samedi 16 mai 2020

LE PETIT PRINCE, Graine de citoyen éclairé

  
     Tintin et Gavroche, Ulysse et Nemo… Le Petit Prince. A l’heure du doute, nos figures aventurières ont souvent quelque chose à nous révéler. Ou à nous rappeler. Nos héros familiers ne se risquent-ils pas à aller voir ailleurs s’ils y sont ? A nous, lecteurs de fictions en tous genres, d’emprunter leurs traces pour voir si nous y sommes aussi. Et si, par hasard, nous nous y sentirions mieux…

    Tout premier voyage est intérieur. Initiatique. Tissé de patience. Teinté d’une poésie du regard comme d’une philosophie du questionnement. Il est récit, fiction, fable. Reflet d’un geste universel qui nous rappelle que nous avons tous été ce jeune enfant avide de fouler le jeu de piste exigeant propre à nous confier quelques clés utiles dans le monde. Avant que l’adulte en nous ne fende la chrysalide, s’inspirant durablement de cette leçon de vie patiemment mûrie dans nos jeunes années : celle d’une intrigue menée avec  fougue, le savoir au coeur.

    Mèches au vent, rire au cœur, l’enfant entame son voyage d’apprentissage à coup de pourquoi qui fusent. Questions de bon sens puisant déjà – rétrospectivement – aux racines de nos représentations et de nos fonctionnements installés d’adultes. « Les grandes personnes sont décidément extraordinaires… » ne cesse de murmurer, d’une planète à l’autre, le Petit Prince, sceptique à chaque nouvelle rencontre, interrogeant nos pratiques adultes comme autant de glacis de vie figeant nos désirs en de pathétiques visions qui ne présument rien de bon à ses yeux candides.

    « Pour faire un homme, Dieu que c’est long ! » clamait un chanteur du siècle d’avant. Remarque sans âge, en regard du moment merveilleux où le doute côtoie le rêve, le temps d’une enfance. L’espace d’une mue. Avant que l’adulte en nous réalise un beau jour, insensiblement, qu’il n’est déjà plus cet enfant capable de poser les seules questions qui vaillent. Du lointain de ces années bénies, depuis nos raideurs d’êtres matures, accomplis (?), nous percevons encore les échos affaiblis de la voix juvénile qui interrogeait dans un autrefois aux allures d’éternité. Cette voix vivace, c’est celle du poète et du philosophe qui sommeillent et rêvassent encore en nous. Celle aussi du conteur, du fabuliste, qui résonne d’une drôle de ritournelle : « Regarde-toi ! Qui es-tu ? As-tu oublié ? D’où viens-tu ? Quelles sont tes racines ? Où est ton ressort de vie ? Qu’en sais-tu ?... » L’ivresse de connaître resurgit au centre du jeu, maîtresse des énergies comme des intentions.

    Quelle trace demeure de la graine primitive patiemment épanouie en plante désirante ? L’enfant en nous s’est-il évanoui tout entier ? Dans son ombre portée, une alchimie secrète a fini par révéler un citoyen éclairé de son temps : celui qui incarne la part publique, citoyenne, de son  être au monde  via la force de partage de ses savoirs, animant bientôt son rapport à l’autre dans la Cité.

    La connaissance prend alors des allures de viatique se coulant dans le grand récit moderne : celui d’un Sapiens apprenant, en quête de liens, toujours en marche depuis la nuit des temps. Une aventure renouvelée se profile aux croisées d’un jeu social ouvert à toutes les transmissions : nous y voilà ! Et, pourquoi le taire, nous nous y sentons bien.  

    

     *** Les fiches de travail qui suivent (+ leurs corrigés) ont été proposées pendant et après le confinement sanitaire (depuis la mi-mars 2020) pour aiguiller les recherches hebdomadaires du groupe de travail en FLE animé ordinairement à la Médiathèque de Loches, chaque vendredi après-midi.

Le livre de lecture suivie, choisi pour ce travail de FLE, est « Le Petit Prince » de Saint Exupéry.  

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