard – une drôle
d’image se reflétant sur une surface plastique : l’apparition fugace,
subreptice, de l’immeuble d’en face, qu’il saisit pour une fois dans sa
totalité. Grande boîte verticale se dressant face à la sienne, qu’il ne peut
voir entièrement, mais dont il devine maintenant la silhouette imposante.
Immense boîte où s’emboîtent des centaines de plus petites, abritant des
centaines de petites vies dans de petites cages, de petits êtres comme lui,
humains ceux-là. Toutes petites vies dérisoires à l’image de la sienne sans
doute.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Panique du
jeune prédateur soudain devenu grande proie. Insecte humain tout aussi affairé
que les sujets qu’il traite. Moment cruel où la vérité s’inverse, désignant
d’un coup la relativité du monde. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au hasard
d’un regard furtif, le jaillissement du sens.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span> </div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiieOFtT9pZxNQkoiOJFBIOceLsXGUezBovWYapXwaPYz60EGLWC9_32j0ghzUH9LRscv7UTUMBTvz8QnIx6yGQrbu8s2XRyzWpF6K_PbZt_gZDfMcs9wnB82-KY-g4rfgNbQDu3l7A18U/s1600/P1020337+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiieOFtT9pZxNQkoiOJFBIOceLsXGUezBovWYapXwaPYz60EGLWC9_32j0ghzUH9LRscv7UTUMBTvz8QnIx6yGQrbu8s2XRyzWpF6K_PbZt_gZDfMcs9wnB82-KY-g4rfgNbQDu3l7A18U/s320/P1020337+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></span></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;"><br />
</span></div>
<span style="font-family: Times New Roman; font-size: large;"><span style="font-family: Arial;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong>CONTAGION</strong></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman; font-size: small;"><br />
</span><br />
<span style="font-family: Times New Roman; font-size: small;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial;">Epi dèmos</span></i><span style="font-family: Arial;">. Elle court elle court la rumeur. A l’allure d’un
virus qui se propage aux entours du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">dèmos</i>
de nos cités, de nos ruralités. Elle gagne par imitation, contamine par
contagion, dévore par duplication, absorbe par osmose. D’un corps à l’autre,
d’une tête à la prochaine, d’une émotion suscitée à une sensation reçue. D’un
ordre juste à un désordre moral. Primitive, la peur s’installe, la fascination
colonise, l’imaginaire grave une danse macabre sur les écrans de la conscience.
Sur fond de vengeance probable, anonyme, et de mort programmée.<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><o:p></o:p></i></span><br />
<br />
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman; font-size: small;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>D’antiques
récits émergent, nous replongeant dans notre condition oubliée d’animaux
humains en proie à de très anciennes sidérations. La figure épidémique modèle
scènes de panique et dissolution des identités. Le doute gagne les organismes
individuels, attaque le corps social patiemment édifié. La catharsis épidémique
nous plonge dans le magma singulier de nos émotions originelles.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman; font-size: small;">
<br />
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman; font-size: small;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La peur nous
cloue le bec, scelle nos lèvres dans un rictus muet. On déserte le langage
ordinaire, de crainte qu’il ne nous trahisse à son tour. Les mots sont pipés,
comme le virus reste innommé. A défaut de l’Eden perdu, nous aspirons encore à
un vague retour au calme. Chimère sécuritaire.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman; font-size: small;">
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Traversé par
un mal sourd, ce monde-ci prend la marque infâmante du scepticisme à l’œuvre.
L’épidémie fait de nous des citoyens sans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ethos</i>.
Aliénés, impuissants, tributaires d’une foule anonyme dissoute dans un bouillon
de culture pathogène.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mimant les
germes malins, passions et idées prolifèrent, se répandent en échanges,
transmissions, interactions. Un flux d’informations alarmantes, souvent
contradictoires, électrise nos synapses à la vitesse de l’éclair. Des capteurs
mouchetant les cerveaux permettraient d’exhaler la petite musique ronronnante
de la rumeur colonisant nos pensées les plus intimes. Ca pense comme ça coule,
en fluide.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’épidémie
du bouche à oreille accouche d’une infernale psychose. La<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>rumeur en écho transforme le n’importe quoi –
un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">fiasco</i>, objet minimum, ordinaire,
commun – en une histoire unique, singulière, qui mérite d’être racontée.
L’idée, le récit, se dupliquent en écho, se répliquent à l’infini. Le fait brut
est lancé comme un pavé dans la mare publique. Tel un virus, il s’accroche et
court d’organisme colonisé en volonté annihilée. Le mécanisme s’active en
contagion. Mots et objets se contaminent pareillement.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ainsi copié,
dupliqué, le virus nous mène droit à l’accoutumance, à l’addiction. Tic choppé.
Image en direct – tournoyante jusqu’à l’obsession – du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">geek</i> multiplicateur accouchant d’une vidéo en boucle sur la Toile.
L’habitude de la réception s’installe, rend disponible, et cette disposition
toute neuve nous fait plus réceptifs encore. Processus exponentiel de l’avancée
en réseaux.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dormez
braves gens ! Le conte populaire apaise en nous l’enfant, redisant à
satiété son apaisant récit. Le thème musical rythme nos obsessions sonorisées.
La parole politique endort jusqu’à nos instincts de survie. La contagion des
imaginaires est en route. Toujours en avance d’une épidémie. Répétitive, notre
mémoire s’embourbe dans un terreau propice aux idéologies rampantes. Nos
identités se diluent dans un murmure lancinant. Le phénomène épidémique impose
un présent totalitaire à nos raisons figées.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La pandémie
souffle désormais l’affreux vent de mort du fanatisme.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsx129jPygh5rs-ZNoXSB8AfHED6YvWiYyT87BNcA061TtpoAfoJjS279e5D2suBWI5gdzVL2lbJJTgltvKQCTx-7dzKMWjAIwwG2zomw4hEPDrRSuaXrDuY1k5noaWszg_bop3ic1YNQ/s1600/P1020295+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsx129jPygh5rs-ZNoXSB8AfHED6YvWiYyT87BNcA061TtpoAfoJjS279e5D2suBWI5gdzVL2lbJJTgltvKQCTx-7dzKMWjAIwwG2zomw4hEPDrRSuaXrDuY1k5noaWszg_bop3ic1YNQ/s320/P1020295+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span><o:p></o:p></span><br />
</div>
<br />
<strong><span style="font-size: large;"> VOISINS</span></strong><br />
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong><br /><span style="font-family: Arial;"> C’est la fête des voisins. Vieux rêve déguisé ou
cauchemar récurrent que cette obligation annuelle de camaraderie urbaine,
civile ? Forcément civile. Il est loisible de saisir cet instant unique
d’un glissement : celui où l’injonction sympathique s’érige en gentillesse
organisée. L’espace de quelques heures y suffira. Durée bénie, temps suspendu
où la mitoyenneté se mue en citoyenneté. <o:p></o:p></span>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voisins, il
vous arrivait d’être le problème ? Vous êtes désormais la solution. Voilà
que l’on vous fête. Illustre anonyme, chacun de vous devient soudain aussi
célébré que le Soldat Inconnu. Riche idée que celle où l’on vous intronise,
sans coup férir, au rang de « prochain » à chérir plus que tout au
monde. Surtout ne pas se rebeller. On serait bien capable de nous inventer la
fête du reproche.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voisinage.
Proximité de hasard ou de nécessité, par présence objective plus que par goût
réel. Habiter est affaire mentale, histoire de représentation. Etranger à son
voisin, on n’en reste pas moins exposé à son regard. Vigilant ou neutre,
délateur ou indifférent, absent ou attentif voisin, quintessence du voisinage.
Sous votre œil scrutateur, présumé envieux, nous vous haïssons tendrement,
petits <i style="mso-bidi-font-style: normal;">big brothers</i> omniprésents. Solidaires
par obligation, nous formons avec vous la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">grande marmelade des hommes</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">dans
la ville</i>, chère au poète.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Irions-nous
jusqu’à nous grimer sournoisement pour adopter votre aspect, vos
attitudes ? Raser les murs, être <i style="mso-bidi-font-style: normal;">tout
comme</i>, comble du mimétisme <i style="mso-bidi-font-style: normal;">avoisinant</i>.
Après tout, nous infiltrer, nous glisser dans l’identité d’un autre proche
permettrait de nous délester un temps de la nôtre, un tantinet routinière
avouons-le. Test édifiant de mutualité positive. Belle preuve d’abandon au
monde tel qu’il va. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voisinage,
pâte molle, indistincte, à pétrir au gré de nos errances du moment. Vous êtes,
voisins, le miroir de nos enthousiasmes comme de nos inconséquences. Vous
figurez l’enjeu d’une vertu réputée enfin accessible, le prix de l’excellence
ouvert à tous : tendre au rang de citoyen responsable. L’avoisiner à tout
le moins.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Cher voisin,
tu demeures pour nous le chaînon rassurant, toujours en attente de
vérification, de nos attraits collectifs. Qu’advienne la preuve de méfiance de
trop et nous nous replions sur nous comme des escargots. Que tu nous attires à
nouveau dans les rets communicatifs d’une ferveur de bon aloi, et nous voilà
aspirés dans l’amour inconditionnel de ce prochain soudain si proche. D’une
empathie qui cerne, ou concerne ?<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comment
demeurer fidèle au cœur d’une émotion <i style="mso-bidi-font-style: normal;">avoisinante</i>,
constant dans sa culture de l’entourage ? Il y faudrait une quotidienne
fête des voisins. Nul doute qu’une enquête de voisinage rondement menée
lèverait nos derniers soupçons, nous redonnant définitivement le sens originel
d’une sympathie légitime, d’une coopération fraternelle. De celles que l’on n’a
pas envie de resquiller.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pour nos
chers voisins, ces autres nous-mêmes, c’est tous les jours la fête !<o:p></o:p></span></div>
</span><br /></div>
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjReI9VQmauo_9LykfxzSUoLSoHnlOOLhJogpx1L0Bcs2x3u3CvfhEasLM7Kcz00K4OOJT2SNUvpg-REY_r5YIHH1ykQAYeCN_udOYh1KtmiYoOa0J_8egh6WMIbMQq2Habiy7mbMdQg-8/s1600/P1020337+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjReI9VQmauo_9LykfxzSUoLSoHnlOOLhJogpx1L0Bcs2x3u3CvfhEasLM7Kcz00K4OOJT2SNUvpg-REY_r5YIHH1ykQAYeCN_udOYh1KtmiYoOa0J_8egh6WMIbMQq2Habiy7mbMdQg-8/s320/P1020337+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;">SOUFFLEUR</span></strong></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><span style="font-size: large;"></span></strong> </div>
<span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-family: Arial;"></span></span><br />
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;">Retour à la soupe primitive. La boule rouge ondoie,
hésitant entre fusion et calcination, fragment arraché à une très lointaine
coulée de lave. L’homme la tient au bout de sa canne comme aux rets de son
regard fasciné. Son visage perle de la sueur qui accouche. Du matériau brut
jaillit l’œuvre en état d’éruption. Passage secret de l’état de nature à celui
de culture. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ce que
dompte ce moderne Vulcain, c’est un lambeau de pierre de lune. Un peu du noyau
des origines abandonné par le créateur au centre de la planète bleue. Vomissure
d’étoile, déjection de volcan, le cœur en fusion trahit sa présence enfouie au
plus profond, entre pelure et centre nucléaire.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Par quelle
magie la boule de pierre et feu mêlés est-elle en passe de se transmuer en
verre cassant et transparent comme la glace ? Le souffleur en tait le
jaloux secret. Il n’écoute que son poignet élastique tournant et retournant la
canne creuse animée d’un souffle redevenu divin. Mimétique, son geste figure
celui du musicien explorant les trésors infinis de la gamme. La main s’attarde,
rêve à la pointe de son instrument. Comme celle du sculpteur affronte le marbre.
Ou celle du potier modèle patiemment la pâte. Menaçante, la boule gonfle
jusqu’à enfler comme une géante rouge. Retour aux origines.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ardents
comme ceux d’un dompteur, les yeux du vulcain fixent la chose en sa
métamorphose. Ils guettent, gourmands, l’instant précis du gonflement porté à
son acmé, celui où la forme se fait couleur. Oranges subtils, et jaunes d’or
épanouis succèdent insensiblement aux rouges de feu. Chronologie chromatique
aux fins glissandi de tonalités.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ardent
songeur, le maître verrier sait que la difficulté de son métier vient justement
de l’apparente fluidité de sa matière. Faire, façonner, fabriquer, créer. Même
dans l’atmosphère étouffante d’un four à porcelaine où le visiteur oisif peut
croire à l’enfer, l’ouvrier actif n’est plus le serviteur du feu, il est son
maître. Et si c’est une rêverie, elle est active, les armes à la main. Et puis
chaque travail n’a-t-il pas son onirisme propre ? Chaque matière travaillée
n’apporte-t-elle pas les visions intimes qui lui sont propres ? L’artisan
le sait : on ne fait rien de bien à contrecœur, à <i style="mso-bidi-font-style: normal;">contre-rêve</i>. Tout en lui appelle un temps béni où chaque métier
aurait son chantre attitré, son guide onirique, chaque manufacture son bureau
poétique ! Heureuse utopie.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Imperceptiblement, le verre qui tiédit offrira bientôt ses parois translucides
au regard apaisé du verrier appréciant dans ses courbes épurées l’objet de son
ouvrage. Ou – occurrence fâcheuse – si la pâte s’est montrée rebelle à sa
fantaisie, l’artisan déçu la rattrapera en lui accordant la forme la plus
facile à souffler : celle d’une flasque, synonyme d’un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">fiasco </i>qu’il tentera d’oublier.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Epuisé, assouvi,
l’artisan démiurge contemple enfin le fruit de son expir. L’esprit qui anime a
su inspirer son acte créateur. Et rappeler le geste fou de Prométhée
subtilisant le feu aux dieux ébahis pour l’offrir aux hommes. Entre souffle,
ouvrage et songe, le geste a conquis la matière. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et su
atteindre les régions éthérées de l’âme. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Anima
sua</i>.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;"><br />
</span></div>
<span style="font-family: Arial;"><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSUCBP8RbySWkWooj8hLZQQwx7ux3SwMn6VkETjWWRbtZTSfMkMw8fJ4GaSMjjHOYex5s-tpPlhU5Bi0aUdnJQzkydT3q5GgYLgXKhBUHx_vPgq06HsIenTza5iTrJUYmvAFQsbp-6E30/s1600/P1020125+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSUCBP8RbySWkWooj8hLZQQwx7ux3SwMn6VkETjWWRbtZTSfMkMw8fJ4GaSMjjHOYex5s-tpPlhU5Bi0aUdnJQzkydT3q5GgYLgXKhBUHx_vPgq06HsIenTza5iTrJUYmvAFQsbp-6E30/s320/P1020125+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<em><strong>A SUIVRE ...</strong></em></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;"><br />
<br />
</span><o:p></o:p></div>
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;"><br />
<br />
</span></div>
<span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>.</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;"><br />
<br />
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
.</div>
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
</span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
</span></span></span></span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<strong></strong><br />
<br />
<strong></strong><br /></div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-36654724813309889302015-07-03T08:36:00.001-07:002015-07-16T09:45:45.625-07:00Bill Evans Trio - Nardis<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="344" src="https://www.youtube.com/embed/oxzeDpBvxv4" width="459"></iframe><br />
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;">
<span lang="EN-GB" style="mso-ansi-language: EN-GB;"></span> </div>
<br />
<h2 style="text-align: left;">
LE CARNAVAL DES MIMES (1)</h2>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<h2 class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
CLINAMEN<o:p></o:p></h2>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’homme écoute
le silence. Comme il sait voir le vide. Silence et vide, il sait les faire
chanter. Depuis son rivage, il regarde s’agiter le monde. Avec l’art de
demeurer à distance pour regarder et bien voir. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Télé-spectateur</i> à l’antique, son bonheur peut dépendre d’une
simple pluie.<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comme tous
les enfants, le poète est fasciné par les innombrables grains de poussière
s’agitant en tous sens dans un rayon de soleil matinal. Son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">clinamen</i> <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>à lui est l’ancien nom donné au mouvement brownien,
fourmillante turbulence de cellules sous l’œilleton du microscope. Là où
particules et molécules folles font s’agiter son inframonde, invisible au
passant ordinaire. <o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Tout
s’affaire à son rythme propre, rien ne naît de rien. Les atomes s’agencent au
gré de chutes hasardeuses, aléatoires, d’où jaillit la matière. Pluies fertiles
d’éléments natifs. Poussière et lumière mêlées évoquent les rapports entre
humains. Rencontres physiques, mystérieux entrechocs qui figurent aussi le
sentiment amoureux. De la chute de pluies diverses naissent toutes nos vies. <o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Giboulées
rigoureusement verticales, sans variation ? Sans déviation ? Sans
erreur ? Non. Ce sont d’infimes écarts dans la trajectoire de ces chutes
qui créent justement du nouveau. Il arrive que les atomes dévient de leur chute
programmée. Ronds, durs, lisses ou crochus, on les imagine à la ressemblance de
notre monde connu. Derniers – et premiers – degrés de la matière, ils sont
divisibles à l’infini, encore et toujours providentiels. Dans les courses au
destin, leur chant naît du silence. Comme l’animé sourd de l’inanimé. <o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Clinamen</i>, imperceptible variation du
destin qui contrarie le rectiligne ordinaire, attendu, pour nous offrir
l’écart, la dérive originale d’où surgira le surprenant.<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>Le déconcertant, l’étrange. La vie naît de l’agencement fortuit de
l’inanimé. Des blocs de météorites, déchets refroidis d’astres bouillants,
s’agglutinent dans l’espace pour refaire de la vie. Sempiternel mécano de la
matière.<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Entre chaos
et ordre, la pluie d’atomes ouvre les horizons de notre liberté. Elle rend
possible un passage à inventer. Entre désordre de relations multiples et
affolées où chacun cède aux émotions et entretient leur flux électrique. Et désir
de comprendre, d’expliquer, d’imaginer d’autres lieux où vivre l’utopie. <o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Notre monde
bouge, rien ne semble devoir rester immobile. Il est un texte dense que l’œil
parcourt en s’accrochant à des parcelles de sens qui l’interrogent : les
idées sont-elles des corps ? Ne sommes-nous que des agrégats
d’atomes ? Et si la matière est divisible à l’infini, comment atteindre le
principe de toute chose ? <o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Captée dans
l’infiniment petit, l’image d’un synapse serait-elle la photo d’une idée ?
Une manière de porte manteau cérébral ? La matière, substrat de toute
chose, fait pleuvoir ses éléments dans une précipitation constante, patiente,
silencieuse. <o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Macrocosme
et microcosme s’assemblent dans une même image de fourmillement des corps, de
séparations et de rapprochements successifs, incessants. <o:p></o:p></span></div>
<h3 style="text-align: left;">
<span style="font-size: small;">Pas de deux dansé entre hasard et nécessité.
Clinamen, tango céleste</span></h3>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"></span> </div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"></span> </div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiV6epJRCTNHnU0683xwWsDVH8q7pmZrmPYGaEMQWKtVqxvwn3J2hwT1KbKHyIzmJK5QqgTu13cjAMyvENf8zpznzvrRcqLXuGrfNjvCnBWf4_F3jeNPrDMAghdoCvA5wkBK_kfn3DX8tE/s1600/P1020332+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiV6epJRCTNHnU0683xwWsDVH8q7pmZrmPYGaEMQWKtVqxvwn3J2hwT1KbKHyIzmJK5QqgTu13cjAMyvENf8zpznzvrRcqLXuGrfNjvCnBWf4_F3jeNPrDMAghdoCvA5wkBK_kfn3DX8tE/s320/P1020332+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
</div>
<div style="text-align: left;">
</div>
<span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"></span><br />
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 16pt; line-height: 150%;">INTIMUS CIRCUS</span></i></b><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><o:p></o:p></span></i></span></div>
<span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">
</span><div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><span style="font-family: Arial;">Un discret chapiteau rouge posé là comme par magie. Les
gradins surplombent une petite piste ronde enchâssée parmi les spectateurs. La
minuscule arène est cernée de loupiotes aux couleurs de l’étrange. Ce que vous
verrez là aura la tonalité à la fois crue et tamisée des rêves et des
souvenirs. Et le charme entêtant d’un filtre enchanteur. La poésie de cet art,
c’est son imaginaire de baraque de foire.<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Fais
pas ton cirque ! », intime-t-on aux enfants turbulents. Inversons cet
appel au calme pour en faire un désordre joyeux, une pagaille organisée. Un
droit à la mélancolie aussi. On se sent vite pris dans les filets délicats d’un
climat d’étrangeté, inquiétant par moments, surréaliste souvent. Voici les
clowns blancs. Le diable rouge. Les clowns noirs. Et puis toutes les images
fantomatiques et saisissantes du cirque, comme dans un théâtre d’apparitions
auquel il faut s’abandonner sans résistance pour ce qu’il convoque d’émotions
pures, viscérales. Il y aura donc des clowns, des dresseurs de fauves, des
acrobates, des jongleurs. Des pantins, des marionnettes, des automates. Et
leurs diaboliques tireurs de fils, en coulisse.<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et puis de
l’action, du geste – de la geste –, des prouesses. Homme-Hercule et diablotin
ailé s’aimantent, se repoussent. Leurs corps jonglent l’un avec l’autre, comme
le feraient deux pôles irrésistiblement jumeaux. Leurs mimiques épurées
suscitent des ébauches de songes. Force et grâce, ces deux-là font l’essence du
spectacle vivant. Un pantin exécute un numéro de barre fixe, lancé dans l’espace
par une impulsion mécanique, mystérieusement animé par un jongleur qui fait
tourner la barre sur un rythme saccadé. Le pantin sidère en mimant l’acrobate
humain. Ces héros du cirque figurent le pliable et le manipulable à l’infini. Ils
sont les métaphores de l’homme-marionnette, du Polichinelle si cher à la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">comedia del arte</i>. Tradition et modernité
s’explorent dans une passion mutuelle. <o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Un duo de
clowns – des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">augustes</i> – drôles,
menaçants, troublants, mettent en scène le désir de battre, de gifler, de
mordre. De tuer ? Les clowns mêmes seraient-ils devenus méchants ?
Retournement inquiétant des valeurs.<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dans leur
arène de poche circulaire, tous affrontent le vide et la mort. Sans avoir l’air
d’y toucher. La muleta agitée ici et là est le rideau rouge de notre petit
théâtre intime, entre fantasmes entrevus et bravoure folle. <o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le cirque,
seule école de vie où l’athlète et le clown – le muscle et l’émotion – savent
se tenir la main, faire bon ménage. La palme va au marionnettiste qui, dans la
coulisse, manipule tous ces corps qui jubilent. Il est le grand maître de la
pantomime ambiante.<o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Entre
clameur et silence, le cirque fait son théâtre, ou l’inverse. Tous mêlent leurs
histoires et l’insatiable plaisir de jouer les noces irréelles entre forces du
ciel et de la terre. Entre veille et sommeil, rêve d’enfant ou chimère
d’adulte, le cirque c’est celui que l’on se crée. Lorsque les impressions
diurnes s’éclipsent au profit de la fantasmagorie des songes. Rondes d’images
parfois teintées de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">blues</i>. <o:p></o:p></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le carrousel
de nos vagabondages d’enfance.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhe3u-_zR78nUmTqzmlFXdAFysJ_EGUUVrR52Rpah3LdQ_UHVe8_odGYTOY07cKeO4u5qv_UqvHpnhoKgUP-ZyQcMrhqFJr-0Lk4a11AeEfBCVVZ6XxACnWrXLTIp4odNT-8urZhFWVK-c/s1600/P1020209+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="179" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhe3u-_zR78nUmTqzmlFXdAFysJ_EGUUVrR52Rpah3LdQ_UHVe8_odGYTOY07cKeO4u5qv_UqvHpnhoKgUP-ZyQcMrhqFJr-0Lk4a11AeEfBCVVZ6XxACnWrXLTIp4odNT-8urZhFWVK-c/s320/P1020209+%255B1600x1200%255D.JPG" width="320" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>CHEFFERIE <o:p></o:p></span></i></b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><span style="font-family: Arial;">Hymne martial et coups de menton. Le drapeau national
flotte fièrement au vent de l’Histoire. Le bon peuple a besoin de signes pour
sentir battre son cœur, se féliciter d’en être, se rassurer collectivement. Le
patriotisme citoyen s’incarnera toujours dans un personnage à la mesure du
récit national. Et pour reprendre ce flambeau sensible en s’extrayant du lot,
certains savent <i style="mso-bidi-font-style: normal;">surjouer</i> les postures
hautaines, faussement graves et risiblement nobles.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Expert dans
l’art de cultiver son rapport à la verticalité, l’homme providentiel a bonne
presse. En père protecteur, il offre son giron rassurant à tous les grands
enfants que nous sommes restés, en quête d’affection, de reconnaissance,
d’espérance. Le pays est une grande famille à gérer, à sauver, ou à remettre
dans le droit chemin. Et le vrai chef sait se trouver toujours là où il
convient pour imposer sa loi aux fratries belliqueuses.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Autoritaire,
le passé pèse du poids des habitudes, des rites, des institutions mises en
place. Il plane un climat bon enfant lorsque les regards se fixent ensemble – <i style="mso-bidi-font-style: normal;">comme un seul homme</i> – sur la ligne bleue
des Vosges. Mais un simple regard sur l’Histoire vient nous rappeler qu’un
mythe ancien et partagé alimente la fabrique contemporaine, et toujours
d’actualité, de l’homme providentiel. Comme il nous faut le pain et le vin
quotidiens, nous ne pouvons nous passer de nos grands hommes. La verticalité
nous rassure tant elle nous tient confortablement hors du jeu des
responsabilités. Quand la chefferie perdra-t-elle cette aura sacrée qui plombe,
sans qu’il s’en doute vraiment, le citoyen ordinaire ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’émergence
moderne de mouvements sans leaders – les Indignés, les Anonymes – dit notre
aspiration à plus d’horizontalité. Pendant des siècles, on a ressassé aux
masses qu’elles ne sauraient survivre sans chef pour les guider. Avec, en toile
de fond, le péril sourd des infantilisations rampantes. Jusqu’à quand la
virilité à l’ancienne poursuivra-t-elle sa tâche démobilisatrice ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il est
urgent de démythifier tous les sauveurs potentiels, tenants têtus et douteux
d’une épopée permanente. L’autorité pyramidale a vécu. Une nouvelle matrice
esquisse enfin la figure proche du chef d’équipe, animateur à l’esprit
coopératif. Le patron de droit divin, claquemuré dans son bureau, loin de ses
salariés, semble avoir pris du plomb dans l’aile. Chacun avait pris l’habitude
de camper sur des positions stéréotypées : le chef au sommet de la
pyramide, la base plongée dans l’anonymat. Et la conséquence probable du choc
frontal en guise de relation d’autorité.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>L’intelligence sociale, basée sur des comportements plus horizontaux,
ouvre de nouveaux critères du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">travailler
ensemble</i> : rassembler des équipes, déléguer et faire confiance,
communiquer, mobiliser. La légitimité du dirigeant devrait reposer sur la
justice et l’exemplarité. La médiation veut<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>s’instaurer en règle commune, permettant d’alléger les conflits,
remobilisant des troupes apaisées et recentrées sur la tâche. En toile de fond,
l’instauration d’un pragmatisme vivable. A hauteur d’humain. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La
sempiternelle épopée verticale a pris figure de carton pâte.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_hABY5FxXw_qzM3q0uWP-YhiR0OCDN9EHyYQr8YwM1slWaqJfF-uNh8iDu3I7Tx6CX375rTEM06-UaYq2N3NgWd4puleC2iCdZPKgYn6qEcERW2KPESGUnBtdMI9_AduSfzgBKn1zlS0/s1600/P1020311+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_hABY5FxXw_qzM3q0uWP-YhiR0OCDN9EHyYQr8YwM1slWaqJfF-uNh8iDu3I7Tx6CX375rTEM06-UaYq2N3NgWd4puleC2iCdZPKgYn6qEcERW2KPESGUnBtdMI9_AduSfzgBKn1zlS0/s320/P1020311+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: Arial;"><o:p><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 16pt; line-height: 150%;">DEMOCRATIE<o:p></o:p></span></i></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><span style="font-family: Arial;">Déni
et absurdité. Les choses tournent en rond, n’en finissent pas d’alimenter une
ritournelle devenue insensée. Le citoyen démocrate assiste médusé au délitement
du système qui s’affichait pourtant comme celui de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">la vie bonne</i>. Toute une manière de penser, d’organiser le monde se
dilue dans une impasse à laquelle il participe pourtant… sans le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">savoir</i> – ni le vouloir – vraiment. Et
sans adhérer activement au droit de donner son avis. Que reste-t-il du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« parler</i>, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">écouter »</i>, bases du débat, le cœur battant de l’exercice
démocratique ?<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>On laisse
inoccupés de très nombreux logements citadins qui pourraient dépanner des
milliers de sans-logis abandonnés à la rue. Croyant bien faire, les
responsables publics autorisent la création de parcs d’attraction grandioses
qui dévorent des espaces naturels irremplaçables, dédiés au bien commun depuis
des lustres. Logique implacable du « détruire pour créer ». Nos Etats
de droit s’entendent au plus haut niveau pour acheter un droit à polluer devenu
naturel. Nos responsables élus cèdent devant des pouvoirs financiers toujours
plus voraces et directifs. Les affaires privées soudoient les intérêts publics.
Que reste-t-il de nos parcelles de liberté collective, de solidarité active ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La
démocratie meurt à petit feu, faute d’être pratiquée dans le débat citoyen. En
lieu et place, les médias mettent en scène des caricatures de disputes qui
virent à la parodie permanente. Laïcité, vie collective, intérêt général, les
mots se vident de leur sens et de leur vertu, à force d’être répétés sans
effets, sans suites données. On n’y croit plus.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les
« urnes » sont délaissées, accentuant encore l’impression ambiante de
grande fatigue démocratique. Pourquoi confier le pouvoir à des gens qui mentent
par omission pour se faire élire, avant d’oublier ensuite leurs
engagements ? A parole publique dévoyée, désert électoral assuré.
L’exercice de la représentation citoyenne s’épuise. Le dictionnaire lui-même ne
donne-t-il pas un premier sens inquiétant au mot « urne » : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">vase qui sert à renfermer les cendres</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’un mort</i> ? Le présage ne manque
pas d’être troublant.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Une longue
et lente fatigue démocratique nous envahit. Et nous pousse à laisser souffler
un grand air de désenchantement. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>C’est
oublier un peu vite que nous vivons dans les sociétés les plus libres, les plus
tolérantes, les plus riches et les moins inégalitaires que l’histoire a
connues. Comme tout ce qui est bon, la démocratie ne brillerait-elle que par
l’hypothèse de ce que nous serions en son absence ? Ne séduirait-elle
vraiment qu’au moment de son établissement ? Avant que l’on en oublie
aisément les vertus et avantages pour la considérer comme un simple dû ?
Manière simpliste de voir le don : à sens unique.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais la vie
associative est là, toujours aussi riche, multiple. Et avec elle le souci
accordé au plus proche, l’exercice simple et naturel de la compassion, la
dynamique du travail commun, la recherche et l’accomplissement de projets
collectifs. L’attention à chaque membre de l’ensemble porté par tout membre de
l’ensemble. La société demeure alors ce corps composite qui dessine la
silhouette en creux du peuple vivant. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">demos</i> n’est pas mort, il bouge encore.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEid83FE74EU9qAVnOspnjHj2aCsI7BwoOCOcrj9qgjonEkqN6uFGyfDAbTHK9bCd8FKak-erf7HX1wT7FgNKQuZB4VNbNIFt7dVcfvgUkybiesmDs5UQV-KSX6tyXdd-NfxLMtoPIAiNU4/s1600/P1020294+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEid83FE74EU9qAVnOspnjHj2aCsI7BwoOCOcrj9qgjonEkqN6uFGyfDAbTHK9bCd8FKak-erf7HX1wT7FgNKQuZB4VNbNIFt7dVcfvgUkybiesmDs5UQV-KSX6tyXdd-NfxLMtoPIAiNU4/s320/P1020294+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 16pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>ANTIHEROS<o:p></o:p></span></i></b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><span style="font-family: Arial;">Bardé de sa rancœur et de toutes les frustrations
accumulées, le terroriste avance avec l’assurance du droit acquis, conquis,
requis. Derrière lui, l’armée silencieuse de ceux qui le soutiennent, là-bas,
veut-il croire. Devant lui, l’avenir radieux du martyr qui sacrifie sa vie pour
une cause qui le dépasse. Et qu’il n’a surtout pas pris le temps d’examiner
avec sa raison. Quelle raison ? Réfléchit-on lorsqu’on est mû par la haine
aveugle propre à l’exclu ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Car il n’est
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">rien</i>, ne se sent <i style="mso-bidi-font-style: normal;">rien</i>, n’aspire plus à <i style="mso-bidi-font-style: normal;">rien</i>.
Il est – se veut ? se proclame ? – le produit avarié d’une société pour
lui vide de sens. Son déchet avéré, désigné. Plus que du doigt, des yeux. Du
siège-même des émotions. Arpentant la ville de son enfance, Il ne reconnaît
rien ni personne. Personne ne le voit. Il n’en est pas. Il a intériorisé avec
le temps un espace qu’il a transformé en prison intérieure. En ghetto. A force
d’ondes négatives vérifiées, accumulées, il a devant lui les preuves d’une
exclusion qu’il veut injuste, féroce, irrémédiable. Il en a déjà pris acte,
parcourant un à un les affres minables de la petite délinquance. Mais rien ici
pour se faire reconnaître valablement, durablement.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comment
passer du mépris de soi à la haine des autres ? Comment surtout rendre
sacrée cette rage qui l’habite, le hante, l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">excède </i>?
Sinon en donnant à son mal-être un sens qui le dépasse, celui d’une justice
ordonnée d’en haut, par <i style="mso-bidi-font-style: normal;">un</i> Très-Haut.
Même s’il ne le connaît pas. Surtout s’il ne le connaît pas : il se veut
proche, d’emblée, de ce Grand Anonyme qui lui ressemble et dont il se donne le
droit de confisquer le sceau pour ce qui l’arrange. La fureur qui le dévore en
appelle à des nourritures secrètes, occultes, héritées de ses lointaines
origines, étrangères à tous ces impies, ces hérétiques qu’il côtoie chaque
jour. Le voilà prêt à basculer dans une traversée initiatique qui le confirmera
enfin dans l’identité qui lui faisait défaut.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Lui, le bouc
émissaire d’un système qui l’ignore, découvre le pouvoir insensé de retourner
aux autres leur regard négatif, de se voir enfin vainqueur dans leur yeux
apeurés. Mortel effet miroir. C’est la voie de sa revanche. Le triomphe des absents.
Le prix importe peu tant l’enivrement délivre. Puissance du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">faire corps</i> : on lui offre le
statut de héros. Le voici chevalier autoproclamé. Il se sent enfin <i style="mso-bidi-font-style: normal;">quelqu’un</i>.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Tout est bon
pour alimenter cette deuxième naissance à laquelle il ne croyait plus. Le voilà
prêt à tout, au service aveugle de cette sacralité qui l’a vu renaître enfin.
Lui l’ancien banni a trouvé <i style="mso-bidi-font-style: normal;">la cause</i>
qui fera de lui un héros. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le</i> héros
parmi une foule de prétendants avec qui rejouer – à armes égales cette fois –
un nouveau spectacle mimétique. Une grand-messe où la surenchère est la règle,
où la perfection prend des airs de quête infernale. D’un enfer à l’autre,
quelle différence ? Celle de choisir, justement, d’en être ? Celle de
la pureté absolue du soit disant martyre consenti. L’anti-héros est prêt.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il n’a pas
raison ? Peu importe : il a le pouvoir de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">se donner</i> raison. S’inscrivant sur le grand marché de la
martyrologie, sait-il que sa victoire intérieure sera de courte durée ?
Tant l’illusion et la folie sont les moteurs pervers des héros négatifs. Leur
carburant fétide pour embraser les destins, perdus d’avance, de ceux qui,
n’ayant plus rien à perdre, jettent toutes les vies – les leurs comme celles
des autres – aux horties de l’Histoire.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’infernale
mécanique du retour au même et à l’identique a gommé toute altérité<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>et creusé un vide cérébral abyssal. La
radicalité a mystifié l’exigence. Tué l’intelligence. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"> <span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Produit
pervers de l’effet miroir, la haine est fille du désespoir.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"></span></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-J9QhlVHHuiEnNWsX7BMpHqWdRmZ96hZ7UmTXfQpLvMSpsSCLwT0_uohu7eEbYJhySvApseD6-64YPNttZzF9_A-GeFcLzs-5KkB0by0-AOs9VIu5EXrwWfmDbzXYYbf5oO-m8uO0zmg/s1600/P1020310+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-J9QhlVHHuiEnNWsX7BMpHqWdRmZ96hZ7UmTXfQpLvMSpsSCLwT0_uohu7eEbYJhySvApseD6-64YPNttZzF9_A-GeFcLzs-5KkB0by0-AOs9VIu5EXrwWfmDbzXYYbf5oO-m8uO0zmg/s320/P1020310+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 16pt; line-height: 150%;">SOUFFLEUR<o:p></o:p></span></i></b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Retour à la
soupe primitive. La boule rouge ondoie, hésitant entre fusion et calcination,
fragment arraché à une très lointaine coulée de lave. L’homme la tient au bout
de sa canne comme aux rets de son regard fasciné. Son visage perle de la sueur
qui accouche. Du matériau brut jaillit l’œuvre en état d’éruption. Passage
secret de la nature à la culture. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ce que
dompte ce moderne Vulcain, c’est un lambeau de pierre de lune. Un peu du noyau
des origines abandonné par le créateur au centre de la planète bleue. Vomissure
d’étoile, crachure de volcan, le cœur en fusion trahit sa présence enfouie au
plus profond, entre pelure et centre nucléaire.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Par quelle
magie la boule de pierre et feu mêlés est-elle en passe de se transmuer en
verre cassant et transparent comme la glace ? Le souffleur en tait le
jaloux secret. Il n’écoute que son poignet élastique tournant et retournant la
canne creuse animée d’un souffle redevenu divin. Mimétique, son geste figure
celui du musicien explorant les trésors infinis de la gamme. La main rêve à la
pointe de son instrument, comme celle du sculpteur affronte le marbre Ou celle
du potier donne forme à la pâte. Menaçante, la boule gonfle jusqu’à enfler
comme une géante rouge. Retour aux origines du monde.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ardents
comme ceux d’un dompteur, les yeux du vulcain fixent la chose en sa
métamorphose. Ils guettent, gourmands, l’instant précis du gonflement porté à
son acmé, celui où la forme se fait couleur. Oranges subtils, et jaunes d’or
épanouis succèdent insensiblement aux rouges de feu. Chronologie chromatique
aux fins glissandi de tonalités.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ardent
rêveur, le maître verrier sait que la difficulté de son métier vient justement
de l’apparente fluidité de sa matière. Faire, façonner, fabriquer, créer. Même
dans l’atmosphère étouffante d’un four à porcelaine où le visiteur oisif peut
croire à l’enfer, l’ouvrier actif n’est plus le serviteur du feu, il est son
maître. Et si c’est une rêverie, elle est active, les armes à la main. Et puis
chaque travail n’a-t-il pas son onirisme propre ? Chaque matière
travaillée n’apporte-t-elle pas ses songes intimes ? L’artisan le
sait : on ne fait rien de bien à contre-cœur, à <i style="mso-bidi-font-style: normal;">contre-rêve</i>. Ah ! il songe à un temps béni où chaque métier
aurait son rêveur attitré, son guide onirique, où chaque manufacture aurait son
bureau poétique ! <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Imperceptiblement, le verre qui tiédit offrira bientôt ses parois
translucides au regard apaisé du verrier appréciant dans ses courbes épurées
l’objet de son ouvrage. Ou – occurrence fâcheuse – si la pâte s’est montrée
rebelle à sa fantaisie, l’artisan déçu la rattrapera en lui accordant la forme
la plus facile à souffler : celle d’une flasque, synonyme d’un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">fiasco </i>qu’il tentera d’oublier.<o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Epuisé, assouvi, l’artisan démiurge peut contempler
le fruit de son expir. L’esprit qui anime a su inspirer son geste créateur. Entre
souffle, rêve et travail, le geste a conquis la matière. <o:p></o:p></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et su
atteindre les régions éthérées de l’âme. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Anima
sua</i>.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5TU9pok9AUXrVDeyaNZ23MxzN9rKmKQfAb0iU_fRIYUsX1Av38G0EYbHVsPsPHtoWcHMsE3Up1dXmZzMMoHZ8Sea8-WQ1mukQbZHdkK7QriasOpZcKc5ZTiUZJZpFI0RxOKrTqx3Aaf4/s1600/P1020135+%255B1600x1200%255D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5TU9pok9AUXrVDeyaNZ23MxzN9rKmKQfAb0iU_fRIYUsX1Av38G0EYbHVsPsPHtoWcHMsE3Up1dXmZzMMoHZ8Sea8-WQ1mukQbZHdkK7QriasOpZcKc5ZTiUZJZpFI0RxOKrTqx3Aaf4/s320/P1020135+%255B1600x1200%255D.JPG" width="179" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial; font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"></span><o:p></o:p></span> </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
</o:p><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span> </div>
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
</span><br />
<div style="text-align: left;">
</div>
</div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-48188357771641797802015-02-17T08:25:00.001-08:002015-07-17T01:30:46.973-07:00EMOUVANCES (9) Fragments de temps suspendu<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<strong><a href="http://blogoogle.com/ping/" rel="nofollow">LegoBaladin</a></strong><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong></strong> </div>
<br />
<strong><span style="font-size: large;"><em> SIXTINE</em></span></strong><br />
<strong></strong><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><span style="font-family: Arial;">Le doigt de Dieu. On ne voit que lui, plein centre de
l’immense voûte où dansent cent figures sculptées célébrant la fête des corps
dans un paradis perdu des origines. Vaste scène primitive sans haut ni bas,
flottant dans un espace que le peintre a voulu céleste. Le mouvement y
tournoie, le flux y circule, à l’aune d’un vertige créateur dont la divinité
seule sait apprécier le détonant secret.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>D’un geste
nonchalant, Adam étend son bras gauche pour recueillir l’énergie vitale que
Dieu lui transmet de sa main droite. Du divin à l’humain, symétrie savante,
entendue, des mondes prêts à fusionner sans tout à fait se mélanger. Les deux
index se rapprochent sans se toucher. Entre Dieu et sa créature, la poignée de
main est télépathique. Car si Adam est à l’échelle de l’homme, Dieu, lui,
s’élève à l’échelle des astres. Il flotte de toute sa masse au-dessus du monde
interstellaire, enlaçant une jeune fille prépubère préfigurant sans doute la
Vierge. Enveloppé dans une cape ondulante, le corps aérien semble esquisser
dans l’espace une coupe d’encéphale propre à insuffler l’esprit aux malheureux
mortels que nous sommes et demeurons. Tout le plafond de la chapelle tourne
autour de ces deux doigts que sépare un vide infinitésimal et pourtant sidéral.
C’est le moment unique, sublime, qui voit l’œuvre jaillir des mains de son
créateur. Instant magique de tous les possibles dont nous prend l’envie
d’isoler la grâce, pressentant qu’elle ne durera pas.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Déjà,
pressant l’homme, s’annonce la figure séduisante d’Eve, suivie par l’ombre d’un
serpent vigoureux et tentateur. On devine alors - plus que l’on ne la voit
s’accomplir - la laide déchéance d’un couple banni et la cohorte des malheurs
conséquents. Mais pour l’heure, le peintre est tout à sa joie d’animer la
puissance des chairs que décuple à l’infini l’originalité du modèle. Autour de
lui, le génial Adam voit ainsi se décliner sans fin une profusion de nus aux
formes sculpturales : prophètes en méditation, sibylles inspirées, enfants
cariatides, tous exposant leurs corps glorieux dans une vaste fresque qui
célèbre l’ancien récit et annonce le nouveau. L’arbre généalogique du Sauveur
est en place sans toutefois que celui-ci n’apparaisse nulle part. Le message
visuel célèbre l’œuvre totale déclinant peinture, architecture et sculpture.
L’arc de triomphe à ciel ouvert, dédié à l’homme bâtisseur, peuple les arcades
de cette immense galerie à claire-voie, ouvrant un gigantesque continent où
pierre marbre et chair humaine s’entremêlent, tous convoqués par le créateur
pour les besoins d’une fiction conçue <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ex
abrupto</i> à notre intention. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais il
arrive que l’œuvre, échappant en partie à son auteur, infléchisse ses
innocences premières vers des réalités plus prosaïques. Ainsi, la fraîcheur des
origines transmue sa gratuité au gré d’une Histoire qui la dépasse. Sous la grâce
éphémère dormait l’impatience des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ego</i>.
L’homme alangui fait place au potentat investi : laissant se déployer la
continuelle marche en avant du désir, l’état de nature cède sa place à celui de
culture. Le paroxysme de la peur - celle que l’on éprouve comme celle que l’on
crée - s’incarne dans le scénario implacable de duels fratricides. Les hommes
découvrent qu’ils adorent se faire peur. Notre semblable nous devient
intolérable et génère la crise mimétique qui appelle le grand Léviathan :
le pouvoir tombe dans l’escarcelle d’institutions prêtes à le faire fructifier
jusqu’à la confiscation. L’irascible Caïn a tué l’innocent Abel, provoquant la
naissance des nations et de leurs lois. La collusion secrète du sabre et du
goupillon s’organise, inventant des configurations fécondes que l’Histoire
validera cent fois, confisquant à l’art la fraîcheur originelle et magique de
la danse des corps. L’homme vient de perdre son innocence.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>D’impeccables soldatesques en ordre de bataille sont désormais prêtes à
écrire maints récits de prise de pouvoir occultes, éphémères, répétitives. Le
plafond sublime des corps éclatants a accouché, à quelque vingt mètres sous sa
voûte, au ras du plancher des vaches, d’un long cortège de corporéités
spectrales aux chairs enfouies dont seules émergent des têtes livides,
omniscientes, aux visées omnipotentes. Cardinale et somnambulique cohorte des
soldats de Dieu vêtus de chasubles <i style="mso-bidi-font-style: normal;">asexuantes</i>,
aux teintes sanguinaires de l’incarnat, entonnant sur une seule note hypnotique
la litanie mortifère des inusables martyrs de la cause. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Causa nostra</i> porteuse de mort, exaltant le sacrifice sans fin des
chairs flétries. Vingt mètres plus haut, le Dieu planant ne peut que jeter un
regard affligé sur cette absconse réalité humaine, lointainement engendrée,
mesurant combien l’œuvre a définitivement échappé à son créateur. « Je ferai
pleuvoir sur terre quarante jours et quarante nuits », se surprend-il à
proférer en guise de menace. Mais y croit-il encore, témoin atterré de ce long
cortège de vieillards cacochymes qui se balance au rythme d’une lettre morte
qui a su escamoter son Verbe génial ?... Le bienheureux pouvoir divin
accouche en direct d’une chimère cléricale. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comment la
fête des corps <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>a-t-elle pu engendrer
cette légion impuissante, éplorée, de fantômes égrotants, uniques locataires
désormais de la chapelle magique transformée en une immense salle fermée à clé.
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">«</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Con clave »</i>. Conclave. Marmite autoclave plutôt où barbotent
de misérables secrets prestement réduits en cendres dans la fumée grisâtre
d’une ridicule cheminée sans âge. Pacotilles célestes aux relents de bondieuseries
fumeuses. Torves manœuvres sur fond de confidences codées, de lenteurs
millénaires, de scénarios simplissimes où bons et méchants s’étripent avec
jubilation. Clergé médiatique qui ne sait que détester ou adorer et fait
semblant de connaître ce qu’il ne comprend toujours pas. Triste réalité propre
à enfumer la foule hystérique des pèlerins qui <i style="mso-bidi-font-style: normal;">s’engrouillent</i>, béats, aux aguets de la consolante papale prête à
choir du balcon lointain. « Une preuve du pire, c’est la foule »,
nous glisse à bon escient le poète.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quant à
Dieu, à jamais frustré de ses essais créateurs, on peut l’entendre expirer dans
un souffle du tonnerre de Zeus : " Tonnerre, je ne joue plus pour tous
ces pauvres hères. J’ai peur que la fin du monde soit bien triste."</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZx7GrM-dJVOe3j938a01zJG_Ifq7KzCmm-hZEOYx-q5FMsnJmpgtuTgt6mnfa7li8XOFElQtvuJCIkrUaAVlgkCWdSpxb1qoCnnvScjShShTbFsuVmp4UUhyphenhyphen2zBV8X3zoX9QZ-glGU8g/s1600/Paris+mars+2015+098+%5B1600x1200%5D+%5B1600x1200%5D.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZx7GrM-dJVOe3j938a01zJG_Ifq7KzCmm-hZEOYx-q5FMsnJmpgtuTgt6mnfa7li8XOFElQtvuJCIkrUaAVlgkCWdSpxb1qoCnnvScjShShTbFsuVmp4UUhyphenhyphen2zBV8X3zoX9QZ-glGU8g/s1600/Paris+mars+2015+098+%5B1600x1200%5D+%5B1600x1200%5D.JPG" width="320" /></a></div>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"> <span style="font-size: large;"> <strong> </strong></span></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-size: large;"><strong><em> EPHEMERES</em></strong></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><strong></strong></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span><span style="font-family: Arial;"> Le fugace a un faible pour les incartades précaires,
insolites. De celles qui nous laissent interloqués et ravis. On y déniche
pêle-mêle des queues de ficelle, de ces bouts <i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’on-dit / as-tu-vu</i> qui font l’avers plaisant des longs exposés et
des récits patiemment construits. Il arrive que ces frêles libellules - <i style="mso-bidi-font-style: normal;">éphémères</i> - jouent les passeuses entre
des vérités consistantes, des narrations échafaudées, bien charpentées, aptes à
nous rassurer. Pour autant, il nous les faut ces précieuses vétilles,
coutumières de nous peaufiner des pauses salutaires au creux de scénarios trop
bien fagotés, aux issues attendues. Au jeu joyeux des hasards survient parfois
l’aventure qui sait dérider nos pesanteurs ordinaires. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Tout
ronronnait jusqu’alors… quand surgit l’étincelle qui se met à vibrionner devant
nos yeux épatés. Suspension des durées communes, un flottement physique et
mental nous propulse loin du cours attendu des choses. Nous touchions à
l’assoupissement où nous plonge toute histoire qui musarde : combien de
temps durerait la traversée nous embarquant au fil du livre, du tableau, du
film ? Le moment peut venir où, lassé de nous, de notre attention devenue
flottante, le récit se révolte, se révulse et décide de quitter ses codes et
ses repères douillets pour nous affoler et nous surprendre. Et c’est souvent
par pure effraction qu’il ouvre devant nous un espace troué d’interstices, une
fissure, un étonnement, un frisson embryonnaire qui réveille nos impatiences et
ranime une ancienne aspiration à l’étrange.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le cinéaste
lui-même reprend la chose à son compte : il connaît nos limites de
spectateurs et sait jouer avec les codes. Aussi choisit-il le moment propice
pour suspendre le récit en nous prenant par la main, ou par le regard plutôt.
L’œil est soudain saisi par le minuscule, l’inattendu ou le sublime, injectés
sans coup férir dans une durée subliminale de quelques secondes où s’égrènent
pourtant quelques moments précieux de véritable éternité qui feront trace. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ainsi dans
cette ville en état de siège investie et terrorisée par des militaires en armes
à chaque coin de rue, nous assistons à la fuite de civils qui se terrent, se
dissolvent dans chaque trou disponible, talonnés par la peur à chaque plan du
film. Rafales d’armes automatiques, cadavres sur le bitume, contrôles et
arrestations sommaires. Paysage de désolation, le récit court - lui aussi -
dans une épouvante qui dure, nous prend aux tripes, confine au désespoir. Et
c’est au mitan du film, au moment où l’on n’attend plus d’éclaircie, que le
cinéaste choisit de nous délivrer une séquence nocturne, onirique : sur
une avenue glauque, surgi de nulle part, un immense cheval blanc traverse
l’écran - notre écran mental et affectif - de gauche à droite, dans un galop
sonore et superbe, poursuivi de près par une jeep de soldats tirant en l’air
(comme fêtant - eux aussi ! malgré eux - la liberté ?). Un air de
délivrance baigne les esprits durant quelques secondes qui figurent la force
d’un espoir possible, irréel, s’extrayant soudain de deux heures de drame.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ainsi dans
le huis clos d’un appartement citadin abritant la fin de vie d’un vieux couple
solitaire, nous voici plongés dans un climat de mort qui rôde, ne sachant quand
elle adviendra. Le cinéaste nous relève soudain de notre tension attachée à
cette mort programmée, nous emmenant très loin du lieu oppressant - sans le
quitter pour autant - pour une brève et bienvenue bouffée d’oxygène. Cinq plans
muets de quatre secondes chacun nous transportent au cœur de cinq toiles
accrochées aux murs de l’appartement. Toiles quelconques, de paysages anonymes,
mais convoquées là pour dire simplement l’ailleurs de la mort, son avers
tangible dès lors que visible. A la suite desquelles le cinéaste sait que nous
pouvons nous retourner un peu plus légers vers l’issue du récit de la mort qui
rôde.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Légèreté,
fugacité de l’éphémère. Fragilité de l’insecte éponyme dont la durée de vie se
perd dans les eaux stagnantes des marais. Fleur et papillon accompagnent <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>l’idée portée par l’homme antique sur ces
moments de vie qui ne font que s’évanouir. Sans lendemain, puisqu’attaché au
jour même, l’éphémère est ce moment court, passager, provisoire, qui n’excède
pas ce jour, ou cet autre, marqué par son éphéméride particulier. Paradoxe
entre la conscience du temps qu’il requiert pour le nommer et la pensée de son
inconsistance. Tension entre le ponctuel et la durée, le continu et le
discontinu, la présence et l’absence. Convulsion annonciatrice d’une mort
prochaine. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Spleen</i> entre angoisse et
lyrisme. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>S’il revient
aux multiples formes d’art de fixer la richesse complexe qui anime la vie, certaines
semblent cristalliser les paradoxes de l’éphémère. L’espace du poème parvient à
saisir au filet des mots, dans le rythme du souffle, le volatile des émotions
et des pensées, les métamorphoses de l’être. Lutter contre la disparition,
l’oubli de nos impressions les plus fines, telle est la gageure du sculpteur de
mots. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Ce qui</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">plaît au monde est un songe éphémère »</i>,
se lamente Pétrarque. A chacun de défendre la géographie des mots particulière
à son espace personnel, au rapport singulier qu’il entretient avec eux, en lien
étroit avec ses récits de vie. Imaginons nos mots inscrits sur autant de petits
papiers que nous transformons parfois en boulettes serrées à balancer
étourdiment dans le monde… Et si nous les défroissions sans les déchirer, pour
les lisser et leur faire prendre un envol conscient, appliqué, attentif… mémorable ?...
Volonté de retenir le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« presque
rien »</i> et la certitude rassurante du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« ça a été »</i> chère à Roland Barthes. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dans toute
photographie niche un miracle : la rencontre de l’éphémère et d’une forme
d’éternité. Dans la structure microscopique des photons figeant les zones de
l’image, comme dans la structure granulaire du temps physiquement inscrit. A y
regarder de plus près, le temps vécu n’est pas continu, mais fait d’instants
discrets dont chacun compose un chiffre parfait. Pénétrant la structure interne
de chacun de ces petits miracles, nous y verrions autant d’instantanés dont la
force ne dépend que de la qualité du regard que nous savons leur accorder. L’éternité
du transitoire se niche dans la nature du regard porté sur l’instant - anodin,
fugace, en lui-même. Le sensible est une nymphe en perpétuelle métamorphose,
composée de caractères, d’idéogrammes parfaits, aux géométries accomplies. Le
monde est un texte, une rêverie poétique toujours à l’œuvre, invisible dans le
visible. A nous d’en décrypter les transitions magiques. Multiple présence.
Surgissements secrets. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Poéthique</i>.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Mon esprit galope comme un cheval
étonné »</i>, constate le philosophe aux aguets. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Il se balade en liberté sur la toile de mes fictions »</i>,
ajoute en écho le peintre cinéaste. Tous les deux ont raison. L’art sait
inscrire nos imaginaires dans les fugacités durables de l’éphémère. Si durables
qu’il nous est loisible d’en faire l’inventaire, nous en rejouant mentalement
la pertinence apte à nourrir notre mémoire émotive. Fines libellules du
sensibles, ces éphémères témoignent de jeux de bascule dans l’étrange qui
frisent souvent une élégance de l’instant que nous ne soupçonnions guère. Une
manière d’apogée de la métamorphose. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
</div>
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<strong> <em> <span style="font-size: large;">NOMBRE D'OR</span></em></strong></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;">Divine proportion. Rapport magique contenu tout
entier dans la symbolique d’une lettre : la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« phi »</i> grecque, initiale du légendaire Phidias, architecte
du classique Parthénon dont la structure se décline en autant de rectangles
d’or. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Les choses qui</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sont dotées de proportions correctes
réjouissent les sens »</i>, note Thomas d’Aquin. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5rz3VuVytXRsD4EIlyJl5VrJILtw4rDgdcG8s0dZIy00wtpRahWHHkXCSTsOSINjdRvFvUKVFmTf1H-IxhWmlhOKFKrL57KvQprcMorXBer1EW8aCcSIbeRmRABILBXrQ2hTiC2sAHZI/s1600/Paris+mars+2015+018+%5B1600x1200%5D.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5rz3VuVytXRsD4EIlyJl5VrJILtw4rDgdcG8s0dZIy00wtpRahWHHkXCSTsOSINjdRvFvUKVFmTf1H-IxhWmlhOKFKrL57KvQprcMorXBer1EW8aCcSIbeRmRABILBXrQ2hTiC2sAHZI/s1600/Paris+mars+2015+018+%5B1600x1200%5D.JPG" width="179" /></a><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Que peuvent
avoir en commun des phénomènes naturels aussi divers que l’agencement des
graines d’une fleur de tournesol, l’élégante spirale dessinée par la coquille
de certains mollusques, et le profil de la Voix Lactée, la galaxie qui nous
accueille ? Quelle règle géométrique d’une inégalable harmonie se cache
dans l’œuvre de grands artistes et architectes, de Vitruve à Le Corbusier en
passant par le grand Léonard et Salvador Dali ? Aussi incroyable que cela
puisse paraître, la réponse à ces questions est un simple nombre !<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Un nombre
d’une humble apparence, connu depuis l’antiquité, qui apparaît continûment dans
toutes les représentations naturelles et artistiques : le Nombre d’or. Un
nombre à peine supérieur à l’unité, mais composé d’une suite infinie de
décimales. A l’image du fameux <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« pi »</i>
grec, lui aussi, connu de tous les collégiens. Valeur arithmétique dorée :
1,61803… Nombre d’objets de notre quotidien sont façonnés selon cette divine
proportion : livres, cartes de crédit, journaux, téléviseurs, tableaux,
écrans divers… Dorées sont nos fenêtres ouvertes sur le monde.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La première
trace écrite de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">phi</i> remonte à l’an
300 avant JC, dans un ouvrage qui compte parmi les plus célèbres, les plus
imprimés et les plus commentés de l’Histoire : les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Eléments de géométrie</i> d’Euclide. Œuvre maîtresse pour la
compréhension du monde, premier best-seller scientifique, ouvrage fondamental
de notre culture. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Le tout est à la
partie ce que la partie est au tout. »</i> Ainsi, le rapport Longueur / largeur
de nos cartes familières est-il sensiblement toujours le même : 1,61803…
Géométrique à l’origine, le vieux nombre d’or donna naissance à des suites
arithmétiques remarquables mises au jour par le plus grand mathématicien du
Moyen Age : Finobacci, fils d’un marchand italien du XIIe siècle initié
aux mathématiques arabes et au système arabo-hindou. Avant une vulgarisation
européenne qui créa nombre d’objets à la logique rigoureuse : compas d’or,
spirales, pentagones, étoiles, pavages, polyèdres, pyramides, flocons de neige…Tous
phénomènes aux équilibres secrètement codés. Le Nombre d’or au cœur du langage
mathématique de la beauté.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Depuis les
pyramides d’Egypte jusqu’à la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Porte du
Soleil</i>, monument de culture pré-inca, des civilisations éloignées par le
temps et l’espace se rejoignent - sans toujours se concerter - dans leur estime
du nombre d’or. Même l’éminent luthier Stradivarius prit la précaution de
percer les trous de ses violons selon les proportions d’or. Architecture,
astronomie, dessin, peinture… Toutes ces activités humaines font appel à une
même loi.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Qu’en est-il
de la Nature ? Symbole de l’idéal humaniste de la Renaissance, l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Homme de Vitruve</i>, de Léonard de Vinci
met en valeur les proportions idéales du corps humain, inséré dans un carré et
dans un cercle. Le rapport entre le côté du carré et le rayon du cercle est le
nombre d’or. Et même si notre développement physiologique humain est soumis à
un constant changement de proportions, nous conservons notre forme d’origine
selon une figure précise et régulière : la spirale. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les insectes
tracent également une spirale quand ils s’approchent d’un point de lumière. Les
rapaces suivent cette même trajectoire quand ils se lancent en chasse. C’est la
seule qui leur permette de maintenir la tête droite sans jamais lâcher des yeux
leur proie. La vie végétale n’est pas en reste. Etudiant la disposition des
feuilles sur une tige, nous remarquons que celle-ci obéit à des règles
géométriques et numériques : une sorte de « patron », une
organisation, apparaît alors, par groupes de cinq et suivant… des
spirales ! Le chou romanesco déploie ses spirales parfaites vers la droite
et vers la gauche selon les suites du nombre d’or. Quant à la taille d’un
arbre, elle varie tout au long de sa vie, mais son apparence extérieure - les
proportions entre sa taille et la longueur de ses branches - restent identiques.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La spirale
d’or donne forme aux escargots. La structure interne de la coquille du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Nautilus</i> se construit par ajouts
successifs de compartiments chaque fois plus grands, mais qui conservent tous
la même forme. Décidément, le nombre <i style="mso-bidi-font-style: normal;">phi </i>n’a
rien d’une antiquité qui aurait pris la poussière, bien au contraire : il
continue sa vie, plus vigoureux que jamais ! Son territoire de compétence
sur nos univers présente des horizons infinis qui n’en finissent pas d’étonner
le spécialiste comme l’amateur. Selon le mot célèbre de Galilée, l’immense
livre de la nature est écrit en langage mathématique. Qui nous incite à
décrire, comprendre et agir. Triptyque sur lequel s’est construit le progrès du
savoir humain. Et son incroyable harmonie.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<br />
<br />
<strong></strong><br />
<span style="font-size: large;"><strong> <em> MAÏEUTIQUES</em></strong> </span> <br />
<br />
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhN37-Jv3rQgeZXgAeq6DSIlhHVZlh0tLPwcYgW03RrgR4FgFTWKFv7F44XDscAUWGXSS1gdFlRpZXZ1-7w-nqpv8AzNCLFUaWKq1Dp4lNwVOPr2FeUlirOaZIwlSaW_mH_q8IAhp8zcgs/s1600/Paris+mars+2015+109+%5B1600x1200%5D.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhN37-Jv3rQgeZXgAeq6DSIlhHVZlh0tLPwcYgW03RrgR4FgFTWKFv7F44XDscAUWGXSS1gdFlRpZXZ1-7w-nqpv8AzNCLFUaWKq1Dp4lNwVOPr2FeUlirOaZIwlSaW_mH_q8IAhp8zcgs/s1600/Paris+mars+2015+109+%5B1600x1200%5D.JPG" width="213" /></a><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></b><span style="font-family: Arial;">Chair
de nos mères, paroles de nos pères. Quand la parole prendra-t-elle chair si la
chair est impuissante à livrer parole ? Le fleuve du temps voit chaque
père reprendre insensiblement ses gammes sur le père enfoui avant lui… en
prenant soin du père à venir. Chaque génération penche sur la suivante un
regard attendri, au risque de s’y perdre. Père présence, disparition, force.
Père calme, peur, refuge. Père oubli, patronyme, transparence. Tous pères
solidaires. Et si les pères sacrifiaient leurs goûts, leur consistance, et
jusqu’à leurs rêves pour dédouaner d’antiques pères absents, fantômes demeurés
à l’état de trace, d’ébauche, car trop vite disparus, évaporés. Mais quel père
est-il vraiment comptable d’un autre alors que tous le sont par hérédité
ordinaire des âges, sourde voie d’héritage ? Devoir vital d’échapper au
long cortège de la malédiction des pères. Oser sortir de la lignée immémoriale
pour rester au guet d’un chemin singulier et solitaire, à la croisée de tous
ces pères possibles à épuiser… sans en élire aucun.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Père
initiateur, passeur de vie, faiseur de traces en vrac, obstiné bricoleur de
petits riens, entêtant poseur de mots sur tout, inlassable épuiseur des
pourquoi et des comment, manitou pédagogue des fines leçons de choses comme des
grands secrets à partager. Père pélican, touchant cousin de nos frères animaux,
prédateur naturel qui s’ignore, bricoleur d’une oralité ludique et dévoreuse
penchée sur la grande marmite fumante des mets et des objets. Papa poule,
rassurant double se glissant dans l’ombre des mères. Père de passage semant au
hasard des désirs, essaimant ici et là, au fil des rencontres ; mateur
indifférent de moissons vite délaissées. Père à jamais virtuel, vieux garçon
recouvrant de la cendre du temps sa généalogie incertaine. Père chef de clan,
grand sachem, vivante statue sur pied, réceptacle des haines comme des
adorations, Commandeur pathétique et terrible. Père récit fascinant les enfants
de contes répétitifs immémoriaux, dansant la gigue en compagnie de lutins
gouailleurs. Père toujours au charbon épuisant le réel, épuisé du réel, puits à
réel. Père conseil, père phare, père copain proche et complice des quatre cents
coups de l’enfance. Père peur de ce qu’il a mis au monde et qui le dépasse.
Père de la Nation, recours unique, symbole toujours au garde à vous, tapi dans
nos consciences collectives et dans la nuit de l’Histoire. Petit Père des
Peuples, sourire chafouin et calculs débonnaires, décrétant <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">le</b> Bien - le sien - <i style="mso-bidi-font-style: normal;">urbi et orbi</i>. Père curé semeur de
sermons vides ne tombant qu’entre les oreilles de piafs volages. Père la
pudeur, père la vertu, arborant leurs raideurs primaires et surannées. Camaïeu
miroitant de paternités.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voguant sur
les ailes de sa métamorphose, le père nouveau - avatar animal du vin primeur -
ranime la flamme de l’antique père oublié qui brûle en lui. Brûle de bien
faire, jure de ferrailler hors des abdications et compromissions. Combat neuf,
vivace, toujours repris à ses fondements. A perpète. Défi ordinaire où s’abîmer
insensiblement. Jusqu’à en oublier le « hors père », cette parole qui
ranime l’envie, renoue avec d’antiques désirs, les primitifs qui ont modelé
l’âme. Origines profondes contre empreintes obligées. Père trace.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Homme sage.
Père Socrate accoucheur des esprits à défaut d’engendrer les corps. Violence du
questionnement socratique faite au disciple ou à l’élève, à qui l’on propose d’accoucher
de… lui-même. Autonomie construite par le fils qui mène son raisonnement
personnel, édifie sa loi propre. Le savoir est en nous, à portée, et nous ne le
voyons pas ! Pauvres prisonniers d’une caverne obscure, il ne nous est
donné que d’apercevoir les silhouettes dansantes animées par de vilains
faiseurs de prodiges. Nous ne voyons que des ombres, nous n’entendons que des
rumeurs, celles de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doxa</i>, de
l’opinion courante véhiculée par tous. Tandis que la plus intime connaissance,
celle de nous-même, nous échappe… Seul l’électrochoc socratique peut déciller
nos yeux aveuglés, confinés dans la vaine critique des apparences.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le père
Socrate. Homme de tous les paradoxes. Face plate, nez camus, narines
retroussées, œil de bœuf, toujours mal attifé, le philosophe le plus incarné
qui soit<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>fait de sa laideur une preuve
de sa… beauté ! Lui le tenant du canon grec <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Kalokagathia</i> qui fait s’harmoniser beauté et bonté en proportions
égales. Beau mais laid, bizarre mais rationnel, homme poli toujours en retard, tempérament
de buveur jamais ivre, anti-héros qui fuit la gloire publique, maître penseur
qui refuse de donner la leçon à quiconque, rationaliste évoquant une révélation
divine, révolutionnaire et conservateur au point de se plier à des lois
injustes qui le conduisent à la mort. Homme complexe à l’image d’une vérité qui
l’est tout autant lorsqu’il appartient à chacun de se la concocter pour ce qui
le concerne. Pas de prêt à penser ! <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>On n’apprend
pas, on se remémore. Il faut se défaire de ce que l’on croit savoir - l’opinion
- pour désirer connaître - <i style="mso-bidi-font-style: normal;">naître avec</i>.
C’est ce désir-là qui nous rend le savoir intérieur. Apprendre à… désapprendre,
à nous déprendre ! Le dialogue socratique nous conduit à la construction
d’un objet commun repris par chacun à son propre compte. Force de la maïeutique
des âmes.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Philosopher, c’est apprendre à mourir. »
</i>Détacher l’esprit du corps. Penser des réalités qui, elles, ne meurent
jamais. Platon développe l’Apologie de Socrate en lui faisant retourner
l’accusation contre ses juges. Il est cet homme singulier qui accepte de mourir
au nom d’une vérité qu’il porte en lui et qui lui est supérieure : comment
vivre autrement ?<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Accoucher du
savoir, comme de la chair : acte violent, douloureux. Zeus, le dieu des
dieux, en fait l’expérience forte. Saisi de violents maux de têtes, il doit
appeler à l’aide son forgeron de fils, Ephaïstos, pour lui briser le crâne afin
d’en faire sortir sa fille<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Athena</i>, - <i style="mso-bidi-font-style: normal;">née de la tête</i> - pour s’incarner en… déesse de la sagesse.
Naissance cérébrale dont on s’assure de la viabilité en se livrant au rite
antique de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">amphidromie</i> : le
père fait le tour du foyer en brandissant son enfant, lui conférant ainsi sa
légitimité et la reconnaissance sociale aux yeux des siens. Aux affres de
l’accouchement succèdent les moments heureux de l’accueil du nouveau-né. Savoir
et sagesse, en l’occurrence, viennent d’investir le panthéon de la pensée. Pour
une joie similaire aux naissances charnelles : celle qui consacre la force
de l’esprit raisonnant en écho à l’âme résonnante. Puissance du penseur-né prêt
à initier le questionnement porteur de toutes les libertés. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span> <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Qui
suis-je, moi seul, hors père, hors repères, tous horizons ouverts ? A moi
seul de le dire. Alors je parle, parle encore. Histoire d’entendre ma propre
voix résonner en moi. Encore une fois. Jusqu’à plus soif. Jusqu’à chanter. Et
puis je danse sur le deuil apaisé des espoirs évanouis.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRuFso38KycegGv9k5cr796j3A-JHcNybyHORvYbwo2XBwnyEMkp-W5Ub9OG9gUajT-SFWSd_UjFnJRmthi6jtiuMm8biZQvKtzKQkRpbDW85pPJn7QhlrQeyKPU55sN0jZ4ME3Q0UFHk/s1600/Paris+mars+2015+073+%5B1600x1200%5D.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRuFso38KycegGv9k5cr796j3A-JHcNybyHORvYbwo2XBwnyEMkp-W5Ub9OG9gUajT-SFWSd_UjFnJRmthi6jtiuMm8biZQvKtzKQkRpbDW85pPJn7QhlrQeyKPU55sN0jZ4ME3Q0UFHk/s1600/Paris+mars+2015+073+%5B1600x1200%5D.JPG" width="320" /></a></div>
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;"> </span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span> <span style="font-family: Arial; font-size: large;"><o:p><strong><em>LUDOPHONIES</em></strong></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p><strong></strong></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;">Métamorphose des formes. Douce folie de ludions
langagiers. Lassés de désigner au plus près de décevantes ou monotones
réalités, les mots s’envolent, s’égayent soudain comme une volée de moineaux
ivres de jeux dans les fourrés profonds des jardins de la langue. Et nous,
usagers ordinaires ou écrivains familiers, nous amusons de ces caprices
ludiques, heureux d’en recueillir de nouveaux fruits, sous<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>forme d’étranges énigmes à rire ou à
</span></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;">s’émouvoir. Il y a grande jubilation à la langue en fête. Et à la fabrique des
mots.</span></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span>
</span><br />
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;">Traits
d’esprit, allusions, calembours. Equivoques, ambiguïtés. Chaque tournure de jeu
a son originalité propre, ses règles et partis pris. Les enfants nomment
« devinettes » ces énigmes prisées dans les salons d’autrefois.
Paroles obscures, mystérieuses, dont le sens est voilé sous une parabole ou une
métaphore. « Quel animal marche le matin sur quatre pieds, à midi sur
deux, sur trois le soir ?... », demande le sphinx à un Œdipe
circonspect. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le calembour
a mauvaise réputation : il joue du double sens, des homophonies faciles et
parfois d’un mauvais goût souligné par le grand Hugo : n’est-il pas
« la fiente de l’esprit qui vole » ? Allusion aux petites
caboches de piafs. Plus succincts et actuels sont les allographes en SMS :
liberté DCD, doctrinaires AI répondent aux crédits BC, à la charte LUD.
Embusquées non loin de là, les contrepèteries frôlent le risque d’un goût qui
peut s’avérer douteux : « Partir, c’est mourir un peu ». <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La fabrique
des mots tourne à plein régime quand s’éveillent les néologismes. La très
ordinaire « voiture » se découvre des poignées de cousines, déclinées
en argot ancien ou récent : tout à tour <i style="mso-bidi-font-style: normal;">caisse, bagnole, chignole, tire, tacot</i>… L’espiègle Frédéric Dard,
amateur mutin, en fourgue à foison dans ses <i style="mso-bidi-font-style: normal;">San
Antonio </i>: ses héros battent des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ramasse-miettes</i>
pour faire du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">gringue</i>, se sentent <i style="mso-bidi-font-style: normal;">jalminces</i>, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">s’empaffent </i>dans de joyeuses <i style="mso-bidi-font-style: normal;">chicornes</i>,
ouvrent leur <i style="mso-bidi-font-style: normal;">boîte à ragoût</i>, sans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">renauder</i> à la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">tortore</i>. Ces <i style="mso-bidi-font-style: normal;">locdus</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">clapent</i> de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">menteuse</i> en <i style="mso-bidi-font-style: normal;">éclusant</i> un
scotch, avant de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">s’esbigner</i> ou de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mettre les adjas</i>. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quant aux
lapsus, ces bourdes involontaires de nos politiciens - <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« ils m’ont mal</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sous-estimé »</i>,
assure sans rire un illustre président -, ils fleurissent aussi dans la bouche
de nos plus avisés sportifs ; <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« à
l’insu de leur plein gré »</i>, il va de soi. Le langage informatique
réveille nos imaginaires en forgeant les métonymies <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« souris, bureau, fenêtre »</i>. Les écrivains s’amusent à
des coagulations phonétiques : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Doukipudonktan
»</i>, s’insurge la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Zazie</i> de Queneau
prête à découvrir <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Singermindépré »</i>.
D’autres s’abandonnent à d’intuitifs néologismes : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Foluptueuse »</i>, folle de volupté, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Députodrome »</i>, Assemblée Nationale, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Joconder »</i>, sourire d’un air
niais.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">« On n’habite pas un pays, on habite
une langue »</i>, suggère Cioran. Quel rapport de la pensée au
langage ? C’est l’enjeu posé par Rousseau dans son Essai sur l’origine des
langues. On ne peut parler si on ne sait penser, et inversement. Ce que parler
veut dire ?... cela a à voir avec l’origine des facultés humaines requises
pour l’exercice. Il faut bien un surplus d’intention pour que le langage puisse
advenir. Parler, c’est se dire soi-même, parler de son désir, se mettre en
scène à travers les mots. L’enfant n’éprouve-t-il pas un besoin viscéral de
parler dès qu’il s’éprouve comme sujet conscient dans le monde ? Rousseau
distingue le langage signification du langage communication. Et, décortiquant
plus avant le formidable outil, il pointe notre faculté à oublier le
significatif ordinaire pour en isoler une qualité « abstraite ».
Alors que dans un monde sans classification tout serait confus, magmatique,
totalitaire, l’aptitude au langage nous rend capables de mettre de côté, de
séparer, d’ « abstraire » certaines qualités. Un peu comme on
extrairait un fin nectar précis, précieux, d’un chai de cent ans d’âge. Ainsi,
autant le mot « frère » exprime une personne concrète à relation
ciblée, autant l’adjectif « fraternel » renvoie à une idée générale
moins saisissable, plus abstraite et réutilisable dans maints contextes.
Abstraire, c’est aller à l’essentiel du sens, indice certain d’une exigence
intellectuelle. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Le</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mot effectue le meurtre de la chose »</i>,
confirme Lacan. Le langage, outil d’humanité.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span> On va
jusqu’à inventer des langues complètes, réplique du plaisir des babils
enfantins, des jeux avec les sonorités, de ces lallations poussées à partir d’
émissions buccales inouïes. C’est le javanais, amusement de potache, jargon
parlé plus que réel codage. On intercale dans les mots les phonologies
parasitaires <i style="mso-bidi-font-style: normal;">va</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ou av </i>: <i style="mso-bidi-font-style: normal;">bavonjavour </i>pour
bonjour, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">savupavermavarchavé </i>pour
supermarché. Non loin, le verlan, autre argot, inverse les syllabes : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">teubê</i> pour bête, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">vénère</i> pour énervé, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">zyva</i>
pour vas-y. Plus ancienne forme au 17<sup>e</sup> siècle : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">verjus</i> pour jus vert. Plus sérieux,
l’espéranto, seule langue construite devenue vivante avec des locuteurs actifs
répartis dans la plupart des pays du monde… et relancée par Internet. Langue
d’un « pays enchanté », à l’apprentissage facilité par une absence
notable d’exceptions. On peut rêver en parlant neuf.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Slam</i> et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">rap</i> contemporains mènent plus avant encore les tentatives de
libérer l’expression par un verbe haut et fort. Les mots riment et rythment à
tire-larigot, entraînent une musique de la langue qui nous emporte au cœur de
l’émotion, ne nous lâche plus, nous ensorcelle. Réminiscences du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">scat</i> - onomatopées aléatoires de la voix
escamotant le code musical - propre au jazz. L’inspiration déborde, se lâche,
emporte le langage dans un délire inventif sans limite et sans fin. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>On est loin
de la sage « étymologie » - « recherche du vrai », au sens…
étymologique - toujours en quête du sens, au plus près de l’histoire réelle des
mots, de leur pérégrinations obligées d’une mémoire à une autre. La langue ne
se sent bien qu’en état de permanente invention. Dans la suspension inattendue
des envols à la Desnos : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« … le
cœur sur</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">la main et la cervelle dans
la lune »</i>. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<strong><span style="font-size: large;"> <em> ENFANSONGES</em></span></strong></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<strong></strong> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHHz6M_asl38uhdY15IonciOAox6gwFZwClYY7k0isooMB-jlRk5PTobvE7JcHoOQATmQ3rHK-YnZmf0DWLLbRerP-uGvgsNYEbMLLbY0T9hOB1nD-JFVFklGx74Du0VS9V6CrVu01otc/s1600/Paris+mars+2015+096+%5B1600x1200%5D+%5B1600x1200%5D.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHHz6M_asl38uhdY15IonciOAox6gwFZwClYY7k0isooMB-jlRk5PTobvE7JcHoOQATmQ3rHK-YnZmf0DWLLbRerP-uGvgsNYEbMLLbY0T9hOB1nD-JFVFklGx74Du0VS9V6CrVu01otc/s1600/Paris+mars+2015+096+%5B1600x1200%5D+%5B1600x1200%5D.JPG" width="213" /></a><span style="font-family: Arial;">Art du rêve. Rêve d’enfance. Enfance de l’art. Toute
une vie se résume sur la surface d’un seul tableau aux couleurs multiples.
Grand carnaval des animaux figuré par le peintre passionné des origines de la
vie. Entrelacs de scènes anthropomorphiques où hommes et bêtes mêlés emplissent
un univers pictural nourri aux souvenirs enfantins. Visions et fragments de
réalités côtoyées ou entrevues. Echos fertiles et touchants offerts au jeu
candide des associations. Naïveté d’un regard naissant sur la magie possible du
monde. La vie paysanne déploie son réalisme ingénu. L’homme devenu adulte se
plaît à ranimer l’enfant assoupi en lui. Songes éveillés pour enfançons ravis. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Place d’un
village - Vitebsk -<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>comme scène d’un
théâtre familial, rural, jouant les épisodes familiers de la vie quotidienne du
menu peuple. Derrière ces bohèmes modestes, sans le sou, l’enfant qui fut
ranime la tendresse d’un regard qui n’a rien oublié. Marc Chagall - le peintre
candide - aime voir le monde comme les enfants seuls savent le recréer :
merveilleux. A ses yeux, ce sont eux qui ont raison. Leur sens du surnaturel parvient
à dévoiler une magie où les gens marchent sur la tête, volent comme des
oiseaux. Où les vaches s’abritent sous des ombrelles, où les corps flottent
dans les nuages. Où des animaux aimables jouent du violon. Un univers parallèle
que l’imaginaire jubile à renverser cul par-dessus tête, parmi un flot de
couleurs qui éclatent et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pétulent</i>.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et mille
autres trouvailles. Un violoniste rigolo au visage peint en vert joue, sur le
toit de sa maison, une musique au plus près du ciel. Il neige sur le village et
l’église a un curieux petit clocher rond comme un oignon. Un village assez
pauvre, perdu dans la campagne, arbore fièrement ses maisons de bois. Non loin,
une poule géante emmène un rêveur sur son dos. Le peintre a décidé de raconter
son histoire en redonnant vie à ses proches, ses voisins, ses animaux préférés.
Sans oublier ses objets familiers : le petit violon chante toujours la
même chanson. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Un autre
jour, l’enfant-peintre s’en va avec son oncle au fond des campagnes chercher
des bestiaux dans sa carriole cahotante. Alors il peint ces animaux qui lui
sont chers : vaches, ânes, chevaux. Et puis aussi coqs et chats. Il leur
fait la fête en coloris vifs, en bleu, en rouge, en vert. Tant ils font partie
de lui, de son histoire. Tant il les aime. La mémoire de l’enfant jette
pêle-mêle sur les toiles du peintre ses objets familiers préférés. Horloges,
crucifix, chandeliers entreprennent une curieuse farandole. Une horloge est
emportée dans les airs par un poisson ailé qui joue du violon. Tandis que des
silhouettes d’amoureux se nichent dans les buissons. Les doux bonheurs se
lovent à l’abri du fil tourmenté de l’histoire.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et lorsqu’un
cirque s’installe sur la place du village, on tourne, on danse, on se promène
la tête en bas. Acrobates, écuyères, trapézistes s’animent de couleurs
pimpantes. Les têtes se dévissent, se décrochent. Les corps se courbent,
s’arquent en des ondulations improbables mais toujours touchantes, élégantes.
Avant que tous ne remontent sur les toits hospitaliers. Une vache rouge y
nourrit deux verts enfançons, clin d’œil du peintre à l’antique légende romaine
des frères jumeaux Romulus et Remus. Scène paysanne chaleureuse qui sent
l’étable, en contrepoint à l’espace cosmique éthéré. La fermière qui
s’apprêtait à traire la bête en perd… la tête ! La vache nourricière se
fait vache céleste qui engendre l’univers et les astres. Couronnant ses héros
sympathiques, en guise de protection et d’heureux destin, Chagall installe à
leur intention un ballet d’étoiles filantes illuminant la nuit sombre. La
lumière défie l’ombre.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Prophètes et
rois de la Bible viennent se mêler à la fête, escortés par des bambins
séraphiques. Adam et Eve sont de retour dans un paradis envahi de fleurs. Tout
en haut, un ange allume les bougies célébrant la recréation d’un Eden trop tôt
envolé. Réalité et sacré se mettent au service d’une même révélation au cœur de
la grande célébration picturale d’un éternel printemps de la vie. Chagall,
guetteur d’humanité, est l’inventeur de l’un des plus beaux bestiaires qui
puise son énergie dans le bouillonnement, les tensions, les déchirements de
l’inconscient. L’exil, la solitude, la nostalgie s’éclairent de cris, de
stridences colorées. Du sang de l’histoire, il puise sa couleur première. Des
spasmes et agonies terrestres il tire le goût des envols vers les images du
rêve. A la rencontre d’un mythe moderne qu’il crée à hauteur des enfants que
nous sommes tous. A hauteur de sa modestie : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Moi, vous savez, je suis un pauvre homme : je doute. Il n’y
a pas de secret chez moi. J’ai fait mes tableaux, tout est là. Il n’y a rien à
ajouter. »<o:p></o:p></i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et pourtant,
le peintre devenu adulte sait entretenir avec ferveur ce paradis naïf de
l’enfance. Aux épreuves douloureuses de la vie il oppose crânement sa
résistance<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>personnelle et artistique.
Bleu contre jaune, rouge contre vert, le grand gosse aime à se jouer des
couleurs en les opposant entre elles. Maniant les chromatismes du rêve, il
invente pour ses personnages des barbes tour à tour violettes, bleues ou
vertes. Primitif et Fauve à la fois, il s’offre la liberté de mettre de la
couleur où il veut. Un délicieux âne vert ouvre son bestiaire enchanteur où des
animaux ravis assistent à la valse des corps et des têtes. Non décidément, ce
poète n’a pas la tête sur les épaules, apportant crédit au dicton
yiddish : « On dit de quelqu’un que sa tête vole dans le ciel
quand il se laisse emporter par sa fantaisie. » Il aime jouer de la
métaphore et du souvenir palimpseste : la mémoire du<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>village est à Chagall ce que la vache est au
veau : une mère, un lieu d’origine dont on ne se défait jamais tout à
fait. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ivre
d’images, de sensations, d’idées, le peintre plante un couteau au cœur de sa
toile, évoquant la violence de la création et l’irruption de l’imaginaire et
des passions dans l’univers quotidien des objets familiers. L’éternel enfant
rêve ou cauchemarde -c’est selon - entre tradition juive et folklore russe,
contes de Gogol, fables de La Fontaine et épisodes de la Bible. Serait-ce lui,
déguisé en Minotaure songeur vêtu de rouge, enveloppant une jeune femme
recouverte d’un foulard à la mode russe ? Lui encore ce personnage tombant
du haut de la toile et glissant sur la surface enneigée ?... <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La tête à
l’envers, l’homme poète réfléchit hors de soi. A l’image du peintre travaillant
ses scènes dans tous les sens, les accrochant même parfois à l’envers. Happés
par l’apesanteur, nous pénétrons la tête la première dans le chaos primitif du
paradis naïf, coloré, de l’enfance. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Mon
cirque se joue dans le ciel »</i>, nous souffle Chagall.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<strong><span style="font-size: large;"> <em> PALETTE</em></span></strong></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<strong></strong> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxPBhCqWPFPEf-YZ30lmZlN8ECqm_WbR3kiFxXZEYmWjLwaPmcqu9qTwyR8QL0EAx2OWIx3mSonUql_C4LGZgvMQF8m3C73NNHgHTZkh7xdEBQMBbGHDxGLMfK_hQxkBGjWqXpcTCRKyw/s1600/Paris+mars+2015+087+%5B1600x1200%5D.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxPBhCqWPFPEf-YZ30lmZlN8ECqm_WbR3kiFxXZEYmWjLwaPmcqu9qTwyR8QL0EAx2OWIx3mSonUql_C4LGZgvMQF8m3C73NNHgHTZkh7xdEBQMBbGHDxGLMfK_hQxkBGjWqXpcTCRKyw/s1600/Paris+mars+2015+087+%5B1600x1200%5D.JPG" width="213" /></a><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Puissance du
coloriste. Violence des éclats de lumière. Sensations tactiles optiquement
suggérées par les matières. Métal, ciels, soies ou chairs ouvrent autant
d’univers parallèles que nos regards pénètrent sans en croire vraiment leurs
yeux. L’artefact pictural transmue nos réels en autant d’éclats de vie toujours
déjà là où coule la source de nos mondes intérieurs. Devant nous l’incroyable
auquel il nous est soudain donné de croire, le voilé dévoilé, le figé habité,
l’éthéré tangible.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’ampleur de
la palette déploie ses nuances comme l’instrumentiste répète ses gammes. Avec
infinie patience, régularité métronomique, souci du détail. L’échelle
chromatique expose ses touches quasi sonores aux demi-tons troublants. Les
rouges s’animent, s’apprécient, se prêtent à sens. Le vif carmin - colorant
extrait de cochenilles - nous invite aux plaisirs capiteux et nocturnes de la
cité proche. C’est le rouge profondeur, le rouge passion des franches et
fastueuses bombances. A sa marge pointe le magenta, rouge violacé, mélange de
lumières bleu et rouge. L’une des trois couleurs primaires, avec le cyan et le
jaune, utilisées en quadrichromie, avec le noir. Non loin, le rouge bordeaux,
foncé, grenat - silicate naturel aux accents de pierre précieuse ou de teinte
vineuse. Le rouge vire au pourpre - extrait de mollusque enflammant les
tuniques romaines - qui, injecté de jaune, vire au sang caillé, dernière étape
avant le rouge brun du sang séché. Le rose enfin, joyeuse outrance, noie les
bleus célestes, trop profonds, d’une nuance d’ironie bienvenue : fané
comme un « vieux rose ». Jusqu’aux limites du rose fuchsia où percent
parfois des atmosphères déliquescentes dans des paysages de boue ou de feu. Des
rouges se dégage une teneur charnelle que l’on croirait parfois porteuse du
tanin extrait des rafles de son raisin par le viticulteur. Les rouges savent
donner tout leur alcool à des compositions charnelles ou crépusculaires.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il peut
arriver que les couleurs s’échappent de la palette, subrepticement, à l’insu du
peintre. S’incrustant dans les profondeurs du langage ordinaire, elles y mènent
des vies parallèles, à travers métaphores et images variées issues de sagesse
populaire. Echos climatiques, échos chromatiques. La matière des ciels se
charge de masses cotonneuses où jaillissent des embrasements de fin du jour.
Bleu ciel, bleu nuit profonde, bleu intense, outremer qui s’impose en plein
jour. Aquatiques reflets bleus explorés sans fin par les impressionnistes. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bleu assaisonné de rouge pour en exprimer la
valeur violacée. Bleu léger où s’évanouit l’horizon, où s’estompe l’azur. Sang
bleu, sang noble. Conte bleu fabuleux. Houille bleue, énergie des vagues, des
marées. Peau bleue frappée par l’œdème. Maladie bleue. Bleu couleur spectrale
entre vert et indigo. Bleu pervenche, mauve. Bleu de Prusse, de cobalt, résidus
métallifères. Fumée bleuâtre de cigarette. Bleusaille affrontant des peurs
bleues. Affleurement bleuâtre des veines qui serpentent sous l’épiderme.
Bleuet, centaurée parsemant les blés d’or. Reflets bleutés. Les bleus
parcourent nos réalités familières.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Face à tous
ces coloris capiteux ou communs, picturaux ou langagiers, seul le blanc foudroie
sur la toile. Pas seulement parce qu’apposé à l’état pur, mais grâce à la gamme
des gris, plus subtils les uns que les autres, qui en nourrissent la
luminosité. Effets satinés sur drapés de coton coulant en rivières lumineuses
qui, lorsque le tissu se relâche, composent les morceaux d’une peinture quasi
abstraite aux transparences liquides. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Jeux
combinatoires du peintre qui fait dégouliner de ses tubes une seule, puis deux,
trois, quatre des couleurs de sa palette de base. Sans oublier son or toujours
présent à l’état de poussière ou de mélasse bruineuse. Le pari consiste à
tenter d’épuiser toutes les combinaisons chromatiques pour autant d’atmosphères
imprégnant la toile. Et à capter cette coïncidence - éphémère par nature -
entre la trace visible du pinceau et la part de réalité qu’il figure.
L’éphémère confine à l’éternel, l’espace d’une toile.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>« Touche avec les yeux », intime-t-on au jeune enfant ébahi.
Conseil cruel ou fertile injonction ? Fourmillements et démangeaisons
tactiles témoignent d’une permanence dans l’appréhension sensible des couleurs.
Comme la trace de réminiscences d’un éden antique. Celle de notre ancêtre des
cavernes découvrant l’intense plaisir de plonger ses mains dans la fraîche
consistance des argiles molles. Euphorie aussitôt prolongée par la vision d’un
premier - et grossier - nuancier d’ocres terreux. De la couleur tirée des
éléments aux palettes de la Renaissance… De la main au regard, du regard à la
main… La palette se fait support de matériau comme d’intentions. L’artiste y
dépose les virtualités de l’œuvre à venir. En attente de polychromies étonnées.
<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<br />
<br />
<strong><span style="font-size: large;"><em> BIOPHONIES</em></span></strong><br />
<strong></strong><br />
<strong></strong><br />
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Isolation,
normes, protection, l’acoustique prend des airs de repli dans l’ordonnancement,
la restriction, le contrôle. Notre capacité à entendre ne procéderait-elle plus
que par soustraction, annulation, disparition ? Sommes-nous à ce point
tentés, hantés par le silence ? Et qu’en est-il de la signature acoustique
propre à tout ce qui vit ?<o:p></o:p></span><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiIg_XH_-77WEVTB-N2yaOlOvLv-u6rXhTdbHRNLdRF1qhCoFVqfsDga21Cji6q-qjvlPR-PY8gVuhUdg_F3XxbxzmGmxQ-nLPGc957oUCYYk_uw2_s34PB3qs7kTNv0ZuLNUW96Sg0ig/s1600/Paris+mars+2015+104+%5B1600x1200%5D.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiIg_XH_-77WEVTB-N2yaOlOvLv-u6rXhTdbHRNLdRF1qhCoFVqfsDga21Cji6q-qjvlPR-PY8gVuhUdg_F3XxbxzmGmxQ-nLPGc957oUCYYk_uw2_s34PB3qs7kTNv0ZuLNUW96Sg0ig/s1600/Paris+mars+2015+104+%5B1600x1200%5D.JPG" width="213" /></a><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Car le vital
bruisse de mille émissions aux fonctions ordinaires ou inattendues. Créations
buccales de tous ordres, entre borborygmes, flatuosités, gargouillis bizarres,
plus ou moins infâmes, ou nobles vocalises célébrant l’esthétique. Murmures
signés, codes inscrits au plus secret des organes intérieurs. Chahut sonore de
la corporéité se rappelant à notre bon souvenir comme à notre plus fine écoute.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Stridulations insistantes des cigales. Grincement de dents chez le
poisson-perroquet. Rumeurs fauves des cétacés marins, dont l’intensité, si elles
étaient produites dans l’air ambiant, équivaudrait à la décharge d’une arme à
feu de gros calibre à quelques centimètres de notre oreille. Puissance sonore de
la crevette pistolet, corpuscule de quatre centimètres émettant -
proportionnellement à son poids - un souffle sonore neuf fois supérieur à celui
d’un orchestre symphonique.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les animaux
peuvent aussi adapter leurs comportements acoustiques. Un enregistrement en
fait foi : l’orque imite l’aboiement de l’otarie aux fins de l’attirer et
de la dévorer. Des papillons de nuit parviennent à brouiller les signaux des
chauves-souris prédatrices. Défense du territoire, chasse, accouplement ou
simple jeu… Quel que soit l’objectif d’un signal, celui-ci doit être audible et
sans interférences. Précision millimétrée de Dame Nature.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Y a-t-il du
hasard dans la nature ? L’origine et l’évolution de la vie relèvent-elles
de ce hasard ? Des savants parlent d’une probabilité quasi nulle à ce
sujet. Les mouvements des masses nuageuses, les tourbillons produits pas l’eau
d’un fleuve sont comme le trajet d’une boule de billard : autant de
phénomènes soumis à variations, à digressions, échappant, à un certain moment,
à toute prévision. C’est une longue suite de mutations heureuses qui ont fait
de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">homo sapiens</i> ce qu’il est
devenu. En physique, beaucoup de phénomènes n’obéissent à aucune loi. Pour
autant, la métaphysique classique ignore la notion de hasard. Selon Spinoza,
Dieu <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« existe librement (quoique
nécessairement) parce qu’il existe par la seule nécessité de sa nature »</i>.
Puisqu’il est infini, qu’il est partout dans la nature, il y a partout de la
nécessité et non du hasard. A la lumière des sciences modernes, on peut
aujourd’hui se poser la question des limites - toujours provisoires mais bien
réelles - de nos connaissances. Et donc de la nécessité de leur actualisation
permanente. En biologie moléculaire, l’opposition hasard / nécessité n’est
ainsi pas une contradiction. D’un côté, il y a le hasard des mutations
génétiques. De l’autre, il y a la nécessité, pour tout organisme, de résister
au milieu et de s’y adapter. Une mutation favorable à la survie sera retenue,
une mutation défavorable sera éliminée. Hasard <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">et</b> nécessité.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’univers du
vivant crée l’harmonie sonore au sein d’un grand orchestre animal. Tempérée ou
tropicale, chaque forêt génère sa propre signature acoustique, expression
spontanée, organisée, des insectes, des reptiles, des amphibiens, des oiseaux
et des mammifères. Le cerf brame pour inaugurer la saison des amours. Les
grenouilles arboricoles du Pacifique se disputent la fréquence de la bande
acoustique : l’une coasse, suivie immédiatement par une autre sur un
registre plus aigu… et l’orchestre se met en branle. Un paysage sonore africain
baroque, est révélé par l’analyse fine des spectrogrammes : les insectes
tissent la toile de fond, chaque espèce d’oiseau pose sa touche, les serpents,
singes et grands félins complétant les niches de l’espace sonore. L’orchestre
est au complet.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Plus de
quinze mille sons originaux interrogent notre curiosité dans ce répertoire
méconnu des espèces animales !<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Auxquels se mêlent ceux, plus familiers, de la géophonie : vent,
eau, pluie, mouvements du sol… Et ceux, plus contestables, de notre propre
cacophonie humaine : extraction minière, exploitation forestière,
étalements urbains et pollutions conséquentes, qui réduisent d’autant la
superficie des habitats sauvages… et perturbent gravement le grand orchestre
naturel. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Tendons
notre ouïe. Le vent agite quelques feuilles. Un pinson des arbres s’essaie à
quelques gammes, tandis que le coucou engage résolument sa rengaine têtue. La
vocalise en spirale du pouillot véloce rompt le silence et gonfle l’espace.
Chaque arbre a sa musique propre, qui varie selon la saison. Rude, rugueuse,
plus sourde, l’hiver. Ronde, pleine, proche du ronronnement, l’été, alors que
la végétation au sol se fait craquante. Le monde forestier bruisse de sons que
le visiteur ne perçoit plus. Manque d’habitude ou simple distraction. Seule
l’oreille aux aguets saura distinguer les nuances. Bienveillances de
l’attention.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais comment
reconnaître, entendre des sons que l’on n’écoute plus ? En perte de
références, note sensibilité diminue. Rampante, insoupçonnée, notre surdité
s’installe sans crier gare. Le grand orchestre de la nature s’éteint peu à peu.
<o:p></o:p></span></div>
<br />
<br />
<br />
<br />
</div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-80011626241354171072014-08-13T07:45:00.000-07:002015-07-03T08:48:57.334-07:00EMOUVANCES (8)<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<h2 style="text-align: left;">
<em>CHORALISES</em></h2>
<br />
<span style="font-family: Arial;"> Vocalises à
s’enchanter. Gaîté sans motif. Naturelle impudeur d’un chant pour soi.
Expression du pur sentiment d’exister. Le chant est à lui-même sa propre fin,
la tonalité fine, légère, de notre être au monde. Séduction primitive louée par
Jankélévitch, philosophe de la musique : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Celui qui parle tout seul est un fou, mais</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">celui qui chante seul est simplement gai.</i> »
(<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La musique et l’ineffable</i>)<o:p></o:p></span><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Chant XII de
l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Odyssée</i> d’Homère : Ulysse se
révèle le premier mélomane à oser<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>se
plonger dans la séduction abyssale du chant premier. Prudent, le héros du retour
nostalgique se laisse lier à un mât de son navire. Il s’agit d’entendre et de
jouir du chant ensorceleur des sirènes sans succomber à leur piège fatal. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Retenez-moi d’être</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">envoûté !... »</i> Le maître a
pris soin de mettre du miel dans les oreilles de ses marins, galériens
enchaînés à leurs bancs, chargés de convoyer leur héros au-delà des périls qui
le guettent. Figure du<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>bourgeois mélomane
jouissant des plaisirs de la vie tandis que l’ouvrier rame. Air connu,
contrairement à celui, magique et mystérieux, des sirènes, plus proche d’une
pensée mythique exprimée par les chœurs tragiques grecs. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ulysse,
premier homme moderne à côtoyer le mythe… pour mieux s’en affranchir. Le héros
voyageur enchante pleinement ses oreilles avant de poursuivre son périple, en
sortant de cet univers magique qu’il s’agit de dépasser. Se plonger dans la
langue pure, originelle, pour aller outre et l’oublier ensuite au profit d’une
reconquête objective du vaste monde qui s’ouvre à lui, d’un éternel retour
qu’il appelle de ses vœux. Ulysse, premier aventurier à dire adieu au mythe, à
s’arracher par la raison aux folies séduisantes du chant. La modernité et la
culture naîtront de ce <i style="mso-bidi-font-style: normal;">dé-chantement</i>,
de ce désenchantement.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Déchirement
et regret. Nostalgie d’un éden perdu. L’oubli volontaire du chant primitif des
sirènes signe la perte d’une innocence première. Celle d’un chant des origines.
Celle évoquée par Rousseau dans son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Essai
sur l’origine des langues</i> : d’abord purement chantante, la langue
exprime le cœur. Avant qu’elle ne se fragmente, ne se démodule, ne se détimbre
pour se muer en parole éternelle. Dénaturation, maturation vers d’autres
horizons. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le chant
dégénère-t-il en parole, ou le bruit s’élève-t-il en harmonie ? Cette
bascule vers la culture est-elle déchéance ou élévation ? C’est toute
l’ambivalence du chant : cri brut, animal, des passions qui s’exaltent ;
vocalise à modulation humaine. Le bruit se métabolise en son devenu signifiant.
Adieu au langage parfait qui doit laisser place à la parole mesurée, comptée,
soupesée, travaillée. Se mettre à parler, c’est déchanter. L’acquis de la
parole est l’adieu permanent à notre état de nature, à l’enfance du chant. Passage
de la nature à la culture, cette dernière se concevant par la nostalgie de ce
qu’elle à cessé d’être, par ce dont elle signifie la fin.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A l’opéra,
ce qui nous séduit, ce n’est pas la voix parfaite, mais la voix singulière.
Celle du castrat, inouïe, sublime, révèle la dimension sexuée de nos émotions.
On a transformé l’homme en instrument destiné à produire du beau. L’organisme
trafiqué à des fins esthétiques : violence faite à l’état de nature.
L’opéra, espace privilégié de la voix, scène des passions premières, lieu de
déclamation des grands récits antiques. La langue originelle n’était-elle pas parole
et chant indistinctement mêlés ? <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le chant
figure, délimite un univers qui nous ramène au pur sentiment d’exister. Quand
on chante, on expire. Le chant comme crépuscule sans cesse renouvelé. Un
éternel chant du cygne est à la racine de nos existences : la modulation
interminable d’un premier souffle anime notre vie entière. Combien de fois
encore ce souffle battra-t-il dans nos poitrines avant d’exhaler son tout
dernier opus ? Question lancinante. Le chant, expression d’une mortalité
toujours en attente et toujours repoussée.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Entre passion
antique et raison affirmée au XIXe siècle, entre chant et voix, quel
intermédiaire ? La chanson peut-être, mise en musique de paroles, sur les paroles.
Ou musique agrémentée de textes ? Exhalaisons de poèmes, les textes se
mettent soudain à vibrer, les mots se distinguent, s’allongent, prennent leur
temps, ivres d’un voyage tout neuf au cœur de mélodies créées à leur mesure. Le
discours se mélodise. Des chansonniers singuliers déclarent leur flamme à ces
chants d’un ton original, unique. Bruant au Chat Noir, père des chansonniers
populaires. Fous chantants façon Trenet, narrant le merveilleux des instants
ordinaires et la mélancolie de nos vies se conjuguant au passé. Troubadours
bateleurs à la Brassens redonnant chair à la langue moyenâgeuse d’un François
Villon. Gouailleurs du verbe s’enchantant de jouer sans fin avec les
mots : onomatopées bondissantes d’un Boby Lapointe. Raviveurs de poètes
écrivains tombés dans l’oubli : Léo Ferré réenchantant Verlaine, Rimbaud,
Apollinaire. Nougaro injectant la poésie des mots sur des mélodies jazzées…
Choralises inspirées</span></div>
<h2 class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<em></em></h2>
<h2 class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<em></em></h2>
<h2 class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<em></em> </h2>
<h2 class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<em>BOHEMIENS</em></h2>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"> </span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"> D’où surgit
cette <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« tribu prophétique aux
prunelles ardentes »</i> évoquée par Baudelaire ? Du lieu d’origine
géographique d’une population nomade ? Trace douteuse, à l’accent
près : Bohème n’est pas Bohême. Du mode de vie de jeunes artistes du XIXe
siècle, revendiquant pauvreté et insouciance, à la recherche d’un idéal, en
marge du mouvement romantique ? Un siècle plus tard, leurs descendants
« bobos » - bourgeois bohèmes - appuieraient leur originalité sur la
métaphore des « peuples bohémiens » ou tziganes associés à ce même
mouvement.<o:p></o:p></span></span><br />
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Appartenance
au désordre et réprobation commune touchent la mouvance de ces étranges
étrangers venus de nulle part. Soldats, vagabonds, voleurs, cavaliers
d’aventure, mendiants professionnels. Mondes pittoresques, inquiétants, trop
vite assimilés à l’invasion de sauterelles. Manière de fléau propre à effrayer
le bourgeois - encore lui ! - et à déranger l’imaginaire des boutiquiers.
La bohème surprend, étonne, dérange, pose question, fait rumeur. Comme la
différence fascine.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La bohème
est une république où les lois n’ont pas cours. Désillusion et misère fondent
le dévergondage des mœurs et le « drôle » de lien social qui s’ensuit.
Sur ce terreau se greffent des créations propres à l’imaginaire, des
mythologies ivres de brouiller les pistes. Marginalité et exaltation de la
liberté. Charmes et faculté de séduire. Mais la tentation de l’errance à
outrance finit par relever d’une pathologie à répertorier : la folie
des routes, « dromomanie », entre fuite et neurasthénie. Cette impulsion
irrésistible à marcher ou à courir : l’automatisme ambulatoire d’un Nerval
s’agitant en tous sens, à la recherche éperdue de sa mère. Ou les lignes d’erre
répertoriant les déplacements des enfants autistes confiés à Deligny dans les
années soixante au cœur de Cévennes. Du mal nommé jaillissent inquiétude et
questionnement, peur et rejet. Ou envie nostalgique : les
« Souliers » de Van Gogh, allégorie parlante des vagabondages de
l’artiste parti sans le sou sur les routes du sud de la France. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>C’est au
café, lieu ouvert, de rencontres et de croisements, que bohème et pensée
trouvent un point d’achoppement, de complicité. Du siècle des Lumières émerge
ce goût de se rencontrer, de faire société. Le café, version publique des
salons aristocratiques et privés qui fleurissent à l’époque. Il abrite les
philosophes : Denis (Diderot) et Jean-Jacques (Rousseau) adorent se
retrouver au café de la Régence pour se livrer aux joies intellectuelles du jeu
d’échecs, des après-midi entières. Passion cousine de la lecture et du théâtre.
Jeu de l’esprit et plaisir de penser qui seront partagés, à deux siècles de
distance, par Sartre, Beauvoir et tous les intellectuels de l’après-guerre au
café de Flore. Après qu’André Breton et Louis Aragon, aperçus en grande
discussion, y aient inventé le mot de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">surréalisme</i>.
<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bohémiennes,
silhouettes ambiguës entourées de vivaces légendes ; celle des femmes
tziganes venues de la « Petite Egypte » - la Grèce, en fait -,
diseuses de bonne aventure craintes, respectées, reconnues. Retour à
l’enracinement des Tziganes en Europe au Moyen Age. Un âge d’or aux affinités
partagées avec la noblesse ancrée de l’époque : amour des chevaux, goût de
liberté, nostalgie de l’Orient mythique, du temps des croisades héroïques. Temps
béni, avant celui d’une lente bascule de la diffuse « nation
bohémienne ». Finis, alors, l’accueil chaleureux dans les châteaux,
l’engouement fasciné pour les spectacles de danses. Etiquetés « errants et
vagabonds », « mendiants et gens sans aveu », les Tziganes se
voient pourchassés dans toute l’Europe, condamnés au bannissement collectif.
Intolérance, sévérité des textes, sanctions. On dénombre, recense, soumet à
mensurations, identifications : l’horreur du carnet anthropométrique
rappelle d’autres jugements au faciès. Tout à sa logique de fichage, la
république n’a de cesse de rassurer ses angoisses. L’ancrage national exige des
assurances de légitimité qui confinent au déni permanent. Il ne fera plus
jamais bon être bohémien.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Trois cent
mille Tziganes français forment aujourd’hui sur notre sol un ensemble culturel
original. Ils demeurent une composante de notre histoire, de notre imaginaire
collectif. Une part de nous-mêmes, dans leur façon de vivre au jour le jour,
pauvres et insouciants. Ils sont les derniers tenants d’une innocence évanouie.
Défiant les jugements ratés de l’histoire, Gitans, Romanichels, Manouches et
autres nomades viennent nous rappeler qu’il n’y a plus de terres vierges à
découvrir, et que le « sauvage » est maintenant à débusquer à
domicile. Accueilli par eux, il revient à l’artiste bohème de se faire
littéralement « bohémien » lui-même. Il lui reste sa palette
compassionnelle pour sauver ses frères en errance de la nuit de l’oubli.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A la bascule
du siècle, la bohème était déjà le nom de code d’un mode de vie à part entière.
Les « Vilains Bonshommes » - Verlaine, Rimbaud et consorts -<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>étalaient une marginalité en quête d’un idéal
artistique et littéraire : celui de l’artiste moderne. Avant que, prenant
le large vers les déserts éthiopiens, Rimbaud ne redevienne « l’homme aux
semelles de vent » : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« J’entends
rester libre de voyager »</i>, rappelle le poète et aventurier à ses
proches, retrouvant sur sa fin les ivresses des premières fugues. En écho aux
gens du voyage, ces fuyards éternels évoqués par Baudelaire, toujours en route
vers <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« l’empire familier des
ténèbres futures »</i>.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><object height="315" width="420"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/kqI5BHaDgj4?version=3&hl=fr_FR"></param>
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<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
</span><br />
<h2 class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<em>HERALDIQUE</em></h2>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"></span> </span></div>
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"> Sonneries
martiales. Déploiement de tissus bariolés au vent étrange du combat qui
s’annonce. Des hérauts martiaux embouchent hardiment leurs longues trompettes
de la renommée. Ornements colorés, figures, blasons, armoiries clinquantes. Toute
la représentation est là, suspendant l’événement en attente. Panoplie
rutilante. Proclamation et couleur. Singularité manifestée haut et fort. Des écus
pimpants clament à tous le grand tournoi médiéval. La puissance prête à parler.<o:p></o:p></span>
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;">
</span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La quête du
pouvoir commence par celle de la reconnaissance. S’avancer, se mettre en avant.
Et, à cette fin, se faire remarquer de tous, se faire « remarquable »,
par son mérite, sa qualité présumée. Se montrer distingué, éminent.
« Insigne », à l’image des membres du groupe que l’on représente. Les
signes se font système cohérent d’identification, d’appartenance à des
collectivités humaines, à des lignées soigneusement entretenues, cultivées,
mises en valeur. Héritage et degrés de parenté sommeillent sous une
construction emblématique unique, que l’on peaufine d’âge en âge, dans la
singularité, voire l’exclusion. Drapeaux, hymnes et frontières parachèveront ce
même besoin humain en élargissant le principe à l’échelle des nations. <o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;">
</span></span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Chef, cœur,
flancs dextre et sénestre, pointe. L’écu déploie ses codes sur cinq régions du
corps de l’écuyer. Cotte d’armure, bannière, caparaçon et housse de cheval
complètent le signalement. Blason sur la poitrine, le chevalier se présente de
face dans sa chevauchée. Sur lui reposent les espoirs de tout son clan. Comment
ne pas se réjouir et se sublimer d’ « en être » ?! Sa
généalogie entière - ascendance glorieuse - suspend son souffle dans cette
re-mise en jeu permanente des forces en présence. Ne pas décevoir, surtout,
s’engager comme si cet instant devait être le premier… et même s’il devait
s’avérer le dernier. Lutte sans merci pour la suprématie. Fierté héraldique
aveugle d’appartenir à un arbre, d’en être issu, d’en être. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Engagez-vous,
rengagez-vous !... », clameront de tout temps les autorités
militaires, appuyant leur sourd désir de conquête sur ces orgueils claniques. Ordres
de bataille, stratégies étudiées, les soldatesques répondront toujours présent
à l’injonction d’aller faire son affaire au camp d’en face tout en redorant…
son propre blason. Aux rigoureuses géométries des écus et armoiries sauront
répondre les impeccables ordonnancements d’opérations militaires froidement prémédités,
figures d’alignements parfaits. Les non moins appréciées médailles<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>et décorations en tout genre venant
récompenser les méritants guerriers. L’écu se fera signe discret au revers des
vestes, réplique miniature d’exploits en tout genre. Titres et dignités
s’apprécieront au cœur de discussions de salon, reconnaissance sociale oblige.
La héraldique continuera se pratiquer entre les murs, à la façon dont la
musique classique en grand orchestre se fit peu à peu musique de chambre. Une
musique mise en partition par Proust au sein du salon Verdurin de sa <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Recherche</i> : il vaut mieux en être
ouvertement, apprend à ses dépends le pauvre Swann, que de faire semblant de
s’y rattacher en dernier recours. La bonne société ne supporte pas les
francs-tireurs solitaires, pas plus que les anti-héros dérangeants. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A mille
lieues d’exploits et flonflons guerriers qui lui étaient sans doute étrangers,
le philosophe Diogène marqua les Athéniens de son temps, cinq siècles avant
notre ère. L’homme vivait chichement, vêtu d’un simple manteau, arpentant les
rues de la cité muni d’un bâton, d’une besace et d’une écuelle. Dénonçant
l’artifice des conventions sociales, il préconisait une vie sans affectation,
proche de la nature, se contentant d’une jarre ouverte pour dormir. Il
n’hésitait pas à mendier à proximité de statues, pour mieux s’habituer aux
réactions de refus. Même si les traits scandaleux de ses écrits l’ont fait
tomber dans l’oubli, on peut se souvenir que sa <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Politeia</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">(République)</i>
s’attaque à nombre de valeurs du monde grec pour prôner : l’indifférence à
la sépulture, la négation du sacré, la suppression des armes et monnaies,
l’autosuffisance, l’égalité hommes-femmes… bref une remise en cause de la cité
et de ses lois. Son raisonnement : tout appartient aux dieux, or les sages
sont les amis des dieux et entre amis tout est commun, donc tout appartient aux
sages…<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Ôte-toi
de mon soleil », ordonne-t-il au roi de Macédoine venu voir s’il ne
manquait de rien. Une lanterne à la main, il erre la nuit dans les rues à la
recherche de… l’homme idéal. Simplicité du regard, sobriété des attentes, un
tel sujet bouscule par la brillance de son anonymat et l’absence réaliste des
illusions sur le genre humain. On est loin du clinquant héraldique avide de
récompenses et grand consommateur de gratitude clanique. Tout autre est le
souci de Diogène : celui d’un citoyen du monde avant l’heure, abolissant
jalousies familiales, mesquineries fratricides, vaines fiertés guerrières ou
conquérantes, et fastes afférents. Quitte à se retrouver seul de son espèce, il
rejoint le Petit Joueur de flûteau de Brassens, renonçant à toute tentation de
blason : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Sans armoirie
sans parchemin, sans gloire il se mit en chemin… nuls ne disent dans le
pays : le joueur de flûte a trahi !»</i> Il signe aussi l’éternel
besoin de solitude exprimé par le poète : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Bande à part, sacrebleu, c’est ma règle et j’y tiens ! »</i><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comment ne
pas adhérer à cette philosophie du moins - du rien ? - lorsqu’elle nous
invite à fuir aujourd’hui comme la peste ces grands spectacles
« sportifs » - ou dits tels - qui nous offrent la délirante et
lamentable vision de haines trop longtemps comprimées et subitement expulsées
entre supporteurs de camps adverses. Les slogans lancés et gestes agressifs
présentent tous les traits de frustrations tournant à l’hystérie : on
n’existe plus que par délégation, et donc par absence. Le soi conscient est
déserté au cours de ces versions contemporaines des tournois d’antan virant à
une guerre de clochers autour d’un simple… ballon de cuir. Emporté dans un
tourbillon aveugle de passions occultes, chacun endosse le masque d’une
collectivité qu’il prétend représenter et servir. Alors qu’abruti d’un désir
caché de notoriété rampante, le supporteur aveuglé ne fait que se parer d’un
masque de partialité qui le dépasse. A trop adorer nos seules couleurs, nous
voilà devenus de mauvais hérauts facilement épinglés par l’œil indifférent et
narquois du poète. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Une preuve du
pire, c’est la foule »</i>, nous souffle Prévert.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;"><object height="315" width="420"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/H6mfWun73vI?version=3&hl=fr_FR"></param>
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</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
</span><br />
<h2 class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<em>VOLUPTES
</em>
</h2>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Vénus
callipyge. Sensualité narcissique. Erotique Aphrodite soulevant impudiquement
son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">péplos</i> pour apprécier elle-même
la plastique de son fessier, nécessairement superbe. Statue d’un éternel objet
du désir, honorée dans l’antique temple de Syracuse. Légende ré-enchantée par
La Fontaine et Brassens, poètes modernes. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Sexe,
érotisme. Nature et culture. L’art de désirer n’est-il que l’art de
jouir ? Adam et Eve, nos bibliques ascendants, chassés de l’Eden
terrestre, signent la faute originelle qui<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>nous voue à la pudeur que sous-entend la nudité consciente. Dans le
moment de la chute unique de nos lointains aïeux naît la culture. Et l’entrée
de l’humanité dans l’Histoire. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Image duelle,
trouble, devenue hideuse que celle où <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« l’interdit
redouble le désir »</i>, selon Bataille. Sculptée par l’érotisme issu du
tabou édicté, la sexualité se renforce, s’imagine, se raffine. Le désir - cette
« nostalgie de l’étoile » - creuse son éclosion et love sa floraison
dans une faille de la plénitude jamais atteinte, toujours à poindre :
celle du désir désirant… le désir. Schopenhauer dessine ce chemin vertigineux <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« de la souffrance du manque à l’ennui
de la possession »</i>. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Etiqueté
impur, infâme, obscène, moyen de plaisir plutôt que fin en soi, le sexe en tant
qu’organe n’est pas une affaire de morale. Mais prétendre faire l’amour sans
morale, ne serait-ce pas s’interdire l’érotisme ? La célébration qu’est la
sexualité n’est pas réductible au « sexe ». Elle se joue dans
l’interface entre notre part la plus animale, naturelle, a-morale, et la plus
culturelle, la plus sublime qu’est l’amour. Entre sexe naturel et érotisme
culturel.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>De la
génitalité au service de la reproduction de l’espèce à la sensualité créatrice
de beauté, le philosophe interroge : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« La
persistance de l’espèce humaine est-elle la</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">preuve de sa lubricité ? »</i> L’expression de la libido des
singes bonobos s’étale devant nos yeux pour nous rappeler que nous partageons
98% de gènes communs avec le règne animal. Les 2% restants dévoileraient-ils
cette pudeur - <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pudor</i>, honte latine -
qu’un penseur définit comme <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« la
plus héroïque de nos vertus »</i> ? Pourquoi la pornographie nous
troublerait-elle autant sinon par ce fait que nous ne sommes pas des bêtes et
que notre pudeur sait nous préserver de la brutalité du monde animal ? La
sexualité humaine ne repose pas d’abord sur l’instinct, mais sur un plaisir
sciemment échangé. Partages et tendresse éclairent notre part humaine d’une
lueur novatrice. Aimer l’autre passe par une reconnaissance de son altérité
singulière. Et cela traverse le visage, cette <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« épiphanie de la morale »</i> dont parle Lévinas. Un
fessier, forcément quelconque et aussi plastique soit-il, ne symbolisera jamais
qu’un anonymat : la pulsion sexuelle n’aime l’autre que dans sa
généralité, dans une ouverture indéterminée propre à la nature. L’amour
identifie, nomme, s’apprête à construire patiemment un récit harmonieux,
sublimé, du rapprochement des corps. Faire l’amour, c’est ouvrir un moment de
plénitude où je ne manque de rien et où j’ai tout à inventer. Esthétique divine
qui nous rappelle aux bons souvenirs du créateur.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’érotisme
repose-t-il sur la transgression ? Tendant à la dégradation et à la mort,
le corps est mis en demeure d’assumer une sexualité nécessaire. L’érotisme,
expérience des limites, doit transgresser les tabous. Dissolution de l’être, la
jouissance érotique préfigure la dissolution définitive dans la mort. Le
philosophe Georges Bataille y voit une connaissance et une transgression du
sacré proche de l’expérience mystique. L’érotisme comme préparation à la
mort ?... Non, répond Freud : la pulsion érotique est une force de
vie qui s’oppose à la pulsion de mort. Il ne peut y avoir de sexualité saine
sans respect de la dignité humaine. Selon l’auteur de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Totem et Tabou</i>, deux tendances biologiques sont à l’œuvre en
l’homme. Eros, pulsion de vie qui pousse les êtres vivants à se reproduire, à
se lier, à s’unir pour faire société. Et Thanatos, pulsion de mort qui les
incite à se dissoudre, à se détruire, à tendre vers le néant. Vers une mort qui
n’est pas un anéantissement, mais un passage vers une autre vie. Le corps, la
vie, la dignité s’inscrivent dans une forme de sacré.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>De la faute
et de ses interdits conséquents naît l’art. La voûte de la Sixtine nous
entraîne dans une débauche de corps glorieux qui nous touchent et suscitent nos
émotions culturelles. La beauté des corps s’y double de la force et de
l’affirmation des visages. La joyeuse répétitivité des formes physiques,
l’incroyable diversité de leurs attitudes parfois acrobates, cet opéra de
muscles et de chairs que nous livre Michel Ange - le bien nommé ! - crée
une cosmologie humaine qui confine au cœur d’un érotisme vivant. Au centre de
la voûte, la ténuité et la flaccidité du sexe replié d’un Adam monumental
tiennent presque de l’anecdote et de l’ironie. On est bien loin de l’impudence
un peu risible de notre statue callipyge se mirant outrageusement dans ses
propres rotondités. Délaissant une volupté trop joueuse d’elle-même, l’amour
s’est fait entre-temps le comble de l’art. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
</span><span style="font-family: Arial;"><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
</span><br />
<h2>
<em>ATLAS</em></h2>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="EN-GB" style="font-family: Arial; mso-ansi-language: EN-GB;"> Guadalcanal, Panamaribo, Tegucigalpa</span></i><span lang="EN-GB" style="font-family: Arial; mso-ansi-language: EN-GB;">. </span><span style="font-family: Arial;">Magie des mots prononcés, articulés. Incantation des
lieux évoqués. Nommer le monde c’est déjà en accomplir une première et
délicieuse traversée. Géographies et récits se donnent rendez-vous pour
alimenter nos rêves. Emouvant, impérial, l’antique géant Atlas porte la voûte
céleste sur ses épaules. Sensation confuse d’un terrible et légendaire
châtiment accordant, en retour, la naissance aux cartes, planches, plans,
graphiques comme autant de labyrinthes secrets offerts à nos mémoires
enfantines. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Syracuse, Katmandou, Mangalore, Kamtchatka</i>.
Des mots qui chantent comme des visages sur fonds de zones colorées, aux traits
finement sculptés, aux tracés cabalistiques. Formes curieuses, abstraites,
arbitraires, découpées - par les soins de la nature ou de main
d’homme ?... mystère ! - et propres à révéler d’insondables légendes.
Profils énigmatiques des géographies.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Samarkand</i>, cité d’art nichée au creux
d’une vaste oasis, courtisée tour à tour par Alexandre le Grand, Gengis Khan et
Tamerlan. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Puerto Rico, Trinidad,
Asuncion,</i> aux paysans métissés récoltant le café dans les estancias ou
frappant les tambours au rythme de boléros fantasques et envoûtants. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Chesapeake, Kentucky, Oklahoma,</i> aux
pionniers débraillés se lançant à la conquête des vastes espaces brûlants de
l’ouest. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">New Amsterdam</i>, perle de
l’île de Manhattan achetée aux Indiens pour quelques verroteries, ancêtre de la
grande New York planifiée en immense damier, lointaine cousine de la placide
Venise du Nord aux cent canaux…<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Noms
chantants, clés mystérieuses pour des mondes enchanteurs d’enfants prêts à
rêver les premiers récits de voyage de leur courte vie. Sous la Géographie
l’Histoire. Ils trônent à une place bien en vue dans les bibliothèques, ces
grands livres, encyclopédiques à l’image des vastes univers qu’ils renferment.
Et si les mains menues hésitent à en saisir l’épaisse reliure cartonnée, c’est
autant pour la crainte sacrée des secrets qu’ils scellent que pour la masse et
le format de leurs impressionnantes paginations.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Lac Athabaska, Saskatchewan, réservoir
Manicouagan</i>, froides et blanches étendues canadiennes tutoyant effrontément
les glaces du pôle. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Oulan Bator</i> des
cavaliers mongol et son désert de Gobi. Placides ruines du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Machu Picchu</i>, derniers vestiges du fabuleux Empire inca et des rois
Yupanqui. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Java, Bali, Sumatra,</i> îles
de la Sonde, émergeant à peine de la plus vaste plateforme continentale du
monde. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Valparaiso, Conception,</i> et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">le désert</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’Atacama</i>, long et aride haut-plateau braquant, sous la voûte
étoilée soudain devenue proche, ses télescopes géants prêts à disséquer les
origines de l’univers. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Qui eût
prédit le foisonnement de tous ces récits géographiques issus d’une seule et
unique pangée, résultante facétieuse d’entrechocs gigantesques des continents
entre Carbonifère et Jurassique ? Fractures, collisions, soubresauts,
dislocations, ouverture d’océans, redistribution des continents, émergence de
courants marins rebattant les masses d’eau, réinventant d’autres météorologies…
aptes à enfanter de nouvelles espèces du vivant. Géographie en constante
éruption de récits insolites à l’échelle d’un temps sans mesure familière.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">« La terre est bleue comme une
orange »</i>, chante, faussement naïf, le poète Eluard. Sa parole est
vérité : la fine écorce de fruit sur laquelle nous nous mouvons ne nous
suffit-elle pas à déployer nos récits, dans l’ignorance de ceux que la planète
se raconte à elle-même dans ses tréfonds ? Nous ne vivons bien qu’à la
surface des choses, méconnaissant les formidables poussées telluriques qui
agitent les volcans sous-marins faiseurs d’îles en archipels. Tributaire de sa
propre histoire, la géographie nous permet seulement d’inventer la nôtre,
forcément incluse, dépendante, nous appelant soudain à plus de retenue, de
modestie.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Atlas,
compagnon des Géants, fils de Titan, frère de Prométhée, avait défié les dieux.
Zeus le condamna à porter la voûte du ciel sur ses épaules. La légende veut
aussi qu’il eût aidé Héraclès à cueillir les pommes du Jardin des Hespérides.
Pleioné lui donna, dit-on, sept filles, les Pléiades, nom attribué dans
l’histoire littéraire à des groupes de sept poètes considérés comme des
constellations poétiques. A l’image des quatre-vingt huit constellations
stellaires projetées sur la voûte céleste par les esprits éclairés de la
tradition hellénique. Points de repère précieux pour les hardis marins lancés à
la découverte des continents insolites concoctés par les pulsions rageuses de
notre bonne vieille terre.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Intense
besoin humain d’identifier, de nommer, de s’enivrer de récits merveilleux pour
affronter des forces qui nous dépassent. L’Histoire rassure l’homme-enfant au
seuil de ses géographies improbables. Et parvient à le griser au cœur du
vertigineux palimpseste des mots. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: Arial;">
</span>.<object height="315" width="420"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/MOm17yw__6U?version=3&hl=fr_FR"></param>
<param name="allowFullScreen" value="true"></param>
<param name="allowscriptaccess" value="always"></param>
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<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<br />
<br />
<h2 style="text-align: left;">
</h2>
</div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-56122887136858238232014-01-04T01:08:00.001-08:002014-04-26T03:26:16.665-07:00EMOUVANCES (7) Fragments de temps suspendu<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p> </o:p></span><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;">SHÂH MAT<o:p></o:p></span></b></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p> </o:p></span></b><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial;">Shâh
mat !</span></i><span style="font-family: Arial;">... Le roi est
mort !... Sur le théâtre d’une mère des batailles qui se concentre en un
damier de 64 cases arpentées par deux armées de 16 pièces se faisant face.
Quand les Arabes envahissent la Perse, ils y découvrent un jeu mystérieux qui y
a transité, en provenance de l’Inde où il est né, semble-t-il, au 6<sup>e</sup>
siècle de notre ère. Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">chaturanga</i>
sanskrit désigne les quatre corps de l’armée indienne d’alors : éléphants,
cavaliers, chars et fantassins. Représentation de la guerre sans effusion de sang ?
Façon de créer un climat de mystère en miniature ? Pièces rouges contre
pièces noires, le jeu se fait parabole de la vie réelle.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Une drôle de
légende court sur les Echecs. Elle raconte l’histoire, trois mille ans avant
notre ère, du roi indien <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Belkib</i> qui
cherchait à tout prix à tromper son ennui. Il promit récompense exceptionnelle
à qui le distrairait. Le sage <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sissa</i>
lui présenta le jeu d’échecs, déposant un grain de blé sur la première case, 2
sur la 2<sup>e</sup>, 4 sur la 3<sup>e</sup>… et ainsi de suite, pour finir par
remplir l’échiquier, en doublant la quantité de graines à chaque nouvelle case…
jusqu’à atteindre 2 puissance 63 grains sur la dernière, soit plus de neuf
milliards de milliards de grains !... C’était signer la mort du
royaume : les récoltes de l’année n’y suffiraient pas. La distraction du
roi était plus qu’assurée, le tracas et l’obsession venant s’y ajouter !
Les échecs, jeu de la dévoration.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Parvenu en
Europe au Moyen Age, l’échiquier s’occidentalise. Blancs contre noirs… qui sont
les « gentils » ?... Le mouvement des figurines s’aère et
s’accélère, suivant le gain de puissance de l’artillerie alimentée par la
poudre à canon sur les champs de bataille. Métaphore des joutes moyenâgeuses
fort prisées par les chevaliers, le jeu de guerre devient bientôt jeu de
cour : conversion intellectuelle des humeurs guerrières. Gain de
civilisation. L’échiquier se fait le raccourci symbolique de la ville médiévale
nouvelle où prennent place les diverses catégories sociales du temps. Roi,
reine, tours, fous, pions soldats, cavaliers signent la forte connotation allégorique
du jeu qui devient un passe-temps pour… amoureux. On imagine aussi
quelques croisés apprenant à jouer tout au long de leur conquête de la Terre
Sainte. Pour meubler les temps morts, tromper le présent. Avant de retourner
occire les Sarrasins d’en face ! Mat à mort.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au XVIIIe
siècle naissent les clubs d’échecs dans ces lieux de rencontre et d’échanges
intellectuels que sont cafés et tavernes, pendants publics des salons
aristocratiques. La fièvre populaire du jeu gagne l’Amérique. Benjamin
Franklin, en génial inventeur, publie un essai vantant l’enseignement de la
prévoyance qui oblige à anticiper ; de la vigilance qui exige que l’on
observe tout l’échiquier ; de la prudence qui appelle la réflexion. Et
d’une importante leçon sur la vie : quand tout semble aller mal, nous ne
devons jamais nous décourager, mais toujours rechercher la solution active de
nos problèmes. Les échecs, épreuve de vérité.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La fin du
XXe siècle voit l’arrivée de l’ordinateur sur le champ de bataille des échecs.
L’homme affronte <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Deep Blue</i>, capable
d’analyser 50 milliards de données en trois minutes. Combat perdu d’avance, mais
consolation : la machine mettra désormais ses formidables capacités au
service des joueurs et de leur entraînement. L’ordinateur coach et sparring-partner.
Mis au programme des écoles, le jeu s’organise en championnats et Olympiades… A
quand son inscription aux Jeux Olympiques ? Les échecs jeu sportif, sport
mental. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>10 puissance
80 possibilités : la plus grande richesse ludique se développe à l’infini
dans seulement… 64 cases ! Le travail du joueur consiste à augmenter sa
puissance d’agir pour se maintenir en vie. C’est le héros du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Septième Sceau</i> de Bergman affrontant la
mort en duel : façon de dire que tout est déjà joué - déjoué - … avant que
tout se joue. Car les échecs désignent à la fois le jeu et son issue :
tout est joué… et perdu d’avance. Le jeu suppose-t-il l’absence d’espoir ?
Et quelle plus belle preuve d’attachement à la vie que de se livrer à une valse
imperturbable de ses neurones face à l’ombre glacée de la mort qui
s’avance ?!... A « qui perd gagne », le joueur perd mais trouve
un sens à son existence : le temps de la partie, il a su transformer
l’inévitable en sacrifice. Et toute partie, choisie, mémorisée et codée, peut
être ensuite rejouée à l’infini, devenant ainsi une sorte de modèle, de
« standard » de raisonnement daté et signé. Un problème traité et
résolu qui servira de support et de réflexion à de futurs amateurs : le
jeu mis en abyme.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Concentration extrême, pénétration au cœur de notre monde mental,
vertige d’une solitude contrainte : jusqu’où peut mener ce qui n’est au
départ qu’un simple jeu ? Avec ou contre qui le joueur se bat-il ?
Son adversaire ? Une stratégie à mettre en place ? Des modèles de
parties anciennes patiemment mémorisées ? Le temps qui passe et le pousse
en avant ?... Ou lui-même, son sang-froid, sa capacité à garder confiance,
à conserver la tête sur les épaules ? La monomanie qui entoure les échecs
porte en elle les ingrédients propres à toute obsession menée trop loin.
Pensons au <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Joueur d’échecs</i> de Stefan
Zweig ressassant en solitaire, dans sa prison, des modèles de parties, jouant
avec - contre - lui-même, indéfiniment. Dangereux vertige du double. Le génie
et la maladie ont parfois destin lié. Les exemples existent de basculement dans
la folie, la schizophrénie. A l’image du champion Bobby Fischer, dans les
années 1970, l’air hagard, se disant persécuté par le monde entier, comme
dévoré de l’intérieur. Le jeu au risque de la paranoïa.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Un arbre à
multiples ramifications envahissant progressivement l’espace peut symboliser
notre monde mental. La tête envahie, colonisée par ses propres facultés,
au-delà de l’imaginable. On pense au <i style="mso-bidi-font-style: normal;">cyborg
</i>d’une science qui n’est plus fiction mais recherche, robotique. Les 1500
centimètres cubes occupés par notre cerveau - soit 900 de trop si l’on
considère son rapport avec le reste du corps ! - en font un outil à part,
aux prolongements encore insoupçonnables. A l’image de l’histoire de l’univers
dont nous continuons d’approfondir, de génération en génération, les
vertigineux secrets. Inquiétants et enivrants trous noirs.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le jeu
d’échecs nous plonge dans la révélation d’une ascendance partiellement vierge
de nos potentialités, autant que celle d’une enfance de l’humanité. Les Echecs,
cauchemar fascinant du labyrinthe et jeu des origines. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p><object height="315" width="560"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/Cx-TxiBi43c?hl=fr_FR&version=3" /><param name="allowFullScreen" value="true" /><param name="allowscriptaccess" value="always" /><embed height="315" o:p="" src="//www.youtube-nocookie.com/v/Cx-TxiBi43c?hl=fr_FR&version=3" type="application/x-shockwave-flash" width="560"></embed></object></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"> </span><span style="font-family: Arial;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;">SIDERATION<o:p></o:p></span></b></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p> </o:p></span></b><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial;">Gens au soleil</span></i><span style="font-family: Arial;">. Quatre formes humaines statufiées allongent leurs
ombres, comme dévorées par un paysage immobile, en fusion sous un soleil
d’après-midi. Pauses nonchalantes, languissantes, affalées dans des transats
dont l’ordonnancement géométrique savamment décalé évoque celui d’une salle de
spectacle, mais en plein air, celle-ci. Nous voici plongés dans le cinéma
aveuglant de cet espace clair, dont le film défilerait sur un écran en trois
dimensions. L’écran réel de la vie. L’assise en forme de terrasse brute,
blanche, enfonce son coin de pierre dans une ruralité profonde. Terrasse-navire
prête à fendre l’océan inquiétant d’une nature perdue entre champs, ciel et
montagne. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Rien n’a
lieu là, dans l’attente lourde de silence et de vide. Tout reste possible donc,
tout est à inventer. Survenue d’un OVNI à l’horizon proche ? Atterrissage
inopiné d’inconnus en goguette ? Catastrophe naturelle ? Ou
suspension du temps sur une absence de récit… Le monde peut-il être plus plat,
plus inexpressif, plus inutile ? Tout l’espace vibre d’une sidération
banale tant elle semble appelée à se prolonger, mais à laquelle l’œil s’habitue
pourtant. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Regards
braqués sur l’azur vide selon un même angle mécanique tiré au cordeau, quatre
figures de cire nous renvoient leur hallucinante inexistence. La leur devient
vite la nôtre, tant ils nous fascinent et tant cette scène focalise peu à peu
en nous une sensation en miroir. L’envie nous prend alors d’élargir le cadre du
tableau vers la droite, là où s’avance le navire-terrasse, dans le sens d’une
marche supposée. A tort ou à raison, il nous semble que déplacer notre regard
peut amorcer, initier un mouvement apte à éveiller ces figures vagues, lunaires,
figées dans une cire émolliente. Voir ailleurs, voir plus avant… faire se
mouvoir l’espace. Ne serait-ce que de la pause d’un soupir. Mais le subtil
déplacement de l’air tombe dans le néant d’une expectative navrante. Sidération
du vide.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pourtant,
notre regard fasciné questionne et témoigne : ces figures aux allures de
pantins, ne regardant rien, n’attendant rien, sont-elles encore vivantes ?
Ou ne sont-elles plutôt que le fruit de nos imaginaires abusés ?
Existent-ils ailleurs que dans notre rêve éveillé, ces automates cireux pourtant
habillés, cravatés et chapeautés selon les codes d’une civilisation rassurante,
identifiée ? Ou sont-ils embarqués dans un ailleurs inaccessible, plongés
dans une méditation dont les enjeux nous dépassent ? Question sans
réponse.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais, les
distances extérieures abolies, c’est dans l’espace intérieur à la scène qu’il
nous faut prolonger l’exploration. Un cinquième personnage, assis en retrait de
la rangée statique, ploie son corps attentif pour l’absorber dans un livre ouvert,
son seul regard semblant échapper à l’absence générale. Ultime rempart à
l’apathie ambiante, lui seul témoigne encore d’un vestige de civilisation et de
culture. S’il n’en reste qu’un, sentinelle attentive, avant que le monde entier
ne sombre dans le non-lieu… Présence puissante du lecteur en éveil dont
l’unique acte de déchiffrer sait donner un cap à ce navire en perdition muette.
Ce lecteur a nos traits. L’espoir renaît.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il s’avère
ténu. Tout n’a-t-il pas déjà été vu et dit de ce monde-ci ? Une tension,
palpable, traduit ses vibrations dans la chaleur intense de l’air. Rien à
attendre d’un horizon quelconque découpant trois zones classiques, cent fois
vues : un ciel d’azur flouté de blanc, une barre montagneuse lisse et
noire, un champ jaunissant de céréales. Insignifiance et banalité, classicisme
et ennui. Notre expérience ordinaire du réel n’en finit pas de se muer en image
indécryptable, objet de pure illusion. L’absence s’incruste au creux de la
scène. Jusqu’à l’hypnose.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Serions-nous
inconnus au monde ? Camus nous livre son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Etranger</i> - Socrate contemporain - pour illustrer sa philosophie de
l’absurde. La vie n’a pas de sens. Pas davantage le jugement de la société…
Comment l’homme ne se sentirait-il pas étranger à ce monde, lui qui n’a le
choix qu’entre résignation et révolte ?... Meurseault, ce monsieur Tout le
monde, ne ressent que détachement, lui qui vit de manière passive, sans projet,
sans chercher à donner de cohérence à ses actes. Jusqu’à tuer, sur une plage,
un Arabe par lequel il se sent vaguement menacé. Le héros de Camus est jugé et
condamné à mort. Il ressent tout au long du procès la même indifférence face à
la société qui l’accuse. Il se sent innocent. Son acte meurtrier, il l’a commis
sans intention, presque sans conscience, geste absurde parmi tant d’autres. Son
crime n’a pas eu pour lui plus de sens que le reste de sa vie. L’étranger
renonce à se défendre et refuse un pourvoi en grâce qui lui aurait sauvé la
vie. Mourir maintenant ou plus tard, quelle importance pour lui ? Puisque
tous nous sommes condamnés à mort un jour ou l’autre… Acceptation lucide du
trépas et refus de demander pardon à un Dieu décidément absent, se transforment
en révolte contre le non sens du monde. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>De la
solitude désespérée à une prise de conscience philosophique, comment ne pas
partager avec cet homme un sentiment d’étrangeté et de sidération ? La
révolte peut-elle tirer l’homme de sa solitude ?... <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Homme révolté</i> du même Camus (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Je
me</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">révolte, donc nous sommes »</i>)
rejoint le Sartre de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Nausée</i> dans
une même célébration de la connivence fraternelle. Littérature et philosophie
sont là pour figurer et nous aider à saisir un certain ordre du monde et la
finalité de l’existence qui peut en découler. Et puis ne sommes-nous pas
toujours l’étrange étranger d’un autre ?...<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Une barrière
invisible a été installée entre ces <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Gens
assis</i> et nous, impuissants voyeurs. Coquille vide peuplée par des fantômes.
Muette configuration. Vide sidéral asséné. Métaphore du silence. Le renvoi
initial à du déjà vu, du familier connu, repérable, s’est mué en une image
mystérieuse qui, n’en finissant pas de nous regarder, ne va pas tarder à nous
échapper. La grâce puissante de la mémoire et de l’imagination réunies achoppent
au non-lieu, à cet endroit où certaines configurations esthétiques se montrent
parfois impuissantes à ouvrir notre accès à la parole. Nous savons mal, ici,
traduire en langage nos perceptions de l’instant. Notre inquiétude, impossible à
apaiser par des mots ou autres métaphores, vire à la frustration pure.
Etonnement, confusion, silence, fugitivité du regard… mais absence de
dénouement !... Le metteur en scène - un certain Hopper - se refuse
catégoriquement à conclure, tout à son souci de captiver notre regard dans ce
qui ressemble à un puits sans fond. La lumière qui s’y reflète pourtant vient
de si loin qu’elle figure étrangement ces étoiles perdues où nous devinons
enfin, livides, hébétés, la forme hilare de notre propre visage.</span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;"> <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> <object height="315" width="420"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/mKphdua1ivo?hl=fr_FR&version=3"></param>
<param name="allowFullScreen" value="true"></param>
<param name="allowscriptaccess" value="always"></param>
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<br />
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;">ANAMORPHOSES<o:p></o:p></span></b></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;"> </span>« Qui suis-je ? », interroge mon
visage dans le miroir. Ce que j’éprouve quand je m’éveille, c’est l’étonnement
d’être moi-même, l’intrigue d’exister dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ce
</i>corps. Sensation de l’étrangeté des choses nichée au cœur de la poésie.
Singularité qui se multiplie en écho dans le jeu des miroirs. Je sais que je
sais. Je sais que je sais que j’ai su. Je pense que je pense… que je pense.
Limite d’un jeu à trois coups lisibles. Il existe bien en chacun une infinité
de « moi ». Eclats de miroirs à l’infini. Jeu subtil en kaléidoscope.<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ovide, poète
latin des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Métamorphoses</i>, narre mille
et un récits qui parlent à tous les temps. L’histoire de Narcisse est
exemplaire. A sa naissance, le devin Tirésias, à qui l’on demande si l’enfant
aurait longue vie, répond : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Il
l’atteindra s’il ne se</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">regarde
pas. »</i> En grandissant, l’enfant se révèle d’une beauté exceptionnelle,
mais d’un tempérament très fier. Il repousse nombre de prétendantes, dont la
nymphe Echo. Un jour qu’il s’abreuve à une source, Narcisse voit son reflet
dans l’eau et en tombe amoureux. Il reste alors de longs jours à se contempler
et à désespérer de ne jamais pouvoir rattraper sa propre image. Tandis qu’il
dépérit, Echo souffre avec lui. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Hélas !
Hélas ! »</i>, répète-t-elle en écho à sa voix. Narcisse finit par
expirer de cette passion qu’il ne peut assouvir. Même après sa mort, il cherche
à distinguer ses traits dans les eaux du Styx, pleuré par ses sœurs les
naïades. A l’endroit d’où l’on retire son corps ont poussé des fleurs blanches
qui portent le nom du disparu. Impossible et troublant miroir du double.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’homme
est-il la créature la plus parfaite ? <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Nous
ne sommes ni au-dessus, ni</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">au-dessous
du reste »</i>, affirme Montaigne. Une longue tradition philosophique, qui
commence avec les Grecs, fait de la raison, dont seul l’homme est doué, la
cause de sa perfection. La religion judéo-chrétienne considère l’homme comme
l’aboutissement de la création divine. Classant les espèces, la science le place
au plus haut degré de la hiérarchie animale. Mais Montaigne tempère :
l’homme a ses qualités et ses défauts, comme tous les autres animaux. Sa raison
n’est pas souveraine. Son intelligence ne lui permet pas d’établir ce qui est
vrai ou faux. C’est sa propre vanité qui fait de lui un être imparfait, se
laissant aller à contempler ce que son esprit a pu concevoir. Vaine
complaisance. Narcissisme aveugle qu’alimente le langage de la raison dans un
jeu de miroirs sans fin. L’homme roseau pensant. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mots-gigogne,
mots-valises, familles de mots. Chaque mot se fait métaphore qui renvoie à
d’autres mots en miroir. Le langage est de la poésie fossile prête à sortir d’un
lexique assoupi apte à décrypter le monde. A le relire en le nommant. Toujours
au bord de l’expression juste, nous nous contentons souvent de faire allusion
aux choses. Le langage s’inscrit dans une tradition qui nous permet d’écrire
encore et encore des histoires. Toujours la même histoire, écrite et réécrite
au fil de livres qui se succèdent ? Un récit qui finit par esquisser des
traits qui ressemblent aux nôtres. L’écriture, moyen de ré-flexion. Expression
d’un palimpseste en réécriture constante de notre vérité, unique et toujours
changeante. Reflets démultipliés de lucidité.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comme
l’expérience, la lecture s’affirme création. Elle est une conversation étrange,
de l’autre à moi, de moi à moi. De simples lettres imprimées ont ce pouvoir de
nous livrer silencieusement les propos des absents. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Ce miracle fécond de</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">communiquer
au milieu de la solitude »</i>, nous dit Proust. Petites taches noires sur
la page blanche, les mots font émerger en nous tout un univers de sons, de
couleurs, d’odeurs, d’émotions, de souvenirs, d’attentes. Chaque fois que je
lis un texte, je le transforme. Et chaque fois que j’écris un texte, j’accepte
que chacun de ses lecteurs le transforme. Une forme de paradis pourrait-elle
s’imaginer dans cette immense bibliothèque invisible et mouvante dont le destin
serait de donner à lire, rêver, écrire ?... En quête de notre image se révélant
à travers les récits qui nous portent, nous emportent ? Lectures miroirs.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quand je
regarde la lune, je ne regarde pas seulement un astre lumineux dans le ciel. Je
regarde aussi la lune de Virgile, de Shakespeare, de Verlaine. Instant
vertigineux où leur passé et notre présent se confondent. Les allusions
répétées, les variantes raffinées plaisent au destin, fidèle à de vastes lois
secrètes dans lesquelles je puise sans le savoir vraiment. Moi qui aime les
planisphères, le goût du café, la musique de Coltrane et la prose de Stéfan
Zweig. Cela n’appartient qu’à moi. Solipsismes. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La trame du
rêve qui crée réside dans l’opposition de deux mondes : le monde
quotidien, banal de nos perceptions ordinaires et celui, irréel, des romans et
des fictions. Talismans, abracadabras, mots magiques jaillissent de cette
manière de quatrième dimension qu’est la mémoire. Inscrivant nos récits dans la
durée élastique de l’Histoire, dans la succession des signes et impressions qui
jalonnent nos chroniques, nous nous situons aux antipodes de l’animal, captif
de l’actuel, de l’éternité de l’instant, inconscient de la mort qui rôde. Nous
nous donnons le droit d’interroger certains mots, de les enrichir grâce à la
poésie, à la mémoire, à l’oubli. Les livres, eux, restent tapis dans l’ombre,
puissants dans leur attente, prêts à formuler nos allusions, comme à alimenter
nos rêves. Leur poids mesure l’ambiance calme d’un ordre et la magie d’une
temporalité disséquée, condensée.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La
mythologie, la musique, la magie de certains lieux, tentent de nous dire
quelque chose. Cette révélation imminente, toujours en passe de s’incarner,
serait-elle ce que l’on nomme le « phénomène esthétique » ? Silencieux
et empressé, le livre s’adresse à nous, à l’image d’une scène de théâtre qui
nous regarde : l’acteur-auteur y joue à être un autre, devant une réunion
de spectateurs-lecteurs qui jouent à le prendre pour cet autre. L’art ressemble
à ce miroir qui soudain nous révèle notre propre visage.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p><object height="315" width="420"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/-wckZlb-KYY?version=3&hl=fr_FR"></param>
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<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: Arial;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;">DESERT<o:p></o:p></span></b></span><br />
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span><span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"> Déprise. Epuisement consenti. Détachement de soi-même
comme condition de notre présence au monde. Evidement de l’humain dans le silence
des pierres fendues par un soleil équivoque. Amour du minéral, sans besoin de
contrepartie. La foi n’a que faire d’un Dieu quelconque : elle est amour
démesuré du monde, malgré soi. Camus, écrivain du désert, penseur de la
tension, joue la Nature contre l’Histoire. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span><span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"> Vérité
immanquablement amère : il nous faut aimer ce soleil indécis, sans espoir
ni consolation. Splendeur et misère de l’homme. La figure camusienne du
dénuement est celle d’un hédonisme joyeux. Etre en vie et ne pas (vouloir)
savoir pourquoi, voilà notre plus grande chance. Et puis, d’ailleurs, ne
tenons-nous pas au fond à ce monde-ci, tel qu’il est, plutôt qu’à tout autre,
virtuel et alarmant ?...<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span><span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"> Désert</i> : Camus est fasciné par ce
lieu où <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« le soleil et le sang ont
la même couleur »</i>. Il se sent conduit à aimer sans retour, à donner
sans compter, n’exigeant rien du monde, et surtout pas d’être rassuré. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Le monde est beau, hors de lui point
de salut »</i>, lui inspire l’espace aride et brûlé. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« On peut s’agiter, on ne sort jamais du monde qui nous contient »</i>,
constate-t-il. Le vrai geste de la sagesse n’est-il pas dès lors… de renoncer à
toute sagesse ?<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span><span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"> Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Candide</i> de Voltaire avait besoin d’espoir
pour vivre. On sait ce qu’il en advint. Pour Camus, l’amertume est au principe
de toute chose, et l’espoir ne témoigne que d’un défaut de force, d’une volonté
exténuée. Ce qui nous parle, c’est ce qui est inutile, une beauté sans canon
objectif, celle du soleil comme celle de la tristesse. La Nature sans les
artifices que les hommes y déposent : absence de verbiage, écosystème de
la joie. Le cri de pierre, c’est le hurlement du silence. Constat paradoxal
mais premier.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A rebours du
modèle de la philosophie classique - l’amour de la sagesse cher à Platon,
Socrate ou Kant -, Camus se range aux côtés des mystiques - la sagesse de
l’amour chère à Nietzsche -, et de leur rapport d’étrangeté à un monde sans
miroir. Aimez les choses comme si c’était la première fois !... Pleurs de
joie <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et</i> de tristesse, consentement <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et</i><b style="mso-bidi-font-weight: normal;">
</b>révolte : on ne sait pas. Attentif à l’étrangeté du phénomène, Camus entraîne
le corps vers l’esprit, guettant cet <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« instant
singulier où la spiritualité</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">répudie
la morale »</i>. La spontanéité chevaleresque de l’humain irait-elle
jusqu’à rejoindre ici la figure du Christ ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Contemporain
de Camus, Théodore Monod passe l’essentiel de sa vie à explorer le Sahara. Ce
« fou » de désert, écologiste avant la lettre, recueille une foule
d’échantillons de plantes, de minéraux. Il découvre le squelette négroïde de
l’homme d’Asselar (moins 6000 ans). Le voici parti en quête d’une météorite
mythique qui l’occupera jusqu’à la fin de sa vie. Se nourrissant peu, doté
d’une endurance à toute épreuve, l’homme arpente le désert à pied, en
travailleur de la science, de la nature et de l’esprit. Il milite contre tout
ce qui, selon lui, menace ou dégrade l’homme : la guerre, l’alcool, le
tabac, la violence faite aux humbles. Son credo : le respect de la vie
sous toutes ses formes. Science et conscience dans l’espace aride. Le désert,
lieu d’une réflexion qui s’accomplit, simplifie, ramène à l’essentiel. A
l’image de la philosophie.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A travers le
désert, espace immanent et sans espoir, Camus semble s’adresser à ceux qui
vivent sans jamais tarir leur soif, supportant ce que le monde peut avoir de
sec. Les eaux vives du bonheur deviennent accessibles à qui commence par
refuser d’assécher son aspiration. L’écrivain prend le risque d’assumer sa soif
et de penser son désir comme l’expression de l’excès : toute sagesse est
dans l’art de saisir ce que l’on a sous la main. Ce qui lui importe, c’est la
rectitude du geste à entreprendre, plutôt que son résultat. La voie plus que la
cible. L’auteur de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Noces</i> veut vivre
sans filet, mû par une joie qui s’accommode de la réalité. Simplement,
entièrement.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Soleil
neutre, délicieux <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et</i><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"> </b>détestable, capable de concentrer la
totalité des émotions humaines, et dont l’indifférence livre à chacun le
meilleur comme le pire. Soleil ami des rugosités minérales d’un paysage torride.
Lumière équivoque réunissant le midi et le minuit au creux d’une métaphore
chère à Nietzsche, le penseur de l’éternel retour célébrant ce que la vie peut
avoir de détestable, de tragique. Il y a bien une beauté qui est expérience du
monde, une beauté qui se passe de moi, ne me concerne pas. Le monde nous est
étranger : Camus pratique l’oubli de soi dans un désert devenu familier.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comment dès
lors <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« accorder sa respiration aux
soupirs tumultueux du monde »</i> ? Le libertinage de la nature nous
conduit à une expérience d’écoute de ses harmoniques : le silence est une
musique. Le vrai crime serait de ne pas jouir de ce don. Conscient de sa
frugalité comme de sa fugacité, Camus chérit la vie d’un amour amer. Et fait de
la mort une chance. Tant il est vrai qu’il n’est d’art qui ne s’appuie sur la
conscience du trépas. Trop mystique pour être religieux - à l’image du jazzman
John Coltrane, alter ego proche et lointain - l’écrivain philosophe s’affirme <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>le contemporain conscient de sa propre vie. A
l’écho de son ami René Char, acteur passionné de l’existence, jusqu’à
livrer : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« La lucidité est la
blessure la plus</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">rapprochée du
soleil. »</i> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p><object height="315" width="420"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/i7m8DRtx_Xc?hl=fr_FR&version=3"></param>
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<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: Arial;"><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<o:p><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;">BABIOLES (interlude)<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p> </o:p></span></b><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial;">Bibelot,
breloque, brimborion, colifichet. Bagatelle, bêtise, broutille, niaiserie… rien</span></i><span style="font-family: Arial;">. Les mots nous prennent par le col, nous font voir
du pays, celui des répertoires, des lexiques et des glossaires.
Brimborion : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">prière marmottée</i>.
Colifichet : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ornement fiché dans la</i>
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">coiffe</i>. Bagatelle : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">tour de bateleur</i>. Fanfreluche : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">bulle d’air</i>. Le rien se décline,
s’organise, nous en met plein les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mirettes</i>.
L’air de rien, comme si de rien n’était…<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Babiole : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">bricole, frivolité,
fadaise, enfantillage, futilité</i>. Babiole : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">niaiserie, baliverne,</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">néant,
platitude, plaisanterie</i>. Babiole : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">blague,
boutade, calembredaine, facétie,</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">galéjade</i>…<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Rien, vous
avez dit « rien » ! Il ne s’agit de rien de moins, en effet, que
de délivrer les mots d’un sommeil lexical en les laissant souffler sur nos
langues bien vivantes un air de pharmacopée essentielle. Embarqués dans le
va-et-vient du monde, les voici qui entament leurs petits chuchotements
discrets ou bruyants, gentils ou féroces. Mais toujours précis, justes, pleins
d’une histoire qui les veut singuliers, uniques.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Babiole : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">badinage, quolibet,
canular, attrape, taquinerie</i>. Babiole : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">faribole,</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">billevesée,
sornette, néant, nullité</i>. Babiole : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">banalité, bobard, hâblerie, saillie,</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sarcasme</i>.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voyez ces
petits riens déclinés nous ouvrir à la parole, à l’écriture : rien de tel
comme exercice mental ! Voici que les mots nous soufflent l’immensité de
la pensée, inventant devant nous un art plastique de la langue. Volubile
faconde qui nous laisse pantois, sans voix… mais pas sans texte !... Nous
entrons dans la ronde des mots.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Babiole : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">bourde,
bouffonnerie, farce, badinerie, poncifs</i>. Babiole : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">boniment, bateau,</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">fanfaronnade, forfanterie, gasconnade</i>. Babiole : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">raillerie, trait, facétie, niche, tour</i>.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les lexiques
nous chuchotent cent, mille mots apparentés. Impatients de nous livrer leurs
indices, ils se renvoient la politesse sans jamais se la griller : chacun
a un petit mot pour ses voisins : ils sont si proches ! Mais aucun ne
renonce à sa propre musique, celle qui l’a vu naître avant de traverser une
histoire parfois séculaire. Le convoquer - lui plutôt que tel autre, si proche
cousin pourtant ! - c’est lui rendre hommage, le laisser c’est le
condamner peut-être à une mort prochaine, dans l’extinction silencieuse de
l’oubli. Les mots ne s’usent bien que si l’on s’en sert !<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Babiole : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">baratin, battage,
bobard, parade, rodomontade</i>. Babiole : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">vanterie,</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">gouaillerie,
malice, moquerie, persiflage</i>. Babiole : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">brocart, flèche, lazzi, trait, pique</i>. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Inépuisables
ce dictionnaire-<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Thesaurus</i>, ces
répertoires à concordances, ces lexiques d’étymologie ?... Il arrive que
les mots qui dansent tournent sur eux-mêmes en un drôle de boléro, revenant
finalement à leur point de départ. Beaucoup de bruit pour rien ?...<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Babiole : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">esbroufe, épate,
libelle, pamphlet, satire</i>. Babiole : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">bagou, caquet, parlote,</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">jacasserie,
racontar</i>. Babiole : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">gadget,
bidule, fourbi, machin, trucmuche</i>. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A quoi
pensez-vous ? A rien !... Jurez-vous de dire toute la vérité, rien
que la vérité ? Impossible de rester sans rien dire ! Et puis rien
n’est impossible…<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Babiole : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">badinage,
espièglerie, jobardise, raillerie, diatribe</i>. Babiole : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">manigance,</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">duperie, enjolivure, faux-fuyant, échappatoire</i>. Babiole : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">poncif, redite, verbiage,</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">superfluité, luxe</i>… LUXE !...
Babiole luxe, babiole de luxe ? Retour de mot, pirouette et ouverture.
Babiole et luxe ? Cela n’a rien à voir ! Cent mots pour en arriver
là. Cela n’a rien d’impossible. Avec les mots, il y a toujours plus que rien.
C’est tout ou rien. Nous les avons pour rien. Un rien nous parle puisqu’un rien
les habille. Un rien nous engage car un rien les amuse. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Pour cent fois rien, on a déjà quelque chose »</i>,
plaisante l’humoriste. Cent babioles pour un seul rien. Quel luxe ! <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Rien à
dire ! C’est un tantinet parfait. A cent contre un, la babiole atteint des
millions comme rien ! Elle cultive ce luxe de nous contenter de rien. Sa
devise : c’est donné, c’est pour rien. Elle ressemble à ce rien qui fait la
liberté de la langue. Un rien qui sait s’absenter, se suspendre, et pourtant
toujours déjà là, à portée en un rien de temps.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Feuilleter
le dictionnaire, c’est comme ouvrir une porte au souffle des sens possibles. On
met le nez à la fenêtre et on se laisse goûter l’air du temps qui passe,
décidant une fois pour toutes que rien n’est trop beau pour nous. Aquilons,
zéphyrs, bourrasques, tramontanes… Babioles éoliennes. Les mots possèdent la
puissance et les nuances infinies des vents. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La <i style="mso-bidi-font-style: normal;">babbola </i>italienne du XVIe siècle - à
l’origine de notre babiole -<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>a beau
n’être qu’un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">petit objet de peu de valeur</i>,
voilà qu’elle se découvre des myriades de cousins. Comme une averse de
printemps fertilisante. Féconde pluie de menues piécettes dorées subitement
surgies des trésors dormants de la langue. Jusqu’à flirter avec la
« langue verte », ce langage propre à la corporation des gueux (1690)
heureux de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« rouscailler
bigorne »</i> comme disent les habitués. Argot parisien, boulevardier,
militaire, scolaire, sportif etc… A chaque corps son dialecte fleuri. L’argot,
langue sociale.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La babiole
se mue alors en <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« broquille »</i>
mal famée : non décidément, ça ne vaut pas une broquille ! <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Broquilleurs</i> et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">broquilleuses</i> pratiquent sans scrupule le vol à l’étiquette,
faisant passer pour diamant pur le bijou le plus toc, et ne laissant que peu de
temps pour s’en remettre : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Wah !
Faut qu’je speede un max, j’ai rencart dans trois</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">broquilles !... »</i> Quant au lexique magique de la zone, il
ne se prive pas de multiplier le « rien » avec gourmandise : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">peanuts, queude… que dalle, que tchi,</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">walou…</i><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dernier (?)
mot laissé à l’humoriste Devos, orfèvre dans l’art de parler pour ne rien
dire : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Car rien… ce n’est pas
rien ! … Pour trois fois rien, on peut déjà acheter quelque chose, et pour
pas cher !... Maintenant si vous multipliez trois fois rien par trois fois
rien : rien multiplié par rien = rien, trois multiplié par trois = neuf.
Cela fait : rien de neuf !... »</i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"></i></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><o:p><object height="315" width="420"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/fKb0Sc2lYVU?hl=fr_FR&version=3" /><param name="allowFullScreen" value="true" /><param name="allowscriptaccess" value="always" /><embed allowfullscreen="true" allowscriptaccess="always" height="315" src="//www.youtube-nocookie.com/v/fKb0Sc2lYVU?hl=fr_FR&version=3" type="application/x-shockwave-flash" width="420"></embed></object></o:p></i></span><br />
<br />
<span style="font-family: Arial;"><br />
<o:p><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;">CARAVAGE<o:p></o:p></span></b><br />
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
</o:p></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p> </o:p></span></b><span style="font-family: Arial;">Carnations voluptueuses ou ravagées. Les chairs
s’exposent, explosent, éclatent de lumière. Puis s’ombrent, se délitent, se
désagrègent. La mort rôde, entre obscurité et clarté. A l’image du peintre,
toujours en cavale, se fondant au cœur de l’obscur avant de réapparaître en
pleine lumière. L’homme se sait traqué, comme condamné à vivre. Intensément,
cruellement. Enfant terrible de l’histoire de l’art, Caravage peint sa mort à
trente huit ans - ne l’anticipant que d’un an. Un autoportrait en <em>Goliath décapité</em>.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le peintre
accouche d’une lumière aveuglante qui assombrit plus qu’elle n’éclaire. Et nous
plonge dans une sensualité lumineuse, féroce, sanglante. Peinture scandaleuse
d’un scélérat en fugue continuelle, proscrit, recherché, persécuté. Toujours
suspect, contraint au secret. Mystérieux, en réaction contre la
« manière » de ses aînés, il impose son langage réaliste, théâtral,
choisissant dans chaque sujet le plus dramatique, recrutant ses modèles dans la
rue, n’hésitant pas à les peindre de nuit. Caravage proclame la primauté de la
nature et d’une vérité puisée au creux de l’humanité souffrante, celle des
culs-de-basse-fosse post-médiévaux qu’il prétend élever au rang de sujets
spirituels. Apothéose de l’art baroque pour une période pleine de fureurs,
d’excès, d’extases. Explosion picturale dans la tourmente de la Contre-Réforme.
Entre éphèbes provocants et vieillards moribonds, les mains se tendent pour un
jeu de langage chargé d’oraisons suppliantes annonçant Velasquez et de La Tour.
Caravage, mauvais garçon mystique.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Avec le
temps, le peintre assombrit les arrière-plans de ses tableaux, jouant d’un
contraste violent avec ses personnages touchés par la lumière. Certains de
ceux-ci regardent le spectateur, tandis que d’autres lui tournent le dos.
L’impact dramatique des récits est ainsi accentué : le peintre provoque
notre émotion en nous associant à ses mises en scène. Comme si de puissants
projecteurs éclairaient de façon sélective, étudiée, des acteurs de théâtre. Il
plonge souvent ses cœurs de scènes <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>dans
des lumières brutes qui confèrent aux récits des atmosphères mystiques qu’il
veut en accord avec les sujets religieux. Avec la création de ces jeux de lumière,
Le Caravage initie le « ténébrisme » qui sera repris par d’illustres
peintres à venir : Le Gréco, Rembrandt, Delacroix… jusqu’aux photographes
et cinéastes modernes, comme Orson Welles. Impulsions futuristes. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Retournement
du rapport entre l’artiste et l’objet de son regard : Caravage se mire
dans l’extase comme dans la désolation. Le coloriste introduit et cultive les
ténèbres dans la peinture, en fait l’allégorie de son chemin vers la mort.
Indifféremment luministe ou ténébriste, l’homme suit son destin, menant ses
années d’errances vers une sérénité qu’il pressent inaccessible. Il joue avec
les ombres comme avec sa propre vie. Familier des tavernes et des bas-fonds
citadins, il fréquente les prostituées, tue un jeune homme au cours d’une rixe.
Grièvement blessé, à trente six ans, il se met à tutoyer la faucheuse qui
l’attire, irrésistible. Condamné à mort par contumace, il se cache et peint le <em>Souper à Emmaüs </em>: gestes
restreints, ombres lourdes, une table qui ne porte que pain et vin. Sujet déjà
traité cinq ans auparavant, tout en majesté et en lumière. Le peintre joue des
extrêmes, cherche les émotions fortes dans une sobriété puissante. Ses éclats
se voilent au gré des aventures de sa vie.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Sous la
protection d’un cardinal romain, Caravage, qui se sait artiste d’exception,
voit son caractère évoluer, dans un milieu où le port de l’épée est signe
d’ancienne noblesse. Le succès lui monte à la tête. Cette arme va faire de lui
un de ces nombreux meurtriers pour crime d’honneur, qui demandent leur grâce au
souverain pontife et souvent l’obtiennent. Il acquiert peu à peu l’image d’un
homme dangereux provoquant des troubles à l’ordre public. Ainsi se scelle une
destinée d’emblée inscrite dans l’ordre du tragique.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Fait
chevalier de l’Ordre de Malte, il blesse plusieurs de ses homonymes de haut
rang. Arrêté, incarcéré, il s’évade à nouveau, disparaît. Réapparaît à
Syracuse. Il passe ses journées entières dans les catacombes, pris de
confusions annonciatrices. Les bas-fonds l’inspirent. Sa matière picturale se
désagrège, à l’image de ses conditions de vie, de ce va-et-vient incessant
entre triomphe espéré et déchéance vécue. Son nouveau David tient toujours la
tête de Goliath tranchée, mais il ne jubile plus : la bouche du géant
semble esquisser un cri, comme si elle était encore en vie. Et si pour Caravage
la véritable peine ce n’était pas la mort mais l’existence elle-même ?...<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Œuvre
ultime, le <em>Martyre de sainte Ursule</em>.
Le trépas de nouveau suggéré, présent, imminent. La flèche du roi des Huns jaillit
sous nos yeux de l’arc encore tendu et, dans l’instant qui suit, va s’enfoncer
dans la poitrine de la sainte résignée. Après ce martyre poignant, Caravage ne
peindra plus. Emprisonné, il obtient sa libération. Un récit le dépeint hagard,
affamé, malade, épuisé. On le dit victime de rôdeurs auxquels il se confie - et
assassiné. On découvrira son corps sur une plage de Naples, le regard tourné
vers Rome. Il n’a pas quarante ans. L’homme au destin brisé rejoint le peintre météore
aux modèles ravagés. Caravage nous abandonne à son récit unique des aventures
de la chair. Entre incarnation souveraine et déchéance physique, le corps
mystique décline et se décline, depuis des embrasements qui jubilent jusqu’aux
ténèbres qui damnent. Caravage peintre des extases.</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"></span> </span></div>
<span style="font-family: Arial;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p><object height="315" width="420"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/TaPIyo51cr4?hl=fr_FR&version=3" /><param name="allowFullScreen" value="true" /><param name="allowscriptaccess" value="always" /><embed allowfullscreen="true" allowscriptaccess="always" height="315" src="//www.youtube-nocookie.com/v/TaPIyo51cr4?hl=fr_FR&version=3" type="application/x-shockwave-flash" width="420"></embed></object></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: Arial;"><o:p><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;">PRESENCE<o:p></o:p></span></b>
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial;"><o:p> </o:p></span></b><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">« </i></span></b><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial;">Mais quand aurons-nous
donc la paix ?... Mais quand… ? »</span></i><span style="font-family: Arial;"> La voix hésite, reprend, ânonne, patine. La langue
se fait sèche, les lèvres tremblent. La bouche bâille aux corneilles mais
demeure intensément muette. Le regard se fige, implorant, éperdu, comme plongé dans
les limbes d’une mémoire à jamais rayée. Le texte du poème en suspens est-il
condamné à se glacer dans l’anonymat de lisières incertaines d’où la
sensibilité de l’élève ne peut, ne sait le faire sortir ? Dieu sait
pourtant combien ce premier vers lui parle, autant qu’il a dû parler, en son
temps, à son auteur. « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Mais quand
aurons-nous… ? »</i> En rester là, n’est-ce pas confirmer la cruelle
validité du poème annoncé et mort-né ?... Connaître par cœur ce texte
impliquerait de le connaître par <i style="mso-bidi-font-style: normal;">le</i><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"> </b>cœur. De poser sur lui le regard neuf
des origines. De pénétrer la vision singulière, l’instantané qui l’a fait
exister autrefois aux yeux de son auteur. Minute unique, exquise, de
l’épiphanie d’une sensation se muant en création. Assomption d’un regard
intérieur. Pur produit d’une présence.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Etre ou ne
pas être… là ? Amorce de la chronique d’une absence invoquée et déjà
presque revendiquée. Habiter ou pas l’acte premier d’être là, présent. Question
primitive du désir. Question de conscience. La conscience, cette amante
exclusive qui nous veut toute à elle, c’est bien le moins ! Alors même que
les propositions se multiplient, se bousculent, se chevauchent en multitudes
maladroites et impatientes. Flux permanent, mouvant, d’informations. Trop-plein
mortifère partant à l’assaut de l’esprit. Panique. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« A quand la paix ?... »</i> L’engorgement est
informatif : à savoir trop, que sait-on encore vraiment ? La pression
qui étouffe appelle l’action qui égare. Trop d’infos tue l’info. L’ob-scène
déporte hors de soi. Un « double » malade émerge alors, fasciné d’avoir
trop à être là. Conscience colonisée et absence du soi désormais déserté.
L’agir-agitation s’abîme dans un vertige qui hoquette. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« La vitesse c’est dépassé ! »</i> proclame à l’envi un slogan
gouailleur. Mais raisonne-t-on des organismes plongés en état d’hypnose, de
survivance mécanique ? L’être <i style="mso-bidi-font-style: normal;">toujours
plus</i> court après l’avoir <i style="mso-bidi-font-style: normal;">toujours
davantage</i>. Et quid de l’être <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mieux</i> ?...
Que penser des lenteurs et des clairvoyances d’un arpentage assidu,
exigeant ? Osons approcher la puissance d’exister lovée au creux de nos
états de conscience. Là flottent légèreté et liberté, tels des fibres
vaporeuses, des effluves entêtants évoqués subtilement par les poètes. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Mais quand</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">aurons-nous donc la paix ?... »</i> Mettons-nous en quête de
ces fragments d’esprit enkystés au cœur des œuvres. Prélude lancinant à des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">adagios</i> qui apaisent.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A l’horizon
des œuvres, justement, se profile un peu de cette paix intérieure qui nous a
précédés il y a bien longtemps, dans un siècle d’or perdu. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Or / origines</i>. Singulière homonymie qui dit la source. Levons le
voile de Maya cher au philosophe pour dépasser aveuglements et illusions et
revenir aux causes, aux sources d’un langage perdu, primitif. Remontons le
cours-fatras des choses, tendons nos sens aux aguets de la source. La source a
des secrets à nous murmurer… Alors, debout dans un paysage intérieur, nous
apparaît enfin notre « double » étrange et rare. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Ma sœur âme, ma sœur… »</i> Collant à notre propre parole
émerge l’amorce émouvante d’une ouverture vers la paix, comme la saveur d’une
éternité depuis toujours présente. L’éternité de l’instant.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Elle est retrouvée. Quoi ? –
L’éternité. C’est la mer allée avec le soleil »</i>, écrit Rimbaud.
L’éternité est ce portail, ce seuil qui nous ouvre les yeux, ici et maintenant,
sur terre. Ni dans le futur hypothétique concocté par les religions, ni dans
une durée s’allongeant à perpétuité, elle nous crève les yeux dans ce monde-ci.
Nichée au cœur de chaque seconde dont palpite le temps, elle sait habiter le
regard de celui qui surplombe le jeu double, silencieux, signifiant, des
réalités éphémères, apparemment ordinaires. Arrêter le temps relève du miracle
de l’étonnement. Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">thomazein</i> grec,
que Socrate place à l’origine de l’acte même de philosopher, renvoie à cette
qualité du regard qui questionne, investit, pénètre au cœur des choses pour en
extraire la substance vivante. N’en va-t-il pas ainsi de notre rapport aux
œuvres ? <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le moment
privilégié de l’émotion artistique jaillit de la qualité de notre rencontre
avec l’univers silencieux, profond, d’une absence qui se mue soudain en pure
présence. Comment retrouver la force d’un sens caché sans se mettre d’abord en
congé de la turbulence programmée qui nous agite ? Avant de prétendre
pénétrer l’épaisseur de la nature telle qu’elle est, quand aucun homme ne la
regarde, en dehors de nous, à cet instant précis où nous établissons avec elle
le fil d’une sensation et, qui sait, d’une osmose.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Instant tout
qualitatif que celui qui voit notre œil se glissant dans le trou de
serrure<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>pour saisir l’éternité nue, dans
une innocence encore dépouillée d’humanité. Ne nous semble-t-il pas alors avoir
accès à un monde que les hommes n’ont pas encore recouvert de leur présence, ni
du sens qu’ils ne manqueront pas d’y mettre ? L’oubli de soi est-il la
condition d’accès à l’éternité de l’instant ? S’effacer pour laisser
parler le monde. Hors de la fureur de l’histoire et des malheurs du temps.
Etablir un lien avec ce <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« seul
univers où avoir raison prend un sens : la nature sans hommes… »</i>,
évoqué par le Camus de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Noces.</i>
L’éternité ne se saisit ici-bas que dans l’instant. Un instant patiemment
capté, capturé, prélevé sur la structure granulaire du temps, dans l’attente
qui saisit le miracle. Instant parfait, baudelairien, qui <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« extrait l’éternité du</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">transitoire »</i>.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le temps n’est continu qu’en apparence.
Pénétrant sa substance intime, nous aurions accès à une multitude d’instants
discrets, presque invisibles à l’œil nu, dont chacun compose une unité parfaite.
Une myriade d’instantanés dont la qualité et la force ne dépendent que de la
façon que nous avons de les regarder. Question de <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>nature du regard. Le monde est un texte, une
rêverie poétique à déchiffrer, une géométrie accomplie à déceler. La finesse de
sa lecture appelle un laisser-aller, un désintéressement proches de… l’absence.
Une juste présence suppose suspension, abolition de nos repères familiers pour
se plonger dans l’éternité offerte à « l’œil qui écoute » que nous
décrit joliment Paul Claudel : celui du peintre amorçant un pas vers sa
toile pour soudain disparaître à l’intérieur, comme s’absorbant en elle.
Paroxysme du geste d’éternité. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> <object height="315" width="420"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/Q0ZBaZoBCaA?hl=fr_FR&version=3" /><param name="allowFullScreen" value="true" /><param name="allowscriptaccess" value="always" /><embed allowfullscreen="true" allowscriptaccess="always" height="315" src="//www.youtube-nocookie.com/v/Q0ZBaZoBCaA?hl=fr_FR&version=3" type="application/x-shockwave-flash" width="420"></embed></object></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: Arial;"><o:p><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;">GENEALOGIE<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p> </o:p></span></b><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial;">Par delà
Bien et Mal</span></i><span style="font-family: Arial;">. Volage, la vérité
s’habille et se déshabille devant nos yeux interrogatifs. Plus mensongère que
le mensonge lui-même, elle peine à assumer jusqu’à ses plus mauvaises
intentions. C’est le désir que nous avons d’elle qui la met hors d’atteinte.
Face à elle, le philosophe s’installe dans un rapport de Tantale : celui
de l’éternel supplicié aux désirs chimériques. La vérité serait-elle un
mensonge qui s’ignore ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le penseur
part de soi. L’écriture pétrifie, vitrifie le réel. Mais une pensée vierge
engendre un enfant viable : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Zaratoustrah</i>
serait-il l’enfant que Nietzsche n’a pas eu avec Lou-Andrea ? Grossesse
propre à la maïeutique. La déraison des choses est mise en lumière : le
Bien et le Mal ne relèvent-ils pas, au fond, des bons sentiments ? Et d’où
vient le désir que nous avons de cette <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Etoile
du Nord »</i> qu’est le… désir?<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Au-delà de
chaque réponse se tient une question possible. Nous n’en aurons jamais fini de
ce jeu où les questions sont plus essentielles que les réponses. Questionner le
pourquoi de la vérité, sa valeur, voilà le véritable enjeu de cette révolution
généalogique. Soyons sphinx : donnons leur chance aux questions
elles-mêmes, aux doutes, aux origines. Acceptons de nous laisser porter, bousculer.
Philosopher, c’est chercher des points d’interrogation. Et traverser l’expérience
possible d’un vertige.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le
généalogiste, artiste indépassable. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Qui
se soucie de ces dangereux peut-être ? »</i> Nietzsche, en philosophe
du doute, récuse l’esprit de sérieux. Le penseur manie le marteau du médecin et
le ciseau du sculpteur : modeler, c’est toujours enlever de la matière.
Sus aux manichéens de tout poil, scindant le monde dans le piège du noir et
blanc ! Considérant Bien et Mal ensemble, le penseur se fait le défenseur
du mélange, de l’entrelacs. Blanc / noir, vrai / faux, bien / mal :
faisons valoir l’assemblage dans un jeu de perspectives. Le philosophe du
soupçon lutte contre les tentatives normatives en dévoilant l’arrière-fond des
pulsions. Derrière le « je » qui clame, « ça » pense en
douce.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Philosopher
en généalogiste, c’est s’intéresser aux raisons qui nous font prendre le faux
pour le vrai. Nietzsche remonte l’histoire de la bonne conscience en chacun. En
arrière-fond de notre libre-arbitre s’agite tout un univers d’instincts. Il n’y
a pas de vérité, mais que des interprétations de la vérité. Il nous faut
refuser de transiger avec le goût des illusions maquillées en vérités. Le
généalogiste n’en finit jamais de réviser la filiation des linéaments de la
morale.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dressant la
genèse des sentiments moraux, il en fixe l’origine dans le ressentiment et les
valeurs passives de réaction. Nietzsche joue l’oubli contre la mémoire. Celle-ci
se révèle comme une aptitude contre-nature inventée par l’homme, et qu’il finit
par retourner contre lui à la façon d’une volonté négative de se lier à
l’avenir. Tandis que celui-là, faculté active et nécessaire à l’esprit humain,
lui permet d’envisager l’avenir plus librement. Respectant le principe de sa
philosophie consistant à prendre le contre-pied de toute valeur admise, le
penseur renverse le jugement, muant l’oubli en signe de santé.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Pratiquant
l’incertitude comme discipline, le philosophe pense par delà le bien et le mal.
A ceux qui apprennent pour se rassurer, il rappelle que dans toute volonté de
connaître entre déjà un soupçon de dureté. Aux pessimistes il apprend que ce
n’est pas le monde qui est absurde, mais bien la volonté de lui donner un sens
à tout prix. Au monocle des gens qui voient le réel en noir et blanc, il
substitue l’œil et l’oreille qui permettent de viser et d’entendre les énigmes
et d’accepter le mutisme écrasant des éléments du monde.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Tout ce qui
est profond aime le masque. Paradoxe de la superficialité dans la profondeur.
Nue, la vérité se montre obscène, masquée elle devient pudique. Le philosophe
revêt le masque du langage, créant du style pour dire l’indicible. Que démasque
le moraliste ? La conviction que le monde est un théâtre sur la scène
duquel s’ébattent et s’affrontent nos pulsions contradictoires. De ce chaos
primitif, glaise informe du sculpteur, il convient de ciseler des formes
renouvelées : écriture, cadence, style sont là pour y contribuer. Sobriété
des aphorismes.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les
exigences de la vérité ont fini par se retourner contre elles-mêmes. Si les
valeurs ne sont que relatives, plus rien ne vaut… et nul ne devrait plus rien
vouloir. Et si c’était le moment de créer du nouveau ? Nietzsche renonce à
la vérité absolue, proposant d’inverser les valeurs. En expérimentateur, il
renverse les idoles pour partir à la recherche du neuf. Métaphore du sculpteur
à la Plotin : se ressaisir soi-même en tant qu’œuvre. Partir de soi et non
plus du monde extérieur et de son système d’images. Pour se transformer dans la
durée. Etiqueté philosophe du soupçon, Nietzsche pense le philosophe en
artiste. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
</o:p><object height="315" width="420"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/L5zASr5OmWw?version=3&hl=fr_FR" /><param name="allowFullScreen" value="true" /><param name="allowscriptaccess" value="always" /><embed allowfullscreen="true" allowscriptaccess="always" height="315" src="//www.youtube-nocookie.com/v/L5zASr5OmWw?version=3&hl=fr_FR" type="application/x-shockwave-flash" width="420"></embed></object></span></o:p></span></span><br /></div>
</o:p></span></span><br /></div>
</span><br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<br />
<span style="font-family: Arial;"><br />
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br />
<br /></div>
<span style="font-family: Arial;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
</span><br />
<br />
<br />
</div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-55149240513684855272013-11-17T00:33:00.000-08:002014-04-26T03:29:16.350-07:00EMOUVANCES (6) MAÏEUTIQUES <div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="mso-spacerun: yes;"><strong> </strong></span>Chair
de nos mères, paroles de nos pères. Quand la parole prendra-t-elle chair si la
chair est impuissante à livrer parole ? Le fleuve du temps voit chaque
père reprendre insensiblement ses gammes sur le père enfoui avant lui… en
prenant soin du père à venir. Chaque génération penche sur la suivante un
regard attendri, au risque de s’y perdre. Père présence, disparition, force.
Père calme, peur, refuge. Père oubli, patronyme, transparence. Tous pères
solidaires. Et si les pères sacrifiaient leurs goûts, leur consistance, et
jusqu’à leurs rêves pour dédouaner d’antiques pères absents, fantômes demeurés
à l’état de trace, d’ébauche, car trop vite disparus, évaporés ?... Mais
quel père est-il vraiment comptable d’un autre alors que tous le sont par
hérédité ordinaire des âges, sourde voie d’héritage ? Devoir vital
d’échapper au long cortège de la malédiction des pères. Oser sortir de la
lignée immémoriale pour rester au guet d’un chemin singulier et solitaire, à la
croisée de tous ces pères possibles à épuiser… sans en élire aucun.<o:p></o:p></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Père
initiateur, passeur de vie, faiseur de traces en vrac, obstiné bricoleur de
petits riens, entêtant poseur de mots sur tout, inlassable <i style="mso-bidi-font-style: normal;">épuiseur</i> des pourquoi et des comment, manitou pédagogue des fines
leçons de choses comme des grands secrets à partager. Père pélican, touchant
cousin de nos frères animaux, prédateur naturel qui s’ignore, bricoleur d’une
oralité ludique et dévoreuse penchée sur la grande marmite fumante des mets et
des objets. Papa poule, rassurant double se glissant dans l’ombre des mères.
Père de passage semant au hasard des désirs, essaimant ici et là, au fil des
rencontres ; mateur indifférent de moissons vite délaissées. Père en attente, éternel jeune homme recouvrant de la cendre du temps sa généalogie
incertaine. Père chef de clan, grand sachem, vivante statue sur pied,
réceptacle des haines comme des adorations. Commandeur pathétique et terrible, ambivalent
gardien d’une morale intangible. Père récit fascinant les enfants de contes
répétitifs immémoriaux, dansant la gigue en compagnie de lutins gouailleurs.
Père toujours au charbon épuisant le réel, épuisé du réel, puits à réel. Père
conseil, père phare, père copain proche et complice des quatre cents coups de
l’enfance. Père peur de ce qu’il a mis au monde et qui le dépasse. Père de la
Nation, recours unique, symbole toujours au garde à vous, tapi dans nos
consciences collectives et dans la nuit de l’Histoire. Petit Père des Peuples,
sourire chafouin et calculs débonnaires, décrétant <i style="mso-bidi-font-style: normal;">le</i> Bien - le sien - <i style="mso-bidi-font-style: normal;">urbi et
orbi</i>. Père curé semeur de sermons vides ne tombant qu’entre les oreilles de
piafs volages. Père la pudeur, père la vertu, arborant leurs raideurs primaires
et surannées. Camaïeu miroitant de paternités.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Voguant sur
les ailes de sa métamorphose, le père nouveau - avatar animal du vin primeur -
ranime la flamme de l’antique père oublié qui brûle en lui. Brûle de bien
faire, jure de ferrailler hors des abdications et compromissions. Combat neuf,
vivace, toujours repris à ses fondements. A perpète. Défi ordinaire où s’abîmer
insensiblement. Jusqu’à renouer avec le « hors pair », cette parole
qui ranime l’envie, renoue avec d’antiques désirs ; les primitifs, ceux
qui ont modelé l’âme. Origines profondes contre empreintes obligées. Père
trace.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Homme sage.
Père Socrate accoucheur des esprits à défaut d’engendrer les corps. Violence du
questionnement socratique faite au disciple ou à l’élève, à qui l’on propose d’accoucher
de… lui-même, rien de moins. Autonomie construite par le fils qui mène son
raisonnement personnel, édifie sa loi propre. Le savoir est en nous, à portée,
et nous ne le voyons pas ! Pauvres prisonniers d’une caverne obscure, il
ne nous est donné que d’apercevoir des silhouettes dansantes animées par de
vilains faiseurs de prodiges. Nous ne voyons que des ombres, nous n’entendons
que des rumeurs, celles de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">doxa</i>,
de l’opinion courante véhiculée par tous. Tandis que la plus intime
connaissance, celle de nous-même, nous échappe… Seul l’électrochoc socratique
peut déciller nos yeux aveuglés, confinés dans la vaine critique des
apparences.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le père
Socrate. Homme de tous les paradoxes. Face plate, nez camus, narines
retroussées, œil de bœuf, toujours mal attifé, le philosophe le plus incarné
qui soit<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>fait de sa laideur une preuve
de sa… beauté ! Lui le tenant du canon grec <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Kalokagathia</i> qui fait s’harmoniser beauté et bonté en proportions
égales. Lui le pédagogue portant beau mais laid, bizarre mais rationnel, homme
poli toujours en retard, tempérament de buveur jamais ivre, anti-héros qui fuit
la gloire publique, maître penseur qui refuse de donner la leçon à quiconque,
rationaliste évoquant une révélation divine, révolutionnaire et conservateur au
point de se plier à des lois injustes qui le conduisent à la mort. Homme
complexe à l’image d’une vérité qui l’est tout autant lorsqu’il appartient à
chacun de se la concocter pour ce qui le concerne. Pas de prêt à penser ! <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Car on
n’apprend pas, mais on se remémore. Il faut se défaire de ce que l’on croit
savoir - la rumeur, l’opinion - pour désirer connaître - <i style="mso-bidi-font-style: normal;">naître avec</i>. C’est ce désir-là qui nous rend le savoir intérieur,
intime. Apprendre à… désapprendre, à nous déprendre ! Le dialogue
socratique nous conduit à la construction d’un objet commun repris par chacun à
son propre compte. Force de la maïeutique des âmes.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Philosopher, c’est apprendre à mourir. »
</i>Détacher l’esprit du corps. Penser des réalités qui, elles, ne meurent
jamais. Platon développe l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Apologie de
Socrate</i> en lui faisant retourner l’accusation contre ses juges. Il est cet
homme singulier qui accepte de mourir au nom d’une vérité qu’il porte en lui et
qui lui est supérieure : comment vivre autrement ?<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Accoucher du
savoir, comme de la chair : acte violent, douloureux. Zeus, le dieu des
dieux, en fait l’expérience forte. Saisi de violents maux de têtes, il doit
appeler à l’aide son forgeron de fils, Ephaïstos, pour lui briser le crâne afin
d’en faire sortir sa fille<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">Athena</i>, - <i style="mso-bidi-font-style: normal;">née de la tête</i> - qui s’incarne en… déesse de la sagesse. Naissance toute
cérébrale dont on s’assure de la viabilité en se livrant au rite antique de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">amphidromie</i> : le père fait le tour
du foyer en brandissant son enfant, lui conférant ainsi sa légitimité et la
reconnaissance sociale aux yeux des siens. Aux affres de l’accouchement
succèdent les moments heureux de l’accueil du nouveau-né. Savoir et sagesse, en
l’occurrence, viennent d’investir le panthéon de la pensée. Pour une joie
similaire aux naissances charnelles : celle qui consacre la force de
l’esprit raisonnant en écho à l’âme résonnante. Puissance du penseur-né prêt à
initier le questionnement porteur de toutes les libertés. Ecrire, enseigner,
formes nobles de l’art d’enfanter. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span> <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Qui
suis-je, moi seul, hors père, hors repères, tous horizons ouverts ? A moi
seul de le dire. Alors je parle, j’écris, en écho à ma propre voix. Histoire
d’entendre cette voix résonner en moi. Encore et encore. Jusqu’à plus soif.
Jusqu’à chanter. En fils-père auteur de sa parole, je danse sur le deuil apaisé
des espoirs évanouis.</span><br />
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<object height="315" width="560"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/ur_7YlopG60?hl=fr_FR&version=3"></param>
<param name="allowFullScreen" value="true"></param>
<param name="allowscriptaccess" value="always"></param>
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<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
</div>
<h3 class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<o:p></o:p> SANGLOT</h3>
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"> </span><br />
<span style="font-family: Arial;"> Le corps enregistre tout. Chambre d’échos, chambre
d’écoute. Enveloppe à impressions. Il déploie en instantanés successifs
l’ingratitude des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">navrances</i> qui nous
narguent, comme la grâce insoupçonnée des moments qui nous enchantent. Ces
clichés polymorphes nous révèlent les secrets et les dédales d’une chambre
noire abritant des alchimies surprenantes. Ainsi le corps dévoile-t-il ses
vérités au fil d’un jeu où se mêlent découvertes, sentiments et… hormones.
D’abord naïf, ludique et fier de tout, il traverse des champs d’innocence,
lancé sur les traces d’une enfance insouciante jusqu’à ne plus se regarder
vivre. Un monde toujours à portée de sens lui ouvre un horizon des possibles en
continuelle expansion. Au corps neuf tout est aventure et puissance : il
s’accorde. <b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p></o:p></span></b></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Jusqu’à ce
que, de loin en loin, l’horloge biologique le guide vers le souci impératif
d’une reproduction programmée. Car il lui faut, pour oser demeurer, s’inscrire
dans une autre durée que la sienne propre, limitée à l’espace d’une vie. Objet
déjà ancien d’une naissance tombée dans l’oubli, le corps devenu sujet répond à
l’appel de la duplication biologique. Et traverse à nouveau - en spectateur
ébloui cette fois des ressemblances familières et des grâces enfantines<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>-<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>les
mêmes champs (re)connus qui l’ont vu grandir et s’épanouir lui-même.
Reconnaissance, intelligence et gratitude pour ces signes ordinaires, naturels,
que la vie sait adresser à ceux qui en cultivent et en éprouvent le soin. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Etre père…
êtres pairs. Il faudra bien que ces mêmes fils partent à leur tour, un jour, en
quête de ce monde dont les pères se sont convaincus entre-temps qu’ils ne
l’épuiseraient pas. Et tout n’ayant pu se dire, se transmettre, entre
générations, il peut arriver qu’un déchirement fissure la membrane toujours
incertaine des assurances et des confiances. Séparation, tristesse. Amertume
peut-être. Regrets sans doute. Coupure à coup sûr, marquée - Dieu sait quand,
ni pourquoi à tel moment - <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>par les
hoquets, les spasmes d’une musique mécanique, amère de n’avoir pu s’exprimer,
d’autrefois à maintenant, mettant en mots l’indicible de la relation. Lâchant
sa bonde, le fleuve du chagrin accueille et imprime alors la marque
immarcescible d’un sanglot dans un creux secret de la mécanique biologique.
Scansion venue des tréfonds qui se fait forte de mettre en musique l’inexprimable
qui nous étreint. Le spasme musculaire et le flux lacrymal se muent en son
adopté par le corps, telle une singulière marque de fabrique. Drôle de comptine
en forme de courbe, figurant un récit ponctuel qui ne saurait s’ancrer
durablement ni dans le mutisme ni dans l’expulsion rédemptrice - on ne peut
décemment, ni morphologiquement, pleurer sans cesse ! -<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>que pour mieux ressortir de loin en loin, au
fil de ces récits qui font de nous des êtres de mémoire. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A rebours de
ces échardes traîtresses que l’on n’a pu extraire car trop enfouies entre deux
peaux, entre deux eaux, et qui s’évanouissent un beau jour à notre vue, comme
avalées par le temps, ce sanglot inscrit et réitéré à l’envi saura se rappeler
à notre souvenir blessé, traduisant l’implacable constance de notre mémoire
biologique. Minutie plastique des corporéités. <o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Sanglot - <i style="mso-bidi-font-style: normal;">singultus</i> latin, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">hoquet, saccade</i> - spasme provoquant des contractions du diaphragme
et accompagné de larmes. Résurgence d’une ancienne peine secrètement enfouie
dans les limbes de nos expériences sensibles, affectives. Rayure sur le disque
déjà ancien de nos <i style="mso-bidi-font-style: normal;">émouvances</i>. Exact
vis-à-vis du rire, autre mécanique du hoquet, également spasmodique, qui nous
étreint parfois jusqu’aux limites de l’essoufflement. Mais si l’on peut aller
jusqu’à « mourir de rire », le sanglot semble s’entourer de plus de
pudeur, d’une retenue secrète dont il conviendrait de taire les origines. Traumatisme
enfoui dans la mémoire du passé qui prend la forme d’un éternel rejaillissement
au présent. Fragment de temps figé, gelé, que le corps réactualise comme si
c’était toujours la première fois. Blessure sans cesse renouvelée.
Resurgissement brutal d’une intensité émotionnelle. Brouille historique avec
soi-même.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le poète des
<i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Sanglots long des violons de
l’automne »</i> se dit <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« tout
suffocant et</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">blême »</i>, signes
précis d’un phénomène physiologique d’essoufflement venant s’accoler à la<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>métaphore signifiée par le bruit du vent.
C’est un Verlaine passif, jouet de la saison langoureuse, qui se soumet ici à
mélancolie, souffrance et résignation. Un destin fatal attend cet homme sous
l’influence néfaste de Saturne : il n’a plus qu’à se laisser aller <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« pareil à la feuille</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">morte que le vent mauvais
emporte »</i>. Compère et complice de Verlaine, Rimbaud dépeint une
tristesse similaire : un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« hydrolat
lacrimal lave les cieux vert-choux »</i>, assaisonné d’un rejet
quasi-somatique : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« J’ai
dégueulé ta bandoline, noir laideron »</i>.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Apollinaire
aussi évoque un chagrin aux ampleurs géographiques : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Le fleuve est</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pareil à ma peine, il s’écoule et ne tarit
pas… » </i>Le sanglot poétique s’inscrit comme un signal puissant à la
source de la création, capable de transmettre son empreinte à ces autres
témoins attentifs, complices, que seront les lecteurs à venir. Epidémie prévisible
d’accouchements lacrymogènes.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Mon âme est un orchestre caché »</i>,
écrit Fernando Pessoa, romancier épigone, à lui seul bien des personnages. Pas
de deux valsé, notre présent oscille entre nostalgie et attente, mémoire et
anticipation, souvenir et désir. Sans cesse à l’œuvre, des formes nouvelles
nous impressionnent, sculptant nos profondeurs, parfois à notre insu. A la
manière de ces <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Footprints » </i>entêtantes,
lentement, lourdement égrenées par le trompettiste Miles Davis, comme autant de
traces vivaces d’où naissent des récits improbables, au goût de légende. Traces
pédestres des grands animaux guettés par nos ancêtres, premiers signes écrits
et déchiffrés au rythme de la chasse. Lancé sur deux pieds à l’assaut du
piétinement des proies, l’homme antédiluvien calque sa marche en avant sur
celui, binaire - inspir / expir - de la vie même. Motion, locomotion, mouvance,
émouvance. Structure lancinante, battement affairé, lointains ancêtres de nos
musiques connues. Mémoires géologique, préhistorique, ancestrale et personnelle
trouvent là une logique complémentaire.<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Etonnants jeux de confluence.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La matière
même de nos émotions édifie patiemment la chair de nos souvenirs, alimentant
indifféremment conscience et inconscient, comme les deux faces d’un même
iceberg. Il n’y a pas de mémoire qui ne soit nourrie, infléchie, d’un affect ou
d’une émotion. Ayant parcouru le vaste monde - en chasse d’empreintes lui aussi
- le grand Darwin finit un jour par recentrer sa quête sur le fil de sa propre
existence. Abordant ainsi la complexité du phénomène mémoriel, le voici qui
déniche son souvenir le plus ancien. Assis sur les genoux de sa sœur qui lui
épluche une orange, l’enfant voit soudain une vache passer devant la fenêtre…
Il bondit et reçoit une mauvaise entaille dont il gardera la cicatrice. Indice
tangible des étonnantes foulées darwiniennes. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Marque
physique, à l’image du sanglot inscrit quelque part, au plus profond de son
enveloppe corporelle. Signe de l’émotion toujours à l’œuvre en nous, notre <i style="mso-bidi-font-style: normal;">moi</i> se fait chair du monde. Récit de
mémoire. Lieu de transcendance apte à balayer toute la gamme des états entre
tristesse et joie. Conscience incarnée.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p><object height="315" width="420"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/7qhxa5C5ZvI?version=3&hl=fr_FR"></param>
<param name="allowFullScreen" value="true"></param>
<param name="allowscriptaccess" value="always"></param>
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<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span> </div>
</span><br />
<h3 class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<o:p>DILATATIONS</o:p></h3>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"> </span></div>
<span style="font-family: Arial;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"> Petites madeleines. Pan de mur jaune et pavés
inégaux. Sonate fugueuse et clochers d’enfance. L’éternité se niche dans ce qui
ne dure pas. Au cœur de l’ivresse enfantine d’un narrateur lancé à la poursuite
d’un peu de temps à l’état pur. Cernant au plus près la belle mécanique des
réminiscences prêtes à le mobiliser, l’auteur plonge dans l’univers de
déambulations spatio-temporelles qui forment la matière même de son écriture.
Il concocte, formule, module des dérives primitives sur la vague toujours
mouvante des scènes d’enfance. L’errance spatialise le temps, appuie et affine
ses observations au gré de jalons littéraires où se mêlent ratés, couacs et
ineffables. Il collecte avec gourmandise des instantanés que l’enfant en lui
était alors incapable de comprendre. La promenade mémorielle se fait allégorie
de l’écriture en marche. Métaphore déplacement, transposition, transfert.
Eclipse des distances et substitution des espaces. Dilatations. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Emouvances</i>.<o:p></o:p></span></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;">
</span></span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le conteur
se meut en historiographe, s’émeut de visions qu’il arrache à un temps devenu
soudain élastique, à l’image de ces anamorphoses épatantes que l’œil cueille
avec délice, s’attachant aux surfaces convexes, lisses et brillantes glanées au
hasard des villes. L’espace s’intériorise dans une scénographie gagnant
insensiblement en intimité. Le temps, substance vivante, se révèle comme
l’expansion d’un réseau d’événements qui décident d’une topologie visuelle et
mouvante. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Trois
clochers dans un paysage en viennent à se déplacer, se croiser, se superposer,
se troubler, devant les yeux comblés du narrateur, telles les trois sœurs
complices d’un conte ancien. Air de comptine mélancolique, la perspective
s’éclipse, se modifie, sémaphore troublant propre aux lanternes magiques au
fond desquelles s’agitent les ombres familières aux récits d’enfance. Le
pouvoir éprouvé de surmonter la malédiction de la distance entraîne une joie
proche de la résurrection. L’homme en proie au doute triomphe sur l’abîme de
l’éloignement et de la mort. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Toucherait-on
là à l’essence de l’art ? Art synthèse, tissu qui ordonne, compose, (re)met
en scène des expériences vécues, pour leur restituer une valeur esthétique
toute neuve. L’épreuve de l’écriture prend valeur d’éternité. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Clochers et
sonate combinent deux expériences homothétiques pourvoyeuses de signes à
ranimer. Leur reviviscence se transmue en petites phrases où s’ordonnent
visions et notes coordonnées. Nées d’images kaléidoscopiques, elles possèdent
le pouvoir de condenser la scène du monde en un théâtre intime, celui du temps
reconquis. Comment cinq petites notes - celles de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Sonate de Vinteuil</i> - <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>imposent-elles le silence, provoquant
l’émotion violente, indicible, du narrateur ? Témoignage de
l’irréversible, la petite phrase se révèle intelligible et noble. Dansante,
pastorale, épisodique ritournelle. Qui dévoile une intimité dans laquelle
l’auteur, lancé au coeur d’une quête éperdue de l’autre en lui, reconnaît son
graal : faire se dilater le temps, c’est changer jusqu’aux proportions de
l’âme. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Accédant à
la quatrième dimension, celle du temps désormais rattrapable, l’écrivain cerne
au plus près l’outil magique apte à restituer l’étoffe du réel. Le langage,
matière première de l’artiste, sait porter notre traversée immobile, seule capable
de nous permettre de saisir l’univers avec cent autres yeux que les nôtres.
Entendre - ou voir - pour la première fois, c’est éprouver le mystère de
quelque chose qu’on croise par hasard et qu’on éprouve comme nécessaire. Etre
et savoir simultanés, nous nous rendons contemporains de nos émotions au sein
du temps habité. Il ne nous reste qu’à faire cadeau au monde de ce temps
retrouvé.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dans une de
ses nouvelles, l’écrivain argentin Jorge Luis Borges, grand amateur de
labyrinthes et de miroirs, invente un héros incapable d’oublier quoi que ce
soit. Son existence, ses pensées, ses perceptions sont parasitées en permanence
par un jaillissement de souvenirs d’une précision inutile. Il devient incapable
de vivre avec une telle mémoire, qu’il compare à un tas d’ordures, et s’enferme
dans une pièce vide pour ne plus rien enregistrer. Ce phénomène, répertorié,
porte un nom : l’hypermnésie, qui transforme la mémoire en musée,
l’empêchant de jouer son rôle de laboratoire traitant les traces mémorielles.
Paralysie programmée du cerveau similaire à l’amnésie, son exact
contrepoint !... Place à l’oubli salvateur : n’oublions jamais…
d’oublier !... <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La part
essentielle de tout récit n’est-elle pas ce qui est évoqué sans pouvoir être
dit ? La métaphore - <i style="mso-bidi-font-style: normal;">metaphora</i>
grecque, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">transfert</i>, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">transport -</i> évoque un voyage de l’esprit
par l’image, la suggestion. Plongeant dans la richesse insoupçonnée de nos
ressentis intérieurs, la mémoire peut ainsi renaître de l’oubli, comme le
phénix de ses cendres. Bienvenues métaphores où les <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Fleurs du Mal</i> de Baudelaire côtoient l’air de poésie dont peut
s’orner le langage courant : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’arbre
de la connaissance</i>, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">le jardin de</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">la paresse</i>, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’écheveau du temps</i> ou <i style="mso-bidi-font-style: normal;">la
forêt des symboles</i> ! Preuves que la mémoire a la capacité de se
dilater dans les richesses d’expressivité de la langue. De même le souvenir va
et vient, inscrivant ses déambulations au rythme de celles du corps, semant des
traces mémorielles un peu partout, au gré des lieux et des associations
d’idées. A quand le spectacle de classes entières d’élèves se déplaçant dans
l’espace, marchant pour déposer - et associer symboliquement - les
connaissances en cours d’acquisition dans les arcanes multiples de lieux bien
concrets, arpentés, repérables ?... Voyages mémoriels répétés à l’infini.
Mémorables jeux de piste.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Nos
réminiscences futures dépendent de ces itinéraires-là. De ces promenades
mentales qui nous voient semer les mots et leurs habits d’émotions comme autant
de cailloux fossiles prêts à resurgir au premier signe de rappel. Mémoire
mobile toujours en mue, tournée vers la maison natale que chacun porte en
soi : les souvenirs sont notre boussole interne. Se souvenir, c’est se
parler, se dire soi-même, se mettre en scène à travers les mots. Du langage
communication au langage sens, l’ouverture est large qui permet au désir
d’émerger, de s’extraire. Et d’abstraire, en allant à l’essentiel du sens. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Maniant -
sans précaution - la métaphore de l’âne et de la carotte, Schopenhauer fait le
constat de l’humain placé dans les conditions d’une motivation contrainte,
urgente. Obligation d’avancer… sans choix d’infléchir le mouvement engagé.
Incitation à courir vers l’avant, guidés par les seules œillères de l’envie, de
l’ambition. Et si, suspendant l’urgence, nous cessions de nous hâter pour
identifier l’objet de la quête, la cible de ce désir ? Désir pensé comme
une trace, signe présent d’une absence. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Désir</i>,
à l’origine proprement sidérante - <i style="mso-bidi-font-style: normal;">desiderare</i>
et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sidus </i>latins, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">nostalgie de</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’étoile</i> -,
constat d’un manque, d’une absence, d’une perte. Le désir se consume de
contempler <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et </i>de consommer son objet.
<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Désir évanoui d’Ulysse de retour dans sa
bonne île d’Ithaque. Désir d’un état antérieur que nous aurions perdu.
Nostalgie d’un monde des idées, notre patrie d’origine. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Effort et
tension vers ce qui exhausse. Dilatation propre au langage qui nous offre la
voile à gonfler pour lever l’ancre et laisser voguer l’esprit. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« On n’habite pas un pays, on habite
une langue »</i>, affirme Cioran.<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></i></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"><object height="315" width="420"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/fXZR4zxMDeA?hl=fr_FR&version=3" /><param name="allowFullScreen" value="true" /><param name="allowscriptaccess" value="always" /><embed allowfullscreen="true" allowscriptaccess="always" height="315" src="//www.youtube-nocookie.com/v/fXZR4zxMDeA?hl=fr_FR&version=3" type="application/x-shockwave-flash" width="420"></embed></object></span></i></span><br />
<em></em><br />
<em></em><br />
<em></em><br />
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;">TOILES</span></b><span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span><br />
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><span style="font-family: Arial;"> Contraction. Dilatation. Il en va de la genèse de
l’art comme d’un cœur qui bat. Avec constance, l’Histoire assiste la
sublimation de notre nature en accompagnant les spasmes d’une géographie rebattant
les cartes de l’espace. De l’infiniment vaste au minutieux subtil, les lieux de
nos créations s’identifient, se déploient, s’enregistrent dans une mouvance
continue qui porte nos regards à ne plus s’imposer de borne. Voyances
ubiquistes.<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Borborygmes,
cris, vagissements des préhominiens trahissent les transes des tribus
primitives au cœur des savanes et des forêts. Les voix se cherchent, se croisent,
se répondent dans l’écho vacant d’une nature hostile. Affairées et maladroites,
les mains se livrent au façonnage ludique des charbons et des glaises,
inaugurant le geste fondateur de la fabrication des couleurs. Jeu gratuit sur
les matières, genèse de l’acte de pensée. Impulsion ludique, inconsciente, au
moment de livrer l’étrange lumière éclairant l’obscurité de la légende des
siècles. Voix et jeux de matières résonnent dans la fange primaire comme les lointains
prémisses d’une pensée promouvant l’acte. Pari du jaillissement d’un rêve.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’art est-il
l’expression du divin ? Beauté charnelle ou spirituelle ?... <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Le contenu de l’art comprend tout le
contenu de</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’âme et de
l’esprit »</i>, écrit Hegel dans son <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Esthétique</i>.
L’homme manifeste ici sa première prise de conscience de l’absolu : bien
que fini, il contient l’infini. Connaître l’essence de l’art, tel est le but de
l’esthétique. L’objet d’art n’est pas un objet soumis au désir, qui satisfait
un besoin. Il peut se passer d’analyse, d’approche théorique. Sa fin propre est
la réalisation de l’unité entre le rationnel et le sensible, entre l’universel
et le particulier. Révélation du plus profond dans l’homme : son absolue
liberté, une aspiration au divin. Plastique de l’esprit.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A la fin du
XIXe siècle, l’esthétique prendra un tour moins idéaliste. Dans la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Naissance de la tragédie</i>, Nietzsche
oppose le dionysiaque à l’apollinien. Ici, l’art exprime les forces profondes
qui animent la vie : ampleur, démesure des passions humaines. Là, il
rassure, réconforte. L’art s’associe au rêve, incarne la beauté idéale, mais
renvoie toujours aux profondeurs des passions. Des désirs enfouis au pouvoir de
l’imagination, la création artistique exprime nos forces profondes, vitales, en
deçà du langage et de la conscience. Vie sourde et dynamique de l’esprit. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Vient le
temps d’une capture éclairée de l’essence des paysages et des visages.
Empâtements des touches de couleur. Entoilage concentré des mises en espaces. Au
jeu des mains apposées sur les murs sombres des grottes - mains multipliant leur
désir de présence comme autant de volontés de saisir le monde à leur bénéfice
exclusif - se substituera bien plus tard la captation consciente, projetée, des
sensations suspendues par une méditation plus détachée. De chaotiques et
collectives, les visions s’ordonnent, se personnalisent. L’art cristallise ce
que nous savons déjà, ce que nous croyons savoir, ce qui est absent comme ce
qui est depuis toujours déjà là. Les<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>lumières et motifs célébrés se font immuables, figés hors du temps de
leur exécution. L’acte esthétique nous convie à un sursis éclairé des
temporalités, à une contraction de nos représentations. Arrêt sur image.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>En filigrane
de chaque toile s’esquisse une image porteuse d’énigme. Décochée du lieu de ses
origines, elle est la trace d’une intention qui traverse l’espace-temps à la
manière d’un trait en chemin vers sa cible. Cette voie d’une durée traversée la
décrit au moins autant que le moment précis, précieux, qui a procédé à sa
facture. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Anticipant
de quelque quatre cents ans la découverte du photographe, le lumineux Léonard
introduit la notion d’espace dans la peinture en étudiant les modifications
subtiles de colorations apportées par l’impact des rayons lumineux sur les
objets. A l’espace, l’artiste accole désormais ombre et lumière. Nouveau
tournant avec Klee : le peintre<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>ne
doit plus alors reproduire le monde, mais l’inventer. La ligne court sur la
toile, créant le mouvement et lui appliquant son rythme propre. Le peintre
découpe et organise l’espace visuel, comme le musicien le fait de l’espace
sonore. Tempo d’une <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>vision plastique
renouvelée. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>De quelques
centimètres carrés à une centaine de mètres carrés (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Fée</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Electricité</i> de
Dufy, au Palais de Tokyo), la toile joue du champ et du hors champ. Tableaux
dans le tableau, mises en abîme, palimpsestes, l’oeuvre se dilate, se
contracte, diffracte masses et couleurs à la manière d’un kaléidoscope. <o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Et jusqu’au
vide, avec lequel toute l’histoire de la peinture a partie liée. Au fil des
siècles, il a toujours fallu le combler, le masquer, le rendre tolérable. Retour
aux légendes des origines : Pline L’Ancien rapporte que la fille d’un
potier , alors que son amant allait la quitter pour un long voyage, traça sur
le mur les contours de son ombre portée avec un morceau de charbon. Lui parti,
elle avait la consolation de sa silhouette devant les yeux. C’est ainsi, selon
le texte antique, que fut inventé le dessin… Et que l’art plastique donne au
monde ce qu’il a perdu comme ce qui l’attend.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le besoin
d’image nous taraude. Autant que l’impossibilité de voir. Parfois, la couleur
paraît s’évanouir, laissant deviner la splendeur de ce qui demeure invisible.
Au point d’en atténuer le désir. Mais quelque chose force toujours à
rester : tout pourrait changer encore. Le tableau est une baie ouverte sur
l’ailleurs.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p><iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="//www.youtube-nocookie.com/embed/Lz2SM0TdN2U?list=AL94UKMTqg-9DTGb_gcEoqRzlSxwO3v03C" width="560"></iframe></o:p></span><br /></div>
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><br />
</div>
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<br />
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
</div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-61395618803413907412013-10-16T02:17:00.000-07:002013-10-16T02:42:10.532-07:00EMOUVANCES (5) PAYS SAGES<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;"> Cela
commence par une rencontre. Bois et pierre. Feu et froideur. Irruption du
végétal au cœur du minéral. D’un végétal chaleureux, parvenu à maturation,
habilement transformé de main d’homme et par sagesse du temps : majesté
silencieuse de l’arbre. D’un minéral éternel dont l’évolution nous échappe tant
elle déborde notre approche commune de la durée.<o:p></o:p></span><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>De
l’esprit se dégage d’abord la vision claire d’un chalet de montagne tout en
rondins de bois brut, noir et verni. Sensation d’harmonie, d’intimité, posée
par le regard sur un objet artisanal à l’architecture suspendue à bout de
silence, à la matière patiemment puisée au creux des forêts proches. Et puis,
très vite, une seconde image vient se superposer à la première, formant avec
elle les deux pans jumeaux d’une même réalité. Celle d’un temple antique de
pierre blanche, lisse, ciselé en colonnades rondes finement travaillées,
fièrement érigées aux fins d’une construction édifiante. Bientôt les deux
images n’en font plus qu’une, à la manière dont deux récits enchâssés finissent
par nous révéler les fondements d’une histoire unique, singulière.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dès
l’origine, on s’est senti issu de cette fête muette de la nature où la roche et
l’arbre se côtoient, comme toujours déjà là depuis la nuit des temps. Source et
complicité. Célébration mutique qui a le poids d’une évidence tranquille,
sagement exposée, secrètement entretenue, entre hasard et nécessité. Pierres et
arbres posent les éléments d’un paysage des origines rebaptisé
« pays » par le regard des hommes. Pays sage. Paysage de montagne où
roc et terre se disputent la place au gré des vents et des sources. Plus le
marcheur s’élève, plus l’érosion s’affirme souveraine dans son jeu de sape du
minéral, à la manière dont la parole se saisit et use des mots en puisant à la
source de leur murmure virtuel. Comment ne pas être fasciné par ce trésor de la
langue, fidèle et toujours à portée de l’heureux penseur. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Qu’est-ce</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">qui est à
toi ? L’usage de la langue »</i>, souffle Platon à Théétète. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Bois et
pierre, mots sages et paroles brutes comme l’airain, nous livrent l’image
primitive d’un récit des origines, celui qui se fonde sur les liens que peuvent
entretenir la connaissance et son expression orale. Ce moment prend sa source -
et n’en a jamais fini de s’achever - dans une soirée entre amis de grande
classe, d’élégance partagée, sous les colonnes d’un temple grec. La discussion
y a cours, y court, y discourt, à la manière d’un babil cristallin et grave. La
pensée coule de source, s’affine, se glisse par dédales et métaphores,
circonvolutions et arabesques, qui filent et planent au-dessus d’une forme de
banquet. Un banquet où les idées sont à la fête, tels les mets d’un très ancien
repas toujours installé, toujours actuel, dont il suffit de ranimer les parfums
et saveurs pour l’entendre à nouveau développer son chant fertile. Oralité,
scène primitive. Fermant alors les yeux, laissons-nous porter par la mélodie de
la langue, des dialogues familiers et des images qui se profilent en toile de
fond du discours. A ce chant intérieur, intime, que manque-t-il pour endosser
la dimension aérienne, résonnante, d’une parole se déployant devant soi, de soi
à l’autre, d’un ici à un ailleurs ? … D’un langage intérieur à un discours
élaboré, énoncé, prononcé ?... Des linéaments conscients d’une pensée à la
clarté vocale, quasi musicale, d’une expression qui s’affirme dans l’espace
sonore ? Partir en quête de ce chaînon manquant d’une musique des idées,
c’est déjà s’abandonner aux futiles interludes échangés à fleur de quotidien.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quelle force
accorder au langage ? Question tangente à deux autres. Y a-t-il une vie de
l’esprit ? Le mental se résume-t-il au cérébral ? Interrogations
reprises tout du long de l’histoire de la pensée. Si Bergson fait du cerveau
l’organe d’attention à la vie, il montre à quel point la conscience déborde de
l’organe. C’est bien de l’intérieur <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>que le penseur appréhende son propre esprit. A
l’image du sentiment que chacun peut avoir de sa personnalité propre,
unique : conscience signifie d’abord<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>mémoire. Heidegger, l’homme du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">dasein
- l’être là -</i> fixe la pensée comme une méditation, une ouverture à l’être.
Penser, ce n’est pas affirmer son pouvoir sur le monde, mais se laisser
convoquer par quelque chose qui invite à le faire. Ce quelque chose, c’est
l’être, terreau original du monde. L’homme participe à l’Être. Penser, c’est
tenter de retrouver cette présence originaire, sans autre finalité
qu’elle-même. En s’ouvrant aux œuvres. Dans l’art et la poésie, dans la nature,
dans et par le langage. A l’écoute de nous-même et de nos racines, faisons
silence et restons réceptifs à la seule présence des choses, à leur simple
être-là. Méditer. S’abandonner à la pure présence en oubliant toute idée de
cause, d’utilité, de but.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">« En réalité, c’est la langue qui parle
et non l’homme »</i>, suggère un philosophe. Parménide, auteur
présocratique des origines de la philosophie il y a vingt cinq siècles, est
déjà le penseur de l’être. Textes et poèmes chantent alors les mythes religieux
de l’orphisme qui assimile la quête de la vérité à une initiation, à une
révélation. D’abord condamnée, l’âme se fait digne d’être réincarnée, conduite
vers une survie bienheureuse où l’humain se fond au divin. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Poéthique</i> des traces.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Appel à la
philosophie de l’esprit qui <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« défait
les nœuds de la pensée »</i>, écrit Wittgenstein. Apprendre à démêler
l’ombre projetée des malentendus et des illusions. La conscience de soi relève
d’abord de l’appartenance à un langage qui nous fait maîtres du passé,
chroniqueurs et récitants potentiels de notre propre temps de vie. La
philosophie ne vise pas à connaître mais à comprendre, à mettre en lumière en
questionnant le monde. Question d’ossature, de structure autant que de
subjectivité, d’intériorité. Se retenir de penser confine à l’impossible, même
s’il nous est loisible de taire nos pensées comme de les exprimer. L’esprit
déborde du langage qui la porte, ouvre celui-ci à un infini du sens en
multipliant les formes et les supports : matières, modelés des formes,
nuances, couleurs offrent de multiples occurrences aux manifestations de la
pensée. Du manuscrit raturé aux repentirs picturaux recouvrant la toile de
couches successives, d’essais au fil du temps, l’artiste vit à travers les
erreurs et tentatives diverses de sa pensée créative. Enchâssements multiples. Esprit
palimpseste.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’esprit
déborde des contingences propres au langage, offrant à celui-ci les
possibilités de se dépasser, de s’affiner. A l’image de l’artisan créant l’outil
pour le modeler sans cesse, réconciliant toujours au mieux son sens et sa forme
plastique. Pour tendre à l’irréprochable forme du désir qui irrigue notre
paysage intérieur, intime. De paysage en pays sage. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></div>
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="mso-bidi-font-family: "Lucida Sans";"><o:p> <object height="315" width="420"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/saG7EELIfMM?hl=fr_FR&version=3"></param>
<param name="allowFullScreen" value="true"></param>
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<span style="mso-bidi-font-family: "Lucida Sans";"><o:p></o:p></span><br />
<span style="mso-bidi-font-family: "Lucida Sans";"><o:p><strong>BIOPHONIES</strong></o:p></span><br />
<span style="mso-bidi-font-family: "Lucida Sans";"><o:p><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Isolation,
normes, protection, l’acoustique prend des airs de repli dans l’ordonnancement,
la restriction, le contrôle. Notre capacité à entendre ne procéderait-elle plus
que par soustraction, annulation, disparition ? Sommes-nous à ce point
tentés, hantés par le silence ? Et qu’en est-il de la signature acoustique
propre à tout ce qui vit ?<o:p></o:p></span><br />
<br />
</o:p></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="mso-bidi-font-family: "Lucida Sans";"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Car le vital
bruisse de mille émissions aux fonctions ordinaires ou inattendues. Créations
buccales de tous ordres, entre borborygmes, flatuosités, gargouillis bizarres,
plus ou moins infâmes, ou nobles vocalises célébrant l’esthétique. Murmures signés,
codes inscrits au plus secret des organes intérieurs. Chahut sonore de la
corporéité se rappelant à notre bon souvenir comme à notre plus fine écoute.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="mso-bidi-font-family: "Lucida Sans";">
<br />
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="mso-bidi-font-family: "Lucida Sans";"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Stridulations insistantes des cigales hachant menu l’air épais des étés
méridionaux. Grincement de dents chez le poisson-perroquet. Rumeurs fauves des
cétacés marins, dont l’intensité, si elles étaient produites dans l’air
ambiant, équivaudrait à la décharge d’une arme à feu de gros calibre à quelques
centimètres de notre oreille. Puissance sonore de la crevette pistolet,
corpuscule de quatre centimètres émettant - proportionnellement à son poids -
un souffle sonore neuf fois supérieur à celui d’un orchestre symphonique.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="mso-bidi-font-family: "Lucida Sans";">
<br />
</span><div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="mso-bidi-font-family: "Lucida Sans";"><span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Les animaux
peuvent aussi adapter leurs comportements acoustiques. Un enregistrement en
fait foi : l’orque imite l’aboiement de l’otarie aux fins de l’attirer et
de la dévorer : comportement d’agent double en plein règne animal !
Des papillons de nuit parviennent à brouiller les signaux des chauves-souris
prédatrices. Défense du territoire, chasse, accouplement ou simple jeu… Quel
que soit l’objectif d’un signal, celui-ci doit être audible et sans
interférences. Précision millimétrée de Dame Nature.<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="mso-bidi-font-family: "Lucida Sans";">
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Y a-t-il du
hasard dans le vivant ? L’origine et l’évolution de la vie relèvent-elles
uniquement de ce hasard ? Des savants parlent d’une probabilité quasi
nulle à ce sujet. Les mouvements des masses nuageuses, les tourbillons produits
pas l’eau d’un fleuve sont comme le trajet d’une boule de billard : autant
de phénomènes soumis à variations, à digressions, échappant, à un certain
moment, à toute prévision. C’est une longue suite de mutations heureuses qui
ont fait de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">homo sapiens</i> ce qu’il
est devenu. En physique, beaucoup de phénomènes n’obéissent à aucune loi. Pour
autant, la métaphysique classique ignore la notion de hasard. Selon Spinoza,
Dieu <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« existe librement parce qu’il
existe par la seule nécessité de sa nature »</i>. Puisqu’il est infini,
qu’il est partout dans la nature, il y a partout de la nécessité et non du
hasard. A la lumière des sciences modernes, on peut aujourd’hui se poser la
question des limites - toujours provisoires mais bien réelles - de nos
connaissances. Et donc de la nécessité de leur actualisation permanente. En
biologie moléculaire, l’opposition hasard / nécessité n’est ainsi pas une
contradiction. D’un côté, il y a le hasard des mutations génétiques. De
l’autre, il y a la nécessité, pour tout organisme, de résister au milieu et de
s’y adapter. Une mutation favorable à la survie sera retenue, une mutation
défavorable sera éliminée. Hasard <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et</i>
nécessité du biologique.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’univers du
vivant crée l’harmonie sonore au sein d’un grand orchestre animal. Tempérée ou
tropicale, chaque forêt génère sa propre signature acoustique, expression
spontanée, organisée, des insectes, des reptiles, des amphibiens, des oiseaux
et des mammifères. Le cerf brame pour inaugurer la saison des amours. Les
grenouilles arboricoles du Pacifique se disputent la fréquence de la bande
acoustique : l’une coasse, suivie immédiatement par une autre sur un
registre plus aigu… et l’orchestre se met en branle. Un paysage sonore africain
baroque, est révélé par l’analyse fine des spectrogrammes : les insectes
tissent la toile de fond, chaque espèce d’oiseau pose sa touche, les serpents,
singes et grands félins complétant les niches de l’espace sonore. L’orchestre
est au complet.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Plus de
quinze mille sons originaux interrogent notre curiosité dans ce répertoire
méconnu des espèces animales !<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>Auxquels se mêlent ceux, plus familiers, de la géophonie : vent,
eau, pluie, mouvements du sol… Et ceux, plus contestables, de notre propre
cacophonie humaine : extraction minière, exploitation forestière,
étalements urbains et pollutions conséquentes, qui réduisent d’autant la
superficie des habitats sauvages… et perturbent gravement le grand orchestre
naturel. Seuls demeurent nos quelques rares gestes qui, s’accordant à son tempo
discret, savent encore en mimer la beauté secrète : celui, ample, du
pêcheur à la mouche, cuissards dans l’eau, fouettant l’air de sa canne souple
dans une sinusoïde au sifflement unique. Ephémère création humaine confiant sa
touche à l’ambiante biophonie. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Tendons
notre ouïe. Le vent agite quelques feuilles. Un pinson des arbres s’essaie à
quelques gammes, tandis que le coucou engage résolument sa rengaine têtue. La
vocalise en spirale du pouillot véloce rompt le silence et gonfle l’espace.
Chaque arbre a sa musique propre, qui varie selon la saison. Rude, rugueuse,
plus sourde, l’hiver. Ronde, pleine, proche du ronronnement, l’été, alors que
la végétation au sol se fait craquante. Douce folie que celle du chercheur
s’interrogeant sur l’existence d’un cerveau végétal ? A quand la clé du
langage des plantes, preuve d’une <i style="mso-bidi-font-style: normal;">biocommunication</i> ?
Le monde forestier bruisse de sons que le visiteur ne perçoit plus. Manque
d’habitude ou simple distraction. Seule l’oreille aux aguets saura distinguer
les nuances. Bienveillances de l’attention.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais comment
reconnaître, entendre des sons que l’on n’écoute plus ? En perte de
références, notre sensibilité diminue. Rampante, insoupçonnée, notre surdité
s’installe sans crier gare. Faute d’observateurs assidus pour le nommer, le
grand orchestre de la nature s’éteint peu à peu.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"> <object height="315" width="420"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/Ta_UByyi4Z0?hl=fr_FR&version=3"></param>
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<span style="font-family: Arial;"></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><strong>CANAL</strong></span><br />
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt; line-height: 150%;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span></b><br />
<strong><span style="font-family: Arial;"> </span></strong> <span style="font-family: Arial;">Curieuse occurrence que celle où un vocable identique
désigne le sujet et l’objet de l’œuvre. Canal, Canaletto. Serenissima.
Canalissimo. Eau, lumière et scénographie. Le peintre en son miroir. Eclats de
paysage et théâtre d’images. Toute une vie et rien qu’une vie à figurer
l’élément liquide et l’azur d’une cité, à la manière dont l’amant explore
soigneusement les multiples facettes de la femme élue et désirée, telle une cité-théâtre
déroulant ses fastes au gré d’un temps devenu soudain immobile.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Canal
déploie son goût de la geste artiste répétée jusqu’à l’obsession, à fleur
d’extase, à lenteur d’hypnoses. Science des variations fines composant et
recomposant de savantes séries. De celles dont les peintres, non sans une
fierté qui frise l’inconscience, prétendent à eux seuls épuiser le réel.
L’homme se voue à la célébration d’une cité dévoilant ses charmes aux yeux
éblouis de ses admirateurs. Fines modifications des aspects, des
contours ; variances des atmosphères vides ou peuplées. Toujours à la
manière dont on cherche à inventorier les mille parfums de l’aimée. Vingt fois,
cent fois il remet l’ouvrage sur le métier, s’acharnant à percer ce qui fait le
secret de l’âme des lieux. De sa technique qu’il veut infaillible, il en tutoie
gaiement l’essence.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Cultivant la
légèreté élastique du temps et de l’espace, le peintre collectionne les
instantanés dans la durée. Il puise et repuise un élixir dans la matérialité
figée des canaux de la Sérénissime. Là où eau dormante et ciel d’azur cernent
de savantes architectures. En voyeur patient, l’homme fait se mouvoir sur des
espaces apaisés maintes gondoles mouvantes comme des jouets miniatures.
L’apparence picturale appelle aussi des vérités tranquilles nommant un temps
retrouvé. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Technique
rigoureuse : Canal ne se déplace jamais sans son carnet à
« croquer ». <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Scénophage</i>
étrange accouchant de dessins préparatoires, de croquis comme autant de matière
à toiles, d’annotations affûtées sur mille détails qu’alimente le réel. Carnets
témoins de la pensée en action. La ville est quadrillée, parcourue, sillonnée
en tous sens. En attente de transpositions picturales, elle prend tout le temps
de se laisser désirer. L’artiste voyeur met en scène les espaces magiques,
apposant sa patte experte sur les lieux comme sur une vivante pâte à modeler. Il
désire le temps comme l’expansion d’un réseau d’événements qui, par leur
fourmillement, décident d’une typologie singulière. L’acte pictural s’annonce
en une assomption où tout a valeur d’éternité.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Secondé par
sa chambre optique à opérateur intérieur, le peintre se fait photographe avant
l’heure. Il n’aime rien tant que se livrer à un jeu savant où il parvient à
mêler perceptions réelles et visions pensées dans une même quête de la vérité. Distorsions,
fantaisies, modifications de la perspective, Canal propose une interprétation du
réel plutôt qu’une typographique irréprochable. Changeant de point de vue, il
retrace ce que chaque angle visuel inscrit dans sa chambre noire, multipliant
les reflets comme autant de matières à peindre. A l’image des captifs de la
Caverne de Platon ne percevant que les ombres d’un monde inaccessible,
l’artiste s’isole un temps avant de réapparaître au grand jour. Eclipses
discrètes suivies d’épiphanies lumineuses.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>L’assoiffé
absorbe les paysages jusqu’à plus soif, en épuisant les sucs les plus délicats.
Mais il ne tarde pas à reprendre ses croquis et se livre à une recomposition
complexe, toute personnelle, d’un espace vénitien crédible pour le spectateur
qui le saisira sur la toile. Metteur en scène aussi subtil qu’acharné, le
peintre distribue ses données comme un musicien ses variations sur un thème
donné. Tel, aussi, le romancier juché sur les échasses dominant l’Histoire pour
en restituer la vérité romancée. Spectateurs, nous partageons l’impression
imposante de regarder à travers une fenêtre très haute… qui n’existe pourtant
pas ! Noblesse visuelle de la Sérénissime.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Canaletto
collecte et conquiert la lumière intense qui baigne la cité pour en recréer sur
la toile le « réalisme vraisemblable ». Cité de pierre, d’eau, de
ciel et d’hommes, sa Venise scintille dans les reflets d’un soleil marin et
dans les marbres froids de ses palais. Autant dans les crépis parfois abîmés,
dans le silence immobile des canaux, que dans le quotidien d’une société de
citoyens affairés. Personnages aux fenêtres - comme au spectacle - stores mal
relevés ou bancals, avocats imposants avec leurs habits rouge vif, laquais en
uniforme, mendiants, petit peuple de la rue… <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Auteur du
palimpseste incessant de la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Veduta</i>,
le peintre finit par s’adonner au mode du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">capriccio</i>
pictural, proche cousin du <i style="mso-bidi-font-style: normal;">capriccio</i>
musical : il s’agit de choisir un lieu réel et de l’orner de magnifiques
édifices idéaux, cueillis ici ou là. Culture du subtil au gré des formes. A
l’insu de tous, le réel se métamorphose. Canaletto fait ses caprices, comme
prêchant sa cour à la magnificence apaisée de la ville. Dans l’ombre du peintre
n’en a jamais fini de sommeiller le metteur en scène des origines, avide de
variantes infinitésimales. Venise se mue en mythe, cet objet du désir que
transforme le regard. Sublime, Canal se fond dans la lumière. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> <object height="315" width="420"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/woVHjtWaVoY?hl=fr_FR&version=3"></param>
<param name="allowFullScreen" value="true"></param>
<param name="allowscriptaccess" value="always"></param>
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<br />
</div>
</div>
</span> </div>
</div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-79129840744283018422013-09-16T12:36:00.001-07:002013-09-16T12:36:49.590-07:00EMOUVANCES (4) SIXTINE<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;">Le doigt de Dieu. On ne voit que lui, plein centre de
l’immense voûte où dansent cent figures sculptées célébrant la fête des corps
dans un paradis perdu des origines. Vaste scène primitive sans haut ni bas,
flottant dans un espace que le peintre a voulu céleste. Le mouvement y
tournoie, le flux y circule, à l’aune d’un vertige créateur dont la divinité
seule sait apprécier le détonant secret.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>D’un geste
nonchalant, Adam étend son bras gauche pour recueillir l’énergie vitale que
Dieu lui transmet de sa main droite, celle qui désigne et confère. Du divin à
l’humain, symétrie savante, entendue, des mondes prêts à fusionner sans tout à
fait se mélanger. Les deux index se rapprochent sans se toucher. Entre Dieu et
sa créature, la poignée de main est télépathique. Car si Adam est à l’échelle
de l’homme, Dieu, lui, s’élève à l’échelle des astres. Et flotte de toute sa masse
au-dessus du monde interstellaire, enlaçant une jeune fille prépubère
préfigurant sans doute la Vierge. Enveloppé dans une cape ondulante, le corps
aérien semble esquisser dans l’espace une coupe d’encéphale propre à insuffler
l’esprit aux malheureux mortels que nous sommes et demeurons. Tout le plafond
de la chapelle tourne autour de ces deux doigts que sépare un vide infinitésimal
et pourtant sidéral. C’est le moment unique, sublime, qui voit l’œuvre jaillir
des mains de son créateur. Instant magique de tous les possibles dont nous
prend l’envie d’isoler la grâce, pressentant qu’elle ne durera pas.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Déjà,
pressant l’homme, s’annonce la figure séductrice d’Eve, suivie par l’ombre d’un
serpent vigoureux et tentateur. On devine alors - plus que l’on ne la voit
s’accomplir - la laide déchéance d’un couple banni et la cohorte des malheurs
conséquents. Mais pour l’heure, le peintre est tout à sa joie d’animer la
puissance des chairs que décuple à l’infini l’originalité du modèle. Autour de
lui, le génial Adam voit ainsi se décliner une profusion de nus aux formes
sculpturales : prophètes en méditation, sibylles inspirées, enfants
cariatides, tous exposant leurs corps glorieux dans une vaste fresque qui
célèbre l’ancien récit et annonce le nouveau. L’arbre généalogique du Sauveur
est en place sans toutefois que celui-ci n’apparaisse nulle part. Géniale
absence. Le message visuel célèbre l’œuvre totale déclinant peinture,
architecture et sculpture. L’arc de triomphe à ciel ouvert, dédié à l’homme
bâtisseur, peuple les arcades de cette immense galerie à claire-voie, ouvrant
un gigantesque continent où pierre, marbre et chair humaine s’entremêlent, tous
convoqués par le créateur pour les besoins d’une fiction conçue <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ex abrupto</i> à notre intention. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mais il
arrive que l’œuvre, échappant en partie à son auteur, infléchisse ses
innocences premières vers des réalités plus prosaïques. Ainsi, la fraîcheur des
origines transmue sa gratuité au gré d’une Histoire qui la dépasse. Sous la grâce
éphémère dormait l’impatience des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ego</i>.
L’homme alangui fait place au potentat investi : laissant se déployer la
continuelle marche en avant du désir, l’état de nature cède sa place à celui de
culture. Le paroxysme de la peur - celle que l’on éprouve comme celle que l’on
crée - s’incarne dans le scénario implacable de duels fratricides. Les hommes
découvrent qu’ils adorent se faire peur. Notre semblable nous devient
intolérable et génère la crise mimétique qui appelle le grand Léviathan cher à
Hobbes : le pouvoir tombe dans l’escarcelle d’institutions prêtes à le
faire fructifier jusqu’à la confiscation. L’irascible Caïn a tué l’innocent
Abel, provoquant la naissance des nations et de leurs lois. La collusion
secrète du sabre et du goupillon s’organise, inventant des configurations fécondes
que l’Histoire validera cent fois, confisquant à l’art la fraîcheur originelle
et magique de la danse des corps. L’homme vient de perdre son innocence.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span>D’impeccables soldatesques en ordre de bataille sont désormais prêtes à
écrire maints récits de prises de pouvoir occultes, éphémères, répétitives. Le
plafond sublime des corps éclatants accouche soudain, à quelque vingt mètres
sous sa voûte, au ras du plancher des vaches, d’un long cortège de corporéités
spectrales aux chairs enfouies sous cape, dont seules émergent des têtes
livides, omniscientes, aux visées omnipotentes. Cardinale et somnambulique
cohorte des soldats de Dieu vêtus de chasubles <i style="mso-bidi-font-style: normal;">asexuantes</i>, aux teintes sanguinaires de l’incarnat, entonnant sur
une seule note hypnotique la litanie mortifère des inusables martyrs de la
cause. Une<i style="mso-bidi-font-style: normal;"> causa nostra</i> porteuse de
mort exalte le sacrifice sans fin des chairs flétries. Vingt mètres plus haut,
le Dieu planant ne peut que jeter un regard affligé sur cette absconse réalité
humaine, lointainement engendrée, mesurant combien l’œuvre a définitivement
échappé à son créateur. « Je ferai pleuvoir sur terre quarante jours et
quarante nuits », se surprend-il à proférer en guise de menace. Mais y
croit-il encore, témoin atterré de ce long cortège de vieillards cacochymes se
balançant au rythme d’une lettre morte qui a su escamoter son Verbe
génial ?... Le bienheureux pouvoir divin accouche en direct d’une chimère
cléricale. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Comment la
fête des corps glorieux <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>a-t-elle pu
engendrer cette légion impuissante, éplorée, de fantômes égrotants, uniques
locataires désormais de la chapelle magique transformée en une immense salle
fermée à clé, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">con clave</i>. Conclave. Marmite
autoclave plutôt où barbotent de misérables secrets prestement réduits en
cendres dans la fumée grisâtre d’une pauvre cheminée sans âge. Pacotilles
célestes aux relents de bondieuseries fumeuses. Torves manœuvres sur fond de
confidences codées, de lenteurs millénaires, de scénarios simplissimes où bons
et méchants s’étripent avec jubilation. Clergé médiatique qui ne sait que
détester ou adorer et fait semblant de connaître ce qu’il ne comprend toujours
pas. Triste réalité propre à enfumer la foule hystérique des pèlerins qui <i style="mso-bidi-font-style: normal;">s’engrouillent</i>, béats, aux aguets de la
consolante papale prête à choir du balcon lointain. La masse, mère des tyrans,
s’apprête à rejouer la farce récurrente des peurs enfantines exaltées. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Une preuve</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">du pire, c’est la foule »</i>, nous suggère Sénèque, stoïque
figure de la sagesse antique.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Quant à
Dieu, à jamais frustré de ses essais créateurs, on peut l’entendre expirer dans
un souffle du tonnerre de Zeus : « Diable, mais pour qui se prennent-ils
tous ?!... Je ne joue plus pour tous ces pauvres hères. J’ai peur que la
fin du monde soit bien triste. » Divin courroux aux accents séculiers. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span></span> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"></span><span style="mso-spacerun: yes;"> <object height="315" width="420"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/HHu6rzmUvFI?version=3&hl=fr_FR"></param>
<param name="allowFullScreen" value="true"></param>
<param name="allowscriptaccess" value="always"></param>
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</div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-18259312147186253442013-09-01T00:25:00.001-07:002013-09-16T12:37:52.827-07:00EMOUVANCES (3) SOURCES<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: Arial;"><o:p> </o:p></span></b></div>
<span style="font-family: Arial;"> Vagabondage
fluvial. Il y a toujours quelque part un fleuve à remonter, un fil de pensée à
renouer. Un appétit secret appelle ce vaste lit d’eau, abondant déjà comme un
récit tourné vers sa source, plongeant dans des régions de la pensée qu’on aime
à croire vierges et sauvages encore. Creux métamorphique du fleuve où l’on sent
se brasser de multiples leçons de choses. <o:p></o:p></span><br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Longeant le
cours de l’eau, plein centre ou sur ses bords, nous réinventons la tradition
péripatéticienne chère aux Anciens. Batelier ou nageur, marcheur ou écrivain,
nous voilà invités à forger nos nids avec l’écume des mots, à l’image des
grands oiseaux du fleuve voguant à fleur d’eau. Le texte naît sous nos yeux,
contemporain de la masse liquide. Pénétrant au cœur des paysages intérieurs
qu’elle suggère, notre exploration panthéiste de la nature confine au voyage
initiatique. D’autres, nombreux, illustres, sont déjà passés par là, pionniers
anciens d’espaces imaginaires qu’ils ont voulu féconds. Longtemps après ils
nous séduisent encore et nous mettons naturellement nos pas dans les leurs. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>La genèse
aqueuse affronte des cours rebelles, épouse des lignes sinueuses, remonte
fièrement à rebours de rapides peu hospitaliers, pour s’apaiser enfin en se
lovant au creux de zones calmes et vastes où l’esprit reprend souffle. Perdant
parfois son fil, elle discourt, empruntant d’improbables affluents. Penser
contre et à l’envers n’est pas sans risque pour l’entendement, subitement renversé
cul par-dessus tête. Le récit s’écrit là sans toit ni loi, ouvert sur l’éther,
rebattu par l’indiscipline de toutes les météorologies. Il s’habite et se
gonfle du génie de lieux mouvants, de paysages volages dont l’écrivain nourrit
sa mémoire appliquée. Mémoire où bruissent déjà mille légendes hydrographiques,
comme autant de mythes précieux confiés par notre antiquité bimillénaire
toujours prête à reprendre chair. Des livres jamais scellés nous précèdent ou
nous accompagnent telles de petites flammes vives éclairant le cours du fleuve
et lui donnant l’aspect lisse, clair, marbré, de mers attiques où s’ébattent de
fières goélettes aux voiles auriques. Moment choisi par la mythologie pour nous
glisser d’inquiétantes visions de sirènes enjôleuses, femmes tentatrices et
fatales avalant goulûment des marins dérisoires. Images de légendes. Des
odyssées nous ont précédés, porteuses de peurs primitives devenues familières
au gré de nos lectures enfantines. .../...</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
<span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Arial;"> Abandonnant
tout titre de propriété sur le paysage, le passager des eaux, novice philosophe,
ressaisit le temps pour capter la valeur véritable du monde. L’univers devient
sphère dont le centre est partout où croît l’intelligence. Nous foulons et
refondons à chaque instant notre terre natale, en autochtones prodigues de
retour au pays. Le dôme d’azur libère pour nous des espaces où l’ouverture de
l’air le dispute à la puissance de l’eau. Notre pensée murmure au rythme des
frissons salubres et roboratifs de l’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">inspir</i>.
Notre paradis est ici ou nulle part, flottant dans ces vers que nous glisse
Borges :<o:p></o:p></span></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="font-family: Times New Roman;">
</span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial;"></span></i></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial;"></span></i></span><br />
<span style="font-family: Arial;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial;">« Se pencher
sur le fleuve, qui est de temps et d’eau,<o:p></o:p></span></i></span></div>
<span style="font-family: Arial;">
</span><span style="font-family: Arial;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial;">Et penser que le temps à son tour est un
fleuve…<o:p></o:p></span></i></span><br />
<span style="font-family: Arial;">
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial;">Puisque nous nous
perdons comme se perd le fleuve<o:p></o:p></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial;">Et que passe un
visage autant que passe l’eau »</span></i><br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial;"></span></i><br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial;"><object height="315" width="560"><param name="movie" value="//www.youtube-nocookie.com/v/2lgc-4nduBk?hl=fr_FR&version=3"></param>
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<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span></i> </div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><o:p> </o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times New Roman;">
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
</span><br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;">
</div>
</div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3530269028831345367.post-35458538492028143702013-08-17T02:10:00.000-07:002013-09-16T12:38:42.293-07:00EMOUVANCES (2) EPHEMERES<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
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<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>A l’horizon
des œuvres, justement, se profile un peu de cette paix intérieure qui nous a
précédés il y a bien longtemps, dans un siècle d’or perdu. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Or / origines</i>. Singulière homonymie qui dit la source. Levons le
voile de Maya cher au philosophe pour dépasser aveuglements et illusions et
revenir aux causes, aux sources d’un langage perdu, primitif. Remontons le
cours-fatras des choses, tendons nos sens aux aguets de la source. La source a
des secrets à nous murmurer… Alors, debout dans un paysage intérieur, nous
apparaît enfin notre « double » étrange et rare. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Ma sœur âme, ma sœur… »</i> Collant à notre propre parole
émerge l’amorce émouvante d’une ouverture vers la paix, comme la saveur d’une
éternité depuis toujours présente. L’éternité de l’instant.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Elle est retrouvée. Quoi ? –
L’éternité. C’est la mer allée avec le soleil »</i>, écrit Rimbaud.
L’éternité est ce portail, ce seuil qui nous ouvre les yeux, ici et maintenant,
sur terre. Ni dans le futur hypothétique concocté par les religions, ni dans
une durée s’allongeant à perpétuité, elle nous crève les yeux dans ce monde-ci.
Nichée au cœur de chaque seconde dont palpite le temps, elle sait habiter le
regard de celui qui surplombe le jeu double, silencieux, signifiant, des
réalités éphémères, apparemment ordinaires. Arrêter le temps relève du miracle
de l’étonnement. Le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">thomazein</i> grec,
que Socrate place à l’origine de l’acte même de philosopher, renvoie à cette
qualité du regard qui questionne, investit, pénètre au cœur des choses pour en
extraire la substance vivante. N’en va-t-il pas ainsi de notre rapport aux
œuvres ? </span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le moment
privilégié de l’émotion artistique jaillit de la qualité de notre rencontre avec
l’univers silencieux, profond, d’une absence qui se mue soudain en pure
présence. Comment retrouver la force d’un sens caché sans se mettre d’abord en
congé de la turbulence programmée qui nous agite ? Avant de prétendre
pénétrer l’épaisseur de la nature telle qu’elle est, quand aucun homme ne la
regarde, en dehors de nous, à cet instant précis où nous établissons avec elle
le fil d’une sensation et, qui sait, d’une osmose.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Instant tout
qualitatif que celui qui voit notre œil se glissant dans le trou de
serrure<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>pour saisir l’éternité nue, dans
une innocence encore dépouillée d’humanité. Ne nous semble-t-il pas alors avoir
accès à un monde que les hommes n’ont pas encore recouvert de leur présence, ni
du sens qu’ils ne manqueront pas d’y mettre ? L’oubli de soi est-il la
condition d’accès à l’éternité de l’instant ? S’effacer pour laisser
parler le monde. Hors de la fureur de l’histoire et des malheurs du temps.
Etablir un lien avec ce <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« seul
univers où avoir raison prend un sens : la nature sans hommes… »</i>,
évoqué par le Camus de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Noces.</i>
L’éternité ne se saisit ici-bas que dans l’instant. Un instant patiemment
capté, capturé, prélevé sur la structure granulaire du temps, dans l’attente
qui saisit le miracle. Instant parfait, baudelairien, qui <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« extrait l’éternité du</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">transitoire »</i>.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le temps n’est continu qu’en apparence.
Pénétrant sa structure intime, nous aurions accès à une multitude d’instants
discrets, presque invisibles à l’œil nu, dont chacun compose une unité
parfaite. Une myriade d’instantanés dont la qualité et la force ne dépendent
que de la façon que nous avons de les regarder. Question de la nature du
regard. Le monde est un texte, une déchiffrer, une géométrie accomplie à déceler. La finesse de sa lecture appelle un laisser-aller, un
désintéressement proches de… l’absence. Une juste présence suppose suspension,
abolition de nos repères familiers pour se plonger dans l’éternité offerte à
« l’œil qui écoute » que nous décrit joliment Paul Claudel :
celui du peintre amorçant un pas vers sa toile pour soudain disparaître à
l’intérieur, comme s’absorbant en elle. Paroxysme du geste d’éternité. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
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<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="blogger-post-footer">file:///C:/Users/Mr%20Parent.MrParent-PC/Downloads/google8aa380c6701fb3e4.html</div>Jean-Marie PARENThttp://www.blogger.com/profile/09030976020913103359noreply@blogger.com0