Brandissant mollement une crosse clinquante, vestige armé des mille épées qui dictèrent un culte bimillénaire à des populations effarées, Il offre à la foule le visage poupin, débonnaire, des potentats ordinaires : il lui suffit d'y croire pour y être.
Oubliant que le Salut "affaire d'institutions collectives" a vécu, ce monarque sans âge semble considérer la foule alentour comme son hochet éternellement bienveillant. Celle-ci, juste retour, acclame et s'incline, institue et statufie. Roi et sujets, bourreau et victimes indéfiniment s'accouplent par ce rite insane ancré dans un autisme au-delà de tout entendement. Autoproclamé à vie " Maître du culte du secret " et de ses autodafés conséquents, Il se veut et s'affiche résolument au-dessus des lois civiles ordinaires. Peut-il être un instant question de relever de la justice des hommes dès lors que l'on se veut en prise directe avec les forces occultes du Ciel ?!... Le Dieu qu'il a créé de toutes pièces répond bien évidemment de Lui !...
Maniant les augures avec l'obscénité suave propre au souverain Bien, Il en déduit pour son propre compte une légitimité éternelle et sans faille. On l'informe de quelque scandale en cours ?... Il en appelle à l'impunité céleste. On lui parle autonomie, conscience, souffle vital ?... Il répond dogme, autorité, docilité aveugle. On lui oppose raison, réflexion, philosophie ? Il clame assistanat, dépendance. On lui dit morale, Il répond religion. Sa Genèse a proclamé l'Homme souverain aveugle de la Nature, Il énonce son culte maître de l'Homme.
Et lorsqu'il daigne délivrer sa parole mimétique à une assemblée soudoyée jusqu'à l'anesthésie, le son comme le sens s'en sont absentés : Il est devenu lui-même son propre message. Drapé dans une impunité de bon aloi, s'auto-amnistiant d'une main qui se veut rassurante, l'autocrate va, précédé de l'armée de ses certitudes et suivi de la morgue de sa haute bienveillance.
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