vendredi 1 octobre 2010

LE DEUXIEME SOUFFLE : L'AME SCULPTEE AU NOIR ET BLANC

Une poignée de main, une accolade, un regard figé. Le silence et la peur. Melville filme l'attente ... en 150 minutes, le vide en noir et blanc. Une histoire d'hommes, de truands en route vers leur destin, un destin de mort comme seuls savent s'en forger vraiment les gangsters de film noir. Chaque geste, chaque plan mène à l'inévitable, à l'irréparable, à l'inéluctable.

Aux ténèbres éternellement surgissantes répondent comme en écho les éclairs de noblesse dont l'homme est capable.Le hors-la-loi se révèle parfois doté d'une conscience, d'une morale en acier trempé. On est bien loin du petit voleur à la tire ou des minables chapardeurs d'héritages familiaux en col blanc. Le Fatum antique a la beauté classique du diamant noir. L'action s'étire tout en langueur, en mélancolie qui cisèlent une épure visuelle et narrative. Sobriété et froideur pour un théâtre d'ombres.

Et puis, au mitan précis de la mécanique du conte, au coeur de l'acte meurtrier qui s'annonce, on retient son souffle pour quelques instants d'apnée : 4 secondes de " climax " font s'attarder la caméra du cinéaste qui plonge au sol sur un groupe de fourmis s'agitant en tout sens. Plan-métaphore parfait des turbulences et agissements intérieurs qui actionnent malgré eux ces pantins en perdition au sort tragique figé d'avance. MMM

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